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SUJETS CORRIGES - CHAPITRES : 1, 2, 6

EC – 3 / RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN


DOSSIER DOCUMENTAIRE

CHAPITRE 1 : QUELS SONT LES SOURCES ET LES DEFIS DE


LA CROISSANCE ECONOMIQUE ?

1. Vous montrerez que le progrès technique a des effets contradictoires


sur l’activité économique.

Le progrès technique correspond à l’ensemble des innovations qui


transforment les produits et les activités productives permettant généralement de
réaliser des gains de productivité. L’ensemble de ces innovations (produits,
procédés, commercialisation et organisationnelle) qui forment le progrès
technique a des effets contradictoires sur l’activité économique. Elles permettent
le développement des activités des entreprises qui utilisent ces innovations (I).
Mais elles détruisent également les activités des entreprises qui utilisent des
innovations du passé (II).
Tout d’abord, les innovations stimulent l’activité économique. Les
entreprises peuvent innover en lançant de nouveaux produits ou en mettant en
place de nouveaux procédés. Dans le premier cas, l’innovateur se retrouve en
position de monopole temporaire, ce qui lui permet de fixer un prix plus élevé.
Dans le second, l’innovation de procédé lui permet de diminuer ses coûts.
Dans les deux cas, l’innovateur dégage un profit plus élevé que les autres
entreprises, profit qui lui permet d’investir et de développer ses activités. Si
l’innovation permet des profits élevés et si elle n’est pas brevetée ou brevetable,
elle peut aussi inciter d’autres entreprises à l’imiter et à l’améliorer, ce qui
provoquera de nouvelles innovations, ou des innovations mineures, qui sont
favorables à la croissance économique. Par exemple, la mise en place de la
plateforme Airbnb (document 1) a donné à cette entreprise une position
dominante.
Mais dans le même temps, d’autres acteurs ont imité ce modèle de mise en
relation via les plateformes dans de nombreux domaines (transport, livraison de
repas, cours particuliers…), ce qui développe de nouvelles activités. Le progrès
technique est alors « créateur » de nouvelles activités et de nouveaux emplois,
pour reprendre l’expression de J. A. Schumpeter (document 2).
Mais, dans le même temps, le progrès technique nuit à l’activité des
entreprises qui utilisent des innovations plus anciennes. Ces entreprises sont
moins compétitives car la demande se déplace vers les entreprises innovantes, soit
parce que le nouveau produit est attractif (innovation de produit), soit parce que
leurs coûts, et donc leurs prix, sont plus faibles (innovation de procédé). Par
exemple, depuis 2004, le développement de la musique numérique en
téléchargement puis en streaming a fait chuter les ventes de musique sur support
physique (document 3). Ainsi, le chiffre d’affaires mondial de la musique
enregistrée sur disque et CD a baissé de 80 % environ entre 2001 et 2018. De
nombreuses entreprises ont été affectées et l’industrie de la musique a dû
entièrement se recomposer. Le progrès technique est donc aussi « destructeur »
d’activité et surtout d’emplois, comme l’a montré J. A. Schumpeter (document 2).
De même, le développement des logiciels de traitement de texte puis des
premiers ordinateurs de bureau a provoqué le déclin des entreprises produisant ou
réparant des machines à écrire, ainsi que la disparition des métiers de secrétaires
sténos-dactylos. Le progrès technique a donc des effets contradictoires sur
l’activité économique. Il peut être à l’origine de formidables phases de croissance
économique, en particulier quand des innovations majeures sont mises en place
(électricité, automobile), mais il peut aussi être à l’origine de phases de
contraction de l’activité économique quand les effets destructeurs l’emportent sur
les effets créateurs.

2. Vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites


écologiques de la croissance.

I) Les innovations de produits permettent de reculer les limites écologiques de la


croissance.

§1 - Mettre sur le marché des produits qui n’épuisent pas les ressources naturelles.
Une innovation de produit consiste à inventer un produit qui n’existait pas
auparavant (innovation radicale) ou à améliorer un produit existant (innovation
incrémentale).
Les chercheurs doivent inventer des produits qui n’épuisent pas les ressources
naturelles, soit en s’en passant, soit en les utilisant de façon raisonnée pour ne pas
épuiser les stocks de ressources, en particulier les ressources non renouvelables.
Par exemple, des nombreux sacs aujourd’hui sont intégralement fabriqués à partir
de déchets plastiques existants, ce qui permet le recyclage et limite les
prélèvements de nouvelles ressources (le pétrole est nécessaire pour fabriquer le
plastique). Avec une tonne de déchets plastiques, on peut produire jusqu’à 40 000
nouveaux sacs.
§2 - Mettre sur le marché des produits qui polluent moins et contribuent moins au
réchauffement climatique.
Les nouveaux produits qui apparaissent sur le marché ne doivent pas non plus être
à l’origine de nouvelles pollutions (de l’eau, de l’air...). Ils doivent également
avoir un bilan carbone neutre, c’est-à-dire utiliser différents moyens pour réduire
et compenser les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de ces
nouveaux produits.
Par exemple, des brevets sont déposés en France pour produire des voitures «
propres » comme les voitures électriques. Les brevets pour limiter la pollution
automobile responsable d’une partie des émissions de CO2 ont augmenté de 12,9
% par an, en moyenne, entre 1995 et 2005 (document 1). On peut aussi utiliser
des biotechnologies pour fabriquer de nouveaux produits respectueux de
l’environnement : les brevets déposés dans ce secteur ont progressé de 5 % par an
en moyenne entre 1995 et 2005.

II) Les innovations de procédés permettent de reculer les limites écologiques de


la croissance.

§3 Mettre en place des procédés de production moins gourmands en ressources


naturelles. La production agricole conventionnelle est aujourd’hui polluante
puisqu’elle utilise encore massivement des pesticides qui polluent l’air, les sols,
les nappes phréatiques et développent des maladies. Cette pollution massive
détruit l’environnement et dégrade la santé humaine. On parle d’externalités
négatives ici. Or de nouveaux procédés existent, par exemple en agriculture
biologique, pour produire tout en respectant l’environnement. De plus en plus
d’agriculteurs, sensibles à la protection de l’environnement et à leur santé, se
convertissent en agriculture bio et mettent en place des techniques innovantes non
polluantes pour produire.
§4 Mettre en place des procédés de production qui polluent moins et contribuent
moins au réchauffement climatique.
La production d’énergie est fortement polluante quand elle se fait grâce au pétrole,
au charbon, au gaz. Or, en 2018, ces trois types d’énergie représentaient 69 % de
la demande mondiale d’énergie (document 3). Il faut donc inventer des procédés
qui n’émettent pas de CO2, en particulier pour limiter les rejets de gaz à effet de
serre, et ainsi lutter contre le réchauffement climatique. Par exemple, l’Haliade X
est une éolienne de nouvelle génération ; il s’agit de l’éolienne la plus puissante
au monde (document 2). Cette innovation de procédé va permettre de créer un
méga-parc éolien au large du Royaume-Uni, pour fournir de l’énergie verte qui
pourra alimenter
« 4,5 millions de foyers, soit 5 % de la production d’électricité au Royaume-
Uni ».
3. À l’aide de vos connaissances et des documents, vous montrerez
comment les institutions influent sur la croissance.

PROPOSITION DE PLAN :

I) Les brevets sont une institution qui favorise le progrès technique donc la
croissance.

• §1 Les brevets favorisent l’innovation en accordant à son détenteur un monopole


temporaire.
• §2 Ils permettent aussi un progrès technique endogène par la publication de la
technologie protégée.

II) Les politiques éducatives et de recherche-développement favorisent également


la croissance.

• §3 L’éducation rend les travailleurs plus productifs, et mieux à même de mettre


en œuvre des technologies complexes.
• §4 Un financement public de la recherche accroît les possibilités d’innovation.

4. Expliquez le lien entre progrès technique et croissance

EXEMPLE DE PLAN

En introduction, reprendre le sujet.


Un paragraphe « constat » qui montre qu’il semble y avoir une corrélation
positive entre progrès technique (DIRD) et croissance (cf. chiffres du document de
l’exercice pour illustrer ce paragraphe).
Un paragraphe qui explique comment le progrès technique est favorable à la
croissance avec la théorie de Schumpeter (question 5 du doc. 2).
On peut éventuellement rédiger un dernier paragraphe sur le cercle vertueux
entre progrès technique et croissance (doc. 3).
Une mini conclusion.

5. A l’aide de vos connaissance et du dossier documentaire, montrez que


la croissance a des limites ecologiques

INDICATIONS

1. Notions en lien avec le sujet : croissance, capital naturel, réchauffement


climatique, externalités négatives, développement durable, limites écologiques,
pollution, épuisement des ressources, innovations…
2. Notions liées au document 2 : croissance, capital naturel, réchauffement
climatique, externalités négatives, limites écologiques.
3. Hausse des émissions de CO2 dans le monde de 50,3 %.
Hausse modérée des émissions de CO2 aux États-Unis (+ 7,2 %).
Forte hausse des émissions de CO2 en Chine (× 4,5).

UN PARAGRAPHE

4. La croissance a des limites écologiques. Les activités économiques engendrent


des externalités négatives sur l’environnement. En effet, elles émettent des gaz à
effet de serre qui participent au réchauffement climatique et au dérèglement de ce
dernier. Depuis 1990, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 % dans le monde.
Cette hausse est particulièrement forte dans les pays en développement. Par
exemple, la Chine a vu ses émissions de gaz à effet de serre multiplié par 4,5 entre
1990 et 2006. Pour les pays développés, la hausse est plus modérée (États-Unis :
+ 7 %). Certains contribuent même à la baisse de ces émissions. C’est le cas de la
France qui a vu ses émissions diminuer de 25,2 %.

CHAPITRE 2 : QUELS SONT LES FONDEMENTS DU


COMMERCE INTERNATIONAL ET DE
L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION ?

1. Vous mettrez en évidence les déterminants du commerce entre pays


comparables.

Pour expliquer pourquoi les pays comparables commercent entre eux, la


nouvelle théorie du commerce international avance deux propositions
essentielles.
D’une part, les produits sont différenciés, verticalement (différences de
qualité) et horizontalement (différences de variété). En effet, les acheteurs ont un
goût pour la diversité qui va conduire les entreprises à se spécialiser sur un
segment de marché (le haut de gamme ou le bas de gamme, par exemple) ce qui
favorise les échanges commerciaux entre pays comparables.
D’autre part, les économistes montrent que les échanges s’expliquent par
l’existence d’économies d’échelle. En effet, en produisant pour un vaste marché
international, les firmes augmentent les quantités produites, ce qui leur permet de
baisser le coût par unité produite. Ceci incite les entreprises à se spécialiser sur
certains types de produits, et sur certains segments de marché d’un même produit,
en tenant compte de la différenciation.
Enfin, la fragmentation de la chaîne de valeur mise en oeuvre par les firmes
multinationales génère des échanges entre pays comparables et différents à la fois.
Par exemple, l’assemblage de l’iPhone en Chine nécessite des importations de
composants en provenance des États-Unis et du Japon, mais aussi de Taïwan et
de Corée du Sud.

2. Vous expliquerez ce qui a favorisé l’essor d’une fragmentation des


chaînes de valeur.

Si l’iPhone est un produit « made in world », de nombreux autres biens sont


produits grâce à une fragmentation des chaînes de valeur. De cette façon les
diverses opérations de conception, de logistique, de production et de services
nécessaires à la production d’un bien sont réparties par les firmes multinationales
dans un très grand nombre de pays en fonction de leurs avantages comparatifs.
Comment expliquer l’essor de cette fragmentation des chaînes de valeur ? Ce
processus de fragmentation des chaînes de valeur s’est intensifié sous l’influence
de nombreux facteurs.

§1 La baisse des coûts de transport et de communication


Les progrès dans les transports et l’avènement d’Internet ont favorisé une baisse
des coûts du transport et des communications qui expliquent une partie de la
fragmentation des chaînes de valeur (document 3). Ainsi, la fabrication d’un bien
peut avoir lieu dans les pays qui présentent des avantages en termes de coûts, tant
au niveau de la main-d’œuvre que des matières premières, pour être ensuite
assemblé et vendu sur le marché mondial. L’iPhone, par exemple, nécessite des
matières premières en provenance d’Afrique, des composants en provenance du
Japon, de Corée du Sud et des États-Unis, et est assemblé en Chine.
§2 Les accords de libre-échange
De la même façon, les nombreux accords de libre-échange signés entre les pays
(GATT et OMC, Mercosur, l’Alena, l’Union européenne, etc.) abolissent les
droits de douane et réduisent les prix. Ces accords démultiplient les possibilités
de fragmenter la production dans de nombreux pays.
§3 Une main-d’œuvre bon marché
L’arrivée de la Chine dans le commerce mondial à partir des années 1980, jusqu’à
son entrée à l’OMC en 2001, a participé à l’augmentation du processus de
fragmentation des chaînes de valeur (document 3). En offrant une –main-d’œuvre
abondante et peu coûteuse, ce pays a permis aux entreprises dont la production est
intensive en travail de réduire leurs coûts de production pour stimuler leur
compétitivité et gagner des parts de marché.
§4 La recherche d’une meilleure compétitivité et la spécialisation sur les activités
à forte valeur ajoutée dans un contexte de concurrence exacerbée
Les firmes multinationales définissent des stratégies internationales de production
en choisissant pour chaque activité de faire ou d’externaliser, et en décidant de
leur localisation en fonction des avantages comparatifs des pays (document 2). La
fragmentation et l’internationalisation des chaînes de valeur permettent alors aux
multinationales de se spécialiser sur les étapes qui génèrent le plus de valeur
ajoutée, en amont et en aval des activités matérielles de production (document 4).

3. Vous expliquerez pourquoi un pays peut avoir intérêt à mener une


politique protectionniste.

Si le libre-échange semble être la norme dans de nombreux pays développés,


les politiques protectionnistes restent toujours d’actualité. Le protectionnisme, qui
consiste à dresser des barrières tarifaires et/ou non tarifaires pour diminuer ou
empêcher les biens étrangers d’entrer sur le territoire, se justifie dans plusieurs
situations. Ainsi, certaines mesures protectionnistes visent à assurer une plus
grande sécurité nationale et en particulier à protéger les consommateurs, comme
c’est le cas des normes qui, si elles ne sont pas respectées, font obstacle à l’entrée
de produits étrangers sur le territoire national. Il peut s’agir de normes liées à la
sécurité mais aussi aux droits sociaux, ou encore des normes en matière
d’environnement. Il en va ainsi des normes relatives au travail des enfants, ou
celles qui s’intéressent à la pollution émise dans le processus de production.
Toutefois, les normes sont aussi parfois l’occasion pour un pays d’éviter la
concurrence étrangère.
De la même façon, certaines mesures protectionnistes visent à éviter des
licenciements dans des secteurs peu compétitifs. C’est la stratégie adoptée par
Donald Trump lorsque son administration a imposé des tarifs douaniers sur l’acier
et l’aluminium en provenance de Chine. Enfin, certaines mesures ont pour objectif
de protéger les entreprises dans l’enfance souvent trop peu expérimentées pour
affronter la concurrence internationale, comme l’a d’ailleurs démontré
l’économiste prussien F.
List. C’est une des raisons pour lesquelles les droits de douane sont plus élevés
dans les pays pauvres que dans les pays riches, selon les données de l’OMC
(document 4).

4. À l’aide de vos connaissances et des documents, vous montrerez que le


commerce international a plusieurs déterminants.

PROPOSITION DE PLAN :

• §1 Le recul des mesures protectionnistes et des coûts de transport et de


communication a signifié une baisse des obstacles au commerce international.
• §2 Les écarts de dotations technologiques ou factorielles expliquent le
commerce entre pays différents.
• §3 La différenciation des produits explique le commerce entre pays
comparables.
• §4 La fragmentation de la chaîne de valeur explique le développement des
échanges internationaux de biens et services.

5. Proposez un plan détaillé pour répondre au problème suivant : « Vous


montrerez que le protectionnisme peut être souhaitable. »

EXEMPLE DE PLAN

I. Le protectionnisme peut être souhaitable pour protéger les victimes de


la concurrence internationale

A. Des victimes de la concurrence internationale : entreprises et salariés des


secteurs pour lesquels le pays n’a pas d’avantages comparatifs
B. Problème de l’inadéquation des qualifications de la main-d’oeuvre
C. Problème du dumping social (doc. 5)
D. Hausse des inégalités internes : exemple de la Chine (exercice 2)

II. Le protectionnisme éducateur peut être souhaitable

A. Industries naissantes pas assez compétitives sur le marché international


B. Avantages du protectionnisme : économies d’échelle et effets
d’apprentissage
C. Possibilité de se construire un avantage comparatif
D. Mesures temporaires avant l’ouverture au commerce international (doc.
3)

6. Elaborez un plan détaillé pour répondre au sujet suivant : « Vous


montrerez que le protectionnisme peut avoir de nombreux
inconvénients. »

EXEMPLE DE PLAN

I. Le protectionnisme prive les consommateurs des avantages du libre-


échange

A. Moins de diversité, moindre qualité, prix plus élevés (doc. 2)


B. L’augmentation récente des droits de douane aux États-Unis pourrait
entraîner une hausse de l’inflation (doc. 4)
II. Le protectionnisme prive les entreprises (nationales) des avantages du
libre-échange

A. Prix plus élevés, moindre qualité des biens d’équipement


B. Augmentation des coûts pour les entreprises ayant internationalisé une
partie de leur production
C. Les firmes américaines important des biens de production verront donc
leurs coûts de production augmenter en cas de hausse des droits de douane (doc.
4)

III. Le protectionnisme réduit la croissance des pays

A. Consommateurs ayant moins de pouvoir d’achat + Entreprises moins


compétitives ➔ Baisse de la production et potentielle hausse des
importations dans des secteurs non protégés (doc. 2)
B. Une hausse forte des droits de douane entraînerait une baisse de 1,9 point
de la croissance européenne (doc. 3)

IV. Le protectionnisme peut entraîner des mesures de rétorsion

A. Protectionnisme comme concurrence déloyale.


B. Mesures de rétorsion ➔ Réaction des pays concernés par les mesures
protectionnismes : hausse des droits de douane sur des produits impactant
l’économie du pays ayant engagé les mesures protectionnistes
C. Éventuelle guerre commerciale
D. Les Européens imposent une taxe sur les Harley Davidson (doc. 1)

7. Vous montrerez comment peut s’expliquer l’existence du commerce


entre pays spécialisés

Traditionnellement, le commerce international s’est développé en premier lieu


entre des pays se spécialisant dans des productions différentes. Ces pays se sont
mis à échanger entre eux des biens et services différents, l’un se spécialisant dans
un produit qu’il vendra à l’autre pays auquel il achètera un produit différent dont
il aura abandonné la production. Quels sont les déterminants des échanges entre
pays vendant des produits différents ?
Tout d’abord, les échanges entre pays spécialisés peuvent être expliqués par
des différences de dotations factorielles. Tous les pays n’ont pas les mêmes
dotations en travail qualifié, en travail non qualifié, en capital. Les pays ont intérêt
à se spécialiser dans la production du produit utilisant intensivement le facteur de
production présent abondamment dans le pays. Ils auront un avantage comparatif
dans cette production et devront, au contraire, délaisser les productions
nécessitant intensivement les facteurs de production rares dans leurs pays car bien
trop coûteux. La spécialisation en fonction des avantages comparatifs permettra à
chacun de faire des gains à l’échange en faisant des effets d’apprentissage, des
gains de productivité, des économies d’échelle grâce à l’ouverture internationale
: les prix seront moins élevés et la production augmentera. Ainsi, le document 2
montre que Hong Kong, fortement doté en travail abondant, a exporté du textile
dans les années 1980 puisque « la production de textile est intensive en travail ».
Cette spécialisation a évolué : désormais, Hong Kong n’exporte plus autant de
textile car la « ville s’est améliorée dans d’autres secteurs ».
De plus, les échanges internationaux entre pays spécialisés peuvent s’expliquer
par des dotations technologiques différentes. Les pays ne disposent pas tous du
même niveau technologique. Certains, comme les États-Unis, l’Allemagne ou la
France, ont un fort niveau technologique obtenu grâce à des dépenses en recherche
et développement, la formation de chercheurs… Grâce à cette dotation
technologique, ces pays ont un avantage comparatif dans la production de biens
et services nécessitant une haute technologie : ils ont intérêt à se spécialiser dans
ces productions et à délaisser les autres pour les importer de pays faiblement dotés
en technologie. Le document 1 montre ainsi une corrélation, et même une
causalité, entre les efforts faits pour avoir des dotations technologiques
importantes et l’importance des exportations à haute technologie. Ainsi, un pays
comme la Corée du Sud consacre 4,55 % de son PIB à la R & D en 2017 et dispose
de 7 514 chercheurs pour 1 000 000 d’habitants, ce qui explique que les
exportations de produits à haute technologie représentent 36 % de ses
exportations. Il en va de même pour les États-Unis (doc. 3), principal exportateur
de services TIC en 2017. Leurs exportations représentent 13 % dans ce domaine.
Au contraire, un pays comme la Colombie (doc. 2) dispose de seulement 881
chercheurs pour 1 000 000 d’habitants, ses dépenses de R & D ne représentent
que 0,24 % de son PIB, ce qui explique que seuls 7 % de ses exportations soient
des produits à haute technologie.
Les dotations factorielles et technologiques des pays déterminent les
spécialisations des États et expliquent que les pays aient intérêt à échanger entre
eux des produits différents.
CHAPITRE 6 : COMMENT EST STRUCTUREE LA SOCIETE
FRANÇAISE ACTUELLE ?

1. Vous montrerez que l’espace social est structuré par de multiples


facteurs.

L’espace social est d’abord structuré par la position dans le cycle de vie. En
effet, l’âge des individus influence leurs conditions de vie, leur prestige et leur
accès à certaines ressources. L’entrée dans la vie active est marquée par une plus
grande précarité économique du fait d’une insertion plus difficile sur le marché
du travail, liée à la fois au manque d’expérience et au contexte de chômage de
masse. Cette plus grande précarité n’est pas compensée par les politiques
publiques qui se concentrent davantage sur la fin du cycle de vie et permettent aux
plus de 60 ans d’avoir un niveau de vie plus élevé, notamment grâce aux retraites.
Le sexe des individus influence également leur position dans l’espace social.
En effet, il existe de fortes inégalités entre femmes et hommes, à la fois dans les
représentations, dans l’univers domestique et dans le monde du travail. Les
femmes connaissent des inégalités de revenus et de carrière par rapport aux
hommes : cela s’explique en particulier par deux facteurs. Premièrement, l’inégale
répartition des tâches domestiques qui incombent plus souvent aux femmes ;
deuxièmement, des stéréotypes associés au féminin et au masculin qui influencent
les choix de carrière, mais aussi les rémunérations.
Le lieu de résidence des individus influence également leur accès à
certaines ressources. Certains territoires sont mieux dotés en services publics ou
sont plus proches des bassins d’emploi, tandis que d’autres en sont plus éloignés,
ce qui influence les conditions de vie et les trajectoires sociales des individus et
de leurs enfants.
Enfin, le niveau de vie des individus dépend non seulement de leur revenu
mais aussi de la composition de leur ménage. En effet, avec un même revenu, un
ménage composé de plus de personnes a logiquement un niveau de vie plus faible,
puisque plus de personnes dépendent de ce revenu pour consommer. Les familles
plus nombreuses, ou les ménages avec enfants (qui sont plus nombreux au milieu
du cycle de vie), voient ainsi leur niveau de vie diminuer par rapport à des
ménages sans enfants avec le même niveau de revenu

2. Vous mettrez en évidence les principales évolutions de la structure


e
socioprofessionnelle depuis la seconde moitié du XX siècle.

La première évolution de la structure socioprofessionnelle est la diminution


drastique de la part des indépendants, qui représentaient 25 % des emplois en 1954
et seulement 8 % en 2017. L’emploi salarié a donc fortement augmenté, ce qu’on
appelle la « salarisation ». Cela s’explique en particulier par un affaiblissement
des petites entreprises agricoles, artisanales ou de commerce, et un mouvement
de concentration des entreprises au cours de la deuxième moitié du xxe siècle. Le
secteur le plus touché par ce mouvement a été l’agriculture : si la part des
indépendants des secteurs secondaires et tertiaires (les artisans, commerçants,
chefs d’entreprise) a diminué de moitié, la part des agriculteurs exploitants a,
quant à elle, été divisée par 8 sur la période.
La deuxième évolution est la montée des emplois tertiaires et la baisse relative
des emplois agricoles et industriels. Cette tertiarisation est double. Il y a d’abord
eu une tertiarisation des emplois, c’est-à-dire que les emplois du tertiaire ont
augmenté : le secteur tertiaire (des services) concentre désormais près de quatre
emplois sur cinq. Mais il y aussi eu une tertiarisation des activités, c’est-à-dire
que même dans les secteurs primaire et secondaire, les emplois de service ont
augmenté, comme par exemple les emplois de managers, de commerciaux,
d’administrateurs dans des entreprises industrielles : la part des employés dans la
population active a été multipliée par 1,5 entre 1954 et 2017, celle des professions
intermédiaires par 2, et celle des cadres par 3,5. En parallèle, la part des ouvriers
a été divisée par 2.
La troisième évolution est la montée de la qualification des emplois. Du fait
du progrès technique et de la massification scolaire, la part des emplois qualifiés
et très qualifiés a augmenté dans l’emploi total en France. En parallèle, la part des
emplois manuels peu qualifiés a diminué. Cependant, cette montée des emplois
qualifiés a aussi entraîné une augmentation des emplois de service peu qualifiés,
pour faire face à la demande croissante de services de ces travailleurs qualifiés
mieux rémunérés.
Enfin, la population active a également évolué, puisque le taux d’activité des
femmes a fortement augmenté durant la période : il a été multiplié par deux entre
1968 et 2016, et c’est maintenant les deux tiers des femmes en âge de travailler
qui ont un emploi ou sont en recherche d’emploi. Le travail féminin se concentre
surtout dans le secteur tertiaire, qui emploie 9 femmes sur 10.

3. Vous montrerez pourquoi l’utilisation de la notion de classes sociales


pour rendre compte de la société française fait débat.

Du fait de l’individualisation du travail, les groupes professionnels sont de


moins en moins homogènes, ce qui conduit à nuancer la notion de classes sociales.
En effet, les conditions de travail et la rémunération des salariés dépendent de
moins en moins de négociations collectives, de grilles de salaires ou de critères
standardisés comme le diplôme, mais de plus en plus des négociations
individuelles entre le salarié et l’employeur. Cela affaiblit les relations
interpersonnelles entre les salariés ainsi que le sentiment de solidarité mécanique
(cf. chapitre 7 de 1re) qui peut exister sur le lieu de travail. Cela rend plus difficile
également l’organisation collective des salariés, par exemple sous la forme de
syndicats.
En outre, l’individualisation a accentué l’affaiblissement de l’identification
subjective des individus à une classe sociale. En effet, les individus se réfèrent de
moins en moins aux classes sociales pour définir leur identité, et le partage d’une
même condition économique est de moins en moins le support d’un sentiment de
solidarité ou d’appartenance collective. C’est particulièrement le cas pour les
classes populaires, où la diversité des conditions d’emploi et de vie explique que
les individus s’identifient préférentiellement à d’autres groupes sociaux, sur la
base de leur origine migratoire par exemple. Ainsi, malgré l’existence de
difficultés économiques communes et d’une même position dévalorisée dans
l’espace social, les Gilets jaunes et les habitants de banlieues populaires, dans
lesquelles les habitants étrangers ou d’origine étrangère sont surreprésentés, n’ont
pas partagé les mêmes revendications.
Il existe de plus d’autres critères de hiérarchisation de l’espace social qui
viennent brouiller les frontières entre les classes sociales, même s’ils ne les font
pas complètement disparaître. Par exemple, il existe des inégalités de genre qui
traversent toutes les classes sociales : la répartition des tâches domestiques est
inégale, celles-ci incombant davantage aux femmes, quelle que soit la classe
sociale, ce qui les pénalisent sur le marché du travail.
Certes, les inégalités entre femmes sont également très fortes en fonction de leur
profession, de leur revenu ou de leur diplôme (donc de leur classe sociale), mais
il faut prendre en compte les deux dimensions de classe et de genre. Les femmes
de catégorie populaire subissent un double désavantage sur le marché du travail,
du fait de leur faible niveau de diplôme et de leur sexe ; les femmes de catégorie
favorisée, quant à elles, ne peuvent concilier vie professionnelle et familiale qu’en
externalisant les tâches domestiques à d’autres femmes, comme la garde d’enfants
ou le ménage. La notion de classe sociale ne semble donc pas pouvoir rendre
compte à elle seule de la structure sociale, mais elle reste utile.

4. Vous mettrez en évidence les divers facteurs de hiérarchisation de


l’espace social en France.

QUESTIONNEMENT (OU PROBLEMATIQUE) :

« Quels sont les différents déterminants influençant la position des individus dans
la stratification sociale, c’est-à-dire quels éléments expliquent leur inégal accès
aux ressources économiques, sociales, politiques et leur niveau de prestige ? »

PLAN :

I) L’espace social est hiérarchisé en fonction de facteurs socio-professionnels


§1 Le diplôme influence fortement la place dans la hiérarchisation
professionnelle.
§2 La profession a une influence sur le niveau et le mode de vie.
§3 Le revenu a une forte influence sur le niveau de vie et la place dans la structure
sociale.

II) Mais il est aussi hiérarchisé en fonction de facteurs individuels

§4 Le sexe est un facteur important de hiérarchisation de la société.


§5 L’âge et la position dans le cycle de vie influencent le niveau de vie et le
prestige des individus.
§6 Le lieu de résidence influence les ressources auxquelles ont accès les individus.

EXEMPLE D’INTRODUCTION

En vingt ans, depuis les années 1990, les écarts de niveau de vie entre les tranches
d’âge ont augmenté. Si le niveau de vie a globalement augmenté pour toutes les
générations, l’âge demeure donc un facteur important d’inégalité économique en
France.
Il existe cependant d’autres types d’inégalités, qui contribuent aussi à hiérarchiser
l’espace social. La hiérarchisation de l’espace social, aussi appelée stratification
sociale, signifie qu’il existe des groupes sociaux distincts, qui n’ont pas le même
accès aux ressources économiques, sociales, politiques. Cela veut dire qu’en
fonction de certains critères, les individus n’ont par exemple pas les mêmes
chances d’atteindre un même niveau de vie ou les mêmes conditions de travail. Il
s’agira donc d’étudier ces différents critères, dans la société française
contemporaine : quels sont les différents déterminants influençant la position des
individus dans la stratification sociale, c’est-à-dire quels éléments expliquent leur
inégal accès aux ressources économiques, sociales, politiques et leur niveau de
prestige ?
Nous étudierons tout d’abord le rôle des facteurs socioprofessionnels, à savoir le
diplôme, la profession et le revenu, avant de montrer qu’il faut aussi prendre en
compte des facteurs individuels, notamment le sexe, la position dans le cycle de
vie et le lieu de résidence des individus.

5. Rédigez l’argument montrant que le statu socio-économique structure


l’espace social, pour répondre au sujet suivant : « Vous montrerez
qu’il existe de multiples facteurs de hiérarchisation de l’espace social. »
Le statut socio-économique structure l’espace social. En effet, en classant les
individus en fonction de leur niveau de diplôme et de leur profession dans
différentes catégories socioprofessionnelles, il est possible de repérer des groupes
sociaux présentant une certaine homogénéité sociale. Ainsi, les cadres, qui sont
caractérisés par une position hiérarchique élevée liée à un niveau de diplôme
élevé, perçoivent des salaires qui sont en moyenne 2,4 fois plus importants que
ceux des ouvriers. Par ailleurs, ces différences de revenus entraînent des
différences de consommation, notamment de biens culturels. Les individus les
plus fortunés ont ainsi davantage tendance à assister à des spectacles vivants que
les autres.

6. Réalisez le plan détaillé du sujet suivant : « Vous caractériserez les


principales évolutions de la société active françaises dans la seconde
moitié du XXème siècle

EXEMPLE DE PLAN

1er paragraphe AEI : La tertiarisation de l’économie a fortement modifié la


structure de la population active française (doc. 2 p. 162).
2e paragraphe AEI : Dans la seconde moitié du XXe siècle, on assiste à une
élévation du niveau de qualification des actifs (doc. 3 p. 163).
3e paragraphe AEI : Les Trente Glorieuses ont été accompagnées d’une forte
féminisation des emplois (doc. 3 p. 165).
4e paragraphe AEI : On note une salarisation croissante de la population active
française dans la seconde moitié du XXe siècle (doc. 2 p. 164).

7. Vous montrerez que l’espace social est structuré et hiérarchisé à


travers une multitude de facteurs de différenciation sociale.
La société française est composée d’individus aux caractéristiques sociales
très différentes. Il existe ainsi une multiplicité de critères de différenciation
sociale, c’est-à-dire des caractéristiques qui permettent de déterminer des groupes
d’individus qu’il est possible ensuite de comparer les uns par rapport aux autres.
Ces caractéristiques sociales permettent de réparer une structure sociale qui est
elle-même hiérarchisée.
L’espace social est tout d’abord structuré et hiérarchisé selon la catégorie
socioprofessionnelle. En effet, on constate que, selon la catégorie
socioprofessionnelle à laquelle ils appartiennent, les individus ont tendance à
avoir des comportements ou des destins similaires. Par exemple, on constate dans
le document 3 qu’en 2016, les cadres supérieurs sont beaucoup moins exposés
aux accidents du travail que les ouvriers non qualifiés (différence de 12,1 points
de pourcentage).
Par ailleurs, l’espace social est structuré et hiérarchisé selonle lieu de
résidence. En effet, on constate que selon le lieu où ils habitent, les individus ont
des niveaux de vie très différents. On constate par exemple dans le document 2
que c’est dans les zones rurales les plus isolées que le niveau de vie médian est le
moins élevé (1 568 euros par mois), alors qu’il est le plus élevé dans les couronnes
des grands pôles urbains (1 811 euros par mois).
Le niveau de diplôme est également un facteur de différenciation sociale.
En effet, le diplôme apparaît comme une protection face au chômage et procure
aux individus un niveau de revenu corrélé à son importance. On constate ainsi
que, plus le niveau de diplôme augmente, plus les chances d’être au chômage sont
réduites. Inversement, plus le niveau de chômage est faible et plus la probabilité
d’être au chômage est importante.
Enfin, le sexe est un facteur de structuration et de hiérarchisation de
l’espace social. En effet, on constate que le sexe est un facteur différenciant dans
de nombreux aspects de la vie sociale. Par exemple, la part de femmes dans les
emplois d’encadrement supérieur et direction est de seulement 22,8 % dans le
secteur privé, ce qui témoigne d’une forte inégalité entre les femmes et les
hommes.
Nous avons donc pu voir que de multiples facteurs de différenciation
sociale permettent de révéler la structure et la hiérarchisation de l’espace social.

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