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Synthèse : IV) Quels sont les défis de la croissance économique ?

Les effets du progrès technique sur les emplois et les inégalités de revenus…
Le progrès technique est une des principales causes de l’augmentation de la PGF elle-même source de croissance économique. Il semble alors
nécessaire pour un pays qui souhaite augmenter sa production (donc sa création de richesses) d’encourager le progrès technique. Néanmoins le
développement du progrès technique n’est pas sans conséquence sur l’équilibre économique et social des sociétés. En effet le progrès technique
transforme les emplois et contribue à l’évolution des inégalités de revenu.

Pour Joseph Schumpeter, le progrès technique entraîne un processus de destruction créatrice :

J. Schumpeter montre que le développement de nouvelles innovations (produit, procédé) va créer


de nouvelles activités (fabrication et vente du nouveau produit, développer d’autres activités liées
à ce nouveau produit) mais va également entraîner la disparition d’activités dépassées ou de
produits obsolètes. Cela signifie qu’une nouvelle innovation « détruit » des activités et des emplois
mais va également en « crée » d’autres [destruction-créatrice] (cf : document 11)

Par exemple l’apparition de l’automobile à la fin du 19ème siècle a automatiquement remplacé les calèches et les chevaux comme moyen de
transport. Beaucoup de professions autrefois très présentes (éleveurs de chevaux, vendeurs de chevaux, cocher, maréchal ferrant) ont
quasiment disparu mais ont été remplacées par les ingénieurs qui développent l’innovation, les ouvriers d’usines qui fabriquent les voitures mais
aussi tout un tas d’autres activités qui vont se greffer à cette nouvelle innovation (les auto-écoles, les assurances automobiles etc…).

Au final pour J. Schumpeter l’innovation va créer plus d’emplois qu’elle n’en détruit, cependant les travailleurs des emplois détruis n’arrivent
pas toujours à se reconvertir dans de nouveaux emplois qui nécessitent souvent des compétences et une formation spécifique. Par ailleurs les
entreprises qui ne seraient pas innovantes seraient condamnées à disparaître ou presque avec les conséquences sur l’emploi qu’on connait
(exemple de l’entreprise Kodak)

En outre, le progrès technique ne bénéficie pas à tous de la même façon, il peut engendrer des inégalités de revenus (cf : documents 12 et 13) :

Les professions les moins qualifiées (employés, ouvriers) subissent en partie la concurrence des innovations de procédés, ce qui menace leurs
emplois et leurs revenus. En effet le développement des innovations et des nouvelles technologies nécessite de plus en plus de main d’œuvre
qualifiée. Sur le marché du travail les travailleurs qualifiés sont très demandés comparativement aux travailleurs moins qualifiés. Les travailleurs
qualifiés voient en conséquence leurs salaires augmenter à l’inverse des travailleurs peu qualifiés, d’où une hausse des inégalités due au progrès
technique.

On peut résumer l’impact de l’innovation sur l’emploi et les salaires à travers le schéma ci-dessous :

Par ailleurs, on peut parler de « progrès technique biaisé » en faveur des hautes qualifications, les innovations profitent davantage aux
travailleurs qualifiés , car elles sont davantage utilisées par ces travailleurs qui vont accroître leur productivité grâce à celles-ci. Un nouveau
logiciel plus performant, une innovation dans le numérique, une nouvelle machine très technique et spécifique vont être davantage utilisés par
des travailleurs qualifiés (ingénieurs, chercheurs, cadres d’entreprise…). Les gains de productivités sont essentiels pour les entreprises qui vont
donc augmenter les salaires de leurs travailleurs qualifiés. A l’inverse, la plupart des innovations ne permettent pas forcément d’accroître la
productivité des travailleurs moins qualifiés (employés et ouvriers), leurs salaires vont alors moins progresser voire même stagner ce qui
augmente les inégalités de revenus entre les plus qualifiés et les moins qualifiés.

Les limites écologiques de la croissance…


Notre modèle économique actuel est basé sur toujours plus de croissance mais ceci n’est pas sans conséquence pour notre environnement et
notre développement futur.

Remarque : En effet dès 1972, le rapport du « club de Rome » (institution privée de réflexion sur les transformations de l’économie et de la
société formé d’intellectuels dont des économistes) intitulé « halte à la croissance ? » soulignait les conséquences néfastes de la croissance sur
l’environnement. Ce rapport fut suivi par un rapport de l’ONU en 1987 : Le Rapport Brundtland intitulé Notre avenir à tous, qui s’interroge sur
la possibilité d’une croissance soutenable (ou développement durable) c'est-à-dire une croissance économique qui permet de répondre aux
besoins des générations présentes sans pour autant compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

La croissance participe à la dégradation voire la destruction du capital naturel (ensemble des ressources environnementales utilisables pour
réaliser des productions) pourtant nécessaire au développement et au bien-être des populations. On peut illustrer les conséquences de la
croissance sur le capital naturel à travers divers exemples comme l’épuisement des ressources naturelles (pétrole, ressources halieutiques), la
diminution de la biodiversité avec la déforestation et l’extinction des espèces animales, le réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à
effet de serre (émissions de CO2) etc..

L’épuisement des ressources naturelles peut-être expliqué par ce que Garrett Hardin
(biologiste américain) appelle la « tragédie des biens communs ». (cf : document 15 et activité
8)

Un bien commun désigne un bien dont on ne peut pas empêcher les individus de le consommer
(bien dit « non excluable ») mais dont sa consommation par un individu empêche un autre
individu de le consommer (bien dit « rival »). Toutes les ressources naturelles peuvent être
considérées comme des biens communs.

G.Hardin explique qu’avec notre modèle de production, les biens communs sont condamnés à
s’épuiser c’est ce qu’il appelle « la tragédie des biens communs ». En effet comme les biens
communs sont non excluables et rivaux, les individus motivés par leur intérêt personnel, sont
incités à le surexploité, et sa surexploitation peut entraîner sa disparition.

Par ailleurs l’activité économique peut générer des externalités négatives comme les
émissions de CO2 (pollution) par exemple. On parle d’externalité négative quand l’activité
d’un agent économique nuit au bien-être de la collectivité sans pour autant qu’il en subisse
le coût réel. Quand une entreprise produit et pollue en émettant des gaz à effet de serre, elle
va générer des externalités négatives car du fait de son activité elle va nuire à la santé et au
bien-être de la collectivité sans en subir le coût. (Cf : activité 7)

L’impact écologique de la croissance risque de pénaliser la croissance future…

L’épuisement des ressources naturelles et l’augmentation de la pollution risquent à leur tour de peser sur la croissance future potentielle. En
effet, pour produire quelque chose on a automatiquement besoin de ressources naturelles (de capital naturel). Des matières premières
directement intégrées au produit (bois, sable, eau, métaux, pétrole, gaz…) mais aussi, pour faire fonctionner les machines nécessaires pour
produire, il y a besoin d’énergie (charbon, pétrole, gaz, électricité…). Si la surexploitation des ressources naturelles entraîne leur disparition cela
peut peser sur nos productions futures donc notre croissance future. Par ailleurs la pollution de l’environnement risque d’entraîner des
conséquences sur la santé de la population qui constitue le facteur travail et qui est essentiel dans la réalisation de la production. Une main
d’œuvre en mauvaise santé risque d’être moins productive ce qui peut la aussi peser sur la croissance future.

L’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance….


La croissance économique est soutenable (ou durable) lorsqu’elle permet de répondre aux besoins des générations présentes sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. (cf : document 16)

Remarque : Quand on fait référence à ce concept de soutenabilité de la croissance, on parle aussi parfois de « développement durable ».

Cependant tous les économistes n’ont pas la même vision de la soutenabilité (du développement durable). En effet deux visions s’opposent,
certains économistes mettent en avant la thèse de la soutenabilité faible tandis que les autres mettent en avant la thèse de la soutenabilité
forte.

Les tenants de la soutenabilité faible estiment que le progrès technique et/ou technologique peut se substituer au capital naturel qui peut
donc être préservé.

Exemple : Si le stock de capital naturel (par exemple le stock de pétrole) se raréfie (diminue), alors son prix augmentera, ce qui contraindra les
agents économiques à trouver d’autres solutions techniques pour économiser la ressource devenue rare (voitures qui consomment moins de
carburant, voitures électriques…). Dans ce cas le progrès technique compense la diminution du stock de capital naturel.

Selon ces hypothèses, c’est l’investissement dans les innovations vertes qui serait la solution pour avoir une croissance soutenable. Celles-ci
permettraient d’économiser les ressources naturelles mais aussi plus largement de limiter l’impact sur l’environnement. Par exemple les
éoliennes ou les panneaux solaires sont des innovations qui vont permettre de produire de l’énergie en émettant presque aucun gaz à effet de
serre. Les voitures électriques ou à hydrogène sont des innovations vertes, ce sont des véhicules qui n’émettent pas de CO2 et limitent la
consommation de ressources qui deviennent de plus en plus rares comme le pétrole. (cf : document 16 )

Avec ces exemples d’innovations vertes on peut continuer à avoir de la croissance tout en limitant l’impact environnemental.

Remarque : Cependant cette approche a quelques limites :


Elle suppose que le progrès technique permettra toujours de trouver les solutions technologiques permettant de compenser la diminution du
stock de capital naturel, ce qui est loin d’être certain.

L’économie de la ressource réalisée grâce au progrès technique peut être compensée par une augmentation de la quantité consommée de cette
ressource, on parle d’effet rebond. En effet la ressource économisée grâce au progrès technique deviendra moins chère, cela va donc inciter les
individus à la consommer davantage. On peut prendre l’exemple des ampoules basse-consommation que l’on éteint moins fréquemment ou des
voitures économes en carburant que l’on conduit davantage.

A l’inverse, les tenants de la soutenabilité forte estiment que, dans la plupart des cas, les atteintes au capital naturel sont irréversibles (tout
n’est pas réparable et certaines ressources sont irremplaçables). Dans cette optique, le progrès technique est nécessaire mais il ne suffit pas à
compenser la diminution et la dégradation du capital naturel, il faut changer nos modes de vie de consommation et de production pour avoir
une croissance soutenable.

Notions à maîtriser :

Destruction-créatrice : Théorie de Joseph Schumpeter qui énonce le fait que les innovations vont détruire certaines activités obsolètes et donc
certains emplois mais dans le même temps en créer d’autres et donc créer de nouveaux emplois.

Capital naturel : Ensemble des ressources naturelles utiles directement à l’homme ou qu’il peut exploiter économiquement.

Bien commun : Bien non excluable mais rival.

Externalité négative : Activité ou action d’un agent économique qui a un impact négatif sur les autres agents économique sans que celui-ci
n’en subisse le coût réel.

Croissance soutenable (développement durable) : Développement qui permet aux générations présentes de répondre à leurs besoins sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins.

Soutenabilité faible : Théorie économique qui considère que le capital naturel peut être substitué au capital naturel. C’est alors le
développement du progrès technique qui peut pallier aux problèmes environnementaux.

Innovations vertes : Ensemble de nouveaux produits, procédés et méthodes qui permettent de réduire l’impact de l’activité économique sur
l’environnement.

Soutenabilité forte : Théorie économique qui considère qu’on ne peut substituer le capital naturel à une autre forme de capital. Celui-ci est
irremplaçable et sa destruction irréversible. Le progrès technique n’est alors pas la solution à tous les problèmes écologiques.

Savoirs faire à maîtriser :

Comprendre que le progrès technique transforme les emplois (destruction créatrice) et peut entraîner des inégalités de revenus.

Comprendre que la croissance économique comporte des limites écologiques (épuisement des ressources naturelles, pollution de l’air et
réchauffement climatique etc…)

Savoir différencier les deux approches en termes de soutenabilité. (Soutenabilité faible VS soutenabilité forte)

Comprendre que le progrès technique peut être une solution face aux limites écologiques de la croissance.

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