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PISTRELLI Alice
L3 SOE
05/04/23
Commerce International
« Dumping Écologique » et « Protectionnisme Vert »
PARTIE I.
L'OCDE est une organisation intergouvernementale créée en 1961 qui compte aujourd'hui
38 pays membres. Son objectif est de favoriser la croissance économique et le bien-être des
populations de ses pays membres en promouvant des politiques économiques, sociales et
environnementales efficaces. Elle travaille dans de nombreux domaines, tels que
l'économie, la santé, l'environnement et la technologie, et produit des statistiques et des
analyses pour aider ses membres à améliorer leurs politiques publiques. L'OCDE est
financée par les contributions de ses membres et collabore avec d'autres organisations
internationales pour atteindre ses objectifs.
L'OCDE publie régulièrement des rapports et des données sur les politiques
environnementales des pays membres, y compris sur les taxes environnementales. Selon
un rapport récent de l'OCDE, les principales taxes environnementales mises en place dans
les pays membres incluent :
Ces taxes sont conçues pour encourager les entreprises et les individus à réduire leur
consommation d'énergie, à réduire leur production de déchets, à utiliser des sources
d'énergie plus propres et à adopter des comportements plus respectueux de
l'environnement
Étude de cas : « Taxe sur le plastique », le Kenya interdit les sacs en plastique
La crainte, souvent exprimée par les milieux industriels, que les politiques
environnementales handicapent la compétitivité et provoquent des délocalisations apparaît
aujourd’hui comme un obstacle récurrent à l’adoption de nouvelles régulations, non
seulement en France, mais, en fait, dans tous les pays de l’OCDE. En témoignent les débats
sur la Charte de l’environnement, sur les conditions d’autorisation des produits chimiques au
travers du projet REACH, sur la mise en place du marché européen de permis d’émissions
de gaz à effet de serre, ou les obstacles au développement d’une fiscalité
environnementale.
L’examen des éventuels conflits entre les deux objectifs de compétitivité et de protection de
l’environnement est d’importance, compte tenu d’un côté de l’exigence du public vis-à-vis de
la qualité de son environnement, notamment du point de vue de ses conséquences
sanitaires, de l’autre, de ses inquiétudes vis-à-vis des conditions d’insertion de l’économie
française dans la mondialisation. La manière de traiter ces questions conditionne, au-delà,
l’acceptabilité, par les pays en développement, des préoccupations de développement
durable, car on voit mal comment leur faire prendre en compte des enjeux qu’ils considèrent
comme susceptibles de mettre en cause leur croissance si nous-mêmes les trouvons
excessivement coûteux.
L'un des exemples récents d'une taxe environnementale ayant un impact sur le commerce
international est la « taxe sur le plastique » introduite par le Kenya le 28 août 2017. Cette
taxe de 20 shillings kényans (environ 0,15 euro) par sac en plastique a été mise en place
pour réduire la pollution plastique dans le pays. Elle s’impose aux importateurs en raison de
leur manque de traçage et de collecte des emballages plastiques, selon G. Wahungu,
directeur général de l’Autorité nationale de gestion de l’environnement.
Cette taxe a permis au Kenya d’occuper une place importante dans la gestion verte du
monde. Au départ le secteur manufacturier était opposé à cette taxe qui constituait une
menace pour la création d’emplois et la génération de revenus.
Le 22 juin 2022 le Parlement européen vote la création d’une taxe carbone aux frontières de
l’Europe. Elle touche notamment les importations d’acier ou de ciment en provenance de
pays tiers comme la Turquie ou l’Inde. Les produits seront taxés à leur entrée sur le sol
européen.
La taxe carbone aurait des intentions écologiques mais également commerciales pour éviter
une délocalisation des entreprises dans des pays qui ne réglementent pas autant la
production quant aux rejets de carbone. De plus, cela permet de conserver la compétitivité
des entreprises européennes, qui se faisaient concurrencer par des produits polluants mais
moins cher en provenance des pays en voie de développement.
La taxe carbone de l’Union Européenne aurait donc à minima une facette d’arme
commerciale, mais elle est surtout un outil pour encourager la réduction des émissions de
gaz à effet de serre. C’est une mesure également de protection des entreprises
européennes contre une concurrence déloyale des pays qui ne respectent pas les normes
environnementales.
PARTIE II.
Le dumping écologique est une pratique commerciale où une entreprise ou un pays exporte
des biens ou des services vers un autre pays en ne respectant pas les normes
environnementales et les réglementations en matière de pollution en vigueur dans ce pays.
Le dumping environnemental (ecological dumping) est une expression qui peut être utilisée
pour décrire deux situations :
La première, c’est lorsqu’un État cherche à accroître la compétitivité des entreprises
présentes sur son territoire en allégeant les dispositions législatives visant à protéger
l'environnement.
Deuxième signification, c’est un État qui adopte des normes environnementales moins
rigoureuses que d’autres pour attirer des firmes multinationales sur ses terres. Cette
pratique permet à l'entreprise ou au pays exportateur de produire des biens à moindre coût
en ne tenant pas compte de l'impact environnemental de ses activités.
Par exemple, une entreprise peut exporter des produits fabriqués en utilisant des procédés
de production qui émettent des gaz à effet de serre ou produisent des déchets dangereux
qui ne sont pas autorisés dans le pays importateur. De cette manière, l'entreprise peut
vendre ses produits moins chers que les entreprises locales qui respectent les normes
environnementales en vigueur, et ainsi prendre une part de marché supplémentaire.
Le dumping écologique est considéré comme une pratique déloyale car elle nuit à
l'environnement et favorise la concurrence déloyale. Les gouvernements et les organisations
internationales travaillent à mettre en place des réglementations pour limiter cette pratique et
encourager les entreprises à adopter des pratiques de production plus durables.
La théorie « pollution haven » a été développés dans les années 1990 par deux
économistes, Copeland et Taylor. Elle désigne une situation dans laquelle une entreprise ou
une industrie choisit de délocaliser ses activités dans des pays où les réglementations
environnementales sont moins strictes, afin de réduire ses coûts de production en évitant de
devoir investir dans des technologies plus propres. Les gouvernements, cherchant à attirer
les investissements étrangers, abaissent leurs normes environnementales.
Le phénomène de « pollution haven » est souvent lié à la mondialisation économique, à la
recherche de main-d'œuvre à faible coût et à l'expansion des marchés mondiaux. Il est
important de noter que toutes les entreprises ne sont pas des « pollution havens », et que
certaines entreprises ont mis en place des pratiques de production plus respectueuses de
l'environnement. La théorie de Copeland et Taylor a suscité un débat important dans les
milieux universitaires et politiques sur les moyens de réglementer les activités des
entreprises dans les pays en développement et de prévenir les effets négatifs du
phénomène de "pollution haven". Les gouvernements et les organisations internationales
ont pris des mesures pour promouvoir la coopération internationale en matière de
réglementation environnementale et pour encourager les entreprises à adopter des
pratiques de production plus respectueuses de l'environnement.
Plusieurs études suggèrent que le phénomène de « pollution haven » n’est pas vérifié
empiriquement et l’implémentation de réglementations environnementales dans les pays
développés n’engendrent pas (ou plus) de délocalisations vers les pays en voie de
développement. Cela engendre plutôt une hausse des innovations technologiques, en plus
de mettre en place des subventions pour ceux qui innovent dans la transition verte.
En 1995, l’entreprise multinationale Shell, majeure dans l’industrie pétrolière et gazière, est
impliquée dans un scandale environnemental majeur au Nigeria. En effet, elle a été accusée
d'avoir déversé des déchets toxiques dans des communautés locales, causant des maladies
et des décès. Les réglementations environnementales du Nigeria étaient à l'époque
considérées comme relativement faibles, ce qui a permis à Shell de s'engager dans des
pratiques qui auraient été illégales ou plus strictement réglementées dans d'autres pays.
En réponse aux critiques, Shell a mis en place un certain nombre de programmes de
responsabilité sociale des entreprises et de gestion environnementale, notamment en
travaillant avec les communautés locales pour améliorer la gestion des déchets et en
investissant dans des technologies plus propres. Cependant, la société continue d'être
critiquée pour ses pratiques environnementales dans les pays en développement, et
certains militants et groupes de défense de l'environnement ont appelé au boycott de la
société.
En 2021, la major pétrolière Royal Dutch Shell veut déménager son siège social et sa
localisation fiscale à Londres. Officiellement, le gérant de l’entreprise parle d’un désir de
simplification en transférant sa résidence fiscale au Royaume-Uni. Mais on relève
rapidement le timing de cette décision, se passant juste après sa condamnation par les
Pays-Bas à réduire ses émissions de carbone rapidement. Le tribunal nééarlandais avait
condamné le pétrolier à réduire ses émissions de CO2 de 45% d’ici 2030.
Toutefois, beaucoup s’accordent à dire que la condamnation n’est pas à l’origine de cette
délocalisation. En effet, sur le fond l’action en justice concerne les émissions mondiales de
Shell et non pas celles émises seulement aux Pays-Bas.