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L1-Eco-gestion TD Questions économiques et contemporaines Semestre 1-2023

TD Débat N°3 : « La taxe carbone pénalise- t-elle les pauvres ? » – semaine du 25/09

Objectifs :
- Comprendre le fonctionnement d’une taxe carbone pour réduire les externalités à
partir d’une représentation graphique.
- Analyser les effets redistributifs d’une taxe carbone
- Discuter des conditions de conciliation entre efficacité environnementale et justice
sociale

Dissertation n° 2 « La taxe carbone pénalise forcément les pauvres ». Vous expliquerez de


manière argumentée pourquoi cette affirmation peut être discutée.

Travail en amont de la séance :


1-Lire les textes proposés (Moodle et imprimés) + Visionner les documents vidéo
2- Prendre des notes et préparer des questions à poser en séance de TD
3- A préparer par écrit, comme synthèse
Intérêts d’une taxe carbone Limites de la taxe carbone : Des propositions pour
pour réduire les émissions de Une taxe régressive ? concilier taxe carbone et
GES justice sociale ?

Travail en séance :

Sujet de débat : « La taxe carbone pénalise-t-elle forcément les pauvres ? »

Vous disposerez de 10 minutes pour préparer 5 arguments, et vous serez ensuite invité à débattre
pendant 10 minutes.
Document 1
Document 1 Les objectifs écologiques d’une taxe carbone
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Document 2- Les taxes environnementales, à double dividende ?


À la fin des années 1990, où la baisse des prélèvements obligatoires est devenue un credo
de l’orthodoxie économique, l’instauration de nouvelles taxes, fussent-elles motivées par
une amélioration de l’environnement, n’est pas chose aisée. Cela suppose sans aucun
doute une refonte générale de la fiscalité, comme l’ont réalisée la Finlande, les Pays-Bas,
le Danemark et la Suède. En France, la politique environnementale s’est surtout appuyée
sur la réglementation, et le recours aux écotaxes reste très modeste, à l’exception de la
fiscalité des produits pétroliers, celle-ci ayant d’ailleurs une finalité moins
environnementale que financière. […]
Ce débat s’est surtout focalisé, à l’occasion des discussions sur l’effet de serre, sur la
question dite du double dividende, notion mise en avant par les tenants d’une fiscalité à
finalité environnementale pour souligner les gains qui pouvaient en découler en réponse à
ceux qui n’y voyaient que des coûts supplémentaires. Le premier dividende étant obtenu
par la modification des comportements conduisant à une amélioration de l’environnement
et le second provenant de l’impact macroéconomique du recyclage des recettes ainsi
collectées. Si, aux États-Unis, la piste privilégiée est celle de la diminution de l’imposition
sur le capital, en Europe, c’est la baisse du chômage qui est mise en avant comme le second
dividende possible.

Le premier dividende : la réduction des dommages environnementaux. – C’est, bien


entendu, l’objectif essentiel d’une écotaxe, qui ne sera atteint que si son caractère incitatif
est suffisant, c’est-à-dire si le montant de la taxe reflète correctement le coût des
externalités pour modifier les comportements de production et/ou de consommation de
manière durable.
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Source : Bureau et Hourcade [1998].


Nous avons déjà discuté, dans ce chapitre, sur un plan théorique, des effets d’une taxe et
de son efficacité comparativement aux autres instruments disponibles, ainsi que des
difficultés informationnelles de sa mise en application. Aussi, plutôt que de reprendre cette
discussion, nous nous contenterons ici de présenter quelques exemples réussis de taxes
environnementales incitatives, qui font ainsi la preuve de leur opérationnalité (cf. tableau
ci-dessus).
Le second dividende : une amélioration de l’emploi ? – Une fois assuré de l’efficacité
économique et environnementale de l’écotaxe, c’est-à-dire d’une amélioration de
l’environnement à un coût minimal, on doit se préoccuper de la réaffectation des recettes
fiscales ainsi obtenues.En général, un impôt, s’il produit des recettes pour les finances
publiques, a aussi un coût social et, entre deux impôts produisant un même montant de
recettes, on préférera naturellement celui qui a le coût social le plus faible.
C’est de cette substitution entre deux impôts à rendements équivalents mais de coûts
sociaux différents qu’est né le concept de double dividende à l’occasion du dossier
climatique, quand il est apparu que les recettes produites par une taxe sur le carbone
réellement incitatif seraient nettement supérieures aux besoins de financement des
programmes de réduction des émissions.
BONTEMS Philippe, ROTILLON Gilles, « III. Les instruments des politiques
environnementales », dans : Philippe Bontems éd., L’économie de l’environnement. Paris,
La Découverte, « Repères », 2013, p. 51-78

Document 3
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Source : Audrey Berry, Eloi Laurent, taxe carbone, le retour, à quelles conditions ? 2019
https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-03403204

Document 4 Taxe carbone : Peut on concilier ecologie et justice sociale ?


par Lucas Chancel , Economiste et codirecteur du Laboratoire sur les inégalités
mondiales * publié le 12 novembre 2018 à 17h06

Après l’échec du projet de taxe carbone Fillon en 2010 et celui de l’écotaxe en 2014, on
observe le retour d’un mouvement contre la fiscalité environnementale. Cette levée de
boucliers contre la hausse du prix des carburants était-elle inévitable ? Les gouvernements
et l’opinion publique sont-ils condamnés à devoir choisir entre social et environnement ?
Quelques éléments de contexte. Pour lutter contre le changement climatique, il n'y a pas
de remède miracle et la hausse du prix des carburants fait partie des réponses à mettre en
œuvre. Mais comme les autres taxes sur la consommation (telle que la TVA), une taxe sur
le CO2 est régressive. En l'occurrence, la fiscalité carbone pèse cinq fois plus sur le budget
des 10 % les plus modestes que sur celui des 10 % les plus aisés. Bien conscient de cela, le
gouvernement de Jean-Marc Ayrault décide en 2014 d'introduire une taxe carbone tout en
douceur, à un taux effectif de… 0 euro. Résultat : aucune levée de boucliers et la taxe est
désormais inscrite dans la loi. La fiscalité carbone augmente alors progressivement pour
atteindre, l'année dernière, près de 40 euros par tonne, ce qui correspond à une hausse
d'environ 3 centimes par litre d'essence. De nombreux experts, qui anticipaient
l'impopularité de la mesure, se frottent les yeux sans y croire. Après les échecs passés,
aurait-on réussi à introduire enfin la fiscalité carbone en France ? Il faut dire que le
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gouvernement bénéficie alors d'un réel coup de pouce : le prix du baril, de 100 dollars en
2014, est divisé par plus de deux en 2015 du fait des dynamiques du marché mondial. Pour
le consommateur, c'est une baisse de 30 centimes sur chaque litre.
Mais depuis environ un an, le cours du brut remonte. Dans ce contexte, Emmanuel Macron
décide d’accélérer la montée en puissance de la taxe carbone et du rattrapage de la fiscalité
du diesel sur l’essence. A la pompe, cela se traduit par une nouvelle hausse des taxes (6
centimes d’euros pour le diesel et 3 centimes pour l’essence en 2018). Au total, pour
l’ensemble de l’économie, c’est environ 4 milliards de taxes énergétiques en plus
ponctionnés sur les ménages cette année par rapport à l’an dernier. La suite, nous la vivons
dans la séquence politico-médiatique, avec la grogne actuelle contre le carburant cher et
la mobilisation des gilets jaunes samedi 17 novembre. Si l’on veut rectifier le tir, sans
renoncer ni à la protection du climat, ni à la justice sociale, il convient de se poser trois
questions.

Premièrement, il s’agit de se demander si la fiscalité dans son ensemble permet de gommer


les effets inégalitaires d’une taxe carbone. Force est de constater que cette année fut
marquée par d’importants cadeaux fiscaux faits aux plus aisés, qui ont bénéficié de la
suppression de l’ISF, de l’introduction de la «flat tax» sur les dividendes, ainsi que de la
baisse de l’impôt sur les sociétés. De manière sans précédent dans l’histoire fiscale, les plus
hauts revenus du travail sont davantage taxés que ceux du capital. Au total, ce sont a
minima 6 milliards d’euros d’impôts en moins au sommet de la pyramide sociale, alors que
les 20 % des Français les plus modestes voient eux leur revenu légèrement baisser du fait
des réformes fiscales.
Deuxième question : le gouvernement utilise-t-il les recettes de la taxe carbone pour
accélérer la transition écologique ? Les recherches sur le sujet montrent que les taxes
environnementales ont plus de chance d’être acceptées lorsque leurs recettes sont
utilisées pour cela. Il faut ici souligner le manque de transparence et de débat sur
l’utilisation des recettes. En première approximation, c’est seulement un milliard sur les
quatre prélevés qui est utilisé pour faciliter la transition cette année. A titre d’exemple, le
budget alloué au «chèque énergie» n’augmente que de 250 millions d’euros en 2018, ce
qui est beaucoup trop faible. D’aucuns diront alors que cette taxe carbone ponctionne les
classes populaires pour financer la baisse de la taxation du capital. Ce n’est
malheureusement pas totalement faux.

Troisième question : disposons-nous d'un système efficace d'assistance sociale pour


identifier et accompagner les ménages et entreprises les plus contraints face à la hausse
des prix ? En Suède par exemple, les ménages modestes peuvent faire appel à des
conseillers sociaux qui évaluent finement leur niveau de contrainte énergétique de chacun.
Les prestations sociales perçues par les ménages intègrent alors ces informations. Ceci nous
donne une idée de ce à quoi peut ressembler une protection «social-écologique» au XXIe
siècle. En France, le système d'aides énergétiques dispose d'une enveloppe trop faible
comme on l'a vu, mais il est aussi très fragmenté et n'est pas intégré aux autres mécanismes
de protection sociale, ce qui nuit à la lisibilité et l'efficacité des dispositifs existants.
Il y a quelques semaines, la vague de chaleur sans précédent qui traversait l’Europe ainsi
que les rapports alarmants des climatologues faisaient la une des journaux. Aujourd’hui la
révolte des gilets jaunes a pris le dessus, comme si l’on ne pouvait concilier urgence
climatique et urgence économique, comme s’il nous fallait choisir entre la protection de
l’environnement et la justice sociale. Il est pourtant tout à fait possible de concilier les deux.
Encore faut-il se poser les bonnes questions et en tirer les conclusions qui en découlent.
L1-Eco-gestion TD Questions économiques et contemporaines Semestre 1-2023

* Auteur d’Insoutenables inégalités. Pour une justice sociale et environnementale (Les


Petits Matins, 2017).

Document 5

BUREAU Dominique, HENRIET Fanny, SCHUBERT Katheline, « Pour le climat : une taxe juste, pas juste
une taxe », Notes du conseil d’analyse économique, 2019/2 (n° 50), p. 1-12. DOI :
10.3917/ncae.050.0001.

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