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Enjeux Climat &

Responsabilité des
Université Sorbonne Paris

entreprises Nord – Institut Galilée

Ingénieurs 2ème année

Date : Septembre et octobre 2021

Pour Apprendre
Naïma Patrouilleau
Différemment,
www.horizontransition.com
Naïma Patrouilleau | LinkedIn
Ensemble.

1
Le saviez-vous ?
Quelle place donnez-vous
à la Transition Climat - Seules 24 % des formations abordent les

et aux enjeux enjeux

« climat-énergie ».
socio-écologiques ?

- 33.000 étudiants ont signé le « Manifeste

étudiant pour un réveil écologique », lancé par

AgroParisTech, CentraleSupélec, l’Ecole

Polytechnique, HEC Paris et l’ENS Ulm.

« Dans les cours d’économie, on apprend

encore qu’on vit dans un monde aux ressources

infinies ».

Comment intégrer et former aux enjeux



écologiques tout en garantissant le tronc

commun de connaissances de vos cursus ?

Votre Université fait partie des précurseurs !

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Sommaire

1/ Les enjeux climatiques p6


A] Un peu de contexte
B] La RSE : définitions & outils
C] Qui est concerné ?

2/ Analyse causale : L’Histoire vue autrement… p19


Liens entre les Guerres, leurs débouchés civiles et les grandes exploitations
(a) Une Première Guerre Mondiale
(b) La chimie
(c) L’automobile
(d) La Seconde Guerre Mondiale
(e) La Guerre Froide
(f) L’agriculture
(g) Les 50 dernières années

3/ Agir de manière responsable dans l’entreprise p31


A] Se former
B] S’interroger & Utiliser les mots avec Sens - Le cas du numérique

4/ Comprendre les bases des fonctionnements des organisations p59


Enjeux, Impacts, Risques et mesures
A] Les modèles organisationnels
B] Co-construire et prendre des décisions : les systèmes de Gouvernance.
C] Favoriser les grandes avancées – Le cas de l’eau douce

Glossaire p72
Bibliographie p77
Si vous n’avez pas Internet, utile ! p79
Majorité des articles références cités dans le cours figurent à la fin de ce document.

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Enjeux Climat & Responsabilité des entreprises

Introduction
Objectifs de ce module :
Développer un esprit critique, réfléchir par soi-même ;
Mieux comprendre, questionner et se questionner ;
Soulever les enjeux majeurs.

3 éléments importants pour le bon déroulement de ce module :


Se respecter : soi-même, les autres étudiants, l’intervenante.
Débattre : développer des visions systémiques et transverses.
Interagir et participer.
⇒ chaque opinion est respectable

S’amuser un peu… Mettre de la joie dans notre travail… tout en restant réaliste !

Le sigle :
RSE = Responsabilité Sociale des Entreprises
RSE = Responsabilité Sociétale des Entreprises
RSE = Responsabilité Sociale et Environnementale
⇒ C’est le Développement Durable appliqué au management d’entreprise

La Responsabilité Sociale des Entreprises, le Développement Durable visent à améliorer les


pratiques dans un contexte global d’« urgence climatique ».

Ce sont des concepts qui traitent des sujets suivants :

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- Enjeux climatique
- Enjeux liés aux inégalités

Un enjeux signifie étymologiquement « ce qui est en jeu ». Ce sont les risques encourus. C’est la
conclusion d’un diagnostique.
Dans ce cours, il a été décidé de considérer ces enjeux de la manière la plus globale et complète
possible.
C’est la raison pour laquelle, ce cours inclus les notions contextuelles de manière large comme les
analyses causales, les diagnostiques, les impacts directes et indirectes, les questionnements
nécessaire (maïeutique), les projections et des exemples de solutions.

La RSE, est une soft law. C’est un outil mis à disposition des entreprises pour les aider à considérer
les conséquences de leurs décisions et de leurs actes de manière globale, c’est-à-dire la plus
complète possible (vision de bout en bout, vision End to End).

D’autres outils existent.


C’est la vision complète qui est traitée dans ce cours.

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1/ Les enjeux climatiques
A] Un peu de contexte

a) L'ONU estime qu'il faut réduire les émissions mondiales de CO2 de 7,6 % par année entre
2020 et 2030, soit l’équivalent d’une COVID chaque année (avec confinements mondiaux)!

Concrètement, cela signifie qu’il faut collectivement réussir à réaliser les diminutions suivantes :
- 6% pour la production d’hydrocarbures par an,
- 11% pour le secteur du charbon,
- 4% pour le secteur du pétrole
- et 3% pour le secteur gazier

Pourquoi faire ?
Pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ; c’est le grand minimum vital.

Pourquoi parle t-on d'émissions de CO2 dans l'air ?


Parce que c’est l'une des principales causes du réchauffement climatique.
La concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère de la planète est restée relativement
stable jusqu'à la révolution industrielle à environ 200 particules par million. Mais à partir du XIXe
siècle, sa densité s'est rapidement démultipliée pour atteindre 413 particules par million en 2020.

Le système actuel occidental repose sur la croissance économique majoritairement mesurée à


travers un indicateur appelé PIB (Produit Intérieur Brut).
Aujourd’hui, il s’agit de subordonner cette croissance économique aux impératifs pour la
survie du vivant et de notre planète dans son ensemble, donc pour la survie de notre
écosystème.

Pourquoi ne pas tout simplement arrêter de mesurer le statut d’un pays par rapport à son PIB ?
⇒ Vous avez proposé l’idée de mesurer le niveau d’accès à l’éducation et à la santé.

L’objectif global et collectif est tout simple : Moins consommer.

b) Qu’est-ce que le Développement Durable ?

Développement Durable : Notion devenue célèbre grâce à un rapport de l’ONU de 1987 dit
« Rapport Bruntland ».
Ce rapport vise à défendre une double solidarité : solidarité entre les habitants et sociétés de la
planète aujourd’hui, et à l’égard des générations futures.
Il implique donc de subordonner la croissance économique aux impératifs d’une équité sociale et
d’une préservation du patrimoine naturel et culturel de l’humanité.

En 2012, la Conférence de Rio, dite Rio+20, a établi une liste de 17 objectifs de développement
durable (ODD).
Les Objectifs de développement durable – Développement durable (un.org)

Les objectifs de développement durable tels que définis dans cette conférence Rio+20 donnent des
orientations pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous.

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Ces objectifs répondent aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux
liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la
paix et à la justice.

Les objectifs sont interconnectés et, il est important d’atteindre chacun d’entre eux, et chacune de
leurs cibles, d’ici à 2030 (dans 9 ans!).
Voici les 17 objectifs ODD vus par l’ONU.

Regardez bien ces photos, lisez les titres et faites part de vos impressions et de vos critiques…

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⇒ Quels sont les pays les plus gros pollueurs ? Où sont-ils représentés sur ces images ?

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c) Quels sont les pays les plus gros émetteurs d’émission de CO2 (dioxyde de carbone), quels
sont les plus gros pollueurs dans le monde ?

En 2018, les trois pays les plus peuplés au monde étaient aussi les plus gros pollueurs au
dioxyde de carbone. Avec 9,53 milliards de tonnes de CO2 émises, la Chine devançait de loin les
États-Unis et l'Inde, avec respectivement 5,15 milliards et 2,48 milliards de tonnes.

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Prenons à présent les même données et refaisons les calculs en fonction du nombre d'habitants cette
fois :

Constat : Le classement des pays les plus gros pollueurs ramené au nombre d’habitants donne
un résultat bien différent.
L’Inde par exemple a une empreinte carbone par habitant bien plus faible que la plupart des autres
pays industrialisés.
Les pays qui émettent actuellement le plus de CO2 par habitant sont situés dans la péninsule
arabique. Le Qatar émet un peu plus de 37 tonnes par personne, le Koweït 23,5 tonnes et l'Arabie
saoudite 19,4 tonnes.
Mais ces pays ne sont pas les plus gros pollueurs en chiffres absolus, qui sont la Chine, l'Inde et les
États-Unis, les trois pays les plus peuplés au monde.

L'exploitation pétrolière dans les économies du Golf et le fait que ces pays soient peu peuplés
explique en grande partie ce ratio par habitant très élevé.
Précision importante : les données présentées ici sont à différencier de l'empreinte carbone
réelle des populations à la consommation.

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Focus France :
Du fait de la délocalisation de son industrie, la France présente des émissions territoriales par
habitant plutôt basses comparées aux autres pays industrialisés.
C’est 5,2 tonnes par an les émissions territoriales par habitant en France.
Les « émissions territoriales par habitant » = les émissions générées en moyenne par 1
habitant depuis le sol français.

L'empreinte carbone des Français réelle, celle qui inclue les émissions liées aux importations,
est quant à elle bien plus élevée et se situe à un peu plus de 11 tonnes équivalent CO2 par an.

Si tout le monde vivait comme un français moyen, il faudrait 3 planètes !

En 2012, l’empreinte carbone de la France s’établit à 705 millions de tonnes équivalent CO2 soit
11,1 tonnes de CO2 par personne.
Le niveau de l’empreinte carbone est supérieur de 54 % à celui de l’inventaire national.

L’empreinte carbone se compose à 48 % d’émissions intérieures et 52 % d’émissions associées


aux biens et services importés.

Les émissions directes des ménages (GES dus au chauffage des logements et aux déplacements en
véhicules thermiques) contribuent à hauteur de 38 % aux émissions intérieures, alors que les
activités économiques en représentent 62 % (production des biens et services hors exportations
consommés par les ménages).

Les émissions associées aux importations sont principalement affectées aux consommations
intermédiaires de la production (62 %), c’est-à-dire générées pour les entreprises.
Et 38 % de ces émissions importées résultent de biens et services adressés à la demande finale,
consommateurs.

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Évolutions

La tendance globale, c’est l’augmentation de la consommation.


Si on compare à 1995, les émissions associées aux importations en France ont augmenté de 91 %
(presque doublée!).

Tant qu’on consomme, on émet des GES (Gaz à Effet de Serre).

d) Les méthodes qui permettent d’apprécier les pressions d’un pays sur le climat :

- Ce que j’émets depuis mon territoire :


Les inventaires nationaux calculent des quantités de GES physiquement émises à l’intérieur du pays
(à travers les usines par exemple). Ces inventaires nationaux sont réalisés chaque année pour
répondre aux obligations de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC).
- Je que j’émets de par ma consommation :
L’empreinte carbone est un calcul des GES induits par la demande intérieure du pays, c’est la
consommation finale. Donc, à chaque fois que je m’achète une nouvelle chemise, c’est le calcul de
bout en bout qui compte réellement. Depuis la culture du coton (en Inde par exemple) jusqu’à ce
que la chemise arrive dans les rayons du magasin.

L’empreinte carbone est donc constituée de 3 éléments clefs :


 des émissions directes de GES des ménages (principalement liées à la combustion des
carburants des véhicules particuliers et à la combustion d’énergies fossiles pour le chauffage des
logements) ;

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 des émissions de GES issues de la production intérieure de biens et de services, hors
exportations ;
 des émissions de GES associées aux biens et services importés, à la fois pour les
consommations intermédiaires des entreprises et pour usage final.

En intégrant dans ses calculs les émissions de GES liés aux importations, l’empreinte carbone
permet d’apprécier les pressions globales sur le climat de la demande intérieure française,
quelle que soit l’origine géographique des produits consommés.

Récap. Que faire avec tous ces chiffres ? Quel message ?


=> Que veut-on démontrer ?
Top 3 des plus gros pollueurs :
Pays les plus gros émetteurs d’émission de CO2 (dioxyde de carbone) : Chine, USA,
Europe/Inde, soit les pays les plus peuplés.
Pays les plus gros émetteurs d’émission de CO2 par habitant : Qatar, Koweit, Arabie
Saoudite
L’exemple de la France :
Les « émissions territoriales par habitant », (les émissions générées en moyenne par 1 habitant
depuis le sol français), c’est +5 tonnes par an.
L'empreinte carbone réelle d'un français, c’est le double, +11tonnes (celle qui inclue les émissions
liées aux importations)
=> Si tout le monde vivait comme un français moyen, il faudrait 3 planètes !

B] La RSE : définitions & outils

La RSE apparaît à la fin du 19ème siècle aux US, sous le terme « Corporate Social Responsibility »
à partir de questionnements moraux, sociaux et religieux qui interrogent sur les pratiques et
comportements des entreprises.
Elle se structure dans les années 30, pendant le « New Deal » et se développe ensuite en phases
successives jusqu’à aujourd’hui, caractérisé par une forte relation avec le développement durable.

a) Définitions
Ce terme est largement usité depuis une 20aine d’années pour manifester l’engagement des
entreprises vis à vis de ses salariés (c’est la responsabilité sociale au sens strict) et vis-à-vis de
son environnement naturel et humain (responsabilité sociétale).

Cette définition démontre la diversités des perceptions possibles de ce qui est appelé
« responsabilité de l’entreprise ».

C’est aussi une transposition de la définition du Développement Durable dans le management


des entreprises.
C’est donc la prise en compte des effets de l’activité de l’entreprise sur son environnement
naturel et social.

Pour la Commission Européenne, c’est l’intégration volontaire par les entreprises de


préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités commerciales et dans leurs
relations avec les parties-prenantes.
Parties-prenantes d’une entreprise : internes (dirigeants, salariés et actionnaires) et externes
(fournisseurs, clients, collectivités territoriales et ONG).

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Il y a les obligations légales, les minimas imposés par les conventions collectives et la RSE.
La RSE est une « soft law ».

La RSE permet aux entreprises de contribuer aux ambitions économiques, sociales et


environnementales en coopération avec l’ensemble des partenaires.

Aujourd’hui, la RSE s’impose aux grandes entreprises comme un mode de gestion avec une opinion
publique de plus en plus avertie.

Pourquoi mettre en œuvre la RSE dans une organisation ?


- Répondre à l’augmentation des attentes de la société vis à vis des entreprises et au développement
du rôle de la société civile ;
- Intégrer certains enjeux générés par la Globalisation planétaire en termes de développements ;
- L’augmentation des impactes des activités économiques sur les communautés et sur les territoires ;
- Réponse au symptôme d’une contestation globale de la légitimité des entreprises ;
- Recherche de distinction sociale quant à la qualité éthique de la firme.
Liste non-exhaustive.

Environnement :
Ensemble des condition biotiques (donc en rapport avec le vivant) et abiotiques dans un lieu
donné, ou encore, l’ensemble des conditions naturelles et culturelles susceptibles d’agir sur les
organismes vivants et les activités humaines.

En biologie et écologie, abiotique se réfère à ce qui n'est pas biotique, c'est-à-dire qui ne fait pas
partie du vivants, c’est-à-dire des facteurs inertes naturels : climatiques, géologiques ou
géographiques, mais qui sont présents dans l'environnement naturel de la planète Terre et qui
affectent les écosystèmes.

Ecosystème :
Un écosystème est composé de l’ensemble des organismes interagissant dans un lieu donné, et du
milieu physico-chimique supportant la vie des organismes.
Ou encore :
Un écosystème est un ensemble formé par une communauté d'êtres vivants en interaction
(biocénose) avec son environnement (biotope). Les composants de l'écosystème développent
un dense réseau de dépendances, d'échanges d'énergie, d'information et de matière
permettant le maintien et le développement de la vie.
Donc un écosystème transformé par l'Humain dans le but de nourrir, c'est-à-dire dans un contexte
agricole s'appelle un agrosystème. Et cet agrosystème met en danger la survie de l’écosystème
global de la Terre.

b) Quelles pratiques et outils pour intégrer la RSE dans une organisation ?

De manière générale, il s’agit de rechercher une performance globale qui intègre aussi les
résultats environnementaux et sociaux aux classiques résultats financiers.
Une méthode utilisée est la Performance des 3P : Profit, Product, People.

De très nombreuses pratiques existes : création de code éthique, de charte, labels, notations
sociétales des produits et entreprises, démarches qualité, labellisation sociale des services, etc.

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Leurs mises en pratiques réelles dépend du souffle donné par le Comité de Direction, de la volonté
des managers, et de chaque individu dans l’entreprise.
La RSE n’étant pas encore une loi obligeant les entreprises à appliquer la RSE.

C] Qui est concerné ?

Article de journal paru dans les Echos il y a exactement 1 an jour pour jour :
Le climat doit-il vraiment faire partie de la RSE ? – Jean-Marc Jancovici

Questionnement soulevé par l’auteur :


Est-ce que les enjeux liés au climat intégré aux autres notions de RSE vous semble être à sa
place dans ce grand ensemble ?

⇒ Le climat est l’affaire de touTEs.


Qu’il soit intégré à la RSE ou qu’il soit une entité propre, le climat est l’affaire des ingénieurs.
Trouver des solutions alternatives passe obligatoirement par les énergies, les maths appliqués, le
numérique dans son ensemble, etc.
=> Innovations !

L’ingénieur moderne, celui du XXIème siècle, est la cheville ouvrière de la transition écologique
et énergétique.
Il ou elle, décideur ou technicien, doit intégrer dans ses analyses et décisions la raréfaction des
ressources disponibles, notamment énergétiques, l’effondrement de la biodiversité, les
changements climatiques à l’œuvre, et autres enjeux physiques, ainsi que les conséquences
sociétales de ces bouleversements.

Rappel du contexte : Répartition entre les émissions associées aux entreprises et aux citoyens :
- 60 à 70 % des émissions de CO2 proviennent des activités des entreprises => C’est
notre principale source d’économies. C’est là où on a les plus gros potentiels pour générer
ces réductions !
- Entre 30 et 40 % de CO2 émis par le citoyen consommateur.

L’objectif, c’est que chaque acteur, à son niveau, s’implique réellement.


Alors, en entreprise, ça se passe comment ? Eh bien, il existe ce concept RSE, spécialement dédié
aux entreprises afin qu’elles puissent s’investir, s’engager elles-aussi.
La RSE, regroupe l’ensemble des contributions que peut faire une entreprise en faveur
du développement durable.
Elle se doit de mettre en place des actions qui « répondent aux besoins du présent, sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Et nous, qu’est ce qu’on fait déjà ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce qu’on veut changer ?

Concrètement, comment cela peut-il se traduire ?

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- Dans vos expériences multiples personnelles et professionnelles, pouvez-vous donner un exemple
de mise en application de la RSE dans le cadre d’une entreprise, d’une association ou n’importe
qu’elle autre type d’organisation ?
- Prenez un cas concret dans vos expériences ou celle des autres ou lectures où ni la RSE ni le
développement durable n’a été considéré.
Vous y intégrer une proposition d’action qui « répond aux besoins du présent, sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

La RSE, c’est donc une démarche volontaire visant à intégrer les préoccupations sociales,
environnementales et économiques dans les activités de l’entreprise.
Ces trois type de préoccupations sont aussi les piliers du développement durable.

Dans mon organisation, appliquer les concepts de la RSE, passe obligatoirement par :
- Réaliser des études de marcher (benchmark)
- Faire des choix
- Passer à l’action
- Communiquer

Prenons l’exemple de l’électricité :


- Réaliser des études de marcher (benchmark) – Analyse de l’existant :
En 2021, 43 fournisseurs d’électricité en France, dont 30 pour les particuliers.
Engie, EDF, cdiscount energie, ovo energy, ekWateur, Ilek, Mint Energe, enercoop, Eni, etc.

- Faire des choix


Par exemple, Ilek est un fournisseur d’électricité verte, c’est-à-dire d’origine renouvelable, basé à
Toulouse. C’est le premier à proposer au consommateur de choisir son producteur d'électricité. Ilek
a choisi de travailler avec 8 producteurs français d'électricité d'origine hydraulique et éolienne pour
proposer à ses clients de participer directement à la valorisation de la transition écologique locale.

- Passer à l’action
Par exemple, j’éteins mes appareils quand je quitte mon bureau.
Les 10 gestes efficaces pour réduire sa consommation d'énergie (lefigaro.fr)

Il s’agit donc de créer un équilibre entre les dimensions économique, écologique et sociale au sein
de l’entreprise.
Donc pour l’entreprise aussi, c’est de faire des choix en identifiant les fournisseurs, en faisant
une étude de marché et en passant à l’action.
Pour chaque domaine, ce petit jeu est tout à fait recommandé.
Et dans les critères de sélection, cela signifie aussi ne pas mettre le prix comme seul indicateur de
sélection.
Dans certains cas, le RSE va générer des économies, dans d’autres cas, elle va devenir un coût
supplémentaire.

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Il s’agit de développer une vision globale des budgets pour ainsi obtenir une vision globale des
sujets.

Donc, on l’a bien compris, la RSE est une démarche qui nécessite un engagement quotidien de la
part de toute personne intégrée à l’entreprise et d’une implication managériale importante.
Nous sommes donc touTEs responsables de la mise en œuvre de la RSE au sein de l’entreprise dans
laquelle nous travaillons. Et pour éviter de se sentir seul, une des techniques consiste à se
regrouper, à créer des communautés.

C’est passionnant de réaliser à quel point ce sujet est global et impactant.


Sachant que l’union fait la force ! Cela permet de sortir des silos, donc de créer des ponts entre les
sujets traités, de développer son réseau, de partager les expériences et d’améliorer nos résultats.
L’intelligence collective permet d’aller bien plus loin.

Exemple d’une communauté qui s’est créé à partir de débats autours des enjeux climatiques :
La Convention Citoyenne pour le Climat par l’association « Les 150 »
Sans filtre - #SansFiltre (les150.fr)
Climat : huit propositions de la Convention citoyenne écartées par le gouvernement (malgré la
promesse d'Emmanuel Macron) (francetvinfo.fr)

Aujourd’hui tout particulièrement, aucune entreprise qu’elle soit grande ou moyenne, ne peut
échapper à cette réflexion sur la responsabilité sociétale et ses applications.
Le cas du Groupe FNAC :
La place de la RSE dans Le Groupe FNAC : la directrice RSE siège au Comité de Direction.
Aux vues des moyens financiers qui sont alloués à ce service (peu de budget dédié au service RSE
mais objectifs fixés pour chaque division du Groupe), on s’est posé quelques questions :
- Comment s’assurer la mise en œuvre de la RSE à travers ce système logistique très complexe ?
Sachant que les matières premières, assemblages et importations sont gérées par d’autres services.
- Quel est le pouvoir réel de l’équipe RSE ?
Contexte organisationnel : combinaison entre une hiérarchie directe et des projets transversaux.
- Quelles sont les solutions pour davantage tendre vers une responsabilité sociale de l’entreprise ?
- Où se situent les leviers d’action les plus importants ?
Dans ces contextes, il faut avoir des compétences d’influenceur, de lobbying interne, de
communication et de persuasion. Démontrer l’intérêt auprès de ceux qui tiennent les budgets. Pas si
simple…
Pourquoi ? Parce que tant que les décideurs sont davantage objectivés sur la partie financière de leur
activité, ils sera difficile de faire le saut, d’apprendre à penser différemment et donc apprendre à
agir différemment.

Cas d’étude 1 - Problématique majeure du point de vue de la direction d’une entreprise :


Comment améliorer ma rentabilité ?

Cadrage de la mission – Diagnostic de la situation

17
Comment intégrer la RSE et agir concrètement en faveur du climat quand l’intitulé de la mission est
« Comment améliorer ma rentabilité » ?

État des lieux :


- Les budgets globaux, leurs répartitions et établir un diagnostics détaillé des coûts.
⇒ clef d’entrée pour les recommandations finales.
Résultat de la mission : Proposition de scénario
- Révision de la répartition des budgets
- Mise en place de systèmes de mutualisations
- Identifier les leviers d’action, notamment à partir du diagnostic détaillé des coûts réels.
Focus sur le système logistique :
Le fournisseur Y est situé à l’autre bout du monde.
Faire la liste des coûts réels => proposer une vision réelle des coûts réels
Quelle différence avec les plans financiers projetés au démarrage du projet ?
Évaluer et comparer => Nouvelle présentation financière.
Point d’entrée pour mettre en place un changement cohérent avec moins de risques associés.
Identifier les activités où un changement aura du sens et expliquer les raisons de cette proposition
de changement de cap.
Quels sont les risques et bénéfices associés ?

Cas d’étude 2 : Externalisation vs ré-internalisation ?


Chez British Telecom, la décision a été d’externaliser les fonctions « Services Delivery ».
A l’époque, des financiers avaient estimés que cette externalisation allait faire faire des économies.
Sauf, qu’aucun coût caché n’avait été intégré.

Qu’est-ce qu’un coût caché ?


On peut définir les coûts cachés comme étant des coûts qui n'apparaissent pas dans le système
comptable. Ils peuvent soit être fondus dans le coût des produits et des activités ou bien ils peuvent
être assimilés à des coûts d'opportunité qui ne sont donc pas comptabilisés. Un coût caché est donc
un coût qui n'a pas d'existence dans le système d'information de l'entreprise. Ainsi, on ne le trouvera
ni au sein des écritures comptables de l'entreprise, ni dans les tableaux de bord.
Pour autant, ils existent bien !

Liste des coûts cachés identifiés en cours :


- Temps de formation sous estimé
- Coût lié au temps et au communications supplémentaires pour expliquer et pour résoudre les très
nombreuses escalades des clients. => le « surtemps », la « surconsommation » et les
« sursalaires » (sursalaire : c’est lorsqu’une activité est réalisée par une personne titulaire d’une
fonction mieux rémunérée que celle qui devrait l’assumer)
- Insatisfaction client => avec souvent des gestes commerciaux pour calmer ces clients insatisfaits
- Voyages professionnels largement sous-estimé => combien d’aller-retour par an vers l’Inde ?
- Rotation du personnel pas anticipé : Rappel, nous sommes en Inde, ces jobs (assistance à distance)
sont mal payés, l’anglais est souvent approximatif ou local => coût de formations supplémentaires,
coût RH (ressources humaines : gestion des départs et d’arrivées).

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- Écart de productivité directe : Avant, je mettais 5 minutes à résoudre un problème, maintenant,
quand tout va bien, c’est 20 min.
- Coût des conséquences des dysfonctionnements appelées « actes de régulation »

Réaliser les écarts. Comparer avec les coûts associés à une ré-internalisation (en intégrant toutes les
aides nationales créée pour favoriser ces ré-internalisations).
Associer dans la réflexion l’évaluation des risques et des temporalités.
Décider.

2/ Analyse causale : L’Histoire vue autrement…


Liens entre les Guerres, leurs débouchés civiles et les grandes exploitations
Comprendre les « root causes », les causes racines permet de comprendre d’où vient un problème
et permet de mieux le résoudre.
C’est exactement ce que font les auditeurs ; que ce soit dans les audits opérationnels ou financiers,
une des clés pour améliorer consiste à d’abord comprendre les causes du problème.

La méthode de l’analyse des causes racines est précieuse dans de très nombreuses activités au
sein de l’entreprise.

Quelle est votre vision de l’histoire moderne ?

L’histoire moderne, c’est aussi l’exploitation des sols, la progression de l’industrie, la colonisation
des antipodes.
Donc énormes impacts sur un tout petit moment sur l’échelle des temps géologiques.

Comment sommes-nous arrivé à ce niveau de consommation de masse en se basant quasi-


intégralement sur une exploitation sans limite des énergies fossiles ?

L’histoire moderne, raconté autrement…

Liens entre les Guerres et le pétrole.


Puis les débouchés civiles et les grandes exploitations mondiales.

Imaginez… Si l’on rapporte l’histoire de notre planète à une journée de 24H, l’humanité est apparue
dans les 5 dernières secondes… Et l’époque de l’anthropocène, c’est à dire l’époque industrielle,
serait apparue dans les 2 derniers millièmes de secondes…

Et pourtant !
(a) Une Première Guerre Mondiale
(b) La chimie
(c) L’automobile
(d) La Seconde Guerre Mondiale
(e) La Guerre Froide
(f) L’agriculture
(g) Les 50 dernières années

19
(a) Une première Guerre Mondiale

Contexte – Nous sommes au 19è siècle.

Les cheminées de l’industrie de 19è siècle, crachent d’épaisses fumées et étouffent les habitants
d’Europe de l’ouest.
A l’aube du 20è siècle, grâce au charbon, les anglais dominent le monde, mais l’Amérique s’apprête
à imposer à son tour sa puissance en s’appuyant elle aussi sur le carbone.
Au charbon de l’empire britannique, allait s’ajouter une énergie nouvelle, le pétrole.

Aujourd’hui, on se dit que le pétrole vient des pays du Golf mais depuis le premier puits de pétrole
creusé en 1859 en Pennsylvanie, le sol américain a davantage été foré que n’importe quel endroit
sur terre.
C’est la ruée vers le pétrole à la fin du 19è siècle ! « l’or noir » comme on l’a appelé.
Le premier sphinx de l’or noir, tout le monde connaît son nom et celui de sa lignée ; une famille de
raffineurs, d’hommes d’affaires et de banquiers…
Qui est-ce ? Quelqu’un a une idée ?

Lorsque John Davidson Rockefeller prend sa retraite en 1896, il est l’homme le plus riche des États-
Unis et sans doute l’homme le plus riche du monde… si on entend par riche, celui qui a de l’argent.
Son entreprise, créée 30 ans plus tôt, contrôle la plus grosse partie du marché pétrolier des États-
Unis.
Dès le début de son exploitation, le pétrole va accélérer la révolution industrielle.
Très vite, il va irriguer le monde et servir pour l’éclairage, pour le chauffage.
Il va aussi progressivement remplacer le charbon comme combustible pour la fabrication du ciment
et du béton, utiles à l’extension des villes.
Le pétrole va aussi entrer dans la fabrication de la peinture, de la teinture, de la pharmacie, de la
cosmétique et des solvants.
Il va permettre l’émergence des marchés du bitume et de l’asphalte, mais aussi de la cire paraffine
avec laquelle on fabrique le chewing-gum. Tout cela avant même que la grande époque de
l’automobile ne démarre !
Le pétrole va offrir aux classes dominantes de l’époque, la possibilité de faire fructifier leurs
affaires sans s’encombrer de la contestation sociale.
Une fois les forages réalisés, l’installation des pipelines et des tankers permet d’organiser une
production et une distribution flexible, rapide, internationale…
Une production peu gourmande en main d’œuvre.

De la Russie à l’Iran, les pionniers du pétrole ont, entre leurs mains, une matière fossile abondante
qui va devenir un enjeu stratégique.
Une énergie qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’anthropocène…

En 1910, la marine anglaise qui est la plus puissante au monde abandonne le charbon comme source
d’énergie pour la propulsion de ses navires au profit du mazout.
Dans un même temps, les besoins grandissants de la Navy, poussent les industriels à développer des
usines capables de produire des centaines de milliers de pièces chaque année. Le travail des ouvrier
est progressivement remplacé par la précision et la rapidité de la machine => C’est un nouveau
concept : La consommation de masse !

Nous sommes en plein dans la 1ère Guerre Mondiale (1914 à 1918). C’est la guerre qui va faire la
puissance et la fortune de nombreux industriels.

20
Partout des entreprises se développent grâce aux commandes massives des états en guerre.
C’est le cas pour n’en citer que quelques uns, de Ford aux Etats-unis, de Daimler en Allemagne, ou
encore les ateliers d’un inventeur français de l’ouest parisien, Louis Renault. Cet homme construit
sa première voiture artisanale à 21 ans, en 1898.
Il est autodidacte, brillant et visionnaire. Il crée avec ses frères, l’une des premières entreprise
automobile du monde.
C’est aussi grâce à la guerre que l’empire de Louis Renault va continuer de croître.
Tandis que les soldats sont au front, l’entreprise de Louis Renault sort des usines des milliers de
canons, des obus, des moteurs d’avion et des avions de reconnaissance.
En 1917, Louis Renault construit le premier char d’assaut français.
En 4 ans de guerre, Louis Renault multiplie par 5 son chiffre d’affaires.

La première guerre mondiale, donne l’impulsion à la massification de l’automobile et au


développement de l’industrie moderne. Le Taylorisme et le travail à la chaîne se diffuse.
Le future se prépare à grands pas…
La guerre stimule les investissements dans la construction navale, l’aéronautique et la production
d’engins à moteurs. Et pour que cela soit possible, il faut qu’accélère les extractions charbonnières
et pétrolières.
Et donc, la production massive de CO2.
Notre problème d’aujourd’hui.

=> Que retenez-vous ?

(b) La chimie

Abel est l’un des plus grands chimistes de son époque.


Pour fournir l’armée allemande en explosifs, il vient de mettre au point un procédé de synthèse de
l’ammoniaque qui servira de fertilisant dans toute l’agriculture du 20è siècle.

Le chlore… objectif : produire le tout premier gaz de combat.


La guerre est sale par nature… Elle le devient de plus en plus.

Les potentiels des manipulations des molécules sont une promesse vertigineuse.
Dès l’entrée en guerre des États-Unis en 1917, le Président Wilson créé l’office de la propriété
étrangère. L’office est chargée de saisir les biens appartenant à l’ennemi. Parmi eux, un précieux
butin : les brevets déposés par un laboratoire allemand dont l’aspirine. Une manne dont profitera la
Montsento Compagny, une jeune entreprise dont le nom est encore peu connue.
Cette saisie devait être provisoire et les brevets rendus à la fin des hostilités. Mais pour les
laboratoires américains, l’opportunité est bien trop belle.
Ils se regroupent sous une nouvelle corporation, la Chemical Foundation, et achète au
gouvernements des milliers de brevets allemands à des prix dérisoires.
De l’autre côté de l’Atlantique, les allemands se regroupent en 1925 et forment le Groupe IG
Farben qui devient rapidement le plus grand groupe de la chimie du monde. Produits
pharmaceutiques, teinture, nylon, plastique, caoutchouc synthétique et pesticides sortent de leur
laboratoire.
Pendant tout le siècle, les grandes entreprises de la chimie entretiendront des relations peu
recommandables avec la guerre et la destruction.
IG Farben produira le Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz.
La société DuPont produira le Plutonium pour le projet Manhattan (nom de code du projet de
recherche qui produisit la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale).

21
Aujourd’hui, DuPont est une firme commerciale transnationale. Elle emploie 65 000 personnes
dans le monde. C’est la 237e plus grande société aux États-Unis. L'activité de DuPont est organisée
en cinq branches : électronique et technologies de communication, matériaux d'exécution, enduits et
technologies de couleur, sûreté et protection, et agriculture et nutrition. En 2019, la fédération
allemande pour l'environnement et la protection de la nature (Bund) révèle que 654 entreprises
opérant en Europe ne respectent pas le protocole européen d'enregistrement, d'évaluation et
d'autorisation des produits chimiques, censé protéger la santé et l'environnement des
Européens. Ces entreprises, dont DuPont, emploient massivement des substances de synthèse
interdites et dangereuses.
Après avoir élaboré ses premiers herbicides, la Montsento compagny cuisinera l’agent orange de la
guerre du Vietnam.
Ecocide : comment l'"agent orange" utilisé pendant la guerre du Vietnam a donné naissance à un
concept juridique qui fait débat depuis un demi-siècle (francetvinfo.fr)

En mobilisant son génie scientifique pour tuer l’ennemi, l’homme a appris à tuer le vivant en
général.

=> Que retenez-vous ?

(c) L’automobile

Plus que tout autre, l’automobile devient le symbole de la modernité.


Dans un premier temps, ce sont les bourgeois amateurs de sensations fortes qui possèdent une auto.
Pourtant, elle est dénoncée comme une arme dangereuse dans les grands journaux. L’automobile
impose dans la ville une nouvelle discipline et rend impossible les jeux d’enfants dans les espaces
publics.
En 1921, à Pittsburgh (en Pennsylvanie), une marche silencieuse réunit plus de 5.000 personnes en
hommage aux 221 enfants écrasés cette année là. L’année suivante, la ville de Baltimore inaugure
un monument à la mémoire des enfants qui ont succombé.
La colère et les larmes accompagnent le développement de la voiture et le lobbying des automobiles
fait entendre aux piétons que la rue ne leur appartient plus.
Passages piétons, feux rouges, goudronnage, voies rapides, ronds points, parkings transforment
progressivement la physionomie des villes pour les adapter aux « écraseuses » comme on les
appel à l’époque !

En 1922, un homme puissant, Alfred P. Sloan, patron de General Motors, crée un groupe de
travail...
La mission de ce groupe : échafauder une stratégie pour remplacer les tramways électriques
par des autobus et les voitures individuelles.
Le cœur du business de General Motors.
A ce moment là, aux Etats-Unis, 1200 sociétés de transport font circuler leur tramways sur
plus de 40,000 km de voies.
300,000 personnes travaillent pour ces petites et moyennes compagnies privées. Des millions
de voyageurs empruntent ces tramways chaque jour.

En 29, la crac boursier fait trembler l’Amérique. Les spéculateurs ont trop spéculé. Le peuple va
avoir fin.
La production de pétrole, de charbon, d’automobiles diminue drastiquement. En moins de 3 ans,
General Motors voit son action perdre les 3 quarts de sa valeur.
Comment se refaire ?

22
Sloan a toujours ces satanés tramways en tête. Prises dans la grande dépression, les sociétés de
tramways sont elle aussi fragilisées.
Nous sommes au milieu des années 30, c’est le moment de passer à l’action.

Autour de General Motos, Sloan réunit ses amis : Standard Oil (les Rockefeller donc), Philips
Petroleum et Firestone ; Soit 1 industriel de l’automobile, 2 dealers du pétrole et le 1er grand
industriel du pneu.
Ensemble, ils entrent au capital d’une entreprise de transports, la National City Lines.
Ils en prennent le contrôle et créé une myriade de filiales. Ils achètent alors les entreprises de
tramways dans près de 40 villes américaines (dont New York, Detroit, Philadelphie, Oakland,
Chicago, Saint Louis, Los Angeles, etc.). Quand les municipalités ne veulent pas vendre, c’est la
corruption et si besoin les services de la pègre locale qui permet à ces hommes d’affaires d’obtenir
ce qu’ils veulent.
En 10 ans, les industriels démantèlent des dizaines de milliers de km de tramway électrique
pour les remplacer par des bus à essence créant ainsi de nouveaux débouchés pour leur propre
marché, l’industrie automobile et l’industrie pétrolière.

La fin des tramways américains n’est pas un détail. C’est un marqueur.


Un symbole d’une pensée univoque du progrès.
Ce démantèlement a été fait au détriment d’un transport collectif moins encombrant, moins
onéreux et moins polluant.
Les affaires sont les affaires…

=> Que retenez-vous ?


=> Comparer l’existant avec l’objectif visé !
Le démantèlement des voies, « jeter » les trams, construire la ville autrement, et fabriquer les bus
essence, etc => Si on comptabilise tout, ce démantèlement est plus onéreux et plus polluant que
d’attendre la fin de vie des tram pour, à ce moment là, remplacer par autre chose qui est moins
polluant.
L’idée, c’est de comparer le global pas juste une partie.
Sinon, en théorie, on peu déconstruire pour reconstruire à peu près tout sous le slogan du « c’est
moins polluant ». Ce qui est très souvent faux quand on compare le process entier, du début à la fin.

(d) La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)

Plus d’un siècle et demi se sont écoulé depuis la révolution industrielle…


La population mondiale a doublée.
La crise de 1929 a projeté dans la pauvreté des millions de personnes.

En Allemagne, le nationalisme est en train de s’éveiller et le monde va devoir à nouveaux, accélérer


son appareil technique et productif...
Dans les années 20, l’Allemagne survie avec une dette colossale et subit une crise bancaire sans
précédent.
En 1933, Adolphe Hitler accède au pouvoir.
A la tête d’un pays pauvre, plus pauvre que la France, le nouveau chancelier promet à son peuple de
lui redonner sa fierté.
Adolphe Hitler est fasciné par la personnalité d’Henry Ford, par son génie productiviste et son
anti-sémitisme.
Il lance un chantier historique : la construction de 6,000 km de voies rapides, le premier
réseaux autoroutier du monde...

23
Avec notamment l’utilisation massive de dynamite.
Pour 1,000 km d’autoroute, il a été refait 160 millions de m³ de terres, c’est à dire le double de
ce qu’il a fallut déplacer pour creuser le canal de Suez.
Dans l’Allemagne Nazi, la construction de voies rapides ne correspond à aucun besoin immédiat.
Le pays est encore très faiblement motorisé.
L’objectif est tout autre : occuper la main d’œuvre en préparant la guerre. Les autoroutes devront
permettre le déplacement des troupes et des blindés vers tous les fronts.

Les autoroutes de l’Allemagne Nazi sont le symbole de ce qui s’annonce plus que jamais : le lien
entre guerre et pétrole.

La Seconde Guerre Mondiale marque effectivement un saut énergétique si radical, qu’elle


représente un moment sans précédent dans l’histoire de l’Anthropocène.
Le soldat américain de la 2è guerre consomme 228 fois plus d’énergie que celui de la
première.

Entre 1940 et 1944, la production industrielle américaine augmente plus qu’à n’importe quelle
autre période de l’histoire : elle triple.
La production d’avions et de munitions est multipliée par 15. Celle des bateaux par 10. Celle des
produits chimiques par 3. Celle du caoutchouc par 2. Le transport routier fait plus que doubler, le
transport aérien est multiplié par 6 et le volume de pétrole transporté par pipeline, par 5.

Les moyens de production hors normes développés pour la guerre préparent un monde
nouveau.
Un future hyper-productif, hyper-industriel s’annonce.

Après-guerre, l’organisation du travail développée pour l’industrie militaire devient la norme.


Toute l’Europe de l’ouest converge vers les États-Unis pour apprendre comment produire vite et
plus.
Tout semble devenir possible.
De nouveaux moyens pour les travaux publiques, l’agriculture, ou encore pour la pêche.

La reconversion d’une industrie de guerre dans l’industrie civile préfigure un future


d’abondance.
Le Nylon développé par la compagnie DuPont pour fabriquer des parachutes, des gilets pare-balles,
des pneus spéciaux ; permet la fabrication de filets de pêche longs de plusieurs km et donc le
développement de la pêche industrielle d’aujourd’hui.
Les appareils de détection et de sous-marins ennemis vont bientôt servir à repérer les bancs de
poissons et finalement, participeront à l’épuisement des ressources des océans.
Les tanks servent de modèles pour tous les engins à chenille : abatteuse, débusceuses, grumiers,
bulle d’oser ; des machines qui accéléreront la déforestation, le développement des espaces
péri-urbains, l’accès à de nouvelles ressources naturelles.

Les Hommes s’apprêtent à expérimenter un nouvel outil de destruction sans commune mesure. Un
événement qui marque un moment important du rapport entre l’Homme et la Nature.
Le 16 juillet 1945, au Nouveau Mexique, des scientifiques s’apprêtent à procéder à la première
explosion nucléaire de l’histoire. Le nom de code de cet essaie : Trinity.
C’est une explosion comparable à 20,000 tonnes de TNT.

24
L’explosion laisse pour toujours une trace dans le sol et les esprits.
3 semaines plus tard, Hiroshima et Nagasaki ne sont plus.
La destruction de ces 2 villes a obéit à une volonté politique plus que militaire.
La question de larguer une charge atomique au Japon, sur un territoire désert s’est posé. Mais
l’expérimentation n’aurait pas été totale…
Il fallait savoir les effets réels d’une frappe nucléaire sur une zone urbaine…

Comme les gaz de la première guerre ou les tank ou le nylon, l’atome pourrait bien servir à autre
chose qu’à la guerre.
L’Homme a enfin acquis un outil décisif pour transformer la terre.
La puissance atomique est désormais le plus parfait symbole de la démesure humaine.

En 1945, Julian Huxley, un éminent scientifique qui deviendra le premier président de l’UNESCO,
évoque devant 20,000 personnes au Madison Square Garden, les possibilité d’employer les charges
nucléaires comme une dynamite atomique pour dissoudre les calottes glacières des pôles.
D’autres personnalités de l’époque parlent d’abattre des montagnes, de déplacer des rivières,
d’irriguer des déserts, de mettre la vie dans des régions ou l’homme n’a jamais mit le pied,
d’exploiter des minerais inaccessibles ou encore de modifier le climat.

Le nucléaire, puissance de mort et de destruction pourrait servir l’homme et le rendre encore plus
grand, encore plus fort dans son combat contre la nature.

Un groupe d’hommes réfléchit à utiliser la bombe H pour réaliser un port artificiel en Alaska. Ils
planifient de construire une autoroute à travers les Bristol Montains dans le désert du Moyave
(USA) en faisant exploser 22 engins nucléaires.
Ce projet dure 20 ans et englouti près de 4 milliards de dollars.
Les américains procèdent à 27 explosions à usage civiles. Une horreur, mais une paille comparé à
ce qu’il se passe à l’est.

Les Soviétiques ne veulent pas être écarté de ce marché et conçoivent le programme numéro 7.
Il est plus dévastateur avec plus de 150 explosions nucléaires à usage civile.

Le milieu du 20è siècle marque ce que les penseurs de l’anthropocène nomment « La Grande
Accélération ».
C’est un point de bascule pour la planète. Un changement de régime d’existence de la Terre.
C’est l’aube de l’ère nucléaire, c’est l’époque du pétrole peu cher, du plastique omniprésent,
de l’amiante, du béton qui coule en masse, de centaines de nouvelles molécules chimiques.
C’est un point de bascule pour la déforestation, pour le climat, l’acidité et l‘épuisement des
océans.
C’est enfin le début de la consommation de masse qui s’étend à des milliards de personnes.

Par ailleurs, pendant la guerre, le gouvernement américain a largement financé des programmes de
recherche sur les maisons solaires.
Pourquoi ?
Parce qu’il fallait réduire la consommation intérieure de pétrole pour maximiser la part envoyée au
front.
En 1948, une brillante biophysicienne du MIT, Maria Telkes met au point une maison solaire
autosuffisante à 75 %.

25
Des dizaines d’autres universités travaillent alors à leur propre projet. De petites compagnies
développent et vendent des centaines de milliers de chauffe-eau solaires. En Floride, au début des
années 50, 80 % des habitations sont équipées. A ce moment là de l’histoire, le solaire semble se
préparer à un avenir radieux. C’était il y a plus de 60 ans.

C’est l’aberration de l’électricité produite au charbon qui va pourtant s’imposer.


Les fournisseurs d’électricité et les grandes entreprises d’équipements électriques comme General
Electric Westing House, soutenus par les producteurs de charbon et les compagnies ferroviaires qui
le transporte n’ont aucun intérêt à ce que le solaire s’impose. Ils vont donc organiser et financer
ensemble des campanes marketing nombreuses et efficaces.
Il ne s’agit plus seulement de chauffer les maisons, il faut être capable de les refroidir. Le
climatiseur fait son apparition. La promesse de la maison électrique invite à un confort nouveau.
Des deals sont conclus avec les promoteurs pour équiper leurs lotissements en imposant aux
acheteurs le raccordement à leur réseau électrique.
C’est la mise à mort du développement de l’énergie solaire.

La Grande Accélération qui fait définitivement basculer le monde dans l’Anthropocène ne


s’explique pas seulement par la croissance démographique, par l’incroyable dynamisme des
sciences, des techniques et le talent des grandes entreprises à vendre leurs produits.

=> Que retenez-vous ?

(e) La Guerre Froide

En 1955, près d’un actif sur 6 travaille directement ou indirectement pour l’industrie automobile.

En 1956, le Président lance un projet de 70,000km d’inter-state highways qui surgissent de terres
pour un coût faramineux de 50 milliards de dollars.
Les 400 bases militaires vont être desservies et la déconcentration de l’industrie américaine est
rendue possible pour plus de résilience en cas d’attaque soviétique.

De son côté l’Union Soviétique met en orbite le tout premier satellite de l’histoire.
En Europe, le mode de consommation à l’américaine se développe avec ses icônes et ses temples :
Hypermarchés, salon de l’automobile et celui des arts ménagers.

La consommation de masse alimente la forte croissance économique et celle encore plus forte
des émissions de CO2.

Pourtant à l’aube des années 50, 2 naturalistes dénoncent dans 2 livres tirés à plus de 20
millions d’exemplaires une surexploitation des États-Unis, et plus largement une sur-
exploitation de la terre entière au-delà de ce qui serait durable.

En 1951, le Président Truman prend le dossier en main et commande un rapport à une commission
parlementaire dirigée par un homme d’affaires et de média.
La décision est prise d’exploiter le reste du monde plutôt que les sols américains.
Entre 1945 et 1965, les entreprises américaines réalisent à elles seules 85 % des nouveaux
investissements dans le monde.

26
L’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique Latine sont littéralement vidées de leurs matières
premières au profit des pays occidentaux qui ne finissent plus de vivre de plus en plus
confortablement.
L’exploitation massive de ces pays dégrade leur cadre de vie en y accumulant de nombreuses
nuisances, déchets d’extraction minière, pétrolière et déforestation.

C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’échange écologique inégal.


On consomme dans les pays riches. On exploite et on pollue dans le reste du monde.

=> Que retenez-vous ?

(f) L’agriculture

Les prémisses de l’agriculture telle qu’on la connaît aujourd’hui se sont développées entre les 2
guerres. Cette époque, pendant laquelle les chimistes ont développés les premiers pesticides et la
production industrielles d’engrais azoté.

Une période pendant laquelle les américains ont développé leur premiers maïs hybride quand
l’URSS Soviétique, l’Italie fasciste, l’Allemagne nazi et les européens dans leurs colonies ont mis
en place de sévères programmes de dirigisme semenciers.

Mais l’agriculture qui préfigure l’agro-industrie d’aujourd’hui, a véritablement commencé son


extension dans le reste du monde et particulièrement dans les pays en voie de développement grâce
à la philanthropie de la Fondation Rockfeller…
Une Fondation qui agit dans de nombreux domaines tels que l’éducation, la culture, la médecine, la
biologie et l’agriculture…

Au début des années 40, c’est le Président américain de l’époque qui demande à cette fondation
d’aider le gouvernement mexicain dans son développement agricole.
Pourquoi ? Il existe un risque de famine au Mexique qui pourrait déboucher sur une instabilité
politique et risquerait de porter atteinte à leurs investissements massifs dans cette région du monde.

C’est avec des semences de maïs hybride que tout commence. Ensuite, c’est d’autres types de
semences : blé, haricots, riz, fourrage. Puis, c’est l’exportation de ce modèle dans d’autres pays
d’Amérique Latine.

Ensuite, dans les années 50, c’est l’Inde qui fait l’objet d’un accompagnement par la Fondation
Rockefeller, la Fondation Ford, l’Agence des États-Unis pour le Développement International, et la
Banque Mondiale.
Ces 4 grandes instances se mobilisent pour soutenir le gouvernement indien dans la transformation
de son agriculture…
L’idée : déployer à grande échelle en Inde, ce que la Fondation Rockefeller à expérimenté au
Mexique et en Amérique Latine.

Depuis, un nouveau blé a très haut rendement a été créé.


2 conditions incontournables pour cultiver cette variété : l’utilisation d’engrais et l’irrigation
massive.

27
L’Inde soutenu par les plus grands, investit des millions dans cette nouvelle agriculture et dans ce
qui va avec. Elle subventionne massivement l’accès aux nouvelles semences, aux machines
modernes, tracteurs, pompes, tuyaux d’irrigation, moissonneuse, batteuse.
Elle subventionne aussi massivement l’accès aux engrais et pesticides adaptés à ces semences.
Elle subventionne donc massivement en utilisant la chimie et le matériel essentiellement produit
par des grandes firmes américaines et européennes de l’agro-business.
L’Asie entière se convertie progressivement à l’agro-industrie.

Ce modèle n’a pas profité à tous. Il a favorisé une agriculture d’exportation massive plus
qu’une agriculture propre destinée à nourrir les populations locales.

Des économistes et des historiens affirment qu’à moyens égaux, il aurait été possible de faire
mieux pour la sécurité alimentaire indienne en tablant sur de la petite paysannerie.

L’agriculture industrielle, qui s’est maintenant répandue partout dans le monde, est un
événement majeur dans l’histoire de l’anthropocène.
Ces effets sur la natures sont ravageurs.
Des millions de variétés cultivées traditionnellement ont disparus. Ce modèle a drastiquement
augmenté la consommation d’eau comme l’utilisation des engrais et des pesticides. Il a produit
un appauvrissement des sols quand ce n’est pas une stérilisation totale.
L’agriculture industrielle est parallèlement extraordinairement gourmande en énergie fossile. Il
faut beaucoup de pétrole pour alimenter les machines agricoles, produire les engrais et
transformer les aliments.
Nous sommes passé à un mode énergétiquement déficitaire. Aujourd’hui, pour 1 calorie
dépensée, on ne produit que 0,7 calorie alimentaire.

=> Que retenez-vous ?

(g) Les 50 dernières années

En 1972, la mission Apollo 17 rapporte la première photo de la Terre dans son entièreté.
Syndrome de Kessler : l'espace, bientôt une poubelle ? (franceculture.fr)

La même année, un groupe d’experts, appelé le Club de Rome publie un rapport sur Les Limites à
la croissance (dans un monde fini) (The Limits to Growth) aussi connu sous le nom de « Rapport
Meadows ».
Ces scientifiques ont accès à une machine ultramoderne : l’ordinateur. Ils mettent la Terre en
courbes, en statistiques et en équations.
Le rapport alerte notamment sur l’effondrement de la civilisation industrielle au 21ème siècle.
Les causes de cet effondrement : la pollution, le manque de ressources et la surpopulation.

En 1973 et 1978, 2 chocs pétroliers se succèdent.


Conséquence directe :
En 1979, le Président américain Carter prononce un discours retentissant devant 65 millions de
téléspectateurs. Il est conseillé de conduire la nation vers une transition énergétique vers des
énergies renouvelables afin de réduire les besoins en pétrole. Il fait même installer des panneaux
solaires sur le toit de la Maison Blanche.

28
Jimmy Carter invite des journalistes sur le toit de la Maison-Blanche pour leur montrer les panneaux solaires. Source
photo: Science Museum, Angleterre

En 1986, Ronald Reagan faisait discrètement démonter l’installation.


Il existe d’ailleurs un film documentaire intitulé “A Road not taken“ consacré à cette histoire.

C’est le réveil écologique qui n’est en fait que le prolongement des alertes du passé.

Des milliers de procès sur la pollution industrielle encombrent les archives et témoignent de
l’ancienneté des dommages environnementaux.
Les bilans comptables des usines chimiques montrent que chaque année, les industriels
dédommageaient leurs voisins pour des récoltes perdues et la dégradation de leur environnement.

La révolution industrielle, avec son cortège de pollution ne s’est pas faite dans une
inconscience modernisatrice.
Les lobbying industriels se sont organisés contre le mouvement écologiste et les organisations
environnementalistes.
Les hommes et les femmes que nous sommes, deviennent chaque jour des consommateurs de plus
en plus gourmands, compulsifs et nombreux.
Les pays riches ont dopés leur économie malgré une stagnation de leur productivité et des
salaires par un surcroît de consommation, permis par l’endettement, les prix bas du pétrole,
des matières premières et de la main d’œuvre asiatique.
La Chine, l’Inde et le Brésil sont devenus les ateliers et les greniers du monde. Ils sont devenus
des producteurs de CO2 et de pollutions multiples qui sont gigantesques.

L’Histoire, notre histoire, est aussi celle-ci :


2 siècles où nous avons eu des innovations techno-scientifiques aussi brillantes que destructrices.
2 siècles de course à l’accumulation de richesses qui a creusé des inégalités de plus en plus
profondes.
2 siècles pendant lesquels la consommation est devenue le moteur économique et l’antidote à la
contestation sociale.

29
Les 1,400 milliards de tonnes de CO2, invisibles, prisonnières de la basse atmosphère sont bel
et bien là.
La biodiversité décline.
Les gros émetteurs de CO2 sont aujourd’hui les 20 % d’hommes et de femmes les plus riches de la
planète.
Le mode de vie développé depuis le début du 19è siècle par la bourgeoise des pays industriels et
colonisateurs est devenu le quotidien globalisé d’un cinquième de notre monde.
Aujourd’hui, la consommation de charbon continue de croître, celle du pétrole vient pour la
première fois de passer les 100 millions de barils par jour.

Et puis, on réalise peu à peu que la production massive de panneaux solaires est extrêmement
gourmande en produits miniers et notre infrastructure numérique de plus en plus vorace en énergie.

La promesse d’un salut de la planète grâce à ces énergies dites vertes et par la dématérialisation, ne
rappelle-elle pas la promesse de sauver les forêts et le climat grâce au charbon du début du 19è
siècle ?

⇒ Que retenez-vous ?
⇒ Qu’est-ce que c’est l’Anthropocène ?

L’ère de l’Anthropocène est donc directement lié aux guerres, à ses débouchés civiles et à
l’exploitation des pays dits « pauvres ».

30
3/ Agir de manière responsable dans l’entreprise
A] Se former
B] S’interroger & Utiliser les mots avec Sens - Le cas du numérique

Pour agir, nous devons d’abord comprendre, donc se former.


Nous devons aussi nous interroger, être capable de remettre en question certaines habitudes

A] Se former
(a) Une vision de l’éducation renouvelée
(b) Les étudiants en parlent !
(c) Se former à la notion de Gaz à Effet de Serre
(d) Se former : La notion d’exponentielle
(e) Se former : l’Effet rebonds
(f) Se former : l’Obsolescence, la récup, le tri…
(g) Récapitulatif des outils disponibles

(a) Une vision de l’éducation renouvelée

De nombreux changements sont en cours.


Former et se former, oui, mais à quoi et pourquoi ?

Le principe de l’économie est fondée, depuis deux siècles, sur l’utilisation croissante de
ressources historiquement considérées comme infinies.
✔ Cette économie bute désormais sur les limites physiques de la planète :
- Diamètre constant de la Terre, près de 13,000 km pour une population croissante de près de
8 milliards (+6 milliards en 100 ans environs).
- 75% de la surface terrestre est altérée de manière significative par les activités humaines (selon
l’IPBES, Science and Policy for People and Nature).
- 55% du PIB mondial dépend d’une biodiversité et de services écosystémiques performants (étude
du Swiss RE Institute).
Service écosystémique : Les écosystèmes (=ensemble formé par une communauté d'êtres vivants
en interaction avec son environnement) procurent de nombreux services dits services
écologiques ou services écosystémiques. Certains étant vitaux pour de nombreuses espèces ou
groupes d'espèces (comme la pollinisation), ils sont généralement classés comme bien
commun et/ou bien public.
- En France, le tissu économique est principalement composé de TPE-PME (plus de 3,1 millions)
qui représentent plus de 90% du nombre total d’entreprises. La biodiversité étant un enjeu dont
la compréhension et les réponses sont propres aux caractéristiques d’un territoire, l’ancrage local
des TPE-PME en fait des acteurs privilégiés de la Transition économique et climatique.
- Certains métiers vont se transformer, d’autres vont se créer. Cela pourrait représenter 600.000
emplois nouveaux ou différents, soit le double du nombre de nouveaux actifs entrant sur le marché
de l’emploi chaque année en France.
- Aujourd’hui, plus de 600 millions de personnes vivent dans des zones menacées.

31
⇒ Risques élevé de pénurie d’eau, de perte de sécurité alimentaire, de dégradation des terres.

⇒ Les experts mondiaux alertent sur le risque d’augmentation de l’incidence de maladies


infectieuses de type zoonose (bactériennes et virales).
Les zoonoses sont des maladies et infections. Le terme couvre également les infestations
parasitaires dont les agents se transmettent naturellement des animaux à l'être humain, et vice-versa.
Historiquement, la transmission d'agents infectieux de l'animal vers l'homme a connu une première
grande vague lors de la sédentarisation d'une partie de l'espèce humaine et de la domestication des
animaux qui s'en est suivie. Une seconde vague est observée dans la période contemporaine, en
raison de plusieurs évolutions récentes intervenues sur la Planète : intensification de l'élevage en
zone périurbaine favorisant l’émission massive d’agents pathogènes6, l’apparition de variants et de
souches antibiorésistantes ; augmentation de la population et des besoins alimentaires, notamment
en protéines animales, avec un fort développement des marchés d'animaux vivants ; mondialisation
des échanges humains et animaux ; empiétement des activités humaines sur les environnements
naturels ; changements climatiques.

✔ Que faire ?
S’instruire, élargir nos connaissances, apprendre à penser & agir différemment

l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) a effectué des
travaux dans ce sens.
Elle a produit un programme en faveur de l’éducation universelle pour la période 2015- 2030.
C’est la « Déclaration Éducation 2030 » aussi appelée la « Déclaration d’Incheon » (en Corée).
L’objectif de ces travaux est de proposer des outils pour tendre vers « une éducation inclusive et
équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous. »

Souvenez-vous !
Dans les 17 ODD de la Conférence de Rio de 2012, le 4ème objectif est celui-ci justement :
« Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les
possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. »

C’est ce que nous faisons ici et maintenant.

Par ailleurs, constatons avec une vive préoccupation qu’aujourd’hui, une part importante de la
population non scolarisée à travers le monde vit dans des zones touchées par des conflits, et que les
crises, la violence et les attaques contre les institutions éducatives, ainsi que les catastrophes
naturelles et les pandémies, continuent de perturber l’éducation et le développement à l’échelle
mondiale.
Concevoir des systèmes éducatifs plus inclusifs, réactifs et résilients, afin de répondre aux besoins
des enfants, des jeunes et des adultes qui sont confrontés à ces situations, notamment les personnes
déplacées à l’intérieur de leur propre pays et les réfugiés.

La Déclaration d’Incheon représente l’engagement pris par la communauté éducative en faveur


d’Éducation 2030 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, reconnaissant
le rôle de l’éducation comme principal moteur du développement.

⇒ Déclaration d’Incheon : DRAFT-FFA-FR.pdf (unesco.org)

32
Voici 4 des objectifs fixés dans la Déclaration Education 2030 :

Cible 4.1 : D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons suivent, sur un pied
d’égalité, un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité, qui
débouche sur un apprentissage véritablement utile
⇒ Qui connaît un pays où ce n’est pas le cas ? Le(s)quel(s) ?

Cible 4.3 : D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des
conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris
universitaire, de qualité et d’un coût abordable.
⇒ Qui connaît un pays où ce n’est pas le cas ? Le(s)quel(s) ?

Cible 4.4 : D’ici à 2030, augmenter nettement le nombre de jeunes et d’adultes disposant des
compétences, notamment techniques et professionnelles, nécessaires à l’emploi, à l’obtention d’un
travail décent et à l’entrepreneuriat
⇒ Considérez-vous que vous avez les compétences techniques et professionnelles nécessaires à
l’emploi ou que vous êtes sur la bonne voie de les acquérir ?

Cible 4.7 : D’ici à 2030, faire en sorte que tous les élèves acquièrent les connaissances et
compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en
faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes,
de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale et de
l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement
durable .
⇒ Considérez-vous avoir ces compétences ? Pourquoi ? Qu’est-ce que vous aimeriez développer
comme compétence dans ces domaines ? Qu’est-ce que vous aimeriez apprendre ?

⇒ Pouvez-vous indiquer vos besoins en matière d’amélioration des apprentissages ?

Comment mesurer les évolutions ?


15 ans après, où en sommes nous ?

Cas pratique
Quels indicateurs utiliser et à quels niveaux ?

Il est proposé d’élaborer quatre niveaux d’indicateurs :


· mondiaux : un nombre réduit d’indicateurs pour tous les ODD, y compris l’ODD 4 sur
l’éducation, élaborés par le biais d’un processus consultatif sous la conduite de la Commission de
statistique de l’ONU pour mesurer les progrès vers les cibles associées ;
· thématiques : un ensemble plus large d’ indicateurs comparables au niveau mondial proposés par
les communautés éducatives pour suivre de plus près les progrès effectués d’un pays à l’autre ; ils
incluront les indicateurs de portée mondiale ;
· régionaux : des indicateurs supplémentaires qui pourraient être élaborés afin de prendre en
compte des contextes régionaux spécifiques et des priorités politiques pertinentes se prêtant moins à
une comparaison mondiale ;
· nationaux : des indicateurs choisis et développés par les pays qui tiennent compte de leurs
contextes nationaux et correspondent à leurs systèmes éducatifs et à leurs plans et politiques en
matière d’éducation

33
⇒ Selon vous, quels indicateurs pouvons-nous créer ?
Réflexion en groupe de 6 pour proposer une liste d’indicateurs qui vont nous permettre de d’évaluer
les niveaux de progressions pour « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied
d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. ». Cf . Cibles

⇒ Résultat – Quelques indicateurs possibles :


- Taux d’enfants non scolarisés (cycle primaire, premier cycle du secondaire et second cycle du
secondaire) ;
- Pourcentage des enfants en âge d’entrer à l’école dont le développement est en bonne voie en
matière de santé, d’apprentissage et de bien-être psychosocial ;
- Pourcentage des enfants de moins de 5 ans vivant dans des environnements d’apprentissage
familiaux positifs et stimulants ;
- Taux brut de scolarisation de l’enseignement supérieur ;
- Pourcentage de jeunes adultes ayant participé à un programme d’éducation et de formation au
cours des 12 derniers mois, par type de programme ;
- Taux de réussite de l’éducation des jeunes adultes par tranches d’âge, par statut de l’activité
économique, par niveaux d’études et par orientation scolaire ;
- Indices de parités : femmes/ hommes, urbain/rural, inférieur/supérieur de richesse, handicaps ;
- Taux d’alphabétisme des jeunes/adultes (15-24 ans) ;
- Degré auquel (i) l’éducation à la citoyenneté mondiale et (ii) l’éducation au développement
durable sont intégrées dans (a) les politiques d’éducation nationale, (b) les programmes scolaires,
(c) la formation des enseignants et (d) l’évaluation des élève ;
- Pourcentage d’élèves par tranche d’âge (ou d’un niveau d’études) montrant une compréhension
adéquate des questions relatives à la citoyenneté mondiale et à la durabilité ;
- Pourcentage d’élèves de 15 ans montrant une maîtrise des connaissances de la science
environnementale et de la géoscience (Science de la Terre) ;
- Pourcentage d’écoles dotées d’infrastructures et de matériels adaptés aux élèves handicapés ;
- Pourcentage d’élèves victimes d’intimidation, de châtiment corporel, de harcèlement, de violence,
de discrimination et d’abus sexuels (indicateur disponible à travers l’Enquête mondiale sur la santé
des élèves réalisée en milieu scolaire) ;
- Nombre de bourses d’études de l’enseignement supérieur accordées par pays bénéficiaire ;
- Salaire moyen des enseignants par rapport aux autres professions exigeant un niveau comparable
de formation et de qualification ;
- Pourcentage d’enseignants qui ont bénéficié de la formation continue au cours des 12 derniers
mois, par type de formation ;

✔ Apprendre différemment ensemble, comment ?

- Développer une pensée contextualisée plutôt que subordonner le contexte à la théorie.

- Décloisonner les savoirs et favoriser les regards croisés (éventail plus vaste de connaissances, de
compétences, d’attitudes et de valeurs)
- Favoriser le dialogue entre disciplines et secteurs.
- Favoriser le bien-être individuel et collectif.

- Favoriser la capacité d’agir des apprenants : évoluer dans un monde complexe et incertain.
- Développer des compétences pour transformer notre société et façonner notre avenir : Être
responsable & Créer de la valeur nouvelle (nouveaux rêves, etc.)

34
Face à la nouveauté, au changement, à la diversité et à l’ambiguïté, nous devons être capables de
penser pour nous-mêmes et de travailler avec d’autres.
La créativité et la capacité de résoudre des problèmes supposent de tenir compte des
conséquences futures de ses actions, d’en évaluer les risques et les bénéfices, et d’accepter la
responsabilité des résultats de son travail.
Il faut pour cela avoir le sens des responsabilités et posséder une certaine maturité morale et
intellectuelle, grâce à laquelle une personne peut réfléchir à ses actions et les juger à l’aune de ses
expériences passées, de ses objectifs personnels et sociétaux, de son éducation et de ses valeurs
morales.

- Appliquer des principes de conception à l’appui d’un changement d’écosystème.


Ces compétences transformatives, inextricablement liées entre elles, sont complexes, mais elles sont
de nature développementale, et l’on peut donc les acquérir. La capacité d’acquérir de nouvelles
compétences peut elle-même se développer par le biais d’un processus séquentiel de réflexion,
d’anticipation et d’action.
La pratique réflexive est la capacité d’adopter une posture critique vis-à-vis de ses propres
décisions, choix et actions, en prenant du recul par rapport à ce qui est su ou présumé, et en
regardant la situation sous d’autres angles.
L’anticipation mobilise des capacités cognitives telles que le sens de l’analyse ou le
raisonnement critique, afin de prévoir ce qui pourrait être nécessaire à l’avenir ou de déterminer
quelles conséquences les actions menées aujourd’hui pourraient avoir demain.

La réflexion comme l’anticipation sont des préalables à des actions responsables.

Quelques concepts clés pour y parvenir :


Créativité, Raisonnement critique, Responsabilité, Résilience, Collaboration.

⇒ Quoi d’autre ? Qu’est ce que j’ai oublié ?

⇒ Qu’est-ce que la résilience ? Vous savez ?


Résilience : La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté
par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre
dans le malheur et à se reconstruire en prenant en intégrant le changement et le traumatisme dans sa
nouvelle construction. La résilience serait rendue possible grâce à la structuration précoce de la
personnalité, par des expériences constructives de l'enfance (avant la confrontation avec des faits
potentiellement traumatisants) et parfois par la réflexion, ou la parole, plus rarement par
l'encadrement médical d'une thérapie.
Aptitude d'un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances
traumatiques.
Capacité d'un écosystème, d'un biotope ou d'un groupe d'individus (population, espèce) à se rétablir
(différent de reprendre comme avant!) après une perturbation extérieure (incendie, tempête,
défrichement, etc.).

35
(b) Les étudiants en parlent !

Pour un réveil écologique (pour-un-reveil-ecologique.org)

Dans ce manifeste :
« Le fonctionnement actuel de nos sociétés modernes, fondé sur la croissance du PIB sans réelle
considération des manques de cet indicateur, est responsable au premier chef des problèmes
environnementaux et des crises sociales qui en découlent. Nos systèmes économiques n’ont
toujours pas intégré la finitude des ressources[IX]ni l’irréversibilité de certaines dégradations
écologiques ; ils ignorent jusqu’à leur propre fragilité face aux dérèglements environnementaux et
au creusement des inégalités. Nos systèmes politiques, contraints par l’expression d’intérêts
contradictoires souvent éloignés de l’intérêt général, peinent à proposer une vision à long terme et
à prendre des décisions ambitieuses effectives pour un renouveau de société. Nos systèmes
idéologiques, enfin, valorisent des comportements individualistes de recherche du profit et de
consommation sans limite, nous conduisant à considérer comme « normaux » des modes de vie
pourtant loin d’être soutenables. Nous nous bornons au mieux à l’ignorance, au pire au déni. »

« Deux options s’offrent aujourd’hui à nous :


- poursuivre la trajectoire destructrice de nos sociétés, se contenter de l’engagement d’une minorité
de personnes et en attendre les conséquences ;
- ou bien prendre notre avenir en main en décidant collectivement d’anticiper et d’inclure dans
notre quotidien et nos métiers une ambition sociale et environnementale, afin de changer de cap et
ne pas finir dans l’impasse. »

36
« Face à l’ampleur du défi, nous avons conscience que les engagements individuels, bien que
louables, ne suffiront pas. En effet, à quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille
par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement
climatique ou de l’épuisement des ressources ?
Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons
que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec
le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes. Nous sommes
déterminés, mais ne pouvons pas agir seuls : nous ne pourrons surmonter ces contradictions
qu’avec l’implication active des décideurs économiques et politiques, dont le seul objectif doit être
de servir durablement l’intérêt général. »

Qui se sent concerné ?

Plus de news :
Enseignement - The Shift Project

Qu’est-ce que le Shift Project ?


The Shift Project est un think tank qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte
carbone. Association loi 1901 reconnue d’intérêt général « et guidée par l’exigence de la rigueur
scientifique, notre mission est d’éclairer et influencer le débat sur la transition énergétique, en
France et en Europe. »
Notre ambition - The Shift Project, think tank de la transition carbone
Former l’ingénieur du XXIème siècle - The Shift Project : Rapport intermédiaire + Webinaire de
présentation du rapport intermédiaire : « Former l’ingénieur du XXIe siècle » (9 février 2021).

Plus de news :
Campus de la Transition (campus-transition.org)

Comment transformer notre façon de penser et d’agir pour la transition écologique et sociale, et
donc l’éducation et la formation qui l’accompagnent ? Comment accompagner les institutions et
les enseignants dans cette révolution nécessaire de l’enseignement supérieur en France ?
La transition écologique et sociale est un enjeu majeur et un défi inédit posé aux générations
actuelles et futures. La préservation de notre planète et du vivant sous toutes ses formes impose un
nouveau paradigme : une manière d’agir et de penser le monde radicalement différente de ce à
quoi nous avons été jusqu’ici culturellement habitués. Pour appréhender ce changement profond
ainsi que la complexité des enjeux qui sous-tendent la conduite de la transition écologique et
sociale, l’éducation et la formation sont indispensables.
Allez voir à la bibliothèque si ce livre est disponible. Sinon, demandez le !

(c) Se former à la notion de Gaz à Effet de Serre

C’est comme compter en euros, il faut que ça devienne automatique.

Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, il est avant tout essentiel d’identifier les
sources les plus importantes liées à l’activité de l’entreprise.

- La première étape consiste donc à réaliser son bilan de gaz à effet de serre (GES).

37
Les bilans d’émissions de GES ont pour objectif de réaliser un diagnostic des émissions de gaz à
effet de serre des acteurs publics et privés, pour ensuite pouvoir identifier et mobiliser les
gisements de réduction de ces émissions.
Ce bilan est d'ailleurs devenu obligatoire pour un certain nombre d’entreprises.
La loi : La Loi Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LOI n° 2015-992 du 17 août
2015) :
Donc obligation de réaliser un bilan d’émission de GES pour :
•Les entreprises de plus de 500 salariés (250 dans les DOM) tous les 4 ans
•Les collectivités de plus de 50.000 habitants (tous les 3 ans)
•Les établissements publics de plus de 250 agents (tous les 3 ans)
•Les services de l’État (tous les 3 ans)
Sous peine de sanctions selon la loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’Énergie
et au Climat :
Les manquements à l’établissement ou à la transmission du bilan des émissions de gaz à
effet de serre peuvent être sanctionnés par une amende d’un montant de 10 000 € avec un
maximum de 20 000 € si récidive ;
Comment ? Via un système de publication : les bilans doivent être transmis et publiés via
la plate-forme informatique des bilans d’émissions de gaz à effet de serre administrée par
l’Ademe.

Pour en savoir plus : Formation ADEME gratuite et en ligne (2h30) :


Quantifier l'impact GES d'une action de réduction - Découvrir la méthode - ADEME Formation

Concrètement, comment faire ce bilan des émissions de GES ?


Pour y voir plus clair, les experts attribuent à chacun de ces gaz un pouvoir de réchauffement
global (PRG) qu’il compare à celui du CO2.
Ainsi, dans les calculs, :
- une tonne de méthane (CH4) comptera pour 25 tonnes de CO2.
- l’émission d’une tonne de protoxyde d’azote équivaut à 298 tonnes de CO2.
=> Le tout apparaîtra donc en CO2eq ou CO2 équivalent.

D’où viennent les données ?


C’est là que la tâche se complique. Car les sources d’émissions sont diverses.

38
- Prenons une centrale thermique au gaz, par exemple. Facile, elle est incluse dans le système
européen d’échange des quotas, recevant au passage des droits à émettre, elle sait parfaitement ce
qu’elle consomme et relâche.
Chaque kg de gaz qui s’en échappe est scruté à la loupe par des vérificateurs agréés venus de
cabinets d’audit du type Ernst & Young, Deloitte, PricewaterhouseCoopers… Ceux-ci examinent le
dossier de la centrale sur le papier ou se déplacent dans le cas des sites très polluants (quotas
supérieurs à 500.000 tonnes de CO2 par an). Une fois leurs émissions calculées, les industriels
remplissent une déclaration sur le site Gerep du ministère de l’Ecologie. Déclaration qui sera à son
tour vérifiée par les inspecteurs des Dreal (directions régionales de l’environnement, de
l’aménagement et du logement).
Les centrales thermiques au gaz pèsent pour 25% des émissions françaises.

- Pour le transport routier, les données viennent essentiellement des consommations d’essence et de
gazole au niveau national.
- Pour les autres sites industriels, il y a les données Bilan énergétique français, publié chaque année.
Bilan énergétique de la France en 2019 - Données provisoires | Données et études statistiques
(developpement-durable.gouv.fr)
bilan-energie-2018-donnees-definitives-decembre2019.xls (live.com)
Bilans énergétiques - Energie - Eurostat (europa.eu)

39
Le tableau ci-dessous présente les méthodes les plus diffusées en France pour établir son bilan en
émission de GES.

En savoir plus :
- ISO - ISO 14064-1:2018 - Gaz à effet de serre — Partie 1: Spécifications et lignes directrices, au niveau
des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions et des suppressions des gaz à effet de
serre
- Exemple d’un bilan des émissions de GES pour le secteur Technologies du Numérique : Microsoft
Word - Fiche_TNIC_VF (ademe.fr)

Pour résumer, Se former à la notion de Gaz à Effet de Serre, Comment faire ?


- Etape 1 : Réaliser son bilan émissions GES
- Etape 2 : Développer sa stratégie bas carbone.
Nouveau ! Visions multi-temporelles (CT + MT + LT + Très long terme) de la Gouvernance
- Etape 3 : Mise en œuvre & suivi du plan d’actions
- Etape 4 : Évaluation itérative de la stratégie et des plans d’actions
Corrections, améliorations, processus itératif.

l’ADEME a mis en place un centre de ressources Bilans GES. Cet espace met à disposition la
réglementation en vigueur, les publications et démarches sectorielles, les leviers d’action, les
contacts en régions…

Et puis aussi, s’amuser un peu…


La Fresque du Climat : atelier collaboratif pour comprendre collectivement les enjeux du
changement climatique.

40
⇒ Prochain Atelier La Fresque Du Climat – Paris (75) @ Rue Rangoli - Centre Commercial Italie
Oct 9 @ 10 h 30 min – 13 h 30 min / 10€

(d) La notion d’exponentielle

Concept important à comprendre dans le contexte climatique.

Le principe, c’est une sorte de métaphore (on pourrait parler de la planète au lieu de l’étang).

Problème mathématique :

41
On réalise pendant toutes les premières années, on voit quasiment aucun changement puisqu’il faut
attendre 19 à 20 ans pour passer le cap du 1 % et voir à peu près une 30aine de m² d’algues dans
l’étang.
Je constate que tout s’accélère !

J’ai 5 ans pour réaliser que c’est trop tard, tout mon étang est déshydraté en quelques sortes
(lyophilisé).

Nous sommes sous des formats exponentiels. Donc tout s’accélère très vite après une longue
période de « oh, quelques changements observés ».
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui « La Grande Accélération ».

42
Le format exponentiel et la Grande accélération :

Pour faire une analyse de la grande accélération, on peut mettre en miroir les évolutions du système
Terre.

43
Il y a une corrélation entre les 2 qui est connectée aux modes de vie puisque ces conséquences
sont dues au modèle de consommation des pays de l’OCDE (dits riches)

Que va-t-il se passer sur une courbe comme ça dans un monde qui ne peut pas croître à l’infini ?

44
Quelques repères : les 9 limites planétaires

On considère que si on reste dans la zone verte au centre, l’humanité reste dans sa zone de sécurité.
Si on les dépasse, alors l’humanité se met en danger. Cela peut conduire à une déstabilisation des
sociétés telles qu’elle fonctionnent.
On constate, qu’il y a à minima, 4 de ces frontières qui sont dépassées.
Il y a aussi des zones où on n’a pas les connaissances à un niveau mondial pour établir le niveau des
seuils (pollutions chimiques par exemple).
Donc on est potentiellement à 6 4 frontières dépassées sur les 9 limites planétaires telles que
définies dans cette image.

Il faut bien avoir en tête qu’il y a des interactions permanentes entre ces différentes limites.
Si on prend l’exemple du changement climatique : il y a obligatoirement des influences sur la
disponibilité d’eaux douces, sur la biodiversité, la pollution, etc.

Donc c’est complexe, grave et sérieux.

Il y a des systèmes de régulation qui vont se mettre en place avec des phénomène du type maladies
(zoonoses), famines ou guerres.

La notion d’exponentielle est importante et complexe car on voit bien qu’à un moment donné,
on a une corrélation qui se fait entre plusieurs dimensions.

45
Le constat est simple : ce n’est pas viable dans la durée.

(e) Se former : l’Effet rebonds

Concept fondamental. Fait partie du problème et des solutions.

3 types d’effets rebonds :


Effet rebonds directe
Effet rebonds indirecte : économie utilisée ailleurs et autrement (parfois plus, d’autres fois
moins)
Effet rebonds systémique : transformation des normes sociales – Accroître certains usages
(eg. Smartphone)

Effet d'aubaine : Quand les individus profitent d’une subvention pour mener une action
(rénovation énergétique, par exemple) qu’ils auraient de toutes façon engagée.
Effet rebond direct : Il consiste, par exemple, à davantage se chauffer après des travaux de
rénovation énergétique parce que ces derniers ont permis de baisser la facture globale du chauffage.
Effet rebond indirect : C'est quand le gain de pouvoir d’achat obtenu par la baisse de la facture
énergétique sert à acheter d’autres biens et services énergivores (transport automobile ou aérien, par
exemple).
Effet rebond macro-économique : Il survient lorsqu’une amélioration de l’efficacité énergétique
dans l’habitat, par exemple, se traduit par des gains de croissance, une augmentation de la
productivité de l’économie dans son ensemble, et, donc, une hausse de la consommation d’énergie
nationale.

46
Anticiper ces effets, savoir les évaluer et les quantifier => Outil d’aide à la décision !
Exemple : A votre avis, que va changer la 5G ?
Quels seront les effets rebonds directs, indirects et macro-économiques ?

(f) Se former : l’Obsolescence, la récup, le tri…


Le cas du numérique.

- Les obsolescences :

Obsolescence technique : consiste à empêcher ou limiter la réparation de certains objets pour


pousser à un nouvel achat.

Petite histoire..
Il y a quelques année, une histoire d’imprimante et d’obsolescence...
Un hacker c’était mit sur une imprimante qui ne marchait plus et il s’était rendu compte qu’il y avait
dans cette imprimante un processeur avec un code qui disait qu’elle allait s’arrêter de fonctionner au
bout de 30.000 copies. Il a changer le chiffre et l’a transformé à 100.000. Et elle a fonctionné !
=> C’est une obsolescence programmée.

Durée de vie d’un smartphone c’est 2 ans ; ce qui est très très court au regards de ce que ça
implique en technologie.

47
Obsolescence logicielle : Mises à jours évolutives ou correctives ?

Obsolescence psychologique : quel marketing et quelle publicité ?

- Le tri – Focus sur les Les métaux :

Tout ce qui est en rouge, c’est moins de 1 % récupérable dans les même propriétés physiques et
chimiques qu’au départ.
Sans oublier que Recycler coûte en énergie !
D3E = Déchets électriques et électroniques
35 % au niveau européen – C’est 20 % au niveau mondial.

Double contrainte : Énergies fossiles (dense) vers un mix énergétique (éolien, solaire, etc.) qui
consomment encore plus de métaux.

Comment faire ?
Cf. (a) Une vision de l’éducation renouvelée

48
Pour conclure,
⇒ Enjeux fondamentaux : Transition énergétique et transition numérique !

(g) Récapitulatif des outils disponibles

Les outils traditionnels de la RSE


Code éthique, charte, labels, notations sociétales des produits et entreprises, démarches qualité,
labellisation sociale des services, etc.

- La norme ISO 26000 : la référence


L’ISO, l’Organisation Internationale de la Normalisation, s’est penchée sur les pratiques RSE afin
de définir la notion de responsabilité sociétale et de lister les meilleures pratiques.
Publiée en 2010 après plus de 5 ans de concertation entre plus de 500 experts dont des représentants
de gouvernements, des ONG, des industriels, des groupes de consommateurs et des chefs
d’entreprises du monde entier, la norme ISO 2600 a identifié les meilleures pratiques en matière de
responsabilité sociale et aide les entreprises et les institutions à les mettre en pratique au quotidien.
Cette norme ne donne pas lieu à une certification, mais sert de cadre et de guide managérial
pour toute entreprise souhaitant se lancer dans une démarche RSE. Elle a donné naissance à
trois documents clés : un support de communication, un support de formation et un document
reliant ISO 26000 avec les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises
multinationales et avec l’Agenda 2030 de développement durable des Nations Unies.

- Label Afnor : aussi adapté aux petites entreprises


Un expert RSE évalue la situation de l’entreprise à l’aide de référentiels internationaux tels que
l’ISO 26000 ou le SD 21000. Après une étude de l’environnement de l’entreprise, l’analyse des
pratiques et des consultations avec les parties prenantes, l’expert établit un rapport de performance
et un niveau d’évaluation. L’expert prend en compte la capacité à identifier les enjeux RSE propres
à l’entreprise, la stratégie déployée, la mise en œuvre concrète des mesures, le pilotage des résultats,
l’adaptation du management et des RH ainsi que les process de production.
Le référentiel adaptable du Label Engagé RSE lui permet d’être transposable aux TPE et aux
entreprises très spécifiques.

- B Corp : la communauté internationale


Fondée aux États-Unis en 2006, B Corporation regroupe plus de 2500 entreprises du monde entier
souhaitant affirmer leur engagement sociétal comme étant au cœur de leur activité. En intégrant la
communauté B Corp, ces entreprises protègent leur mission tout en nouant des partenariats avec
d’autres leaders engagés et acteurs du développement durable. Cela leur permet également d’être
reconnus des consommateurs éthiques et de faire émerger une voix collective et internationale.

- The UN Global Compact: la charte des Nations Unies


Les entreprises peuvent faire le choix de rejoindre le Global Compact et s’engagent alors à suivre
10 principes relatifs aux Droits Humains, aux normes internationales du travail, à l’environnement
et à la lutte anticorruption. Il s’agit là de la charte la plus reconnue et la plus répandue à
l’international.

49
Les outils intégrés permettant de pratiquer la RSE au quotidien au sein de son organisation :
- Mettre en lumière les coûts cachés
- Bilan des émission de GES
- La notion d’Exponentielle
- l’Effet rebonds
- Les Obsolescences
- Le Tri
-...

Ces méthodes sont englobées dans chaque activité de l’entreprise.


⇒ C’est le risque climat intégré aux matrices décisionnelles.

Comment mettre en application ces théories dans des entreprises qui sont généralement
déconnectées du vivant ?

Agir, atteindre les objectifs, rester vigilant.

3/ Agir pour l’environnement (le climat & le social) dans l’entreprise


A] Se former

B] S’interroger & Utiliser les mots avec Sens - Le cas du numérique

Le Climat et la RSE est l’affaire de tous. ET les ingénieurs sont clés dans ce processus de mutation
du système. C’est donc Votre affaire, il s’agit de présenter des opportunité alternatives à ce qui est le
plus largement pratiqué. Et aussi, des innovations qui intègrent les données liées au risque climat.

L’idée de la RSE est toute simple :


Les entreprises sont responsables de leurs actions. Elles sont donc responsables de leurs actes
vis à vis des humains, de la société, et de son écosystème dans son ensemble (donc de son
environnement).
De la même manière que, en tant que citoyenne, je n’ai pas le droit d’exploiter un enfant dans ma
maison pour faire le ménage et les repas, une entreprise, quelle qu’elle soit, n’a pas non plus ce
droit.
En tant qu’individu, je n’ai pas le droit de déverser mes déchets dehors en pleine rue, ni dans la
forêt, ni dans la rivière. Si je le fais, j’ai au minima une amende.
C’est pareil pour les entreprises, elle n’ont pas le droit de déverser leurs déchets n’importe où.
D’autant que certaines entreprises utilisent des matières qui polluent beaucoup plus qu’un citoyen
moyen !

Oui mais… C’est compliqué !


L’entreprise doit réfléchir avant de produire à toute la chaîne du cycle de vie et de mort d’un
produit et trouver des solutions viables. Sinon, il s’agira de produire autrement (générer des
innovations alternatives) ou bien de renoncer à ce produit.
Quand on n’a pas le choix, le cerveau humain a de grandes capacités d’adaptations !

50
Rappel !
La RSE, regroupe l’ensemble des contributions que peut faire une entreprise en faveur
du développement durable.
L’entreprise doit de mettre en place des actions qui « répondent aux besoins du présent, sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Utiliser les mots avec Sens – Le cas du numérique

Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ? Qu’est ce que ça vous évoque ?
Quelles sont nos marges de manœuvre ?

(a) Quelques chiffres…

Transition numérique : vers une sobriété numérique réfléchie ? – Horizon Transition

La démocratisation d’Internet : c’est il y a un peu plus de 30 ans seulement…


•Il y a 2 fois plus d’appareils utilisant Internet (ordinateurs, smartphones et objets connectés) que
d’Humains sur Terre. Ces appareils fonctionnent avec 800 millions d’équipements réseaux et
60 millions de serveurs hébergés dans des datacenters.
•En 2020, le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES).
•L’empreinte carbone du numérique est évaluée à 15 millions de tonnes équivalent CO2, soit un
7ème continent.
•Repère 5G : En comparaison à un maintien de la 4G, ce réseau 5G entraînera des émissions
annuelles supplémentaires entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes équivalent CO2 d’ici 2030 estime
le Haut Conseil pour le climat.

(b) Remettre du sens dans nos activités


⇒ Remettre du sens dans nos activités & tisser des liens

4 questions simple à se poser :


- Pourquoi je fais ce que je suis en train de faire ?
- Je réponds à quel besoin immédiat ?
- Quels sont les impacts sur les générations futures ?
- Est-ce que je participe à empêcher les futures générations à être en capacité à répondre à
leurs propres besoins ?

C’est notre capacité à coopérer, à s’associer qui sont primordiales dans des contexte
mouvants.

51
(c) Le numérique n’est pas dématérialisé, le digital non plus
Attention aux mots choisis ! Le numérique digitalise, il ne dématérialise rien du tout !
Impacts liés à la digitalisation des process de travail…

• Le numérique est parfaitement matériel !


⇒ Comment est fabriqué un ordinateur ?
En groupe de 6, vous allez réfléchir & identifier le maximum d’éléments de réponse.

Un ordinateur est fabriqué avec 40 métaux différents.


Il faut faire des trous dans la terre, sortir des métaux, les raffiner et utiliser du pétrole pour faire
fonctionner toutes ces industries
⇒ Extraire 800 kg de roches, utiliser 240 kg de combustibles fossiles, 22 kg de produits chimiques
et 1,5 tonnes d’eau juste pour 1 ordinateur.
Il faut aussi produire de l’électricité en Chine, aller à Taiwan et en Corée pour fabriquer l’écran.
Puis, il y a les réseaux télécoms qui sont faits avec des fibres optiques et des fibres en cuivre et
alimentés par des ordinateurs géants, des serveurs, des routeurs etc.
Tout ça est parfaitement matériel !

Réseaux = Infrastructures

52
40 métaux différents ? Focus rapide sur les métaux

A savoir : Pour avoir ces poids finaux, il faut extraire des quantités beaucoup plus importantes de
matières.
+1 milliard de phones fabriqués chaque année environs.
Qui utilisent des ressources qui ont des limites, donc qui sont épuisables, le tout mis en contexte
géopolitique instable.
Anticiper : Si demain il y a un problème d’approvisionnement, qu’est-ce qui se passe ?
Ce risque, existe-t-il ? Quels sont les plans B ?

Avant qu’il n’y ai plus de métaux, le manque d’accès à l’eau va très certainement provoquer de
grave problèmes.

Attention aux recyclages !


Qu’est-ce qu’on peut vraiment récupérer comme métaux après recyclage ?

53
Répartition des impacts environnementaux du numérique :

La même chose, présentée autrement :


En 2019, la hiérarchie des sources d’impacts est la suivante (étude « Empreinte environnementale
du numérique mondial » de GreenIT.fr) :
• Fabrication des équipements utilisateurs (30 à 76 % des impacts)
• Consommation électrique des équipements utilisateurs (1 à 29 % des impacts)
• Consommation électrique du réseau (1 à 21 % des impacts)
• Fabrication des équipements réseau (2 à 16 % des impacts)
• Consommation électrique des centres informatiques (1 à 16 % des impacts)
• Fabrication des équipements hébergés par les centres informatiques
• Fabrication des équipements réseau (1 à 8 % des impacts).

⇒ Il est important de faire un travail d’analyse sur le cycle de vie et de mot des produits et
services.

1er levier d’action pour agir de façon massive sur les émissions, c’est de réduire les fabrications
des objets numériques.
⇒ Va générer des impacts positifs significatifs sur les émissions de GES mais aussi sur les
consommations d’eau, de ressources abiotiques (les minerais, les métaux), de destruction de bio-
diversités.

54
Si demain tout le monde le fait, on peut diminuer jusqu’à 50 % de nos impacts
environnementaux liés au numérique !

Ce sont 2 petites choses faciles à mettre en place :


1/ Les constructeurs introduisent la technologie acquise et disponible pour améliorer largement la
durée de vie de nos objets numériques.
2/ Les consommateurs gardent ou revendent ou troquent ou donnent ou réparent, etc. leurs objets
numériques.
⇒ Ça vous semble faisable ? Pourquoi ?

Le concept « d’esclave énergétique » :


Il a été calculé que le niveau de vie d’un Européen moyen consomme environ 400 esclaves
énergétiques. Ce qui signifie que chacun de nous consomme quotidiennement une quantité
d’énergie équivalente à la force de travail de + ou – 400 personnes en bonne santé.
A une époque, certains ont développé le concept de colonialisme pour faire faire à d’autres certaines
tâches bien choisies…

Personne aujourd’hui ne peut certifier qu’il n’y a pas d’enfant qui travaille dans les mines pour
fabriquer un objet électronique.
Aux Pays-Bas, FairPhone a essayé de remonter la traçabilité des métaux de ses téléphones.
Ils l’ont fait pour les 6 métaux majeurs qui entrent dans la composition d’un téléphone.
Ils sont arrivés à quantifier à 300 entreprises pour ces 6 métaux là. Ça donne une idée des enjeux
liés à la 60aine de métaux qui sont utilisés…
C’est un travail gigantesque à faire !

Les gestes individuels sont importants mais pas suffisants.


La technologie ne suffit pas non plus.
Il s’agit de déclencher un changement radical et profond des systèmes de productions, et plus
largement, du système dans lequel nous évoluons.
Cela doit passer par une réelle implication collective et donc beaucoup en provenance des
changements à opérer dans les organismes (entreprises, les territoires, etc.).

L’ingénieur du XXIème siècle est la cheville ouvrière de la transition écologique et énergétique.


Il ou elle, décideur ou technicien, doit intégrer dans ses analyses et décisions la raréfaction des
ressources disponibles, notamment énergétiques, l’effondrement de la biodiversité, les
changements climatiques à l’œuvre, et autres enjeux physiques, ainsi que les conséquences
sociétales de ces bouleversements.

Pourtant, ça ne s’arrête pas ! De nouveaux besoins sont créés, ça continue : litière connectée,
lumière connectée, maillot de bain connecté, etc.
=> Accompagné de discours marketing associés aux besoins humains naturellement !

(d) Enjeux actuels des entreprises

Voici quelques pistes quant aux questionnements actuels et à venir autour du vaste sujet qu’est le
numérique :
- Comment maximiser les effets positifs globaux offerts par le Numérique ?

55
- Comment aborder la digitalisation en maîtrisant les coûts et les impacts sur la santé et
l’environnement ?
- Quelles sont les pratiques et actions à notre portée permettant de limiter les impacts négatifs
directs et indirects ?
- Quelle est la stratégie IT la plus pertinente dans mon cas ? Comment optimiser la répartition entre
High-Tech et Low-Tech – Quels arbitrages & réflexions ?

Exemple : Hacking – Virus dans les réseaux Lab d’une grande entreprise pour utiliser sa capacité et
créer de l’espace pour faire passer les algorithmes bitcoin (contexte de la blockchain).

⇒ Réfléchir & agir pour la transition numérique


Cela passe par une sobriété numérique.

(e) La Sobriété numérique

C’est passer d’un numérique instinctif voir compulsif à un numérique piloté, qui sait choisir ses
directions : au vu des opportunités, mais également au vu des risques.

Il existe des solutions simples et efficaces pour réduire considérablement notre empreinte
numérique !
Je vous demande de réfléchir, en fonction de vos usages :
Chaque groupe identifie 3 techniques permettant d’utiliser moins d’énergie.

La critique de la 5G ne signifie pas le rejet total mais une réflexion transversale et systémique sur le
sujet.

Nous ne pouvons pas développer une pensée « pour » ou « contre ». Le système est trop complexe
pour une réflexion binaire.
Donc, s’agissant de la 5G, l’objectif est de soulever un certain nombre de risques rarement évoqués.

Pour rappel, apprendre & agir différemment passe par :


- Une pensée contextualisée
- Des regards croisés
- Un dialogue entre disciplines et secteurs.
- Une intégration des risques Climats dans les matrices décisionnelles
- Une responsabilisation des individus et des entreprises quant aux impacts de leurs décisions et
actions
- Une capacité accrue de résolution des problèmes pour pouvoir évaluer les conséquences futures de
nos actions & décisions

⇒ Faire un diagnostique « constats, inconvénients et risques, bénéfices et opportunités »

Constats & actions associés :


- Les diffusions de vidéos constituent l’activité la plus énergivore – environs 80% du trafic en
ligne !
Est-il possible de réduire sa consommation de vidéos ?

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- L’empreinte carbone du numérique augmente de presque 10 % par an (n’intègre pas les
augmentations liées à la 5G).
A quelle fréquence changez-vous de téléphone ?
Est-il possible de décider de prolonger son utilisation d’un même téléphone ? (tous les 4 ans, je
change de téléphone. Je vais en racheter un qui a été reconditionné - au moins 1 fois j’essaie ! Je
fais réparer.
- Ordinateur : Dans mon entreprise, je promeut les aspects positifs du reconditionnement et
réparations des ordinateurs. Je devient facilitateur.
Si le numérique était un pays, il se classerait au quatrième rang des consommateurs
d’électricité.
- J’éteins mon ordinateur tous les soirs. Je ferme mes onglets de recherche. Je ne le laisse pas
charger si pas besoin.
- Réguler les designs de captation de l’attention (autoplay, etc.) et d’exploitation des automatismes
de consommation
- Se connecter avec le réseau filaire à chaque fois que c’est possible !

=> Ces réductions sont à intégrer dans vos réalisations !


=> Ces techniques simples ne sont que trop peu connues, à vous de les partager largement !
=> Dans votre job, vous serez identifié comme une source de résolution de problème !
=> Participation de chacunE pour atteindre les fameux 50 % de réduction des émissions de CO2
d’ici 2030 ou 2050 en fonction des entreprises !

La sobriété numérique consiste à prioriser l’allocation des ressources en fonction des usages,
afin de se conformer aux limites planétaires, tout en préservant les apports sociétaux les plus
précieux des technologies numériques.
Cela nécessite d’interroger la pertinence de nos usages du numérique.

Il me semble très important de :


Constater et prendre conscience de l’importance de l’empreinte environnementale du
numérique,
- Constater et prendre conscience de son augmentation préoccupante
- Comprendre les raisons systémiques qui conduisent à cette situation
- Comprendre la construction et les impacts des usages numériques tels qu’ils existent aujourd’hui
pour s’assurer que le numérique soit pertinent au regard de nos objectifs collectifs et des défis de ce
siècle

Pour les entreprises, ça signifie :


- Redéfinir la stratégie informatique (ICT) en fonction des besoins et en intégrant la contrainte
« émissions de CO2 » et les risques environnementaux inhérents.
- L’évaluation de la pertinence environnementale doit être systématique ;
- Construire un système résilient, c’est être en mesure d’identifier les conditions dans lesquelles il
est pertinent de déployer une solution numérique. Ces conditions, propres à chaque situation,
doivent être déterminées sur la base de bilans prévisionnels environnementaux des projets

57
«SMART» sans se reposer sur leur simple dénomination (Spécifique, Mesurable, Accessible,
Réaliste, Temporel) ;
- Fabriquer un Système d'Information durable : Adapter les méthodes de fabrication des outils
numériques pour intégrer, dès la conception des systèmes et leur fabrication, les principes de
minimisation de l’impact environnemental.

Ces nouvelles exigences alimentent les méthodes agiles utilisées pour la fabrication des solutions
informatiques. Les architectures peuvent être choisies en fonction de leur impact environnemental.
Tous les domaines d’architecture sont concernés :
• Les métiers peuvent tout à fait remettre en question le principe du tout numérique et
sélectionner les offres les plus efficaces sur le plan environnemental, sur le plan de la fabrication
jusqu’à la consommation ; évidemment, parmi celles qui leur apportent une réelle valeur métier.
• Les applications seront économes en ressources sur les serveurs de l’organisation et sur les
terminaux des clients.
• Les données stockées peuvent être gérées de façon rigoureuse et économe, et leur présence
justifiée par des usages et une valeur précise. (exemple. Cas RGPD quant à la durée de conservation
des données personnelles)
• Les solutions techniques seront choisies notamment pour leur réparabilité, leur durabilité,
leur efficacité énergétique et la provenance de leurs composants (ex : économie circulaire).
Cf. Article p85 : La révolution numérique hors de contrôle

58
4/ Comprendre les bases des fonctionnements des organisations
Enjeux, Impacts, Risques et mesures
A] Les modèles organisationnels
B] Co-construire et prendre des décisions : les systèmes de Gouvernance.
C] Favoriser les grandes avancées – Le cas de l’eau douce

A] Les modèles organisationnels

Que connaissez-vous des modèles organisationnels ?

- Les structures hiérarchiques pyramidales encouragent le « chacun pour soi » appelé « le travail en
silo » dans les entreprises.

L’entraide est trop souvent inhibée par les mécanismes de prise de décision et de pouvoirs qui sont
inhérents à ce type de structure.

Il est primordial de construire des ponts entre les divisions ⇒ c’est un « quick win » pour le client.

Ensuite, il y a la partie « définition des objectifs » s’ils ne sont pas partagés d’une manière ou d’une
autre, alors, aucune chance de se rencontrer…

59
- Ces dernières années, de nouveaux modes d’organisation organique et décentralisés ont été
développés.
Dans une convergence étonnante avec les organismes vivants coloniaires (comme les fourmis ou
les champignons), ces organisations s’appuient sur une intelligence à la fois locale et
interconnectée, ce qui constituent 2 facteurs clés de résilience et de coopération.

Notre société passe progressivement d’un « pouvoir sur » à un « pouvoir avec ».

Focus sur l’organisation cellulaire


L’autorité est ici répartie entre l’ensemble des membres de l’organisation qui portent
collectivement la responsabilité de la performance produite. L’autorité est distribuée selon le
principe de la subsidiarité plutôt que celui de la délégation. Le pouvoir de décision est
complètement décentralisé.
La fonction de management est partagée sans qu’il y ait, à proprement parler, de managers sauf si
les membres de l’organisation en décident autrement.
Ils peuvent, par exemple, pour des raisons d’efficacité et/ou d’efficience, affecter à l’un d’entre
eux un rôle managérial plus ou moins éphémère. Celui ou celle qui se trouve ainsi en situation de
management est au service des autres membres de l’organisation et non l’inverse comme dans
l’organisation personnalisée ou managériale.
Aujourd’hui, le modèle cellulaire connaît un essor dans les entreprises digitales en quête
d’agilité. Il est par exemple au cœur de l’Holacratie, modèle de gouvernance très en vogue dans les
start-up.
Holacratie : C'est Brian Robertson, président de Ternary Softwares (entreprise américaine de
logiciels), qui a imaginé ce chamboulement pour obtenir des mécanismes de fonctionnement plus
agiles. Contrairement à un système oligarchique, l'holacratie consiste en un management
horizontal, où chaque partie du tout, dont elle dépend, est autonome et décisionnaire.
Au lieu d'évoluer en pyramide, on évolue en cercles.

B] Co-construire et prendre des décisions : les systèmes de Gouvernance.

(a) Une distribution répartie de l’autorité


Dans l’organisation cellulaire, l’autorité est répartie entre l’ensemble des membres de l’équipe.
Rappelons que la délégation consiste à confier une mission ou une activité à une personne en lui
donnant le pouvoir d’agir, mais en continuant à assumer la responsabilité du résultat final.
La subsidiarité, elle, positionne le pouvoir de décision le plus près possible de l’action. Il s’agit
d’attribuer à chacun des rôles au niveau le mieux à même de l’exercer.
Les deux principes sont ainsi diamétralement opposés : la délégation, au cœur du modèle
pyramidal, est « top-down » ; la subsidiarité est, elle, « bottom-up ».

60
C’est une structure en cercle composée de compétences autonomes non hiérarchisées. Ces
compétences autonomes non hiérarchisées interagissent par l’intermédiaire d’ajustements mutuels
coopératifs.
Au sein d’un cercle, le travail est divisé en rôles (et non en postes ni en tâche).
Chaque rôle est centré sur une responsabilité spécifique, et en même temps, les membres de
l’équipe peuvent en exercer plusieurs. Le brassage qui résulte de cette « polyvalence » garantit le
décloisonnement de l’organisation et prévient les guerres de territoire. Dans une organisation
cellulaire, il n’y a pas une hiérarchie mais plusieurs qui évoluent au gré des circonstances. Les
différents maillages entre les membres de l’équipe permettent l’émergence de combinaisons
éphémères et évolutives en fonction de la modification des exigences de performance. A un instant
donné, une certaine hiérarchie provisoire s’établit entre les membres de l’équipe à travers une
combinaison de rôles pour répondre à un objectif donné. Au cours de la phase suivante, une
autre hiérarchie s’établit à travers une combinaison différente qui permet de répondre à un nouvel
objectif. Au sein de l’organisation cellulaire, on cherche surtout à optimiser le potentiel
combinatoire.
Les rôles ont une durée de vie limitée. Certains sont plus pérennes que d’autres mais ils ont tous
vocation à être plus éphémères que permanents.
Enfin, les membres de l’équipe peuvent proposer de nouveaux rôles pour utiliser et valoriser leurs
compétences. On parle souvent de management par les compétences.

Exemple – Cas concret – chez Nokia


Mis en application sur certains projets de l’organisation cellulaire et de la co-construction.
Un gros souci auquel j’ai été confronté, beaucoup de personnes ne savent pas être autonomes.
Depuis l’école Primaire, on leur a appris à faire ce qu’on leur dit… Alors pas si simple de prendre
des initiatives, d’être responsable et de prendre des décisions…
C’est un apprentissage pour certains, et reformater le cerveau peut prendre du temps...

Cette distribution décentralisée de l’autorité donne à chaque membre de l’équipe une autonomie
reconnue et revendiquée pour agir, résoudre des problèmes et prendre des décisions.
« Travailler ce n’est pas appliquer des processus et des procédures abscons, mais obtenir des
résultats, servir à quelque chose »

Comprendre les nouveaux modèles organisationnels (manager-go.com)


Curiosités stratégiques: ROWE (Partie 1) (curiosites-strat.blogspot.com)
Curiosités stratégiques: ROWE (partie 2) (curiosites-strat.blogspot.com)

(b) S’inspirer du vivant & Apprendre des autres espèces…

La biosphère est une incroyable expérience de 3,8 milliards d’années de résilience et de


résolution de problèmes.
Janine Benyus, fondatrice du biomimétisme moderne défend l’idée suivante : s’inspirer des
« Principes de Vivant » pour améliorer nos « défauts de conception ».

61
Citons 3 principes clés du biomimétisme :

- Le plus évident est la circularité


Dans les écosystème, une forêt par exemple, il n’y a pas de déchets. Ce que rejettent les uns est
utilisé comme ressources par d’autres, et les rares molécules toxiques sont toujours
biodégradable.
Toutes les molécules du vivant se combinent, se démontent et se remontent à travers un flux
constant. Quant aux éléments minéraux non-renouvelables (comme les cailloux), ils retournent en
fin de vie à leur milieu d’origine, sous une forme non modifiée, et à nouveau utilisable par d’autres
êtres vivants.

- Autre principe du biomimétisme : le local


Toute l’énergie du vivant (ou presque) est solaire. Cette énergie solaire est mise a disposition pour
la biosphère par les végétaux (c’est la photosynthèse). Elle est récoltée et consommée localement
par les autres organismes ; et non pas produite de façon centralisée et redistribuée à longue distance,
comme nous le faisons à cause des carburants fossiles ou de l’uranium.

- Le principe de l’entraide
Ce mécanisme est le grand générateur d’innovations de la vie. C’est, par exemple, la symbiose avec
les champignons , au niveau de racines, qui a permit aux plantes de se déployer sur la terre ferme et
de construire nos sols. Cette association donne des leçons d’entraide : en permettant aux arbres
de se connecter entre eux et de s’échanger des nutriments (des plus forts vers les plus faibles),
ces champignons forment un énorme réseau de redistribution très efficaces. C’est d’ailleurs ce
même principe qui est appliqué pour les allocations familiales et la sécurité sociale.

Accepter un espace de jeu délimité par ces principes du vivants –


Y a-t-il d’autres solutions pour vivre en bonne entente avec la biosphère et ainsi pouvoir construire
une économie durable post-pétrolière ?

Comment régénérer les écosystèmes ? Comment réguler la température ? Lisser les pics de
précipitations ?
Demandez aux végétaux, aux champignons et à certains animaux !
Comment construire des habitats ou des vêtements sans métal ni énergies fossiles ?
Demandez au bambou, au chanvre, au lin, à l’ortie, etc.

Exemple de la phyto :
La phyto = Préfixe référant à la plante

Phytoépuration de l’eau :
Au sens large, la phytoépuration, c’est l'épuration par les plantes. Celles-ci peuvent contribuer à
épurer ou dépolluer les trois grands milieux que sont l'air, les sols et l'eau.
Phytoépuration de l’eau est un système de traitement des eaux utilisant des plantes
(généralement plantes macrophytes), des substrats et des micro-organismes au sein d'une zone
humide.

62
(c) Mieux relationner avec l’imprévisible

4ème axe de travail personnel et sociétal : c’est le lien que l’on a avec le monde de l’imprévu.

Il est primordial d’anticiper au mieux les conséquences de nos décisions et de nos actes.
En parallèle, il devient de plus en plus évident, que de nombreux éléments sont imprévisibles de
manière précise.
Notamment en période de « Grande Accélération », on ne sait pas prédire de manière exacte ni ce
qui va arriver ni à quel moment.
Nous ne pouvons pas tout maîtriser dans cet écosystème hyper-complexe.
⇒ Ce n’est pas grave.

Il s’agit d’enrichir la pensée cartésienne avec d’autres concepts.


S’enrichir de nouvelles visions et ainsi donner l’espace suffisant aux concepts alternatifs comme
celui de l’intelligence émotionnelle, celui des sciences sociales et des comportements sociaux,
celui des sciences cognitives.

Exemple : La montée des eaux et les risques encourus.


⇒ Quel est votre rapport avec l’imprévu ?
Contexte :
De nombreuses mégalopoles sont en alerte rouge (New York, Shanghai, Miami, etc.).
La montée des eaux est aujourd’hui une réalité incontestable : des îles disparaissent au
Bangladesh, des maisons s’effondrent dans l’océan au Sénégal, notamment.
À Soulac-sur-Mer, en Gironde, un immeuble construit à 200 mètres de la mer en 1967 n’est
plus qu’à 9 mètres aujourd’hui. Et lorsque l’eau de mer inonde les terres, le sel déposé rend
les champs incultivables. Cette salinisation contamine également les sources d’eau potable
qui deviennent impropres à la consommation.

Quelles sont les options ? Selon vous ?


- Continuer à construire des digues ? Comme dernièrement à Venise ?
- Innover, et Créer des villes flottantes ? Comme aux Pays-Bas, qui sont en train d’essayer
d’exporter cette idée architecturale ? A quels coûts ?
- Changer le système de pensée et revoir le concept d’habitat dans sa globalité pour trouver des
solutions durables & adaptées au problème ? (repenser les villes, repenser les flux liés aux
déplacements quotidiens, etc.)

Exemple – Remettre du sens : Quelles manières ont les être vivants de s’associer ?
Le cas des grands mouvements de populations

Réalité : Pour l’instant, les habitants n’ont aucune autre solution que de migrer.

Si on prend la question des réfugiés et des migrations :


La membrane qu’on va appeler « nation » a peur de la pénurie et angoisse a l’idée de
pouvoir perdre son identité.
Un rapport de la Banque mondiale estime que la montée des eaux et les autres
conséquences du dérèglement climatique vont forcer 140 millions de personnes à
devenir des réfugiés climatiques en 2050.

63
D’autres projections pour 2050 avancent le chiffre de 200 millions de personnes déplacées en
raison de facteurs climatiques (inondations, sécheresses, etc.) et bien plus si on compte les autres
raisons (guerres, épidémies, etc.).

Les gouvernements nomment ce grand phénomène de migration, une « crise » alors que ce qui
arrive depuis au moins 2015 n’est que le début d’un grand mouvement d’adaptation !

L’appareil politique n‘a pas été conçu pour gérer ce genre de phénomène, il lui est très difficile,
voire impossible d’anticiper à long terme…
D’ici 2050, ce sera sûrement à notre tour (France, Belgique, Suisse) de demander l’asile ou d’être
amené à migrer à cause du réchauffement climatique vers la Norvège, la Finlande ou la Russie…

Si on n’évolue pas dans nos systèmes d’accueil de la différence, comment ça va se passer en 2050 ?
« Rien à foutre », je ne serais pas là pour le voir disent certains…
Et vous, vous aurez quel âge dans 30 petites années ? 50 ans ? Et vos enfants si vous en avez ? Votre
âge aujourd’hui…

C’est notre capacité à coopérer, à s’associer qui sont primordiales dans des contexte
mouvants.

C] Favoriser les grandes avancées – Le cas de l’eau douce

Focus sur l’eau douce :


L’eau recouvre 72 % de la surface du globe.
En 2021, l’eau douce ne représente que 1% de ces 72 %.

La pénurie d’eau est la principale menace de l’humanité.


Sans eau, pas de vie.
Water is life / Agua es la vida / Alma ou hayet / Amen tudef …

On estime que dans 10 ans, nos besoins en eau douce dépasserons de 40 % ce que la planète
peut fournir.
Les cours d’eaux sont vitaux dans l’Histoire de notre civilisation.
Par exemple, le Nil, en Égypte : les crues apportent des alluvions (sédiments) bénéfiques aux
cultures.

C’est la production agricole qui marque le début de notre addiction à l’eau. C’est le début d’une
dangereuse dépendance qui nous a rendu vulnérables.

Le manque d’eau peut nous conduire à la famine, à l’agitation sociale et à la guerre.

Par exemple, la Chine est le royaume de l’eau par excellence. Son exploitation est au centre de toute
la civilisation chinoise. Même l’idéogramme signifiant « politique » utilise le signe de l’eau.

Aujourd’hui, le barrage des 3 Gorges est LE monument qui symbolise cette relation à l’eau.
C’est la plus grande centrale hydroélectrique du monde. Elle est capable d’alimenter toute la ville
de Pékin et d’empêcher les inondations en aval. Elle a même un ascenseur à bateaux.

Mais la maîtrise d’un tel volume d’eau a un coût.

64
La construction du réservation, d’une superficie de 1084m², a nécessité le déplacement
d’1,2millions de personnes. Elle s’est aussi faite au prix d’énormes dégâts écologiques. La
réduction de la végétation a provoqué une réduction catastrophique des pluies dans la région.
Quant au poids de l’eau, il a multiplié par 30 le nombre de séismes enregistrés.
Et ce n’est que l’un des 87.000 barrages que compte la Chine.

Les États-Unis ont 84.000 barrages et leur nombre ne cesse d’augmenter.


Aujourd’hui les 2/3 des grands fleuves ne se jettent plus dans la mer.
Cela met en danger les populations piscicoles (=poissons), les zones humides et les estuaires.
A ce rythme, dans 10 ans, on estime que 93% de toute l’eau des fleuves sera retenue par des
barrages.

Ces retenues d’eaux sont devenues tellement importantes dans l’hémisphère nord que leur
poids a modifié l’axe de la Terre et sa vitesse de rotation.

Notre gestion de l’eau transforme la planète.

⇒ A qui appartient l’eau ? Combien de temps en aurons-nous encore ? Et à quel prix ?


Toutes les questions autour de l’accès à l’eau sont fondamentales car vitales !
Faire une analyse du marché de l’eau (choisissez le pays), faire une analyse du réel et répondre aux
questions soulevées ci-dessus.

Par exemple, la culture de la luzerne (genre de plante consommée par les troupeau laitiers) rapporte
1/2milliard de dollars par an rien qu’en Arizona, et de +10milliards de dollars aux États-Unis.
Du moment qu’on est propriétaire de la Terre, on n’a pas besoin de payer l’eau qui est en-
dessous.
Et tant qu’il y en a, personne n’a envi de l’économiser, sous peine de gagner moins.

En fait, nous sommes en trains de créer de nouveaux flux d’eaux.


Par exemple, l’Arabie Saoudite est venue jusqu’aux États-Unis pour puiser dans les réserves
américaines.
Quand les Saoudiens ont commencé les forages dans les années 70, ils ont aussi découverts
d’immenses réserves souterraines (environs 500km3).
Ils ont installés des systèmes d’exploitation de l’eau tellement grandes qu’on pouvait les voir depuis
l’espace.
Dans les années 90, l’Arabie Saoudite était le 6ème plus gros pays exportateur de blé au monde.
Mais ça n’a pas duré. 20 ans plus tard, en 2012, 80 % de ses exploitations étaient desséchées. Le
pays s’est retrouvé à importer autant de blé qu’il en avait exporté.

C’est une pratique tellement courante, que nous sommes en train de créer un nouveau flux d’eau à
l’échelle de la planète.

Quel est le 2ème exportateur mondial de fruits et de légumes après les Etat-Unis ?
⇒ Les Pays-Bas.
En 2020, leurs exportations ont atteints 100milliards de dollars.

De nombreux exploitants engagés dans l’agriculture durable ont réussit à réduire de 90 % leur
dépendances à l’irrigation.
Ce succès tient beaucoup à l’utilisation de serres climatisées.

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Les ingénieurs ont créé le concept d’empreinte eau, qui mesure la quantité d’eau nécessaire
pour subvenir à nos besoins quotidiens.
A l’heure actuelle, 92 % de la consommation d’eau mondiale est liée à l’irrigation des terres
agricoles.

Il faut en moyenne, 200L d’eau pour faire pousser 1 kg de tomate ⇒ empreinte eau de la tomate.
L’empreinte eau des tomates comprend toute l’eau indirecte utilisée pour les produire.
Cette eau indirecte, c’est un peu comme de l’eau virtuelle.
Pourquoi ?
Quant on voit tous les conteneurs sur les bateaux, c’est de l’utilisation en masse d’eau.

66 % de l’eau utilisée par l’Arabie Saoudite est de l’eau importée.


Pour l’Europe, c’est 44 % et pour les US, c’est 20 %.
Autrement dit, il s’agit d’une dépendance mondiale.

Le souci, c’est que les conséquences sont invisibles et intangibles.


Il n’y a pas de masse de déchets rejetés par une surexploitation d’eau contrairement aux énergies
fossiles par exemple ou aux industries.

La mer d’Aral, en Ouzbékistan, était autrefois le 4ème plus grand lac de la planète. Mais les fleuves
qui l’alimentaient ont été détournés pour alimenter les champs de coton notamment, l’industrie du
textile est donc directement en cause ici.
Ces fleuves n’alimentant plus la mer d’Aral, elle s’est donc asséchée.
En seulement 30 ans, la mer d’Aral a été transformée en sorte de désert à cause de la culture et de
l’exportation du coton.
⇒ Industries de l’agriculture et du textile directement en cause

L’épuisement des eaux douces est un problème mondiale qui n’épargne personne et concerne
chacun de nous.
A mon sens, c’est le premier point de non-retour auquel on va être confronté si on n’apprend
pas à gérer notre consommation.

Partout dans le monde, il y a des endroits où l’intelligence humaine a réussi à inverser la tendance et
à privilégier l’écologie.
Toute la question est là : notre intelligence nous permettra-t-elle d’inventer un nouvel avenir de
l’eau ?

A l’instar des Pays-Bas, nous pourrions imaginer de nouvelles façons d’économiser l’eau.

Ni le blé ni le riz ne sont pas cultivables en serre car on en consomme tellement que ça coûterait
beaucoup trop cher.

Il faut reconsidérer l’eau comme une denrée précieuse.


Tout ces problèmes sont gérables. Mais tout ne peut pas être réglé par la technologie.

L’eau a une valeur = la vie.


L’eau c’est quand même le premier élément de la vie !
Il faut repenser l’eau au-delà du robinet.
Dans certains textes sacrés l’eau est bien citée comme en relation directe avec la vie :
Le Coran : Tout ce qui est vivant naît de l’eau.

66
La Bible : Le baptême
Autre exemple selon vous ?

C’est quand la dernière fois que vous avez vu un grand espace d’eau dans son élément naturel ?

⇒ Est-ce parce qu’on a perdu le lien directe avec la nature qu’on a perdu la conscience de ce qui est
important ?

L’évolution des ressources en eau de la planète est en train de façonner un nouvel ordre
mondial.
Inondations ravageuses de plus en plus nombreuses, les incendies, panique sur les marchés
boursiers, etc.
⇒ C’est l’effet domino

Dans 10 ans, si on continue comme ça, on dépassera de 40 % ce que la planète peut fournir.
Donc d’un pur point de vue statistique, beaucoup d’entre nous connaîtrons une situation semblable
à celle de Gaza par exemple.

Dans les pays de l’hémisphère nord, ces phénomènes existent aussi.


Par exemple la Salton See (mer de Salton), en Californie :
La Salton See est un lac salé endoréique.
Endoréisme d’un cours d'eau ou d’un bassin versant est le fait qu'il ne se déverse pas dans une
mer, mais est au contraire clos, retenant ses eaux dans une cuvette fermée. Les pluies ou autres
formes de précipitations qui l'alimentent ne peuvent quitter un bassin endoréique autrement que
par évaporation ou infiltration.

Avant, de l’eau douce se déversait dans la Salton See. Mais les cours d’eau ont été détourné pour
d’autres usages. Aujourd’hui, la seule eau qui se déverse dans la Salton See provient du
ruissellement agricole.
La Salton See est tellement polluée, que toute la zone a été déclarée zone à risque pour la santé.
De plus, comme ce lac n’est plus alimenté, l’eau s‘évapore, la profondeur du lac diminue et la
concentration du sel augmente. Faute de profondeur, les poissons meurent.
De plus, le lac constitue une étape primordiale dans les migrations de près de 400 espèces d'oiseaux.
Privés de poisson, les oiseaux disparaissent aussi des bords du lac.
Avec l'évaporation de l'eau, les phosphates et les pesticides, dus à l'agriculture dans la région, qui
résidaient au fond du lac remontent et contaminent la région.
Selon une étude, le taux de cancers pulmonaires et de maladies respiratoires est quatre fois plus
élevé dans la région du lac que dans le reste des États-Unis.
⇒ C’est l’effet domino

Un peu d’histoire…
Ce lac a été créé par une importante crue du Colorado survenue en 1891. La région fut alors
colonisée et d'importants travaux d'irrigation entrepris. Des travaux débutèrent en 1901 pour
apporter l'eau du Colorado dans la plaine via l'ancien lit de l'Alamo River en creusant l'Alamo
Canal. Mais en 1905 une nouvelle crue du Colorado provoqua une catastrophe : l'eau se déversa par
les canaux d'irrigation pendant plusieurs mois dans la plaine Salton, noyant fermes et habitations :
elle noya ainsi environ 1 000 km2 de désert et créa une mer intérieure.

67
Le besoin qu’à l’humanité de cultiver la terre pour se nourrir pèse très lourd sur les
disponibilités en eau à travers le monde.
Nous avons sur elle un impact colossal.

La quantité d’eau sur la terre ne change pas. Il est impossible d’en enlever ou d’en ajouter.
La question est donc : Mais où va l’eau ?
A votre avis ? Quels sont les phénomènes climatique à l’œuvre ?

Phénomène très particulier se met à l’œuvre : les zones humides deviennent de plus en plus
humides et les zones sèches plus sèches.

- La sécheresse :
Par endroit, ça fait 7 ou 8 ans qu’il n’y a pas eu de pluie.
Imaginez quel combat pour la survie !!

Selon les Nations-Unis, les surfaces concernées par la sécheresse ont plus que doublé ces 40
dernières années.
De tous les aléas dits « naturels », la sécheresse est celle qui touche le plus grand nombre de
personnes.

Mais toute la planète ne manque pas d’eau !

- L’humidité
L’humidité qui a disparu d’une zone touchée par la sécheresse, se retrouve presque toujours
ailleurs.
L’un des effets du réchauffement climatique, c’est que l’atmosphère peut contenir plus
d’humidité.
Et si elle en contient d’avantage, ça veut forcément dire qu’elle va en libérer davantage.

L’eau est toujours en mouvement.


Par exemple, les orages supercellulaires :
Ils peuvent faire 15km de haut, être 25 fois plus volumineux que l’Everest et déverser des milliards
de litres d’eau en quelques heures seulement.
Ils génèrent des grêlons plus gros qu’une balle de tennis, des vents violents, de la foudre et des
tornades.

Dans le Midwest, ces orages sont de 30 % plus fréquents qu’il y a 40 ans !

Et les gros orages produisent 10 % de précipitations de plus qu’il y a 25 ans.

Les orages sont alimentés par la chaleur. C’est la raison pour laquelle le
réchauffement climatique accroît leur puissance brute.
Tout cela à de terribles conséquences.

Par exemple,
Les inondations = phénomène mondial.

Malgré les différences culturelles, quand l’eau rentre chez nous, on partage tous la même
vulnérabilité.

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Le risque de pluies torrentielles et d’inondations catastrophiques est 4 fois plus élevé qu’il y a
40 ans
⇒ Cette donnée doit être intégrée à la liste des risques climatiques et donc être pris en considération
dans les processus de décision.

Les ouragans sont 1,5 fois plus puissants qu’il y a 50 ans et la vitesse maximale de leurs vents a
augmenté de 25 %.

Il y a donc plus d’inondations et de sécheresses à cause de ce qui est nommé le « réchauffement


climatique ».

- L’eau Souterraine

L’agriculture de masse puise l’eau dans les réserves souterraines. Cette source qui est bien cachée
ne connaît ni inondation ni sécheresse.

Avec un tube métallique et un moteur diesel, on peut atteindre ces réserves naturelles d’eau
situées à près d’1km.
Les hommes se sont lancés dans le pompage industriel de l’eau il y a une 100aine d’années.
Presque la moitié de l’eau utilisée en agriculture provient du sous-sol.
Elle participe à environ 20 % à l’approvisionnement mondial en nourriture.

Les eaux souterraines ont mit des milliers d’années à s’accumuler et on les utilise beaucoup
trop rapidement ⇒ Pas le temps de se régénérer.
C’est la définition même de la non-durabilité.

Et on est en train d’en pomper de plus en plus.


Aujourd’hui, on creuse de puits qui vont à 150 / 180 m.
C’est la surexploitation des aquifères.

69
Le modèle de l’agriculture industrielle qui est encore enseigner dans de trop nombreuses écoles doit
être revu, revisité, imaginé différemment.

Les parcs d’engraissements, consommation de viande, sont donc également un enjeux majeur.
⇒ C’est l’élevage intensif ou industrialisé
Certains de ces agriculteurs sont obligés de cesser leur activité car il n’y a plus d’eau sur leur
terrain.
L'une des conséquences de l'élevage intensif est la pollution de l'eau due notamment à une
production de fumier excessive qu'il est impossible d'épandre sans polluer les terres, l'eau de
surface et les nappes phréatiques. Ainsi les Pays-Bas, qui a la plus forte intensité de production de
bétail au monde produit 15 millions de tonnes de fumier qui ne peut être épandu en toute sécurité.
L'élevage intensif utilise également des quantités considérables de céréales et de soja riche en
protéines pour répondre aux besoins en aliments des animaux. Les cultures de céréales reçoivent
d'importantes quantités de pesticides et d'engrais riches en azote et en phosphore pour stimuler

70
leur croissance, mais une grande partie de ces produits se retrouve dans les sols et les nappes
phréatiques.
D'après la FAO (organisation pour l’alimentation et l’agriculture, agence spécialisée des Nations
Unies qui mène les efforts internationaux vers l’élimination de la faim), en 2006, l'élevage bovin
américain était responsable d'environ un tiers de l'azote et du phosphore qui se répandaient dans les
eaux douces du pays.
L'élevage intensif favorise l'émergence des grippes aviaires et porcine, qui sévissent régulièrement.
Parmi les maladies qui ont frappé l'humanité depuis la fin du XXe siècle, plusieurs proviennent des
élevages : la maladie de Creutzfeldt-Jakob liée à la consommation de viande bovine (« vache
folle », 1986), le virus Nipah originellement transmis par les chauves-souris et démultiplié par les
élevages de porcs (1998), les multiples épisodes de grippe d’origine aviaire (H5N1, 1997 et
2004 ; H7N9, 2016), ou encore la grippe d’origine porcine (H1N1, 2009).
⇒ Conséquences directes de l’élevage intensif :
- Pollution des sols
- Pollution des eaux
- Maladies
- Transformation des flux d’eaux

CONCLUSION - L’effet domino

Il y en a 37 grandes nappes aquifères sur la planète.


La moitié de ces nappes ont franchis le point de bascule et ne sont plus viables.

Les sécheresses pèsent sur les politiques internationales.

Exemple de la Syrie
En 2006, en Syrie, il y a une énorme sécheresse.
Les agriculteurs puisent donc davantage dans la nappe aquifère.
Le pentagone a été alerté par certains scientifiques. Mais l’information aurait eu du mal à passer...
En parallèle, l’approvisionnement en diesel a été coupé donc plus possible de pomper l’eau.
Rien à boire et pas de nourriture à cause de la sécheresse.
85 % du bétail est mort.
Ensuite, il y a eu des manifestations, puis la guerre.
Des centaines de familles se sont déplacées.

Russie, Chine, printemps arabe… Tout est lié

C’est un phénomène mondial.


Enjeux Climat : Manque de pluie, les cultures poussent moins, donc je puise dans les sols.

Les interconnections sont partout avec la mondialisation.

71
Glossaire :

Agence européenne pour l'environnement (AEE) : agence de l'Union européenne vouée à la


préservation et à la surveillance de l'environnement européen. Elle est en activité depuis 1994.
L'agence collecte et rend disponibles les informations environnementales en provenance du
rapportage des États membres pour le territoire européen. Elle publie notamment, tous les cinq ans,
un rapport exhaustif sur l’état de l’environnement en Europe et les perspectives en la matière. Le
sixième et dernier en date de ces rapports, publié en 2020, est intitulé L’environnement en Europe
— État et perspectives 2020 (SOER 2020). Il a paru au moment d'une Communication sur le pacte
vert pour l’Europe présentant un plan d'action de cinq ans pour l'Union européenne2.

Alluvion : (du latin alluvio (ad- et luere), « inondation ») dépôt de débris (sédiments), tels du sable,
de la vase, de l'argile, des galets, du limon et des graviers, transportés par de l'eau courante. Les
alluvions peuvent se déposer dans le lit du cours d'eau ou s'accumuler au point de rupture de pente.
La quantité d'alluvions transportée par un cours d'eau dépend principalement de sa vitesse, du type
de sol et de son importance. On distingue les alluvions fluviatiles (qui sont déposées par un fleuve
ou une rivière), les alluvions fluvioglaciaires (déposées par l'eau de fonte d'un glacier) et les
alluvions fluviomarines (qui s'accumulent dans les estuaires).

Anthropocène : signifie « l'Ère de l'humain ». Ère géologique actuelle, qui caractérise l'ensemble
des événements géologiques qui se sont produits depuis que les activités humaines ont une
incidence globale significative sur l'écosystème terrestre.
Cette ère aurait débuté à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle, et succéde ainsi à
l'Holocène.
L'Anthropocène caractérise la période durant laquelle l'influence de l'être humain sur la biosphère a
atteint un tel niveau qu'elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer
la lithosphère (enveloppe rigide de la surface de la Terre qui comprend la croûte terrestre et une
partie du manteau supérieur). La période la plus récente de l'anthropocène est appelée la « grande
accélération », car de nombreux indicateurs y présentent des courbes de type exponentiel.

Aquifère : couche souterraine de roches poreuses et perméables à l'eau, de roches fracturées ou de


matériaux non consolidés (gravier, sable ou limon) à partir desquels les aux souterraines peuvent
être extraites à l'aide d'un puits d'eau. La nappe aquifère en est le réservoir de stockage.

Biodiversité : La biodiversité désigne la variété des formes de vie sur la Terre. Ce terme est
composé du préfixe bio (du grec βίος « vie ») et du mot « diversité ». Elle s'apprécie en considérant
la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes dans l'espace et dans le temps, ainsi que les
interactions au sein de ces niveaux d'organisation et entre eux. Lorsque la science cherche à évaluer
la biodiversité d'un lieu particulier, les différents éléments des listes d'espèces, écosystèmes ou
gènes sont pondérés en fonction de leur rareté.
Note. D’après l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques,
organisation internationale d'études économiques), il s’agit de l’application de la science et de la
technologie à des organismes vivants, de même qu’à ses composantes, produits et modélisations,
pour modifier les matériaux vivants ou non-vivants aux fins de la production de connaissances, de
bien et de services.

CO2 – dioxyde de carbone (aussi appelé gaz carbonique) : composé inorganique dont la formule
chimique est CO₂, la molécule ayant une structure linéaire de la forme O=C=O. Il se présente, sous

72
les conditions normales de température et de pression, comme un gaz incolore, inodore, à la saveur
piquante.

Coût caché : On peut définir les coûts cachés comme étant des coûts qui n'apparaissent pas dans le
système comptable. Ils peuvent soit être fondus dans le coût des produits et des activités ou bien ils
peuvent être assimilés à des coûts d'opportunité qui ne sont donc pas comptabilisés. Un coût caché
est donc un coût qui n'a pas d'existence dans le système d'information de l'entreprise. Ainsi, on ne le
trouvera ni au sein des écritures comptables de l'entreprise, ni dans les tableaux de bord.
Pour autant, ils existent bien ! Par exemple, le « surtemps », la « surconsommation », les
« sursalaires », le coût RH (turn-over), écart de productivité directe et les « actes de régulation »
sont fréquemment des coût sous-évalués ou ignorés.

Développement Durable : Notion devenue célèbre grâce à un rapport de l’ONU de 1987 dit
« Rapport Bruntland », il vise à défendre une double solidarité : solidarité entre les habitants et
sociétés de la planète aujourd’hui ainsi qu’à l’égard des générations futures. Il implique donc de
subordonner la croissance économique aux impératifs d’une équité sociale et d’une préservation du
patrimoine naturel et culturel de l’humanité. En 2012, la Conférence de Rio, dite Rio+20, a établi
une liste de 17 objectifs de développement durable (ODD).
Les Objectifs de développement durable – Développement durable (un.org)

Désobéissance civile : Il s’agit du refus volontaire et manifeste d’appliquer et de se conformer à


une règle. A travers une action non violente, collective et publique, des personnes refusent d’obéir à
des obligations légales ou réglementaires en raison de leur conviction que l’obligation en question
porte atteinte à un principe supérieur. Cette désobéissance, sanctionnée, permet de remettre en cause
la légitimité d’une obligation auprès d’une instance de justice. La désobéissance civile (ou civique)
ne rejette pas le politique. Il appelle a un renforcement des droits et libertés pour tous les citoyens
dans le cadre démocratique.

Ecosystème : ensemble formé par une communauté d'êtres vivants en interaction (biocénose) avec
son environnement (biotope). Les composants de l'écosystème développent un dense réseau de
dépendances, d'échanges d'énergie, d'information et de matière permettant le maintien et le
développement de la vie.

Effet de serre : Réchauffement dû à la présence dans l’atmosphère de composés (gaz, nuages,


certains aérosols capables d’absorber une partie du rayonnement tellurique émis par le sol. Ce
rayonnement est partiellement réémis dans l’infrarouge vers la surface du globe, où il est absorbé.
Ce processus augmente ainsi l’énergie disponible sur la surface terrestre, il a donc pour effet de la
réchauffer.

Élevage intensif : forme d'élevage industrialisé qui vise à augmenter fortement le rendement de
cette activité, notamment en augmentant la densité d'animaux sur l'exploitation ou en
s'affranchissant plus ou moins fortement du milieu environnant (confinement). Cette méthode
d'élevage industriel est apparue à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ce système d'élevage se caractérise par l'utilisation de surfaces réduites, avec une densité élevée de
population, les animaux pouvant être logés dans des bâtiments fermés. Les exploitations d'élevage
intensif sont également marquées par une faible surface de culture dédiée à l'alimentation des
animaux, entraînant la diminution significative de l'autosuffisance de l'éleveur pour l'alimentation
de ses animaux.

73
Empreinte écologique : vise à estimer le niveau de ressources écologiquess nécessaires pour
subvenir aux besoins d’une population et absorber ou éliminer les déchats qu’elle produit. Cet
indicateur est généralement mesuré en surface. En 1999, la demande mondiale dépassait la capacité
de la planète de 20 % et l’écart continue de s’accroître.

Endoréisme d’un cours d'eau ou d’un bassin versant : est le fait qu'il ne se déverse pas dans une
mer, mais est au contraire clos, retenant ses eaux (superficielles ou non) dans une cuvette fermée.
Les pluies ou autres formes de précipitations qui l'alimentent ne peuvent quitter un bassin
endoréique autrement que par évaporation ou infiltration.

Énergie : vient du grec ancien enérgeia. Ce terme grec originel signifie « force en action ».
L’énergie comptabilise la quantité de transformation de la matière ET la nature de cette
transformation. L’énergie peut être chimique, comme dans le cas d’un carburant. Elle peut être
mécanique comme dans le cas d’une masse pesante. Elle peut être électrochimique, dans le cas
d’une batterie électrique. L’énergie ne se créé pas, ne se produit pas, ne se perd pas. L’énergie se
conserve et se transforme. Par exemple, l’essence est un liquide composé de molécules à chaînes
carbonées qui constituent un édifice qui contient une certaine quantité d’énergie potentielle
chimique.

Énergie fossile : énergie issue de la méthanisation de plantes et d’êtres vivants morts et enfouis
dans le sol depuis plusieurs millions d’années.
La dénomination énergie non-renouvelable est un exemple d’« énergie fossile ». En effet, le
processus de décomposition en charbon ou en pétrole n’entre pas dans un cycle de régénération
mais constitue un aboutissement, ce qui explique leur accumulation sous forme d’un stock
souterrain. L’extension du terme fossile est parfois aussi attribuée à l’énergie nucléaire en ce que
l’uranium présent dans les mines résulte aussi de l’aboutissement de processus nucléaires au cours
des temps géologiques.

Énergie hydroélectrique, ou hydroélectricité, est une énergie électrique dite « renouvelable » qui
est issue de la conversion de l'énergie hydraulique en électricité. L'énergie cinétique du courant
d'eau, naturel ou généré par la différence de niveau, est transformée en énergie mécanique par
une turbine hydraulique, puis en énergie électrique par une génératrice électrique synchrone.
Elle a toutefois des impacts sociaux et environnementaux, particulièrement dans le cas
des barrages implantés dans les régions non montagneuses : déplacements de population,
éventuellement inondations de terres arables, fragmentation et modifications
des écosystèmes aquatique et terrestre, blocage des alluvions, etc..

Énergie primaire : forme d’énergie disponible dans la nature avant toute transformation. Si elle
n’est pas utilisable directement, elle doit être transformée en une source d’énergie secondaire pour
être utilisable et transportable facilement. Dans l'industrie de l'énergie, on distingue la production
d'énergie primaire, de son stockage et son transport sous la forme de vecteurs d'énergie et de
la consommation d'énergie finale.

Environnement : Ensemble des condition biotiques (en rapport avec le vivant) et abiotiques dans
un lieu donné.

GES – Gaz à Effet de Serre : composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis
par la surface terrestre et contribuent ainsi à l'effet de serre. L'augmentation de leur concentration
dans l'atmosphère terrestre est l'un des facteurs à l'origine du réchauffement climatique. Un gaz ne

74
peut absorber les rayonnements infrarouges qu'à partir de trois atomes par molécule, ou à partir de
deux si ce sont deux atomes différents.

Holacratie (ou holocratie): Contrairement à un système oligarchique, l'holacratie consiste en un


management horizontal, où chaque partie du tout, dont elle dépend, est autonome et décisionnaire.

Hydraulique (du Grec: ὑδραυλικός (hydraulikos) de la racine ὕδωρ (hydor, grec pour l'eau) et
αὐλός (aulos, c'est-à-dire tuyau) : Technologie et science appliquée ayant pour objet d'étude les
propriétés mécaniques des liquides et des fluides. La mécanique des fluides est une science
fondamentale qui constitue la base théorique de l'hydraulique. L'ingénierie a recours à l'hydraulique
pour la génération, le contrôle et la transmission de puissance par l'utilisation de liquides sous
pression. Les sujets d'étude de l'hydraulique couvrent des questions scientifiques et des
problématiques d'ingénierie. L’ingénierie hydraulique s’intéresse aux concepts de débit dans
des tuyaux, à la conception de barrages, à la microfluidique et aux pompes. Les principes de
l'hydraulique sont utilisés également en biologie dans le corps humain par exemple le système
cardiovasculaire.
L'hydraulique à surface libre est la branche de l'hydraulique étudiant les débits des écoulement à
surface libres, comme les rivières, les canaux, les lacs, les estuaires et les mers.

Obsolescence technique : consiste à empêcher ou limiter la réparation de certains objets pour


pousser à un nouvel achat.

OCDE - Organisation de Coopération et de Développement Economiques est une organisation


internationale d'études économiques, dont les pays membres — des pays développés pour la plupart
— ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché. Elle
joue essentiellement un rôle d'assemblée consultative.

Résilience : La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté
par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre
dans le malheur et à se reconstruire en prenant en intégrant le changement et le traumatisme dans sa
nouvelle construction. La résilience serait rendue possible grâce à la structuration précoce de la
personnalité, par des expériences constructives de l'enfance (avant la confrontation avec des faits
potentiellement traumatisants) et parfois par la réflexion, ou la parole, plus rarement par
l'encadrement médical d'une thérapie.
Aptitude d'un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances
traumatiques.
Capacité d'un écosystème, d'un biotope ou d'un groupe d'individus (population, espèce) à se rétablir
(différent de reprendre comme avant!) après une perturbation extérieure (incendie, tempête,
défrichement, etc.).

RSE : Responsabilité Sociale et Environnementale de l’Entreprise


Ce terme est largement usité depuis une 20aine d’années pour manifester l’engagement des
entreprises vis à vis de ses salariés (c’est la responsabilité sociale au sens strict) et vis-à-vis de son
environnement naturel et humain (responsabilité sociétale).
C’est aussi une transposition de la définition du Développement Durable dans le management des
entreprises.
C’est donc la prise en compte des effets de l’activité de l’entreprise sur son environnement naturel
et social.
Pour la Commission Européenne, c’est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations
sociales et environnementales dans leurs activités commerciales et dans leurs relations avec les

75
parties-prenantes (parties-prenantes internes (dirigeants, salariés et actionnaires) et externes
(fournisseurs, clients, collectivités territoriales et ONG).

Service écosystémique : Les écosystèmes procurent de nombreux services dits services


écologiques ou services écosystémiques. Certains étant vitaux pour de nombreuses espèces ou
groupes d'espèces (comme la pollinisation), ils sont généralement classés comme bien
commun et/ou bien public.

Sobriété numérique : c’est passer d’un numérique instinctif voire compulsif à un numérique
piloté, qui sait choisir ses directions : au vu des opportunités, mais également au vu des risques.

Zoonoses : maladies et infections. Le terme couvre également les infestations parasitaires dont les
agents se transmettent naturellement des animaux à l'être humain, et vice-versa.
Historiquement, la transmission d'agents infectieux de l'animal vers l'homme a connu une première
grande vague lors de la sédentarisation d'une partie de l'espèce humaine et de la domestication des
animaux qui s'en est suivie. Une seconde vague est observée dans la période contemporaine, en
raison de plusieurs évolutions récentes intervenues sur la Planète : intensification de l'élevage en
zone périurbaine favorisant l’émission massive d’agents pathogènes6, l’apparition de variants et de
souches antibiorésistantes ; augmentation de la population et des besoins alimentaires, notamment
en protéines animales, avec un fort développement des marchés d'animaux vivants ; mondialisation
des échanges humains et animaux ; empiétement des activités humaines sur les environnements
naturels ; changements climatiques.

76
Bibliographie

Livres & rapports :


- Corinne Gendron et Bernard Girard – Repenser la responsabilité sociale de l’entreprise
- Manuel de la Grande Transition – Former pour transformer, Collectif FORTES
- Janine Benyus – Biomimétisme. Quand la nature inspire des innovations durables.

- L’environnement en Europe — État et perspectives 2020 (SOER 2020)


- Communication sur le pacte vert pour l’Europe - AEE

- Rapport conjoint du Ministère de la Transition écologique et solidaire & du Ministère de la justice


en 2019 (« Mission d’évaluation des relations entre justice et environnement »)
- L’environnement en Europe — État et perspectives 2020 (SOER 2020)
- « Miser – vraiment – sur la transition écologique », Alain Grandjean et Hélène Le Teno

Films et documentaires :
- A Road Not Taken - The Story of the Jimmy Carter White House Solar Installation (Christina
Hemauer and Roman Keller)
- La Fabrique de l’Ignorance
- L’homme a mangé la Terre

Sites Web :
www.un.org : Les Objectifs de développement durable – Développement durable (un.org)
www.fr.statista.com : • Graphique: Les plus gros émetteurs de CO2 au monde | Statista
Comission Européenne - Energy, Climate change, Environment : EDGAR - The Emissions
Database for Global Atmospheric Research (europa.eu)
www.iso.org : Découvrir ISO 26000 - Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale :
www.lefigaro.fr : Les 10 gestes efficaces pour réduire sa consommation d'énergie (lefigaro.fr)
Sans filtre - #SansFiltre (les150.fr)
Climat : huit propositions de la Convention citoyenne écartées par le gouvernement (malgré la
promesse d'Emmanuel Macron) (francetvinfo.fr)

Comprendre les nouveaux modèles organisationnels (manager-go.com)


Curiosités stratégiques: ROWE (Partie 1) (curiosites-strat.blogspot.com)
Curiosités stratégiques: ROWE (partie 2) (curiosites-strat.blogspot.com)

www.horizontransition.com : Horizon Transition – Pour Agir Différemment, Ensemble

77
www.francetvinfo.fr : Ecocide : comment l'"agent orange" utilisé pendant la guerre du Vietnam a
donné naissance à un concept juridique qui fait débat depuis un demi-siècle (francetvinfo.fr)
Pour un réveil écologique (pour-un-reveil-ecologique.org)
Enseignement - The Shift Project

Shift Project : Notre ambition - The Shift Project, think tank de la transition carbone
Former l’ingénieur du XXIème siècle - The Shift Project

Quantifier l'impact GES d'une action de réduction - Découvrir la méthode - ADEME Formation
(Formation ADEME gratuite et en ligne – Durée 2h30)

SASB Materiality Map


Bilan énergétique de la France en 2019 - Données provisoires | Données et études statistiques
(developpement-durable.gouv.fr)
bilan-energie-2018-donnees-definitives-decembre2019.xls (live.com)
Bilans énergétiques - Energie - Eurostat (europa.eu)

ISO - ISO 14064-1:2018 - Gaz à effet de serre — Partie 1: Spécifications et lignes directrices, au
niveau des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions et des suppressions des
gaz à effet de serre

Microsoft Word - Fiche_TNIC_VF (ademe.fr) (Exemple d’un bilan des émissions de GES pour le
secteur Technologies du Numérique)

Green IT - GreenIT.fr - la communauté des acteurs de la sobriété numérique et du numérique


responsable (Green IT, low-tech numérique, écoconception web et de service numérique, etc.)
Usbek & Rica - Comment parvenir à un numérique vert ? (usbeketrica.com)

78
Si vous n’avez pas Internet, utile !

La majorité des articles références cités dans le cours sont « copier-coller » ci dessous.

Le climat doit-il vraiment faire partie de la RSE ? | Les Echos


Le climat doit-il vraiment faire partie de la RSE ? – Jean-Marc Jancovici
Tribune parue dans Les Echos du 15 septembre 2020

« Développement durable » ou « responsabilité sociale et environnementale », ou RSE, ont, depuis


quelques temps désormais, fait leur apparition dans nombre d’entreprises et d’administrations, pour
désigner des objectifs non monétaires dont une organisation estime néanmoins devoir se
préoccuper, un peu ou beaucoup.
Cette catégorie regroupe en pratique une foule de sujets : la biodiversité, le traitement des minorités,
l’égalité hommes-femmes, les initiatives de solidarité, le sport, l’art et la culture, l’aide
internationale, et divers objectifs environnementaux, allant des déchets… à la question du climat.
Question : ce dernier est-il à sa place dans ce grand ensemble ? Imaginons que nous soyons dans la
station spatiale internationale. Une fuite vient de survenir, l’air intérieur va s’échapper dans
l’espace, et les astronautes vont mourir. Est-ce que cela va changer leur destin si par ailleurs ils sont
correctement syndiqués, respectent l’égalité hommes-femmes, ne jettent pas leurs papiers par terre
et ont donné à une œuvre charitable ?
Le sens de cette petite litote, on l’aura compris, c’est que quand un paramètre conditionne notre
survie, il n’est pas fongible. Faillir sur le climat relève de la note éliminatoire. On ne peut pas faire
l’impasse dessus en pensant que l’on se rattrapera sur d’autres critères, souvent bien plus faciles à
optimiser du reste.
Le jour où le climat deviendra un sujet vraiment sérieux, un des marqueurs sera donc qu’il sortira de
la RSE, et cela n’est pas faire insulte aux personnes qui s’en occupent actuellement. Sa place est
dans une direction faisant partie du comité exécutif, c’est à dire là où l’on parle ventes, stratégie,
RH, finances, ou encore du digital. Sans climat assurant la vie, il n’y aura de toutes façons plus de
digital ni de ventes…
La décarbonation doit disposer d’un budget conséquent (de l’ordre de 5% du budget IT), pour a
minima former tous les cadres aux enjeux (il faut de l’ordre de 20 heures), faute de quoi le
greenwashing est assuré par manque de compréhension des ordres de grandeur, et déployer une
comptabilité carbone aussi granulaire que la comptabilité économique, faute de quoi la perte de
temps est assurée par allocation des ressources au mauvais endroit.
Autant changer la réglementation n’est pas du ressort des entreprises, autant changer leur
organisation l’est. Pourquoi quasiment aucune n’a fait ce qui est évoqué ci-dessus, même les très
volontaires dans les discours ?

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Les 10 gestes efficaces pour réduire sa consommation d'énergie (lefigaro.fr)

Les 10 gestes efficaces pour réduire sa consommation d'énergie


Par Mathilde Golla
Publié le 16/12/2020 à 06:00, mis à jour le 17/12/2020 à 09:28

La crise sanitaire met le réseau d'électricité français à rude épreuve AFP


- Alors que la crise sanitaire soumet le réseau d'électricité français à rude

épreuve, tous les acteurs ont intérêt à ce que les Français diminuent leur
consommation. Pourquoi et comment y parvenir ?

La demande d’électricité dans le monde devrait augmenter en 2021, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Aussi l’État, tout comme les fournisseurs d’énergie, incitent-ils les Français à réduire leur consommation.

Pourquoi réduire la consommation d’énergie des particuliers ?

Le Réseau de transport d’électricité (RTE) appelle chacun à adopter des gestes d’économies d’énergie pour éviter des
coupures. Même s’il assure disposer de suffisamment de leviers, le réseau est aujourd’hui en tension car, en plus de

la fermeture de la centrale de Fessenheim, de multiples opérations de maintenance des réacteurs nucléaires ont
été suspendues ou reportées lors du premier confinement. Résultat, l’organisation du réseau électrique est bousculée et
la puissance nucléaire disponible cet hiver s’en trouve diminuée. Or en France le nucléaire est la première source de
production et de consommation d'électricité. RTE prévient qu’en février, et particulièrement à la fin du mois, les tensions
seront les plus fortes car de nouveaux arrêts de réacteurs sont prévus. La météo aura un impact décisif, mais également
la demande des Français.
Ainsi, pour réduire la consommation et éviter le black-out, cette année, le gouvernement a confié le pilotage du service
d’effacement à des fournisseurs d’énergie. L’effacement consiste «pour un opérateur à demander à des consommateurs
de diminuer leur consommation pendant un temps donné contre une rémunération», explique une porte-parole de RTE.
Les fournisseurs d’énergie ont donc un intérêt financier à modérer la consommation de leurs clients.

Les particuliers ont eux aussi intérêt à réduire leur consommation pour baisser leur facture d’énergie. Celle-ci s’élève à
1552 euros par an en moyenne et représente 9% du budget des ménages, selon les derniers chiffres du ministère de la
Transition écologique. Mais avec les deux confinements, ce poste de dépenses contraintes a tendance à augmenter
pour les particuliers. Les Français passent en effet plus de temps chez eux : ils chauffent leur logement toute la journée,
utilisent plus leurs écrans, cuisinent davantage...

Outre un avantage financier, réduire sa consommation d’énergie est aussi un moyen de lutter contre le réchauffement
climatique depuis son foyer. De fait, le logement est le premier consommateur d’énergie en France : il émet 19% des gaz
à effet de serre, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Il représente ainsi l’un des plus gros potentiels de
réduction des émissions. L’Agence de la Transition écologique estime que pour atteindre les objectifs fixés par les
politiques publiques à l’horizon 2050, les Français devront consommer deux fois moins d’énergie, tout en continuant à
vivre confortablement dans leur logement. «La transition énergétique et écologique voulue par tous n’est atteignable que
si chacun se mobilise, à tous les niveaux», indique ainsi l’Agence dans son étude intitulée «Transition écologique et
énergétique, quels modes de vie en 2030-2050 ?»

L’État s’est en effet engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce qui revient à diviser par six les
émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le gouvernement

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a mis en place une Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Parmi les mesures préconisées, la baisse des
consommations énergétiques des Français figure en bonne place. De fait, l’énergie la plus propre est celle qui n’est pas
consommée ! À l’inverse, plus la consommation d’énergie nationale est forte, plus les sources d’énergie les plus
carbonées sont sollicitées. En effet, l’électricité ne se stocke pas à grande échelle, un parc électrique donné est donc
plus ou moins sollicité en fonction de la demande. Ainsi, pour répondre à la demande d’énergie en France, le réseau de
distribution français sollicite en priorité les énergies renouvelables - dont la production serait perdue si elle n’était pas
consommée - puis les centrales nucléaires - aux coûts marginaux faibles - puis viennent les centrales thermiques (à
charbon, à gaz, voire au fioul). Ces dernières produisent ainsi de l’électricité lors des pics de consommation, mais sont
plus polluantes et coûtent plus cher. C'est pourquoi lors de ces pics de la demande, RTE privilégie une réduction de la
consommation par les usagers. Mais comment y parvenir ?

Les gestes efficaces pour baisser sa consommation d’électricité

• Baisser la température

Baisser la température de son logement est le geste le plus efficace pour réduire sa consommation puisqu'il représente
plus des deux tiers de la consommation d'énergie d'un ménage, selon l'Ademe. Or les habitudes ne vont pas vers une
plus grande sobriété énergétique en la matière puisque nous chauffons de plus en plus nos logements : en 25 ans, la
température des foyers en hiver a augmenté de 2°C.

Pourtant, faire passer le chauffage de 20°C à 19°C permettrait de réduire de 7% la consommation d'énergie.

• Changer ses ampoules pour des basses consommation

L’éclairage, c’est 12% de notre consommation électrique. Grâce à la disparition progressive des ampoules à
incandescence, les consommations énergétiques de ce poste devraient diminuer.

• Éteindre les lumières allumées inutilement


«Si tous les ménages français éteignaient une ampoule, cela permettrait d'économiser la consommation d'une ville
comme Toulouse», rappelle RTE, le gestionnaire des réseaux.
• Éteindre ses appareils en veille

Les recommandations sont celles d'installer une multiprise à interrupteur pour éteindre les appareils en veille inutilement.
Selon l'Ademe, entre 300 et 500 kWh par an et par foyer sont consommés inutilement et sont la conséquence de la mise
en veille des différents appareils présents dans le logement. Cela a pour effet d'augmenter la facture d'électricité
annuelle de 10%.

• Réduire le nombre d'équipements électroménagers


La consommation de nos équipements électroménagers explose. On observe une hausse de 75% depuis 1990. Même
si les appareils sont plus efficaces, «nous en possédons de plus en plus, et de plus en plus puissants, sans toujours en
faire un usage économe. Par exemple, un téléviseur deux fois plus grand consomme quatre fois plus d'électricité»,
souligne l'Agence pour la Transition écologique.
• Couvrir les casseroles pendant la cuisson

Ce geste simple permet de consommer 4 fois moins d'électricité ou de gaz.

• Dégivrer son frigidaire

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L'objectif est ainsi de soulager les appareils et de réduire leur consommation d'électricité.

• Purger les radiateurs avant l'hiver

Purger un radiateur vise à éliminer l'air accumulé dans l'installation. Ainsi, l'eau circule mieux à l'intérieur des tuyaux et
des radiateurs, la chaleur est mieux diffusée et les pièces sont plus vite chauffées. Les températures idéales sont
atteintes plus rapidement et la consommation d'énergie s'en trouve réduite.

• Laver son linge à 30°C

Cette action permet tout à la fois d'économiser de l'énergie et de préserver son linge.

• Régler le chauffe-eau sur 60°C

En réglant la température du ballon à eau ou de votre chauffe-eau sur 60° est un moyen de limiter la consommation
d'énergie et d'eau. Les spécialistes attestent que 60°C suffisent pour répondre aux besoins pour peu que le chauffe-eau
ne soit pas trop éloigné des salles d'eau.

L’État, l’Ademe, RTE ainsi que les fournisseurs d’énergie déploient différentes stratégies pour encourager les Français à

mettre en place ces comportements moins énergivores. RTE a étendu son dispositif appelé « Ecowatt» à toute la
France (il était initialement présent seulement en Bretagne et en région Sud). Ce site internet permet de connaître la
situation du réseau dans sa région et d’avoir des conseils pour optimiser sa consommation électrique.
Les collectivités s’engagent également via notamment la mise en place de «familles à énergie positive» via des défis
collectifs pour s'encourager à réduire sa consommation d'énergie. Le Centre permanent d'initiatives pour
l'environnement (CPIE) de Brenne-Berry a ainsi récemment lancé le Défi Energie.
Les fournisseurs se mobilisent également. Total Direct Energie déploie une campagne de communication pour inciter ses
clients à moins consommer les jours de forte tension via l’envoi de SMS la veille des jours de pic de consommation. La
filiale de Total a également créé un «réseau social» où ses clients s’encouragent mutuellement à mettre en place des
actions via, entre autres, des défis également. De son côté, la société Voltalis propose un boîtier qui lui permet de
couper le chauffage par phases de 10 minutes pendant les pics, moyennant des économies sur la facture d’électricité
des ménages. Environ 100.000 foyers en sont déjà équipés. Agregio, filiale d’EDF, propose le même service aux
collectivités, de même que Flexcity (Veolia). Reste à savoir si cette mobilisation suffira pour éviter les coupures
d'électricité cet hiver.

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Climat : huit propositions de la Convention citoyenne écartées par le gouvernement (malgré la
promesse d'Emmanuel Macron) (francetvinfo.fr)

En recevant les membres de la Convention citoyenne pour le climat en juin, le président de la République
s'était engagé à reprendre 146 de leurs 149 propositions. Trois mois plus tard, cette promesse semble
déjà avoir du plomb dans l'aile.

C'était le 29 juin dernier. Dans les jardins de l'Elysée, Emmanuel Macron recevait les 150 citoyens de la Convention
citoyenne pour le climat, venus lui remettre 149 propositions pour lutter contre le réchauffement climatique dans un esprit
de justice sociale. "Je m'y étais engagé, je tiens parole : 146 propositions sur les 149 que vous avez formulées seront
transmises soit au gouvernement, soit au Parlement, soit au peuple français", avait lancé le chef de l'Etat. Il n'avait
alors rejeté formellement que trois propositions, ses "trois jokers", sur la limitation de vitesse à 110 km/h, la taxe sur les
dividendes ou la modification du préambule de la Constitution.

Trois mois plus tard, la liste de ces jokers, mise à jour scrupuleusement par les membres de la Convention citoyenne
sur le site de leur association, s'est considérablement allongée au gré des déclarations des ministres et du président.
Alors que le chef du gouvernement, Jean Castex, a reçu mercredi 30 septembre une délégation de citoyens pour, selon
les mots de l'un d'entre eux, "un point d'étape (...) après de nombreuses attaques récentes" et que des élus écologistes
dénoncent dans Le Monde un "détricotage", franceinfo liste les propositions menacées.

1/ Le moratoire sur la 5G
La proposition. Soucieuse de l'empreinte carbone grandissante de notre consommation numérique, la Convention
citoyenne proposait "d'instaurer un moratoire sur la mise en place de la 5G en attendant les résultats de l’évaluation de
la 5G sur la santé et le climat". "Nous voulons que, d’ici 2025, le numérique soit un moyen pour participer à la transition
et pas un outil qui contribue toujours davantage à la hausse des émissions", justifiaient-ils.
La déclaration. C'est Emmanuel Macron qui s'est chargé lui-même d'enterrer cette proposition, le 14 septembre, devant
un parterre d'entrepreneurs du numérique. "Oui, la France va prendre le tournant de la 5G parce que c'est le tournant de
l'innovation, a-t-il lancé. J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour nous expliquer qu'il faudrait relever la complexité
des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle amish [une communauté
religieuse américaine hostile à la technologie] permette de régler les défis de l'écologie contemporaine."

2/ La fin des liaisons aériennes intérieures pour les trajets faisables en train en moins de quatre heures
La proposition. Pour limiter les effets néfastes du transport aérien, les citoyens voulaient interdire les liaisons
intérieures "sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps (sur un trajet de
moins de quatre heures)".
La déclaration. Cette mesure faisait partie des jokers non assumés comme tel par Emmanuel Macron lors de son
discours du 29 juin devant la Convention. "Lorsqu'il y a un trajet en TGV qui est possible en deux heures et demie ou
moins, nous ne poursuivons pas les lignes intérieures avec l'avion. Par contre, j’ai vu que parfois, dans les débats, c'était
quatre heures, je crois qu'il faut savoir raison garder", avait-il déclaré.

3/ L'interdiction de la construction de nouveaux aéroports et des extensions


La proposition. Pour limiter la croissance du trafic aérien, les citoyens voulaient "interdire la construction de nouveaux
aéroports et l’extension des aéroports existants". "Une décision récente démontre qu’il est possible d’agir en ce sens. En
effet, en février 2020, la Cour d’appel d’Angleterre a jugé illégal le projet de construction d’une troisième piste pour

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l’aéroport d’Heathrow (Londres), faute de prise en compte des engagements climatiques du Royaume-Uni", justifiaient-
ils.
La déclaration. Secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari a annoncé qu'"il y aura des extensions sobres
quand c'est nécessaire" le 1er juillet 2020 sur BFMTV.

4/ La baisse de la TVA sur les billets de train


La proposition. Pour encourager les déplacements en train, un moyen de transport peu polluant, les citoyens
souhaitaient "réduire la TVA sur les billets de train de 10% à 5,5%". "Nous voulons que, d’ici 2030, la part du train dans
les déplacements augmente, au-delà des lignes à grande vitesse", expliquaient-ils, jugeant nécessaire de "le rendre plus
attractif" en jouant notamment sur la tarification.
La déclaration. Peu enthousiasmé par les mesures de la Convention citoyenne, le ministre de l'Economie, Bruno Le
Maire, s'est opposé publiquement à cette mesure. "Je ne suis pas favorable à ce qu'on touche les taux de TVA", a-t-il
déclaré sur BFMTV le 30 juin, arguant du coût pour l'Etat d'une telle mesure.

5/ La création d'un crime d'écocide


La proposition. Pour mieux protéger les écosystèmes, la Convention citoyenne veut créer un crime d'écocide, adossé
au concept des limites planétaires. Dans le viseur des 150 citoyens, "les multinationales qui détruisent la planète dans
un but mercantile sans s'occuper ni des populations, ni des écosystèmes", nous expliquait l'un d'entre eux en juin. Cette
proposition avait été accueillie de manière contrastée par les associations et les spécialistes du droit.
La déclaration. L'ancienne ministre de la Justice, Nicole Belloubet, avait balayé en juin cette mesure. "Pour que notre
vie commune puisse fonctionner, il faut concilier droits et libertés. Si vous dites qu’au-dessus de cette conciliation, il y a
un principe supérieur, qui est la protection de l’environnement, cette conciliation devient viciée", avait-elle déclaré
sur France Inter.

6/ La régulation de la publicité sur les produits très polluants


La proposition. Pour faire évoluer la consommation vers des produits moins polluants, la Convention citoyenne
proposait "d'éviter toutes les incitations à la consommation de produits non-vertueux pour l’environnement" en
supprimant "l'exposition publicitaire des produits les plus polluants". La Convention donnait l'exemple des voitures
émettant plus de 95 grammes de CO2/km et proposait de créer, pour classer ces produits, un CO2 score comparable au
Nutriscore pour les aliments.
La déclaration. Dès le 30 juin, sur BFMTV, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est dit "réservé" sur le sujet,
préférant mieux informer le consommateur sans aller jusqu'à l'interdiction de la publicité.

7/ La création d'un critère de poids du véhicule dans le malus automobile


La proposition. Partant du constat que le malus écologique sur les ventes de voitures "ne prend pas en compte le
poids, alors que les véhicules les plus lourds ont un impact bien plus important sur le climat", que ces véhicules
provoquent plus d'accidents, produisent d'avantage de particules au freinage et prennent plus de place dans l'espace
public, la Convention voulait "intégrer le poids dans le barème" de ce malus. Concrètement, il s'agissait notamment
d'ajouter 10 euros par kilo supplémentaire au-delà de 1 400 kg.
La déclaration. La mesure aurait pu figurer dans le projet de budget 2021 présenté par le gouvernement le 28
septembre. Mais le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'y est opposé. "Dans le contexte économique actuel, je ne
veux aucune augmentation d'impôt et je veux protéger les emplois industriels, les usines et le pouvoir d'achat des
Français", a déclaré ce dernier aux Echos.

8/ L'augmentation de l'"éco-contribution" sur le transport aérien

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La proposition. Pour inciter les Français à moins voyager en avion et compenser les exonérations fiscales sur le
kérosène, les citoyens voulaient augmenter l'éco-contribution kilométrique crée en 2019 – 1,50 euro pour un vol intérieur
ou européen, 18 euros hors UE – jugée "bien trop faible pour avoir un effet dissuasif". L'objectif affiché est de "mieux
refléter les dommages environnementaux générés
par l’aviation". Un barême en fonction de la distance et de la classe était même proposé : il fixait cette taxe à 60 euros
pour un vol en classe éco d'une distance supérieure à 2 000 km.
La déclaration. Sur LCI le 21 septembre, le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a balayé cette
proposition, estimant qu'elle aurait "des conséquences délétères" pour le secteur. "Il ne faut pas moins voyager, mais
faire en sorte que l'aviation soit moins émissive, moins polluante", a-t-il argué, dénonçant un "aviation-bashing".

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L’Etudiant
Les élèves-ingénieurs s’engagent pour le climat
Par Gabriel Joly, publié le 25 Septembre 2020

Pour un réveil écologique (pour-un-reveil-ecologique.org)



INFOGRAPHIE. Soucieux de la thématique environnementale, les jeunes et notamment les élèves
en écoles d’ingénieurs s’engagent pour le climat.
Une enquête publiée en septembre 2020 par Ausy, filiale en ingénierie du groupe Randstad, révèle
que 70% des élèves-ingénieurs considèrent la lutte contre le réchauffement climatique et
l’innovation dans les nouvelles sources d’énergie comme l’enjeu majeur aujourd’hui.
Cette réponse arrive nettement devant les problématiques de santé publique (47%), et ce, alors que
l’étude a été réalisée en période de confinement ; soulignant une préoccupation largement
partagée.
Des étudiants porteurs d’une dynamique nouvelle en faveur de l’écologie

L’étude précise que 81% des élèves-ingénieurs se disent prêts à contribuer pour améliorer la
société en agissant sur des volets sociaux et environnementaux.
On retrouve d’ailleurs cette volonté ferme de changement pour le climat dans le Manifeste
étudiant pour un réveil écologique initié par des étudiants de plusieurs écoles d’ingénieurs
comme AgroParisTech, CentraleSupélec, Polytechnique mais aussi de l’ENS Ulm et d’HEC Paris.

"A quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont
l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou de l’épuisement des
ressources ?", se demandent ces jeunes dans ce texte signé par plus de 32.000 étudiants. "Au fur
et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, le système dont nous faisons
partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et
nous enferme dans des contradictions quotidiennes", ajoutent-ils.
Ce constat rejoint les données de l’étude d’Ausy selon laquelle 55% des élèves-ingénieurs
reconnaissent porter une attention toute particulière au projet de leur future entreprise et au
contenu du poste qui leur sera proposé.

S’adapter, ensemble et vite

Cet engagement doit interpeler les entreprises si elles veulent rester attractives aux yeux des
étudiants en passe d’entrer sur le marché du travail. "Nous souhaitons profiter de la marge
d’action dont nous bénéficions en tant qu’étudiants en nous tournant vers les employeurs

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que nous estimerons en accord avec nos revendications" expliquent les rédacteurs de ce
Manifeste pour l’écologie.
Pour eux, il s’agit de "prendre notre avenir en main en décidant collectivement d’anticiper et
d’inclure dans notre quotidien et nos métiers une ambition sociale et environnementale, afin de
changer de cap et ne pas finir dans l’impasse".
Face à ce constat et à ces revendications, les écoles d’ingénieurs seront sans aucun doute elles
aussi amenées à former de plus en plus de jeunes dans des domaines liés à l’environnement.

87
Obésité numérique – Jean-Marc Jancovici

Chronique parue dans L’Express du 13 février 2020.


Le principe de cette chronique mensuelle publiée dans l’Express est de commenter un fait
(mesurable), qui, le plus souvent, sera « contre-intuitif » pour le lecteur. Pour savoir jusqu’où ce fait
sera contre-intuitif, un petit sondage en ligne est effectué pendant une semaine à 15 jours avant que
je ne rédige mon texte, pour demander « l’avis de tou(te)s ». C’est bien entendu votre serviteur qui
formule la question ainsi que les réponses possibles.
Pour cette édition de cette chronique, la question posée était la suivante : « Quelle est, selon vous,
la part des émissions mondiales de gaz à effet de serre engendrées par notre usage du
numérique ? ». Les réponses possibles étaient moins de 1%, environ 4%, et environ 10%. La
bonne réponse est bien entendu fournie et commentée dans ce billet ; celle obtenue par le sondage
fournie à la fin du billet.

Né en 1945 de l’effort de guerre américain, le premier ordinateur entièrement électronique de


l’histoire pesait 30 tonnes, contenait 17 500 tubes à vide (unité logique élémentaire ensuite
remplacée par le transistor), et absorbait la puissance de 80 radiateurs électriques (150 kilowatts). Il
était destiné au calcul des tables de tir pour l’artillerie. En soixante-dix ans, moins qu’une vie
humaine, ordinateurs, tablettes, téléphones, réseaux, écrans tactiles et/ou connectés ont envahi le
moindre recoin de nos vies. Impossible de payer ses impôts, de s’informer ou de communiquer, de
prendre un rendez-vous chez le médecin ou d’acheter quoi que ce soit sans ce nouveau compagnon
du quotidien : le numérique.
A l’époque où la numérisation a commencé à se répandre, un mot est apparu : « dématérialisation ».
C’était évident, mon cher Watson : puisqu’il n’y avait plus de papier, le support matériel de la
circulation de l’information avait disparu. Disparu ? Pas vraiment : il faut consommer 2.000
kilowattheures d’énergie et émettre une demi-tonne de CO2 en moyenne pour fabriquer un
ordinateur portable, qui contient 40 métaux différents, pour l’essentiel présents en quantités bien
trop faibles pour être recyclés ensuite.
Même un smartphone, qui pèse 200 grammes, a demandé plusieurs dizaines de kilos de
combustibles
fossiles pour sa fabrication. Et ces terminaux – une famille où l’on trouve aussi les écrans tactiles de
toute nature (tablettes, caisses enregistreuses, pupitres de commande en libre-service dans les
magasins), les écrans connectés (nos télévisions, les écrans publicitaires du métro…), peut-être
demain les objets connectés -, seraient inutiles s’il n’y avait pas, pour les relier, un réseau de
télécommunications, bien matériel lui aussi. Ce dernier nécessite des câbles, des supports d’antenne,
des équipements électroniques pour la gestion, et, à l’autre bout, les fameux data centers, qui ne
représentent toutefois qu’un petit quart de l’empreinte globale, fabrication incluse. Enfin, il faut
produire de l’électricité pour faire fonctionner tout cela. Chez nous, cette dernière est largement
décarbonée, puisque ni nucléaire, ni hydroélectricité, ni éolien ne sont significativement émetteurs

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de CO2. Mais ce n’est pas le cas partout : si l’on prend l’ensemble des électrons produits sur terre,
environ 40 % viennent d’une centrale à charbon, et 25 % d’une centrale à gaz.
Résultat : si l’on agrège fabrication et fonctionnement de ses composantes, le numérique mondial,
en 2018, c’était 4% des émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines. C’est certes
moins que les 10% supposés par la majorité des personnes interrogées par L’Express (voir
infographie ci-dessous), mais c’est autant que ce qui a été émis par la flotte mondiale de camions,
ou deux fois les émissions du transport aérien. Le numérique, c’est aussi désormais environ 10% de
l’électricité mondiale (les serveurs en consommant 4% à eux seuls), 80 % des données qui transitent
concernant de la vidéo.
Dit autrement, 80% du flux de données sur la Toile sert à transmettre des images animées, avec
quatre usages d’importance à peu près égale : les vidéos en streaming, le porno, les « tubes », et
enfin tout le reste… Et non seulement le numérique n’est pas dématérialisé, mais il l’est de moins
en moins : son empreinte carbone augmente de presque 10 % par an, de telle sorte qu’avant 2025,
une poursuite de la tendance amènerait le digital à être aussi polluant que le milliard de voitures, qui
pèsent 6% des émissions mondiales…
Peut-on limiter la dérive climatique tout en disposant de la 5G, des objets – dont la voiture –
connectés, de la ultra-haute définition et autres « nouveautés » que les aficionados du digital
attendent avec impatience ? La réponse est malheureusement non. Il va falloir choisir.
Cadeau bonus : quelques graphiques à l’appui de cet article
Vous trouverez ci-dessous quelques graphiques non publiés avec la chronique, mais utiles pour
comprendre certaines affirmations.

Génération électrique mondiale depuis 1985, discriminée par type de production. On constate que la
production d’origine fossile (charbon, gaz, pétrole) augmente en valeur absolue. Données BP
Statistical Review.

89
L’écosystème numérique mondial représente entre 6 et 10% de la consommation d’électricité de la planète.
Si l’explosion des usages – du streaming, aux cryptomonnaies, en passant par la 5G – ne plaide pas en
faveur d’une baisse de ce chiffre, des solutions commencent à émerger pour réduire l’impact énergétique et
écologique du numérique.

Bpifrance
- 16 septembre 2021
C’est un quotidien qui se répète depuis quelques mois. En télétravail, nous enchaînons les réunions en
visioconférence. À la pause dej, nous lançons une vidéo YouTube. Et le soir, nous regardons un épisode de série
Netflix ou scrollons sur TikTok, voire les deux en simultané. Toutes nos activités, cumulées à l’échelle mondiale,
représentent 2,5 trillions d’octets de données produites quotidiennement. Concrètement, si Internet était un pays,
il serait le 6ème consommateur d’énergie et le 7ème émetteur de CO2 de la planète.
Pour agir, il faut déjà savoir quoi cibler. Actuellement, près de la moitié (47%) des émissions de gaz à effet de
serre générées par le numérique sont dues aux équipements des consommateurs, selon l’ADEME . Le premier
pas pour réduire son bilan écologique, c’est donc de conserver son smartphone, sa télé ou sa tablette plus
longtemps. Si l’appareil se casse, mieux vaut essayer de le réparer que de le changer – malgré une différence de
coût parfois faible. Et s’il faut le remplacer, le marché de l’occasion saura vous séduire, comme le montre le
succès grandissant de Recommerce ou de BackMarket. Plus d’ un tiers des Français a déjà acheté un smartphone
de seconde main, un chiffre en constante augmentation mais qui reste inférieur à nos voisins suisses ou
allemands.
Au-delà des usages individuels, la bataille pour un numérique vert se joue avant tout du côté des
entreprises.

PL’autre moitié (53%) des émissions de gaz à effet de serre du secteur numérique est imputable aux data centers et
aaux infrastructures réseaux. La réduction de l’impact écologique passe par celle des usages. Dans ce domaine,
rl’ennemi public numéro 1 est le streaming vidéo, qui compte pour 60% des flux de données sur internet et
t
émettrait près de 1% des émissions mondiales de CO₂ selon le think tank The Shift Project . Mais au-delà des
a
usages individuels, la bataille pour un numérique vert se joue avant tout du côté des entreprises. « Le critère le
g
eplus important de leur RSE, c’est le choix de l’hébergeur – et donc des data centers – auquel elles font
rappel », estime Noël Bauza, fondateur de ZEI, une plateforme digitale qui accompagne les entreprises dans leurs
démarches d’impact environnemental et social depuis 2016.
sZEI, membre de la communauté du coq vert de Bpifrance, identifie quatre points clés caractérisant des data
ucenters propres. Tout d’abord, le type d’électricité consommée. C’est lié à sa localisation : si le centre est en
rFrance ou en Suède, par exemple, il a plus de chance de consommer une énergie bas carbone. Ensuite, la sobriété
des serveurs, calculée par l’indicateur PUE (« power usage effectiveness »), mis au point par le Green Grid . Il
F
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permet de mesurer la performance énergétique des datacenters, en prenant en compte notamment le
aw
cirefroidissement des serveurs. Le champion de la sobriété est, selon ZEI, l’hébergeur suisse Infomaniak.
et
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« Le numérique est aussi un outil merveilleux. Bernard Stiegler en parlait comme d’un pharmakon
– c’est à la fois un remède, un poison et un bouc émissaire. »
Inès Leonarduzzi, fondatrice de l’ONG Digital For The Planet

PLes deux derniers points sont liés au hardware. Le parc de serveurs est renouvelé en moyenne tous les deux à
atrois ans, et mieux vaut donc se tourner vers un hébergeur comme OVH, qui répare et reconditionne les serveurs,
rplutôt que de les jeter. C’est enfin sur le traitement des déchets que les datacenters doivent être jugés. Malgré
tl’obligation de recyclage, comme en France, les déchets finissent souvent incinérés.
aMais faut-il regarder l’industrie du numérique seulement comme un coupable du désastre écologique ? « Le
g
numérique est aussi un outil merveilleux. Bernard Stiegler en parlait comme d’un pharmakon – c’est à la fois un
e
rremède, un poison et un bouc émissaire », soulignait récemment Inès Leonarduzzi, fondatrice de l’ONG Digital
For The Planet . Bonne nouvelle : la digitalisation des process de travail, dopée par la crise du Covid-19, a fait du
sbien à la planète. Une visioconférence reste bien plus durable qu’un rendez-vous nécessitant un long transport.
uUn email est plus sobre qu’un courrier postal.
rEt au-delà des usages, c’est du côté de la « Tech for Good » que le numérique vert existe déjà. « Quand des
startups numériques se créent au service de l’économie circulaire, comme Le Bon Coin, TooGoodToGo ou
FBlaBlaCar, l’impact lié à leur business contrebalance largement leur consommation énergétique », déclare Noël
T
aw
Bauza. Pour autant, celles-ci peuvent donner l’impression d’être une goutte d’eau face à l’océan des GAFAM et
ci
autres services comme Netflix, Instagram ou TikTok – pour ne citer qu’eux. « Est-ce que l’impact négatif du
et
numérique sur l’environnement est compensé par ses applications positives ? Je pense que personne n’a la
t
b
eréponse. Mais plus on sera conscient de ces enjeux, et plus des startups vont se créer dans le but de lutter contre
o
rl’empreinte écologique du numérique », conclut, optimiste, Noël Bauza.
o
kPour connaitre l’accompagnement de Bpifrance sur la transition écologique et énergétique et découvrir la
communauté du coq vert, rendez vous sur : https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Actualites/Les-differents-
dispositifs-pour-soutenir-les-entreprises-en-faveur-de-la-TEE-51174

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« La révolution numérique devient hors de contrôle »
SudOuest Dordogne, 27 septembre 2021

Le numérique est partout. Or, cet univers présenté comme virtuel cache un énorme impact
environnemental, sociétal et politique. Guillaume Pitron, journaliste, a enquêté sur « l’enfer
numérique » auquel nous nous livrons ainsi sans réfléchir

L’ENFER NUMÉRIQUE EN CHIFFRES


-Une box Internet consomme autant d’énergie qu’un gros réfrigérateur.
-Le clip de « Gagnam Style » a été visionné 1,7 milliard de fois, ce qui correspond à 297
gigawattsheure, soit la consommation annuelle d’une ville comme Troyes ou Quimper.
-Un e-mail avec une lourde pièce jointe consomme autant d’énergie qu’une ampoule allumée
pendant une heure.
-Chacun de nous génère près de 150 Gigaoctet de données par jour. De quoi remplir la
mémoire de 9 iPhones de 16 gigaoctets.
-Si le numérique était un pays, il se classerait au quatrième rang des consommateurs
d’électricité.

Vous avez voulu enquêter sur les conséquences physiques d’un univers –le numérique –
présenté comme essentiellement dématérialisé. Qu’avez vous découvert ?
Pour vivre une vie dématérialisée, nous sommes en fait en train de nous appuyer sur la plus grande
infrastructure que l’homme ait jamais construite, faite de câbles, de data centers, de routeurs,
d’antennes et de terminaux – nos téléphones portables – qui en sont en quelque sorte les portes
d’entrée. Or ces objets ont un impact physique et matériel de plus en plus fort sur notre
environnement. Envoyer un « like », par exemple, est quelque chose de très physique. Que vous
utilisiez Facebook, Twitter, LinkedIn ou un autre réseau social, ce « like » va parcourir des milliers
de kilomètres pour parvenir à destination. En fait, ce monde dématérialisé, ce capitalisme virtuel, ce
cloud qu’on nous vend comme un nuage perdu quelque part au-dessus de nos têtes, est très éloigné
de la réalité. Cela peut paraître contre-intuitif, mais c’est pourtant la vérité : plus c’est virtuel, plus
c’est matériel.

Comment expliquez-vous que cet aspect de la numérisation du monde ne soit quasiment


jamais évoqué ?
Du côté des industriels et des Gafam, il est essentiel que cet aspect soit délaissé. C’est la raison pour
laquelle ils cherchent à perpétuer un récit à leur avantage, en nous expliquant, par exemple, que le
numérique va nous aider à préserver l’environnement, ce que démentent les chiffres. Sur le terrain,
on s’aperçoit que les géants de la tech ne veulent pas exister physiquement. Les data centers
disparaissent des images Google Maps, existent très peu dans les médias, sortent des livres
comptables par le jeu de sociétés et de filiales. Pour échapper à la critique, cette industrie fait tout
pour s’invisibiliser, se rendre intouchable au sens strict du terme. Parallèlement, elle y est aidée par
le câble, qui est sous-marin ou sous-terrain et donc invisible, par les antennes 5G, qui sont toutes
petites… Même chose du côté du consommateur, dont le principal contact physique avec Internet
est le téléphone. Un objet dont la simplicité apparente ne nous laisse imaginer ni la complexité du

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monde dans lequel il nous permet d’entrer, ni la montagne de matières premières et l’énergie
nécessaires pour le fabriquer

Amazon, LinkedIn, Google ou Netflix contribuent au réchauffement climatique, indiquez-


vous. De quelle manière ?
Les services numériques, et notamment la vidéo, consomment énormément de bande passante, de
données qui doivent elles-mêmes être stockées quelque part. Ces besoins exponentiels font que les
data centers seront, dans quelques années, les plus gros consommateurs d’électricité du XXIe siècle
– 30 à 40% de l’électricité du Grand Paris ! Cette consommation va d’abord poser des problèmes en
termes d’infrastructures et de raccordement de ces équipements. Ensuite, évidemment, se posera la
question de la production de ces énergies, or les géants états-unien et chinois du numérique ont
recours à une énergie qui est très loin d’être décarbonée.

Demain, nous serons en vue de l’« Internet for everything ». De quoi s’agit-il ?
Cela signifie, notamment avec le développement de la 5G, que tous les objets deviennent connectés
et produisent des données. Même chose pour le vivant : les plantes produisent des données, les
animaux produisent des données, nous-même produisons des données. Or, pour faire fonctionner cet
« Internet de tout », il va falloir développer de nouveaux réseaux, produire des milliards de
capteurs, ouvrir de nouveaux data centers…

À vous entendre, on a l’impression d’une révolution qui est désormais hors de tout contrôle…
C’est le cas. Internet est un média qui est en train de bouleverser nos sociétés et nos modes de vie.
Nous sommes aujourd’hui collectivement fascinés par ce soleil synthétique qu’on appelle le
numérique. Devenu indispensable à nos vies, il est aussi devenu hors de contrôle, d’autant que le
capitalisme s’en est saisi pour poursuivre son expansion et qu’il dispose donc de moyens colossaux.

Pour vous, le numérique dessine « une géographie de l’urgence » et bouleverse les équilibres
géostratégiques. De quelle manière ?
Lorsque nous n’avons pas la patience d’attendre une seconde qu’une page se charge sur Internet,
cela a des impacts très concrets dans le monde physique. Par exemple, il faut que votre messagerie
Gmail soit dupliquée à cinq ou six endroits différents dans le monde, pour que vous y accédiez de
manière optimale quel que soit le pays où vous vous trouvez. En cela, Internet dessine une véritable
géographie de l’urgence. En matière de géopolitique, le cloud, c’est-à-dire l’hébergement des
données, est en fait totalement dépendant de la question des frontières. La Chine pourrait, par
exemple, être un jour amenée, comme d’autres pays, à protéger militairement les infrastructures de
sa « route de la soie » numérique.
« Il est possible que nous diminuions un jour nos usages d’Internet, non parce que les réseaux ne le
permettront plus, mais parce que la préservation de l’espèce, de l’environnement et de certaines
valeurs l’exigera », écrivezvous. Est-ce une issue envisageable ? En tout cas, elle me paraît plus
envisageable que celle qui répondrait à des limites techniques. Car, de mon point de vue, il n’y en a
pas. L’outil numérique génère tellement d’argent et recèle potentiellement tant de progrès que je ne
vois pas de limites à son expansion. En revanche, son infrastructure physique pose des problèmes
d’ordre écologique, politique, démocratique et de santé mentale qui font que nous allons
probablement être amenés à réfléchir à ses usages. C’est sans doute par ce biais que nous serons

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amenés à réfléchir si nous sommes réellement prêts à accepter que ces technologies nous
reprogramment sans arrêt.

Recueilli par Samuel Ribot/ALP

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Syndrome de Kessler : l'espace, bientôt une poubelle ?
19/11/2019 (MIS À JOUR À 06:12)

SYNDROME DE KESS LER : L 'ESPACE, BIENTÔT UNE POUBELL E ? (F RANCE CULTURE. FR)

Par Pierre Ropert

La croissance du nombre de débris dans l'espace est exponentielle et les collisions entre satellites au rebut
pourraient bien déclencher une réaction en chaîne connue sous le nom de "Syndrome de Kessler". Il
deviendrait alors impossible de mettre des satellites en orbite basse.

Extrait de la vidéo de l'ESA : "Space debris - a journey to earth"• Crédits : ESA


En mai dernier, la société d'Elon Musk, Space X, annonçait avoir lancé 60 satellites dans l'espace, à 280
kilomètres d'altitude. Les 60 premiers satellites d'une flotte qui, d'ici à 2024, devrait en comporter 12 000... Et
l'entreprise a d'ores et déjà demandé à l'Union internationale des télécommunications la possibilité de déployer
30 000 satellites supplémentaires pour assurer la couverture de son projet d'internet méga rapide.
A peine quatre mois après ce premier lancement, Aeollus, un satellite d'observation de la dynamique de
l'atmosphère terrestre, devait augmenter son altitude de 350 m afin d'éviter une collision avec un seul des satellites
de Space X. Autant dire qu'avec une flotte de 42 000 satellites d'environ 250 kilos orbitant autour de la planète
bleue, les astronomes s'inquiètent d'ores et déjà des risques de collisions, et des débris spatiaux que ces dernières
pourraient générer.

"Sur la première fournée de 60 satellites lancés par Elon Musk, 6 étaient en panne, c'est 10 % de la flotte : on
lance des débris spatiaux !", regrettait Christophe Bonnal, chercheur au CNES et président de la commission
“Débris spatiaux” de l'Académie internationale d'astronautique lors d'une conférence intitulée "L'espace, une
poubelle" au Palais de la découverte le 14 novembre dernier.
Or les débris spatiaux, ces objets artificiels non-fonctionnels en orbite autour de la Terre, résidus d'anciens
satellites ou de systèmes de propulsion, sont déjà bien trop nombreux : on en dénombre environ 34 000 d'une taille
de plus de 10 cm flottant au-dessus de la Terre, à une vitesse avoisinant les 30 000 km/h. Et leur nombre croissant
fait craindre la possibilité d'une réaction en chaîne qui générerait de plus en plus de débris...
Spoutnik I, le premier débris spatial
Il faut dire que les premiers "space junks" ont maintenant 60 ans. Le 4 octobre 1947, le lanceur R-7 Semiorka
s'élance vers les cieux avec pour mission la mise en orbite du satellite Spoutnik. Ce premier succès lance
l'affrontement qui opposera URSS et Etats-Unis dans la course à l'espace. Si ce premier exploit scientifique
marque énormément l'opinion, on ne voit pas encore, à l'époque, que la réalisation de cette prouesse technologique
constitue également le premier acte de pollution spatiale : Spoutnik I ne pèse pas lourd, à peine 84 kg, contre les
6,5 tonnes devenues parfaitement inutiles de l'étage central du lanceur R-7 Semiorka, dérivant sur la même orbite
que le satellite.

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Une réplique de Spoutnik 1.• Crédits : ASA
Après 92 jours en orbite, Spoutnik et son lanceur effectuent leur rentrée dans l'atmosphère et se désagrègent. En tout et
pour tout, le satellite aura été opérationnel pendant 21 jours... Et donc lui aussi un déchet spatial pendant près des trois
quarts de sa vie dans l'espace, soit 71 jours. Une durée finalement très courte pour un débris spatial, dont l'espérance de
vie se compte plutôt en années, voire en décennies.
Les satellites d'Elon Musk "injectés à une altitude relativement basse d'environ 400 km, devraient [quant à eux] rentrer
dans les 5 à 10 ans", précise d'ailleurs Christophe Bonnal. Car plus les orbites sont hautes, plus les satellites et déchets
orbitaux mettent du temps à retomber : ainsi, un satellite situé en orbite à 600 km au-dessus du sol, ramené peu à peu
vers la Terre en raison du frottement avec l'atmosphère résiduelle, mettra plusieurs années à retomber. Dès lors qu'un
objet artificiel franchit la barre des 800 km, on peut cependant commencer à compter en décennies avant de le voir
redescendre. Et au-delà des 1 000 km, il s'agit de plusieurs siècles passés à faire le tour de la Terre.

À ÉCOUTER AUSSI : Trafic spatial : des bouchons dans le ciel

1 mm d'aluminium dans l'espace équivaut à l'énergie d'une boule de bowling lancée


à 100 km/h
Pas étonnant donc que les débris spatiaux tendent à s'accumuler autour de la planète bleue... Plus le temps passé en
orbite est long, plus les chances de collision, et donc d'augmentation du nombre de débris, augmentent. La masse totale
de ces derniers avoisine ainsi dorénavant les 8 000 tonnes, soit peu ou prou le poids de la Tour Eiffel. Le décompte des
débris spatiaux orbitant autour de la Terre est impressionnant : on estime ainsi qu'il existe plus de 34 000 objets de plus
de 10 cm, dont près de 20 000 sont catalogués et donc suivis par des systèmes de détection, environ 900 000 débris de
plus d'1 cm, et probablement plus de 130 millions de débris de plus d'1 mm.
Le problème n'est pas tant la taille d'un débris - l'espace est très grand - que l'énergie libérée lors d'un impact : en se
déplaçant à environ 30 000 km/h, un débris en aluminium d'1 mm de rayon libère la même énergie qu'une boule de
bowling lancé à 100 km/h, tandis qu'un débris en acier d'1 cm de rayon équivaut à une voiture lancée à 130 km/h. Dès
lors, le moindre débris un peu conséquent peut réduire en miette un satellite, comme on pouvait le voir dans la scène du
film d'Alfonso Cuarón, Gravity :
Jusqu'ici, peu de satellites ont été endommagés par des débris. Le premier est un satellite militaire français, lancé en
1995, nommé Cerise, à la fois pour son acronyme, Caractérisation de l'Environnement Radioélectrique par un
Instrument Spatial Embarqué, mais également pour sa forme, ce dernier étant pourvu d'une longue antenne... depuis
détruite par un débris spatial.
Il y a probablement une dizaine de collisions effectives par an, mais seulement une statistiquement
entre objets catalogués. Nos modèles prévoient une collision majeure, catastrophique, entre très gros
objets, tous les 5 ans environ. A ce jour nous en avons recensé 5, et environ 70 collisions entre un
objet non catalogué et un satellite actif. Christophe Bonnal
Plus récemment, en août 2016, une caméra embarquée à bord du satellite Sentinel-1 a pu constater les dégâts provoqués
par un débris d'une taille d'1 mm sur un de ses panneaux solaires... résultant en un impact large de 40 cm :

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L'impact d'un débris de 1 mm sur le panneau solaire du satellite Sentinel-1.• Crédits : ESA

Une croissance des débris exponentielle : la crainte du syndrome de Kessler


Malheureusement, avec le bon sens qui le caractérise, l'être humain n'a pas attendu des collisions accidentelles pour
augmenter le nombre de débris... Si plusieurs explosions viennent parsemer l'espace de débris, la plus importante,
encore à ce jour, date de 2007 lorsque la Chine décide de faire une démonstration de force de son système de missiles
anti-satellites sur un de ses satellites météorologiques, le Fenguyn 1-C. La mission est un succès et l'explosion qui en
résulte crée près de 4 000 gros débris et près de 150 000 micro-débris, orbitant à une altitude de 865 km. "Les orbites
les plus dangereuses sont les plus utiles, typiquement entre 700 et 1 000 km", précise à ce sujet le chercheur du CNES.

L'orbite des débris créés avec l'explosion de Fengyun-1C, un mois après la désintégration du satellite. • Crédits : NASA Orbital Debris Program
Office
Sur les 10 000 débris menaçant la station spatiale internationale et suivis de près par les militaires américains, près de
3 000 d'entre eux proviennent de ce tir chinois. En février 2009, c'est cette fois la collision entre le satellite russe
Kosmos-2251 et le satellite commercial Iridium 33 qui entrent cette fois en collision, générant près de 2 000 gros débris
spatiaux... Ces deux événements à eux seuls augmentent de près de 30 % le nombre de débris de plus de 10 cm orbitant
autour de la Terre.
Pourtant, les risques de telles collisions devraient être une incitation suffisante pour tenter de les prévenir, d'autant que
depuis 1978, le consultant à la NASA Donald J. Kessler a théorisé les risques d'une réaction en chaîne avec un scénario
éponyme : le “Syndrome de Kessler” . Le principe en est simple : plus il y a de débris en orbite, plus ils vont heurter
des objets ou d’autres débris, ce qui conduira à un effet domino augmentation de façon exponentielle le nombre de
débris. A terme, les orbites basses deviendraient inutilisables pour les satellites.
Dès 2006, la NASA a ainsi calculé que si on arrêtait tout envoi d'objets dans l'espace, le nombre de débris continuerait à
croître exponentiellement en orbite basse (jusqu'à 2 000 km d'altitude) :

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Selon cette simulation, le nombre d'objets de plus de 10 cm continue de croître même si l'envoi de satellites est stoppé en 2006.• Crédits : Liou and Johnson,
"Science", 2006.
Et treize ans plus tard, les lancements, s'ils ont diminué, sont loin d'avoir cessé. Ainsi, en 2018, 588 nouveaux objets
orbitaux ont été générés en orbite basse par le biais de lancements de satellites, d'explosions ou de collisions, alors que
seulement 233 objets se sont consumés dans l’atmosphère.

À ÉCOUTER AUSSI : L'espace : une décharge à ciel ouvert ?

Limiter la casse ?
La collision entre Kosmos-2251 et Iridium 33 a cependant eu pour mérite d'inciter les états à renforcer les règles
propres à l'exploration spatiale, notamment avec les standards internationaux de la NASA (1995) et de l'Agence
Spatiale Européenne (ESA). Mais à l'exception de la France, aucun pays ne s'est doté de règles contraignantes, précise
Christophe Bonnal :
Nous sommes actuellement le seul pays à disposer d’un tel texte contraignant. Au niveau
international, il n’y a pas de schéma crédible, avec la « Loi portant sur les Opérations Spatiale »
(LOS). imposant quelque chose aux opérateurs ; il faudrait un accord international, et une
« police ». Nombreux seraient les pays qui refuseraient une telle ingérence internationale dans leurs
activités « régaliennes ». Du coup, on partage des objectifs - recommandations, codes de bonne
conduite, standard guidelines… - en ayant une forte propension à l’éducation, en expliquant bien
que c’est dans l’intérêt de tous d’appliquer ces règles. La nouveauté en cours d’instauration, c'est
que l'on va avoir du "naming & shaming", une synthèse annuelle lors de laquelle on désignera
nommément les bons et les mauvais : j’espère que cela fera changer les mentalités.
Malgré l'absence d'obligations, certaines règles prédominent donc et les Etats comme les compagnies privées se doivent
de les respecter. Ils doivent ainsi éviter de générer des débris volontairement en détruisant leurs satellites, limiter autant
que possible les collisions, minimiser le risque de victimes au sol (avec succès jusqu'ici, il n'y a encore jamais eu de
victime due à une rentrée dans l'atmosphère) et enfin désorbiter autant que possible leurs satellites pour que ces
dernières redescendent sur Terre en moins de 25 ans.
Mais à l'exception de la France, rien ne sanctionne le non-respect des règles. "Tant qu'il n'y a pas de preuves, il n'y a pas
de règles dans l'espace", commente Christophe Bonnal.

Mieux vaut prévenir que guérir : des solutions ?


Quand bien même les règles seraient respectées et les nouvelles flottes de satellite échapperaient aux collisions, il reste
néanmoins le problème de la croissance exponentielle des débris. Dans l'immédiat, la solution consiste surtout à
manœuvrer les satellites pour les esquiver : en 2018, "le CNES a traité 3 millions de conjonctions en orbite terrestre
basse ayant abouti à 17 manœuvres de satellites", précise Christophe Bonnal. La Station spatiale internationale a quant à
elle dû réaliser 25 manœuvres d'évitement et, en moyenne, chaque satellite doit effectuer un déplacement par an afin
d'esquiver un débris spatial.

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La Station spatiale internationale a du effectuer 25 manoeuvres en 2018 pour esquiver des débris spatiaux.• Crédits : NASA
Selon les estimations les plus optimistes de la NASA, et à condition de respecter les règles en vigueur, il faudrait
cependant retirer environ 5 à 10 gros débris par an pour enrayer leur croissance. Et depuis quelques années les solutions
se profilent : bras robotiques, filets, harpons, lasers destinés à cibler les petits débris et même "Space Tugs", ou
remorqueurs de l'espace, chargés de récolter les débris en apesanteur.
Mais si les moyens techniques existent, la volonté politique est inexistante et, au vu des coûts, aucun acteur du secteur
ne souhaite investir pour nettoyer les orbites terrestres. "Il faut compter entre 10 et 20 millions d'euros par
débris, rappelle ainsi le chercheur du CNES et président de la commission “Débris spatiaux” de l'Académie
internationale d'astronautique, et pendant ce temps, nos débris font des petits..."

À ÉCOUTER AUSSI : L'espace, une décharge à ciel ouvert

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