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Partie I.

Croissance économique et développement durable


Chapitre 2. La croissance économique est-elle compatible avec
l’environnement ?
Programme officiel
Notions : Développement durable, capital naturel, physique, humain, institutionnel, biens communs,
soutenabilité, réglementation, taxation, marché de quotas d’émission.
Acquis de première : externalités, droits de propriété, offre et demande, défaillances du marché.
Indications complémentaires :
On expliquera pourquoi l'analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la préservation
des possibilités de développement pour les générations futures, s'intéresse au niveau et à l'évolution des
stocks de chaque type de capital (accumulation et destruction) ainsi qu'à la question décisive du degré de
substitution entre ces différents capitaux. On évoquera, à l'aide d'exemples, les limites écologiques
auxquelles se heurte la croissance économique (épuisement des ressources énergétiques et des réserves
halieutiques, déforestation, augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, etc.).L'exemple de la
politique climatique permettra d'analyser les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour mener des
politiques environnementales. En lien avec le programme de première sur les marchés et leurs défaillances,
on montrera la complémentarité des trois types d'instruments que sont la réglementation, la taxation, les
marchés de quotas d'émission

Sujets de bac
Mobilisation de connaissance (Épreuve composée, 1 ère partie)
Montrez que le PIB ne permet pas d’évaluer la soutenabilité de la croissance. (EC, Pondichéry, 2013)
Présentez les trois types d’instruments d’une politique climatique. (EC, Amérique du Nord, 2013)
Comment la taxation permet-elle d’agir sur la préservation de l’environnement ? (EC, Asie, 2013)
Expliquez le fonctionnement d’un marché des quotas d’émission (EC, Antilles-Guyane, 2014)
Présentez deux exemples de limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique. (EC, Am. du Nord,
2015)
A quelles conditions la croissance est-elle soutenable ? (EC, France métropolitaine, rattrapage, 2015)
Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (Épreuve composée, 3 ème partie)
Vous montrerez que la politique climatique repose sur la complémentarité de différents instruments (EC, Liban, 2013)
Vous expliquerez pourquoi les trois types d’instruments utilisés en matière de politiques climatiques sont
complémentaires. (EC, France métropolitaine, 2013)
Sujets de dissertation

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Dans quelle mesure la croissance économique peut-elle être soutenable ? (Dissertation, Autres centres étrangers, 2013)
Comment les politiques climatiques peuvent-elles permettre de préserver l’environnement ? (Dissertation, Polynésie,
2013)
Les instruments dont disposent les pouvoirs publics sont-ils efficaces pour préserver l’environnement ? (Dissertation,
Asie, 2014)
La croissance économique s'oppose-t-elle à la préservation de l'environnement ? (Dissertation, Pondichéry, 2015)

Plan du chapitre
I. Les limites écologiques de la croissance conduisent à questionner sa
soutenabilité et à réfléchir en terme de développement durable...
A. La croissance économique se heurte à des limites écologiques
B. Ce qui amène à réfléchir à la soutenabilité de la croissance et au développement
durable
C. Ceux-ci dépendent du stock de capital mais surtout du degré de substituabilité
entre les capitaux
II. ...et rendent nécessaire la mise en place d’une politique environnementale
A. Les défaillances du marché nécessitent de mener des politiques
environnementales
B. Des politiques climatiques qui utilisent différents instruments

Citation du chapitre : « Les primevères et les paysages, fit-il observer, ont un défaut grave : ils
sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. », Aldous Huxley, Le meilleur
des mondes, Plon, 1932

KH – Chapitre 2 La croissance économiques est-elle compatible avec l’environnement ?


I. Les limites écologiques de la croissance conduisent à questionner
sa soutenabilité et à réfléchir en terme de développement durable...
A. La croissance économique se heurte à des limites écologiques
On a vu au chapitre précédent que la croissance mesurait l’augmentation de la
production(mesurée par le PIB) et donc des richesses d’un pays, mais qu’elle ne mesurait ni le
bien-être, ni le développement.
La croissance est un phénomène quantitatif qui n’indique pas la qualité de vie des habitants, ou le
développement du pays, et qui ne tient pas compte non plus des destructions environnementales
que les activités de production entraînent.
La croissance est source de pollution et de dégâts environnementaux
La croissance des activités de production entraîne de la pollution et des dégâts
environnementaux: pollution des mers et des rivières, pollution de l’air, réchauffement climatique
du fait de l’augmentation des émissions de C02, pollution par les déchets. Ces dégâts sont causés
par les activités de production et de consommation, notamment des pays les plus riches:
surpêche, utilisations d’énergies polluantes (gaz, pétrole, charbon), utilisation des transports,
consommation excessive . On remarque ainsi que les pays qui polluent le plus sont les pays les
plus riches et les plus développés.
La croissance conduit aussi à l’épuisement des ressources naturelles
La croissance conduit également à un épuisement des ressources naturelles : consommation
excessive d’énergies fossiles à base de carbone, épuisement des ressources énergétiques non
renouvelables (épuisement attendu du pétrole, le gaz), épuisement des ressources renouvelables
par surexploitation (zones de pêches, déforestation, ...). L’empreinte écologique, c’est a dire
l’utilisation des ressources de la planète que font les humains, est ainsi largement supérieure à la
biocapacité de la terre, c’est-à-dire à sa capacité d’absorption et de production.
Ces éléments ont des conséquences aussi bien sur la qualité de vie que sur l’économie. La
disparition des ressources peut conduire à une augmentation des prix de celles-ci (pensez au
pétrole) mais aussi à des conflits pour l’appropriation des ressources qui sont autant d’éléments
pouvant porter préjudice au développement des pays mais aussi à une croissance future

B. Ce qui amène à réfléchir à la soutenabilité de la croissance et au

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développement durable
Ces limites écologiques sont au cœur de la réflexion sur la soutenabilité de la croissance
Définition(s)
La soutenabilité de la croissance Historique
correspond à la possibilité pour la croissance La question de la soutenabilité de la
de respecter le développement durable, croissance se pose depuis les années 70, et
c’est-à-dire de répondre aux besoins des notamment la publication, par le club de
générations présentes sans compromettre la Rome, du rapport Meadows « Halte à la
capacité des générations futures à satisfaire croissance ? ».
les leurs. Ce rapport posait déjà la question de l’impact
La notion de développement durable environnemental de la croissance et de sa
n’implique pas uniquement de se préoccuper non soutenabilité à long terme, et proposait
des conséquences environnementales, mais une croissance zéro.
aussi de s’interroger sur l’efficacité En 1987 le rapport Bruntland, publié par le
économique et l’équité sociale du programme des Nations Unies pour
développement. l’environnement, propose une autre
approche, en introduisant la notion de
développement soutenable ou durable.

Le développement durable est basé sur trois piliers: l’environnement, l’économique et le social.

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Le développement durable doit
préserver l’environnement pour être
vivable (énergies renouvelables,
réduction gaz a effets de serre, etc.),
il doit aussi être équitable
socialement (fiscalité redistributive,
développement d’emplois, …) et
économiquement. Il implique une
double solidarité entre les
générations, mais aussi à l’intérieur
d’une génération entre pays du Nord
et pays du Sud.
Source : INSEE, 2008

C. Ceux-ci dépendent du stock de capital mais surtout du degré de


substituabilité entre les capitaux
Dans l’analyse économique la soutenabilité de la croissance et le développement durable vont
dépendre de l’interaction entre quatre types de capitaux et de l’évolution de leur stock :
Définitions
Le capital physique, c’est-à-dire les moyens Le capital humain, c’est-à-dire l’ensemble
de productions durables: outils, machines, des connaissances et des compétences que
infrastructures disponibles dans le pays. les individus utilisent pour produire.
Le capital naturel, c’est-à-dire l’ensemble Le capital institutionnel, c’est-à-dire
des ressources naturelles qui peuvent être l’ensemble des règles, des normes, des
utilisées dans la production (matières valeurs qui encadrent les relations et
premières, plantes, ressources maritimes, ...) permettent la coopération entre les groupes.
Des capitaux nécessaires à la croissance
La gestion du stock de ces quatre types de capitaux est une nécessité pour assurer la
soutenabilité de la croissance et le développement durable. Si le stock de capital qui est légué aux
générations futures est égal ou supérieur au stock de capital actuel alors la croissance est
soutenable. Inversement si le stock diminue, alors les générations futures pourraient ne pas

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satisfaire leurs besoins.
Le capital physique est en effet nécessaire pour produire les biens et les richesses qui permettent
de satisfaire les besoins des individus. Le capital naturel joue lui plusieurs rôles puisqu’il est à la
fois une réserve de ressources pour la production mais aussi source d’énergie et qu’il assure la
survie des individus (à travers l’eau, l’air et la protection du soleil). Le capital humain permet de
réaliser de nouvelles production (il est source d’innovations et de progrès technique), d’accéder à
des emplois mais aussi d’augmenter la productivité et donc la croissance des pays (cf. chapitre 1).
Si les économistes s’accordent sur la nécessité de maintenir un stock global de capital suffisant
pour les générations futures, il existe un désaccord sur la façon de parvenir à maintenir ce stock
entre deux conceptions du développement durable/soutenable.
Des capitaux substituables entre eux pour les tenants de la durabilité/soutenabilité faible
Pour les tenants d’une soutenabilité faible l’important est que le stock de capital global se
maintienne et il est possible de remplacer une partie du capital détruit par un autre type de capital.
Le progrès technique permet notamment de substituer du capital physique au capital naturel
détruit. Pour assurer le maintien du capital naturel pour les générations futures il suffit alors de
développer le capital humain et le capital physique et de remplacer le capital naturel détruit. Par
exemple si une source d’énergie s’épuise, il suffit grâce au capital humain de développer des
innovations qui permettront d’accumuler un capital physique qui remplacera la source d’énergie
détruite.
Cette approche est parfois illustrée par la courbe de Kuznets environnementale qui montre que le
développement d’un pays se traduit d’abord par une augmentation de la pollution, mais qu’ensuite
les émissions polluantes diminuent sous l’effet du développement d’activités plus propres et de
nouvelle technologies. L’accumulation de capital humain, de capital technologique permet de
limiter la pollution et de trouver des substituts au capital naturel détruit.

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Des capitaux non substituables qui impliquent de protéger le capital naturel pour les
tenants de la durabilité/soutenabilité forte
Au contraire, pour les tenants de la soutenabilité/durabilité forte, le stock de capital ne peut être
préservé que si chacun des types de capitaux est préservé. Dans cette analyse le capital naturel
doit être protégé car le capital naturel qui est détruit ne peut être remplacé.
La question de la substituabilité est ainsi essentielle car pour ces auteurs le progrès technique ne
permet pas de remplacer le capital naturel détruit.
Dans cette approche il faut donc à tout pris protéger le capital naturel et réduire la croissance
économique pour ne pas prélever plus de ressources que ce que la planète peut en donner.
Ces auteurs donc critiquer la courbe environnementale de Kuznets en montrant qu’elle n’est pas
vérifiée pour certaines pollutions. Dans les faits l’augmentation du revenu moyen se traduit ainsi
par une augmentation de la consommation des ressources naturelles et de la production de
déchets. Par exemple, même si les automobiles sont moins polluantes, l’augmentation de leur
nombre entraîne une augmentation globale de la pollution.
L’approche de la durabilité faible est largement développée chez les économistes standards, alors
que la durabilité forte est l’approche défendue par les mouvements écologistes et les tenants de
l’écologie économique. Pour ceux-ci il faut encourager une réduction de la consommation et de la
production pour assurer un véritable développement durable.

Tableau récapitulatif. Soutenabilité faible/Soutenabilité forte


Soutenabilité faible Soutenabilité forte
Conception du capital Pas de particularité Particulier : ce capital doit être
naturel maintenu en l’état
Les capitaux sont Les capitaux ne sont pas
Substituabilité entre le
substituables. C’est la somme substituables, ils sont
capital naturel et le
du capital naturel et du capital complémentaires.
capital construit
construit qui doit être
(capital physique,
maintenue constante d’une
humain, institutionnel)
génération à une autre.
Le progrès technique permet Le progrès technique ne
Rôle du progrès

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de préserver l’environnement : permet pas de préserver
technique dans la
technique de dépollution, l’environnement puisque les
préservation de
économies d’énergies, capitaux ne sont pas
l’environnement
techniques moins polluantes. substituables.
Courbe de Kuznets Courbe de Kuznets remise en
environnementale, découverte cause, déforestation
Exemples confirmant de nouveaux gisements de (Amazonie), surexploitation
chaque thèse pétrole, dépollution, des ressources halieutiques,
réintroduction d’espèces hausse des déchets.
animales…
Investissements dans Détermination de seuils
l’éducation, dans la R-D qui quantitatifs de prélèvement sur
permettent des progrès la nature (quotas de pêche) et
techniques préservant le de rejet dans l’environnement
Politique(s) à mettre
capital naturel. (réchauffement). Interdiction
en œuvre
de certains rejets (CFC) ou de
certains prélèvements
(interdiction du commerce des
animaux sauvages, etc.).
Source : L. Auffant, Fiche-concept « Développement durable », Ac. Aix-Marseille

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II. ... et rendent nécessaire la mise en place d’une politique
environnementale
A. Les défaillances du marché nécessitent de mener des politiques
environnementales
Les Etats vont mettre en place des politiques environnementales du fait de l’impossibilité de laisser
le marché résoudre les problèmes posés par la pollution et l’épuisement des ressources. Le climat
comme la qualité de l’air ou les ressources forestières sont en effet des types de bien particuliers
(non excluables) qui ne peuvent pas être pris en charge par le marché.
Rappel - Les différents types de bien
Le climat et la qualité de l’air sont
Excluabilité : Non excluabilité : des biens collectifs
l’accès au bien l’accès au bien ne
Le climat est un bien collectif car c’est
peut être rendu peut pas être
payant contrôlé par un prix
un bien dont tout le monde bénéficie
(on ne peut pas exclure quelqu’un de
Rivalité : Biens privatifs : Biens communs : sa consommation) et qui est non-rival
l’usage d’une - vêtements, - bancs de
coupe de
(les autres peuvent en bénéficier en
unité du bien en poissons même temps que moi). Il existe d’autres
prive les autres cheveux, - ressources
restaurant, … bien collectifs mondiaux comme la
forestières
biodiversité, l’air pur, l’eau potable, …
Non rivalité : Biens de club : Biens collectifs :
l’usage d’une - Télévision - La défense Il est nécessaire de protéger ces biens
unité du bien ne crypté/payante nationale collectifs car si l’on ne peut pas exclure
prive pas les - Salles de - Les phares leur consommation par les individus
autres utilisateurs spectacle maritimes (ont dit qu’ils sont non exclusifs), les
de son usage - Autoroutes à - Le climat agents économiques peuvent
péage - la qualité de néanmoins les détruire par leur action
- Connaissances l’air
en polluant (on parle d’externalité
protégées par - Connaissances
négative).
des brevets non brevetées
E. Buisson-Fenet et M. Navarro, La microéconomie en
pratique, Armand Colin, coll. Cursus, 2012Rappel de première
Une externalité correspond à l’action
d’un agent économique qui affecte

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directement un autre agent sans que
celui-ci ne paie ou ne soit indemnisé.
Les ressources environnementales sont des biens communs
Si le climat ou l’environnement sont des biens collectifs, certaines ressources environnementales,
comme le bois ou les bancs de poissons sont elles des biens communs. Les biens communs sont,
comme les biens collectifs, non excluables mais par contre ils sont rivaux, c’est-à-dire que leur
consommation diminue la possibilité de consommation pour les autres usagers. Se pose pour les
biens communs des problèmes identiques à ceux que la pollution pose aux biens collectifs. En
effet, comme on ne peut exclure personne de leur consommation, les agents économiques ont un
intérêt individuel à surconsommer ces biens et à utiliser au maximum la ressources. Le problème
c’est que cela conduit à l’épuisement de la ressource et à sa disparition. C’est ce que l’on appelle
parfois la « tragédie des communs », en référence à un article de G. Harding publié en 1968.
Le marché ne peut pas protéger les biens communs et collectifs ce qui nécessité
l’intervention de l’Etat
Le marché ne peut pas résoudre ce problème car comme on ne peut pas exclure les individus de
la consommation, on ne peut pas donner un prix au bien. Il apparaît donc nécessaire pour les
pouvoirs publics de réglementer afin de protéger ou de fournir ces biens collectifs. La production
publique du bien permet de faire financer collectivement le bien et que tous ceux qui en bénéficient
participent à son financement.
La difficulté pour les biens publics mondiaux est que leur financement ne peut pas se faire par
l’impôt et qu’il dépend de mesures prises au niveau de chaque pays. Certains pays vont avoir
intérêt à adopter une stratégie de passager clandestin en laissant les autres diminuer leurs

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pollutions ou leurs émissions de gaz pour préserver l’environnement, bénéficiant ainsi de
l’amélioration du climat ou de l’environnement sans en supporter le coût.

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B. Des politiques climatiques qui utilisent différents instruments
L’Etat va donc intervenir et mener des politiques environnementales. Il dispose pour cela d’un
instrument réglementaire, les normes, et deux instruments économiques, les taxes et les marchés
de quotas d’émission.
L’Etat peut mettre en place des normes Les limites de normes
pour agir sur l’environnement Le problème des normes est qu’elles n’incitent
La première façon d’intervenir pour l’Etat est pas les agents économiques à dépolluer mais
d’instaurer une norme, c’est-à-dire une seulement à limiter leur pollution. Le risque
réglementation qui influence le est alors que les agents économiques
comportement des agents économiques en choisissent le niveau maximal de pollution
les obligeant a respecter certains critères autorisé (juste en dessous de la norme).
(un niveau maximum de pollution, une L’autre difficulté des normes est qu’il est
interdiction d’utiliser certains produits, etc.). La difficile de définir leur niveau optimal. Les
norme est donc une régulation par les pouvoirs publics ne possèdent pas forcément
quantités et non par les prix, car elle fixe en une information complète sur le niveau de
général une quantité de pollution ou de pollution de chaque entreprise (l’information
substance toxique à ne pas dépasser (taux de est imparfaite). Si la norme est trop stricte, le
nitrate dans l’eau par exemple). risque est qu’elle ne soit pas respectée ou
Le non respect de la norme est un qu’elle conduise à un coût trop élevé pour
comportement qui doit faire l’objet d’une l’entreprise et à la fin de l’activité. Si la norme
sanction négative (administrative, financière, est trop laxiste, elle n’a plus d’utilité car elle ne
pénale) pour que celle-ci soit respectée. conduit à aucune réduction de la pollution.

Les normes sont donc efficaces quand elles sont ciblées sur un nombre précis et connu
d’industries qui disposent de technologies alternatives pour réaliser leur production.

L’Etat peut mettre en place des taxes pour influencer le comportement des agents
La deuxième façon d’intervenir pour l’Etat consiste à mettre en place une taxe qui vise à renchérir
le coût de production du pollueur pour l’inciter à réduire sa pollution ou à utiliser des
technologies de production moins polluantes. Plusieurs pays ont ainsi mis en place une taxe
carbone qui vise à renchérir le coût des productions polluantes en CO2.

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La taxe est un instrument qui encourage le pollueur à diminuer au maximum sa pollution en
renchérissant son coût de production (régulation par les prix). Elle fonctionne sur le principe du
pollueur-payeur puisque c’est le pollueur qui prend en charge le coût social de la pollution.
Des taxes contestées
La mise en place des taxes est toutefois souvent contestée par les consommateurs et les
producteurs. Les industriels s’inquiètent des conséquences de la taxe sur le compétitivité et des
coûts supplémentaires qu’elle engendre. Les consommateurs contestent eux la diminution de leur
pouvoir d’achat que la taxe induit. Les taxes sont donc incitatives mais la difficulté consiste là
encore à fixer leur niveau optimal. Une taxe trop élevée peut pénaliser les entreprises et la
consommation, mais une taxe trop faible peut n’avoir aucun effet incitatif.

La création de marchés de quotas d’émission


La troisième et dernière façon d’intervenir est supérieure à l’offre, le prix du quota
consiste donc à mettre en place un marché de d’émission doit augmenter et inversement.
quotas d’émissions. Il s’agit d’un marché ou L’entreprise qui émet du GES se trouve face à
s’échangent (achat et vente) des droits à deux choix: soit réduire ses émissions (en
polluer, des quotas d’émission de gaz a mettant en place de nouveaux équipements,
effet de serre (GES). etc…), soit acheter des quotas d’émission sur
Ce système a été lancé en 2005 dans l’Union le marché aux entreprises qui ont dépollué et
européenne dans l’objectif de réduire les qui ont des quotas supplémentaires.
émissions de GES, suite aux accords de Kyoto. Le marché de quota permet donc, comme les
normes, de limiter les quantités de polluants
Le prix de la tonne de C02 se fixe, comme sur
(fixées par le nombre de quota) tout en
un marché, en fonction de l’offre et de la
réduisant les coûts pour les entreprises. Ce
demande de quotas d’émission. Si la demande

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sont en effet les entreprises pour qui le coût de vendre leurs quotas aux entreprises qui ont des
dépollution est le plus faible qui vont davantage coûts plus élevés.
réduire la pollution ce qui leur permettra de

Tableau récapitulatif. Les avantages et inconvénients des trois instruments utilisés pour
réduire les rejets de carbone.
Avantages Inconvénients / Limites
-Plafonne ou supprime les pollutions -Les coûts économiques peuvent être
dangereuses aux effets irréversibles supérieur aux gains environnementaux :
-Montant des réductions de pollution connu à la norme uniforme s’applique mal à des
Règlementation

l’avance (ex ante) émetteurs hétérogènes (en chiffre


-Décision facile et rapide à prendre pour les d’affaires, coût de dépollution) et peut
pouvoirs publics : publier un décret ou conduire à des faillites « des plus petits »
règlement. Elle dégrade la compétitivité des
-Faible coût de mise en œuvre entreprises concernées par rapport à
-Bien adapté lorsque le contrôle est aisé leurs concurrents qui ne le seraient pas
-Risque de contournement de la norme si
elle est trop exigeante
-Pas d’incitation à faire mieux que la norme

-Procure des recettes fiscales -On ne connaît pas à l’avance le volume


-Chaque entreprise est libre de faire son des réductions des émissions polluantes
propre arbitrage (calcul économique) entre que la taxe va entraîner
le coût de la taxe et le coût de dépollution -Mise en place internationale difficile
-Une fois la taxe imposée/acceptée, système (harmonisation fiscale, dumping fiscal)
de contrôle léger -L’efficacité de la taxe dépend de la
-Possibilité de moduler la taxe en fonction du capacité des pouvoirs publics à prélever
Taxe

secteur d’activité l’impôt et surtout de sa capacité à fixer le


-Possibilité de financer des projets de bon niveau de la taxe pour qu’elle soit
incitative sans engendrer de

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dépollution ou redistribution des fruits de la
taxe pour subventionner les industries les contournement
plus fragiles (subventions à la dépollution) -La taxe peut être reportée sur les
-Incitation à dépasser l’objectif visé par les consommateurs : baisse pouvoir d’achat
pouvoirs publics (mais non connu à des consommateurs les moins riches /
l’avance) les plus captifs (inéquité)

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-On connaît à l’avance le volume des -Système de régulation (création du
réductions des émissions polluantes (le marché, attribution des quotas,
quota fixés détermine le plafond contrôle…) potentiellement lourd et
d’émission) coûteux.
-Chaque entreprise est libre de faire son -Le prix dépend de la quantité de quotas
propre arbitrage (calcul économique) entre alloués. Problème si ceux-ci sont trop
le prix du quota sur le marché et le coût de importants, le prix est très faible.
dépollution -Risques de spéculation déstabilisatrice
Marché

-Souplesse du dispositif qui peut s’appliquer à -Absence d’équité selon la taille des
des entreprises ou des pays entreprises intervenantes sur le marché
-Autorégulation du dispositif, le prix fluctue (gros offreurs sont aussi gros
selon la confrontation libre des offres et demandeurs (ex EDF), ils sont donc
demandes de quotas, le marché est censé price maker plutôt que price taker),qui
déterminer le « bon » prix du quota, par ex peuvent ou non répercuter les coûts de
de la tonne de CO2 la dépollution sur les consommateurs
-Les émissions baissent d’abord là où les -Marché inadapté pour des petits émetteurs
coûts de la dépollution sont les plus faibles
(efficacité économique)
Source : Marjorie Galy, Ac. Strasbourg

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