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INTRODUCTION

I. Etat de la question

En 1992, plus de 1700 scientifiques avertissaient l’humanité concernant leurs


inquiétudes à propos de problèmes environnementaux : changement climatique, déclin de la
biodiversité, déforestation, raréfaction de la disponibilité d’eau douce, zones mortes des
océans et croissance démographique1.

Vingt-cinq années plus tard, ce sont plus de 15 000 scientifiques qui renouvellent cette
alerte dans un article publié par le magazine « Bioscience ». Ils soulignent l’échec de
l’humanité à faire face aux défis environnementaux. L’exacerbation de ces problèmes met
aujourd’hui en péril l’intérêt commun de l’espèce humaine. Les craintes se focalisent
essentiellement sur l’enième extinction de masse et le changement climatique. Les signataires
déplorent particulièrement l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui provient
de la combustion de combustibles fossiles, de la déforestation et de la production agricole,
plus particulièrement l’élevage de ruminants à destination de la consommation d’aliments
carnés.

Derrière ces causes, sont dénoncés la surconsommation et la croissance économique.


Des mesures urgentes sont requises pour sauvegarder notre biosphère en péril. C’est pourquoi
« réévaluer le rôle d’une économie enracinée dans la croissance » apparaît comme une étape
indispensable à la survie de l’espèce humaine, au même titre que limiter la croissance
démographique, réduire les gaz à effet de serre et restaurer les écosystèmes.

Quarante années de négociations internationales sur le changement climatique n’ont pas


permis d’enrayer la problématique. Au contraire, de nombreux indicateurs présentent un
caractère alarmant car ils sont synonymes d’une augmentation continue des émissions de gaz
à effet de serre : augmentation de la population mondiale humaine et de bétail, production de
viande par personne, PIB mondial, perte de couverture forestière, etc. Or le changement
climatique est arrivé, et la rapidité de son évolution a clairement été sous-estimée par un
grand nombre de scientifiques.

Une remise en cause de nos modes de vie apparaît indispensable, et des transformations
aussi drastiques qu’ambitieuses doivent être entreprises dans les politiques économiques et
démographiques et de nouvelles législations doivent naitre pour encadre le secteur
économique qui tend à causer de grands dommages à l’environnement. Les croissances
démographique et économique sont parmi les plus importants vecteurs d’augmentation
d’émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion de combustibles fossiles. C’est
pourquoi notre travail préconise la réorientation des objectifs économiques actuellement
centrés sur la croissance du produit intérieur brut et l’accumulation des richesses, vers le
soutien aux écosystèmes et à la qualité de vie, en priorisant les besoins fondamentaux et la

1
H. W. Kendall, World scientists’ warning to humanity, 18 novembre 1992

1
réduction des inégalités tout en tenant compte de l’adaptation des législations face aux crises
environnementales. Car en effet, la poursuite de la croissance économique est incompatible
avec la soutenabilité à long terme de la biosphère, à cause de l’extraction excessive de
matériaux et la surexploitation des écosystèmes.

II. Problématique

Les difficultés rencontrées par la plupart de gouvernements mondiaux pour atteindre les
objectifs internationaux environnementaux questionnent la compatibilité du système
économique mondialisé actuel avec le développement durable, tel que défini par le rapport
Notre avenir à tous : « un développement qui répond aux besoins des générations du présent
sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

La méfiance grandissante des scientifiques à l’égard de la croissance économique


s’exprime particulièrement à travers cette citation de Kenneth E. Boulding, lui-même
économiste : « celui qui croit qu’une croissance infinie peut continuer indéfiniment dans un
monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Cette phrase met en exergue la « double
collusion » présentée par Jean-Marc Lavieille, Hubert Delzangles et Catherine Le Bris2, entre
d’une part le court-terme du marché et du profit et le long-terme de l’écologie, et d’autre part
entre « des pouvoirs humains se voulant infinis » avec « la finitude de la Terre ».

La croissance économique est un indicateur de santé de l’activité économique d’un


pays. Les Etats adaptent ainsi leurs politiques publiques et les entreprises sont informées sur
le contexte économique global du territoire d’activité. La méthode de mesure du PIB est
élaborée par l’Organisation des Nations Unies afin d’être appliquée à tous les pays.

Depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le 8ème


objectif de développement durable est la promotion d’une croissance économique soutenue,
partagée et durable, afin d’atteindre un idéal de plein emploi productif et de conférer un
travail décent à chacun3. La croissance économique d’un Etat est synonyme de création
d’emplois stables et rémunérés, et permet ainsi de lutter contre la pauvreté. C’est pourquoi cet
objectif est devenu une priorité pour un grand nombre de pays en développement.4 L’un des
moyens privilégiés pour stimuler la croissance économique d’un Etat demeure l’attraction
d’investissements étrangers. Il en résultera une amélioration de la productivité totale des
facteurs, grâce aux capitaux apportés et notamment le transfert de technologie.

Cependant, le potentiel de la croissance économique de remédier ou non aux problèmes


environnementaux est un débat d’économistes et d’experts en sciences naturelles. Le droit
présente la particularité de ne pas être subordonné aux exigences des scientifiques, et le droit
2
J.-M. Lavieille, H. Delzangles, C.Le Bris, Droit international de l’environnement, 4ème édition, Ellipses, p. 20
3
Résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre, 70/1, Transformer notre
monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030
4
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/wpcontent/uploads/sites/4/2016/10/Why_it_matters_Goal_8_Fre
nch.pdf

2
de l’environnement est un exemple symptomatique de la relation complexe et même
paradoxale entre les disciplines juridiques et scientifiques5. Toutefois, le droit doit concilier
tous les intérêts en jeu, et n’est pas soumis au seul diktat des sciences écologiques. Les enjeux
économiques, sociaux, politiques, éthiques et culturels doivent également être « entendus », et
leur prise en compte est indispensable pour s’engager sur la voie d’un développement durable.

Les experts ne peuvent remplacer les décideurs, considérés à tort ou à raison comme les
plus à même d’adopter des règles de droit dans l’intérêt public.

Les causes de grandes menaces environnementales sont pourtant identifiées, mais


inverser les tendances de détérioration de la nature se révèle être d’une délicatesse sans
précédent. La dégradation de l’environnement résulte du système productiviste plaçant la
nature au service de l’Homme.6 Dans un contexte d’accroissement des inégalités et
d’explosion démographique, la surconsommation de ressources naturelles d’une minorité
d’habitants de la planète et l’idéal de développement qu’elle constitue exacerbent les atteintes
à la biosphère7. « L’accélération du système international » - c’est-à- dire la circulation
toujours plus rapide des personnes, marchandises, services et capitaux - aggrave la fréquence
de survenance des dégradations environnementales8. Le climat s’emballe, la biodiversité
disparaît, et les ressources naturelles s’épuisent.

Pourtant, les multiples atteintes à l’environnement sont le fait de l’être humain, et par
conséquent, lui- seul peut y remédier. A cet égard, d’une part adopter une perspective
juridique sur l’intégration de l’économie, et plus particulièrement l’objectif de croissance
économique dénoncé par de nombreux scientifiques, dans le droit de l’environnement apparaît
pertinent pour analyser son évolution et les interactions en résultant.

D’autre part, en théorie, le droit de l’environnement national et son application par les
services de l’Etat auraient dû garantir le respect des objectifs environnementaux édictés tant
au niveau international que national. L’administration dispose des informations pertinentes
pour autoriser les seules activités ne compromettant pas la protection de l’environnement
légalement souhaitée. Mais elle se voit également conférer des « pouvoirs de négociations
importants » avec les acteurs économiques9.

C’est pourquoi il est intéressant de s’interroger : comment les juridictions congolaises


appréhendent-elles le droit de l’environnement lorsqu’il est à l’origine d’un différend entre les
opérateurs économiques et l’Etat congolais, puis dans quelle mesure leur jurisprudence
interagit rétrospectivement avec l’élaboration des normes environnementales et leurs
applications, aujourd’hui, dans une époque où le droit de l’environnement parait être le

5
R. Romi, « Science et droit de l’environnement : la quadrature du cercle », AJDA 1991, p. 432
6
J.-M. Lavieille, H. Delzangles, C. Le Bris, Droit international de l’environnement, op. cit., p. 19
7
Idem
8
Idem
9
Centre de recherche en droit économique, « Introduction au droit économique de l’environnement », pp. 15-
37, dans Pour un droit économique de l’environnement, Mélanges en l’honneur de G.J. Martin, éd. A. Frison-
Roche, 2013, p. 16

3
domaine dans lequel le pouvoir judiciaire doit relever le plus grand défi et paradoxalement
c’est pourtant l’un des domaines de l’administration judiciaire avec lequel le pouvoir
judiciaire est le moins familiarisé. C’est également dans ce domaine qu’il dispose du moins
bon équipement pour travailler, que ce soit au moyen de concepts, de procédures,
d’informations sur la jurisprudence ou d’accès aux matériels pertinents.

III. Méthodologie de recherche

Au demeurant, l’analyse du sujet objet de cette étude impose une démarche


méthodologique plus concrète qui s’appuie sur l’application du droit international en RDC,
sur la réalité du droit congolais en matière de l’environnement, prenant en compte ses aspects
théoriques et pratiques.

Les enquêtes, les sondages sont des méthodes utilisées en vue d’accéder à l’information.
Aussi en raison du défaut de publications judiciaires congolaises, les jurisprudences
françaises, belges et autres nous servent de référence.

IV. Intérêt de l’étude

L’intérêt qui sous-tend le choix de notre sujet s’apprécie dans une approche à triple
dimension : scientifique, pédagogique et sociale.
Dans sa dimension scientifique, nous comptons apporter notre modeste contribution à la
littérature scientifique en analysant quelques questions liées aux dommages causés à
l’environnement.

En effet, étant en pleine période de croissance économique et de progrès techniques et


scientifiques, l’on remarque une augmentation de l’impact négatif des activités humaines sur
l’environnement. Parler de l’environnement est devenu indissociable de la notion de
développement économique et social, car il fait partie intégrante de la politique de «
développement durable », qui permet d’allier trois éléments qui, jusqu’à présent, étaient
souvent traités indépendamment : l’essor environnemental, l’essor économique et l’essor
social.

Quant à sa dimension pédagogique, ce travail entend fournir quelques connaissances sur


des concepts et principes environnementaux de développement dans les juridictions, une
meilleure compréhension des directions que devrait prendre cette branche du droit qui ne
cesse de se développer et une plus grande capacité pratique de à aborder ces nouveaux
phénomènes que les cours et tribunaux congolais n’ont pas eu à traiter à maintes reprise aux
cours de ces précédents siècles.

Enfin la dimension sociale face aux multiples exactions et questions qu’on observe dans
le débat public des questions qui touchent à l’environnement avec la montée en puissance de
l'éthique notamment dans les domaines de la bioéthique et de la fin de vie.

4
V. Délimitation

Dans le temps, notre étude va s’étendre sur la période de 2011 à nos jours, année qui
marque l’adoption de la mise en vigueur de la loi numéro 11 /009 du 9 juillet 2011 portant
principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement. En passant par l’année
2015 qui marque l’adoption au niveau international des objectifs de développement durable à
l’horizon 203010.

Dans l’espace, notre étude s’étend sur la République Démocratique du Congo afin de
pouvoir vérifier l’effectivité de la mise en application de cette loi ainsi que la relation avec le
développement économique de la RDC.

VI. Plan sommaire

Au-delà de l’introduction et la conclusion, notre travail répond à une subdivision binaire


offrant deux chapitres jalonnés des sections et paragraphes.

Le premier chapitre traitant de la protection des opérateurs économiques et investisseurs


étrangers intégrant suffisamment les considérations écologiques pour respecter la finalité du
droit de l’environnement.

Le deuxième chapitre quant à lui, analysant la mise en application du droit de


l’environnement au regard de la loi numéro 11 /009 du 9 juillet 2011 portant principes
fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement et son adoption face à l’adoption des
objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

10
La résolution A/RES/70/1 intitulé « Transformer notre monde le programme de développement durable à
l’horizon » de 2015

5
PLAN SOMMAIRE

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES OPÉRATEURS


ÉCONOMIQUES ET INVESTISSEURS ÉTRANGERS EN DROIT CONGOLAIS

Section 1 : Protection de l’environnement en droit congolais


Section 2 : protection des opérateurs économiques et investisseurs étrangers en droit
congolais

CHAPITRE 2 : MISE EN APPLICATION DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT AU


REGARD DE LA LOI NUMÉRO 11 /009 DU 9 JUILLET 2011 PORTANT PRINCIPES
FONDAMENTAUX RELATIFS À LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET
SON ADOPTION FACE À L’ADOPTION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
DURABLE À L’HORIZON 2030.

Section 1 : La loi du 9 juillet 2011 face l’adoption des objectifs de développement durable à
l’horizon 2030
Section 2 : L’intrication du droit interne de l’environnement dans les relations
d’investissements internationaux, un obstacle à son renforcement.
Section 3 : Considérations générales, critiques et perspectives.

CONCLUSION

6
CHAPITRE 1 : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES OPÉRATEURS
ÉCONOMIQUES ET INVESTISSEURS ÉTRANGERS

Section 1 : Analyse juridique de protection de l’environnement en droit congolais

Le droit de l’environnement, bien que relativement nouveau dans la famille des sciences
juridiques, a connu une évolution vertigineuse depuis quelques décennies grâce à ses bases
théoriques et opératoires, qui se sont affinées et approfondies au fil des temps. Les principes
et concepts qui constituent d’importantes bases théoriques de cette branche du droit ont
stimulé et enrichi son développement au cours des dernières années pour en faire une
discipline moderne11.
Les décennies récentes ont vu l’apparition des principes de base de protection de
l’environnement à travers plusieurs instruments non juridiques, notamment les Déclarations
de Stockholm (1972), de Rio (1992), de Johannesburg (2002) et de Rio+20 (2012). Ces
différents documents ont développé des principes fondamentaux de protection de
l’environnement qui doivent guider aujourd’hui toutes les politiques environnementales à
travers le monde. Ces principes ont par la suite connu une consécration juridique, aussi bien
au niveau international qu’au niveau national, pour devenir, en quelque sorte, des principes de
droit de l’environnement.
Il s’agit donc d’analyser ici les principes fondamentaux de protection de
l’environnement, les instruments juridiques internationaux relatifs à la protection de
l’environnement ainsi que les instruments juridiques nationaux y afférant.

§1. Principes fondamentaux de protection de l’environnement

Le droit de l’environnement repose sur de grands principes juridiques. Ils résultent soit
du droit international conventionnel ou coutumier, soit du droit national à travers les
constitutions ou les lois cadre sur l’environnement. Souvent c’est une formulation initiée à
l’échelle internationale qui est reprise au niveau national. Ces principes participent largement
à la mondialisation du droit de l’environnement, et même dans une certaine mesure à une
forme d’acculturation des droits nationaux de l’environnement. Ces principes se situent en
amont et en aval de la protection de l’environnement12.
Ainsi en amont, il est constaté la réduction et l’élimination des modes de production et
de consommation non viables, les méthodes de production propres, l’évaluation des activités
pouvant avoir des effets nocifs sur l’environnement, l’utilisation équitable et durable d’une
ressource partagée ; le devoir de tout Etat est d’éviter de causer des dommages à
l’environnement.

11
G. CANIVET, L. LAVRYSEN et D. GUIHAL, Manuel judiciaire de droit de l’environnement, Nairobi,
PNUE, 2006, p. 27.
12
J.M. LAVIEILLE, Les principes généraux du droit international de l’environnement et un exemple : le
principe de précaution, cours de master en droit international et comparé de l’environnement, Université de
Limoges, 2016, p. 4.

7
Il existe aussi des disciplines juridiques prenant en compte les principes ou
préoccupations environnementales13.
En aval de la protection, c’est-à-dire au moment où les choses tournent mal ou après la
catastrophe et les dommages : la notification des situations critiques, la coopération
transfrontière en cas d’accident industriel, le devoir d’assistance écologique pour les Etats
sinistrés, la responsabilité pour dommages causés à l’environnement et le principe pollueur-
payeur.
C’est ce qui fait que les principes de protection de l’environnement ont une fonction
d’anticipation pour certains, une fonction de réparation pour d’autres, dans certains cas une
fonction hybride constituant « une troisième catégorie de principes », lorsqu’ils sont
applicables en amont et en aval.
Il y a lieu d’examiner d’abord les principes ayant une portée anticipatrice, ensuite ceux
ayant une portée réparatrice et enfin la troisième catégorie de principes qui présentent une
portée mixte.

1.a. Principe ayant une portée anticipatrice

Ces principes peuvent être classés selon qu’ils permettent une anticipation directe des
effets sur l’environnement ou qu’ils opèrent de façon indirecte.

Parmi les principes permettant une anticipation directe en amont et visant à empêcher
toute survenance immédiate, possible ou probable des dommages sur l’environnement, on
distingue cinq principes : le principe de prévention, le principe de précaution, le principe de
correction à la source, le principe de participation et le principe d’intégration.

- Principe de prévention consiste à empêcher la survenance d’atteintes à


l’environnement par des mesures appropriées, dites préventives, avant l’élaboration d’un plan
ou la réalisation d’un ouvrage ou d’une activité. Le principe de prévention permet d’intégrer
les exigences environnementales dès la phase de conception d’un projet et de garantir que ces
exigences seront prises en compte lors des phases de conception, de préparation et
d’exécution d’un projet. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10
décembre 1982 précise, par exemple, que lorsqu’existent de « sérieuses raisons de penser que
des activités risquent d’entraîner une pollution importante les États évaluent, dans la mesure
du possible, les effets potentiels de ces activités14 ».
Plusieurs autres instruments internationaux consacrent ce principe, par exemple la
Convention sur la diversité biologique15. Ce principe de prévention se matérialise par des
techniques d’évaluation environnementale et par des outils de planification.
Le principe de prévention exige l’existence de la certitude scientifique avant de prendre
les mesures qui s’imposent. En revanche, le principe de précaution demande d’agir même face
à l’incertitude.

13
Grégoire BAKANDEJA wa PUNGU, Notes de cours d’initiation aux problèmes d’environnement, Université
catholique du Congo, 2020,p.7.
14
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, 10 déc. 1982, art. 206.
15
Art. 14 de la convention sur la diversité biologique

8
Principe de précaution est l’un des plus importants de la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement : « Pour protéger l’environnement, des mesures de
précaution doivent être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de
risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne
doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption des mesures effectives visant à
prévenir la dégradation de l’environnement ».
La précaution vise à limiter des risques potentiels, mais scientifiquement incertains. On
prend des mesures face à un risque mal connu ou inconnu. La prévention par contre est la
gestion à priori d’un risque connu. Le principe de précaution vise à contrôler des risques
avérés tandis que le principe de précaution s’applique à la fois sur le terrain pénal et sur celui
des dommages et intérêts. Bien sûr, ce n’est pas un remède miracle face au productivisme,
mais il n’est pas non plus une idée ou un moyen à ranger dans les accessoires inutiles. Il
correspond à une attitude à adopter face à un risque mal connu ou inconnu ; c’est donc une
sorte de guide politique et éthique, mais aussi un principe de droit ayant des effets de droit et
devant être contrôlé et sanctionné juridiquement.

- Principe de correction à la source basé sur le principe 8 de la déclaration Rio gestion


écologiquement rationnelle exige de s’attaquer à la source de la pollution en imposant une
conception et une fabrication des machines et des produits qui n’engendrent pas ou très peu de
nuisances lorsqu’on les fait fonctionner ou lorsqu’on les consomme. Pour réduire les déchets
par exemple, il faut éviter de fabriquer des produits non recyclables 16. Cette façon de faire
s’appelle l’écoconception17.

- Principe de participation : c’est la Déclaration de Rio, en son principe 10, énonce ce


principe en affirmant : « La meilleure façon de traiter les questions d’environnement est
d’assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient.

Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives
à l’environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives
aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de
participer aux processus de prise de décision. Les États doivent faciliter et encourager la
sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de
celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des
réparations et des recours, doit être assuré. »

- Principe d’intégration commande d’éviter les approches sectorielles traditionnelles et


implique l’intégration de l’environnement dans toutes les décisions et stratégies publiques et
privées comme une exigence fondamentale pour garantir le développement durable. Déjà
proclamé dans la Déclaration de Stockholm en son principe 13, il figure dans le principe 3 de
la Déclaration de Rio.

16
Dans son principe 8, la Déclaration de Rio prône la réduction et l’élimination des modes de production et de
consommation non viables.
17
L’écoconception est la nécessité d’intégrer la préoccupation environnementale dès la conception des produits
de manière à ce qu’ils soient facilement recyclables

9
En définitive, l’action en amont dans la protection de l’environnement reste la plus
préconisée. Mais étant entendu qu’il est difficile, voire quasiment impossible de juguler les
effets environnementaux possibles ou probables en empêchant leur réalisation, des principes
intervenant dans une action en aval de l’événement environnemental permettent de réparer les
effets survenus.

a.2. Principes ayant une portée réparatrice

S’il n’a pas été possible d’intervenir par anticipation, il est souvent loisible d’agir en
aval d’un événement ayant perturbé un équilibre environnemental pour tenter d’en pallier les
aspects négatifs. Ainsi, sont recensés ici le principe préleveur-payeur, généralement usité dans
le droit des cours d’eau et des lacs, et le principe de responsabilité, qui permet de dégager les
engagements et les responsabilités des personnes se livrant à des activités potentiellement
nocives à l’environnement.

- Principe préleveur-payeur Ce principe vaut essentiellement pour les ressources


naturelles et surtout pour l’eau. Si les pouvoirs publics ne peuvent ni vendre des ressources à
un coût inférieur à leur valeur réelle ni subventionner la production ou la distribution, le prix
des ressources va augmenter, ce qui découragera le gaspillage. Ce principe vise à obliger ceux
qui prélèvent les ressources en eau à réparer, en payant une redevance, le préjudice supposé
ou implicite qu’ils font subir à l’environnement.

- Principe de responsabilité renvoie généralement à une autre idée, celle de faire peser
une obligation sur une personne physique ou morale devant certaines situations. La
responsabilité dans le domaine de l’environnement ne se limite pas au plan civil ou pénal, elle
peut s’étendre au plan social, moral ou même politique pour rechercher l’équité. Par exemple
lorsqu’on invoque en droit international de l’environnement, le principe des responsabilités
communes, mais différenciées, il ne s’agit ni des responsabilités civiles, ni pénales, mais
simplement d’une recherche de l’équité entre des États.
D’après le principe 13 de la Déclaration de Rio : « Les États doivent élaborer une
législation nationale concernant la responsabilité de la pollution et d’autres dommages à
l’environnement et l’indemnisation de leurs victimes. Ils doivent aussi coopérer diligemment
et plus résolument pour développer davantage le droit international concernant la
responsabilité et l’indemnisation en cas d’effets néfastes de dommages causés à
l’environnement dans des zones situées au-delà des limites de leur juridiction par des activités
menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle18 ». C’est dans ce sens que les
lois nationales de plusieurs Etats ont consacré le principe de responsabilité.

La responsabilité définie dans ce contexte ne peut être écartée qu’en apportant la preuve
que la pollution et ses conséquences dommageables sont uniquement dues à un événement
ayant le caractère de force majeure, ou à une faute d’un tiers ou de la victime qui, par son
action ou son abstention, aura contribué à la réalisation du dommage.
18
Dans ce cas, d’aucuns qualifient ce principe de responsabilité de « principe d’utilisation non dommageable du
territoire national ».

10
a.3. Principes ayant une portée mixte

Il s’agit ici des principes qui interviennent autant en amont de la survenance des événements
préjudiciables à l’environnement qu’en aval de leur réalisation. On a ici le principe pollueur-
payeur, le principe de subsidiarité, le principe de développement durable, le principe de
solidarité et de coopération et le principe d’équité.
- Principe du pollueur-payeur découle du constat selon lequel le coût de la
production d’un bien est inférieur à son coût social, dans lequel figure notamment le coût de
la dégradation de l’environnement provoquée par la production. Ce principe vise à
internaliser, soit à réintégrer la valeur estimée de la valeur du coup social dans le calcul
économique des agents et les coûts de production de l’entreprise.
Le caractère mixte de ce principe découle de ce qu’il s’applique souvent pour susciter
des mesures curatives, mais en même temps, certaines législations et une bonne partie de la
doctrine lui reconnaissent une fonction préventive.

- Principe de développement durable partant de sa définition, le principe de


développement durable comporte une dimension intergénérationnelle. Entendu comme un
développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la
possibilité pour les générations à venir à satisfaire les leurs, il faut préciser que la genèse du
développement durable est inhérente à l’avènement de la protection de l’environnement.

- Principe de solidarité et de coopération est fondamental en droit international de


manière générale et en droit international de l’environnement en particulier. Les questions
internationales se rapportant à la protection et à l’amélioration de l’environnement devraient
être abordées dans un esprit de coopération par tous les pays, grands ou petits sur un pied
d’égalité. Une coopération par voie d’accords multilatéraux ou bilatéraux ou par d’autres
moyens appropriés est indispensable pour limiter efficacement, prévenir, réduire et éliminer
les atteintes à l’environnement résultant d’activités exercées19.
- Principe d’équité est intimement lié au développement durable. L’équité recherchée
se situe entre plusieurs générations successives et à l’intérieur d’une même génération. Ce
principe suppose la construction d’une conscience de justice. L’équité intergénérationnelle,
quant à elle, doit se réaliser dans le temps.

Il s’agit de la nécessité pour les générations présentes de protéger l’environnement pour


garantir celui des générations futures. Cette nécessité est énoncée au principe 1 de la
Déclaration de Stockholm : « L’Homme a le devoir solennel de protéger et d’améliorer
l’environnement pour les générations futures. » Elle est réitérée au principe 3 de la
Déclaration de Rio de 1992.

En somme, les principes de protection de l’environnement sont nombreux et diversifiés.


Leur impact actuel et futur dépend du sort que chaque collectivité ou chaque individu leur
réserve. Qu’ils aient une portée anticipatrice ou curative, tous ces principes nécessitent d’être
soutenus par une mouvance progressiste. Souvent, les litiges relatifs aux principes de
protection de l’environnement portent sur la preuve et sur l’opportunité d’une décision prise

19
Principe 24 de la Déclaration de Stockholm sur l’environnement 1972

11
ou à prendre (en ce qui concerne le principe de précaution), l’existence ou non d’une faute
(principe de responsabilité), la prise en compte de tous les acteurs dans un processus
décisionnel (principe de participation), le montant des taxes à payer dans la lutte contre la
pollution (principe pollueur-payeur) ou le montant des indemnisations (principe de
responsabilité et principe pollueur-payeur).

Les lois sur la gestion de l’environnement de plusieurs États africains et


particulièrement de la RDC définissent celui-ci comme « l’ensemble des éléments naturels ou
artificiels et des équilibres biogéochimiques auxquels ils participent, ainsi que des facteurs
économiques, sociaux et culturels qui favorisent l’existence, la transformation et le
développement du milieu, des organismes vivants et des activités humaines»20.
Définir l’environnement comme un « ensemble », c’est-à-dire comme un collectif de
plusieurs composantes ou un groupe de plusieurs choses, est une reconnaissance de sa
diversité et de sa constitution en plusieurs secteurs. L’environnement étant donc constitué de
plusieurs secteurs, le droit qui le régit va aussi s’étendre dans chacun d’eux pour apporter un
encadrement juridique. Des règles juridiques ont ainsi été conçues et développées, aussi bien
au niveau international qu’au niveau national, pour couvrir les différents secteurs de
l’environnement.

§2. Instruments juridiques internationaux de protection de l’environnement

2.a. La déclaration de Stockolm de 1972

La déclaration de Stockolm a placé les questions écologiques au rang des


préoccupations internationales et a marqué le début d’un dialogue entre pays industrialisés
pays en développement concernant le lien qui existent entre la croissance économique, la
pollution de l’indivis mondial (l’air, l’eau, les océans) et le bien-être des peuples dans le
monde entier. Elle contient 26 principes21.

2.b. La déclaration de Rio

En juin 1992, à Rio de Janeiro (Brésil), la conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement, connue sous le nom de « Sommet Planète terre » a
adopté une déclaration qui a fait progresser le concept des droits et des responsabilités des
pays dans le domaine de l’environnement.
La déclaration de Rio n’est pas juridiquement contraignante. Toutefois, il est
vraisemblable que, comme dans le cas de la déclaration universelle des droits de l’homme, les
gouvernements se sentiront obligés d’adhérer à ses principes.

2.c. La Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources


naturelles

20
Art. 2 de la loi n°11/009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement.
21
https://un.org/fr/conférence/envionment/stockolm1972, consulté le 13 mai 2023 à 12h50

12
La Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles a
été adoptée le 11 juillet 2003 à Maputo, au Mozambique. Elle vise elle aussi à protéger la
diversité biologique. Cette convention a une portée géographique limitée à l’Afrique. Elle a
été adoptée dans le cadre de l’Union africaine, plus précisément en la deuxième session
ordinaire de sa conférence ordinaire.
La protection de la diversité biologique par cette conférence repose sur une obligation
fondamentale, laquelle exige que les États parties prennent et mettent en œuvre les mesures
nécessaires pour la réalisation des objectifs de la Convention22.

§3. Instruments juridiques nationaux de protection de l’environnement en RDC

3.a. La loi no 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier

En RDC, la conservation et la protection des espèces forestières constituent le nœud de


la protection. Cette protection est portée par des règles substantielles et processuelles. C’est la
loi no 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier de la République démocratique du
Congo qui traite de la conservation et de la protection forestière.

La conservation est entendue comme mesure de gestion permettant une utilisation


durable des ressources et des écosystèmes forestiers. La principale mesure de conservation est
la classification, qui permet d’accorder une protection accrue à certains couverts forestiers23.

3.b. La loi no 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature

Cette loi qui fixe les règles relatives à la conservation de la diversité biologique, à
l’utilisation durable de ses éléments constitutifs ainsi qu’à l’accès et au partage juste et
équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources biologiques et génétiques.

Elle concourt à assurer notamment la conservation des écosystèmes et des habitats


naturels, la protection des espèces de faune et de flore sauvages, ainsi que le développement
durable dans les aires protégées.

3.c. La loi n°11 :009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la
protection de l’environnement

Cette loi fixe les principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement,


conformément à l’article 123 de la constitution24.
Elle vise à favoriser la gestion durable des ressources naturelles, à prévenir les risques, à
lutter contre toutes les formes de pollutions et des nuisances, et à améliorer la qualité de la vie
des populations dans le respect de l’équilibre écologique.

22
Art. 2 de la Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles
23
Art. 12 de la loi no 011/2002 du 29 août 2002 portant Code forestier
24
Art. 1 de loi n°11 :009 du 9 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs 0 la protection de
l’environnement

13
Section 1 : Notions juridiques de la protection des opérateurs économiques

Tandis que le professeur achève un livre, l’agriculteur demande un prêt à la banque,


l’étudiant paie ses frais d’inscription à l’université, le retraité vend ses actions etc. Chacune de
ces personnes effectue un acte économique différent et joue un rôle dans le grand monde
économique.

Toute personne physique ou morale, publique ou privée, tout groupement de personnes


doté ou non de personnalité juridique qui offre sur le marché la réalisation de travaux ou
d’ouvrages, la fourniture de produits ou la prestation des services est un opérateur
économique25.

Tous les individus d’une société qui participent à la vie économique sont des agents
économiques. Ils prennent des décisions et réalisent les opérations économiques les mettant en
relation avec les autres : ils exercent une activité, perçoivent des revenus, dépensent,
accumulent du capital, prêtent, empruntent etc.

Ces agents ont plusieurs fonctions dans la vie économiques : un même agent peut à la
fois produire et consommer. Cependant pour simplifier, on peut associer chaque agent à une
fonction économique principale :

 Ceux qui produisent à la fonction de production ;


 Ceux qui consomment à la fonction de consommation
 Ceux qui redistribuent les revenus à la fonction de répartition.

On regroupe ces agents économiques en tenant compte de leur activité principale pour les
classer en cinq principaux secteurs :
 Les entreprises et sociétés commerciales
 Les ménages
 Les administrations
 Les institutions de crédit
 Le reste du monde

§1. Les entreprises et sociétés commerciales26

L’entreprise peut être définie comme étant une unité économique qui implique la mise en
œuvre de moyens humains et matériels de production et de distribution reposant sur une
organisation préétablie.
Le terme « entreprise » est souvent utilisé en droit du travail au sein duquel il est interprété
comme étant un ensemble des travailleurs ou d’entreprises exerçant une activité commune

25
https://www.franceagrimer.fr, consulté le 12 avril 2023 à 16h14
26
Art 4 de l’acte uniforme révisé relatif au de droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt
économique.

14
sous l’autorité du même employeur27. L’on ne peut dissocier l’entreprise de l’entrepreneur28,
ils forment une seule et même personne. Tandis qu’une société est une personne morale
disjointe de son associé.

Les activités d’une entreprise sont classées en trois secteurs :

 Le secteur primaire où l’on retrouve l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’extraction


des minerais.
 Le secteur secondaire où l’on retrouve les industries en générales (industries de
transformation, industries chimiques etc)
 Le secteur tertiaire où l’on retrouve le commerce, l’artisanat, services, transport.

§2. Les ménages

On regroupe sous le terme « ménage »29 l’ensemble des individus partageant le même
domicile et dont l’activité est essentiellement la consommation.
Les ménages joue un rôle double dans l’économie : ils fournissent le travail et en
échange, perçoivent un salaire ; ils consomment des biens et services et en contrepartie
donnent ce que l’on nomme « la dépense ménagère30 » et qui en fait le prix des biens et
services.
§3. Les administrations

Ce sont les institutions qui rendent les services sans rechercher de profit ou qui agissent
sur la répartition des richesses. On distingue :

 Les administrations publiques, regroupant l’Etat, les collectivités locales, la sécurité


sociales, qui produisent les services non marchands destinés à la collectivité ou
redistribuent les revenus et dont le financement est assuré par la collectivité.
 Les administrations privées qui regroupent l’Eglise, les syndicats, les associations,
les partis politiques, qui produisent des services destinés à leurs membres, sans but
lucratif, et dont le financement est effectué par l’intermédiaire des cotisations
versées par les membres et de subventions.

§4. Les institutions financières

27
Le droit OHADA parle de l’entreprenant et définit celui-ci à l’article 30 de l’acte uniforme révisé sur le droit
commercial général (AUDCG) comme étant « un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple
déclaration prévue dans le présent acte uniforme, exerce une activité professionnelle civile, commerciale,
artisanale ou agricole ».
28
L’entrepreneur est défini à l’article 12 de l’ordonnance-loi n°22/030 du 8 septembre 2022 à la promotion de
l’entrepreneuriat et des startups comme toute personne qui réalise des combinaisons nouvelles des facteurs de
production : produits et marchés nouveaux, organisation et méthodes nouvelles.
29
Art. 443 du code de la famille congolais.
30
Art. 220 du code civil français

15
Ce sont essentiellement les banques, les caisses d’épargne, la banque centrale du Congo
et les autres établissements de crédit.
Elles produisent des services financiers qui consistent à assurer l’émission de moyens de
paiement, de placement de financement et à collecter l’épargne des autres agents. Elles
assurent le financement de l’économie.

§5. Le reste du monde

Le reste du monde est une expression économique qui désigne l’ensemble des acteurs
économiques qui effectuent des échanges avec les acteurs économiques nationaux. Il s’agit
d’un acteur fictif qui permet de mettre en évidence l’existence d’échanges de biens et des
services avec l’étranger.

Les échanges entre ces opérateurs économiques précités font objet de plusieurs
violations des droits des personnes faisant partie de ce circuit. Raison pour laquelle, ce secteur
nécessite d’être encadré juridiquement.

Section 2 : Instruments juridiques de protection des opérateurs économiques.

§1. Instruments juridiques internationaux

1.a. La convention CIRDI

Créé le 18 mars 1965 par la convention de Washington, le centre international de règlement


des différends relatifs aux investissements. Le CIRDI offre des moyens de conciliation et
d’arbitrage pour régler les différends relatifs aux investissements opposants les Etats
contractants, conformément aux dispositions de la convention précitée31.
Le CIRDI examine les requête d’arbitrage et ne les enregistre que du le différend n’excède
pas manifestement sa compétence.
Les Règlement du CIRDI prévoient une procédure accélérée permettant de rejeter les
demandes qui sont manifestement dénuée de fondement juridique.
Les participants aux affaires régies par la convention CIRDI jouissent d’une immunité de
juridiction dans la conduite de la procédure.

1.b. Les accords de l’organisation mondiale du commerce (OMC)

La RDC est Membre originel de l'OMC depuis le 1er janvier 1997 elle a donc ratifié les
accords de l’OMC qui sont textes juridiques portant sur un large éventail de domaines
d’activité : agriculture, textiles et vêtements, activités bancaires, télécommunications, marchés
publics, normes industrielles et sécurité des produits, réglementation relative à l’hygiène
alimentaire, propriété intellectuelle et bien plus encore.

31
Convention CIRDI, 1965

16
Cependant, un certain nombre de principes simples et fondamentaux constituent le fil
conducteur de tous ces instruments qui forment le fondement du système commercial
multilatéral tels que :

 Egalité de traitement entre les Etats

Aux termes des accords de l’OMC, les pays ne peuvent pas, en principe, établir de
discrimination entre leurs partenaires commerciaux. Si un pays accorde à quelqu’un une
faveur spéciale (en abaissant, par exemple, le droit de douane perçu sur un de ses produits), il
doit le faire pour tous les autres membres de l’OMC.

Ce principe est dénommé traitement de la nation la plus favorisée. Son importance est
telle qu’il constitue le premier article de l’accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce, qui régit le commerce des marchandises (GATT). Il est aussi une clause prioritaire
de l’accord général sur le commerce des services (AGCS)32 et l’accord général sur les aspects
des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)33, même s’il est
énoncé en des termes légèrement différents d’un accord à l’autre. Ensemble, ces trois accords
visent les trois principaux domaines d’échanges dont s’occupe l’OMC.

 Egalité de traitement pour les étrangers et les nationaux.

Les produits importés et les produits de fabrication locale doivent être traités de manière
égale, du moins une fois que le produit importé a été admis sur le marché34. Il doit en aller de
même pour les services, les marques de commerce, les droits d’auteur et les brevets étrangers
et nationaux. Ce principe du « traitement national » qui suppose qu’il faut accorder aux autres
le même traitement que celui qui est appliqué à ses propres nationaux figure aussi dans tous
les trois principaux accords de l’OMC, même si, là encore, il est énoncé en des termes
légèrement différents d’un accord à l’autre35.

Le traitement national s’applique uniquement une fois qu’un produit, service ou élément
de propriété intellectuelle a été admis sur le marché. Par conséquent, le prélèvement de droits
de douane à l’importation n’est pas contraire à ce principe même lorsqu’aucune taxe
équivalente n’est perçue sur les produits de fabrication locale.

 Libéralisation du commerce

La libéralisation du commerce qui se fait de façon progressive et par voie de négociation


est l’un des moyens les plus évidents d’encourager les échanges est de réduire les obstacles au
commerce, par exemple les droits de douane (ou tarifs). Ce principe met en place des mesures
telles que les interdictions à l’importation ou les contingents qui consistent à appliquer

32
Art. 2 de l’accord sur le commerce des services
33
Art. 4 de l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.
34
Art. 3 du GATT
35
Art. 17 de l’AGCS et article 3 de l’Accord sur les ADPIC

17
sélectivement des restrictions quantitatives. Périodiquement, d’autres problèmes comme les
lourdeurs administratives et les politiques de change ont aussi été examinés.

Il y a eu depuis la création du GATT, en 1947-1948, huit séries de négociation


commerciales. Dans un premier temps, ces négociations étaient axées sur l’abaissement des
taux de droits applicables aux marchandises importées. Elles ont permis de réduire
progressivement les taux des droits perçus par les pays industrialisés sur les produits
industriels, qui ont été ramenés vers le milieu des années 90 à moins de 4 pour cent36.

L’ouverture des marchés peut apporter des avantages mais elle exige aussi des
ajustements. Les Accords de l’OMC autorisent les pays à introduire pas à pas les
changements, par une « libéralisation progressive ». Les pays en développement disposent
généralement d’un délai plus long pour s’acquitter de leurs obligations.

 Prévisibilité: consolidation et transparence

Parfois, il est peut-être aussi important de promettre de ne pas renforcer un obstacle au


commerce que d’en réduire, car la promesse permet aux entreprises de mieux voir les
possibilités qu’elles auront à l’avenir. Lorsqu’il y a stabilité et prévisibilité, l’investissement
est encouragé, des emplois sont créés et les consommateurs peuvent profiter pleinement des
avantages qui résultent de la concurrence, c’est-à-dire du choix et de la baisse des prix. Le
système commercial multilatéral concrétise l’effort que font les gouvernements pour rendre
l’environnement commercial stable et prévisible37.

À l’OMC, lorsque des pays conviennent d’ouvrir leurs marchés de marchandises ou de


services, ils “consolident” leurs engagements. Pour les marchandises, cette consolidation
consiste à fixer des plafonds pour les taux de droits de douane. Il arrive que les importations
soient taxées à des taux inférieurs aux taux consolidés. C’est souvent le cas dans les pays en
développement. Dans les pays développés, les taux effectivement appliqués et les taux
consolidés sont généralement les mêmes.

Un pays peut modifier ses consolidations, mais seulement après avoir négocié avec ses
partenaires commerciaux, ce qui pourrait impliquer l’octroi d’une compensation pour la perte
de possibilités commerciales. Les négociations commerciales multilatérales du Cycle
d’Uruguay ont permis notamment d’accroître le volume du commerce visé par des
engagements de consolidation. Dans l’agriculture, tous les produits sont aujourd’hui soumis à
des tarifs consolidés. Il s’ensuit que le marché est devenu beaucoup plus sûr pour les
négociants et les investisseurs.

 Promotion d’une concurrence loyale

L’OMC est l’institution du « libre-échange », cependant son système autorise bien


l’application de droits de douane et, dans des circonstances limitées, d’autres formes de

36
https://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/fact2_f.htm#mfnbox, consulté le 13 avril 2023 à 12h03
37
https://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/fact2_f.htm#mfnbox, consulté le 13 avril 2023 à 12h20

18
protection. Il serait donc plus juste de dire qu’il s’agit d’un système de règles visant à garantir
une concurrence ouverte, loyale et exempte de distorsions.

Les règles relatives à la non-discrimination (traitement NPF et traitement national) ont


pour objet de garantir des conditions commerciales loyales, de même que celles qui
concernent le dumping (exportation à des prix inférieurs au coût pour obtenir une part de
marché) et les subventions. Il s’agit de questions complexes, et les règles visent à définir ce
qui est loyal et ce qui ne l’est pas, ainsi que la manière dont les pouvoirs publics peuvent
réagir, notamment en prélevant des droits d’entrée additionnels calculés de façon à compenser
le dommage occasionné par des pratiques commerciales déloyales. De nombreux autres
Accords de l’OMC visent à favoriser une concurrence loyale, par exemple dans l’agriculture,
en matière de propriété intellectuelle et dans le domaine des services38.

1.d. La convention de Paris pour la protection industrielle

La Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle est un traité signé


à Paris en 1883. Il fut l'un des premiers traités sur les brevets et le droit des marques. Sa
dernière version date du 28 septembre 1979. Elle est administrée par l'Organisation mondiale
de la propriété intellectuelle39.

De 1885 à 1981, les droits de propriété intellectuelle étaient régis en RDC par cinq
instruments juridiques: le décret du Roi souverain des belges du 29 octobre 1886 sur les
brevets; le décret du Roi souverain des belges du 26 avril 1888 sur les marques de fabrique et
de commerce; le décret royal du 24 avril 1922 sur les dépôts de dessins et modèles industriels;
le décret du 21 juin 1948 relatif à la protection du droit d'auteur et l'ordonnance n°41/63 du 24
février 1950 sur la concurrence déloyale40.

Indépendante depuis le 30 juin 1960, c'est seulement en 1982 que la RDC a reconnu la
nécessité d'adapter sa législation interne pour se conformer à ses obligations internationales41,
étant partie, depuis le 2 octobre 1963, à la Convention de Berne de 1886 sur la protection de
la propriété littéraire et artistique et, depuis le 31 janvier 1975, à la Convention de Paris de
1883 sur la protection de la propriété industrielle42.

38
L’Accord sur les marchés publics par exemple (un accord “plurilatéral” car il est signé uniquement par un petit
nombre de membres de l’OMC) étend les règles de concurrence aux marchés passés par des milliers d’entités
“gouvernementales” dans de nombreux pays
39
https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_de_Paris_pour_la_protection_de_la_propri%C3%A9t%C3%A9_indu
strielle, consulté le 22 avril 2023 à 13h08’
40
Les auteurs de ce document sont Messieurs Léonard MULLER NKUMUSELE (Assistant Examinateur) et
Ituku ELANGI BOTOY (Coordonnateur de Projet), tous deux fonctionnaires de l'OMPI
41
Journal officiel du Zaïre, n° 2, 15 janvier 1982, p. 9. Dans son exposé des motifs pour la réforme législative, le
gouvernement avait qualifié l'ancienne législation de "très laconique et sommaire dans son ensemble, sclérosée
et non adaptée à l'évolution technologique et économique contemporaine". L'Etat avait donc besoin d'une
nouvelle législation dans la mesure où il considérait la propriété intellectuelle comme "un facteur important du
développement technologique, seul garant d'un véritable progrès économique et social d'une nation".
42
Parties contractantes ou signataires des traités administrés par l'OMPI, Membres des assemblées, des autres
organes et des comités de l'OMPI, Membres de l'Union internationale pour la protection des obtentions végétales
(UPOV), document n° 423, 15 avril 2008.

19
Par rapport à la propriété industrielle, la réforme législative a abouti à la loi n° 82-001
du 7 janvier 1982 régissant la propriété industrielle. Quant à la réforme de la loi sur la
propriété littéraire et artistique, elle a débouché, quatre années plus tard, sur l'Ordonnance-loi
n° 86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d'auteurs et droits voisins. Les deux
instruments juridiques sont actuellement en vigueur43. Or depuis 1982 à ce jour (1982 pour la
propriété industrielle, et 1986 pour la propriété littéraire et artistique), le mouvement législatif
en RDC par rapport aux deux domaines s'est arrêté.

En outre, soulignons qu'il existe actuellement un projet de loi rédigé, présenté lors d'un
atelier qui s'est tenu du 24 au 26 avril 2008 à Kinshasa. Cet atelier a été organisé par le
Ministère de l'Industrie, de Petites et de Moyennes Entreprises 44. Le projet de loi, élaboré par
le gouvernement, a pour but de moderniser la législation congolaise en matière de propriété
intellectuelle.

S'il est évident, comme souligné plus haut, qu'un projet de loi existe, il n'y a cependant
toujours pas, à l'heure actuelle, une législation congolaise à la hauteur des engagements
internationaux de la RDC. Il est donc nécessaire que la législation en matière de propriété
intellectuelle soit adaptée rapidement, même si la RDC bénéficie d'une nouvelle période de
transition pour se conformer à l'Accord sur les ADPIC au 1er juillet 2013.

Le mouvement législatif de la RDC en matière de propriété intellectuelle s’est arrêté en


1982 (propriété industrielle) et en 1986 (propriété littéraire et artistique).

Au niveau régional, la RDC est membre de: l'Union africaine, la Communauté


économique africaine, la Communauté des pays des grands lacs (CPGL), et de trois des huit
Communautés économiques régionales (CERs) reconnues par l'Union africaine, à savoir la
Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), le Marché commun pour
l'Afrique orientale et australe (COMESA), et la Communauté de développement de l'Afrique
australe (SADC).

La RDC est engagée dans les négociations dites "de la tripartite" visant à harmoniser
des règles de la Communauté de l'Afrique de l'est (EAC), du COMESA et de la SADC. La
RDC a aussi conclu des accords-cadres de facilitation des échanges bilatéraux avec plusieurs
pays. La participation à de multiples accords pourrait entraîner pour la RDC, outre les coûts y
afférents, un manque de cohérence dans la conduite de sa politique commerciale 45.
Cependant l’organisation internationale économique la plus importante à laquelle la RDC a
adhéré reste l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires, (OHADA
en sigle)

43
Différend entre Bralima et Brassimba, concernant la paternité d'un logo. Dans sa décision du 2 juin 2008, le
Ministre de l'Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises a statué sur la base de la loi n° 82-001 du 7 janvier
1982 régissant la propriété industrielle et l'ordonnance n° 41/63 du 24 février 1950 sur la concurrence déloyale.
44
Projet de loi révisée sur la propriété industrielle - Simon Mboso satisfait du travail des experts, La Prospérité
2008.
45
Jen Désiré INGANGE WA INGANGE, cours de droit communautaire africain, Université catholique du
Congo, faculté de droit , 2019, p. 24, inédit

20
1.c. Les actes uniformes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des
affaires

Le 17 octobre 1993 a été signé à Port-Louis le Traité relatif à l’Harmonisation du Droit


des Affaires en Afrique. Il a été ratifié par la RDC le 27 juin 2012 et les instruments
d’adhésion à l’OHADA ont été déposés les 13 juillet 2012 auprès du Sénégal, pays
dépositaire dudit traité.

Ce traité avait pour objet l’harmonisation du droit des affaires des Etats africains par
l’élaboration et l’adoption de règles communes simples, modernes et adaptées à la situation de
leurs économies. Pour l’adoption de ces règles, des actes qualifiés d’actes uniformes devaient
être pris.

Les actes uniformes sont des actes pris pour l’adoption de règles commune à tous les
Etats-Parties au traité relatif à l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. Ils tirent leur
valeur juridique du Traité qui lui-même tire sa valeur juridique des constitutions des Etats-
Parties et doivent de ce fait être en tout point conforme à ces textes46.

Depuis l’entrée en vigueur du Traité, ont été adoptés :

- L’Acte uniforme portant sur le droit commercial général du 17 avril 1997 abrogé
et remplacé par l’Acte uniforme portant sur le droit commercial général (AUDCG) du 15
décembre 2010. Son champ d’application porte sur le droit commercial général et est
déterminé à l’article premier dudit acte uniforme. Il s’applique à tout commerçant, personne
physique ou morale y compris toutes sociétés commerciales dans lesquelles un Etat ou toute
autre personne de droit public est associé, ainsi que tout groupement d’intérêt économique,
dont l’établissement ou le siège social est situé sur le territoire de l’un des Etats Parties du
Traité relatif à l’harmonisation du Droit des Affaires en Afrique.

-L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement


d’intérêt économique du 17 avril 1997 abrogé et remplacé par l’Acte uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUSCGIE) du 30
janvier 2014. L’AU/DSC-GIE s’applique aux sociétés commerciales ayant leur siège social
sur le territoire d’un Etat partie et aux GIE, y compris les sociétés commerciales dans
lesquelles l’Etat ou une personne morale de droit public est associé seul ou avec des tiers.

-L’Acte uniforme portant organisation des sûretés du 17 avril 1997 abrogé et


remplacé par l’Acte uniforme portant organisation des sûretés (AUS) du 15 décembre 2010. Il
constitue la source principale du droit des suretés dans l’espace OHADA. En principe seules
les suretés prévues par l’AUS peuvent faire foi. Cependant certains auteurs ce sont demandés

46
Ohada, traités et actes uniformes commentés et annotés, Juriscope, 2018

21
si les partes peuvent dans l’espace OHADA prévoir d’autres suretés non règlementées par
l’AUS47.

-L’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du


passif du 10 avril 1998 abrogé et remplacé par l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif (AUPC) du 10 septembre 2015. L’AUPC est
applicable à toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante,
civile, commerciale, artisanale ou agricole, à toute personne morale de droit privé ainsi qu'à
toute entreprise publique ayant la forme d'une personne morale de droit privé.

- L’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage du 11 mars 1999 abrogé et remplacé


par l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage (AUA) du 23 novembre 2017. Le champ
d’application ratione materiae de l’AUA s’étend à tout arbitrage dont le siège se trouve dans
l’un des Etats parties conformément à l’article 1 de l’acte uniforme. Il constitue le droit
commun de l’arbitrage au sein de l’organisation. Son domaine d’application ratione personae
est assez large et couvre toute personne physique ou morale sans distinction aucune, qui par
une clause compromissoire ou une convention d’arbitrage, peut recourir à l’arbitrage sur les
droits dont elle a la libre jouissance.

- L’Acte uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des


entreprises du 24 mars 2000 abrogé et remplacé par l’Acte uniforme relatif au droit
comptable et à l’information financière (AUDCIF) 26 janvier 2017, 7

-L’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement


et des voies d’exécution (AUPSVE) du 10 juillet 1998. L’AU/PSR-VE abroge toutes les
dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etats parties. C’est la portée
abrogatoire de l’article 336. Toutefois il faut relever qu’il y a une survivance de certaines
dispositions du droit national en raison des renvois explicites ou implicites.

-L’Acte uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route


(AUDTMR) du 22 mars 2003. Dans son domaine d’application l’AUCTMR ne vise pas les
personnes contractantes

-L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives (AUSCOOP) du 15


décembre 2010

-L’Acte uniforme relatif à la médiation (AUM) du 23 février 2018. L’AUM


s’applique à toute procédure de médiation entreprise dans l’un des Etats membres de
l’organisation qu’elle soit à l’initiative d’une personne physique ou morale (de droit public ou
privé) partie au conflit, ou sur invitation d’une juridiction étatique, d’un tribunal arbitral ou
d’une entité publique compétente.

47
Art. 4 alinéa 2 de l’AUS

22
Ces actes uniformes sont régis par les dispositions des articles 5 à 20 du traité relatif à
l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique tel que révisé le 17 octobre 2008 à
Québec48.

Les matières entrant dans le domaine du droit des affaires ont été délimitées par le
49
traité . Entre dans le domaine du droit des affaires l'ensemble des règles relatives au droit des
sociétés et au statut juridique des commerçants, au recouvrement des créances, aux sûretés et
aux voies d'exécution, au régime du redressement des entreprises et de la liquidation
judiciaire, au droit de l'arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et
des transports, et toute autre matière que le Conseil des Ministres déciderait, à l'unanimité, d'y
inclure, conformément à l'objet du traité50.

Le traité de l’OHADA est ambitieux et organise un droit uniforme, commun à dix-sept


Etats parties. Il vise à offrir aux acteurs économiques locaux et aux investisseurs étrangers un
cadre juridique moderne et stable pour favoriser les investissements et le développement
économique des pays d’Afrique subsaharienne.

§2 : Instruments juridiques nationaux

2.a. La constitution

La Constitution et les Lois du pays édictent que la propriété (privée et collective) de


toute personne se trouvant en République Démocratique du Congo est sacrée. Personne ne
peut y toucher, (hormis néanmoins les cas prévus par la loi, notamment en cas de
condamnations judiciaires pour certaines infractions)51.
L’on peut donc déduire que l’accès aux activités commerciales est libre sous réserve
toutefois du respect des textes juridiques et réglementaires en la matière.
Principe à valeur constitutionnelle, l’initiative privée, implique que toute personne
physique ou morale puisse s’établir dans une activité commerciale sans autorisation préalable
de l’autorité publique. Exception faite aux étrangers dont certains secteurs tels que le petit
commerce et autres sont interdits.

2.b. Le code des investissements de la RDC

L’investissement se révélant être le facteur par excellence de la croissance économique


et du développement qui consiste dans l’augmentation des grandeurs économiques, cette
croissance économique suppose elle-même des changements majeurs de structure et
d’importantes modifications correspondantes dans les constitutions institutionnelles et
sociales du pays52.

48
Ismael MAYELA, Le régime juridique des actes uniformes de l’OHADA, 2019, p.1

50
Art. 2 du traité de l’OHADA
51
Art. 35,36 & 37 de la constitution de la RDC
52
Exposé des motifs de la loi n°004 du 21 février 2002 portant code des investissements

23
La RDC ayant opté pour une économie pour une économie libérale tempérée du type
« Economie sociale du marché », la croissance économique et le développement reposent sur
le tripartite suivant :
1° L’Etat fournit le cadre et l’environnement incitatifs ;
2° le secteur privé crée les richesses nationales et l’emploi ;
3°la société civile, elle, se charge de promouvoir l’homme dans toute sa dimension.

L’Etat congolais pour assurer son rôle de catalyseur et d’organisateurs des forces ives
en prenant en charge les infrastructures et les investissements des industries de base et en
instituant un cadre institutionnel et juridique qui assure la protection des tous les opérateurs
économiques a mis en place un code des investissements.

La loi n°004 du 21 février 2002 portant code des investissements fixe les conditions, les
avantages ainsi que les règles générales applicables aux investissements directs, nationaux et
étrangers, réalisés en République Démocratique du Congo dans les secteurs qui ne sont pas
expressément réservés à l’Etat par la loi, et qui ne sont pas exclus par la liste négative figurant
à l’article 3 de la présente loi.

Tous les investisseurs nationaux et étrangers exerçant une activité licite, agréés ou non,
bénéficient de l’ensemble des garanties générales découlant de la présente loi à l’exception
des avantages douaniers, fiscaux et parafiscaux.

Cette loi exclut formellement la nationalisation et l’expropriation d’un investissement


réalisé au pays (sauf en cas extrême pour motifs d’utilité publique, et ce, moyennant une juste
et équitable indemnité préalable). Elle accorde et garantit un égal traitement à tous les
investisseurs nationaux et étrangers. Aucune discrimination ne peut ainsi être faite entre un
investisseur congolais et un investisseur étranger.

Le Code des Investissements garantit le respect des droits acquis par les investisseurs :
aucune disposition légale ou réglementaire postérieure ne peut ébranler ou restreindre un
avantage antérieurement accordé de manière légale et régulière à un investisseur.

Il garantit également la liberté de transfert à l’étranger, sans restrictions, des revenus,


dividendes et autres rémunérations provenant des investissements réalisés en République
Démocratique du Congo et privilégie, en cas d’éventuel différend en matière
d’investissement, le règlement à l’amiable ou par voie d’arbitrage.

2.c. La loi relative à la liberté des prix et à la concurrence

La loi n°18/020 du 20 juillet 2018 fixe les règles applicables à la liberté des prix et
d’organiser la libre concurrence. Elle définit les dispositions de protection de la concurrence
afin de stimuler l’efficience des relations commerciales. Elle vise à assurer la transparence, la
régularité et la loyauté des prix ainsi que la lutte contre les pratiques restrictives et la hausse

24
illicite des prix, chose qui n’étaient évoquées dans l’arrêté départemental du 26 mai 1987 sur
la création et le fonctionnement de la commission de la concurrence.

Elle a également pour objet le contrôle de la concentration économique; et la protection


du consommateur. En effet, la commission susvisée avait reçu pour missions de rechercher,
d’examiner le cas échéant, de sanctionner les restrictions à la concurrence notamment les
ententes et prix imposés, la concertation, les engagements verticaux, les pratiques abusives et
les pratiques discriminatoires53.

A cet effet, elle s’applique à tous les secteurs de l’économie nationale et à toutes les
activités de production, de distribution de biens et de services réalisées sur le territoire
national par des personnes physiques ou morales, publiques ou privées qu’elles aient ou non
leur siège ou des établissements en République Démocratique du Congo, dès lors que leurs
opérations ou comportements ont un effet sur la concurrence sur le marché ou sur une partie
substantielle de celui-ci. Elle s’applique également aux publications et éditions faites par les
Instituts ou autres Organismes de recherche54.

Elle a abrogé toutes les dispositions de l’Ordonnance-loi n°41-63 du 24 février 1950


portant sur la concurrence déloyale, du Décret-loi du 20 mars 1961 tel que modifié et
complété par l’Ordonnance-loi n°83-026 du 12 septembre 1983 sur la réglementation des prix
et de l’Arrêté départemental du 15 juin 1987 portant création et fonctionnement de la
Commission de la concurrence ainsi que toutes les dispositions antérieures contraires à la
présente loi.

2.d. L’ordonnance Loi n°22/030 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de


l’entrepreneuriat et des startups.

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a signé l’ordonnance Loi


n°22/030 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des startups.

Cette ordonnance est le résultat de travaux de plusieurs experts, acteur du secteur privé,
des partenaires nationaux et internationaux ayant travaillé sur le « Startup Act RDC» qui avait
pour but de mettre en place un cadre incitatif pour la création et le développement de Startups
basées en RDC, notamment, sur la créativité, les mécanismes de financement, l’innovation,
etc. afin promouvoir le secteur de l’entrepreneuriat et de la valorisation des innovations.

53
Godelieve OLENGA, de le protection des consommateurs dans le cadre des produits brassicoles, Mémoire de
licence, Université Catholique du Congo, 2019.
54
Exposé des motifs loi n°18/020 du 20 juillet 2018 fixe les règles applicables à la liberté des prix et d’organiser
la libre concurrence.

25
Grâce à cette ordonnance, on peut voir 42 différents termes55 qui prêtent souvent
confusions à plusieurs personnes être explicité en de termes qui s’impose à toute personnes
exerçantes où qui souhaitent exercer une activité donné en RDC.

Ajoutons aussi que dans cette loi, sont notamment mis en place un système de
labellisation des startups, une exonération fiscale de la startup labellisée durant 5 ans et une
introduction d’un droit au congé pour création d’entreprise pour les « startupper ».

2.e. L’ordonnance loi n°22/031 du 8 septembre 2022 relative à la promotion de


l’artisanat.

Prise en 2022, l’ordonnance-loi précitée fixe les modalités d’exercice de l’artisanat en


République démocratique du Congo, conformément aux dispositions de l’article 35 de la
constitution56.

Elle fixe aussi un cadre juridique et institutionnel de l’exercice de l4artisanat en RDC


pour les artisans nationaux et étrangers en vue de l’encadrement, de la protection et de la
promotion de leurs activités.

Elle s’applique à tous les artisans et toutes les entreprises artisanales qui exercent leurs
activités sur le territoire national et à toutes les parties prenantes qui interviennent à quelque
titre que ce soit, dans le secteur de l’artisanat.

Elle définit l’artisanat comme toute activité d’extraction, de production ou de


transformation de biens et/ou de prestation des services, exercée à titre principale par une
personne physique ou morale dont la maitrise des techniques et le savoir-faire requièrent un
apprentissage ou une formation assortie d’une pratique du métier, où le travail et l’habilité
manuelle occupent une place prépondérante et le mode de production, pouvant inclure des
machines et outillages simples actionnés directement par l’artisan, ne débouche pas sur une
production en série.57

Le développement des échanges commerciaux, la promotion de l’initiative privée,


l’évolution industrielle et de l’entrepreneuriat ont fait naitre dans le monde des affaires, de
nouveaux phénomènes dont la complexité et la croissance brusque inquiètent non seulement
tous les opérateurs économiques mais aussi la société toute entière particulièrement les
scientifiques qui alertent sur les dommages causés à l’environnement suite aux activités
nocives et intenses de l’homme sur ce dernier en vue de son développement économique qui
passe en grande partie par l’activité industrielle.

55
Art. 1 ordonnance Loi n°22/030 du 08 septembre 2022 relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des
startups.
56
Art. 1 de l’ordonnance loi n°22/031 du 8 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat.
57
Art. 2 de l’ordonnance loi n°22/031 du 8 septembre 2022 relative à la promotion de l’artisanat.

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La croissance économique a des conséquences négatives sur l’environnement en RDC.
En effet, malgré ses grandes richesses, la RDC est en proie à la déforestation, à la pollution
des cours d’eau, au braconnage et à l’insalubrité.

La RDC possède un potentiel agricole considérable et offre des opportunités


remarquables, notamment un marché potentiel de 100 millions d’habitants en considérant sa
population et les pays limitrophes. Les terres agricoles arables, évaluées à 80 millions
d’hectares sont très peu valorisées, environ 10 % seulement sont mises en valeurs.58

Le secteur économique est encadré par plusieurs instruments juridiques tant


internationaux que nationaux ci-haut, cependant la plupart ne reprend pas de mesures à
prendre en cas de dommage causé à l’environnement. Ces derniers assurent la protection des
opérateurs économiques qu’ils soient étrangers ou nationaux mais ne réprimandent pas leurs
qui seraient constitutifs de dommage causé à l’environnement sur lequel ils exercent leur
activités économiques.

D’une part classée au 164e rang sur 174 pays selon l’indice de capital et donc pays en
voie de développement, la RDC comme bon nombre des pays africains à se transformer et à
accroitre son économie. Et d’autre part, considérée colle le « pays-solution » face problème
climatique, les textes juridiques régissant le secteur économique en général, ne semble p as
corroborer avec le programme de nations unies pour le développement durables et nécessite
donc une révision pour s’y adapter.

58
Résumé du rapport d’étude d’impact environnemental et social et du plan de gestion environnementale et
sociale 2019

27

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