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Enjeux politiques et économiques

Analyse des intérêts contradictoires entre la protection de la biodiversité et le


développement économique

Force est de constater que la biodiversité demeure une ressource indispensable à la sécurité
alimentaire, au développement durable et à la fourniture de nombreux services
écosystémiques essentiels pour les humains. Il a fallu des siècles pour que les hommes se
rendent enfin compte des conséquences de leurs actions sur l’environnement. L’utilisation des
ressources à des niveaux insoutenables et la contamination de l’environnement par la
pollution et les déchets à des niveaux dépassant la capacité de l’environnement à les rendre
inoffensifs sont entre autres les principales catégories d’activités humaines qui ont perturbées
l’équilibre naturel entrainant ainsi les problèmes environnementaux les plus préoccupants. En
effet, tous les milieux environnementaux et toutes les espèces sont interdépendants. Par
conséquent, tout dommage causé à un élément de l’environnement, risque d’avoir des
conséquences importantes et imprévues. Ce n’est qu’au cours des dernières décennies que les
populations humaines, informées des avertissements par les scientifiques, ont de plus en plus
pris conscience des menaces qui pèsent sur l’environnement et ont volontairement accepté
que le droit protège le cadre naturel duquel dépend leur bien-être. L’intérêt général lié à la
protection de l’environnement a été facilement admis. Toutefois, les études montrent que
l’accroissement démographique et l’effet du développement économique rapide combinés
auraient accéléré l’épuisement des ressources. (Manuel de géopolitique, 2016). La quantité de
ressources extraite aurait doublée depuis 1980. ((naturefrance, 2022). Face à l’urgence
d’augmenter les productions pour affronter les défis démographiques existerait-il un moyen
de concilier l’économie et la préservation de la biodiversité?

La population mondiale gravirait autour de 9 milliards en 2050 selon une publication de la


FAO. ( FAO, 2010). Augmenter la production alimentaire mondiale, réduire la pauvreté,
diminuer le taux de chômage et garantir l’accessibilité aux services de base et une stabilité
économique sont les principaux objectifs poursuivis par les responsables étatiques dans le
contexte de développement socio-économique. Malheureusement, la plupart des stratégies
utilisées pour arriver à ces fins se font au détriment de l’environnement. Les méthodes de
production de bien et de services sont souvent incompatibles à la nature. Les activités
anthropiques entreprises pour la satisfaction des besoins sociaux vitaux ont des répercussions
graves parfois même irréversibles sur l’environnement. Le lien entre la capacité productive
naturelle et le développement économique n’est pas une relation technique et simple, mais
sociale et politique. Les dirigeants nationaux et internationaux ont cru trouver la martingale de
la conciliation des intérêts divergents, exploitation et protection de la biodiversité, au travers
de la notion de développement durable, et parfois dans celle de croissance ou d’économie
verte. Mais le déclin des biodiversités et les conséquences qui sont entrainées devraient
amener les décideurs à repenser le concept de développement durable, qui échouerait dans sa
mission en terme de préservation des ressources naturelles. Partout, il est question de
changements climatiques résultants majoritairement des actions anthropiques. L’agriculture,
comme secteur très exploité dans le contexte de développement socio-économique y participe
grandement à travers des gaz moins connus que le CO2, tels que le méthane (CH4), le
protoxyde d’azote (N2O).

La notion de développement durable n’exclut donc pas et même prévoit l’exploitation de


l’environnement, sous la seule réserve que les générations présentes ne sacrifient pas les
besoins des générations futures”. Le développement économique suppose une utilisation ou
une consommation de la biodiversité qui, même si elle est maintenue au profit des générations
futures, subit malgré tout une atteinte. Au surplus, ce développement économique repose sur
des moyens et en particulier sur des techniques dont il n’est pas sûr qu’elles soient
compatibles avec la protection de la biodiversité. Dans le but de répondre aux besoins sociaux
énormes éprouvés, les responsables sont amenés à faire usage d’un ensemble de pratiques
incompatibles à l’équilibre naturel. Il ne fait aucun doute que la préservation semble être
dépassée par l’exploitation. (VIRASSAMY, 2017).

Rôle des lobbies industriels et des pressions politiques dans les décisions liées à
l’environnement.

En matière environnementale, les responsables étatiques ne prennent pas les décisions comme
bon leur semblent, il y a l’implication voire l’influence du secteur privé dans les prises de
décisions au regard de l’environnement. Des travaux s’inspirant de « l’école des conflits
industriels » (business conflict school) considèrent ainsi que le secteur privé peut englober
une grande variété d’acteurs, dont les intérêts divergent en situation. Le positionnement
politique des firmes est notamment évalué au regard de trois critères : leur place dans le
processus de production des biens et services ; leur caractère national ou international – qui
détermine le cadre institutionnel et politique dans lequel opèrent les firmes1 ; enfin, leur
capacité d’innovation et de proposition de nouvelles technologies capables de traiter les
problèmes environnementaux en négociation. Une fois leur intérêt défini, la participation des
entreprises, notamment les firmes transnationales, aux négociations d’accords internationaux
est motivée par une aversion pour les risques (de l’action comme de l’inaction), le souci de
l’image de la firme et un éventuel apprentissage des modes d’action dans des expériences
antérieures. Prenons le cas des lobbies, désignant les démarches du milieu des affaires auprès
des représentants, qui exercent constamment des pressions sur les décideurs concernant les
normes environnentales juridiques établies desquelles dépend le chiffre d’affaire des
entreprises.( BERNY, 2019). Plusieurs industries travaillant dans le domaine de l’extraction,
des entreprises du secteur de la chimie ou des transports, même en étant conscients des
impacts de leurs activités sur l’environnement ne peuvent s’empêcher de lutter contre les
perspectives d’une économie décarbonée ou autres mesures qui pourraient contribuer à
réduire les émissions de gaz à effet serre, et donc atténuer les effets du changement
climatique.

Solutions et perspectives

Les risques écologiques ne sont pas nouveaux. On peut même penser que la pollution a
toujours accompagné l’humanisation. Ayant appris à domestiquer la nature – notamment à
maîtriser l’eau d’irrigation nécessaire au développement de l’agriculture –, l’homme a très tôt
commencé à la transformer, peu soucieux des effets sur l’environnement. Le problème est
qu’à force de trans/former la nature, l’homme en vient à la dé/former, au sens littéral. Les
exemples ne manquent pas. Qu’il s’agisse du réchauffement du climat, de la biopiraterie ou de
l’épuisement des ressources naturelles, on découvre à présent les excès et les limites d’un
humanisme de domination qui fait de l’homme le conquérant, puis le maître de la nature non
humaine. Il ne s’agit pas de faire de l’homme l’ennemi numéro 1 de l’environnement, mais de
transformer la domination en interdépendance entre vivant humain et non-humain. Il ne fait
aucun doute que ces problèmes sont posés à maintes reprises, il est vrai que le droit de
l’environnement est un droit innovateur, mais celui ci regorge suffisamment de textes qui
pourraient aider à la préservation di milieu naturel. Le problème est surtout lié à l’
ineffectivité des textes parfois leur faible application. En ce sens, Mireille Delmas-Marty croit
que le droit répressif est essentiel car il permet de protéger l’environnement, non pas à
proprement parler au nom des « droits » des générations futures ou des vivants non humains,
mais au nom des « devoirs » des humains présents à l’égard des humains à naître ou des
vivants non humains. (DELMAS-MARTY, 2014).
Le droit de l’environnement dispose d’ un ensemble de principes qui contribuent à la
préservation de la biodiversité, le principe de précaution qui invite les acteurs à renoncer à
toute activités dont ils ont des doutes quant aux impacts qu’elles peuvent entrainer. Le
principe de prévention, qui fait appel à l’action préventive, et le principe payeur-pollueur qui
fait supporter les frais engendrés par les activités génératrices de pollution aux personnes
responsables.

Comme susmentionné, l’agriculture est contributrice des émissions de gaz a effet de serre
responsables des changement, mais cette dernière peut être utilisée dans les processus
d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Les études montrent qu’elle fait
partie intégrante des solutions, il est possible de lui trouver des mécanismes qui l’amèneraient
à stocker plus de carbone possible. En ce sens, certains auteurs suggèrent l’agriculture
climato-intelligente, qui permettrait de garantir la sécurité alimentaire tout en rendant
l’agriculture plus résiliente et en l’aidant à réduire ces émissions de gaz à effet de serre.

Source

Manuel de géopolitique. 2016. “ la géopolitique des ressources “chap 8. P 233-295.


Https://www.cain.info consulté le 08/08/2023.

Berny Nathalie “ le rôle des lobbies dans la fabrique des normes environnentales “. P 26-32.
2019. Édition la découverte. Https://www.cain.info consulté le 11/08/2023

FAO. 2021 “Biodiversité et secteur agricole” La biodiversité, un élément essentiel de


l’agriculture durable. https://onu-rome.delegfrance.org/La-biodiversite-un-element-essentiel-
de-l-agriculture-durable Consulté le 09/08/2023
Després Laure, Bouget Denis. 2019 “ De l’exploitation des ressources naturelles à la
satisfaction des besoins fondamentaux dans une transition écologique “ Droit et société. No
101. P 71-85. Https://www.cain.info consulté le 08/08/2023

Stéphane Sophie. 2017 “Concilier développement agricole et la préservation des


biodiversités” https://journals.openedition.org/vertigo/18973?lang=pt consulté le 09/08/2023

Delmas-Marty Mireille. 2014 “Perspectives ouvertes par le droit de l'environnement” vol 39.
P 7-13. Revue juridique de l’environnement. Https://www.cain.info consulté le 11/08/2023
“Principe payeur-pollueur”. Https://www.citepa.org Consulté le 11/08/2023
NatureFrance « Comment évoluent les pressions liées à la surexploitation des ressources ».
https://www.naurefrance.fr Consulté le 09/08/2023

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