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MEMOIRE RECHERCHE EN VUE DE L’OBTENTION DE LA LICENCE EN

MANAGEMENT A L’INTERNQTIONAL

FILIERE : ECONOMIE ET GESTION


OPTION : MANAGEMENT A L’INTERNQTIONAL

Préparé par : ABDELALI AITAZRAIL


Encadre par : PROF. RAFIK HICHAM

Sous le thème :

L’entrepreneuriat social au Maroc


Entre les enjeux et les défis

Année universitaire : 2022 / 2023

1
SOMMAIR :
SOMMAIR : ............................................................................................................................. 2
Remerciement ........................................................................................................................... 4
Résume : .................................................................................................................................... 5
Introduction: ............................................................................................................................. 6
Chapitre 1 : l’entrepreneuriat et l’entrepreneuriat social .................................................... 9
I. Que ce que l’entrepreneuriat ? ..................................................................................... 9
II. Le concept de l’entrepreneuriat social ................................................................... 11
A. L’importance du domaine de l’entrepreneuriat social ......................................... 11
B. L’émergence du concept de l’entrepreneuriat social ............................................ 12
C. Définition de l’entrepreneuriat social .................................................................... 13
A. Comparaison entre l’entrepreneuriat classique et sociale ................................... 16
III. L’entrepreneur social et le Business model de l’entrepreneuriat social .............. 18
A. Entrepreneur social ................................................................................................. 18
B. Business model de l’entrepreneuriat social ........................................................... 19
Chapitre 2 : les acteurs de l’entrepreneuriat social ............................................................ 23
I. Les entreprises sociales ............................................................................................... 23
II. Les réseaux privés de financement......................................................................... 25
III. Les entreprises classiques........................................................................................ 26
IV. Les pouvoirs publics ................................................................................................ 27
I. Les réseaux d’accompagnement ................................................................................ 28
Chapitre 3 : les enjeux et les défis de l’entrepreneuriat social ........................................... 31
I. L’apparition de l’entrepreneuriat social au Maroc .................................................. 32
II. L’impact de l’entrepreneuriat social sur la société ............................................... 33
A. L’impact économique .............................................................................................. 33
B. L’impact social ......................................................................................................... 34
I. Les défis et les obstacles de l’entrepreneuriat social ................................................ 34
II. Les enjeux de l’entrepreneuriat social dans le cadre marocain .......................... 36
III. Les attentes et perspectives ..................................................................................... 38
IV. Quelques entrepreneures sociales marocain ......................................................... 39
A. Mohammed Abbad Andaloussi – l’association Al Jisr ......................................... 40
a) Mission social ........................................................................................................ 40
b) Problème ............................................................................................................... 40
c) La solution innovatrice ........................................................................................ 41
d) L’impact social ...................................................................................................... 42

2
B. Amina Laraki Slaoui – Amicale des Handicapés Marocaine............................... 43
a) Mission Sociale ..................................................................................................... 43
b) Le problème .......................................................................................................... 44
c) La solution innovatrice ........................................................................................ 45
Conclusion : ............................................................................................................................ 47
Bibliographie : ........................................................................................................................ 50

3
Remerciement :

Je souhaite exprimer ma gratitude envers les personnes qui ont collaboré avec
moi pour mener à bien cette recherche et rédiger ce mémoire. Sans leur aide, cela
n'aurait pas été possible.

Tout d’abord j’adresse mes remerciements à mon directeur de projet Mr RAFIK


HICHAM pour son encadrant sa disponibilité et son soutien tout au long de ce
travail. Son expertise et son engagement ont grandement contribué à la réussite
de ce projet.

Mes remerciements vont également aux professeurs et corps pédagogique de la


FSJES CADI AAYAD en général et aux professeures d’option management à
l’international en particulier.

Je tiens aussi à remercier ma famille pour leur contribution, leur soutien et leur
Patience, leur amour et encouragement tout long de cette période et leur
confiance, leurs encouragements et leur présence ont été d'une importance
capitale dans la réalisation de ce projet.

Et je n’oublie pas mes proches mes camarades et mes amis pour leur soutien et
leurs encouragements tout au long de cette année.

4
Résume :

L'entrepreneuriat social est un phénomène complexe qui engendre un débat animé et attire
l'attention de divers acteurs provenant des sphères économiques, politique et scientifique. Il est
généralement défini comme l'utilisation d'une approche axée sur le marché pour résoudre les
problèmes sociaux, et il se propage à travers le monde en tant que nouvelle stratégie
entrepreneuriale. Il offre des opportunités pour répondre aux besoins sociaux négligés par les
gouvernements, en conciliant l'efficacité économique et l'utilité sociale. Cette étude a pour
objectif de faire le point sur les efforts entrepris pour conceptualiser et contextualiser
l'entrepreneuriat social, en explorant le paysage des entreprises sociales. Elle vise également à
décrire et à comprendre le phénomène de l'entrepreneuriat social, en mettant l'accent sur ses
différentes caractéristiques, notamment dans les pays en développement. En outre, cette
recherche se propose de présenter les défis auxquels est confronté l'entrepreneuriat social et les
mesures à prendre pour favoriser son développement.

Abstract:

Social entrepreneurship generates significant debate and captures the interest of stakeholders
from diverse domains, including the economy, politics, and science. It is commonly defined as
the utilization of market-oriented strategies to address social issues. This phenomenon is
spreading globally, representing a novel approach to enterprise that addresses social needs
neglected by governments, while simultaneously achieving economic efficiency and social
impact. The objective of this research is to shed light on the existing endeavors aimed at
conceptualizing and contextualizing social entrepreneurship. It endeavors to investigate the
landscape of social enterprises, elucidating the characteristics of social entrepreneurship,
particularly in developing countries. Additionally, this study aims to outline the challenges
faced by social entrepreneurship and propose actionable strategies for its development.

5
Introduction :
Depuis des vingtaines d’années, ou les problèmes sociaux s’enchainent, les changements
économiques inlassable, la population jeunes qui connait une augmentation au niveau du taux
de chômage, la recherche des manières innovantes devenu une préoccupation majeure pour les
états ainsi que pour les acteurs sociaux et économiques.

Pour trouver la solution à ces problèmes, le monde connaissait une nouvelle manière
d’entreprendre qui a développé partout dans le mande, et qui ouvre des voies prometteuses dans
le combat contre les problèmes majeurs de nos sociétés : l’entrepreneuriat social. Ce phénomène
planétaire passer pour s’inspirer d’un nouveau modèle hétérogène qui s’appuie sur le secteur «
à but non lucratif » traditionnel et les usage « commerciales » ancrées dans le marché pour
apporter de nouvelles contributions durables à la société et à l’environnement. Cela engendrer
aujourd’hui un réel engouement tant dans la recherche que dans le pratique.

Ce concept émergent a plusieurs définitions, mais en général on peut distinguer deux


approches : une approche anglo-saxonne, précisément américaine qui vise sur le rôle de
l’individu « l’entrepreneur social qui exploite des opportunités pour servir une mission sociale
» (Thompson, 2008, Dees and Anderson, 2006, Bronstein, 2004). Et l’autre européenne qui vise
sur l’entreprise social et la définie comme e « une organisation avec un but explicite de service
à la communauté, initiée par un groupe de citoyens et dans laquelle l’intérêt matériel des
investisseurs est sujet à des limites. Les entreprises sociales placent une grande valeur dans leur
autonomie et supportent les risques économiques liés à leurs activités » (J. Defourny et M.
Nyssens, 2006, p. 2).

Les entreprises sociales se développées à un rythme très soutenu dans les deux dernières
décennies. L’entrepreneuriat social connait de nombreux réseaux et organisation qui visent à
les soutenir et a les promouvoir : fondation Skoll1, la fondation Klaus2, Schwab3 pour
l’entrepreneuriat social et le réseaux Ashoka4, dans le milieu académique ses exemples sont les
plus emblématiques , les centres de recherche et de formation de l’entrepreneuriat social dans

1
La Fondation Skoll a été créé en 1999 par Jeff Skoll, co-fondateur d’eBay. La fondation à pour mission d'inciter
les grands changements par l'investissement dans les projets des entrepreneurs sociaux et d'autres innovateurs
qui cherche à résoudre les problèmes les plus pressants du monde.
2
Fondée en 1995, c’est une fondation qui soutient principalement le lancement de projets de recherche, de nature
non académique et sans but lucratif
3
7 La fondation Schwab pour l'Entrepreneuriat Social à été créé en 1998 par le Prof. Klaus Schwab et sa femme
Hilde pour promouvoir l'innovation social partout dans le monde. Les deux sont aussi les fondateurs du forum
Économique Mondial (World Economic Forum) en 1971.
4
L'association Ashoka est une organisation internationale, apolitique, non confessionnelle et sans but lucratif
fondée en 1980 en Inde par Bill Drayton

6
l’enseignement supérieur : les initiatives pionnières de Harvard, Stanford, Columbia ou oxford
ont été suivies, et aussi plus récemment par certain grandes écoles de commerce en France. Tout
ça engendrer une grande notoriété à ce phénomène.

La réalité ce que l’entrepreneuriat social apporte à des solutions innovantes que les institutions
publiques, les organismes et les gouvernements elle souffert de sa solution depuis longue temps.
Malgré les crises économiques mondiaux, la montée de chômage et de la persistance de la
pauvreté, du changement climatique, les catastrophe naturelle et humanitaires, l’entrepreneuriat
social qui connaissait son chemin vers le succès par les formules innovantes apportes par les
entrepreneurs sociaux, dont l’exemple le plus pertinents et le plus connus, le microcrédit qui a
développé par Mohammed Yunus avec la Gramen Bank ou encore du commerce équitable, une
nouvelle perspective d’avenir pour lutter contre les problèmes sociaux. Selon Alex Nicholls
(2006)5.

L’entrepreneuriat social et représente au pays en développement et comme les autre pays une
bonne solution qui conjugue efficacité économique et utilité sociale. Au Maroc et comme les
pays en développement, les initiatives innovantes à vocation sociale se sont multipliées ces
dernières années et impulsées par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain
(INDH). Et la création de « le centre marocaine des innovation et l’entrepreneuriat social » qui
a pour objet principal de la recherche des solution innovantes et entrepreneurial pour chaque
défi social au Maroc.

Ces initiatives qui sous l’action des acteurs qui s’appelle « entrepreneures sociaux » focalisées
sur l’identification des opportunités de réponse à des besoins spécifiques : sociaux,
économiques ou environnementaux et sur la concrétisation de ces opportunités par la mise en
œuvre des solutions entrepreneuriales appropriées.

Malgré tout ça, le Maroc et comme la majorités des pays en développement ils sont encor
essaient de développé ces infrastructure et l’activité social, en particulier de sensibiliser les
acteur clés de l’éveil du l’intérêt du grand public, il est encore un manque au niveau de travaux
de recherche sur l’entreprise social dans le contexte marocaine.

Ce mémoire cherche à explore l’entrepreneuriat social, décrire et comprendre ce concept et les


autres concepts qui accompagner le à travers les diffèrent manifestations notamment dans un

5
NICHOLLS, A. (2006), Introduction. In Social Entrepreneurship, New Models of Sustainable Change, edited
by Alex Nicholls, Oxford University Press, p.2

7
pays en développement, et décrire les défis de ce phénomène et les actions pour réussir. Pour
faire ça nous a décidé d’étudier les enjeux de l’entrepreneuriat social dans un contexte bien
déterminer, ces enjeux qui fait face et qui sont à un ordre : économique social et
environnemental et le rôle de l’entreprise social dans son secteur.

L’entrepreneuriat social et un sujet qui passez autour de lui a plusieurs questions que les
chercheurs veulent traitées dans le contexte des pays en développement, plusieurs questions
peuvent être pose dans ce contexte alors que nous somme pas capable de répondre à tous les
réponses dans le cadre de notre travail, ci pour cela nous allons préciser notre problématique
sur les défis et les enjeux de l’entrepreneuriat et son impact sur la société.

Pour répondre à l’essentiel nous allons traiter la problématique suivante : « quelle sont les défis
qui faire face à l’entrepreneuriat social et son impact sur la société ? »

L'étude de l'entrepreneuriat social et de son interaction avec un contexte spécifique, ainsi que
l'impact de ce contexte sur ce phénomène, requièrent une approche théorique pluraliste dans les
domaines des théories institutionnelles, sociologiques et organisationnelles. Cela implique
d'adopter une perspective théorique intégrative et interdisciplinaire.

8
Chapitre 1 : l’entrepreneuriat et l’entrepreneuriat social
La naissance du concept d’entrepreneuriat dans le monde à cause de l’encouragement qui fait
par le recul des Etat sur le manque qui exister au niveau des services sociaux, nous allons viser
dans cette partie sur la compréhension et la définition d’entrepreneuriat social, Selon Zahra et
al. (2006), « il n’existe pas une définition claire de l’entrepreneuriat social ». Pour mieux
comprendre nous allons traiter tous les termes qui y sont liés à la clarification du concept et
nous allons traiter selon une hiérarchisation les différents concepts que nous pensons que c’est
essentiel pour bien comprendre la signification de l’entrepreneuriat social. Premièrement nous
allons aborder le concept de l’entrepreneuriat et en faire ressortir les aspects dominants dans les
définitions données sur celui-ci.

I. Que ce que l’entrepreneuriat ?


Avant de définir l’entrepreneuriat social il faut d’abord faire connaitre la définition de
l’entrepreneuriat en premier temps comme la base du social. Mais il est impossible de limiter à
une seule définition de l’entrepreneuriat, dans ce paragraphe nous allons présenter une liste des
définitions, ces définitions qui diffèrent selon les contextes, les auteurs et les disciplines
(psychologies, économie, gestion). Ci pour cela nous décidons pour concentrer sur les
définitions des auteurs les plus connus et qui est e les pionniers du domaine de la recherche de
l’entrepreneuriat. Le chose qui nous permettra par la suite de tracer l’évolution historique du
concept afin d’extraire les termes pertinents avant d’aborder une définition utile du concept
d’entrepreneuriat social.

Richard Cantillon (1730) :et le premier à présenter une conception claire de l’ensemble de la
fonction de l’entrepreneur. Selon lui « l’entrepreneur est celui qui achète à un prix assuré, mais
qui vend à un prix incertain », Dans cette perspective d’autres auteurs (Praag, 1999 ; Spengler,
1949 ; Herbert & Link, 1982) ajoutent que « l’entrepreneur s’implique en prenant le risque dans
un mode incertain »,

Jean Baptiste Say (1827) : qui est beaucoup intéressé aux activités de l’entrepreneur. Il voyait
le développement de l’économie par la création d ’entreprises. Et qui définit l’entrepreneur «
celui qui utilise son jugement, ses connaissances, ses capacités managériales et ses habiletés
techniques afin de déplacer des ressources économiques hors d’un secteur à basse productivité
vers un de plus haute productivité ». D’après cette définition, on peut constater que
l’entrepreneuriat consiste à rassembler les facteurs de productions pour créer de la valeur. Selon
Praag (1999) ces deux définitions de Jean Baptiste Say et Cantillon définissent « l’entrepreneur,

9
par son action et non par ses particularités ». Cantillon et Say voyaient l’entrepreneur surtout
comme un preneur de risques puisqu’il investissait son propre argent.

L’économiste américain Knight (1921) : fait la différenciation entre les individus qui aime le
risque et ceux qui sont adversaires au risque, l’entrepreneuriat et donc l’acceptation de prendre
les risques à la fois son argent et sa réputation avec l’espoir de recevoir un profit.

Schumpeter (1934) : selon Schumpeter l’entrepreneur est un innovateur est non pas un preneur
de risque, il propose des nouvelles marches. Cette innovation caractériser par 5 catégories «
l’innovation produit, l’innovation procédés par l’introduction de nouvelles méthodes de
production, l’innovation organisationnelle, l’innovation par l’ouverture d’un nouveau marché
et l’innovation par l’utilisation de nouvelles sources de fournisseurs pour les matières premières
», Schumpeter penses que ces innovations poussent vers le déséquilibre du marché, ce qui
engendrer a une progrès dans le système capitaliste et qui lui permet d’éviter la répétition. Et
il rajoute que l’entrepreneuriat est donc la perception et l’exploitation d’opportunités qui
permettent l’implantation d’innovations.

Plusieurs auteurs dans une perspectives psychologique, sont intéressés à la personnalité et au


comportement d’entrepreneur : besoin d’accomplissement, d’indépendance et de liberté, goût
d’entreprendre et de diriger, prise de risques, sont les principaux traits qui lui sont associés.
Cette approche par les traits semble insuffisante à certains auteurs, Gartner (1989), qui dit « La
recherche sur l’entrepreneur devrait se focaliser sur ce que fait l’entrepreneur et non ce qu’il est
», dans cette approche, l’entrepreneuriat viser à constituer une organisation. En remarquant que
lorsque on définit l’entrepreneuriat, la dimension liées à la personnalité de l’entrepreneur.

D’autres auteurs, Verstraete et Fayolle (2005) qui mettent en valeur quatre paradigmes afin de
déterminer le domaine de recherche de l’entrepreneuriat : l’opportunité d’affaires, la création
de l’organisation, la création de valeur, et l’innovation. Ces paradigmes, qui peuvent se
combiner, synthétisent les différentes approches de l’entrepreneuriat dans la littérature
internationale.

D’après la lecture de toutes ces approches va nous permettre de de repérer de mot clés qui
caractérise l’initiative de l’entrepreneuriat : prise de risque, innovation, opportunité, création
organisationnelle, combinaison de nouvelles ressources, engagement, ce sont des notions sur
lesquelles se fondent la démarche entrepreneuriale.

10
Cette spécification de l’entrepreneuriat va nous apporter un éclairage utile pour comprendre les
dimensions de l’entrepreneuriat social que la littérature sur le sujet a mis en exergue, comme
nous allons le voir maintenant. On va pouvoir constater qu’à de nombreux égards,
l’entrepreneur social ressemble à l’entrepreneur classique. Mais une revue de la littérature sur
l’entrepreneuriat social nous permettra également de mieux comprendre en quoi
l’entrepreneuriat social se différencie essentiellement de l’entrepreneuriat classique.

II. Le concept de l’entrepreneuriat social


L’entrepreneuriat social et comme l’indique olivier Kayser c’est une idée, un projet politique.
Il est essentiel d’avoir à l’esprit que l’entrepreneuriat social n’est pas un ensemble de pratiques
(comme le sont les entreprises sociales, les associations, les coopératives, etc.) : c’est un courant
de pensée.

A. L’importance du domaine de l’entrepreneuriat social


Les acteurs socialement responsables ont créé des modèles d'affaires novateurs dans le monde
entier pour résoudre les problèmes sociaux que les institutions, les entreprises et les
organisations gouvernementales et non-gouvernementales ne parviennent pas à régler. Ils jouent
un rôle crucial dans l'amélioration des conditions sociales défavorables, surtout dans les pays
sous-développés et les économies émergentes, où la corruption, la dictature et la rareté des
ressources limitent l'intérêt porté aux besoins sociaux. Les entrepreneurs sociaux sont les
principaux acteurs du changement dans les économies les plus développées, où ils ont mis en
œuvre des méthodes innovantes et rentables pour répondre à des problèmes sociaux tels que la
pauvreté, l'analphabétisme et l'inégalité entre les sexes, défiant ainsi les solutions
traditionnelles. Dans de nombreux pays, les gouvernements ont réduit leurs dépenses sur les
services sociaux, ce qui a créé un besoin pour des activités entrepreneuriales pour lever des
fonds et intervenir. Ainsi, la vague mondiale de privatisation et de marchandisation a influencé
les organismes sans but lucratif et les ONG, qui ont comblé les lacunes dans la prestation des
services sociaux. Cependant, malgré l'augmentation des besoins sociaux, les organismes sans
but lucratif ont moins de fonds et de ressources, ce qui les a incités à établir de nouveaux
modèles d'affaires axés sur la formation de relations de collaboration pour financer et exploiter
des programmes qui poursuivent leurs missions sociales. Ces changements institutionnels ont
également donné lieu à une variété d'entreprises sociales. Malgré l'intérêt croissant pour
l'entrepreneuriat social, il n'existe pas de définition claire de ce domaine, car les manifestations
de l'entrepreneuriat social sont nombreuses et les chercheurs étudient le sujet dans différents
contextes. Le terme lui-même est ambigu et peut avoir des significations différentes pour

11
différentes personnes. Les désaccords persistent sur le domaine de l'entrepreneuriat, et en
ajoutant le mot "social" chargé de valeurs, le débat de définition est encore plus complexe.

B. L’émergence du concept de l’entrepreneuriat social


Au début des années1990 l’entrepreneuriat social a été émergée aux États-Unis. Le lancement
a été lance en 1993, par la Harvard Business School, de « Social Enterprise Initiative ». Depuis
lors, d'autres grandes universités (Columbia, Berkeley, Duke, Yale, New York, etc.) et plusieurs
fondations commencent des programmes de formation et de soutien pour les entreprises et les
entrepreneurs sociaux. Il s’est ensuite développé dans plusieurs pays européens sous des formes
variées regroupées sous l’ombrelle « d’entreprises sociales ».

Les concepts économies social et solidaire et l’entrepreneuriat social se développer en parallèle.


« L’économie sociale s’attache à réunir des personnes avant de réunir des capitaux, sans
chercher en priorité la rémunération du capital »6. Elle rassemble des initiatives privées, ce qui
permet de la distinguer du secteur public. La crise économie et le chômage de masse qui marqué
en 1980, aide le concept de l’économie solidaire pour développer, L'économie solidaire se
concentre sur des activités de niche que ni l'État ni le secteur privé ne peuvent répondre. Elle
englobe diverses activités telles que le commerce équitable, la protection de l'environnement,
la finance solidaire et les structures d'insertion par l'activité économique. Ces activités ont
connu une croissance économique significative ces dernières années.

Dans la pratique, les organisations qui se reconnaissent dans le concept d'entrepreneuriat social
sont systématiquement associées au champ de l'économie sociale et solidaire, ce qui montre que
ces deux concepts sont complémentaires plutôt que concurrents. Le Collectif pour le
Développement de l'Entrepreneuriat Social (CODES) a précisé dans une note de janvier 2007
que l'entrepreneuriat social ne vise pas à remplacer ou menacer l'économie sociale et solidaire,
mais plutôt à offrir une opportunité de développement pour ce secteur. Selon le CODES 7,
l'économie sociale et solidaire et l'entrepreneuriat social sont deux niveaux distincts mais
complémentaires d'observation. L'économie sociale et solidaire est plus historique, politique et
institutionnelle, tandis que l'entrepreneuriat social se concentre davantage sur des projets
pragmatiques et empiriques.

6
La Charte de l’économie sociale définit en 1995 l’économie sociale et solidaire selon un certain nombre de
critères : la libre adhésion, la non-lucrativité, la gestion démocratique, l’utilité collective ou l’utilité sociale du
projet et la mixité des ressources.
7
Regroupement né en 2006 d’une vingtaine d’acteurs de l’entrepreneuriat social (entrepreneurs sociaux,
accompagnateurs, institutionnels, ou financeurs…)

12
Le terme "entrepreneuriat" est utilisé plutôt que "économie" pour reconnaître le rôle crucial de
l'entrepreneur dans la stimulation d'un projet collectif et pour s'assurer de son développement.
Cependant, certains défenseurs de l'économie solidaire et de ses principes fondamentaux (tels
que la liberté d'adhésion, la gouvernance démocratique et la lucrativité limitée) craignent que
l'introduction des outils de gestion du secteur privé et le développement de l'esprit
entrepreneurial dans le domaine social ne nuisent aux missions sociales et politiques des
structures de l'économie sociale.

Aussi, s’il est vrai que l’entrepreneuriat social vient enrichir le secteur plus large de l’économie
sociale et solidaire, il est nécessaire de s’interroger plus spécifiquement sur les valeurs, les
principes, les caractéristiques qui sont prêtés à l’entrepreneuriat social dans la littérature
internationale, en se penchant sur les différentes approches autour des termes « entrepreneuriat
social », « entrepreneur social » et « entreprise sociale ».

C. Définition de l’entrepreneuriat social


D’abord, nous avons présenté les principales définitions de l’entrepreneuriat, qui constitue une
porte pour l’étude de l’entrepreneuriat social. On va traiter 10 définitions de la littérature,
chaque définition soit liée à la notion d’entrepreneur social soit celui rattaché à l’entreprise
sociale ou à ses activités. Ils sont différents dans leur formulation ou dans leur attachement
prononcé à certains aspects, mais il n’en reste pas moins qu’elles se recoupent et se complètent.
Nous allons essayer d’extraire de toutes ces définitions, ce qui fait l’essence de l’entrepreneuriat
social.

L'entrepreneuriat social a pour objectif principal de créer de la valeur sociale, tandis que
l'entrepreneuriat classique se concentre sur la création de bénéfices privés. Selon Austin et al.
(2006), la différence entre les deux types d'entrepreneuriat réside dans les niveaux
administratifs de l'organisation. En général, les définitions proposées dans le contexte anglo-
saxon soulignent le rôle de l'entrepreneur social qui saisit des opportunités pour servir une
mission sociale visant à améliorer le bien-être de la société. Les activités commerciales sont
considérées comme une stratégie permettant à l'organisation de dégager des ressources
financières nécessaires à la poursuite de sa mission sociale. Boschee et McClurg (2003) ajoutent
que les stratégies de génération de revenus liées directement à la mission sociale et visant à
résoudre un problème social spécifique sont ce qui définit l'entrepreneuriat social. Dees (1998)
explique que la différence entre les deux types d'entrepreneuriat réside dans l'engagement total
des entrepreneurs sociaux envers leur mission sociale plutôt que dans la création de valeur
financière. Les définitions se présenter aux tableaux suivants :

13
Tableau1 : définition et description de l’entrepreneuriat social

Auteur Définition

S. Zahra et al. L’ES concerné « les activités et processus entrepris pour découvrir, définir
(2009) et exploiter les opportunités afin d’accroître la richesse sociale par la
création de nouvelles entreprises ou la gestion des organisations existantes
de façon innovante »

Chaire ES de « L’ES renvoie aux initiatives privées au service de l’intérêt général,


l’ESSEC (2009) adoptant une démarche innovante, inventant de nouvelles réponses aux
problèmes sociaux, de nouvelles manières de mobiliser des ressources,
adaptant certaines méthodes utilisées dans la sphère capitaliste afin de
servir une mission sociale ».

Brouard, Hebb “Les entreprises sociales sont définies comme des organisations créées
et Madill, pour poursuivre des missions sociales ou pour réaliser un profit de la
(2008) communauté, indépendamment de la propriété ou de la structure juridique
et avec divers degrés de l'autonomie financière, l'innovation et la
transformation sociale ».

J. Defourny et « Une organisation avec un but explicite de service à la communauté,


M. Nyssens, initiée par un groupe de citoyens et dans laquelle l’intérêt matériel des
(EMES). (2008) investisseurs est sujet à des limites. Les entreprises sociales placent une
grande valeur dans leur autonomie et supportent les risques économiques
liés à leurs activités ».

OCDE (2007) « Toute activité privée d’intérêt général organisée à partir d’une démarche
entrepreneuriale et n’ayant pas comme raison principale la maximisation
des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et
sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place, par la production de biens
et de services, des solutions innovantes aux problèmes d’exclusion et de
chômage ».

Sharir and « L’entrepreneur social agit comme agent de changement afin de créer et
Lerner, (2006) soutenir de la valeur sociale sans être limité par les ressources qu’il
contrôle présentement ».

14
Mair & Marti « L’ES est un processus consistant en l’utilisation innovante et la
(2006) combinaison de ressources pour explorer et exploiter des opportunités qui
visent à catalyser un changement social en pourvoyant aux besoins
humains basiques d’une manière durable ».

Dees (1998) « L’E social est un agent de changement social qui cherche à créer de
valeur sociale en exploitant de nouvelles opportunités pour soutenir cette
mission. Il s’inscrit dans un processus continu d’innovation […] en
faisant preuve d’un sens aigu de l’engagement vis-à-vis de sa mission et
de ses impacts sociaux ».

Schwab « L’entrepreneur social est un visionnaire pragmatique, qui atteint des


Fondation objectifs larges de changement social grâce à une nouvelle invention, une
(2005) approche différente, un travail rigoureux empreint de vision stratégique
[…]. Il combine les caractéristiques de Richard Branson et de Mère
Teresa ».

Fowler (2000) « L’ES consisté à créer des institutions, des structures, des relations, des
organisations et des pratiques socio-économiques viables afin de créer un
bénéfice civique qui est démontré par l’engagement volontaire des
citoyens et de leur support ».

Même si les définitions sont différées, la majorité des auteurs mentionnent des critères de
l’entrepreneuriat social. Cela rappelle la définition de l'entrepreneuriat ci-dessus, selon laquelle
l'innovation est une partie importante de l'entrepreneuriat. Ainsi, bien que cette caractéristique
ne caractérise pas l'entrepreneuriat social, elle est tout de même importante pour les auteurs qui
ont défini le terme. Dans une entreprise sociale, l'innovation est avant tout sociale, pour
répondre à des besoins sociaux. Consiste à trouver de nouvelles combinaisons de ressources
possibles. Il ne s'agit pas d'innovation au sens large, mais plutôt de la satisfaction de besoins
non satisfaits sur le marché ou de l'offre de nouvelles formes d'intégration pour donner aux
individus une place et un rôle dans la production. L'innovation sociale a pour mission de
renforcer le développement local par la qualité de vie et les ressources humaines, et plus
généralement par la capacité des territoires à élargir les perspectives de développement et de
renouvellement. Les entrepreneurs sociaux ne visent pas à protéger ces nouvelles solutions,

15
mais à faciliter leur diffusion par d'autres groupes de citoyens dans d'autres régions.
L'innovation technologique dans les entreprises, quant à elle, vise à rechercher un avantage
concurrentiel par rapport aux concurrents. La protection des innovations par des brevets permet
de garantir des retours financiers aux propriétaires de cet actif. L'approvisionnement en
ressources est désigné comme le troisième critère de la définition. D'autre part, il existe un
désaccord sur la définition de l'emplacement des ressources au sein d'une entreprise. Certains
voient l'entrepreneuriat social comme un mélange de principes commerciaux et d'objectifs
sociaux (Fowler 2000), et d'autres le voient comme une « poursuite à double objectif », tandis
que d'autres voient la recherche de la valeur économique comme une mission sociale, que
certains voient comme un moyen de l'accomplir (Mair et Marti, 2006 ; Deeds 1998). En fait, il
y a ici deux types d'entreprises : celles dont l'objectif premier est de créer de la valeur sociale,
et celles dont l'objectif premier est de créer de la valeur économique. Le quatrième critère, qui
est principalement mentionné dans la définition de J. Defourny et M. Nyssens (2008), est
l'initiative d'un groupe de personnes. Cela suppose l'existence d'une action collective pour
mener à bien des projets sociaux. Il engage des groupes de citoyens, d'utilisateurs, d'experts et
d'entreprises privées pour résoudre les problèmes qui les concernent ou qui, selon eux, devraient
intervenir. De cette analyse, l'entrepreneuriat social se caractérise par une nette primauté de la
mission sociale, dont la finalité est de répondre à des besoins sociaux d'intérêt général qui ne
peuvent être satisfaits ni par le secteur privé ni par le secteur public.

D. Comparaison entre l’entrepreneuriat classique et sociale


D’après les définitions que nous avons indiquées, on peut distinguer la différence entre
l’entrepreneuriat social et classique. Cette classification se base sur trois caractéristiques
d’après l’analyse des définitions de ces deux concepts et qui sont :

➢ Caractéristique sociale
➢ Caractéristique économique

16
Tableau 2 : les principales différences entre les deux formes entrepreneuriales :

Entrepreneuriat social Entrepreneuriat classique

Caractéristique La mission sociale de Primauté du profit sur la mission


sociale l’organisation constitue donc la sociale. Être socialement
principale raison d’être. responsable, ne constitue pas la
mission principale de l’entreprise

Caractéristique Activités économiques pour servir Activités économiques pour servir


économique un intérêt collectif et/ou l’intérêt des intérêts privés. La création de
général. La recherche de profits valeur économique est centrale.
n’est qu’un moyen mis au service Dans ce cadre la recherche est pour
de la mission sociale de l’entreprise réaliser des profits, voire souvent à
pour la financer et/ou assurer une les maximiser.
pérennité en construisant un
modèle viable et financièrement
autonome. En aucun cas le but n’est
de maximiser les profits

L’innovation Des innovations sociales à Des innovations technologiques à


essaimer à grande échelle. conserver pour maintenir un avantage
L’objectif de ces innovations est de concurrentiel.
donner des réponses durables et
profondes à des problèmes majeurs
de la société et non pour gagner un
avantage concurrentiel.

17
III. L’entrepreneur social et le Business model de l’entrepreneuriat social
Comme nous l'avons déjà abordé, la littérature met en évidence l'importance des individus
engagés dans la découverte et la poursuite d'objectifs sociaux malgré les risques (Dees, 1998 ;
Fondation Schwab, 2005 ; Mair et Marti, 2006). La réussite de la mission sociale nécessite que
les entrepreneurs mènent efficacement diverses activités, certaines innovantes et d'autres
habituelles (comme la comptabilité). Par conséquent, pour définir l'entrepreneuriat social, il est
crucial de comprendre les motivations des individus et des groupes qui assument les risques
liés à la conception, à la construction, au lancement et au maintien de nouvelles organisations
et de nouveaux modèles commerciaux. Cela signifie que des entrepreneurs dotés de valeurs
spécifiques, de capacités et de compétences seront attirés par l'entrepreneuriat social, dans le
but de rechercher des opportunités, des solutions organisationnelles innovantes et de créer de la
richesse sociale. Ainsi, il est nécessaire d'examiner de manière plus spécifique les valeurs et les
types d'entrepreneurs sociaux.

A. Entrepreneur social
Nous poursuivons ici la clarification du concept global de l'entrepreneuriat social en abordant
cette fois-ci l'entrepreneur social. Cette approche nous permettra de construire une image
générale et claire du concept de l'entrepreneuriat social. Les différentes définitions de
l'entrepreneuriat social mettent en évidence les motivations diverses, les types d'entreprises
créées et les activités de l'organisation (ou stratégies) visant à améliorer la richesse sociale. Cela
explique l'existence de différents types d'entrepreneurs sociaux qui cherchent à résoudre des
problèmes sociaux spécifiques avec leurs propres moyens et dans leurs propres contextes. En
réalité, l'un des talents majeurs de la plupart des entrepreneurs sociaux réside dans leur capacité
à inspirer et à mobiliser les efforts de partenaires commerciaux et non commerciaux, de
donateurs, de bénévoles et d'employés dans la poursuite de la mission sociale. Selon Pearce et
Doh (2005), "l'établissement de relations de collaboration pour lancer des initiatives sociales
est souvent essentiel au succès". D'autres entrepreneurs sociaux peuvent être plus enclins à créer
des organisations axées sur la résolution de problèmes locaux. En raison de cette variabilité et
du besoin d'un cadre d'analyse permettant de classer les différentes initiatives d'entrepreneuriat
social, nous avons choisi d'adopter la dernière typologie proposée par Zahra et al. (2009). Ces
auteurs ont développé cette typologie en se basant sur les théories classiques de
l'entrepreneuriat, afin de refléter la diversité des entrepreneurs sociaux. Les trois types proposés
ne capturent pas toutes les variétés potentiellement observables dans l'entrepreneuriat social,
mais ils ouvrent la voie à la reconnaissance des antécédents potentiels, des processus et des

18
conséquences des différents types d'entrepreneuriat social Pour élaborer cette typologie, les
auteurs se sont appuyés sur les concepts alternatifs de l'entrepreneuriat développés par Hayek
(1945), Kerzner (1973) et Schumpeter (1942). Cela leur a permis d'identifier les similitudes et
les différences entre la vaste gamme de personnes et d'organisations engagées dans
l'entrepreneuriat social. Les trois types d'entrepreneurs sociaux sont les suivants : le bricoleur
social, le constructionniste social et l'ingénieur social. Bien que ces entrepreneurs partagent la
même passion et le même objectif de poursuivre une mission sociale, les différences majeures
entre eux résident dans la manière dont ils identifient les besoins sociaux, saisissent les
opportunités sociales et impactent le système social global.

Selon Zahra et al. (2009), l'entrepreneuriat social comprend trois types d'entrepreneurs sociaux
: le bricoleur social, le constructionniste social et l'ingénieur social. Ces catégories se basent sur
les travaux de Hayek, Kerzner et Schumpeter respectivement.

Le bricoleur social, inspiré des idées de Hayek, est un entrepreneur qui identifie et saisit les
opportunités pour répondre aux besoins sociaux locaux. Il agit avec des ressources limitées et
crée des solutions adaptées à des échelles plus petites.

Le constructionniste social, en référence à Kerzner, est un entrepreneur qui crée des structures
alternatives pour combler les lacunes du marché dans la satisfaction des besoins sociaux. Ces
structures sont conçues pour fournir des biens et des services qui ne sont pas adéquatement
adressés par l'État, les entreprises ou les organisations existantes.

L'ingénieur social, inspiré par les idées de Schumpeter, est un entrepreneur qui remplace les
systèmes sociaux existants et mal adaptés en créant de nouveaux systèmes modernes et plus
efficaces pour assurer la prestation de services sociaux importants. Son objectif est de
transformer en profondeur les approches conventionnelles.

Ces distinctions permettent de mieux comprendre les différents rôles et approches adoptés par
les entrepreneurs sociaux en fonction des besoins sociaux qu'ils cherchent à résoudre et des
changements qu'ils souhaitent apporter à la société.

B. Business model de l’entrepreneuriat social


Le concept de business model a suscité un intérêt considérable parmi les chercheurs
universitaires depuis les années 1990. Son utilisation est particulièrement répandue dans les
entreprises de la nouvelle économie. En effet, le développement des technologies de

19
l'information et de la communication offre de nouvelles sources de création de valeur qui
diffèrent des schémas classiques des entreprises commerciales et industrielles (Zott et al., 2011).

Le business model est apparu pour répondre aux perturbations liées à Internet et aux nouvelles
technologies de l'information. À l'époque, les start-ups ont dû utiliser cette notion de business
model pour convaincre les investisseurs potentiels, comme l'explique Jouison (2005). Étant
donné que le plan d'affaires traditionnel ne pouvait plus s'appuyer sur l'étude d'un marché et
d’une concurrence encore inexistante en raison de la nouveauté et de l'innovation de l'offre, les
entreprises ont réussi à convaincre de la validité de leur projet grâce à une "formulation réfléchie
de leur idée, c'est-à-dire une prise de conscience de leurs affaires et du modèle sur lequel elles
étaient fondées, le business model". De même, Redis (2007) explique l'émergence du concept
de business model comme un "outil d'analyse de la complexification des relations commerciales
en réponse à différents changements découlant des évolutions technologiques, économiques et
réglementaires : notamment l'émergence de nouveaux métiers, l'apparition de nouvelles
possibilités de génération de revenus et la complexification des relations interentreprises".

En général, le business model répond à la question des sources de création de valeur au sein
d'une organisation et décrit comment cette dernière crée et capture de la valeur. Dans le domaine
de l'entrepreneuriat, les créateurs de start-up innovantes ont utilisé ce concept intégrateur pour
expliquer aux investisseurs les sources de génération de revenus, notamment lorsque le service
proposé aux clients est totalement gratuit.

Cependant, le concept de business model a été étendu à tous les secteurs d'activité et apparaît
comme un cadre d'analyse permettant d'étudier et de comprendre les mécanismes de création
de valeur. À partir de l'examen des différentes définitions de l'entrepreneuriat social, on peut
déjà identifier deux différences fondamentales entre l'entreprise sociale et l'entreprise classique,
qui posent les bases d'un nouveau type de business model :

- L’entreprise sociale cherche à créer de la valeur sociale en priorité : la création de valeur


économique est un outil au service de la mission sociale,

- Tous les bénéfices de l’entreprise sont réinvestis dans l’entreprise : il n’y a pas de distribution
de dividendes au profit des actionnaires

20
On peut donc représenter de manière très simplifiée les modèles économiques d'une entreprise
commerciale et d'une entreprise sociale de la manière suivante8 : (figure 1)

Figure montre la différence entre BM d’entreprise classique et social

En conclusion, l'entrepreneuriat social représente une approche novatrice et essentielle pour


répondre aux défis sociaux et environnementaux auxquels notre société est confrontée. Il s'agit
d'un mouvement qui émerge en réponse à l'insatisfaction envers les modèles économiques
traditionnels et qui vise à créer un changement positif et durable. L'entrepreneuriat social se
distingue de l'entrepreneuriat classique par son objectif primordial de résoudre des problèmes
sociaux et environnementaux, en plus de générer des revenus. Les entrepreneurs sociaux sont
animés par une mission sociale et cherchent à maximiser l'impact positif de leurs entreprises,
au-delà de la simple maximisation des profits.

Les entrepreneurs sociaux jouent un rôle crucial en apportant des solutions novatrices, en
mobilisant des ressources et en inspirant d'autres acteurs de la société. Leurs initiatives créent
un modèle d'affaires responsable, intégrant des valeurs sociales et environnementales dans la
création de richesse. En adoptant des approches d'évaluation de l'impact social, les
entrepreneurs sociaux cherchent à mesurer et à démontrer l'efficacité de leurs initiatives. Cela
contribue à renforcer la légitimité de l'entrepreneuriat social et à inciter d'autres acteurs, tels
que les investisseurs et les gouvernements, à soutenir cette démarche.

8
Schéma de l’ESSEC dans PACHE, A. (2008), Business Plan social, guide méthodologique, ESSEC Chaire
Entrepreneuriat social

21
L'entrepreneuriat social repose sur une variété de modèles d'affaires, tels que les entreprises
sociales, les coopératives, les partenariats public-privé et les entreprises à double finalité. Ces
modèles permettent de générer des revenus tout en poursuivant des objectifs sociaux, et ils ont
le potentiel de transformer la manière dont nous concevons les entreprises.

En définitive, l'entrepreneuriat social offre une voie prometteuse pour construire un avenir plus
équitable, durable et inclusif. Il montre que la création de valeur sociale et environnementale
peut aller de pair avec la viabilité économique. L'engagement des entrepreneurs sociaux à
relever les défis les plus pressants de notre époque est une source d'inspiration et un appel à
l'action pour tous les acteurs de la société. En travaillant ensemble, nous pouvons façonner un
monde meilleur et plus juste pour les générations présentes et futures.

22
Chapitre 2 : les acteurs de l’entrepreneuriat social
L'entrepreneuriat social est un domaine qui vise à résoudre des problèmes sociaux et
environnementaux tout en créant de la valeur économique. Les acteurs de l'entrepreneuriat
social sont les personnes et les organisations qui s'engagent activement dans cette forme
d'entrepreneuriat. Voici les principaux acteurs de l’entrepreneuriat social :

I. Les entreprises sociales


Le concept d'entreprise sociale englobe aujourd'hui une variété de statuts juridiques, mais
partage un objectif commun : placer l'homme au centre du projet entrepreneurial. En plus des
formes traditionnelles de l'économie sociale et solidaire telles que les associations, les
mutuelles, les coopératives et les fondations, le terme d'entreprise sociale s'applique désormais
également à des sociétés (SARL, etc.) qui œuvrent pour un impact social et réinvestissent les
bénéfices générés. Comme toute entreprise, elles proposent des produits et des services à leurs
clients et bénéficiaires (services aux personnes, commerce équitable, etc.). Le grand public
soutient largement le secteur de l'entrepreneuriat social à travers des dons et en influençant les
pouvoirs publics par des actions de plaidoyer. Les entreprises sociales ont pris de l'importance
dans le débat politique dans de nombreux pays européens et non européens, comme en témoigne
l'initiative récente de la Commission européenne en faveur de l'entrepreneuriat social. Cette
initiative représente une étape importante pour les décideurs politiques européens et d'autres
parties prenantes impliquées dans la promotion d'écosystèmes nationaux et sous-nationaux
favorables aux entreprises à vocation sociale. Il est essentiel de créer un environnement propice
aux entreprises sociales afin qu'elles puissent pleinement déployer leur potentiel en contribuant
non seulement à la création d'emplois, mais aussi en répondant à des besoins sociaux et
économiques plus larges et en favorisant des sociétés plus cohésives et inclusives.

Actuellement, il n'existe pas de consensus uniforme sur le vocabulaire et la compréhension du


concept d'entreprise sociale. De nombreuses définitions coexistent et une multitude de formes
d'organisations sont adoptées par les entreprises sociales à travers le monde, ce qui complique
les comparaisons internationales.

L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) définit les


entreprises sociales comme des activités privées d'intérêt général, organisées selon une
approche entrepreneuriale et dont le but principal n'est pas la maximisation des profits, mais la
satisfaction d'objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de proposer des solutions
innovantes aux problèmes de l'exclusion et du chômage (OCDE, 1999). L'exclusion sociale

23
englobe divers aspects qui ne se limitent pas seulement à l'exclusion du marché du travail, mais
également au risque d'exclusion lié à des questions telles que la santé, les changements
démographiques, la mobilité, la sécurité alimentaire, la pauvreté et le faible niveau d'éducation.
Plus récemment, la Commission européenne a défini une entreprise sociale comme un acteur
de l'économie sociale dont l'objectif principal est d'avoir un impact social plutôt que de générer
des profits pour ses propriétaires ou partenaires. Elle opère sur le marché en proposant de
manière entrepreneuriale et innovante des biens et des services, et utilise principalement ses
excédents à des fins sociales. Elle est gérée de manière responsable et transparente, impliquant
notamment ses employés, ses clients et les parties prenantes concernées par ses activités
économiques (communication de la Commission, COM (2011) 682 final), Les différentes
définitions de l'entreprise sociale mettent en évidence différents aspects de la même réalité. En
Europe, les entreprises sociales sont étroitement liées à la tradition de l'économie sociale dont
elles émergent. Cette tradition repose sur des principes et des valeurs tels que la solidarité, la
primauté de la personne sur le capital, ainsi que la gouvernance démocratique et participative.
En Europe, l'économie sociale regroupe des entités telles que les coopératives, les associations,
les mutuelles et les fondations. Les entreprises sociales peuvent revêtir différentes formes
juridiques dans les différents pays européens. Ces formes incluent les entreprises solidaires, les
sociétés coopératives ou les coopératives sociales à responsabilité limitée, les sociétés
coopératives d'intérêt collectif adoptées en Grèce, en Espagne, en France, en Italie et au
Portugal, les sociétés à finalité sociale ou d'intérêt collectif en Belgique, et les sociétés d'intérêt
communautaire au Royaume-Uni. Une étude des structures juridiques et de la législation de
plusieurs pays européens ayant adopté des lois nationales régissant les entreprises sociales
(notamment la Belgique, la France, l'Italie, la Pologne, le Portugal, la Finlande et le Royaume-
Uni) révèle que ces lois abordent des questions communes telles que la définition de l'entreprise
sociale, la répartition des actifs, les systèmes de gouvernance et de participation des parties
prenantes, ainsi que la reddition de comptes et la responsabilité envers les parties prenantes
internes et externes. Ces lois nationales proposent différentes solutions juridiques basées sur
des contextes culturels spécifiques. Trois modèles distincts peuvent être identifiés en fonction
des formes d'organisation que l'entreprise sociale peut adopter : "la coopérative", "l'entreprise"
et "la forme ouverte". Pour ce dernier modèle, la législation ne prévoit pas de forme juridique
spécifique, mais définit les critères que l'entreprise sociale doit respecter pour être reconnue en
tant que telle (Cafaggi et Iamiceli, 2009). Les entreprises sociales, quelles que soient leur forme
juridique, peuvent généralement être distinguées des organisations bénévoles par plusieurs

24
critères ou caractéristiques, tels que ceux identifiés par le réseau EMES9. Ces critères incluent
une activité continue de production de biens et/ou de vente de services, un degré élevé
d'autonomie, un niveau significatif de prise de risque économique, un niveau minimal de travail
rémunéré, une initiative lancée par un groupe de parties prenantes, un processus de prise de
décision indépendant de la détention du capital, une dynamique participative impliquant les
parties concernées par l'activité, une limitation de la distribution des bénéfices, et un objectif
explicite de service à la communauté (www.emes.net). Ces critères doivent être considérés et
appliqués de manière ouverte et flexible (OCDE, 1999 ; Mouves, 2012).

En Europe, les entreprises sociales sont actives dans une large gamme d'activités et dans de
nombreux domaines différents, tels que les services sociaux, l'enseignement, le logement,
l'environnement, la culture, les arts, le tourisme, ainsi que dans de nouveaux secteurs tels que
les énergies renouvelables, le commerce équitable et les transports.

II. Les réseaux privés de financement


Les acteurs des finances solidaires prennent différentes formes et représentent une source de
financement de plus en plus importante pour les entreprises sociales, en complément des
financements publics. Les finances solidaires font partie des finances éthiques, appliquant des
principes de solidarité et de subsidiarité aux opérations financières. Ce sont des institutions de
financement spécifiques qui accordent des prêts ou des investissements en capital à d'autres
structures de l'économie sociale et solidaire, telles que des associations, des coopératives, et à
des personnes exclues des circuits financiers traditionnels. Elles collectent l'épargne de
personnes souhaitant que leurs fonds soient utilisés de manière solidaire, acceptant une
rémunération légèrement moins élevée. Les finances solidaires se distinguent de
l'investissement socialement responsable (ISR), qui repose sur des critères minimaux de
responsabilité sociale appliqués aux entreprises cotées. De plus, elles diffèrent du micro-crédit
en mettant l'accent sur l'utilisation collective de l'épargne plutôt qu'individuelle. L'objectif des
finances solidaires est d'accroître le capital social des bénéficiaires, tandis que le micro-crédit
se concentre sur l'échelle plutôt que sur la solidarité et peut parfois servir de solution
individuelle palliative pour les exclus du système bancaire traditionnel.

9
EMES is a research network of established university research centers and individual researchers whose goal
has been so far to gradually build up an international corpus of theoretical and empirical knowledge, pluralistic
in disciplines and methodologies, around our “SE” concepts: social enterprise, social entrepreneurship, social
economy, solidarity economy and social innovation

25
Il existe deux approches différentes de l'épargne solidaire : soit une partie des revenus de votre
épargne est distribuée à une association de votre choix (partage solidaire), soit une partie de
l'encours est directement investie dans un produit d'épargne solidaire. La finance solidaire
collecte l'épargne du grand public afin de fournir des fonds aux entreprises sociales. Les
investisseurs sociaux soutiennent financièrement des entreprises sociales de différentes formes
commerciales, que ce soit au stade de création (capital-risque philanthropique) ou à un stade
plus avancé, en recherchant à la fois un retour sur investissement social et financier. Les
fondations peuvent agir à la fois comme des fonds d'investissement et en tant que donateurs.
Enfin, les banques traditionnelles jouent souvent un rôle dans le financement et le
développement de ces structures.

III. Les entreprises classiques


On peut dire que les entreprises classiques elles ont parmi les composantes de ces réseaux de
financement, au sens où elles s’associent à des « social business » en participant financièrement
à cette activité économique profitable, où la finalité est de servir au développement social de la
communauté locale. Elles peuvent également nouer des partenariats, établir des relations
commerciales et mettre en place du mécénat (de compétences ou financier). C’est pour relever
des défis sociétaux sans cesse plus complexes que l'entrepreneuriat social a connu l'essor que
l'on sait en France depuis quelques années. Son originalité a toujours été d'associer l'inventivité
du secteur non marchand à la rigueur des entreprises classiques et à la mobilité des start-ups. Et
c'est tout naturellement que les initiateurs de ces projets ont cherché à multiplier les partenariats.
Avec succès. De fait, aujourd'hui, les entreprises traditionnelles comprennent l'avantage de
s'associer avec ces nouveaux acteurs d'une « autre » économie. Avant, les entreprises étaient
dans une logique de mécénat essentiellement financier. Aujourd'hui, leur démarche devient plus
globale. Elles ne veulent pas seulement faire du business de façon traditionnelle, mais avoir un
impact sur notre société. Et, lorsqu'elles s'engagent dans cette voie avec des entrepreneurs
sociaux, elles changent complètement leur manière d'agir au quotidien, des ressources humaines
à la stratégie d'achat, jusqu'au cœur de leur business, explique Laurence Grand colas-
Lamoureux10, chargée des partenariats avec les entreprises pour Ashoka. Une démarche plus
durable, plus verte, plus respectueuse : tel est le nouveau credo de ces entreprises. Cette
collaboration permet aussi aux entreprises d'accéder à de nouveaux marchés. Les entreprises
se tournent désormais vers des marchés qu'elles ignoraient, ceux qui se trouvent " en bas de la

10
Fondatrice de mysezame, pour accompagner la transformation de l’economie classique en economie
sociale et solidaire

26
pyramide", les populations les plus défavorisées, détaille Laurence Grand colas-Lamoureux.
Et les entrepreneurs sociaux sont porteurs d'innovation : En réunissant, d'un côté, ces acteurs
de terrain et, de l'autre, les entreprises, les idées émergent et sont bénéfiques pour les deux
parties ! Les grands groupes en pointe, s'associer avec des entrepreneurs sociaux séduit donc
de plus en plus, mais la démarche reste le fait de grands groupes. Ces projets nécessitent
généralement des financements, une équipe dédiée, la possibilité d'expérimenter sans avoir de
garantie. En général, seules les structures solides peuvent se le permettre, regrette Laurence
Grand colas-Lamoureux. Parmi les groupes qui travaillent avec des entrepreneurs sociaux, on
peut citer Danone, GDF Suez, Schneider Electric mais aussi Total ou Veolia. Ces entreprises
agissent surtout dans l'approvisionnement en biens essentiels comme l'eau, l'énergie,
l'alimentation, mais également la santé, l'éducation ou l’habitat, continue-t-elle. Et les actions
sont variées. A l'étranger, la fondation du groupe Hilti, spécialiste de la construction et de la
rénovation de bâtiments, a mobilisé son réseau et, avec l'aide d'Ashoka, plusieurs entrepreneurs
sociaux en Egypte, Inde, Colombie et Brésil pour réhabiliter des quartiers délabrés et donner
un toit aux plus démunis. Les entrepreneurs sociaux, grâce à leurs contacts, créent un maillage
auprès des populations et agrègent la demande, créant un nouveau marché et permettant à ces
populations d'accéder à des biens ou services de première nécessité, commente Laurence
Grand colas-Lamoureux. En France, Carrefour a créé un véritable partenariat client-
fournisseur avec l'Association nationale des épiceries solidaires (Andes). Au départ, cette
relation était avant tout financière. Puis Carrefour a décidé de devenir un de leurs fournisseurs
mais aussi d'employer des personnes qui avaient réussi à se réinsérer grâce à cette association.
Cette rencontre a été vertueuse à plus d'un égard, sourit Laurence Grand colas-Lamoureux.
Malgré ces exemples de réussite, les rencontres entre entreprises et entrepreneurs sociaux sont
encore trop rares face à la croissance des besoins. Les codes, les cultures, le fonctionnement,
tout est différent. C'est un travail au quotidien et sur le long terme qu'il faut mener pour
permettre ces collaborations. Ultime étape donc, accélérer ce mouvement. Nous devons passer
de l'expérimentation locale à la démultiplication à grande échelle pour que ces initiatives
prennent de l'ampleur ! Il faut qu'entreprises et entrepreneurs sociaux comprennent que ces
partenariats hybrides sont une démarche gagnant-gagnant.

IV. Les pouvoirs publics


En fonction de leur envergure, ils ont la capacité de mettre en œuvre des mesures favorables à
l'entrepreneuriat social, de lancer des appels d'offres pour fournir des financements sous forme
de subventions, voire d'établir des partenariats avec des entreprises sociales. Le gouvernement

27
intervient directement par le biais de la Caisse des Dépôts dans le cadre du Programme
d'Investissements d'Avenir (PIA), qui alloue une partie de ses ressources au secteur de
l'économie sociale et solidaire (ESS). Les aides financières disponibles peuvent prendre la
forme d'un prêt d'honneur, d'un prêt à taux zéro, d'une avance remboursable ou d'une
subvention. La subvention est une aide financière non remboursable généralement octroyée par
une entité publique à une entreprise. Pour obtenir une subvention, il est possible de s'adresser à
différents niveaux en fonction des besoins de financement et de la taille de l'entreprise. On
distingue :

• les "subventions d'investissement", dont l'objet est d'aider l'entreprise à acquérir Certains
équipements,

• les "subventions d'exploitation", qui viennent compléter le chiffre d'affaires lorsque L’activité
entraîne des surcoûts anormaux ou n'est pas de nature à pouvoir être Rentabilisée, mais que
cette activité est reconnue d'utilité pour la collectivité.

• les "subventions d'équilibre", destinées à combler en partie ou totalement la perte Globale


qu'aurait subie une entreprise sans cette subvention.

V. Les réseaux d’accompagnement


Depuis les années 2000, des réseaux de lobbying se sont formés dans le but d'influencer la
législation publique en faveur d'un environnement plus propice aux entreprises sociales. Ces
réseaux peuvent également prendre la forme de cabinets de conseil qui accompagnent les
entreprises sociales dans diverses problématiques telles que le modèle économique et la mesure
de l'impact social.

Une couveuse d'entreprises est un dispositif d'accompagnement à la création d'entreprise. Elle


accueille les porteurs de projet avant la phase de création effective de l'entreprise. Les couveuses
offrent aux futurs chefs d'entreprise la possibilité de tester leur projet grâce à un soutien
juridique et une offre d'accompagnement qui leur permet d'apprendre à entreprendre, en
bénéficiant d'un processus d'apprentissage et de coaching. Cette expérience grandeur nature
permet à l'entrepreneur de tester la viabilité économique de son projet avant sa création
officielle. La couveuse propose un encadrement individuel et collectif, met en place des
méthodes et des outils pour développer les compétences entrepreneuriales et sécuriser le
développement du projet d'entreprise. Dans une couveuse, le porteur de projet peut prospecter,
produire et vendre ses produits ou services avant la déclaration officielle de son activité. Cette
période de test en couveuse permet d'acquérir des compétences dans le métier de chef

28
d'entreprise. L'objectif d'une couveuse est de permettre à l'entrepreneur en phase d'essai de
développer son chiffre d'affaires, d'acquérir de l'autonomie, de maîtriser la gestion et de créer
un réseau professionnel.

Être accompagné par un réseau lors de la création d'une entreprise augmente les chances de
réussite. Le taux de pérennité des entreprises dont les entrepreneurs sont accompagnés, qu'il
s'agisse d'hommes ou de femmes, est nettement supérieur à celui des entrepreneurs solitaires.
Les réseaux d'accompagnement offrent de nombreux avantages : ils facilitent les recherches,
aident à élaborer un business plan, permettent de rencontrer d'autres créateurs d'entreprise et
d'élargir son réseau professionnel. Les réseaux professionnels féminins, quant à eux, peuvent
apporter un soutien précieux pour renforcer la confiance en soi ou la trésorerie d'une société.
Les études sur les processus d'accompagnement des créateurs d'entreprise et sur la mesure de
leurs performances sont encore en développement. Cette étude cherche à identifier les différents
types de réseaux d'accompagnement des créateurs d'entreprise, puis à comparer les indicateurs
de mesure des performances.

Les acteurs de l'entrepreneuriat social jouent un rôle essentiel dans la transformation de notre
société. Leur engagement à résoudre les problèmes sociaux et environnementaux, tout en créant
des entreprises viables, est une approche novatrice qui combine le profit et l'impact positif. Ces
acteurs qui travaillent en collaboration pour promouvoir le changement social. Leur objectif
commun est de générer des solutions innovantes et durables pour les défis les plus pressants de
notre époque, tels que la pauvreté, l'accès à l'éducation, la santé, l'environnement et bien
d'autres. L'entrepreneuriat social offre une alternative prometteuse aux modèles économiques
traditionnels en intégrant des valeurs sociales et environnementales dans la création de richesse.
Les acteurs de l'entrepreneuriat social adoptent des approches axées sur l'impact, cherchant à
maximiser leur contribution positive à la société plutôt que de se concentrer uniquement sur les
bénéfices financiers. Ces acteurs sont souvent des pionniers, prêts à prendre des risques et à
repenser les normes établies pour créer des entreprises qui apportent des changements
significatifs. Leur succès dépend de leur capacité à mobiliser des ressources, à obtenir un
soutien financier et à établir des partenariats stratégiques avec d'autres acteurs, tels que les
gouvernements, les entreprises traditionnelles et les organisations de la société civile.

En conclusion, les acteurs de l'entrepreneuriat social sont des catalyseurs de changement qui
incarnent une nouvelle approche de l'entrepreneuriat axée sur l'impact social. Leur travail
contribue à créer un monde plus équitable, durable et inclusif, en inspirant d'autres

29
entrepreneurs, en mobilisant des ressources et en proposant des solutions novatrices. Leur rôle
est essentiel pour relever les défis mondiaux et construire un avenir meilleur pour tous.

30
Chapitre 3 : les enjeux et les défis de l’entrepreneuriat social
L'entrepreneuriat social est devenu un domaine d'intérêt croissant en raison de sa capacité à
aborder les défis sociaux et environnementaux auxquels notre société est confrontée. Alors que
les modèles économiques traditionnels ont souvent été critiqués pour leur focalisation sur les
bénéfices financiers sans tenir compte des conséquences sociales et environnementales,
l'entrepreneuriat social propose une approche alternative axée sur l'impact positif.

Les défis sociaux, tels que la pauvreté, l'accès limité à l'éducation et aux soins de santé,
l'inégalité et le changement climatique, persistent dans le monde entier. Ces problèmes
complexes nécessitent des solutions innovantes et durables qui vont au-delà des approches
traditionnelles. C'est là que l'entrepreneuriat social entre en jeu. L'un des principaux enjeux de
l'entrepreneuriat social réside dans sa capacité à combiner efficacité économique et impact
social. Les entrepreneurs sociaux s'efforcent de créer des entreprises viables économiquement
tout en répondant à des besoins sociaux non satisfaits. Cela nécessite souvent de trouver un
équilibre délicat entre la génération de revenus, la création de valeur sociale et la mesure de
l'impact. Un autre défi majeur est de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les
initiatives entrepreneuriales sociales. Les entrepreneurs sociaux doivent souvent faire face à des
contraintes financières, à un accès limité au capital et à des difficultés pour obtenir le soutien
des investisseurs traditionnels. Ils doivent trouver des moyens créatifs de financer leurs projets,
en explorant des sources de financement alternatives telles que les subventions, les partenariats
et le financement participatif.

L'entrepreneuriat social doit également faire face à des défis liés à la mesure de l'impact et à
l'évaluation de la durabilité de ses initiatives. Il est crucial de développer des méthodes et des
outils fiables pour évaluer l'efficacité des entreprises sociales dans la réalisation de leur mission
sociale, ainsi que pour communiquer cet impact de manière transparente et crédible.

Enfin, l'entrepreneuriat social est confronté au défi de l'échelle et de l'expansion de son impact.
Alors que de nombreuses initiatives entrepreneuriales sociales ont réussi à résoudre des
problèmes locaux, il est essentiel de trouver des moyens de reproduire et d'étendre ces solutions
à grande échelle. Cela nécessite souvent des partenariats stratégiques, des collaborations avec
d'autres acteurs et une réflexion sur les modèles de croissance adaptés.

Dans ce contexte, l'entrepreneuriat social représente à la fois un défi et une opportunité. En


abordant ces défis de manière proactive, les entrepreneurs sociaux peuvent contribuer à créer
un impact significatif et à bâtir un avenir plus équitable et durable. Ils sont appelés à jouer un

31
rôle crucial dans la transformation de notre société en proposant des solutions novatrices, en
inspirant d'autres acteurs et en mobilisant les ressources nécessaires pour relever les défis les
plus pressants de notre époque.

I. L’apparition de l’entrepreneuriat social au Maroc


Depuis l'indépendance, le Maroc a connu une évolution lente et peu marquante en termes
d'entrepreneuriat, en raison principalement des conditions politiques et économiques du pays.
Les priorités politiques et la stabilité nationale ont souvent pris le pas sur les problèmes
économiques et sociaux. Pendant cette période, une classe d'entrepreneurs musulmans et juifs
a émergé, investissant principalement dans des secteurs générateurs de richesses tels que les
travaux publics, l'agro-alimentaire et le textile. Cependant, ces secteurs ne constituent pas les
bases d'une économie moderne capable de favoriser le développement économique et social, de
créer de la richesse et d'améliorer le bien-être de la population. Cette situation est liée à la
mentalité dominante des commerçants marocains, caractérisée par la prudence et la recherche
de rentabilité sans prendre de risques.

En 1983, en réponse à plusieurs manifestations à travers le pays, le gouvernement a mis en


place un programme d'ajustement structurel, ce qui a ouvert la voie à l'émergence d'une nouvelle
catégorie d'entrepreneurs porteurs de dynamiques économiques et sociales innovantes. Ces
entrepreneurs ont identifié de nouvelles opportunités économiques et sociales à exploiter. À
partir de 1990, l'entrepreneuriat au Maroc a commencé à prendre un nouvel élan, notamment
grâce à de grandes réformes structurelles dans des secteurs tels que l'agriculture, l'industrie et
les services, ainsi qu'à la privatisation de plusieurs entreprises publiques. Ces réformes ont
conduit à une croissance significative et ont engendré des transformations radicales qui ont
dynamisé l'entrepreneuriat, favorisant le développement de nouvelles générations d'entreprises
et l'émergence de nouveaux profils d'entrepreneurs.

À partir de 2005, de nombreuses initiatives innovantes à vocation sociale ont émergé,


notamment grâce à l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Ces
initiatives, pilotées par des entrepreneurs sociaux, se sont concentrées sur l'identification
d'opportunités de répondre à des besoins sociaux, économiques et environnementaux, et ont
concrétisé ces opportunités grâce à la mise en œuvre de solutions entrepreneuriales appropriées.
Parallèlement, la création du "Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship"
reflète un engagement sur le terrain et le désir de répondre aux aspirations des générations
présentes et futures.

32
Aujourd’hui, l'État commence à accorder davantage d'importance aux entreprises sociales en
soutenant des projets d'innovation sur le plan institutionnel et administratif afin de promouvoir
et de développer la culture entrepreneuriale dans le secteur social. La nouvelle constitution
garantit la liberté d'entreprendre pour tous les citoyens. Cependant, de nombreux défis
subsistent, tels que la corruption, les lourdeurs administratives et le manque de financement.
Ces défis exigent une intervention institutionnelle visant à favoriser et à améliorer la situation
de l'entrepreneuriat social.

II. L’impact de l’entrepreneuriat social sur la société


Les critères traditionnels de mesure pour les entreprises et le succès entrepreneurial se
concentrent principalement sur la performance financière d'une entreprise et sa capacité à
prospérer indépendamment. En général, ces mesures se basent sur des indicateurs tels que le
chiffre d'affaires, la rentabilité et le profit. Il est largement reconnu que dans le secteur lucratif,
la valeur est mesurée ou définie en termes financiers, et le retour sur investissement (RSI) est
devenu l'indicateur le plus important de nos jours. Bornstein et Davis (2010) ont convenu et
souligné qu'il est possible d'évaluer la performance financière d'une entreprise à but lucratif en
utilisant un seul outil : le RSI de l'entreprise. Pour les entreprises sociales, l'évaluation de la
performance s'avère être plus complexe. Les indicateurs de performance traditionnels
mentionnés précédemment ne sont souvent pas adaptés à l'évaluation de la performance des
entreprises sociales. Bien que ces mesures financières puissent sembler valides, fiables et
comparables, elles ont tendance à négliger les résultats sociaux, environnementaux et les
retombées économiques indirectes. Étant donné que les entreprises sociales poursuivent des
objectifs sociaux plutôt que purement financiers, elles ont besoin de mesures supplémentaires
pour démontrer leurs réalisations. Dees et al. Ont souligné que les entrepreneurs sociaux doivent
désormais prouver leurs réalisations à travers un "impact social mesurable" (2002, p.162). Par
conséquent, les entrepreneurs sociaux doivent évaluer à la fois les résultats économiques directs
et indirects, ainsi que les résultats sociaux et environnementaux.

A. L’impact économique
Les impacts directs de l'entrepreneuriat social incluent, mais ne se limitent pas à, la création de
revenus pour les employés, la génération de nouveaux emplois et la création de nouvelles
entreprises. Les résultats économiques indirects englobent l'amélioration des compétences
personnelles, la création d'emplois supplémentaires dans d'autres entreprises (par exemple, les
fournisseurs) et l'amélioration de la prospérité de la communauté locale. Deux résultats
économiques méritent une attention particulière : l'augmentation des recettes fiscales pour les

33
gouvernements locaux (résultat économique direct) et les économies réalisées sur les dépenses
publiques (résultat économique indirect). La création de nouveaux emplois grâce à
l'entrepreneuriat social profite non seulement aux employés, mais présente également des
avantages pour les gouvernements. Grâce à la création d'emplois et à l'augmentation des
revenus individuels, les gouvernements peuvent réduire leurs dépenses en matière de sécurité
sociale et de prestations sociales (Mair et al., 2006). De plus, les gouvernements peuvent
percevoir davantage de recettes fiscales provenant des employés et des entreprises. Ces deux
indicateurs de résultats sont fréquemment utilisés par les entrepreneurs sociaux pour démontrer
les effets de leurs activités. Toutefois, il est extrêmement chronophage et complexe de calculer
les économies réalisées ou les recettes fiscales supplémentaires perçues par le gouvernement.

B. L’impact social
Les activités entrepreneuriales sociales entraînent souvent des résultats directs tels que la
fourniture de nouveaux biens et services à la population, l'amélioration de la qualité de vie et la
réintégration des personnes vulnérables dans la société. Les résultats indirects incluent divers
effets sociaux sur le plan psychologique, tels qu'une augmentation du niveau de confiance, de
l'indépendance, de la satisfaction, de la responsabilisation, de l'estime de soi et de meilleures
compétences en travail d'équipe. L'entrepreneuriat social génère également des résultats
environnementaux directs, qui peuvent être observés dans la rénovation de bâtiments anciens
et la réduction des déchets non recyclables. Les résultats environnementaux indirects peuvent
se traduire par une attractivité accrue de la région en tant que lieu de vie et de visite, ainsi que
des contributions à l'agenda du développement durable de la région ou du pays.

I. Les défis et les obstacles de l’entrepreneuriat social


Les entreprises sociales sont confrontées à de nouveaux défis et risques en raison de la
mondialisation de l'économie et des attentes croissantes des marchés financiers à l'échelle
mondiale. Les scandales financiers et les menaces qui ont secoué le monde économique ont
placé la bonne gouvernance au sommet des priorités pour les régulateurs tant au niveau mondial
que local. Les PME et PMI, dont font partie les entreprises sociales, sont au cœur de l'économie
marocaine, mais leur contribution reste limitée. Bien que plus de 90% des entreprises soient des
PME, elles ne génèrent que 20% de la valeur ajoutée créée. Pourtant, ces entreprises possèdent
les caractéristiques nécessaires pour surmonter les difficultés auxquelles l'économie nationale
est confrontée dans un contexte de mondialisation. Les PME constituent un véritable levier de
développement, mais au Maroc, leur situation demeure peu définie, en particulier parce que la

34
majorité d'entre elles opèrent en dehors du secteur formel. Cette réalité les prive de certaines
opportunités offertes par leur environnement.

On peut distinguer deux niveaux de barrières dans le contexte des entreprises sociales au Maroc
: les obstacles "opérationnels" et les obstacles "systémiques".

Les obstacles opérationnels sont ceux qui ont un impact sur le fonctionnement et le
développement des entreprises sociales, principalement en raison de l'environnement et du
contexte marocain dans lesquels elles évoluent. Au niveau opérationnel, on peut identifier trois
catégories d'obstacles :

• Le manque de financement : L'accès au financement constitue un défi commun pour


toutes ces organisations, en particulier pour les start-ups qui adoptent une stratégie
d'externalisation et cherchent à s'implanter sur de nouveaux marchés. Les besoins de
financement les plus fréquemment mentionnés par les personnes interrogées sont le
financement initial et l'assistance technique en vue d'assurer la durabilité de l'entreprise.
En général, le paysage du financement au Maroc est limité dans sa portée et sa finalité
• Le manque de soutien et de suivi : Outre la nécessité d'une assistance technique de base
sur la manière de gérer l'organisation, ces entreprises ressentent le besoin d'une
meilleure formation en gestion d'entreprise, de la création de partenariats et du
renforcement des compétences en collecte de financement. Elles estiment souvent
manquer des compétences nécessaires pour être financièrement viables et
opérationnellement solides.
• Le cadre juridique limité : Au Maroc, les options juridiques disponibles pour les
entreprises sociales sont limitées. Les modèles coopératifs et les associations sont les
plus couramment utilisés et constituent les seules structures viables pour les entreprises
sociales. Par exemple, d’un directeur de coopérative au Imlil que je parle avec eux,
indique que celle-ci est exonérée d'impôts sur les sociétés, car son chiffre d'affaires
n'atteint jamais cinq millions de dirhams. Par conséquent, il est estimé qu'il est
nécessaire de créer une structure juridique spécialement conçue pour les entreprises
sociales, afin que le concept soit pleinement accepté et reconnu, ni comme une
entreprise traditionnelle, ni comme une organisation à but non lucratif. Cette structure
juridique à développer devrait être adaptée au contexte des entreprises sociales au
Maroc.

35
En ce qui concerne les obstacles systémiques de l'entrepreneuriat social dans le contexte
marocain, ils ont un impact indirect sur le fonctionnement et le développement des entreprises
sociales, étant souvent liés à l'environnement plus large dans lequel elles opèrent. Parmi ces
obstacles, on trouve tout d'abord l'absence d'une culture entrepreneuriale. Comme le mentionne
le directeur de l'association Aljisr, il est nécessaire de promouvoir une culture favorisant le
développement de l'entreprise sociale. Il ajoute : "Il est très difficile de trouver des personnes
compétentes et motivées qui peuvent nous aider à atteindre notre objectif social." Ainsi, la
nécessité de promouvoir une culture propice au développement de l'entrepreneuriat social au
Maroc constitue l'un des principaux obstacles systémiques entravant le développement de ces
entreprises. Cet obstacle est lié à la culture générale ou à l'absence d'une culture d'esprit
d'entreprise au Maroc. Il peut découler d'un système éducatif considéré comme peu favorable à
l'encouragement de l'esprit d'entreprise. En l'absence d'un environnement favorable, qui stimule
l'innovation et la créativité, les gens ont peur de prendre des risques et des mesures pour
concrétiser leurs idées. Un autre obstacle présent dans le contexte marocain est la diversité des
langues couramment parlées au Maroc (tamazight, tassoussite, tarifite, tachlhite), ainsi que les
dialectes locaux de l'arabe. De plus, les publications sur ce phénomène au Maroc sont souvent
en anglais ou en français, ce qui complique la diffusion des idées et leur enracinement dans la
société marocaine.

On peut conclure que le contexte marocain de l'entrepreneuriat social est très fragile. Le Maroc
se positionne déjà dans le contexte des économies informelles, les dépenses de l'État pour le
développement des entreprises sociales sont très faibles, les aides internationales destinées aux
organisations à but non lucratif sont rares et nécessitent des procédures longues et un suivi
constant. Les entreprises sociales marocaines jouent un rôle essentiel pour répondre aux besoins
des citoyens tels que l'emploi et l'éducation, ce qui signifie que le marché des entreprises
sociales au Maroc est principalement social. En arrivant à ce stade et en envisageant l'avenir, il
est essentiel de s'interroger sur la manière et jusqu'à quel point il est nécessaire de soutenir les
entreprises sociales afin qu'elles puissent croître et se développer dans un tel contexte.

II. Les enjeux de l’entrepreneuriat social dans le cadre marocain


L'entrepreneuriat social joue un rôle de plus en plus crucial dans la transformation sociale et
économique du Maroc. En effet, le pays est confronté à divers enjeux sociaux et
environnementaux qui nécessitent des solutions novatrices et durables. L'entrepreneuriat social
offre une approche prometteuse en combinant l'entrepreneuriat avec des objectifs sociaux, en
visant à créer un impact positif sur la société et à résoudre des problèmes profonds tels que la

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pauvreté, l'exclusion sociale, l'accès à l'éducation, la protection de l'environnement, et bien
d'autres encore. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre les enjeux spécifiques auxquels
est confronté l'entrepreneuriat social au Maroc. Ces enjeux comprennent la lutte contre la
pauvreté et l'exclusion sociale, l'accès à l'éducation et à la formation, l'inclusion financière, la
protection de l'environnement et la nécessité de renforcer les partenariats entre les acteurs
publics et privés. En abordant ces enjeux de manière proactive, l'entrepreneuriat social au
Maroc a le potentiel de générer un véritable changement positif, de favoriser l'inclusion sociale
et de contribuer à la création d'une société plus équitable et durable.

Voici quelques enjeux que l’entrepreneuriat peut confronter au Maroc :

• Lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale : Le Maroc fait face à des défis importants
en matière de pauvreté et d'exclusion sociale, notamment dans les zones rurales et les
quartiers défavorisés des zones urbaines. L'entrepreneuriat social peut jouer un rôle
crucial en fournissant des solutions innovantes pour lutter contre ces problèmes, tels que
la création d'entreprises qui offrent des opportunités d'emploi et de revenus aux
populations marginalisées.
• Accès à l'éducation et à la formation : L'accès à une éducation de qualité reste un défi
pour de nombreuses communautés au Maroc. L'entrepreneuriat social peut contribuer à
améliorer cette situation en développant des initiatives éducatives novatrices, telles que
des écoles ou des programmes de formation professionnelle adaptés aux besoins locaux.
Cela permettrait de renforcer les compétences des jeunes et d'accroître leurs chances
d'insertion sociale et économique.
• Inclusion financière : Une partie de la population marocaine, en particulier les
populations rurales et les femmes, a un accès limité aux services financiers.
L'entrepreneuriat social peut favoriser l'inclusion financière en proposant des modèles
économiques adaptés, tels que les coopératives ou les institutions de microfinance, qui
offrent des services financiers accessibles aux personnes exclues du système bancaire
traditionnel.
• Protection de l'environnement : Le Maroc fait face à des défis environnementaux, tels
que la dégradation des ressources naturelles, la gestion des déchets et les effets du
changement climatique. L'entrepreneuriat social peut contribuer à la protection de
l'environnement en promouvant des initiatives durables, telles que les énergies
renouvelables, l'agriculture biologique, la gestion des déchets ou la préservation des
ressources naturelles.

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• Partenariats avec les acteurs publics et privés : Au Maroc, la collaboration entre les
acteurs publics, les entreprises privées et les entrepreneurs sociaux est essentielle pour
favoriser le développement de l'entrepreneuriat social. Il est nécessaire de renforcer les
partenariats et la coordination entre ces différents acteurs afin de maximiser l'impact
social et de créer un environnement favorable à l'entrepreneuriat social, à travers des
politiques publiques adaptées, des incitations fiscales ou des mécanismes de
financement spécifiques.

L’entrepreneuriat social au Maroc est confronté à des défis spécifiques tels que la lutte
contre la pauvreté, l'accès à l'éducation, l'inclusion financière, la protection de
l'environnement et la nécessité de renforcer les partenariats entre les acteurs publics et
privés. Cependant, ces enjeux offrent également des opportunités pour développer des
solutions innovantes et durables qui contribuent à la transformation sociale et économique
du pays.

III. Les attentes et perspectives


Plusieurs programmes de formation en gestion ont été mis en place pour améliorer les
compétences dans des domaines tels que la comptabilité, l'étude de faisabilité et le marketing.
Cependant, il reste encore des défis à relever pour renforcer le processus entrepreneurial au
Maroc.

Tout d'abord, il est primordial de renforcer la politique publique de soutien à la création


d'entreprise. Cela constitue une attente majeure de la grande majorité des entrepreneurs. En
favorisant l'initiative entrepreneuriale et en capitalisant sur les opportunités importantes
présentes au Maroc, une politique publique solide peut offrir un environnement propice au
développement des entreprises. L'arrivée massive d'investisseurs étrangers dans un pays en
pleine croissance et en pleine modernisation économique témoigne de la nécessité d'un
encadrement, de conseils et d'informations pour les nouveaux entrepreneurs.

De plus, il est essentiel de promouvoir l'initiative entrepreneuriale auprès des jeunes. Cela peut
se concrétiser par la création de fonds d'aide et de soutien, la révision de la fiscalité des petites
et moyennes entreprises (PME), l'encouragement à l'investissement par des allègements
fiscaux, l'amélioration de l'accès au crédit, la facilitation de l'acquisition de terrains et de locaux
professionnels, la mise en place d'un guichet unique et l'organisation de forums et de rencontres
pour les jeunes entrepreneurs. Il est également important de mettre en œuvre des mesures de
mise à niveau des jeunes entreprises et de sensibilisation à l'entrepreneuriat, notamment en

38
promouvant la culture entrepreneuriale à l'école et à l'université et en développant des
partenariats internationaux avec des entreprises et des territoires étrangers. Ces mesures doivent
être soutenues par des initiatives visant à accompagner les jeunes entrepreneurs à toutes les
étapes de la réalisation de leurs projets.

Par ailleurs, la création d'un environnement macroéconomique favorable est cruciale. Il est
nécessaire de simplifier les procédures de création d'entreprise, de lutter contre la corruption
administrative, de réformer le système judiciaire, de promouvoir les droits humains et l'égalité
des chances dans les affaires, ainsi que d'adapter l'administration aux besoins des entreprises.
Sur le plan économico-financier, il est important de mettre en place une politique favorisant la
baisse des prix fonciers, la réduction des impôts, l'accès au crédit et la promotion des
exportations. Enfin, sur le plan social, il est crucial de développer une stratégie publique
volontariste pour encourager l'esprit d'initiative chez les jeunes, intégrer la culture
entrepreneuriale dans le système d'éducation et de formation, promouvoir la recherche et le
développement, ainsi que les études prospectives relatives à l'entreprise. Ces mesures
nécessitent une politique publique multidimensionnelle concertée et coordonnée, impliquant
tous les partenaires de l'entreprise.

Enfin, il est essentiel de promouvoir et renforcer la culture entrepreneuriale au Maroc. Cela


implique d'équilibrer les formes et les types d'entreprises en encourageant la création
d'entreprises innovantes et en gérant le développement et le transfert d'autres entreprises. La
diffusion de la culture entrepreneuriale doit commencer dans les milieux familiaux et scolaires,
et l'État marocain doit faciliter le développement des compétences entrepreneuriales telles que
le savoir-faire, le savoir-être, le savoir-agir et le savoir-devenir entrepreneur.

Actuellement, de nombreux organismes et structures mis en place par le gouvernement


contribuent au développement et à la consolidation de la culture entrepreneuriale, en mettant
l'accent sur un environnement global propice à l'entrepreneuriat.

IV. Quelques entrepreneures sociales marocain


Dans cette partie on va présenter deux entrepreneuses sociales qui ont réussies dans ce domaine,
cette analyse de ces entrepreneures se fait à travers les paramètres suivants : la mission social,
l’impact au niveau de la société

Les informations présentées ont été recueillis à partir de leurs sites web et les publications déjà
faite par les journaux, des sites spécialisés, ainsi de suite.

39
A. Mohammed Abbad Andaloussi – l’association Al Jisr

Fondée en 1999, Al Jisr joue un rôle essentiel en tant qu'intermédiaire entre


les établissements scolaires et les entreprises, favorisant leur engagement
accru pour améliorer les performances de notre système éducatif. Grâce à ce
partenariat, qui implique 180 établissements scolaires, les entreprises mènent
diverses initiatives telles que la rénovation des salles de classe, l'équipement des bibliothèques
et des salles multimédia, les activités parascolaires et les stages en entreprise.
Parallèlement, l'Association collecte et distribue des ordinateurs, et forme des formateurs en
informatique qui transmettent ensuite leurs connaissances aux enseignants. Mohammed Abbad
Al Andaloussi, fondateur et président d'Injaz Al-Maghreb, une autre association visant à
promouvoir l'esprit d'entrepreneuriat chez les jeunes au Maroc, a remporté le prix Schwab du
meilleur entrepreneur social de l'année 2010. Il est également membre de réseaux
internationaux d'entrepreneurs sociaux tels qu'Ashoka, Synergos et la Fondation Schwab

a) Mission social
L'objectif principal de l'Association est de soutenir l'école dans ses efforts de
réhabilitation et de mise à niveau, et de contribuer à l'amélioration des
performances de notre système éducatif national. Plus précisément,
l'Association se concentre sur la sensibilisation et la mobilisation du réseau entrepreneurial afin
de promouvoir son implication dans le domaine de l'éducation. Cette implication se concrétise
par un soutien varié apporté à l'école grâce à la création de comités de soutien qui deviennent
des sections locales de l'Association.

b) Problème
Malgré le fait que le gouvernement marocain consacre actuellement environ 12% de son budget
à l'éducation, voire 5,6% du PIB, la qualité de l'éducation au Maroc demeure très faible. En
2004, 14% des élèves de l'enseignement primaire ont échoué, tandis que ce taux atteignait 19%
pour les élèves de l'enseignement secondaire. Le taux d'abandon en 2004 s'est élevé à 6,5%
dans les écoles primaires. Les 8 722 écoles publiques du Maroc sont souvent dépourvues des
équipements et des ressources normalement nécessaires, et souffrent surtout d'un manque de
qualité dans la prestation des services éducatifs. Les conditions des écoles, telles que les
installations, les salles de classe, les équipements et même l'hygiène générale, ne sont pas à la
hauteur des attentes. Les systèmes de gestion scolaire fonctionnent généralement loin de
permettre une évaluation systématique et analytique des causes sous-jacentes des résultats

40
médiocres. Le ministère de l'Éducation n'a pas encore réussi à fournir une solution durable pour
faire face à ces problèmes. Le secteur privé au Maroc se plaint du manque de ressources
humaines qualifiées nécessaires pour améliorer la compétitivité des entreprises. L'offre de
travail ne correspond pas aux besoins du secteur privé. Les enseignants sont souvent
déconnectés du monde de l'entreprise, tandis que les entreprises ne s'intéressent guère à
l'éducation, à l'exception de quelques dons de bienfaisance pour la construction d'écoles. Le
système scolaire se concentre principalement sur la mémorisation des programmes, ce qui ne
favorise pas l'initiative, l'imagination, le travail d'équipe ou l'esprit d'entreprise. Par conséquent,
les étudiants ne sont pas bien préparés pour le marché du travail.

Malgré ces défis, les entreprises ont généralement été réticentes à s'engager dans des
interventions sociales, ou lorsque cela se produit, cela se limite à des dons sporadiques. La
plupart des étudiants ne parviennent pas à établir un lien entre leurs études et leur future carrière.
Les matières scientifiques et les mathématiques sont souvent perçues comme plus exigeantes
que les autres matières. Par crainte d'obtenir de mauvaises notes, les élèves choisissent
davantage la littérature et les arts au niveau secondaire plutôt que les études scientifiques
appliquées. Seulement 1,6% des élèves du secondaire optent pour des études en mathématiques.

En général, les écoles marocaines adoptent une approche prudente en ce qui concerne
l'interaction avec le monde extérieur. Conscientes de leur responsabilité dans la formation du
caractère des jeunes, les écoles ont été extrêmement prudentes quant à l'introduction de facteurs
sociaux externes qui pourraient avoir un impact négatif sur leurs élèves. Les enseignants ont
souvent recours à des méthodes d'enseignement très anciennes. Ils ne bénéficient pas d'une
formation professionnelle continue et n'ont pas recours aux innovations technologiques et
scientifiques dont leurs élèves sont plus familiers. Les écoles semblent rigides et déconnectées
de la réalité vécue par leurs élèves, ce qui réduit leur motivation. Les écoles n'arrivent pas à
former des jeunes diplômés capables de s'adapter à la société dans laquelle ils devront travailler.

c) La solution innovatrice
Al Jisr mobilise des ressources et établit des collaborations entre le secteur des entreprises, les
écoles et leurs communautés afin d'aider le gouvernement à améliorer le système éducatif au
Maroc. L'association met en œuvre différents programmes qui nourrissent ces partenariats en
mettant l'accent sur la responsabilité collective de la société pour l'amélioration du système
éducatif au Maroc. Le modèle d'engagement global du secteur des entreprises, développé par
Andaloussi, va au-delà de la charité ou de la philanthropie pour créer un véritable engagement
avec la société civile. Les organisations professionnelles signent des accords de parrainage ou

41
de partenariat avec une école, apportent leur expertise et des outils pour améliorer l'éducation
et les services fournis, et préparent les étudiants à une meilleure intégration dans un marché du
travail de plus en plus mondialisé. Les chefs d'entreprises travaillent en étroite collaboration
avec les directeurs, les enseignants, les étudiants et les parents pour former un comité de soutien
scolaire qui évalue et cherche collectivement à remédier à la qualité d'une école. La
communauté scolaire et l'organisation de soutien des entreprises collaborent pour renforcer les
capacités des écoles afin de fournir un enseignement supérieur de qualité, contribuant ainsi au
progrès et au développement du pays.

d) L’impact social
Depuis sa fondation en juillet 1999, Al Jisr encourage activement les enseignants, les parents et
les entrepreneurs à participer à l'amélioration de la vie à l'école. Grâce à la collaboration de
représentants de la société civile, de l'administration et du secteur privé, l'Association Al Jisr
s'engage à soutenir les efforts de réhabilitation et de modernisation des établissements scolaires.
Ainsi, Al Jisr contribue à l'amélioration des conditions dans plusieurs écoles.

Récemment, Al Jisr a signé un accord de partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale


et de la Jeunesse, qui met à sa disposition des locaux, des ressources logistiques, du personnel
encadrant et une subvention permanente pour son fonctionnement. De plus, Al Jisr bénéficie du
soutien de divers organismes publics et a conclu des conventions avec de nombreuses
entreprises qui ont décidé de relever le défi d'une meilleure éducation. Des comités de soutien
ont été créés dans plusieurs écoles, regroupant des représentants d'entreprises, du personnel
enseignant et de nombreuses associations de parents d'élèves. Ces comités élaborent des plans
d'action visant à améliorer les infrastructures scolaires (réfection des bâtiments, sanitaires), à
lever les obstacles à la scolarité (soins de santé, fournitures scolaires, lunettes...), à créer des
espaces éducatifs et récréatifs, des bibliothèques et à organiser des activités parascolaires. Une
école pilote, l'école Lalla Aïcha à Ben M'sik, a été certifiée par la commission d'évaluation d'Al
Jisr, en présence du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.

Par ailleurs, depuis sa création, l'association a organisé plusieurs séminaires de formation


destinés aux entreprises et aux écoles de Casablanca et d'autres villes du pays. Les responsables
d'Al Jisr sont ambitieux et ont tracé de nombreuses perspectives pour l'année en cours. Ils
souhaitent exploiter pleinement leur nouveau siège social et mobiliser les entreprises pour
parrainer 100 comités de soutien pour la période 2003/2004. Pour atteindre ces objectifs, ils
prévoient de renforcer l'implication des membres de l'association, de recruter des ressources
supplémentaires et de mettre en œuvre un plan de communication intégrant les activités de

42
l'association et de ses partenaires. Les membres d'Al Jisr sont conscients de la nécessité de
sensibiliser davantage les grandes entreprises publiques, les offices, les agences de
développement, les fondations, les ONG et les associations travaillant dans le domaine de
l'éducation.

B. Amina Laraki Slaoui – Amicale des Handicapés Marocaine


Il y a deux décennies, lors d'une excursion à vélo avec son mari à l'arrière-
pays du Costa Rica, Amina Laraki Slaoui connaît un accident tragique en
chutant d'un pont et en se fracturant plusieurs membres. À l'époque, elle avait
32 ans, une carrière passionnante et un avenir prometteur. Elle était également
une jeune mère épanouie, profitant d'une vie privée équilibrée. En tant qu'adepte des activités
sportives, incapable de rester immobile, elle se retrouve malheureusement dans un fauteuil
roulant, destinée à y passer le reste de ses jours. Cependant, plutôt que de se laisser abattre, elle
fait le choix de continuer à vivre pleinement, refusant d'accepter la fatalité. Elle donne naissance
à une petite fille qu'elle nomme Noor, un symbole fort. Depuis 1994, Amina consacre toute son
énergie au service des personnes handicapées. Actuellement vice-présidente de l'Amicale
marocaine des handicapés (AMH), elle a œuvré considérablement pour transformer la vie des
personnes handicapées au Maroc, ainsi que leur statut.

a) Mission Sociale
L'AMH, une association de solidarité et d'action sociale, se consacre aux
personnes handicapées qui aspirent à ne plus vivre en marge de la société, mais
simplement à être acceptées dans leur différence et à retrouver leur dignité.
Leur objectif est de sensibiliser l'opinion publique, responsabiliser tous les
citoyens et promouvoir une image positive des personnes handicapées afin de favoriser leur
pleine intégration. Fondée en 1991 et dirigée par des personnes handicapées en collaboration
avec des personnes valides, l'AMH compte actuellement plus de 7 000 membres représentant
divers handicaps, ainsi que plus de 3 000 amis et sympathisants.

L'AMH mène plusieurs actions importantes, telles que l'assistance financière à des étudiants
handicapés, la fourniture gratuite de médicaments et le soutien moral et matériel aux artistes
handicapés. L'association organise également des activités socio-artistiques visant à collecter
des fonds, des expositions d'artisanat et d'arts plastiques. En juin 1992, l'AMH a organisé le
premier colloque national sur les personnes handicapées, avec pour thème "A parts égales". Elle

43
envisage également de créer des coopératives de personnes handicapées, une auto-école
adaptée, un centre culturel et sportif, ainsi qu'un journal dédié aux personnes handicapées.

En tant que représentant officiel, l'AMH collabore avec des organisations internationales telles
que l'Organisation mondiale des personnes handicapées basée au Canada, l'Organisation
internationale de la Francophonie à Montréal et l'Organisation internationale de réhabilitation.
L'AMH a été invitée par cette dernière à participer aux travaux de son 17e Congrès
international.

b) Le problème
La campagne de sensibilisation de l'Amicale Marocaine des handicapés suscite un choc
émotionnel et remet en question notre perception. Elle présente un panneau avec la mention
"Pour les personnes valides seulement" et pose la question "voulons-nous en arriver là ?". Cette
question est pertinente, mais malheureusement, nous sommes déjà arrivés à ce stade. Les
chiffres sont alarmants et témoignent de l'exclusion quasi systématique, dans l'indifférence
générale, des personnes handicapées de toute activité sociale : 72 % sont sans éducation, 88 %
sont sans emploi, sans parler de l'absence de couverture sociale et d'accessibilité aux lieux
publics. Ces chiffres démontrent clairement que ceux qui vivent avec un handicap sont
marginalisés par la société, indiquant que le Maroc a pris la décision consciente ou inconsciente
de les considérer comme des citoyens à part.

Pourtant, à plusieurs reprises, sous la pression de l'obligation de mettre en place des politiques,
le gouvernement a pris des engagements. Malheureusement, la plupart de ces engagements sont
restés lettre morte, de simples déclarations d'intention qui n'ont pas été suivies d'actions
concrètes... ou du moins très peu. Pourquoi ? Parce que les personnes handicapées sont souvent
perçues comme des objets de charité plutôt que comme des sujets de droits, quelles que soient
leurs compétences.

ne enquête nationale sur le handicap réalisée en 2004 par le secrétariat d'État chargé de la
famille, de l'enfance et des personnes handicapées, avec le soutien de l'Union européenne,
révèle que 1 309 000 ménages marocains (en moyenne 4 à 5 personnes par ménage) comptent
une ou plusieurs personnes en situation de handicap, ce qui représente 25,2 % de l'ensemble
des ménages du pays. Cette enquête révèle également que sur les 1 530 000 personnes en
situation de handicap recensées, 71,8 % n'ont jamais eu accès à l'éducation, principalement des
femmes vivant en milieu rural (80,5 %) et en milieu urbain (80,2 %). Parmi les 1 314 000

44
personnes en situation de handicap en âge de travailler (plus de 15 ans), seules 11,7 % exercent
une activité professionnelle.

De plus, 77,1 % des personnes en situation de handicap déclarent que toute activité sociale leur
est impossible en raison de l'absence d'accessibilité physique et sociale, ainsi que des obstacles
posés par certaines représentations culturelles. Face à cette discrimination et à cette exclusion
d'une partie importante de la population marocaine de la vie économique et sociale, l'Amicale
Marocaine des Handicapés a organisé en 1993 le premier téléthon au Maroc, afin de poursuivre
ses objectifs de prise en charge des personnes handicapées en utilisant l'ingéniosité de son
personnel.

c) La solution innovatrice
Lors de son retour au Maroc en mars 1993, Amina Slaoui Laraki découvre l'organisation du
téléthon par l'AMH. Après avoir été présentée au président de l'association et à son équipe par
un ami, elle s'engage activement dans le groupe et devient vice-présidente au bout de deux ans.
L'association prend conscience de la nécessité de mettre en place une véritable stratégie
d'insertion sociale, ce qui les pousse à construire le premier centre de rééducation pour
handicapés au Maroc. Dans cette optique, ils organisent le premier téléthon du pays, sans la
télévision, dans 18 villes, et parviennent à collecter 7,9 millions de dirhams. Le téléthon est un
programme télévisé de 30 heures visant à recueillir des fonds pour une œuvre caritative, concept
apparu aux États-Unis dans les années 1950 pour soutenir les malades de la poliomyélite.
Habituellement, de nombreux artistes soutiennent la cause et appellent le public à faire des
dons, tandis que les promesses de dons sont recueillies par un standard téléphonique avec des
bénévoles. Un compteur affiche en temps réel le montant recueilli sur le plateau.

Afin de réunir les fonds nécessaires pour la construction du centre, l'association décide de lancer
un deuxième téléthon en 1994, avec le soutien de l'Association Française contre la Myopathie
(AFM), propriétaire du concept en France, et de 2M, une chaîne de télévision marocaine. La
somme de 11,2 millions de dirhams est collectée. Un mécène achète un terrain à Bouskoura aux
Domaines et l'offre à l'AMH. Khalid Laraki, architecte, finalise bénévolement le projet et les
travaux commencent en juillet 1997, avec l'aide du ministère des Travaux publics assurant la
maîtrise déléguée de l'ouvrage. En 1998, lors du troisième téléthon, 20 millions de dirhams sont
récoltés pour achever la construction et équiper le centre. L'objectif est atteint. "Tout le monde
nous a soutenus. Les médias, les agences de publicité et surtout les Marocains. Ils sont d'une
générosité et d'une solidarité incroyables !", déclare-t-on. Aujourd'hui, le centre flambant neuf
est prêt à ouvrir ses portes, en attendant les autorisations qui devraient être débloquées

45
rapidement grâce au soutien effectif de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui porte un vif intérêt
à ce projet et a posé la première pierre en juillet 1997 lorsqu'il était encore Prince héritier. Il a
également effectué une visite du chantier en octobre 1999. Une convention a d'ailleurs été
signée avec la Fondation Mohammed V, et l'AMH bénéficie également du soutien actif du
secrétariat général du gouvernement.

Cependant, les téléthons ne sont pas leur seule source de financement. Le dernier téléthon
remonte à 2002, soit presque 10 ans. En raison du contexte du pays, il n'a pas été possible
d'établir une régularité, contrairement à d'autres pays organisant des téléthons à travers le
monde. Des tentatives ont été faites l'année dernière pour organiser un nouveau téléthon, mais
elles sont restées sans réponse malgré les relances répétées et persistantes. Les autres sources
de financement sont des budgets accordés par l'Union européenne pour des projets ponctuels.
Le centre Noor jouit d'une autonomie financière et ne reçoit aucune subvention de l'État, tout
comme l'AMH d'ailleurs. Les dons constituent une autre source de financement, bien que cela
reste marginal.

Malgré les épreuves et les difficultés liées à leur mission, notamment les obstacles
administratifs auxquels ils doivent faire face, l'AMH a réussi à surmonter ces obstacles. Les
difficultés découlent de l'inadéquation des textes juridiques pour prévoir les activités des
associations comme l'AMH. En raison de leur nature juridiquement atypique, la création d'un
centre de rééducation pour handicapés n'est pas prévue par la loi. En effet, la loi organique
autorise uniquement un médecin à être le membre fondateur d'un établissement de soins pour
une association à but non lucratif. Il est donc nécessaire de lutter pour faire évoluer les
mentalités et permettre à la société civile d'occuper pleinement sa place aux côtés de l'État. Le
centre de Bouskoura est une première au Maroc et suscite de grands espoirs.

46
Conclusion :
Dans ce mémoire, nous avons traité dans un premier lieu une définition sur l’entrepreneuriat et
on ‘a vu comment les auteurs les plus connais et les pionniers dans ce domaine définir ce
concept, après nous avons prendre ce concept comme une base pour comprendre
l’entrepreneuriat social, ce concept qui devenu plus en plus une réponse favorable aux états
pour répondre au problème qui faire face à ce développement, ainsi que la présentation de
l’importance de ce domaine « l’entrepreneuriat social », cette méthode innovantes et rentables
au pays surtout les pays en développement pour répondre à des problèmes sociaux tels que la
pauvreté, l'analphabétisme et l'inégalité entre les sexes, défiant ainsi les solutions
traditionnelles. Puis on ‘a vu les différentes définitions de ce concept aves la présentation des
concepts liés à l’entrepreneuriat social. A travers ces revues nous avons identifié trois
principaux types d’entrepreneur qui sont, l’entrepreneur bricoleur, l’entrepreneur
constructionniste et l’ingénieur social. Aussi, nous avons traité le concept de l’entreprise sociale
et celui du business model qui sont en liaison avec le concept vague de l’entrepreneuriat social,
afin de faire une distinction entre ces termes et celui de l’entrepreneuriat social. Dans un
deuxième temps on ‘à traiter les acteurs de l’entrepreneuriat social, ces acteurs qui jouent un
rôle essentiel dans la création d'un monde plus équitable et durable. Leur approche innovante
combine à la fois la dimension économique, sociale et environnementale, en cherchant à
résoudre des problèmes sociaux et environnementaux tout en générant des revenus durables,
Ces acteurs, qu'ils soient des entrepreneurs sociaux, des entreprises sociales ou des
organisations à but non lucratif, Ils mettent en œuvre des modèles d'affaires qui intègrent des
principes de responsabilité sociale et environnementale, et cherchent à créer de la valeur à long
terme pour les communautés et l'environnement, De plus, les acteurs de l'entrepreneuriat social
encouragent la collaboration et l'innovation. Ils travaillent souvent en partenariat avec d'autres
acteurs, tels que les gouvernements, les entreprises traditionnelles et les organisations de la
société civile, afin de maximiser leur impact et de créer des solutions holistiques aux problèmes
sociaux. En fin et dans un dernier point nous avons exposé plusieurs facteurs potentiels qui
pourraient promouvoir le développement de l'entrepreneuriat social dans les pays en
développement, en prenant en compte les caractéristiques locales du contexte. Nous avons
également souligné les défis à relever dans cette démarche, Après avoir analysé l'ensemble des
revues de littérature, il est clair que l'entrepreneuriat social est un phénomène complexe qui fait
l'objet d'un vaste débat à l'échelle mondiale. Toutefois, il ne doit pas être considéré de manière
isolée, mais plutôt comme faisant partie intégrante d'un système social, Ainsi, pour discuter du

47
rôle et de la nature des entreprises sociales dans un contexte donné, il est essentiel de prendre
en compte l'ensemble complexe des facteurs institutionnels, sociaux, économiques et politiques
qui façonnent ce contexte. Dans notre troisième partie, nous avons choisi le contexte marocain
comme terrain d’étude. Et d’après des études et des interview déjà fait par des étudiantes et des
bureau d’étude et des données qu’on a sur l’entrepreneuriat social au Maroc, ainsi que des
caractéristiques évoquées dans la partie théorique qui influencent l'entrepreneuriat social dans
un contexte donné, nous avons tiré la conclusion que le contexte marocain présente ses propres
particularités et caractéristiques locales, qui peuvent être résumées comme suit: il convient de
noter que le Maroc fait partie des économies informelles, avec des dépenses gouvernementales
très faibles dans le secteur social. Le fonctionnement du marché est plutôt axé sur le social, car
la majorité des entreprises sociales au Maroc s'efforcent de fournir des services de base que
l'État marocain ne parvient pas à offrir à ses citoyens, tels que l'éducation, l'emploi et la santé.
En ce qui concerne l'aide internationale destinée au secteur social au Maroc, celle-ci est
principalement accordée aux grandes organisations qui jouissent d'une bonne réputation et
possèdent les compétences nécessaires pour rivaliser avec d'autres organisations internationales
en quête de financement pour leurs activités. Par exemple, l'Association Amicale des
Handicapés Marocaine (AMH) et l'Association Al Jisr, fondée par Mohammed Abbad
Andaloussi, lauréat du prix Schwab du meilleur entrepreneur social de l'année 2010 et membre
de réseaux internationaux d'entrepreneurs sociaux tels que Ashoka, la Fondation Schwab et
Synergos. En ce qui concerne la taille du secteur social au Maroc, c'est-à-dire le nombre de
personnes ou d'entreprises sociales qui y opèrent, il est considéré comme petit, bien que
l'absence de données officielles ou statistiques comparatives avec d'autres pays ne nous
permette pas d'évaluer précisément sa taille.

Face à ces obstacles et défis spécifiques de l'entrepreneuriat social au Maroc, il est essentiel de
mettre en œuvre des actions concrètes pour favoriser son développement et soutenir les
entreprises sociales. Ces actions doivent impliquer différents acteurs, tels que le gouvernement,
les entreprises sociales, le secteur privé et le milieu universitaire :

- Pour le gouvernement, il est crucial d'accorder une attention particulière aux besoins des
entrepreneurs sociaux et des entreprises sociales en intégrant leur soutien dans les
programmes institutionnels. Les réglementations, à la fois légales et fiscales, doivent faire
l'objet d'une révision importante pour légitimer ce secteur. Cela peut se faire en adoptant de
nouvelles lois qui prennent en compte les parties prenantes impliquées, telles que les
employés et les bénéficiaires, ainsi qu'en réglementant la distribution des bénéfices. Des

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avantages et incitations, tant monétaires que non monétaires, tels que la contribution directe
de l'État au capital des entreprises sociales ou des avantages fiscaux, peuvent encourager
leur création. L'État peut également jouer un rôle en mettant en place des institutions ou des
infrastructures d'accompagnement et d'appui pour aider les entreprises sociales, notamment
dans leur phase de démarrage. Le financement est un défi majeur pour assurer la pérennité
des entreprises sociales, et l'État peut intervenir en intégrant ces entreprises dans le système
financier ou en créant des fonds dédiés à l'entrepreneuriat social.
- Les entreprises sociales elles-mêmes, ainsi que le secteur privé, doivent réagir à la situation
actuelle en faisant connaître les enjeux, les pratiques et les obstacles de manière à susciter
davantage d'attrait. Les partenariats et alliances entre entreprises sociales et entreprises du
secteur privé peuvent également contribuer au développement de l'entrepreneuriat social.
- Le milieu universitaire joue un rôle clé en fournissant une formation nécessaire pour
développer la culture entrepreneuriale et renforcer le capital humain. Il est important de
former et d'informer tous les acteurs, des responsables politiques aux étudiants, en passant
par les entrepreneurs, les éducateurs et la société civile en général. Les universités et les
grandes écoles peuvent jouer un rôle essentiel en suscitant l'intérêt des étudiants de la
prochaine génération pour l'entrepreneuriat social. La création de centres de recherche
permet de regrouper les efforts et de communiquer les résultats obtenus, ce qui positionne
le milieu universitaire au cœur du développement et de la transmission des connaissances.

Il est indéniable que l'entrepreneuriat social requiert des efforts concrets pour lui assurer un
avenir meilleur. C'est un concept prometteur pour favoriser le développement économique local
et atteindre des objectifs sociaux, surtout dans une société où les besoins sociaux augmentent
mais les ressources pour les satisfaire sont limitées. Pour la recherche, l'entrepreneuriat social
représente une opportunité passionnante de stimuler le développement économique. À ce stade
du cycle de vie de la recherche en entrepreneuriat social, il est essentiel que tous les acteurs
consacrent d'énormes efforts théoriques et empiriques pour construire des théories et éclairer
les mécanismes sociaux qui constituent ce phénomène.

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Bibliographie :
Etude :

-L’Entreprenariat social au Maroc : définitions, enjeux et réalité Hasna LAYADI – Khalid


ROUGGANI – Nabil BOUAYAD AMINE - Laboratoire d’Economie et de Gestion (LEG)-
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- PFE préparé par Mr. BEL MRHAR Mohamed Amine : 2013/2014 L’entrepreneuriat social
au Maroc entre les enjeux et les défis
- Mémoire de recherche en vue de l’obtention de diplôme master préparé par : LAHBIB
ABDELOUHAB

Webography:

- www.ashoka.org

- https://groupeamh.org/

- https://aljisr.ma/

- https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2007-4-page-29.htm

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