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Mélanges de la Casa de

Velázquez
39-2  (2009)
El conde de Floridablanca y su época

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Yassir Benhima
Quelques remarques sur le nomadisme
e e
préhilalien au Maghreb (VIII -XI siècle)
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Référence électronique
e e
Yassir Benhima, « Quelques remarques sur le nomadisme préhilalien au Maghreb (VIII -XI siècle) », Mélanges de la
Casa de Velázquez [En ligne], 39-2 | 2009, mis en ligne le 15 novembre 2011, consulté le 14 octobre 2012. URL :
http://mcv.revues.org/2969

Éditeur : Casa de Velázquez


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© Casa de Velázquez
miscellanées

Quelques remarques sur le nomadisme


préhilalien au Maghreb (viiie-xie siècle)

Yassir Benhima
Institut historique allemand de Paris

Même si on leur attribue, souvent à juste titre, une intensification de la 209


bédouinisation de la société maghrébine, les grandes vagues de migrations
arabes qui touchèrent l’Afrique du Nord dès le milieu du xie siècle n’y ont
manifestement pas importé le nomadisme1. Dès une très haute Antiquité, des
Berbères ont adopté un mode de vie nomade qui s’est d’ailleurs maintenu
jusqu’à l’époque actuelle.
Ce nomadisme autochtone durant la première période islamique, a pour-
tant peu attiré l’attention des historiens. Nos connaissances sur le sujet sont
encore tributaires des travaux d’Émile-Félix Gautier, dont l’œuvre, notam-
ment dans Les siècles obscurs2, est un concentré des présupposés d’une histoire
coloniale construite notamment selon une opposition binaire et irréductible
entre nomades et sédentaires3.
Le présent travail se détache bien sûr des thèses d’É.-F. Gautier et ambi-
tionne de poser la question du nomadisme préhilalien selon l’angle de vue de
l’historien des structures sociales et économiques. Pour atteindre cet objectif,
les sources arabes les plus anciennes, notamment celles antérieures à l’arrivée
des Hilaliens au milieu du xie siècle, sont particulièrement privilégiées. Afin

1
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une bourse post-doctorale de la Casa de Velázquez
(juillet-novembre 2008). Mes remerciements s’adressent au directeur de la Casa de Velázquez
ainsi qu’au directeur des études anciennes et médiévales pour leur soutien qui a permis de
mener à bien ce travail.
2
Gautier, 1937.
3
Pour Gautier, 1937, la destruction de l’ordre romain au Maghreb durant les siècles obs-
curs (de la chute de l’Empire romain aux cinq premiers siècles de la présence islamique) est
imputée en grande partie aux effets destructeurs des mouvements de populations nomades,
d’abord la migration supposée des grands nomades chameliers ZanÄta, puis l’arrivée des
Arabes nomades au milieu du xie siècle. Plusieurs travaux de l’époque de la décolonisation
avaient dénoncé l’arrière-fond idéologique des études de Gautier, notamment Laroui, 1970,
pp. 120-122.

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de limiter les risques de projection de réalités postérieures, le recours aux


sources tardives, y compris à Ibn õaldën, sera limité. En effet, dans les fiIbar,
Ibn õaldën inscrit l’histoire des différents groupes berbères, notamment no-
mades, dans une lecture fondée sur sa théorie de l’Histoire. Ainsi, les passages
qui leur sont consacrés servent une lecture téléologique de l’Histoire qui fait
de l’organisation tribale et de la mobilité sociale des nomades le moteur prin-
cipal de l’évolution politique du Maghreb.

De Rome à l’Islam : antiquité du nomadisme au Maghreb

Historiens et archéologues de l’Antiquité nord-africaine ont été les premiers


à s’interroger sur la complexité des rapports entre nomades et sédentaires4.
Plusieurs topoï sur les rapports entre les populations nomades et le pouvoir
romain, ou encore sur l’opposition entre nomades et sédentaires sont mainte-
nant remis en cause. Les avancées de la recherche sur l’antiquité des nomades
210 berbères ouvrent indubitablement des pistes intéressantes pour les médiévistes.
Comme pour l’époque médiévale, la connaissance du nomadisme antique
en Afrique du Nord souffre d’un problème de sources. L’optique des séden-
taires domine dans les écrits qui nous sont parvenus  : le nomade y est ir-
rémédiablement représenté sous les traits du sauvage n’ayant pas d’habitat
fixe, vivant constamment en déplacement sans aucune loi ni règle. Aux yeux
des sédentaires, il incarne l’antithèse des idéaux de la civilisation urbaine et
inspire la peur5. Cette lecture idéologique hostile aux nomades a condition-
né les premiers travaux et a contribué à donner une image réductrice de la
dynamique sociale et des rapports politiques dans l’Africa. Les principales
questions suscitées par l’histoire des nomades et du nomadisme durant l’An-
tiquité africaine concernent l’apparition du nomadisme monté, la construc-
tion des territoires, les rapports avec Rome, et enfin, les migrations supposées
des nomades chameliers durant l’Antiquité tardive.

Les nomades en Afrique romaine


et l’apparition du nomadisme monté

L’ancienneté et les conditions de l’introduction du chameau au Maghreb


ont été longtemps discutées. Ce fait historique fut à l’origine d’un tournant
majeur dans l’histoire du nomadisme car il induit l’apparition, dans la ré-
gion, du grand nomadisme chamelier considéré, à tort, comme l’archétype

4
Pour un aperçu de la bibliographie sur les nomades dans l’Antiquité africaine, voir Vis-
mara, 1998, pp. 79-81.
5
Cette constante de l’historiographie antique, qu’elle soit mésopotamienne, grecque ou
romaine, est mise en évidence par plusieurs études : Shaw, 1982, pp. 29-32 et 1982-1983, Trous-
set, 1982 et Hartog, 2001, notamment pp. 306-323.

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et la manifestation paroxystique du nomadisme. Plusieurs auteurs, dont


É.-F.  Gautier, avançaient l’hypothèse de l’introduction du chameau en
Afrique par des corps de l’armée romaine originaires de Syrie au iiie siècle6.
Il aurait ainsi été adopté par les nomades berbères refoulés en dehors du
limes par la colonisation romaine et leur aurait permis de dominer les sé-
dentaires des oasis sahariennes au moment où la désertification croissante
rendait difficile l’utilisation des chevaux. Cette thèse, balayée depuis par de
nombreuses critiques et surtout par les témoignages archéologiques et tex-
tuels, ignore les nombreuses représentations de l’art rupestre protohisto-
rique7, ou les données sur l’utilisation des chameaux et leur élevage avant et
pendant l’occupation romaine, notamment en Tripolitaine8.
On le voit, cette thèse définitivement réfutée par les critiques depuis un
demi-siècle s’inscrit pleinement dans les postulats de l’histoire de l’époque
coloniale, fondée sur la systématisation de l’opposition entre nomades au-
tochtones et sédentaires romains et romanisés. Cette construction a été long-
temps à la base de l’interprétation du limes comme étant une limite entre les
deux modes de vie. Plusieurs travaux ont depuis démontré que le limes ap- 211
paraît plutôt « comme un moyen de contrôler les déplacements des nomades
que comme une barrière9 ».
Ainsi, au sein des espaces directement ou indirectement sous l’influence de
Rome, cohabitaient des formes différentes de mise en valeur des territoires.
Le pastoralisme nomade et semi-nomade, attesté depuis une très haute Anti-
quité10, se maintint dans plusieurs régions de l’Afrique romaine11. En Tingi-
tane, les témoignages des auteurs antiques laissent penser que plusieurs po-
pulations des zones forestières, des plaines atlantiques ou des bassins fluviaux
vivaient de l’élevage12. Le développement possible de l’artisanat du cuir en
serait un indice supplémentaire13.
L’empreinte de la mobilité des nomades sur le paysage se serait perpétuée
dans le tracé du système viaire et dans la géographie du peuplement an-
tique. À propos de la Tingitane, Michel Ponsich note la conjonction entre les

6
Gautier, 1937, pp. 190 sqq.
7
Ces gravures et peintures rupestres, non datées avec précision, sont largement postérieures
à l’apparition du cheval et ne peuvent être rattachées à des faciès néolithiques ou post-néoli-
thiques (Camps, 1996, pp. 2542-2544).
8
Ibid., pp. 2544-2546. Pour une présentation détaillée de la question, Bulliet, 1975,
pp. 111-140.
9
Leveau, 1988, p. 181.
10
 Voir notamment les cas des Lixites, pasteurs probablement semi-nomades mentionnés
dans le récit du périple de Hannon : Rebuffat, 1988.
11
Lassère, 1977, p. 362.
12
Ibid., p. 348.
13
Information suggérée par Villaverde Vega, 2001, p. 294, sur la base de l’interprétation de
la corporation vestiarorum comme étant liée à la transformation du cuir.

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emplacements de tumuli préromains et d’éventuels axes de transhumance14.


Dans les Aurès, on a également suggéré que l’emplacement des villes ro-
maines du Piémont aurasien serait lié à l’activité transhumante (ou no-
made). Situées sur les voies de passage des nomades, dont la fréquentation
est clairement attestée par la présence dès une haute époque de l’immense
nécropole préromaine d’Ichoukane, ces villes auraient pu ainsi jouer le rôle
de points de contrôle et de marchés, et aussi servir d’intermédiaires entre la
ville, l’agriculture sédentaire et toute une gamme de nomadismes15.

Les migrations des Berbères


et la fin d’un mythe historiographique

L’histoire du nomadisme au Maghreb à la fin de l’Antiquité a donné nais-


sance également à un autre sujet à débat : l’émergence sur la scène militaire
et politique de nouveaux groupes a été interprétée comme un grand mouve-
ment migratoire depuis l’Est impliquant des nomades chameliers. La thèse,
212 une fois encore inspirée par le travail d’É.-F. Gautier, fut notamment fondée
sur l’explication dualiste de l’origine des Berbères par les auteurs arabes mé-
diévaux, qui distinguaient les Buér des BarÄnis. Les premiers ont été identifiés
comme étant des nomades, les seconds comme sédentaires. L’imbrication des
deux ensembles dans la géographie du peuplement du Maghreb, au moins
telle qu’elle peut être restituée, serait due d’après É.-F. Gautier aux migra-
tions des Buér, facilitées par leur adoption du chameau. Gabriel Camps, sur
la base de la même opposition, identifie les Buér comme des Néoberbères,
grands nomades chameliers originaires de Libye, alors que les BarÄnis re-
présenteraient des Paléoberbères. Cette théorie de la migration, longtemps
admise sans être solidement échafaudée, a été sérieusement remise en cause
par le travail érudit et richement documenté d’Yves Modéran. Grâce à une
analyse philologique des sources latines et grecques de l’Antiquité tardive,
ainsi que des récits de la conquête arabe, l’auteur a démontré l’inconsistance
de l’idée des migrations pour expliquer la complexité de l’évolution du peu-
plement berbère entre l’Antiquité tardive et les premiers siècles de la présence
musulmane16. À l’encontre des supputations des défenseurs de la théorie des
migrations, il s’avère que les groupes nomades ou semi-nomades libyens oc-
cupaient d’une manière continue leurs territoires, jusqu’à l’arrivée des pre-
miers conquérants arabes. Souvent à l’origine des interprétations des tenants
de la théorie des migrations, le fossé énorme qui existe entre la nomenclature
ethnique et les schémas d’explication relatifs aux origines des Berbères à la
fin de l’Antiquité et chez les auteurs arabes, trahit d’abord un phénomène de

14
Ponsich, 1980.
15
Janon, 1973, p. 199.
16
Modéran, 2003, pp. 131-207.

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recomposition tribale, peut-être engendré par la conquête, doublé comme


c’est souvent le cas, d’une refonte des emblèmes onomastiques des groupes17.
Les avancées majeures dues aux historiens de l’Antiquité tardive permet-
tent du moins d’écarter l’idée d’une grande vague de migrations pour expli-
quer l’évolution des nomadismes au Maghreb.

Conquête arabe et nomadisme

Malgré le fait que les conquérants arabes du Maghreb proviennent d’une


culture profondément marquée par le nomadisme, il ne semble pas que la
conquête ait eu un impact en faveur du développement du mode de vie no-
made. En effet, il est peu probable que des migrations massives de popula-
tions nomades arabes aient eu lieu dans le sillage de la conquête, qui était
avant tout le fruit d’une entreprise militaire organisée par les pouvoirs mu-
sulmans successifs en Orient. D’ailleurs, il ressort clairement des études sur
les conquêtes arabo-musulmanes en général que les dirigeants musulmans,
tout en tirant parti de l’apport militaire des effectifs tribaux des nomades, 213
sont surtout issus de populations sédentaires. Souvent méfiants à l’égard des
nomades, ces dirigeants ont plutôt opté pour une politique d’implantation
de sites urbains ou de villes-camps, en incitant les soldats d’origine nomade à
s’y installer pour pouvoir continuer de bénéficier de leurs soldes18.
Au Maghreb, la situation n’est pas différente : les élites arabes se sont im-
plantées dans plusieurs centres urbains hérités de l’Antiquité ou nouvelle-
ment fondés ; d’autres ont occupé des domaines agricoles, dans le SÄÜil de
l’Ifràqiya notamment19.
L’une des rares mentions de nomades arabes au Maghreb à la suite de
la conquête relève plutôt d’une image stéréotypée que d’une réalité his-
torique constatée. Face à la montée de l’insurrection berbère contre les
gouverneurs arabes et leurs méthodes répressives, vers 123/740-741, le calife
de Damas HiåÄm b. fiAbd al-Malik (723-743) aurait menacé de placer de-
vant chaque lieu fortifié berbère la tente d’un Qaysite ou d’un Yéménite20.
La menace d’user du peuplement, en l’occurrence de l’implantation de
nomades arabes, en guise de moyen politique pour affermir l’emprise de
l’Empire omeyyade sur le Maghreb, rappelle l’argument véhiculé par la
vulgate médiévale expliquant l’arrivée des Hilaliens au milieu du xie siècle
comme une punition orchestrée par les autorités faéimides contre leurs
anciens alliés zirides.

17
Ibid., pp. 694 sqq.
18
Donner, 1981, pp. 263-267.
19
C’est le cas des élites arabes qui ont fondé et soutenu l’émirat aghlabide, et qui étaient
sédentaires. Sur l’occupation de l’espace rural dans le SÄÜil, voir Al-B®h∞, 2004.
20
Ibn al-Raq∞q, Ta’ràá Ifràqiya wa-l-MaÉrib, p. 75.

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Les nomadismes au Maghreb au haut Moyen Âge

Cette étude n’aspire pas à faire un catalogue exhaustif des différentes tribus
nomades du Maghreb durant le haut Moyen Âge. Il est néanmoins nécessaire
d’évoquer les groupes les plus représentatifs, tout en montrant la variété des
formes de mobilité et d’articulation avec les populations sédentaires. Pour ce
faire, il convient au préalable de faire le point sur la terminologie employée
par les sources arabes.

Une terminologie diversifiée

Dans le lexique utilisé pour désigner les nomades dans nos sources, la ré-
férence à la mobilité est largement présente. Elle est généralement exprimée
par quatre racines :
— rÜl : ayant comme sens premier « aller et venir », cette racine s’est
déclinée en de très nombreuses formes verbales ou nominales relevant
214 du champ sémantique de la mobilité. Outre les sens de voyager (d’où
le mot riÜla), de déménager, le lexique chamelier est particulièrement
riche en dérivés de cette racine (rÄÜila  : chamelle  ; raÜl  : charge d’un
chameau ; raÜl ou raÜla : selle de chameau). Enfin, le terme raÜÜÄla, en
plus de son sens courant de voyageur, est largement utilisé au pluriel,
pour qualifier les nomades.
— ìfin : racine exprimant l’idée de voyage, de déplacement ; d’après
le LisÄn al-fiarab d’Ibn Manìër, le mot ìafian désigne le déplacement des
nomades à la recherche de pâturages ou d’eau. Le terme ahl al-ìafian est
ainsi utilisé dans le sens de nomades.
— fizb : avec un sens initial synonyme de « s’éloigner », cette racine est
à l’origine de nombreux verbes et noms exprimant l’idée de partir loin à
la recherche de pâturages. Les mots fiazzÄb, berger, et fiazàb, désignant une
portion de terre affectée au pâturage d’un troupeau, et par extension un
domaine dévolu à l’élevage, dérivent de cette même racine.
— nÑfi : racine prolifique qui a donné lieu à plusieurs termes ou expres-
sions relevant du champ sémantique du nomadisme. Le verbe naÑafia,
dans sa forme simple ou dans plusieurs de ses formes augmentées, rend
l’idée de se déplacer, de voyager pour assurer sa subsistance. La forme
VIII, intaÑafia, exprime le fait de se déplacer à la recherche de pâturages
ou d’endroits arrosés par la pluie. Le mot naÑfia (pl. nuÑafi ou nuÑëfi) dé-
signe le troupeau, mais peut également (avec un pluriel en naÑfi) signifier
des tentes ou un campement.

Les racines utilisées pour nommer les populations nomades, leur mode de
vie ou leur mobilité, renvoient principalement à l’idée de mobilité dans un sens
général. Parfois, la spécificité de cette mobilité et son objectif (la recherche des

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pâturages et de l’eau) sont davantage mis en valeur. Très souvent, la spécificité


de l’habitat nomade sert de trait discriminant des populations nomades. Tan-
tôt, c’est l’absence d’un habitat fixe (qarÄr) qui est soulignée ; tantôt, la forme
de l’habitation légère et mobile, tente ou hutte, est remarquée21.
Ces registres terminologiques repérés réfèrent donc à trois aspects fon-
damentaux du nomadisme  : son rapport particulier à l’espace qu’induit la
mobilité  ; son habitat précaire et s’accommodant des techniques les plus
rudimentaires  ; enfin, son activité économique fondée principalement, si-
non exclusivement, sur la production pastorale. La définition empirique du
nomadisme qui en découle est centrée autour des aspects territoriaux, rési-
dentiels et économiques. Les dimensions sociopolitiques, qui priment dans
la construction de l’image du nomade chez les auteurs tardifs, comme Ibn
õaldën par exemple, ne sont guère mises en avant et en aucun cas ne sont
considérées dans le cadre d’une opposition sui generis entre la vie nomade et
sédentaire. Cette différence notable dans le traitement de l’information rela-
tive aux nomades trahirait un changement dans leur représentation consécu-
tivement aux migrations arabes du milieu du xie siècle22. 215

L’exemple des MazÄta :


nomadisme, mobilité et construction tribale

Le groupe des MazÄta fait partie de l’ensemble des tribus libyennes rencon-
trées par les premiers conquérants arabes. Ibn fiAbd al-öakam rapporte ainsi
que fiUqba b. NÄfifi conquit toutes les fortifications (quãër) des MazÄta, dont
le territoire est situé à l’ouest de Zawàla23. Cette position géographique est plus
ou moins confirmée par plusieurs sources plus tardives : al-Yafiqëbà (m. après
891) évoque plusieurs groupes appartenant aux MazÄta dans l’Est libyen, no-
tamment à Syrtes et à WaddÄn ; leurs territoires seraient limités à l’ouest par le
pays des HawwÄra24. Ibn öawqal (écrivant entre 977-988) confirme cette même
présence en terre libyenne : des MazÄta Mufitazilites sont signalés près de òabal
Naffësa25 ; plus au sud, le clan mazÄtà des Banë õaééÄb dominait Zawàla26.
Mais au-delà de l’espace libyen, où les MazÄta ne sont pas identifiés
comme nomades, des groupes mazÄtà-s sont signalés à plusieurs endroits.
D’abord, Ibn al-SaÉàr (auteur de la fin du ixe siècle) rapporte que plusieurs

21
Sur la terminologie employée pour l’habitation nomade, voir le dernier point de cette
étude (L’habitat nomade : quelques spécificités maghrébines ?).
22
Cette piste de réflexion sera prolongée par une enquête à paraître sur les notions de
ÜaÅÄra et de badÄwa à l’époque d’Ibn õaldën.
23
Ibn fiAbd al-ö®kam, FutëÜ Ifràqiya wa-l-Andalus, p. 53. Les MazÄta étaient comptés
parmi les Buér, voir Modéran, 2003, pp. 769-774.
24
Al-Yafiqπb∞, KitÄb al-buldÄn, pp. 344-346.
25
Ibn öawqal, KitÄb ãërat al-arÅ, p. 96.
26
Ibid., p. 106.

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tribus, parmi lesquelles les MazÄta et les SadrÄta, avaient l’habitude de se


déplacer durant le printemps depuis leurs territoires (awéÄn), du Maghreb
ou d’ailleurs, pour venir s’installer à TÄhart et dans ses environs (aÜwÄz) à la
recherche de pâturages27. Ces deux tribus, généralement considérées comme
des groupes zénètes, professaient l’ibÄÅisme et constituaient une assise tri-
bale solide à l’imÄmat de TÄhart.
De nombreuses mentions affirment également la présence des MazÄta dans
plusieurs régions dans ou autour du massif des Aurès. Le récit des débuts de la
dafiwa (prédication) faéimide (datant de 957) composé par l’historien et théo-
logien ismÄ‘ilite al-QÄÅà al-Nu‘mÄn relate la confrontation, près de TÄzrët,
des KutÄma et des armées du mouvement faéimide, d’une part, et des MazÄta,
de l’autre. Ces derniers, dont le chef Yësuf al-fiAééÄšà est présenté comme un
affidé de l’aÉlabide IbrÄhàm II (875-902), sont attaqués une première fois alors
qu’ils se trouvaient dispersés, à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux
de chameaux28. Les mêmes MazÄta subirent peu après une nouvelle déconve-
nue face aux Faéimides qui s’accaparèrent leurs campements avec tous leurs
216 biens, notamment leur riche capital animalier d’ovins, de chevaux et surtout
de chameaux. Malgré son caractère anecdotique, la description de l’impor-
tance des prises est révélatrice de la nature des activités pastorales du groupe,
à la fois berger et chamelier29. La présence des MazÄta dans les Aurès semble
se maintenir plus longtemps, avec un mode de nomadisation similaire à celui
adopté par leurs congénères attestés près de TÄhart. Selon al-Bakrà (dont l’ou-
vrage, compilant des sources plus anciennes, est achevé en 1068), les MazÄta,
ainsi que les ïaràsa, deux tribus d’obédience ibÄÅite, sont signalés dans les
environs de BÄÉÄya. Par crainte des méfaits de la pluie et de la neige sur la pé-
rennité de leur cheptel chamelier, ils avaient l’habitude d’hiverner dans le dé-
sert30. D’autres auteurs confirment cette présence, notamment Ibn öawqal qui
mentionne des MazÄta près d’al-Masàla31. Les MazÄta seront ensuite impliqués
dans la révolte des IbÄÅites de BÄÉÄya en 969, selon al-†ammÄáà32 qui rapporte
un témoignage sur leurs importants effectifs de 12 000 cavaliers.
En Ifràqiya, en plus des MazÄta de Kairouan33 et du Jérid (Qaséàliya)34, plu-
sieurs autres groupes mazÄtà-s sont signalés dans le pays de QÄbis (Gabès), où ils
sont qualifiés d’habitants de huttes (ahl aáãÄã)35. L’information apparaît à trois
27
Ibn al-üa´∞r, AábÄr al-a’imma l-rustumiyyàn, p. 47.
28
Al-Q®©∞ al-Nufim®n, KitÄb iftitÄÜ al-dafiwa, p. 98.
29
Ibid., pp. 108-109.
30
Al-Bakr∞, Description de l’Afrique septentrionale, pp. 144-145 (texte arabe).
31
Ibn öawqal, KitÄb ãërat al-arÅ, pp. 85-87.
32
Al-†amm®Ø∞, KitÄb al-siyar, pp. 313-315. Cet ouvrage tardif, compilé au xve siècle, recueille
les données de nombreuses sources ibÄÅites antérieures.
33
Ibid., p. 340.
34
Ibid., p. 404.
35
Al-Bakr∞, Description de l’Afrique septentrionale, pp. 17-18 (texte arabe).

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reprises chez al-†ammaáà, qui évoque les MazÄta dans la zone de QÄbis sous le
règne du Faéimide al-Mufiizz (953-972)36. Leur présence dans la région de QÄbis
semble habituelle ; l’auteur du KitÄb al-siyar relate leur arrivée dans la région,
durant une année de sécheresse, pour acheter à crédit des provisions de dattes37.
Le destin des MazÄta est révélateur d’une dynamique complexe qui nous
est connue d’une manière très fragmentaire. La dissémination du groupe loin
de son territoire libyen initial, à travers plusieurs régions, près de TÄhart, dans
les Aurès ou à plusieurs endroits dans le sud de l’Ifràqiya, pourrait être le
résultat de deux mécanismes différents. On peut d’abord penser à la segmen-
tation du groupe d’origine en plusieurs ensembles tribaux qui partent à la
conquête de nouveaux terrains de parcours et construisent ainsi de nouveaux
territoires38. Mais l’homonymie de plusieurs groupes tribaux ne peut être
toujours le fruit d’une migration accompagnant la fission d’un groupe. Le
phénomène inverse peut aussi se produire, avec l’agglomération de groupes
d’origines diverses sous le même emblème onomastique. Si dans le cas des
MazÄta, il nous est pour l’instant impossible d’attester un tel cas, les exemples
de l’Antiquité tardive incitent à prendre en compte cette éventualité. L’ana- 217
lyse complexe proposée par Y. Modéran a en effet permis d’attester, à partir
la fin du ve siècle, la réactivation d’entités tribales qui s’étaient auparavant
diluées dans le tissu social d’une Afrique largement romanisée. Cette expli-
cation rejoint d’ailleurs les critiques judicieuses de Jacques Berque à l’égard
d’une lecture historique fondée uniquement sur l’idée de « l’essaimage natu-
rel des groupes39 ». Les processus continus d’assimilation et de dissimilation
se traduisent par une prolifération onomastique de certains ethnonymes, ou
par l’apparition de nouveaux caractérisant une volonté de différenciation40.
La dynamique que décrit J. Berque s’apparente à une recomposition continue
des groupes et de leur association, une sorte d’ethnogenèse permanente dont
les manifestations sont encore ignorées dans l’histoire des Berbères.
Le cas des MazÄta, exemple d’une société nomade non pas reléguée à la
marge de l’histoire mais plutôt profondément ancrée dans les évolutions
de son temps, est également riche en enseignements sur les caractéristiques
des territorialités nomades. Impliqués dans une mobilité périodique néces-
saire pour assurer la pérennité du capital animalier, le choix des parcours
et la construction du territoire ne relèvent pourtant pas d’un simple dé-
terminisme géographique. Les MazÄta, principalement d’obédience ibÄÅite,

36
Al-†amm®Ø∞, KitÄb al-siyar, p. 319.
37
Ibid., p. 391.
38
Les modalités de la conquête puis de la construction d’un nouveau territoire nomade
restent très mal connues historiquement. Parmi les rares exceptions à cet égard, le texte tardif
d’al-fiAdwÄnà, Ta’ràá (xviie siècle) décrit, d’un point de vue nomade, un tel processus. Voir
également Benhima, 2008, pp. 174-176, à propos des nomades de la région de Safi.
39
Berque, 1953, p. 265.
40
Ibid.

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fréquentaient des zones majoritairement ibÄÅites, ou connaissant une forte


présence du mouvement « hétérodoxe ». La dimension religieuse ou doctri-
nale est sans doute décisive dans le choix des zones d’estivage, qui servaient
de lieux de réunion et de points d’échanges économiques.
Si la mobilité est un élément caractéristique de la territorialité nomade, elle
n’induit nullement une tendance autarcique ; elle assure, par la fréquentation
de points variables, la connectivité entre plusieurs « niches écologiques41 ». La
présence des MazÄta à proximité de TÄhart, au-delà de leur obédience ibÄÅite,
n’est sans doute pas étrangère au rôle primordial du port caravanier, impli-
qué de longue date dans les relations économiques avec l’Afrique subsaha-
rienne42. Dans les Aurès, les deux localités de Mahriyàn et de TÄmsnt étaient
aussi deux marchés appartenant conjointement aux KutÄma et aux MazÄta43.
Ces marchés ruraux intertribaux prolongent une tradition attestée au Ma-
ghreb dès l’époque préromaine, avec des établissements situés dans les zones
de contact entre des territoires tribaux et des contextes écologiques variés44.

218 La partie occidentale du Maghreb :


diversité socio-économique et stratégies territoriales

Depuis la région de TÄhart jusqu’à l’Atlantique, plusieurs groupes ber-


bères pratiquaient des formes variables de nomadisme. En plus des MazÄta
qui fréquentaient les environs de la cité rustumide, vivaient également plu-
sieurs tribus nomades qui professaient une version primaire du mu‘tazilisme.
Les WÄãiliyya, en référence à WÄãil b. fiAéÄ’ (700-749) le fondateur présumé
du courant mu‘tazilite, sont signalés par plusieurs sources. Al-Bakrà estime
leur nombre à trente mille foyers ; ils résidaient dans des habitations trans-
portables, à l’instar des nomades arabes (afirÄb)45. Ces tribus sont vraisem-
blablement celles qu’Ibn öawqal cite à proximité du territoire des ZanÄta,
quelque part dans l’espace situé entre SiÑilmÄsa et TÄhart46. Il est possible que
ce nom générique de ZanÄta utilisé par le géographe oriental réfère spécifi-
quement aux nombreux groupes qui nomadisaient entre Tlemcen et TÄhart.
En effet, al-Idràsà, au milieu du xiie siècle, les décrit comme nomades (raÜÜÄla

41
Sur la notion de connectivité et son importance pour assurer la continuité des diffé-
rentes niches écologiques (microécologies) en Méditerranée, voir Horden et Purcell, 2000,
pp. 123-172.
42
Sur les premières relations entre les groupes ibÄÅites du Maghreb et l’Afrique subsaha-
rienne voir, Lewicki, 1962.
43
Ibn öawqal, KitÄb ãërat al-arÅ, p. 87.
44
Shaw, 1981, notamment p. 49. Sur l’idée de complémentarité économique entre plusieurs
formes de nomadisme, et entre nomades et sédentaires en Péninsule arabique avant l’islam,
voir Retsö, 2003, pp. 113-116.
45
Al-Bakr∞, Description de l’Afrique septentrionale, p. 67 (texte arabe).
46
Ibn öawqal, KitÄb ãërat al-arÅ, p. 103.

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ìawÄfiin), « civilisés » (mutaÜaÅÅirën) et note leurs qualités de cavaliers47. Par-


mi ces nombreux groupes figurent les WartaéÉàr48, mais aussi les Banë Maràn
et les TuÑàn, deux grandes formations tribales qui allaient jouer un rôle poli-
tique de premier ordre à la période post-almohade.
D’ailleurs, cette zone qui englobe l’est de l’actuel Maroc, de par son milieu
prédésertique, est propice au développement du nomadisme. Les données
pourtant manquent sur l’évolution du peuplement de cette zone au haut
Moyen Âge. Seul al-Bakrà signale la présence de groupes MiknÄsa habitant
dans des huttes (aáãÄã), indice possible de leur mode de vie nomade ou semi-
nomade. En outre, entre Guersif et Mélilia, le cas du site de GarwÄw, où s’éta-
blissaient les habitants des huttes, révèle l’existence de stations fixes fréquen-
tées par des populations nomades lors de leurs déplacements périodiques49.
Quant aux zones de montagne, les données historiques sur la pratique de
la transhumance verticale au Maghreb occidental sont généralement rares et
relativement tardives. Elles permettent néanmoins d’attester clairement, avant
l’avènement des Hilaliens, l’existence d’une pratique séculaire de déplace-
ments d’altitude. Le plus ancien témoignage disponible à ce propos, relayé 219
par la compilation tardive d’Ibn Abà Zarfi (1326), concerne les populations ber-
bères qui occupaient, à la fin du viiie siècle, le futur emplacement de la ville
de Fès. Dans ce récit, on apprend que les ZwÄÉa et les Banë YarÉèan habitaient
dans des campements de tentes et pratiquaient vraisemblablement la transhu-
mance50. Il faut attendre le xiie siècle pour avoir la première mention explicite
de la spécificité de l’activité pastorale des transhumants. Ainsi, les populations
des monts de FÄzÄz (le Moyen Atlas occidental) sont décrites comme ayant
l’habitude d’hiverner loin de leur territoire pour fuir la neige. Elles se diri-
geaient régulièrement vers les littoraux atlantiques, qualifiés génériquement
par notre source de ràf al-baÜr al-Éarbà (littoral de la mer occidentale51).
Justement dans les plaines atlantiques méridionales, qui demeurent très peu
connues pour le haut Moyen Âge, des populations nomades sont aussi signalées
à Tàé. Le recueil hagiographique BahÑat al-nÄìiràn évoque en effet des nomades
ou des semi-nomades GdÄla dont les campements se trouvaient, au tout début

47
Al-Idr∞s∞, KitÄb nuzhat al-muåtÄq, pp. 256-257. C’est l’une des rares fois où l’un de nos
auteurs associe le mode de vie nomade aux qualités guerrières d’un groupe. Cela traduit non
seulement la position de plus en plus centrale des populations nomades sur la scène politique
maghrébine — al-Idràsà écrivant après l’arrivée des Hilaliens et au moment de la chute de la
dynastie almoravide —, mais évoque également un changement dans la perception du nomade
et de son rôle militaire. Sur le rôle militaire des nomades, voir la réflexion de Paul, 2004.
48
Le nom berbère de ce groupe signifie « non-résidents, non-sédentaires » ; c’est l’opposé de
IméaÉran (ou ImdaÉran), les résidents ou les sédentaires, qui a donné le nom des tribus MéaÉra
(ou MdaÉra). Voir Ibn al-Zayy®t, Al-taåawwuf ilÄ riÑÄl al-taãawwuff, p. 379.
49
Al-Bakr∞, Description de l’Afrique septentrionale, p. 152 (texte arabe).
50
Ibn Ab∞ Zarfi al-FÄsà, Al-Anàs al-muérib, p. 31.
51
KitÄb al-istibãÄr fà fiagÄ’ib al-amãÄr, p. 187. Voir également Colin, 1965.

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du xie siècle, sur l’emplacement du futur ribÄé52. L’apparition de ce groupe affi-


lié aux üanhÄÑa a été interprétée, notamment par V. Cornell, comme le résultat
d’un mouvement migratoire vers le nord de populations sahariennes, préfigu-
rant la constitution et l’expansion du mouvement almoravide53.

Les üanhÄÑa du désert

Ces grands nomades qui se déplaçaient dans l’immensité du Sahara occi-


dental à partir du sud de SiÑilmÄsa ont particulièrement attiré l’attention des
premiers géographes arabes. Al-Yafiqëbà signale, à une cinquantaine d’étapes
au sud de SiÑilmÄsa, dans la direction du pays des Noirs (BilÄd al-SëdÄn), l’un
des groupes des üanhÄÑa, les Anbiya. Ceux-ci sont décrits comme une popu-
lation non-sédentaire (n’ayant pas d’habitat fixe, qarÄr), dont la subsistance
est basée sur l’élevage chamelier à l’exclusion de toute activité agricole. Leur
particularité vestimentaire est également soulignée : « ils ont la coutume de se
voiler avec leurs turbans ; ils ne mettent pas de chemises (vêtements cousus)
220 mais se drapent dans leurs vêtements54 ». L’information d’al-Yafiqëbà rejoint
des données fournies par d’autres auteurs, comme al-Masfiëdà55 et Ibn al-Fa-
qàh56 ; il en ressort, comme le conclut Tadeusz Lewicki, qu’il s’agissait d’une
confédération de tribus du Sahara occidental aux viiie-ixe siècles57.
Plusieurs décennies plus tard, Ibn öawqal associe sous une description
similaire les tribus des Berbères nomades (muhmalàn : errants) que l’on ren-
contre dans les déserts de SiÑilmÄsa, d’AwdÄÉust, de Laméa et de TÄdmakka,
et dans les alentours du Fezzan58. Ces nomades « ne connaissent pas les cé-
réales et n’ont jamais vu le froment ni l’orge ni autre céréale. Leur vie est dure,
ils se drapent dans leurs kisÄ’-s (draps)  » et l’essentiel de leur subsistance
dépend du lait et de la viande59.
Les üanhÄÑa d’AwdÄÉust, toujours selon Ibn öawqal, étaient très nom-
breux et comptaient plus de 300 000 foyers (bayt), habitant dans des nwÄla-s
et des aáãÄã60. Cette précision sur l’habitation des nomades du Sahara est très

52
Ibn fiAbd al-fiAª∞m, BahÑat al-nÄìiràn, pp. 55-56.
53
Cornell, 1998, p. 50.
54
Al-Yafiqπb∞, KitÄb al-buldÄn, p. 360.
55
 Al-Masfiπd∞, MurëÑ al-Çahab, t. ii, p. 377. En citant al-FÄzÄrà, auteur de la fin du viiie siècle,
le polygraphe estime la superficie du territoire des Anbiya à 2 500 parasanges sur 600.
56
Ibn al-Faq∞h al-öam™®n∞, Muátaãar kitÄb al-buldÄn, p. 81. Il situe le territoire des
Anbiya à partir du Sous, à 70 nuits de marche. Il attire l’attention sur la qualité des adargues,
célèbres boucliers de cuir qui ont fait la réputation d’artisans et de guerriers des Berbères
sahariens. Voir Buttin, 1960.
57
Lewicki, 1962, pp. 528-529.
58
Ibn öawqal, KitÄb ãërat al-arÅ, p. 84.
59
Ibid.
60
Ibid., p. 100.

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intéressante car, au-delà du fait que l’on possède ici la plus ancienne mention
du mot nwÄla, l’information pose le problème de la date de l’introduction et
de l’étendue de la tente chez les populations sahariennes.
Ibn öawqal précise par ailleurs les ethnonymes de quelques-unes des tri-
bus berbères nomadisant entre SiÑilmÄsa et AwdÄÉust : †aréa (qu’il faudrait
peut-être lire Saréa), Samaséa (?) et Banë Massëfa. En insistant sur la frugalité
de leur alimentation qui ne connaît pas les céréales, il évoque leurs terrains
de parcours situés dans une zone continentale ; il loue leur courage, leur rapi-
dité dans la course, leur agilité pour monter les chameaux et note également
leur connaissance des milieux arides qu’ils fréquentent61. Le voile (lièÄm) des
üanhÄÑa ne manque pas d’attirer son attention : il décrit leur habitude de se
voiler, parce que la bouche est considérée chez eux comme une fiawra62.
Al-Bakrà apporte des éléments supplémentaires sur les üanhÄÑa du dé-
sert, d’autant plus qu’il compose son ouvrage au moment où ces derniers
ont mené, sous la bannière du mouvement almoravide, leurs premières
conquêtes au nord du Sahara. Les noms de nouveaux groupes apparais-
sent : les GdÄla, qui contrôlent le gisement de sel d’Awlàl63 ; les Lamtëna 221
et les Banë Yantsar64. Al-Bakrà est le premier à donner quelques précisions
sur les déplacements et les limites des territoires parcourus par ces tribus :
ainsi, il nous apprend que les Lamtëna estivaient dans deux endroits dé-
finis, Amaélës et Taliwàn, proches de BilÄd al-SëdÄn. Quant aux GdÄla,
ils sont localisés sur la frange littorale du Sahara65. L’économie des üan-
hÄÑa du désert est fondamentalement basée sur leur vocation pastorale ; la
qualité des moutons al-damÄniya, caractéristiques de ces populations, est
louée par al-Bakrà66.

L’habitat nomade :
quelques spécificités maghrébines ?

Dans leurs différentes descriptions, les géographes arabes insistent sur la


nature de l’habitat pour qualifier une population donnée de nomades. La
mobilité et la précarité de l’habitat passent ainsi pour être un aspect discrimi-
nant, permettant de distinguer les groupes nomades des sédentaires.

61
Ibid., p. 101.
62
Ibid., p. 102. Le terme fiawra désigne toute partie honteuse du corps. Sur le tabou de la
bouche chez les populations nomades sahariennes, voir Al-Bakr∞, Description de l’Afrique sep-
tentrionale, p. 170 (texte arabe), puis le témoignage plus tardif de Da Mosto, 2003, pp. 43-44.
Pour les Touaregs actuellement, voir Lhote, 1984, pp. 152-153.
63
Al-Bakr∞, Description de l’Afrique septentrionale, p. 171 (texte arabe).
64
Ibid., p. 164.
65
Ibid., p. 164.
66
 Ibid., p. 171.

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L’on est d’abord frappé par le nombre relativement limité des mentions
de tentes, en comparaison avec les multiples occurrences des habitations en
matériaux végétaux. L’existence des tentes ne fait pourtant guère de doute.
Al-Muqaddasà (vers 990) déclare dans une annotation à l’un des manuscrits
de son texte que les habitants du Sous ne résident pas dans les villes mais éli-
sent demeure dans les maisons de poil, référence claire à des tentes en peaux
de chèvre ou de chameau67. La même habitation est attribuée aux ZwÄÉa et
Banë YarÉèan du Moyen Atlas68. Le terme qayéën (pl. qayÄéàn), utilisé égale-
ment pour qualifier une tente, apparaît dans deux contextes différents : chez
les MazÄta fréquentant les Aurès69, et chez les transhumants du Moyen Atlas70.
Quant aux huttes, habitations en matériaux végétaux, elles sont généralement
désignées par les termes áuãã ou nwÄla. Si le premier mot, d’origine arabe, est
commun, le second dénote une spécificité maghrébine. L’analyse linguistique
a en effet attesté sa racine berbère awl, qui a donné lieu également au latin
mapalia, utilisé par les auteurs antiques pour qualifier les habitations trans-
portables des Berbères71.
222 L’ambivalence de la terminologie utilisée est l’un des problèmes majeurs
que pose l’identification de l’habitation des nomades. Ainsi, le terme « tente »
et ses équivalents communément utilisés dans les langues européennes re-
couvrent des réalités techniques très diversifiées. La distinction, qui semble de
première vue claire, entre la tente et la hutte est finalement moins aisée que
l’on peut le penser car souvent l’ossature qui accueille un vélum peut servir
aussi pour une superstructure en matériaux végétaux. Une telle polyvalence
est d’ailleurs attestée au Maghreb par des exemples ethnographiques.
Il semble néanmoins que la classification la plus pertinente reposerait sur
la distinction entre deux types : d’abord, des structures à ossature (framed
tents), pour lesquelles les supports et la couverture sont établis indépen-
damment ; l’ossature, stable, peut tenir seule avant de recevoir la couverture
(qu’elle soit en matériaux végétaux ou textiles). Le deuxième type concerne
les structures tendues (velum tents), dans lesquelles la couverture tissée (le
vélum) et l’ossature sont interdépendantes72.
Cette distinction faite, il convient de s’interroger sur la nature des habita-
tions qui étaient utilisées au Maghreb avant l’arrivée des Arabes hilaliens ; les
tentes mentionnées dans les sources relevaient-elles du premier ou du second
type ? La question mérite d’être posée, car elle ouvre des pistes intéressantes

67
Al-Muqaddas∞, KitÄb aÜsan al-taqÄsàm, note de la p. 221.
68
Ibn Ab∞ Zarfi al-FÄsà, Al-Anàs al-muérib, p. 31.
69
Al-Q®©∞ al-Nufim®n, KitÄb iftitÄÜ al-dafiwa, p. 108.
70
Al-fiAzaf∞, DifiÄmat al-yaqàn, p. 63. Composé entre 1216 et 1223, ce recueil hagiographique
est consacré à la vie et aux miracles d’Abë Yafiza, célèbre mystique du xiie siècle originaire du
Moyen Atlas.
71
Marcy, 1942.
72
Alford Andrews, 1997, p. 3.

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concernant la diffusion des formes et des pratiques du nomadisme dans l’aire


arabo-musulmane. Ainsi, est-il légitime de se demander si la tente bédouine
noire, habitation typique des nomades arabes jusqu’aux temps présents73,
était connue dans le Maghreb préhilalien.
Une recherche récente concernant le Proche-Orient, où la connaissance des
structures de l’habitat nomade a considérablement évolué grâce à l’apport de
l’archéologie74, a proposé une datation relativement tardive de l’apparition de
la tente noire bédouine. Son auteur suggère que l’apparition au Proche-Orient
de ce type de structure, induisant une organisation spatiale spécifique basée
sur la séparation des genres, est consécutive à la conquête arabo-islamique au
viie siècle75. La proximité formelle entre la tente bédouine et les vestiges rec-
tangulaires attestés depuis les périodes post-néolithiques ne trahit pas, selon
l’auteur, l’existence d’une même gestion de l’espace domestique.
Les soupçons sur le caractère tardif de l’introduction de la tente bédouine
rejoignent quelques conclusions des travaux pionniers sur les tentes des trans-
humants du Moyen Atlas effectués par E. Laoust. L’ethnolinguiste avait en effet
constaté que le vocabulaire de la tente chez les Berbères du Moyen Atlas faisait 223
une large place aux emprunts à l’arabe. Le nom berbère de la tente, aááÄm,
est lui-même une adaptation de la áayma arabe. Les noms des pièces essen-
tielles de la structure (supports et vélum) proviennent également de l’arabe.
Les termes d’origine berbère sont principalement issus du vocabulaire général
et ne concernent pas spécifiquement des éléments distinctifs de la tente76.
De ces éléments, peut-on déduire que la tente, dans sa forme bédouine
conventionnelle, s’est diffusée uniquement à la suite des grandes migrations
arabes de la deuxième moitié du Moyen Âge ? Il est sans doute tôt pour ré-
pondre à cette interrogation et la réflexion doit encore continuer dans cette
direction, mais il ne fait guère de doute, en revanche, que la nwÄla (ou áuãã)
constitue le mode d’habitation privilégié et non pas exclusif des populations
berbères nomades ou semi-nomades.

En analysant quelques éléments caractéristiques de la pratique du noma-


disme au Maghreb durant le haut Moyen Âge, il a été possible d’identifier
certaines pistes prometteuses de recherche. Ainsi, et grâce aux orientations
tracées par les acquis des enquêtes sur le nomadisme berbère dans l’Anti-
quité, il s’avère indispensable de sortir des apories des lectures classiques

73
Sur la tente noire bédouine, la littérature ethnographique est très abondante ; on peut
consulter à titre d’exemple Cribb, 1991, pp. 86-88 ; Golvin, 1957-1958 et Maurières, Ossart
et Lapeyrie, 1996.
74
Malheureusement, à la différence du Proche-Orient, ou à une moindre mesure de
l’Afrique subsaharienne, aucun site archéologique médiéval de peuplement nomade n’a été
fouillé au Maghreb.
75
Saidel, 2008, pp. 469 et 479.
76
Laoust, 1930, pp. 168-169.

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inscrivant l’émergence puis l’évolution des groupes nomades dans une op-
position permanente avec les sédentaires. La nécessité de restituer les pro-
cessus de territorialisation et d’examiner les modalités d’articulation avec
les autres formes d’occupation de l’espace exige un renouvellement de nos
approches par le croisement permanent des sources et le recours, souvent
salutaire, aux apports théoriques d’autres sciences humaines.
Avant l’avènement des Hilaliens au Maghreb à partir du milieu du xie siècle,
la pratique du nomadisme se conjugue au pluriel. La diversité de l’étendue et
des rythmes de mobilité, des écosystèmes, des modalités de la construction
des territoires, ou encore la variété des stratégies résidentielles et des formes
d’association entre l’économie pastorale et les autres activités de mise en va-
leur des ressources naturelles, font des nomadismes des phénomènes socio-
économiques et territoriaux complexes.
Enfin, en focalisant l’attention sur la documentation produite avant les
grandes migrations hilaliennes, l’on a pu remarquer la spécificité de la re-
présentation du nomade durant la première époque islamique. C’est que
224 l’histoire du nomadisme en général — et le cas du phénomène hilalien est
là pour nous le rappeler constamment — est d’abord une histoire écrite à
travers le prisme d’une vision de citadins et de sédentaires. Infléchir cette
tendance en plaçant nos sources dans leur contexte de production est indu-
bitablement l’un des éléments d’une nouvelle grille de lecture de l’histoire
rurale du Maghreb médiéval.

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Mots-Clés 227
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Nomades et sédentaires, Nomadisme au Maghreb, Nwala,
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