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Héron de Villefosse Antoine. La chute de Phaëton (mosaïque trouvée à Sens). In: Comptes rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 54ᵉ année, N. 7, 1910. pp. 613-622;
doi : https://doi.org/10.3406/crai.1910.72705
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_7_72705
COMMUNICATIONS
1. Sur ces travaux, cf. Gauckler, Bull. arch. du Comité, 1899, p. clx,
et Marche du Service des antiquités en 1899, p. 11.
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1. Le fragment de mosaïque est sans doute celui qui est signalé par
Blanchet dans l'Inventaire des mosaïques de la Gaule, sous le n° 892. —
Dans la même rue du Général-Dubois, vers 1807, à la tannerie Démange,
le contremaître Morel a ramené de nombreux cubes de mosaïque en
creusant un trou. M. le marquis de Traynel a bien voulu m'apprendre qu'entre
1845 et 1850 un entrepreneur nommé Laroche, encore vivant, avait constaté,
l'existence d'une mosaïque, avec personnages et feuillages, dans les
immeubles situés entré la rue des Trois-Croissants et le Grand séminaire
(partie est du Grand séminaire).
2. Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. Joseph Perrin,
président de la Société archéologique de Sens.
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bordure et quelques panneaux secondaires d'une mosaïque
de grandes dimensions. Le 7 mars, le motif central fut
dégagé ; il remplissait un médaillon mesurant lm 65 de
diamètre, entouré d'une bande rouge sur laquelle courait un
alignement de perles blanches en forme d'olives. Ce
médaillon était inscrit lui-même dans un encadrement carré
mesurant 1 m 70 de côté, de sorte que la combinaison de la
bande circulaire bordant le médaillon avec l'encadrement
carré laissait un espace libre dans chacun des angles
intérieurs de l'encadrement : là, sur un fond blanc, se
détachaient les têtes des Quatre Saisons ; celle du Printemps
était détruite. Malheureusement la scène représentée dans
le médaillon était fort dégradée : la partie supérieure
n'existait plus ; dans le milieu et dans la partie inférieure, on
distinguait encore cinq chevaux dont l'un portait un
cavalier. Des arrangements géométriques variés entouraient ce
motif central et constituaient le reste du pavage qui
s'étendait sur un espace de cent mètres carrés environ. La
bordure de l'ensemble se composait de rinceaux de lierre d'une
véritable élégance.
En somme, la mosaïque se trouvait dans un état
lamentable. Détruite ou gravement atteinte par le feu sur
plusieurs points, gonflée sur d'autres points par l'humidité
souterraine, elle apparaissait tantôt avec des bosses, tantôt
avec des creux, soulevée ou enfoncée ; les divers
mouvements du sol avaient désagrégé les cubes et causé de tels
ravages que le visiteur, en face de ce pavage disloqué, pouvait
croire à un désastre produit par. un tremblement de terre.
Il est rare de retrouver des mosaïques antiques dans un
état parfait de conservation. Aussi n'y a-t-il pas lieu d'être
surpris des dégradations que le temps et les hommes ont fait
subir à la nouvelle mosaïque. Grâce au zèle et à la vigilance
de la Société archéologique de Sens, elle a été enlevée du
jardin de Mme veuve Renard. Par les soins de M. de Vecchis,
l'habile artiste qui a restauré pour le Musée du Louvre la
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grande mosaïque trouvée par Renan à Kabr-Hiram près de
Tyr et la mosaïque des Travaux de l'année provenant de
Saint-Romain-en-Galle (Rhône), elle a été transportée dans
les ateliers de M. René Martin, à Saint-Denis, où elle reçoit
en ce moment les soins que réclame son état. Les morceaux
les mieux conservés seront consolidés et encadrés pour être
mis sous les yeux du public au Musée de Sens; un plan
d'ensemble permettra aux visiteurs de comprendre la disposition
du pavage antique et de reconnaître la place de chacun de
cesmorceaux. Ce qui subsiste du motif central est aujourd'hui
complètement nettoyé, il est devenu facile de l'étudier.
Comme j'ai eu la bonne fortune de l'examiner à loisir la
semaine dernière, je suis heureux de pouvoir en dire quelques
mots à l'Académie, le sujet du tableau présentant un réel
intérêt. A ma connaissance, ce sujet n'a encore été
rencontré sur aucune mosaïque ; je puis du moins l'affirmer pour
la Gaule.
Une description minutieuse de ce qu'on peut encore voir
sur le médaillon central est avant tout nécessaire. J'ai dit
plus haut qu'on y reconnaissait cinq chevaux dont un monté
par un cavalier. Déjà notre confrère M. Maurice Prou, dans
son rapport oral sur cette découverte au Comité
d'archéologie, le 14 mars dernier1, avait fait la même constatation.
Mais quel était le rôle de ces chevaux ? quel était celui du
cavalier? quel était en un mot le sujet du tableau? C'est ce
qu'il s'agit de déterminer avec précision et, pour y parvenir,
il faut entrer dans quelques détails supplémentaires. Je
répète que la moitié supérieure du tableau manque.
Dans le bas, au premier plan, apparaît un cavalier vu de
profil. 11 semble occuper la place principale de la
composition ; son cheval se dresse sur ses pieds de derrière dans
un mouvement très animé. La tête du cheval et le haut du
corps du cavalier sont détruits ; il reste cependant le bras
l.'Métam.,U, 398-399.
?. Elne aretinische Gefassf'orm mit Scenen aus der Phaethonsage, dans
le Philologus, LVIII (1899), p. 481-497, avec une planche.
3. De rerum natura, V, 402 et suiv.
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