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CERMES, ENPC/LCPC, Institut Navier, 6 et 8, avenue Blaise Pascal, 77455 Marne-la-vallée CEDEX 2
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LCPC-MSRGI, Institut Navier, 58 boulevard Lefebvre, 75732 Paris, CEDEX 15
email : corfdir@cermes.enpc.fr
Résumé :
Le calcul par éléments finis des déplacements et des contraintes induits par la réalisation d'une fouille
nécessite de fixer la taille de la zone maillée en fonction de l'étendue de la zone excavée et de choisir des
conditions aux limites. Pour les conditions aux limites très simples généralement retenues, on observe
que les résultats dépendent de la taille de la zone maillée.
On propose d’utiliser des conditions aux limites mieux adaptées en utilisant la solution approchée du
problème en champ lointain. L’application du principe de Saint-Venant permet de se contenter d’une
modélisation schématique de l’effet de l’excavation tout en obtenant une estimation satisfaisante des
conditions « loin » de l’excavation. La démarche suggère aussi une correction des résultats obtenus par
un calcul élastoplastique 2D pour prendre partiellement en compte la nature 3D du problème réel.
Abstract :
The calculation of the strain and stress fields induced by an excavation by a finite element approach
makes it necessary to choose the extent of the meshed zone (compared to the excavated zone) and to
choose boundary conditions. For the very simple boundary conditions usually adopted, one observes that
results depend on the dimensions of the meshed zone.
We suggest to adopt boundary conditions derived from an approximate solution of the problem in distant
field. The application of Saint-Venant’s principle allows to obtain a satisfactory estimation of the
unknown fields "far" from the excavation with a very simplistic modelling of the effect of the excavation.
Eventually, it is suggested that the same idea can be used to modify the results given by a 2D elastoplastic
calculation in order to account, at least partially, for the 3D nature of the real problem.
1 Introduction
Lors de la réalisation d’une excavation en milieu urbain, il est nécessaire de s'assurer que
les déplacements du sol autour de l'excavation ne mettent pas en péril les constructions
avoisinantes. La simulation numérique par éléments finis de l'excavation nécessite d'effectuer
deux types de choix : il faut fixer l'étendue du domaine maillé et choisir des conditions aux
limites.
Les conditions aux limites retenues sont en général très simples. On impose le plus souvent
un déplacement normal nul sur les limites verticales du maillage, un déplacement vertical nul
sur la limite horizontale inférieure, et un effort de cisaillement nul sur les mêmes limites. Avec
ce type de conditions aux limites, les résultats dépendent de la taille de la zone maillée, cette
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dépendance étant plus sensible pour les modélisations 2D, qui sont les plus courantes en
pratique et qui reviennent à modéliser la réponse du massif soumis à une force linéique
appliquée sur une longueur infinie. Dans le cas élastique, la théorie de Boussinesq indique alors
que la décroissance de la perturbation due à l’application d’une force ponctuelle sur un massif
semi infini est de l'ordre de 1/r2 pour les contraintes et de 1/r pour les déplacements ; tandis que
le comportement asymptotique de la perturbation due à l’application d’une force linéique sur un
massif semi infini est de l'ordre de 1/r pour les contraintes et de ln r pour les déplacements (r
étant la distance au point ou à la droite d'application du chargement).
Ainsi, pour diviser par k l'intensité de la perturbation apportée aux contraintes sur le bord
du maillage, il faut augmenter sa taille d’un facteur k1/2 pour une force ponctuelle et d’un facteur
k pour un chargement linéique. Pour diviser par m les déplacements au bord du maillage, il faut
multiplier sa taille par m dans le cas d'une charge ponctuelle et l’opération n’est pas possible
pour une charge linéique.
Il en résulte que les conditions aux limites classiques décrites ci-dessus ne sont pas
satisfaisantes, sauf pour des maillages très étendus et en condition tridimensionnelle : en
particulier les résultats obtenus sont sensibles à la taille du maillage, et il est en général
recommandé d’utiliser de grands maillages (Mestat, 1999). On propose donc de rechercher des
conditions aux limites différentes pour réduire, d'une part, la sensibilité des résultats à la taille
du maillage, et, d'autre part, la taille du maillage nécessaire pour obtenir une précision donnée.
La démarche proposée s'appuie sur la solution approchée du problème en champ lointain,
obtenue de manière analytique ou par éléments finis en utilisant un maillage de grande étendue
mais dans lequel l'excavation n'est pas représentée de manière détaillée. Le raisonnement repose
sur l'utilisation du principe de Saint-Venant pour obtenir une estimation des conditions loin de
l’excavation en modélisant schématiquement l’effet de l’excavation sur le massif de sol.
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On suppose que le terrain est homogène et sec. Au voisinage de la paroi, on introduit une
bande d'interface d'une épaisseur de 10 cm. Le sol, dans le massif et dans la bande d'interface,
obéit à une loi élasto-plastique de type Mohr-Coulomb, avec des propriétés mécaniques réduites
dans le voisinage de la paroi : l'angle de frottement et de dilatance sont multipliés par 2/3 ; avec
attribution du critère orienté (Frank et al., 1982). Les hypothèses et données ont fait l'objet
d'autres études spécifiques (Frih et al., 2002 ; Delattre, 1999).
La simulation consiste à supposer que la paroi est installée sans perturber l'état de
contraintes qui règne initialement dans le massif ("wished-in-place"), supposé géostatique.
L'excavation est simulée en appliquant sur le contour de la zone excavée une densité surfacique
telle que les contraintes résultantes le long de ce contour soient nulles.
On effectue d'abord deux simulations avec les maillages S et L en utilisant les conditions
aux limites habituelles (déplacement normal et contrainte de cisaillement nuls sur les limites du
maillage). On constate que les déplacements verticaux du fond de fouille et de la surface du
massif derrière le mur sont sensiblement différents dans les deux simulations (FIG.2).
Néanmoins, on retrouve les résultats obtenus avec le maillage L si l'on effectue une troisième
simulation, sur le maillage S en prenant comme conditions aux limites les déplacements
normaux et tangentiels calculés dans la simulation réalisée avec le grand maillage L (pour les
points du contour de S). On peut donc retrouver les résultats d'une simulation effectuée sur un
maillage étendu en utilisant un maillage plus petit, à condition d'adapter les conditions aux
limites.
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Nous étudions maintenant une excavation de longueur infinie dans un massif semi-infini
(sans substratum indéformable à profondeur finie). On cherche à définir des conditions aux
limites pour le calcul par éléments finis sur un domaine d'étendue finie de ce problème. Le
problème étudié conduit (en élasticité) à un déplacement vertical infini. Pour lever cette
difficulté, nous imposons un déplacement vertical nul en un point particulier du maillage (ici à
la surface à 80 m de la paroi), ce qui revient à s'intéresser au déplacement vertical relatif par
rapport à ce point. Les déplacements relatifs peuvent être estimés de manière analytique par
intégration de la solution de Boussineq (Poulos et al., 1974), en assimilant l’effet de
l’excavation à celui d’une densité de force uniforme s'exerçant à la surface du massif sur une
bande de la largeur de l’excavation. De même que précédemment avec le maillage L0, on utilise
les déplacements calculés comme conditions aux limites pour le maillage S.
La figure 3 montre la déformée de la paroi : pour les conditions aux limites données par un
calcul analytique pour un massif semi-infini ; pour les conditions aux limites habituelles
appliquées sur le contour L avec différentes variantes de calcul (sur le maillage L ou sur le
maillage S avec conditions aux limites issues de divers calculs) et pour les conditions aux
limites habituelles sur le contour S. On note en particulier que le résultat obtenu avec le massif
semi-infini s’éloigne sensiblement de ceux obtenus pour les conditions aux limites habituelles
appliquées sur L. Le maillage L est donc encore trop petit pour modéliser l’excavation étudiée
sur un massif semi-infini.
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Finalement, on propose donc d'évaluer, au moyen d'un calcul en déformations planes, les
déformations et les contraintes induites par une excavation d'étendue finie. On effectue d’abord
un calcul élastique analytique bidimensionnel pour obtenir des conditions aux limites
convenables pour un calcul élastoplastique par éléments finis en déformations planes sur un
maillage limité au domaine proche de la zone excavée. Les résultats obtenus (notamment les
déplacements) sont ensuite diminués des champs solutions du cas 3, obtenus par un calcul
élastique analytique.
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4 Conclusions
Références
Delattre, L., 1999, Comportement des écrans de soutènement expérimentation et calculs, 412p,
Thèse doctorat, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
Frank R., Guenot A., Humbert P., 1982, Numerical analysis of contacts in geomechanics, 37-45,
Proc. 4th Int. Conf. on Num. Meth. in Geomechanics, Edmonton.
Frih, B. N., Corfdir A., Bourgeois E., Borgne H., 2002, Prise en compte de l’interface sol –
ouvrage dans la modélisation numérique: cas de la paroi moulée, Conf. JNGG 2002, 8 et 9
Oct. 2002, Nancy.
Mestat, P., 1999, Modélisation des ouvrages de soutènement, in Ouvrages en interaction, 934p,
sous la direction de Mestat, P. et Prat, M., Hermès Science Publications, Paris.
Poulos, H.G. & Davis EZ.H., 1974, Elastic solutions for soil and rock mechanics, 411p, John
Wiley & Sons, New York.