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A v a n t - p r o p o s 

Jean-François Boulier
Crédit Agricole Asset Management
Head of Euro Fixed Income and Credits

Il faut un commencement à tout. Pour bien asseoir ses connais-


sances en finance et autres thèmes reliés à l’épargne et l’investis-
sement, c’est par la gestion des instruments de taux qu’il est
naturel de débuter.
Maîtriser les notions de taux, d’actualisation, de gestion
des sensibilités et des risques fondamentaux, de taux de crédit
de liquidité est en effet la base d’une formation financière qui
devra s’enrichir de notions propres au domaine des actions. Mais
il y a deux approches des taux, la première, statique, n’étudie que
les effets de composition des intérêts et l’actualisation ; la seconde
en revanche nous invite à découvrir les marchés de capitaux, le
monde réel dans lequel les taux varient au gré des forces de
marché entraînées par les nouvelles ou tout simplement par les
multiples opérations qui y prennent place.
Le succès de l’euro, c’est d’abord et avant tout la création
d’un vaste marché de capitaux où sont émis des titres à taux fixe
ou taux variable par les gouvernements de l’ensemble de la zone
euro mais aussi par les entreprises bancaires ou industrielles
européennes ainsi que par tout émetteur hors zone euro. Le
marché avoisine depuis 2005 la taille du marché nord-américain
et se développe dans de nombreux segments, celui de la dette
« corporate », « investment grade » ou « high yield », celui des
obligations indexées sur l’inflation ou encore dans les marchés de
la titrisation, obligations hypothécaires ou ABS (Asset Backed
Securities). Aux anciennes dimensions géographiques se sont
désormais substituées des spécialités autour desquelles l’exper-
tise et l’innovation des acteurs du marché se développent.
Jouissant d’un marché plus ample et plus liquide, profitant
d’un choix d’instruments plus large les institutions financières,
banques, compagnies d’assurances, investisseurs institutionnels
et asset managers ont considérablement sophistiqué leurs modes
de gestion. Au cœur de ce professionnalisme, la gestion du risque
10 Avant-propos

de taux s’est rapidement imposée comme la réponse commune à


un environnement où le meilleur expert sait qu’il ne peut prévoir
avec certitude les taux d’intérêt, comme toutes les données de
marché. Mais cette notion centrale de risque de marché se traduit
ensuite, selon les contextes et les institutions, par des techniques
particulières, adaptations spécifiques à un environnement profon-
dément marqué par l’évolution des normes comptables IFRS et
réglementaires, comme Bâle II. La gestion du bilan (Asset Liabi-
lity Management) a fort logiquement émergé comme pilotage
des gestions de taux et langage commun de l’information aux
tiers, clients, actionnaires ou prêteurs.
La conséquence directe de cette « gymnastique » propre à
maintenir la forme des institutions financières est évidemment la
croissance vertigineuse de produits dérivés, plus de 150 mille mil-
liards de dollars de nominal au recensement de 2004 de la BRI,
l’essentiel étant des produits de gestion du risque de taux, les
swaps au premier chef. La croissance concerne tous les autres
segments, en particulier les dérivés de crédit qui permettent de
gérer les conséquences du défaut des emprunteurs privés, et,
plus récemment, les risques d’inflation au moyen de swaps d’in-
flation.
La tâche de cet ouvrage est donc titanesque. Il aborde les
fondements de la gestion du risque de taux et introduit ses lec-
teurs aux notions les plus avancées, les plus innovantes. Le
champ très large est couvert avec le souhait d’être concret et
didactique mais aussi complet et à la pointe des meilleures prati-
ques et des recherches récentes.
Si le défi est relevé par l’auteur avec succès, la tâche des
lecteurs n’en est pas moins grande. Fort heureusement, elle est
facilitée par le sens pédagogique de l’auteur même si un travail
de fond personnel doit être entrepris. L’ouvrage permettra avec
plusieurs niveaux de lecture de consolider progressivement un
apprentissage des notions fondamentales utilisées couramment
par les professionnels. En retarder la lecture n’est pas recom-
mandé !

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