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Esquisse de L'aventure de L'identité Du Corps Comme Expression Poétique de La Mimésis Divine Dans L'Odyssée D'homère
Esquisse de L'aventure de L'identité Du Corps Comme Expression Poétique de La Mimésis Divine Dans L'Odyssée D'homère
identitaires du corps
dans les littératures francophones
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© Editions Saint-Augustin Afrique, Lomé, 2019
Tél. : (00228) 22 22 27 22 ;
Cel. : (00228) 90 56 98 06 / 99 94 13 96
B.P. 61 204 Bè-Château Lomé,
e-mail : misselpdv@gmail.com
ISBN : 978-2-84693-366-7
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L’esthétique et la représentation
identaire du corps
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Esquisse de l’aventure de l’identité du corps
comme expression poétique de la mimésis
divine dans L’Odyssée d’Homère
ADJASSOH Christian, Université Alassane Ouattara Bouaké,
Côte d’Ivoire
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Dans L’Odyssée d’Homère, les divinités investissent
l’univers humain en voilant leur corps par de multiples
analogie.
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La mimésis se rapporte à l’imitation qui s’apparente à une
analogie. Elle induit depuis l’antiquité grecque la problématique
de la ressemblance. En prenant l’identité de l’homme ou des
éléments naturels à travers leurs différentes transformations, le
corps divin devient à la fois un constituant phatique (qui maintient
les dieux en contact permanent avec l’homme par une analogie
de leur existence) mais aussi un vecteur de communication
pour transmettre des directives aux hommes ou pour les aider
ïéò La version de L’Odyssée d’Ulysse sur laquelle de fonde notre étude est celle traduite par
Philipe Jaccotet et enrichie par la science de l’helléniste François Hartog. Elle a été pu-
bliée aux Editions La Découverte pour la première fois en 1982 puis successivement en
2000 et en 2004. Pour rendre tous les relents de ce long récit, à la différence des autres
traducteurs, Philipe Jaccotet a choisi de le rendre en vers pour lui conférer la forme que
les aèdes l’enrobaient dans la l’antiquité et l’univers grec.
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La mimésis qui est inhérente à la ressemblance se rapporte
à l’imitation, à l’emprunt de l’apparence. Ce qui présuppose
une métamorphose de toute entité humaine ou divine dans la
perspective d’emprunt à travers le processus de la réduplication
l’état d’une chose ou d’un être. Ainsi, la mimésis des dieux qui
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de continuité lié à l’essence de la divinité. Chez Homère, elle
procède par la réduplication de l’apparence des divinités qui se
fonde sur une analogie dont les facteurs sont les dieux d’une part
et les hommes et les autres êtres de la nature d’autre part. Dans
cette mimésis divine, l’analogie peut se décliner comme suit.
Le phore qui est le comparé s’apparente à la divinité et le thème
qui est le comparant est l’homme ou tout phénomène naturelle
auquel s’assimile les dieux dans leur mimésis. Ainsi dans les
vers de L’Odyssée
apparaître à l’homme sous l’apparence zoomorphe. Il en est
ainsi d’une divinité dépendant de Poséidon qui fait obstruction
en barrant la route du retour du personnage d’Ulysse. L’action
de cette divinité contraint le personnage d’Ulysse à errer sur la
mer et les terre sans parvenir à retrouver sa patrie Ithaque, vingt
ans après la guerre de Troie où les grecs sortirent victorieux.
Cette divinité, se nommant Proté l’Egyptien, émerge de la mer
quand le soleil est au milieu du jour pour se prélasser entre
les phoques sous l’apparence d’un vieillard. Lors sa capture
pour révéler à Ulysse la cause de son errance, celui-ci pour
intimider et échapper à Ulysse et à ses compagnons opère des
transformations successives en prenant la forme animalière :
« C’est alors qu’en hurlant nous bondîmes pour l’empoigner :
mais le malin vieillard, n’ayant point oublié ses tours,
d’abord se transforma en lion de belle crinière,
puis en dragon, puis en panthère, puis en porc.
Nous cependant le tenions ferme, patiemment. »,
(Chant IV, v454-459, p.77.)
Bien des fois, les divinités dans leur rapport avec les hommes
transforment leur corps en phénomène météorologique pour
déployer toute leur puissance. Poséidon s’y adonne en se
transmuant en vent dans l’optique de faire chavirer l’embarcation
d’Ulysse et de ses compagnons qui ont causé la perte de l’unique
œil de l’un de ses enfants, le cyclope :
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Ce disant, il rallia les nuages, troubla la mer
trident en main des quatre coins de l’horizon
il déchaina les quatre vents, et couvrit de nuées
la terre avec la mer ; du haut du ciel tomba la nuit.
Notos, Euros, Zéphyre hurlant, Boré d’azur
s’abattirent ensemble en soulevant d’énormes vagues.
Ulysse sentit son cœur et ses genoux rompre […].
(Chant V, v291-297, p.99.)
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propos réconfortants :
« Athéna s’approcha de lui, venant du haut du ciel, ayant pris
les traits d’une femme ;
elle se tint à son chevet et lui dit ces paroles :
« Pourquoi ne dors-tu pas, ô le plus heureux des hommes ?
Tu as là ta maison, et ta femme dans la maison,
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réalité, leur identité est fonction de leur volonté et l’action qui
veulent impulser dans l’univers humain. Ce faisant, il faut noter
ïèò Boileau, Le Traité du sublime attribué à Longin, Ed. Bibliothèque de la Pléiade, Paris,
1966, p. 363.
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Ce faisant, il faut noter que la synecdoque est un trope par
connexion. Selon Pierre Fontanier, la synecdoque consiste
« dans la désignation d’un objet par le nom d’un autre objet
avec lequel il forme un ensemble, un tout, ou physique ou
métaphysique, l’existence on l’idée de l’un se trouvant comprise
dans l’existence ou l’idée de l’autre. »19 Dans la perspective de
Jean-Louis Joubert,
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à un ensemble A qui lui appartient. »22 Dans cet énoncé
d’Homère, les « yeux brillant » évoquent l’éclat du visage
îîò Idem.
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réponses face à certains mystères, il n’en demeure pas moins
que certains phénomènes échappent à son emprise. C’est en ce
moment que le mythe prend toute sa place. De fait, le mythe
est un récit fabuleux mettant en scène des êtres incarnant sous
une forme symbolique des forces de la nature et des aspects la
condition de l’humanité. Dans la mythologie grecque, les dieux
incarnant les forces de la nature à travers la poétisation de leurs
îí David Le Breton, La sociologie du corps, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1992, p.4.
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en os dont on raconte l’histoire »24
du divin est encline à prospecter le pendant du corps divin au-
delà de la métamorphose et de sa subjugation pour construire
des divinités sert à tisser des liens avec l’univers invisible qui
détermine l’archétype dans l’imaginaire de l’homme. Ainsi la
beauté d’Athéna ou la qualité aurifère de la baguette d’Hermès
absent. »25
îìò Francis Bertholot, Le corps du héros. Pour une sémiologie de l’incarnation roma-
nesque, Paris, Nathan, 1997, p.9.
îë Richard Kearney, -
tion, Paris, Beauchesne, 1984, p.48.
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Les dieux dans leur commerce avec les hommes élisent
certains humains comme leurs protégés. Dans ces conditions,
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En effet, quand les dieux sont épris d’une déesse ou d’une
femme dont ils veulent jouir de leur charme, ils procèdent à la
transformation de leurs aspects physiques pour duper l’auteur
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dont elle est éprise, il la séduit à son insu. Cette transmutation
de Poséidon engendre une analogie persuasive entre le corps
des deux divinités. De fait, la transformation opérée par
Poséidon lui permet d’épouser tous les traits d’Epinée de
manière à convaincre Tyro que lui et Épinée ne font qu’un à
travers l’établissement de cette ressemblance totale. En effet,
ce stratagème imparable lui permet sans coup férir de tromper
Tyro qui croyait être en présence d’Épinée son amant. C’est à
Cette pratique est l’apanage de tous les dieux. Bien des fois, la
poétisation de la mimésis des dieux « […] apparaît comme une
désacralisation de leur histoire exemplaire. »27
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à duper leurs semblables ou des hommes en empruntant des
formes poétiques qui enchantent et voile leur essence dans le
déploiement de leurs différentes identités. Ce qui les apparente
à de simples mortels et leur enlève toute les envergure liée au
sacré faisant d’eux des êtres ordinaires qui ont seulement une
essence divines.
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La mimésis dans les vers homériens permet aux divinités
de prendre des formes zoomorphes, anthropomorphes et
météorologiques. Par le truchement de ces apparences les
dieux selon leurs désirs viennent dans le monde des hommes
pour déterminer leurs attitudes. Selon leur volonté, leur
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L’esthétique et la représentation
identair du corps
Le Corps comme un espace d’expression : une lecture
postcoloniale de Murder in the cathedral de Thomas Stearns
Eliot et de La Secrétaire particulière de Jean Pliya
Ablam Djignéfa Agouzé, Université de Lomé, Togo ........ 13-42
Esquisse de l’aventure de l’identité du corps comme expression
poétique de la mimésis divine dans L’Odyssée d’Homère
ADJASSOH Christian, Université Alassane Ouattara Bouaké,
Côte d’Ivoire .......................................... 43-64
L’Esthétique de la représentation identitaire du corps dans
l’écriture poétique de Saint-John Perse : une consécration
humaniste
AHO Kouakou Bernard, Université Alassane Ouattara,
Bouaké, Côte d’Ivoire ..... 65-85
La Représentation du corps féminin
dans les contes ivoiriens, une esthétique valorisante
CAMARA Lonan, l’Université Alassane Ouattara,
Côte d’Ivoire ........ 87-101
Le corps de la femme dans l’art de Paul Ahyi
TCHALA Essoyodou, Togo ....... 103-127
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L’art corporel africain, de l’interartialité à l’intermédialité :
Cas de la danse du cheval du Burkina Faso
OUEDRAOGO Ousseni, Université Ouaga I Professeur
Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso. .........171-198
Sogolon kedjou ou le personnage au double genre dans
Soundjata ou l’épopée Mandingue de Djibril Tamsir Niane.
TOLA TIEGNON Gabriel, Ecole Normale Supérieure (E.N.S.)
Département d’Arts et Lettres, Lettres Modernes, Cocody /
Abidjan, Côte-d’Ivoire. ..........199-221.
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Le corps, le sexe et le marché de séduction chez Houellebecq
Olatubosoun D. C. LALÈYÈ, Département des Lettres Modernes,
Université d’Abomey-Calavi, Bénin. ............. 303-327
La manipulation et la dépossession du corps dans Kétala de
Fatou Diome
YAOU Hippolyte Florent,
Université Abomey-Calavi, Bénin ..... 329-354
Représentation traditionnelle
du corps et tabous sociaux
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Représentations traditionnelles du corps et métamorphoses
corporelles à travers quelques chansons populaires
camerounaises
Paul SAMSIA, Département de Littérature et Civilisations
Africaines, Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines,
Université de Yaoundé I, Cameroun ...... 465-497
d’Ifeoma
Chinwuba
SILUE Lèfara, Université Félix Houphouët-Boigny,
Cocody-Abidjan ............. 497-518
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