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Farniente Le ciel est, par-dessus le toit

Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage Le ciel est, par-dessus le toit,
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage, Si bleu, si calme !
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis, Un arbre, par-dessus le toit,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis Berce sa palme.
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse. La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi Doucement tinte.
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi, Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe, Chante sa plainte.
Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Simple et tranquille.
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Cette paisible rumeur-là
Ensuite je regarde, amusement frivole,
Vient de la ville.
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
– Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
Pleurant sans cesse,
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
De ta jeunesse ?
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette. Paul Verlaine (1844 – 1896)
Sagesse (1881)
Théophile Gautier (1811 – 1872)
Premières Poésies

Vocabulaire
Farniente = mot italien qui désigne
une douce paresse
Liberté Sur chaque bouffée d’aurore Sur le tremplin de ma porte
Sur la mer sur les bateaux Sur les objets familiers
Sur la montagne démente Sur le flot du feu béni
Sur mes cahiers d’écolier
J’écris ton nom J’écris ton nom
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom Sur la mousse des nuages Sur toute chair accordée
Sur les sueurs de l’orage Sur le front de mes amis
Sur la pluie épaisse et fade Sur chaque main qui se tend
Sur toutes les pages lues
J’écris ton nom J’écris ton nom
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom Sur les formes scintillantes (...)
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
Sur les images dorées Sur mes refuges détruits
J’écris ton nom
Sur les armes des guerriers Sur mes phares écroulés
Sur la couronne des rois Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom Sur les sentiers éveillés J’écris ton nom
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
Sur la jungle et le désert (...)
J’écris ton nom
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
Sur la santé revenue
J’écris ton nom Sur la lampe qui s’allume
Sur le risque disparu
Sur la lampe qui s’éteint
Sur l’espoir sans souvenir
Sur mes maisons réunies
Sur les merveilles des nuits J’écris ton nom
J’écris ton nom
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
Et par le pouvoir d’un mot
J’écris ton nom Sur le fruit coupé en deux
Je recommence ma vie
Du miroir et de ma chambre
Je suis né pour te connaître
Sur mon lit coquille vide
Sur tous mes chiffons d’azur Pour te nommer
J’écris ton nom
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
Liberté.
J’écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite Paul Eluard (1895-1952)
Sur les champs sur l’horizon
J’écris ton nom
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
J’écris ton nom
Liberté

Prenez du soleil dans le creux des mains Îles


Un peu de soleil et partez au loin !
Partez dans le vent, suivez votre rêve : Îles
Partez à l’instant, la jeunesse est brève ! Îles
Il est des chemins si aériens ! Îles où l'on ne prendra jamais terre
Ne regrettez pas ce que vous quittez.
Îles où l'on ne descendra jamais
Regardez, là-bas, l’horizon briller.
Loin, toujours plus loin, partez en chantant !
Îles couvertes de végétations
Le monde appartient à ceux qui n’ont rien. Îles tapies comme des jaguars
Îles muettes
Maurice Carême (1899 – 1978) Îles immobiles
Îles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par dessus bord
car je voudrais bien aller jusqu'à vous.
Blaise Cendrars (1887 – 1961)

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