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Chapitre 2 : Les pouvoirs du débiteur

Section 1 : Les règles propres à chaque procédure

I La liquidation judiciaire

Le jugement de la liquidation judiciaire emporte de plein droit «dessaisissement»


pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens et ce jusque
la clôture de la procédure car ses droits et actions sont exercés par le débiteur.
Quand le débiteur est une société le jugement de liquidation judiciaire produit à
son égard un effet encore plus vigoureux car il entraine sa dissolution néanmoins
sa personnalité juridique va subsister pour les besoins de la liquidation judiciaire.

II Le redressement judiciaire

En cas de RJ, si le débiteur continue d’exercer sur son patrimoine des actes de
dispositions et d’administration. Cette liberté est sensiblement réduite lorsqu’un
administrateur judiciaire est désigné. En effet, les pouvoirs de l’administrateur
judiciaire réduisent corrélativement ceux du débiteur. Dans le jugement
déclaratif, la mission de l’administrateur judiciaire et la loi envisagent deux
possibilités :

• La plupart du temps, l’AJ est chargé d’assister le débiteur et dans ce


cas il participe aux cotés du débiteur à l’accomplissement des actes
juridiques qui impliquent la gestion de son patrimoine (dans la pratique
cela veut dire qu’ils signent tout les deux).

• Le tribunal peut aussi confier à l’AJ la mission d’assurer seul


l’administration de l’entreprise, on se retrouve donc dans la même
situation que la liquidation judiciaire. (Lorsque l’AJ a une mission de
gestion de l’entreprise complète, c’est souvent car le dirigeant est dans
l’incapacité de le faire ; ex : mot du dirigeant, malade, en prison…).
III La sauvegarde

Elle a été conçue pour un débiteur qui n’est pas en état de cessation de paiement
et qui se soumet de lui-même à la procédure (volontairement). Ici aussi un
administrateur judiciaire peut être désigné et normalement il ne peut exercer
qu’une mission d’assistance. Cette mission ne réduit pas les pouvoirs du débiteur
car l’AJ contrôle juste les actes accomplis par le débiteur.

Section 2 : Les règles communes à toutes les procédures

I. Le domaine du dessaisissement ou de l’assistance

A) Quels sont les biens concernés par le dessaisissement ou l’assistance

Tous les biens constituant le gage des créanciers sont englobés dans la
procédure puisque l’un des objectifs de celle-ci c’est d’assurer l’apurement du
passif du débiteur.

Ainsi, lorsque le débiteur est une personne physique, le dessaisissement ou


l’assistance ne concerne pas seulement les biens affectés à son activité
professionnelle mais également ses biens propres.

Quand le débiteur est marié sous le régime de la communauté le


dessaisissement ou l’assistance s’étend aux biens communs à l’exception
toutefois des gains et salaires de son conjoint.

En revanche, les biens insaisissables ne sont pas englobés dans la procédure et


ne sont pas concernés par le dessaisissement ou l’assistance. Il s’agit notamment
des biens mobiliers nécessaires à la vie et au travail et les créances alimentaires.
Les biens immeubles ayant fait l’objet d’une déclaration notariée
d’insaisissabilité devraient normalement être exclus de la procédure. Toutefois,
elle est inopposable aux créanciers dont le croit est né antérieurement à la
déclaration d’insaisissabilité et aux créanciers extra-professionnel.
B) Les actes concernés par le dessaisissement ou l’assistance

La règle générale c’est que le dessaisissement ou l’assistance s’applique à tous les


actes juridiques.

Mais il y a des exceptions :

• les actions d’état et en particulier celles qui concernent la situation de


famille du débiteur sous réserve d’une intervention de l’AJ ou du
liquidateur lorsque l’action a une incidence patrimoniale (ex : divorce).

• les actions constitutives à une infraction pénale commises ou subies par


le débiteur et notamment la constitution de partie civile.

• les actions en réparation d’un préjudice moral.

• les droits et actions résultant du bail conclus par le débiteur pour son
logement, habitation personnel.

II. La sanction des actes irréguliers

La jurisprudence décide que les actes accomplis en violation de la mesure


d’assistance ou de dessaisissement sont inopposables à la procédure, il en résulte
que les tiers bénéficiaires de ces actes litigieux ne pourra pas faire valoir ses
droits dans le cadre de la procédure alors que cet acte pourra être invoqué
contre lui.

Il existe des exceptions : Les actes de gestion courante qu’accomplis seul le


débiteur sont réputés valables à l’égard des tiers de bonne foi. Ces actes de
gestion courante sont ceux qui par leur nature, leur importance et leur modalités
sont conforment aux usages de la profession.

III. Les actes règlementés

Après le jugement d’ouverture, certains paiements sont interdis par soucis


d’assurer l’égalité des créanciers et la sauvegarde des actifs tandis que d’autres
sont soumis au régime particuliers en raison de l’incidence qu’ils peuvent avoir sur
le sort de l’entreprise.

A) Les paiements interdits

Le principe c’est d’abord que c’est le jugement qui ouvre la procédure, il emporte
de plein droit interdiction de payer :

• toutes créances nées antérieurement au jugement d’ouverture

• toutes créances quelque soient leur échéance et sans qu’il y ait lieu de
distinguer les créances chirographaires (créances qui n’ont pas de
privilège) des créances munies de sureté et cette interdiction s’étend à
certaines créances qui vont naitre en cours de procédure, seules les
dettes alimentaire échappent à ce principe.

Il existe des sanctions puisque les paiements effectués en violation de la loi sont
nuls. Cette nullité peut être décidée par tout intéressé dans un délai de 3 ans. La
bonne foi de celui qui a reçu le paiement n'exclue pas la nullité et l’oblige à
restituer les sommes reçues. En cas de RJ ou LJ, un paiement irrégulier peut
justifier le prononcé d’une mesure de faillite personnelle à l’encontre du débiteur
personne physique ou le dirigeant d’une personne morale.

Un tel paiement peut constituer une infraction pénale tant en ce qui concerne
celui qui a effectue le paiement qu’a l’égard de celui qui l’a reçu en connaissance
de cause.

Il existe des exceptions, il peut en effet être dérogé à la règle de l’interdiction


des paiements sur autorisation du juge commissaire et dans certains cas prévus
par la loi.

En cas de RJ et sauvegarde une telle dérogation est permise si elle est justifiée
par la poursuite d’activité dans 3 situations particulières :

• pour obtenir la restitution d’un bien se trouvant entre les mains du


créancier et pour lequel il exerce un droit de rétention.

• Pour obtenir le retour dans le patrimoine du débiteur d’un bien transféré à


titre de garantie dans un patrimoine fiduciaire, c’est la possibilité pour un
débiteur de confier ses biens dans une fiducie.
• Pour le levé d’option d’achat d’un contrat de crédit bail si le paiement à
intervenir est inférieur à la valeur du bien acquis (également possible en
cas de LJ).

Il existe aussi le régime de la compensation, lorsqu‘un créancier a lui-même une


dette à l’égard du débiteur sous procédure, il lui est normalement interdit de
procéder à l’extinction de sa créance par compensation avec sa dette. Ce
principe ne s’applique pas à la compensation intervenue avant l’ouverture de la
procédure.

Or, la compensation légale s’effectue de manière automatique dès lors que les
conditions en sont remplies c'est-à-dire que les 2 dettes sont réciproques,
certaines liquides et exigibles.

L’article L622-7 admet une exception à la règle qui interdit cette compensation,
c’est le fait que la compensation en cours de procédure est possible lorsqu’il
existe un lien de connexité justifiant une dérogation au principe d’égalité.

Dette connexe = quelqu’un qui lave des locaux à qui on a versé un dépôt de
garantie et quand on est en RJ on lui doit des loyers. Normalement interdiction
de compenser le dépôt de garantie et le loyer mais il y a un lien de connexité car
ca résulte du même contrat.

B) Les autres actes règlementés

Au cours de la période d’observation d’une sauvegarde ou RJ certains actes


graves ne peuvent être accomplis par l’AJ ou le débiteur que sur autorisation du
juge commissaire.

Ce texte vise d’abord les actes de dispositions, étrangers à la gestion courante


de l’entreprise c’est à dire l’aliénation de tout élément d’actif autre que les
marchandises et lorsque le débiteur est une personne physique, cette règle
s’applique même si cet élément n’est pas affecté à l’entreprise. Le texte vise
ensuite les hypothèques, gages et nantissements. (Garantie prise sur un fond de
commerce, sur titre). Le texte vise également le compromis et la transaction.

En cas de LJ, le liquidateur devra lui aussi, pour les actes de dispositions,
solliciter l’accord du juge commissaire que ce soit pour les ventes, compromis ou
transactions.
Il existe un cas particulier qui est la vente d’un bien grevé (protégé) d’une sureté
spéciale. Outre l’autorisation requise pour tout acte de disposition étranger à la
gestion courante, la vente d’un bien grevé d’une sureté spéciale au cours de la
période d’observation implique des précautions particulières. Ainsi la quote-part
du prix correspondant à la créance garantie par la sureté est versée en compte
de dépôt à la caisse des dépôts et consignations et cette somme sera répartie
ultérieurement à l’issue de la période d’observation.

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