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DISCOURS DE SOUTENANCE

Monsieur le Président,
Madame, Messieurs les Membres du jury,
Permettez-moi avant tout propos de vous exprimer toute
ma gratitude pour avoir accepté, malgré vos multiples
occupations, de consacrer du temps à l’appréciation des
résultats de mes travaux de recherche.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit des professeurs
Jean-Claude JAMES et François Xavier LUCAS pour leur
disponibilité et leurs orientations qui ont permis
l’aboutissement de ce travail.
Je voudrais également exprimer toute ma gratitude à ma
famille, plus particulièrement à mon Oncle EYEGHE
ATOUGHE Célestin et son épouse Angèle,
Merci à Madame ALLOGO Jolie Dorice, mon épouse qui a
subi durant toutes ces années de thèses, mes crises
d’émotion. Merci d’avoir toujours été là lorsque la thèse
me rendait de plus en plus insupportable.
Je ne saurai terminer cette phase de remerciement sans
exprimer ma profonde gratitude à ma communauté
réligieuse, la communauté missionnaire chrétienne
internationale et particulièrement au pasteur Calvin
EKOH ELLA pour ses encouragements et ses paroles
motivantes lorsque parfois l’issu de cette thèse me
paraissait incertaine.
Merci enfin au centre d’étude et de recherche en droit et
institutions politique (CERDIP) et merci à tous les amis et
connaissance venus nombreux dans cette salle pour me
soutenir dans cette épreuve critique pour mon cursus
universitaire.

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Monsieur le Président,
La thèse que j’ai l’honneur de soumettre aujourd’hui à la
discussion de ce jury porte, comme vous venez de le
rappeler, sur « Les remèdes à l’inexécution du contrat.
Etude comparative droit de l’espace OHADA et droit
français ».
Je me propose d’articuler mon propos liminaire au tour
de quatre axes à savoir :
1. Les motivations du choix du sujet ;
2. La problématique et les résultats obtenus ;
3. Les perspectives ouvertes par cette recherche
4. Les difficultés rencontrées.

I/ La justification du choix du sujet

« Les conventions légalement formées tiennent lieu de


loi à ceux qui les ont faites », ce célébrissime article
1134 du code civil ancien érige le contrat au rang d’une
loi. Par conséquent, la violation d’un engagement
contractuelle devrait comme la violation d’une loi, donner
lieu à des sanctions à l’encontre de la partie défaillante.
C’est ce qui justifie que dans les ouvrages de droit
français des obligations, la riposte à l’inexécution du
contrat est envisagée sous le vocable de « sanction à
l’inexécution du contrat ».

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Le choix du terme « sanction » n’est pas anodin, il traduit
la conception classique du contrat en France et dans les
pays qui ont hérité du système juridique français, une
conception moraliste, fortement influencée par le droit
canonique, qui estimait que celui qui ne respectait pas
son engagement contractuel violait sa parole, et
compromettait de ce fait le salut de son âme.

Le droit français issu du code civil de 1804 et de la


jurisprudence classique faisait ainsi du respect de la
parole donnée un des principes sacrosaints en matière
contractuelle et s’attelait à sanctionner toute personne
qui ne respectait pas son engagement contractuel. C’est
cette idée de sanction qui est mise en exergue lorsque
dans sa jurisprudence classique, la cour de cassation
française ordonnait la démolition et reconstruction d’un
édifice pour un défaut de conformité de 0,33 centimètre.
C’est dans ce sens que peut aussi être analysé
l’interdiction faite au juge de modifier le contrat pour
imprévision, condamnant ainsi le débiteur à s’exécuter à
sa ruine.

De nos jours, cette conception du contrat a évolué, de


sorte que la référence à l’idée de sanction ne nous semble
plus appropriée, car ne traduisant pas la philosophie
moderne qui gouverne la riposte à une inexécution du
contrat. Aussi avons-nous fait le choix d’étudier la

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réponse à l’inexécution du contrat non pas sous le prisme
de sanction, mais plutôt celui de remède.

Nous avons inscrit notre analyse dans une démarche


comparative. La comparaison étant un enrichissement,
elle permet de connaitre pour mieux apprendre. On
compare pour mieux comprendre, pour mieux se
comprendre, pour s’enrichir de l’apport de l’autre.

Le choix porté sur le droit français nait du cordon


ombilical qui existe entre le droit des contrats applicable
dans les pays membres de l’OHADA et le droit français,
cordon qui est matérialisé par l’application jusqu’à ce
jour, du code civil français de 1804 dans nos Etats et qui
y fait office de droit commun des contrats. En plus, en
droit des affaires, le droit français reste l’une des
principales sources d’inspiration du législateur OHADA.

En 2002, pour palier à la difficulté relative à l’inexistence


d’un droit commun unifié des contrats dans l’espace
OHADA, les pays membre de cet espace ont entrepris de
mettre en place un acte uniforme OHADA sur le droit des
contrats. Malheureusement, l’avant-projet rédigé à cet
effet par le professeur Marcel FONTAINE a été abandonné
pour diverses raisons. La principale critique faite à ce
texte largement inspiré des Principes d’UNIDROIT est
qu’il s’écartait trop de la tradition juridique française. Or,
la France s’est en 2016, dotée d’un nouveau droit des
contrats fortement influencé par des modèles étrangers,
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dont ces Principes d’UNIDROIT. Une étude comparative
entre le droit de l’espace OHADA et le droit français était
donc l’occasion de voir si ce souci de rester encré dans la
tradition juridique française, telle qu’elle résulte des
codes civils en vigueur dans les Etats membres, conserve
son intérêt après la réforme du droit français des
contrats.

II/ Problématique et résultats obtenus

Problématique. Le sujet tel que nous venons de l’exposer


nous a conduit à nous interroger sur les alternatives
offertes par les deux systèmes juridiques aux
contractants pour contourner la résolution d’un contrat
inexécuté par l’une des parties.

Aux termes des recherches effectuées, il ressort que les


remèdes à l’inexécution du contrat varient selon que le
débiteur est solvable ou selon qu’il fait l’objet d’une
procédure collective.
Lorsqu’il est solvable, l’exécution du contrat peut
s’obtenir de deux façons. Elle peut d’abord être
volontaire, c’est-à-dire que ce dernier se ressaisit et
décide nonobstant les difficultés auxquelles il fait face,
d’exécuter ses engagements contractuels. Les moyens
mis à la disposition des contractants pour agir contre
une inexécution contractuelle dans les deux systèmes

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juridiques accordent une place prioritaire à cette voie, car
elle permet la poursuite des bonnes relations d’affaires
entre les contractants. Toutefois, il arrive qu’en dépit des
dispositions prises pour aider le débiteur à s’exécuter
volontairement, ce dernier refuse de se résigner à
exécuter le contrat. Dès lors, les droits OHADA et
français offrent au créancier, une palette de mesures
contraignantes pour obliger son débiteur à respecter ses
engagements contractuels.

La situation est différente lorsque le débiteur est en


faillite, plus précisément lorsqu’il fait l’objet d’une
procédure collective. En effet, l’examen du sort du contrat
lorsque le débiteur fait l’objet d’une procédure collective
permet d’affirmer que le contrat est plus protégé par les
mécanismes du droit des procédures collectives que par
les remèdes classiques.

En effet, le droit des procédures collectives fait preuve


de plus de dynamisme que les moyens classiques du fait
que, la démarche de traitement de l’inexécution
contractuelle y est d’abord préventive. Le droit des
procédures collectives anticipe l’inexécution contractuelle
dès l’apparition des premières difficultés du débiteur,
avant même que celui-ci n’ait faillit à ses engagements
contractuels. Les mécanismes de traitement préventif des
difficultés du débiteur permettent ainsi d’éluder toute
inexécution contractuelle. Par ailleurs, lorsque la faillite
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du débiteur n’a pas pu être évitée, la défaillance
contractuelle qui en résulte n’est pas irrémédiable.
Malgré la faillite du débiteur, le droit des procédures
collectives offre à ce dernier des moyens lui permettant
de préserver les contrats qui conservent une utilité. C’est
ainsi que le créancier est privé de son droit de rompre le
contrat nonobstant l’inexécution du débiteur. Aussi,
lorsque l’inexécution du débiteur est irrémédiable, ou
lorsque le contrat a perdu toute utilité pour lui, la
protection de celui-ci reste tout de même assurée par le
mécanisme de la cession à un tiers plus solvable.

III/ Les perspectives ouvertes par la recherche

Monsieur le Président,

En termes de perspectives, bien de défis demeurent à


relever en matière contractuelle dans l’espace OHADA. Le
premier de ces défis est de se doter d’un droit commun
des contrats conforme aux évolutions modernes du droit.
En effet, de 1960 à ce jour, le droit commun des contrats
est resté statique dans les Etats membres de l’OHADA,
du fait de l’application du code civil français de 1804 qui
reste chez nous le texte de référence. Or plusieurs des
solutions prévues par ce code sont devenues caduques et
ont d’ailleurs déjà été abandonnées par le France elle-
même. Il est plus qu’impératif pour nos Etats de se doter
d’un droit des contrats qui tienne compte de leurs
spécificités. D’autant plus qu’on ne peut pas trop
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compter sur nos juges pour faire évoluer ce droit car,
manquant souvent d’audace. Pour preuve, nous sommes
souvent obligés de recourir à la jurisprudence française
pour illustrer certaines solutions de droit, car nos juges
ne font pas preuve d’un esprit critique sur la vétusté des
textes toujours en vigueur dans nos Etats. D’ailleurs,
même s’ils faisaient cet effort, comment le saurions nous,
dès lors que des décisions qu’ils rendent sont classés top
secret.

Ce qui nous amène d’ailleurs à évoquer là la première


plus grande difficulté qu’il y a à faire des recherches dans
notre pays à savoir : l’accès à la documentation, aussi
bien la doctrine que la jurisprudence.

Pour ce qui est de la jurisprudence, obtenir une seule


décision d’une juridiction locale relève presque du
miracle. Or, dans une étude comme celle-ci, il aurait été
plus indiquer de voir comment le juge gabonais par
exemple s’adapte à la nouvelle philosophie qui gouverne
l’inexécution contractuelle. Malheureusement, des
nombreux courriers déposer auprès de nos juridictions
n’ont donné lieu à aucune suite favorable.

En ce qui concerne les ouvrages et articles de doctrine,


voilà plus de trois ans que la bibliothèque de l’université
est fermée et la petite bibliothèque de section ne dispose
pas d’un fonds documentaire pouvant aider un doctorant
à produire une thèse. Nous sommes condamnés à
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commander les ouvrages de France avec le temps et
l’argent que cela exige. Ce fut là le principal obstacle que
j’ai rencontré. Les efforts du professeur LUCA de m’offrir
un séjour de rechercher à Paris ont malheureusement été
vains faute de moyens. Et lorsqu’en fin 2019 ma
communauté religieuse décide finalement de m’aider à
faire ce voyage, covid-19 s’y est opposé. Forte
heureusement, à ma dernière année de thèse, à la
demande du professeur LUCA, Madame OKOME MINTSA
m’a concédé un accès à son ENT ce qui, avec les
différents document fournis par le professeur JAMES,
m’a permis de boucler cette thèse. Vivement que
l’université Omar BONGO connaisse aussi enfin son
essor vers la félicité.

Tel est Monsieur le président, l’économie de mon propos


liminaire. Je vous remercie pour votre aimable attention.

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