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Numéro 9
2 ND
semestre 2020
SOMMAIRE
1. L'EDITORIAL ..........................................P. 1 3. ENTRETIEN AVEC Dr Douzounet
MALLAYE .................................................P. 19
2. ETUDES & ANALYSES............................P. 2
Une riposte monétaire à la COVID-19.....P. 2-6 4. ACTIVITES DE RECHERCHE...................P. 23
L’ÉDITORIAL
HAMADOU ABDOULAYE
Directeur des Etudes, de la Recherche et des Statistiques
Banque des Etats de l’Afrique Centrale
L’incertitude aura marquée de son empreinte l’année sous-régionales de riposte monétaire à la COVID-19 qui
2020. Celle-ci s’est caractérisée par un double choc ont été prolongées en 2021 compte tenu du contexte de
sanitaire et pétrolier. La crise sanitaire a entraîné jusque reprise fragile.
là un peu plus de 2 millions de morts et pour limiter la
propagation du virus, les Etats ont mis en place des Les mesures prises, ont notamment permis de
restrictions de circulation des personnes et des biens, stabiliser les anticipations des banques quant à : (i)
ainsi que l’arrêt de certaines activités économiques. leurs critères d’octroi de crédit qui ont été durcis par les
Selon les projections de fin d'année du Fonds Monétaire banques à l’entame de la crise, (ii) leurs trésoreries, et
International, la croissance réelle mondiale s'établirait (iii) la qualité de leurs portefeuilles de crédit. Tel est le
à - 4,4 %. La chute des cours des matières premières, résultat principal de la deuxième étude de ce numéro
et particulièrement du pétrole, a affecté les revenus des relative à l’évolution des perspectives des banques.
pays exportateurs de l'or noir.
L'année 2020 a aussi été marquée par une resurgence
Notre sous-région n’a pas été épargnée. Au regard des plaintes sur l'application de la règlementation des
de sa forte dépendance vis-à-vis des transactions changes particulièrement dans le secteur pétrolier. Une
extérieures, elle a pâti du recul significatif de la demande étude de ce numero revient sur les enjeux de cette
mondiale et de la forte baisse au premier semestre 2020 règlementation qui est salutaire pour la stabilité externe
des cours du pétrole. de notre zone.
Dans un tel contexte, et afin de faciliter les mesures Le présent numéro informe également sur l'interview
du Dr. Mallaye et sur les différentes activités de recherche
d’accommodement de la situation sanitaire prises par les
réalisées à la Banque au cours du second semestre
Etats, la BEAC a implémenté des mesures de soutien
2020. Il s'agit notamment des ateliers interne et externe
de l’activité afin de limiter les effets négatifs de ces
de recherche, des ateliers thématiques de recherche.
chocs. Dans la première communication de ce numéro,
le Directeur Général des Etudes, Finances et Relations
Internationales de la BEAC revient sur les mesures HAMADOU ABDOULAYE
1
ETUDES ET ANALYSES
L
'année 2020 a été sans doute une année ex- luer les premiers effets sur les anticipations des
ceptionnelle pour la quasi-totalité des pays acteurs du marché monétaire. Compte tenu des
dans le monde. La crise sanitaire de la CO- délais de réaction relativement longs des effets de
VID-19 a négativement impacté les économies, la politique monétaire sur l’activité (entre 18 et 24
et pour les pays exportateurs de pétrole, la chute mois), l'impact de ces mesures sur l’activité éco-
des cours du pétrole observée durant la même nomique sera évalué ultérieurement.
période a accentué ces effets négatifs. Ce choc
ayant affecté à la fois l’offre et la demande, a ap- 1. P
lan de riposte de la BEAC face à la CO-
pelé une intervention des Gouvernements d’une VID-19
part à travers une politique budgétaire davantage
Au vu de l’ampleur des conséquences écono-
expansionniste, et d’autre part, les Banques cen-
miques de la pandémie liée à la COVID-19 et te-
trales à travers une politique monétaire largement
nant compte du caractère singulier de cette crise,
accommodante.
plusieurs banques centrales, essentiellement des
Dans la Communauté Economique et Moné- pays développés, ont mis en place des méca-
taire de l’Afrique Centrale (CEMAC), du côté des nismes exceptionnels d’intervention direct allant
Etats, outre les mesures barrières édictées pour au-delà des mesures traditionnelles d’assouplis-
atténuer la propagation de l’épidémie, plusieurs sement monétaire.
mesures d’allègements fiscaux, subventions, et
Dans la CEMAC, le CPM a adopté deux impor-
dépenses d’investissement dans le domaine de
tantes séries de mesures à partir de mars 2020.
la santé ont été mises en œuvre. Certains pays
La première a porté sur l’assouplissement des
ont, en plus, mis en place des restrictions de mou-
conditions monétaires. La seconde visait à soute-
vements et couvre-feu qui ont aussi contribué au
nir durablement la liquidité bancaire et à impacter
ralentissement de l’activité. Ainsi, les projections
plus directement les conditions de financement
de fin d’année des services de la Banque des
des Etats, sur le marché des titres publics, et du
Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) tablent sur
secteur productif.
une baisse globale de l’activité en 2020 de 2,9 %,
contre - 3,1 % projetée en septembre ; une hausse Les mesures d’assouplissement des conditions
maitrisée du taux d'inflation en moyenne annuelle monétaires visaient à rassurer le secteur productif
à 2,7 % ; un déficit budgétaire (base engagements et les établissements de crédit, en particulier, du
hors dons) de 3,6 % du PIB ; un déficit extérieur de soutien indéfectible de la BEAC au maintien de la
5,0 % du PIB et un niveau de réserves de change chaine de production dans un contexte caractéri-
en augmentation et au-dessus du seuil de 3 mois sé par de nombreuses incertitudes. A ce titre, les
d'importations des biens et services. mesures suivantes ont été prises :
Du côté de la Banque Centrale, les risques • révision à la baisse des principaux taux d’in-
d’instabilité interne étant globalement maitrisés, il térêt de la BEAC. A cet effet, le taux d’inté-
a été question de contribuer au soutien de l’activité rêt des appels d’offres (TIAO) a été réduit
en appliquant des mesures accommodantes pour de 25 points de base, en revenant de 3,50
accompagner les secteurs sinistrés. Ainsi, pour à 3,25 %. Le taux de la facilité de prêt mar-
faire face au double choc sanitaire et du prix des ginal a, quant à lui, été réduit de 100 points
hydrocarbures, qui a frappé les économies de la de base, reculant de 6,00 % à 5,00 % ;
CEMAC depuis mars 2020, le Comité de Politique
Monétaire (CPM) a adopté une série de mesures • relèvement du montant de liquidités à in-
accommodantes dans son plan de riposte. Nous jecter sur le marché monétaire à XAF 500
allons dans un premier temps faire le point sur milliards. La Banque Centrale a ainsi porté
l’ensemble des mesures adoptées, puis en éva- le montant des injections de liquidité sur le
1. Ce volume est complété par environ XAF 170 milliards mobilisés sur le guichet des facilités de prêts marginal.
S’agissant des principaux acteurs du marché mo- Il ressort de ce qui précède que le taux de mo-
nétaire, après des échanges bilatéraux avec cer- bilisation des ressources supplémentaires par les
tains Trésors nationaux (Cameroun et Gabon), la Etats de la CEMAC à travers le programme de ra-
BEAC a organisé, par visioconférence, deux ate- chat des titres publics sur le marché secondaire
liers de sensibilisation à l’attention des Trésors na- demeure très faible. Cette situation pourrait
tionaux et des SVT. Tous les Trésors émetteurs de s’expliquer par le décollage lent de la mise en
la CEMAC et l’ensemble des SVT de leurs réseaux œuvre du programme, notamment en lien avec
ont participé à ces ateliers virtuels. Le premier, ré- les délais (i) de définition des modalités opé-
unissant les Trésors Publics nationaux, a permis rationnelles ainsi que l’élaboration des modes
de discuter des difficultés rencontrées par ceux-ci opératoires, et (ii) d’assimilation de ces dispo-
et d’envisager l’accompagnement nécessaire pour sitions par les principaux acteurs du marché
leur participation au programme de rachat, tout monétaire. Ainsi, pour mieux apprécier l’effi-
en se conformant à la Décision du CPM relative à
cacité de cette mesure, constituant un filet de
cette problématique. Le deuxième atelier a favorisé
sécurité pour les Etats, le CPM a décidé le 21
les échanges avec les SVT de la CEMAC afin de
décembre dernier, de prolonger ce programme
faciliter leur participation au programme de rachat
sur une période de six mois, à compter du 1er
des titres publics. Au cours de ces ateliers, après
mars 2021.
avoir pris connaissance des modalités de mise en
œuvre du programme de rachat, les SVT ont expri-
*****
mé le souhait que ce programme concerne plutôt
les titres déjà en portefeuille alors que les Trésors
En conclusion, les mesures adoptées par la
s’attendaient aux avances directes qui sont pros-
BEAC depuis mars 2020, pour atténuer les effets
crites depuis fin 2017. De même, ils ont demandé
que ce programme soit prorogé au-delà du 28 fé- potentiels de la crise sanitaire liée à la COVID-19
vrier 2021. sur les économies de la CEMAC, permettent de
maintenir la liquidité du système bancaire à un ni-
Dans le sillage de ces actions de sensibilisation, veau confortable, dans un contexte caractérisé par
le Cameroun et le Gabon ont transmis l’ensemble de nombreuses incertitudes. Certaines mesures
des documents requis, qui ont permis au Gouver- ont été prolongées en 2021 en raison des pers-
neur de décider de leurs éligibilités au programme pectives de reprise encore fragiles.
de rachat. Par la suite, le Trésor public gabonais
a procédé, courant novembre 2020, à trois (03)
émissions d’OTA d’un montant global de 72,5 Mil-
liards FCFA, pour lesquelles la BEAC a effectué IVAN BACALE EBE MOLINA
P
our atténuer les effets négatifs de la crise sa- 2020. A cet effet, cette étude évalue l’évolution
nitaire liée à la Covid-19 sur les économies des perspectives économiques des banques de la
de la CEMAC, plusieurs mesures monétaires CEMAC avec la mise en œuvre du plan de riposte
ont été prises par la Banque Centrale dans son COVID-19 de la Banque Centrale.
plan de riposte. Ces mesures visaient principale-
ment à soutenir durablement la liquidité du mar- 1. Evolution des critères d'octroi des crédits
ché monétaire et à impacter plus spécifiquement
les conditions de financement du secteur productif A l’issue de la première enquête, environ 80%
et des Etats. Dans ce contexte, la Direction de la des banques interrogées envisageait un resser-
Stabilité Financière, des Activités Bancaires et du rement des conditions d’octroi de crédit (dont un
Financement des économies (DSFABFE) avait ini- léger durcissement pour 69% et un durcissement
tié une enquête sur les perspectives économiques pour les 11% restants). Les unités institutionnelles
des banques de la zone, en lien avec la pandémie les plus affectées par ces mesures seraient les
de la Covid-19. entreprises individuelles et les particuliers tan-
dis que celle la moins impactée correspondrait
Le but recherché était de recueillir le ressenti aux grandes entreprises. Cette perception des
du système bancaire sur les effets économiques banques a évolué positivement au cours du troi-
potentiels de la crise sanitaire afin de mieux adres- sième trimestre 2020, avec seulement 57 % de
ser, avec les outils à disposition de la BEAC, les l’échantillon envisageant un resserrement de
difficultés auxquelles ces dernières pourraient être leurs conditions d’octroi de crédit (dont un léger
confrontées. L’enquête s’est principalement focali- durcissement pour 52% et un durcissement pour
sé sur trois thématiques, à savoir l’évolution des 5 %). Cependant, les conditions d’octroi de crédits
critères d’octroi des crédits, la gestion de la liquidi- en faveur des PME apparaissent plus resserrées
té et la qualité du portefeuille. Après la réalisation alors que le secteur des administrations publiques
de la première enquête pour le second trimestre serait le moins impacté par ce resserrement.
2020, la deuxième a couvert le troisième trimestre
Graphique 4 : Evolution du volume des transactions sur le marché interbancaire au cours des trois prochains mois
Le maintien des injections actives au-dessus des feuille demeurerait plus accentuée au niveau des
besoins exprimés par le système bancaire aurait ménages et des PME et moins forte dans le secteur
favorisé l’obtention de ces résultats. En effet, les public.
reprises des injections actives de la BEAC sur le
marché monétaire ont permis de rassurer les éta- Face à cette situation, les dérogations tem-
blissements de crédit et de contenir les risques de poraires ont été prises par Décision COBAC
liquidité du système bancaire de la CEMAC, avec D-2020/104 portant mesures d’adaptation de la
des effets stabilisateurs sur le coût des ressources règlementation prudentielle applicable aux établis-
sur le marché interbancaire, malgré les incertitudes sements assujettis à la COBAC. Celles-ci auraient
sur les perspectives macroéconomiques. également impacté favorablement les perspectives
des banques en matière de critères d’octroi de cré-
3. E
volution de la qualité du portefeuille des dit. Il conviendrait de préciser que par cette Déci-
banques sion, la COBAC a pris des mesures d’adaptation de
la réglementation prudentielle pour permettre aux
Concernant la qualité du portefeuille, alors que établissements de crédit et de microfinance de la
la quasi-totalité des banques interrogées (93,3%) CEMAC de faire face aux effets de la pandémie de
envisageait une détérioration de la qualité de leur Covid-19. Ces mesures concernent les crédits im-
portefeuille au cours des trois prochains mois pour pactés par la pandémie de Covid-19 depuis le mois
la première enquête, moins des deux tiers ont main- de mars 2020 et ayant fait l’objet d’une déclaration
tenu ces perspectives lors de la deuxième enquête. préalable à la COBAC.
Cependant, la détérioration de la qualité du porte-
Graphique 7 : Evolution de la qualité des portefeuilles suivant la typologie des unités institutionnelles
En définitive, il ressort des analyses que les pers- S’agissant de l’activité du marché monétaire,
pectives de gestion de la liquidité des établisse- les banques feraient plus recours au comparti-
ments de crédit sont tributaires de leur perception ment interbancaire pour atténuer les effets de la
du risque découlant de la situation actuelle marquée baisse de leur trésorerie. A cet effet, le volume du
par la crise sanitaire liée à la COVID-19. Cependant, refinancement de la Banque Centrale demeurerait
entre le deuxième et le troisième trimestre 2020, les relativement stable. Par ailleurs, les banques main-
anticipations des banques interrogées sur les effets tiendraient leur soutien aux Etats de la CEMAC à
potentiels de la crise sur les conditions d’octroi de travers leurs interventions sur le marché des titres
crédit, la liquidité et la dégradation de la qualité du publics./-
portefeuille ont été moins pessimistes. Cette situa-
tion résulterait de la mise en œuvre des stratégies
de riposte COVID-19 de la Banque Centrale ainsi KENKOUO Guy Albert
que celles des Etats. et ENGO NGUEMA Junior
D
epuis le 1er mars 2019, date d’entrée en taires par les compagnies pétrolières et minières ;
vigueur du règlement n°02/18/CEMAC/ et iii) à l’utilisation des comptes en devises des
UMAC/CM du 21 décembre 2018 portant non-résidents.
réglementation des changes dans la CEMAC, la
BEAC s’est résolument tournée vers la mise en Le non-respect des modalités d’exécution des
place progressive d’un dispositif interne adéquat demandes de transfert par les établissements de
aux nouvelles exigences de son suivi. Cette nou- crédit implantés dans la CEMAC
velle tâche, caractérisée par le suivi de l’appli-
cation effective des dispositions de ce nouveau Le nouveau dispositif réglementaire interdit
cadre réglementaire en matière de change, n’est aux établissements de crédit de détenir dans leurs
pas exempte de difficultés. comptes auprès des correspondants étrangers,
des avoirs en devises injustifiés. A ce titre, la BEAC
Ainsi, de nombreux efforts déployés par la a, dans un premier temps, décidé de rejeter toute
Banque Centrale à cet effet se heurtent de façon demande de transfert présentée par une banque
permanente à de mauvaises pratiques encrées disposant des avoirs en devises suffisants pour
dans les habitudes d’exécution des transactions in- son exécution. Ce rejet était accompagné d’une in-
ternationales. Dans le souci de ne pas freiner l’acti- vitation à la banque concernée d’effectuer le trans-
vité économique, de fluidifier la réalisation des tran- fert sollicité en puisant dans ses avoirs en devises
sactions transfrontalières dans le strict respect des jugées suffisantes. Les banques commerciales,
règles établies en la matière sans impact négatifs dans la plupart des cas, ne procédaient guère à
sur la croissance économique et la stabilité externe l’exécution desdits transferts. Ces mauvaises pra-
de la zone, la Banque Centrale poursuit les actions tiques bancaires ont eu pour conséquences le
de communication sur le Règlement ci-dessus visé rallongement des délais dans l’exécution des de-
et sur l’ensemble des Instructions et Lettres circu- mandes de transfert de la clientèle et l’installation
laires précisant les dispositions de celui-ci. d’une crise de confiance dans le mécanisme des
règlements internationaux de la CEMAC.
Cette note présente (i) les difficultés per-
sistantes rencontrées par la Banque Centrale Pour faire face à cette problématique, la BEAC
dans la mise en œuvre de la réglementation des a, lors de la réunion du lancement officiel de la
changes depuis son entrée en vigueur, (ii) les me- vulgarisation de la réglementation des changes
sures prises par la Banque Centrale pour assurer tenue le 4 juillet 2019 à Douala au Cameroun,
une application effective de la réglementation des annoncé des mesures d’assouplissement, notam-
changes et (iii) les retombées positives du suivi ment la dissociation de l’étude des dossiers de
de la réglementation des changes communau- demande de transfert qui lui sont soumis par les
taire. Un dernier point portant sur l’état des lieux banques, du niveau des avoirs en devises qu’elles
de la transmission à la BEAC des contrats pétro- détiennent.
liers et miniers signés entre chacun des pays de la
CEMAC et les entreprises du secteur extractif exer- En contrepartie, la BEAC a renforcé son disposi-
çant sur son territoire, sera également présenté. tif de contrôle permanent par la mise en place d’un
mécanisme de suivi quotidien de détention des
avoirs extérieurs injustifiés par lesdites banques.
1. Difficultés rencontrées dans la mise en Ce mécanisme est basé sur (i) les déclarations
oeuvre de la réglementation des changes quotidiennes, par les banques commerciales des
avoirs en devises détenus chez leurs correspon-
Les principales difficultés rencontrées par dants étrangers ; (ii) les rapatriements émanant
la Banque Centrale sont relatives i) au non-res- des opérations internationales ; (iii) les besoins en
pect des modalités d’exécution des opérations de devises pour réaliser les opérations internationales.
transferts par les établissements de crédit, ii) au A cet effet, les avoirs reçus dans les comptes ex-
non-respect de certaines obligations réglemen-
• interdiction de procéder à l’ouverture d’un Mise en place d’un Groupe de travail chargé de
compte en devises hors de la CEMAC et dans mener des réflexions et de proposer des solutions
la CEMAC sans autorisation préalable de la pour garantir le rapatriement des recettes d’expor-
BEAC. La détention des comptes en devises tation
à l’étranger est une condition d’emprunt sur le
marché bancaire internationale et un moyen Au terme des échanges avec les opérateurs
de paiement, dans les délais, des fournisseurs pétroliers et miniers, la BEAC a prorogé au 31
implantés hors CEMAC. Ainsi, cette obligation décembre 2020 la période transitoire de mise en
entreverrait le bon fonctionnement des activi- conformité à la réglementation des changes des
tés des entreprises pétrolières/minières ; opérations internationales réalisées par les com-
pagnies minières et pétrolières implantées dans la
• obligation de rapatriement des fonds de réha- zone CEMAC.
bilitation des sites. Ces fonds dont l’obligation
de rapatriement dans la CEMAC est prévue Parallèlement à ce moratoire, la BEAC a mis
par la réglementation des changes en vigueur, en place, par Décision n° 064/GR/2019 du 12 no-
sont constitués à l’étranger par les entreprises vembre 2019, un Groupe de travail interne avec
pétrolières/minières pour des raisons « de sé- pour mission essentielle l’examen des modalités
curité » et de capacité de gestion du secteur de mise en œuvre des dispositions de la réglemen-
bancaire y compris la Banque Centrale. Ces tation des changes propres au secteur extractif.
entreprises estiment que la CEMAC n’est pas Les conclusions du Groupe de travail s’articulent
en mesure de sécuriser ces fonds jusqu’au principalement autour de quatre (04) actions à lan-
terme de leurs contrats d’exploitation. A ce cer à brève échéance :
sujet, la Banque Centrale a rappelé son statut
d’Institut d’Emission d’une communauté com- • Signature des lettres circulaires et instructions
posée de six pays. relatives à l’ouverture des comptes fonds RES
et des comptes en devises des banques com-
• limitation de la durée de détention des comptes merciales dans les livres de la Banque Cen-
en devises à deux ans renouvelables : les trale ;
Je disais tant tôt que les ef- Je me suis présenté tant tôt
fets sociaux et économiques comme un fruit de l’intégration
de cette pandémie sont multidi- en matière d’éducation. Vous
mensionnels notamment des ef- conviendrez avec moi que le ca-
fets directs, indirects et indirects pital humain en quantité et qua-
en différé. Ainsi, les effets indi- lité est gage de transformation
rects en différé sont ceux que structurelle de nos économies
les ménages devraient payer et nous devrions mettre à contri-
en l’absence d’aide extérieure. bution la Diaspora.
La pandémie a détruit la struc-
ture économique déjà fragile. La qualité de l’enseignement
Les enfants n’ont pas pu aller fondamental doit rester une
à l’école, et les répercussions à priorité dans nos politiques édu-
long terme seront dévastatrices. catives afin de donner à la nou-
Cette activité avait pour ob- d’article, les observations et les auteurs entendent résoudre.
jectif d’examiner, en vue de contributions faites aux travaux Les prochaines versions rédi-
leur amélioration technique et présentés ont porté sur : (i) le gées de ces propositions de re-
de forme, les huit propositions cadrage et l’approfondissement cherche devront intégrer, autant
de recherche retenues. Ces des analyses empiriques par un que faire se peut, ces diverses
propositions de recherche ont ancrage théorique plus solide, observations afin de pouvoir
fait l’objet d’un premier exa- (ii) l’exposition des faits stylisés poursuivre le processus jusqu’à
men. Globalement, au cours pertinents relatifs aux études et la publication en ligne des
des sessions de présentations (iii) la pertinence de l’analyse BEAC Working Papers ou des
et de discussions des projets économique du problème que BEAC Occasional Papers.
Depuis 2019, la DERS a en- adapter aux attentes d’un public universitaire dont le cadre a été
trepris de mener une étude thé- plus large et améliorer leur qua- tracé par les accords de coopé-
matique chaque année. Celle lité, deux ateliers thématique ration signés en 2018 et 2019
relative à l’année 2020 s’intitule de recherche se sont tenus l’un avec les principales universités
: « La compétitivité et sa mesure du 14 au 18 septembre 2020 à des pays de la CEMAC. Dans
dans le contexte des économies l’Agence BEAC de Douala et cette optique, d’autres activités
africaines : Une application à l’autre du 01er au 04 décembre ont meublé ces ateliers, notam-
la CEMAC » et se subdivise 2020 à l’Université de Douala. ment la présentation du Pro-
en trois sous-thèmes à savoir Y participaient les cadres de gramme Triennal de Recherche
: (i) Les mouvements de capi- la BEAC impliqués dans la ré- de la BEAC, la présentation
taux et le taux de change réel daction de l’étude thématique des possibilités de coopéra-
dans la CEMAC ; (ii) Le taux de 2020 et les universitaires de la tion future entre les chercheurs
change d'équilibre : concepts et Faculté des Sciences Econo- de la BEAC et les chercheurs
mesures, et (iii) Confection et miques et de Gestion Appliquée académiques, l’administration
pertinence des indicateurs de de l’Université de Douala. Cette d’un cours sur la modélisation
compétitivité durable dans la activité participait également de macroéconomique par Junior
CEMAC. Afin de nourrir le débat, la dynamisation de la coopéra- MAIH, Conseiller Sénior à la
mieux orienter les études, les tion entre la BEAC et le monde Banque de Norvège.
Dans la même optique d’en- déroulé en deux phases. D’une (08) propositions de recherche
tretien de la coopération entre part un cours sur la modélisa- qui avaient déjà subi au moins
la BEAC et le monde universi- tion macroéconomique dispen- un passage en atelier interne
taire, cette activité s’est délo- sé par Junior MAIH, conseiller de recherche. Les travaux de
calisée, pour la première fois, Sénior à la Banque de Norvège. recherche présentés ont es-
à l’Université de Yaoundé 2. Ce cours a constitué une in- sentiellement traité des poli-
Cet atelier de recherche a re- troduction aux fondamentaux, tiques macroéconomiques, de
groupé à la fois les cadres de mais également aux avancées l’analyse institutionnelle des
la BEAC et les chercheurs de actuelles en la matière. D’autre banques centrales et du secteur
la Faculté de Sciences Econo- part, l’atelier de recherche pro- financier dans la CEMAC.
miques et de Gestion de l’Uni- prement dit au cours duquel les
versité de Yaoundé 2. Il s’est participants ont examiné huit
Séminaire de formation sur la modélisation macroéconomique
Yaoundé (Cameroun), du 07 au 30 décembre 2020
Cette activité poursuivait un (Quarterly Projection Model) la théorie et des faits stylisés
objectif principal à savoir la va- de projections macroécono- de la CEMAC. Cette validation
lidation technique des modèles miques. Ceci afin de les rendre technique a consisté en une
DSGE (Dynamic Stochastic opérationnels et capables de revue des équations et du ca-
General Equilibrium) de simu- produire des simulations et librage des paramètres de ces
lation des effets de la politique prévisions macroéconomiques modèles.
monétaire de la BEAC et QPM acceptables du point de vue de
2nd semestre 2020 - Lettre de la Recherche de la BEAC 23
Participation à la Virtual Africa Hackathon
31 août 2020
L’objectif de cette étude est pays de la CEMAC sur la période ternationale de 2008, les chocs
d’identifier un (des) indicateur(s) 1995-2017. Il ressort de l’ana- pétroliers et les guerres civiles
de compétitivité internationale lyse que l’indicateur élaboré re- en République Centrafrique.
pertinent(s) pour les pays de la trace assez bien les périodes de Toutefois, il devrait être amélio-
CEMAC. L’implémentation de retournement de la conjoncture ré, en fonction de la disponibilité
méthodologie de l’observation économique dans la CEMAC des données, notamment avec
de compétitivité durable a per- en lien avec les chocs négatifs la prise en compte des facteurs
mis d’élaborer un indicateur de observés sur la croissance éco- de vulnérabilités économiques
compétitivité durable pour les nomique, la crise financière in- et de l’attractivité économique.
L’objectif de cette étude est période 1995-2016 permettent d’autres travaux, les mésaligne-
d’estimer le taux de change d’aboutir au résultat selon le- ments observés ne sont pas
d’équilibre pour les pays de la quel il existe des phases d’al- spécifiques aux pays d’Afrique
CEMAC afin d’en déduire les ternance de sous-évaluation subsaharienne ayant un régime
mésalignements utiles pour et surévaluation du taux de de change fixe. A ce titre, les ef-
apprécier les soupçons de su- change dans les pays de la CE- forts de diversification permet-
révaluation généralement at- MAC. La période de chute des traient assurément de réduire
tribués aux pays en régime cours du pétrole (2014-2016) les mésalignements observés
de change fixe. L’usage des est globalement associée à une et rapprocher le taux de change
approches BEER et NATREX situation de surévaluation du vers son niveau d’équilibre de
pour la détermination du taux taux de change dans la plupart long terme.
de change d’équilibre sur la des pays. Comme le démontre
Les conséquences d’un changement de régime dans la relation entre mouvements de capitaux et
taux de change effectif réel dans la CEMAC
Les mouvements de mouvements des capitaux et sur les IDE améliore le produit
capitaux induits par l'activité taux de change réel en Afrique et les avoirs extérieurs, induit
pétrolière peuvent être sources centrale, a pu être impulsé par une baisse des taux et une
de nombreuses contraintes les opérations de stérilisation augmentation des emprunts
macroéconomiques dont de la banque centrale, la mais pose des problèmes
particulièrement l'appréciation réglementation des changes et de volatilité, (ii) Un choc
du taux de change réel dans l'approfondissement financier d’approfondissement financier
la CEMAC. Cette dernière peut en cours. baisse les avoirs extérieur (coef.
décourager l'investissement
En utilisant une modélisation Pollack), améliore le produit,
dans le secteur des biens
DSGE incorporant des induit une remontée des taux et
échangeables et menacer
l'objectif de stabilité monétaire. éléments d'économie ouverte , une baisse des crédits ultérieur
D'où la question de connaître un système bancaire surliquide, (indicateur retenu); (iii) Un choc
les conséquences sur les des asymétries d'information et d’endettement améliore les
grandeurs réelles et monétaires problèmes de collatéral et un avoirs extérieurs et le produit,
du passage d'un régime à inclusion bancaire relativement induit une baisse de l’inflation
un autre. Ce changement de faible, les auteurs débouchent en réaction à la remontée des
régime dans la relation entre sur trois résultats : (i) Un choc taux.
Les trois études précédentes, qui font partie de l'étude thématique 2020 intitulée : "La compétitivité et sa
mesure dans le contexte des économies africaines : une application à la CEMAC", ont été réalisées par une
équipe sous la supervision générale de M. HAMADOU ABDOULAYE et composée de MM. BATOUMEN
Hardit, BIKAI Landry, BOMBA MBIDA Frédéric, KENKOUO Guy Albert, KEUNGNE Léo-Spencer, MAM-
BOU Patrick, MVONDO Thierry, NAFE DABA, NGOMBA BODI Francis, ONOMO Julie et PEYHA Petrony.
Cet article présente les principales macro-financières avec les cycles de mais assez simples sur la manière
caractéristiques d'un modèle crédit, (ii) des effets d'hystérésis et dont la Banque centrale pourrait
macroéconomique multi-pays (iii) des caractéristiques spécifiques répondre aux chocs de demande
semi-structurel pour l'analyse de la politique monétaire de la BEAC et d'offre. En outre, ce modèle
des politiques et la prévision des liées au régime de taux de change pourrait être utilisé pour discuter
économies de la Communauté fixe de cette union monétaire, et des questions de coordination des
économique et monétaire de (iv) une dynamique du marché du politiques économiques dans l'union
l'Afrique centrale (CEMAC). Basé travail tenant compte des problèmes monétaire et pour analyser les effets
sur un cadre nouveau-keynésien, ce de sous-emploi. Les simulations hétérogènes des chocs de politique
modèle intègre (i) des interrelations fournissent des illustrations riches monétaire dans la CEMAC.
Transparence des Banques Centrales et efficacité de la politique monétaire : Quelles implications pour la
Banque des Etats de l'Afrique Centrale ?
TADADJEU SOULEMANOU NGOMBA BODI
Karl oumarou.souleman Francis Ghislain
dessykarl@yahoo.fr @yahoo.fr ngomba@beac.int
L’objectif général de cet article récent, et par la suite, tester et amélioration (qualitative et
est d’analyser la stratégie de empiriquement l’effet de la quantitative) de la communication de
communication de la BEAC au sein transparence des Banques Centrales la BEAC. Ils présentent également un
de la Communauté Economique sur la stabilité des prix en ASS. impact mitigé de la transparence sur
et Monétaire de l’Afrique Centrale L'option méthodologique combine l’efficacité de la politique monétaire
(CEMAC) entre 2010 et 2020. à la fois des techniques descriptives (stabilité des prix), et recommandent
Spécifiquement, il s’agit de et empiriques, des entretiens et la nécessité de continuer à améliorer
déterminer le niveau et le régime de des questionnaires. Les résultats la stratégie de communication des
transparence de la BEAC le plus montrent une légère intensification Banques Centrales en ASS.
Stabilisation et relance macroéconomiques post-COVID-19 dans la CEMAC : Quels instruments pour quels
effets dans un modèle DSGE ?
MVONDO Thierry
mvondot@beac.int
Ce papier s’intéresse à l’efficacité l’émission de titres domestiques et permet de répliquer les effets postulés
des mesures de stabilisation puis étrangers ainsi que des allègements/ de cette dernière dans la CEMAC ; (ii)
de relance macroéconomiques post exonérations fiscaux. Dans ce cadre, les mesures budgétaires, quoique plus
COVID-19 dans la CEMAC. A cet la COVID-19 est modélisée comme efficaces par rapport aux mesures
effet, un modèle DSGE est construit, un processus autorégressif impactant monétaires et macroprudentielles
prenant en compte les spécificités directement certaines variables et, pourraient avoir des effets distorsifs
de la zone dont particulièrement indirectement d’autres à travers sur certaines variables financières
une banque centrale appelée à le principe de chocs corrélés. Les et ; (iii) les effets obtenus prendraient
assouplir ses conditions monétaires simulations menées montrent que : (i) la 30 trimestres environ pour se réaliser
et, l’Etat creusant son déficit à travers modélisation retenue de la COVID-19 complètement.
Ce papier examine les déterminants utilisant les estimateurs des moindres service de la dette dans les recettes
spécifiques du système bancaire carrés ordinaires, des effets fixes et budgétaires accélère la progression
consolidé et macroéconomiques des des effets aléatoires sur données des prêts non performants.
prêts non performants du secteur de panels, les auteurs trouvent Ces résultats suggèrent que la
bancaire dans les six pays de la qu’une croissance économique plus qualité du portefeuille de crédit dans
CEMAC (Cameroun, Centrafrique, élevée ralentit la progression des les pays de la CEMAC est fortement
Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale prêts non performants. En outre, liée à la croissance économique et à
et Tchad) sur la période 2010-2018. En une augmentation du poids du la viabilité des finances publiques.
Working papers
BWP N°09/19 : Relation dette et croissance économique : quel niveau d'endettement public optimal dans
la CEMAC ?
BWP N°08/19 : Théorie budgétaire du niveau général des prix : quels enseignements dans la zone
CEMAC ?
BWP N°07/19 : Chocs extérieurs et stabilité financière : cas de l'Union Monétaire d'Afrique Centrale.
BWP N°06/19 : Prévisions à l'immédiat, à court terme et rétrospectives du PIB trimestriel camerounais :
analyse par un modèle à facteurs dynamiques.
BWP N°05/19 : Les déterminants de l'attractivité des Investissements Directs Etrangers dans la CEMAC.
BWP N°04/19 : Effets non-linéaires de l'intégration financière régionale sur la croissance économique en
Afrique dans un contexte de globalisation financière.
BWP N°03/19 : Les prévisions conditionnelles sont-elles plus précises que les prévisions
inconditionnelles dans les projections de croissance et d'inflation en zone CEMAC.
BWP N°02/19 : Impact de la dynamique de la dette sur la croissance économique et l'inflation : cas du
Cameroun.
BWP N°01/19 : La crédibilité des politiques monétaires affecte-t-elle la croissance économique en Afrique
subsaharienne ?
Occasional papers
BOP N°04/20 : Quels sont les effets des chocs liés à la pandémie COVID-19 au Cameroun ?
BOP N°03/20 : Publication des conditions tarifaires par les banques au Cameroun : Enjeux, état des lieux
et perspectives
BOP N°02/20 : Estimation empirique des courbes "OG-DG" de l'économie camerounaise depuis 2001
BOP N°01/20 : Le sigle FCFA fait-il face à un procès Kafkaïen en zone CEMAC ?