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présentée devant
L'UNIVERSITE DE PROVENCE
AIX-MARSEILLE 1
pour obtenir
le grade de DOCTEUR de L'UNIVERSITE
Spécialité :
Spectrométries et Physico-Chimie Structurales
par
SYLV1E DAUMAS
CORROSION BACTERIENNE
EN GEOTHERMIE BASSE TEMPERATURE
MECANISMES DE CORROSION PAR
LES BACTERIES SULFATO-REDUCTRICES
Les recherches qui font l'objet de cette thèse ont été effectuées dans le cadre d'une
collaboration entre le Laboratoire Chimie des Matériaux dont l'équipe de corrosion est dirigée p&r
Monsieur le Professeur CROUSIER et le Laboratoire de Microbiologie ORSTOM que dirige Monsieur
GARCIA, Directeur de Recherche à l'ORSTOM. Au-delà des collaborations qu'ils m'ont permis de
développer à l'extérieur de leur laboratoire, je leur suis reconnaissante de m'avoir accueillie et permis
de réaliser au sein de leur équipe ce travail qui est une jonction de leurs disciplines respectives.
J'exprime toute ma gratitude à Monsieur SPITERI, Ingénieur de l'Ecole Centrale des Arts
et Manufactures, Ingénieur-Docteur, Chef de groupe d'études au Département Etude des Matériaux
d'E.D. F., auprès de qui j'ai toujours trouvé sympathie et encouragements. L'intérêt qu'il a
constamment porté à ce travail, ses conseils et son amitié m'ont beaucoup aidée.
Je voudrais aussi remercier tous les assistants, techniciens et étudiants des équipes de
microbiologie et de corrosion ainsi que toutes les personnes d'autres services pour leur aide ou tout
simplement pour leur amitié.
Enfin, j'adresse d'affectueux remerciements à mon mari pour la patience dont il a fait
preuve durant la période de réalisation de cette thèse.
Ce travail a pu être réalisé grâce à l'apport financier de l'Agence Française pour la Maîtrise
de l'Energie.
SOMMAIRE
INTRODUCTION P 1
1. EXPOSE BIBLIOGRAPHIQUE P 4
1. LES BACTERIES SULFATO·REDUCTRICES (BSR)
1.1. Ecologie
1.2. Historique - Evolution de leur classification
1.3. Métabolisme des bactéries sulfato-réductrices
2. LA CORROSION: PHENOMENE ELECTROCHIMIQUE P 8
biologique p 71
3.3.6. Essai avec une BSR Hase + sur sulfate, les bactéries
n'étant pas en contact avec la surface métallique p 72
3.3.7. Essai avec une BSR Hase' en présence de sulfate p 74
3.4. ESSAI D'INTERPRETATION DES RESULTATS P 75
3.5. CONCLUSIONS P 79
4. EVOLUTION DU COURANT DE CORROSION DE L'ACIER K55 DURANT
LA CROISSANCE DE BSR P 79
4.1. MESURE DE PERTE DE POIDS - DOSAGE DU FER P 80
4.1.1. Conditions d'expérience
4.2.2. Résultats et discussion
4.2. MESURE DE Icorr PAR EXTRAPOLATION DES DROITES DE TAFEL-
COLONISATION BACTERIENNE DES SURFACES P 81
4.2.1. Conduite de l'expérience
4.2.2. Résultats et discussion
4.3. CONCLUSIONS P 86
5. INFLUENCE DES BSR SUR L'ETABLISSEMENT D'UN COURANT
ENTRE DEUX ELECTRODES P 87
5.1. MONTAGE DE LA PILE ET CONDITIONS EXPERIMENTALES P 87
5.2. RESULTATS EXPERIMENTAUX - DISCUSSIOI\l P 88
5.2.1. Mesure de la f.e.m. de la pile P 88
5.2.2. Mesure du courant de court-circuit de la pile P 90
5.2.2.1. Influences simultanées de l'activité hydrogénase et des
sulfures
5.2.2.2. Influence des sulfures sur l'anode
5.2.2.3. Exclusion de l'effet du FeS
5.2.2.4. Exclusion de l'oxydation de l'hydrogène
5.3. CONCLUSIONS P 93
6. ETUDE DE L'ETAT DE SURFACE DES ECHANTILLONS EXPOSES
AUX BSR P 94
6.1. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
6.2. COMPOSITiON CHIMIQUE ELEMENTAIRE DES COUCHES- DISCUSSION
6.3. CONCLUSIONS
CONCLUSIONS GENERALES P 99
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES P 103
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Les problèmes posés par la corrosion des métaux ont vu leur importance grandir
considérablement durant les cent dernières années, évolution due à l'utilisation sans cesse accrue
de structures métalliques dans tous les secteurs de la technologie moderne. Par exemple, un quart à
un tiers de la production annuelle de fer est, chaque année, détruite par corrosion. Par les coûts
qu'elle occasionne, la corrosion a pris de nos jours un poids économique considérable. Les
estimations chiffrées sont toujours difficiles à faire mais elles atteignent régulièrement des dizaines
de milliards de francs par dn dans les principaux pays industrialisés où de telles estimations ont été
tentées (TANAKA, 1956: VERNON, 1957). Dans ces études, les dégradations attribuées aux
microorganismes sont souvent très importantes. Aux Etats-Unis, les pertes provoquées par la
corrosion biologique, principalement des canalisations enterrées, ont été évaluées entre 500 et
2000 millions de dollars par an (GREATHOUSE et WESSEL, 1954). En 1964, BOOTH estimait au
moins à 50 %, les dégâts causés par les microorganismes et dans l'industrie du pétrole, aux
Etats-Unis, les bactéries sulfato-réductrices (BSR) ont été trouvées responsables de plus de 77 %
des corrosions observées sur plusieurs puits producteurs (ALLRED et al., 1959).
Cependant, dans le choix des matériaux pour les équipements constituant le circuit
géothermal, il n'a été que peu pris en compte le caractère fortement agressif du fluide exploité en
région parisienne (Bassin du Dogger). Pour diminuer les investissements, tout en faisant circuler des
débits très supérieurs à ceux des meilleures exploitations pétrolières, il a été retenu de ne
fonctionner qu'avec un simple tubage du puits réalisé en acier au carbone (les pétroliers disposent
d'un double tubage, le tubage interne pouvant être facilement changé). Ces choix ont eu pour
2
Dans le cadre de l'étude de la corrosion des aciers par l'eau géothermale, l'attention avait
été attirée sur la présence de bactéries, en particulier de bactéries sulfato-réductrices, au niveau des
installations corrodées (GOYENECHE, 1981; DAUMAS et al., 1985).
L'activité des bactéries dans l'environnement est des plus diverse mais elle n'est pas
toujours perçue du fait de leur petite taille. Cependant leurs activités métaboliques importantes
associées à une- croissance et une reproduction intenses, leur confèrent un rôle primordial dans de
nombreux domaines. D'un point de vue écologique, elles participent, à leur échelle microscopique, à
tous les grands cycles de la matière (carbone, azote, soufre et oxygène). D'un point de vue
économique, leurs capacités métaboliques, tant de synthèse que de dégradation, sont très
largement utilisées dans divers secteurs industriels notamment dans le cadre des biotechnologies.
Elles contribuent également à la dégradation des métaux, aspect plus négatif de leur activité.
Cependant, le concept de CORROSION BIOLOGIQUE a été difficile à admettre bien que dès 1891,
GARRET suggérait, probablement le premier, que les bactéries pouvaient avoir une influence sur la
corrosion des métaux. Encore aujourd'hui, l'agressivité chimique des fluides est, pour certains, la
cause essentielle du processus de corrosion et ils relèguent au second plan les mécanismes
biologiques. Pour d'autres, au contraire, l'action biologique est beaucoup plus qu'un évènement
secondaire ou surajouté, mais est à l'origine même de la corrosion ou du moins, dans certaines
situations, l'un de ses mécanismes fondamentaux.
Depuis GARRET, de nombreux auteurs ont montré que plusieurs groupes bactériens
(thiobacilles, ferrobactéries, sulfato-réducteurs), pouvaient intervenir dans la corrosion des métaux
3
(GAINES, 1910 ; ELLIS, 1919 ; HARDER, 1919 ; VON WOLZOGEN KUHR, 1922). Cependant, la
corrosion à pH neutre et en l'absence d'oxygène (caractéristiques physiques du fluide géothermal du
Dogger) a généralement été attribuée aux BSR.
Dans le cadre des recherches entreprises pour déterminer les causes des lésions
observées au niveau des équipements géothermiques, des études ont donc été conduites pour
préciser l'importance respective, dans ces phénomènes de corrosion, des processus
physico-chimiques et de l'intervention bactérienne, en particulier de l'incidence des BSR, de façon à
justifier, ultérieurement, le développement de moyens de lutte spécifiquement anti-bactériens. le
travail présenté dans ce mémoire s'inscrit dans cet objectif. Une approche écologique du fluide
prélevé sur la centrale géothermique de Creil en constitue la première partie. Elle a pour but de définir
le degré d'adaptation et d'activité des BSR isolées de ce puits par rapport à leurs conditions
environnantes. Nous avons ensuite cherché à mettre en évidence l'effet du développement de ces
bactéries sur la corrosion de l'acier au carbone utilisé en géothermie, en apportant une contribution à
la compréhension des mécanismes liés à j'attaque du fer par les BSR. Pour mener à bien cette étude
qui constitue la deuxième partie de ce travail, nous avons choisi de recourir aux techniques
électrochimiques de mesure de la corrosion en les adaptant aux processus biologiques et à la
spécificité du milieu considéré.
CHAPITRE 1
EXPOSE BIBLIOGRAPHIQUE
4
CHAPITRE 1
EXPOSE BIBLIOGRAPHIQUE
Les bactéries et plus particulièrement les BSR, sont probablement la forme de vie la plus
ancienne rencontrée sur terre (PFENNIG et al., 1981). Les BSR sont des bactéries ubiquistes que
l'on retrouve dans de nombreux environnements aquatiques et terrestres. En effet, les habitats
naturels des représentants de ce groupe, embrassent de larges gammes de salinité, température,
pH et pression ( ZOBELL, 1958). Par contre, étant anaérobies strictes, elles privilégient non
seulement les biotopes exempts d'oxygène mais en plus nécessitent un potentiel rédox très bas, au
moins - 100 mv / E.N.H. ( BAAS BECKING et WOOD, 1955; ALiCO et L1EGEY, 1966; LEGALL et
POSTGATE, 1973; WIDDEL et PFENNIG, 1977).
Comme beaucoup d'êtres vivants, les BSR nécessitent de la matière organique, des
éléments minéraux ainsi que de l'énergie pour leur croissance et leurs synthèses cellulaires. La
particularité commune à toutes les espèces de BSR est qu'el/es effectuent une dissimilation
réductrice du sulfate qu'elles utilisent comme accepteur terminal d'électrons au cours de l'oxydation
anaérobie de substrats organiques. La conséquence de ce métabolisme est la production et
l'accumulation dans leur habitat de quantités importantes de sulfures. Ces bactéries ont un rôle
écologique important dans le cycle du soufre et dans la minéralisation de la matière organique.
- Desulfovibrio africanus
baculatus
desulfuricans
gigas
multispirans
salexigens
thermophilus
vulgaris
- Thermodesulfobacterium commune
- Desulfomonas pigra
- Desulfotomaculum antarticum
guttoideum
nigrificans
orientis
ruminis
2. BSR qui utilisent les AGV, AGLC et/ou les acides aromatiques
- Desulfovibrio sapovorans
- Desulfobulbus elongatus
propionicus
2ème GROUPE: BSR qui font une OXYDATION COMPLETE (AGV, AGLC et ac. aromatiques)
- Desulfobacterium autotrophicum
indolicum
phenolicum
vacuolatum
- Desulfovibrio baarsii
- Desulfotomaculum acetoxidans
sapomandens
- Desulfobacter curvatus
hydrogenophilus
la tus
postgatei
- Desulfococcus multivorans
niacini
- Desulfonema limicola
magnum
- Desulfosarcina variabilis
responsables de ce processus. Il les décrit sous le nom de Spirillum desulfuricans , appelé plus tard
Oesulfovibrio desulfuricans (KLUYVER and VAN NIEL, 1936). La première culture pure de cette
bactérie est obtenue par VAN DELDEN en 1903. En 1930, BAARS fait une étude plus détaillée de
plusieurs cultures de BSR et regroupe ces bactéries dans le genre Vibrio. Cependant il décrit à part
une souche capable de métaboliser l'acétate, le propionate et le butyrate en C02' alors que les
La première BSR sporulée et thermophile est isolée en 1924 par EllON. En 1965,
CAMPBELL et POSTGATE classent toutes les BSR sporulées dans le genre Oesulfotomaculum.
Avec la même démarche, ils regroupent dans le genre Oesulfovibrio , les BSR ne formant pas ces
formes de résistance que sont les spores (POSGATE et CAMPBELL, 1966). Toutes les recherches
sur les BSR se sont focalisées pendant longtemps sur ces souches isolées à partir d'enrichissements
contenant du lactate. Cependant, la classification précédemment établie par POSTGATE et
CAMPBELL (1965,1966) et adoptée par les éditions récentes du BERGEY'S MANUAL de 1984 et
1986 (WIDDEL et PFENNIG, 1984; CAMPBELL et RIVERS, 1986), est largement transformée grâce
aux travaux effectués par PFENNIG, WIDDEL et leur équipe dans le domaine des BSR. L'isolement
de 2 nouvelles espèces de Oesulfovibrio capables d'utiliser les acides gras jusqu'à 18 carbones
(WIDDEL, 1980) et la description (WIDDEL, 1980; WIDDEL et PFENNIG, 1981; WIDDEL et PFENNIG,
1982; BACK et WIDDEL, 1986 a,b) de 6 nouveaux genres (Oesulfcbacter, Oesulfobulbus ,
Oesulfococcus ,Oesulfosarcina et Oesulfonema, Oesulfobacterium)' morphologiquement et
nutritionnellement diversifiés met fin au concept de la versatilité métabolique réduite des BSR.
lesquels se répartissent, d'une part, les espèces dégradant le lactate, l'hydrogène, les alcools et les
sucres et d'autre part, les souches capables de dégrader, souvent en plus des substrats précédents,
les acides gras volatiles (AGV) , les acides gras à longues chaines (AGLC) et les acides aromatiques.
Le second groupe rassemble les souches capables d'oxyder complètement ces mêmes composés
en C02:
6
.. Substrats impairs:
--~> CH3 - CH2 - COO- + n CH3 - COQ- + n/2 HS- + n/2 H20
Les BSR sont généralement des bactéries hétérotrophes c'est-à-dire qu'elles sont
incapables d'assimiler le C02 comme source de carbone. Elles nécessitent donc une source de
carbone organique. Si le lactate est le composé utilisé, sa dégradation se fait suivant l'équation
suivante:
Le lactate sert à la fois de source de carbone et d'énergie. Les bactéries tirant ainsi leur
énergie des réactions d'oxydo-réduction de substrats organiques sont des espèces
chimioorganotrophes. Le lactate est le donneur d'électrons pour la réduction des sulfates en
sulfures. La réduction des sulfates est une respiration (THAU ER et BAOZIONG, 1980) au cours de
laquelle le sulfate, après activation (PECK, 1966), se substitue à l'oxygène (cas d'un métabolisme
aérobie) comme accepteur terminal d'électrons. Comme chez les organimes aérobies, les réactions
oxydatives et réductrices des BSR sont reliées à un système transporteur d'électrons comprenant
des cytochromes. C'est au niveau de ce transport d'électrons (peut-être couplé à un gradient de
protons) qui proviennent de l'oxydation du substrat organique, que les bactéries génèrent, par une
phosphorilation oxydative (PECK, 1960; BAOZIONG et THAUER, 1978), l'énergie nécessaire à leur
croissance, cette dernière étant conservée sous forme des liaisons phosphate riches en énergie de
l'adénosine tri-phosphate (ATP).
7
Substrat
organiqJe oxydés
rédu~
transporteurs
a'électrons
organique reci.Jtts
oxydé
+C02
Par contre, certaines autres espèces de BSR nouvellement décrites sont capables
d'utiliser l'acétate comme source d'énergie. C'est le cas de Desulfotomacu/um acetooxidans
(WIDDEL et PFENNIG, 1977), Desulfotomacu/um sapomendens (CORD-RUWISH et GARCIA, 1985),
Desulfococcus mu/tivorans (WI DOEL, 1980), Desulfosarcina variabi/is (WIDDEL, 1980) et
Desulfobacter postgatei (WIDDEL et PFENNIG, 1981).
Une source de carbone est cependant nécessaire pour que la bactérie puisse effectuer
ses synthèses cellulaires. Pendant longtemps, aucune espèce de BSR n'a été reconnue capable de
se développer en l'absence totale de matière organique. Par exemple, MECHALAS et RITIEMBERG
(1960) ont montré que la croissance de Desulfovibrio , sous atmosphère d'H2' n'était possible qu'en
présence d'extrait de levure, lequel sert exclusivement de source de carbone et pas de source
d'énergie. Il a été démontré que chez certaines espèces du genre Desulfovibrio , le carbone assimilé
anode Fe ~ Fe
2
++ 2e-
provient du C02 (30 %) et de l'acétate (70 %) (BRANDIS et THAUER, 1981). Mais, très récemment,
KLEM PS et al. (1985) ont montré que Oesulfotomaculum orientis se développe dans des
conditions d'autotrophie stricte, c'est-à-dire en utilisant le C02 comme unique source de carbone.
La corrosion est la destruction des métaux sous l'effet du milieu ambiant, par une réaction
considérée le plus souvent comme ayant un caractère chimique: Par exemple la corrosion du fer et
de ses alliages exposés à l'humidité se traduit par la formation d'oxydes ou d'oxyhydroxydes de fer
qui constituent ce que l'on appelle communément la rouille.
Cependant, les travaux précurseurs de FARADAY, entre 1834 et 1840, ont conduit
progressivement à une conception plus moderne des processus mis en jeu lors de la corrosion des
métaux en milieu aqueux. Ses recherches l'ont amené à établir l'existence d'une relation entre
l'action chimique et la génération de courants électriques. De nombreuses études effectuées sur
cette base ont permis d'établir que la corrosion des métaux est en fait un processus électrochimique.
La mise en oeuvre d'un métal et son utilisation ultérieure conduisent souvent à une
hétérogénéité de suriace et de composition se traduisant d'un point de vue électrochimique par des
différences de potentiel entre les imperiections ou impuretés et la matrice du métal. Il est possible
alors qu'II y ait création de microcathodes et de microanodes réparties de manière aléatoire sur la
suriace métallique. On a alors affaire à une pile fonctionnant en court-circuit. On peut considérer
qu'un métal plongé dans une solution est toujours le siège de deux réactions simultanées:
9
- La réaction anodique
Globalement, c'est une réaction d'oxydation qui correspond à la dissolution du métal sous
forme d'ions dans la solution et la libération d'électrons dans le réseau métallique. Or ces charges
électriques ne peuvent pas s'accumuler dans un système conducteur tel qu'un métal. Il faut donc
consommer les électrons produits pour que la réaction (1) puisse se développer. Pour qu'il y ait
corrosion, il est donc nécessaire que se déroule parallèlement à la réaction anodique, une réaction
cathodique du type Ox n+ + ne- --------> Red (Fig. 1).
- La réaction cathodique
- La deuxième étape est la formation d'hydrogène par l'un des deux mécanismes
suivants:
* La désorption électrochimique
Si l'hydrogène ou les ions ferreux sont utilisés dans une réaction, il se produit une
déstabilisation de l'équilibre du système qui se traduit par la reprise des deux réactions anodique et
cathodique et, simultanément, par la reprise du processus de corrosion: c'est la dépolarisation H.
Cette dépolarisation est donc sous contrôle cathodique (consommation de l'hydrogène) ou sous
contrôle anodique (utilisation des ions ferreux). Les bactéries peuvent engendrer ces processus de
dépolarisation, ce que nous développons dans le paragraphe suivant.
• Il faut noter cependant que l'usage moderne de ce terme est différent. Il a été défini
comme étant le changement du potentiel en circuit ouvert d'une électrode après le passage d'un
courant (American Society for Testing and MateriaJs, 1979).
** Comme dans le cas de la polarisation, le terme de dépolarisation s'emploie maintenant
différemment et correspond au retour du potentiel de corrosion d'une électrode à sa valeur initiale
après le passage d'un courant.
11
L'attention initiale concernant la corrosion biologique, s'est surtout focalisée sur les BSR.
L'hypothèse d'une corrosion biologique par les BSR puise un certain nombre d'arguments dans leur
intervention aux cours de nombreux phénomènes géologiques: formation de dépôts de soufre non
volcaniques (HUNT, 1915 ; MURZAIEV, 1937 ; JONES, 1955 ; JONES et STARKEY, 1957;
AL-SAWAF,1977), formation de minerais de sulfures métalliques (BASTIN, 1926 ; BERNER, 1962),
intervention dans la génèse du pétrole (ZOBELL, 1947 a et b).
50 2- H..,5
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BIOFILM
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2 2
dépolarisa t ion
cathodique
1
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METAL \
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/'
/
Dissociation électrolytique
de reau: 8H20 < - > 8 H++80H- (3)
Dépolarisation cathodique:
(Réaction du métabolisme S04 2- + 4 H2 ______ > S2- + 4 H20 (4)
des BSR)
Dans le même temps, une autre tentative originale est faite en faveur de la théorie
hollandaise par IVERSON (1966 a,b, 1968 b). Dans le but d'éliminer l'effet indésirable de l'H2S, il
des sulfates par les BSR, dans des conditions de chimiolitotrophie, c'est à dire dans des conditions
où l'hydrogène produit par la réaction cathodique est le seul donneur d'électrons disponible. Il
observe une respiration uniquement dans le cas où une électrode d'acier ou de platine est introduite
dans la suspension bactérienne. Il conclut ainsi d'une part que l'hydrogène provient de l'électrode et
d'autre part que les BSR sont capables de l'utiliser pour réduire les sulfates. Il donne ainsi une
démonstration directe de l'oxydation de l'hydrogène cathodique par les BSR.
Par ailleurs plusieurs auteurs montrent que le film protecteur initialement présent à la
surface de l'électrode après la croissance des bactéries (BOOTH et TillER, 1960) ne se forme pas si
le milieu contient des ions ferreux en concentration élevée (ADAMS et FARRER, 1953; BOOTH et
a.l. , 1967). les sulfures produits au cours du métabolisme des BSR ne peuvent pas s'accumuler
dans la phase liquide et réagir avec la surface métallique car ils sont en fait immédiatement précipités
par les ions ferreux présents en excès dans la solution. les vitesses de corrosion importantes
mesurées dans ces conditions, comparées à celles obtenues dans des cultures exemptes de fer,
soulignent alors que la concentration en ions ferreux est un paramètre significatif intervenant dans la
corrosion des métaux (BOOTH et al., 1967).
Toujours avec le désir de clarifier la théorie de VON WOlZOGEN KUHR ET VAN DER
VlUGHT, BOOTH et al. (1968) signalent le rôle important du sulfure de fer lui-même. En effectuânt
des mesures de perte de poids, ils constatent que les vitesses de corrosion mesurées dans des
suspensions de sulfure de fer préparées chimiquement sont supérieures à celles obtenues dans
14
des cultures de bactéries hydrogénase positive. De plus, ils mettent en évidence une forte
dépolarisation cathodique lorsque le sulfure de fer et les BSR hydrogésase positive sont
simultanément présents dans la solution. En conséquence de ces observations, ils suggèrent que le
processus de corrosion est dû à "action conjointe du sulfure de fer et de "activité enzymatique des
BSR, ces deux paramètres agissant comme dépolarisants cathodiques. Ils notent cependant que le
premier facteur est prépondérant dans le phénomène de corrosion.
2H++2e- ~FeS
SURFACE ANODIQUE
1 _ _ _-,-._ _.... Fe 2+
::;::::+'
2e-
L'absorption d'H2 cathodique par les cristaux de sulfure de fer est également envisagée
par MARA et WILLIAMS (1972) . Le sulfure de fer est encore incriminé par KING et al. (1973 a, b) et
KING et WAKERLEY (1973) qui suggèrent la constitution d'une pile entre ce dernier et le fer,
analogue à celle formée dans le cas d'une corrosion galvanique (couplage entre deux métaux de
nature différente). Ils considèrent que l'effet dépolarisant des BSR Hase+ s'exerce à la surface du film
de FeS, ce dernier fonctionnant comme cathode dans la cellule de corrosion. Ils concluent que le
maintien d'une vitesse de corrosion importante est dépendant du déplacement de l'hydrogène par
les bactéries.
1
FER = SURFACE ANODIQUE _ _......_--. Fe 2 +
?
2e-
Une étude des propriétés de divers sulfures de fer (mackinawite, pyrrhotite, greigite,
marcassite), en particulier de leur rôle dans la corrosion, a conduit SMITH et MILLER (1975) à
suggérer que tous sont plus cathodiques que le fer. Reconnaissant le fait que dans les expériences
sans bactérie le sulfure de fer est incapable d'agir en permanence comme cathode, MILLER (1981)
postule alors que ces dernières régénèrent constamment le sulfure de fer et le maintiennent en
contact avec la surface du métal grâce à leurs déplacements cellulaires.
15
plus simple que l'on puisse donner quand on aborde les phénomènes de corrosion en milieu
anaérobie. Effectivement en l'absence d'oxygène, l'action agressive de l'H2S sur le fer et ses dérivés
est bien connue dans les milieux à pH acide (SÜRY, 1976; lOFA, 1970-1980 ; FOROULlS, 1980).
Même dans le cas d'alliages résistants à la corrosion, les vitesses de dissolution anodiques peuvent
être augmentées en présence d'H2S (HERBSlEB et SCHWENK, 1966 ; GREENE et WILDE, 1970 ;
CROLET et al., 1976 ; MASUO et al., 1978). L'H2S peut aussi provoquer une corrosion par
Cependant, à pH neutre. l'H2S a tendance, comme nous l'avons déjà vu, à fournir une
certaine protection contre la corrosion comme l'ont montré plusieurs auteurs (BOOTH et TIllER,
1960; SHOESMITH et al., 1978 a, b; EWING, 1955).
COSTEllO (1979) trace les courbes de polarisation cathodiques d'un acier immergé dans
des cultures de BSR et les compare à celles obtenues en présence de 0,01 mol! 1 de sulfure. Il
constate que la dépolarisation cathodique est la même dans tous les cas. Cette remarque lui permet
d'émettre l'hypothèse selon laquelle la corrosion en milieu anaérobie est entretenue par les BSR
grâce à l'action dépolarisante de l'H2S produit par ces microorganismes. La réaction impliquée dans
ce mécanisme, décrite précédemment par BOlMER (1965), est représentée comme suit:
Cependant, au pH considéré (pH neutre), l'hydrogène sulfuré est sous forme HS-,
Figure 3 = Corrosion par un composé volatile à base de phosphore (IVERSON , 1968,
1981 )
16
TOGANO et al. (1975) postulent que l'activité corrosive de l'H2S est bien plus importante
IVERSON est à "origine de cette nouvelle théorie en (1968a, 1981,1983). Lors d'une
première expérience, il met en évidence du phosphure de fer dans les produits de corrosion
obtenus après culture de BSR en présence d'une éprouvette d'acier (IVERSON, 1968 a). Après
filtration stérilisante d'une culture de BSR et précipitation des sulfures, il met en cause un composé
volatil contenant du phosphore. Celui-ci serait produit pendant la croissance des BSR, soit
directement par leur activité, soit indirectement par réaction de l'H2S avec des composés
inorganiques à base de phosphore présents dans le milieu. Il précise que ce composé qui agit
comme dépolarisant anodique, doit venir en contact avec la suriace métallique avant le sulfure car il y
a compétition entre les sulfures (formation du film protecteur) et le composé phosphoré (corrosion)
(Fig. 3). Ce métabolite étant volatil, il n'y a pas besoin d'un contact direct entre les bactéries et le
métal, cette conclusion étant en opposition avec certains résultats expérimentaux obtenus
auparavant (GAYLARDE et JOHNSTON, 1980).
La colonisation des surfaces par les bactéries est un concept généralement admit dans les
environnements aquatiques. Elle se déroule selon plusieures séquences (CUNDELL et MITCHELL.
1977; MARSHALL et al., 1971; FLOODGATE, 1982) (Fig. 4):
bacterie~ aérobies + porganismes
production de composes
: carbonés
1
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r
1
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1
~ ri
r c-
{5 ~
Q.l
I 1~ =
;-
....
CI)
....
CI)
1
:::J
Q.
N
-
....,
Q. 1
r
C'l
56' 10'
pompes à chaleur
chaudières
d'appoint
CHAPITRE 2
1.MATERIEL ET METHODES
1.1. PRELEVEMENTS
1.1.1. PRESENTATION DU SITE DE PRELEVEMENT
1.1.1.1. PRINCIPE DE FONTIONNEMENT
Le puits G.C.RA de la centrale géothermique de Creil exploite les eaux chaudes d'un
réservoir du Dogger (Jurassique moyen) situé à 1725 mètres de profondeur dans le sous-sol du
Bassin Parisien (Fig. 6). C'est un puits de production "basse température", la température de l'eau
dans l'aquifère étant de 5aoC. Utilisées pour le chauffage urbain, ces eaux sont remontées à la suface
par l'intermédiaire d'une colonne en acier au carbone équipée d'une pompe immergée à 100 m de
profondeur. Cette dernière, située à l'extrêmité d'une colonne suspendue, est utilisée lorsque les
besoins en chaleur sont importants (hiver). En fonction de cette demande, on distingue deux
régimes d'exploitation sur le puits géothermique de Creil, occassionnant l'arrêt ou le fonctionnement
de la pompe (Fig. 7) :
RE Cl ~! E D' HIVE R
TETE DU PUITS
DE PRO DUC T l 0 ;~
maitresse ouverte
2. Vannes latérales fermées
3. Circulation du fluide
géothermique
4. Pompe immergée en
fonctionnement
), Niveau de la nappe dans
le puits
6. Colonne de production
7. Eau stagnante
8. Colonne suspendCle
soutenant la po~pe
, 0
Espace annulaire
R.2CL-!E D'ETE
* Réoime hivernal: La pompe (4) est alors en fonctionnement. Le débit pompé est de 150
m3/h. La totalité du fluide (3) transite par la pompe et la colonne suspendue (8) à la vitesse de 3,5
mis.
réservoir avec un débit de 90 à 100 m3/h, largement suffisant pour subvenir aux besoins en calories
durant cette période. L'arrêt de la pompe ( 4) et la fermeture de la vanne maîtresse (1) ont deux
conséquences:
. La déviation du fluide géothermal (3 ) qui circule alors dans l'espace annulaire
(9) à une vitesse de 0,6 mis.
- La stagnation de l'eau emprisonnée (7) dans le conduit de production de la
pompe.
Paramètres physico-chimiques;
-Température de fond de puits = 58°C
-Température de tête de puits = 55-56°C
- pH = 7,2-7,3
-Salinité totale = 28 gll
- Concentration en NaCI = 20,9 g Il
20
Gaz dissous:
4,16 10-4 moles /1 soit 18,3 ppm
Gaz libres;
- 02 0,3 %
10,5 %
10 ppm volumique
Isotopes;
34 S04 = + 35,6 % ± 0,2
Cette valeur exprime la proportion entre l'isotope lourd (34S) et j'isotope léger (32S) du soufre
présent dans l'eau géothermale de Creil sur le même rapport d'une troilite de la météorite de Canyor
Diablo considérée comme standard de référence.
Ces analyses n'ont pas été intégrées dans nos résultats bien qu'elles aient été enregistrées
simultanément à notre étude bactériologique du site de Creil. Néanmoins, nous les utilisons dans notre
discussion.
21
Nous avons eu l'occasion de prélever sur le puits de Creil dans deux cas:
- Puits en arrêt de fonctionnement.
- Puits en cours de fonctionnement normal.
Ces prélèvements ont été effectués en février 1985, dans le but d'avoir des résultats plus
représentatifs que les précédents. Cependant nous n'avons pas eu accès aux dépôts de corrosion.
Ils ont donc été réalisés en tête de production (Fig. 7), au niveau des vannes latérales. Deux types
d'échantillons ont été considérés:
- L'eau située dans les "zones mortes" du circuit, recueillie dans des flacons stériles placés
sous atmosphère inerte (N2) immédiatement après ouverture de la vanne de tête de production.
22
Les numérations dans le premier prélèvement ont été effectuées environ 24 h après, au
laboratoire, alors que le second a été analysé immédiatement après sa collecte.
Le métabolisme général des BSR, décrit au chapitre 1, est bien défini: elles utilisent le
sulfate comme accepteur terminal d'elect'ons. Elles ont besoin d'une source d'azote ainsi que des
substances organiques simples comme source de carbone et d'énergie. Les milieux pour la mise en
évidence et la culture des BSR sont donc à base de ces différents éléments. Ils contiennent
également des vitamines et des oligoéléments ainsi que plusieurs sels minéraux dont des sels de fer
nécessaires à la culture (BUTLIN et al., 1949 a) et qui permettent de visualiser la réduction des
sulfates par formation d'un précipité noir de sulfure de fer. D'autre part ces bactéries ayant un
métabolisme anaérobie strict, des précautions sont prises lors de la préparation de ces milieux, pour
qu'ils soient exempts d'oxygène.
Bien que l'emploi de milieux solidifiés aurait simplifié l'étape de purification, notre choix
s'est porté sur des milieux liquides pour des raisons pratiques, la plupart des ensemencements étant
faits sur le terrain avec un matériel très réduit (absence de bain-marie thermostaté nécessaire au
maintien en surfusion des milieux solides).
Ce milieu préparé selon la technique d'HUNGATE (1969) a été employé pour les
numérations de novembre 1983 :
23
Composition du milieu:
solution 1 (a / 1) :
-NaCI 20
-N~S04 2
-eact:22HiJ 0,1
-MgSC)4'ï'H20 2
-Na-lactate 3,5
-Na-acétate 2
-Extrait de levure
-Eau distillée q.S.p.1000 ml
Solution 2 (g / 1):
-FeS04·i'J-2° 0,5
-Eau distillée q.s.p.10 ml
Solution 3 (a / 1):
-.Acide ascorbique 0,1
-Na-thioglycolate 0,1
-Eau distillée q.s.p. 10 ml
Le milieu est réparti en tubes d'HUNGATE à raison de 9 ml par tube. 1/ est dégazé dans
chaque tube avec un mélange N 2-C0 2 (80-20 %). Les tubes sont bouchés et autoclavés pendant
30 mn à 110 oC. Le milieu ainsi préparé, en mélangeant les 3 solutions avant stérilisation, doit être
employé rapidement.
Le milieu de culture contient à la fois du lactate (10 mM) et de l'acétate (10 mM) pour le
dénombrement global des BSR : ces deux substrats permettent de cultiver toutes les espèces de
BSR et en particulier, sur acétate, les espèces nouvellement décrites. Pour respecter la
stoechiométrie de l'oxydation des substrats et pour que le sulfate ne soit pas limitant après l'ajout
d'acétate, nous avons augmenté sa concentration.
24
Deux séries de milieux ont été préparées avec du lactate ou de l'acétate. La séparation
des substrats carbonés permet de dénombrer les B8R capables de se développer sur le substrat
choisi et donc d'orienter partiellement l'identification des espèces dénombrées. Ce clivage permet
également d'avoir une idée des substrats présents et utilisés ~
-Na 2 S 04 3
-NaCI 20
-KCI 0,3
-NH 4 CI 0,3
-MgCI 2 ·6H 20 3
-KJ-i 2 P04 0,2
-CaCI 2 ·2H 2 0 0,2
-H 2 0 distillée q.s.p.1000 ml
dispositif
de filtration
4
sortie d'écoulement
du milieu
Les solutions 1, 2 et 3 sont mélangées à raison de 1000 + 2 + 1 ml. Ce mélange est ensuite
autoclavé à 11 DoC pendant 45 mn, dans un ballon (Fig. 8). Dès la sortie de l'autoclavage, lorsque le milieu
est encore bouillant, donc exempt d'oxygène, l'atmosphère du ballon est évacuée (sortie 2) et
remplacée (entrée 1) par un mélange de gaz stérile N2 -C0 2 (80-20%). Le milieu est ensuite refroidi sous
cette atmosphère contrôiée et .maintenu en légère surpression (0,2 bar) (les sorties 2 et 4 sont alor~
fermées).
Les solutions suivantes sont alors rajoutées au milieu:
-NaHC03 2,52 g
-H 2 0 distillée q.s.p.30 ml
-8iotine 1 mg
-Acide p-aminobenzoïque 5 mg
-Vitamine 8 12 3 mg
-Thiamine 10 mg
-H 2 0 distill,ée 100 ml
-Na 2S 204 3 9
-H 2 0 distillée 100 ml
- Na2S.9H20 12 9
- H 20 distillée 100 ml
26
-Na-lactate 22,4 g
ou -Na-acétate 27,2 g
-H 20 distillée q.s.p. 100 ml
Ces solutions (5, 6, 7 et 8) sont prélevées avec une seringue stérile dégazée à l'N 2
(élimination de 1'02 résiduel de l'aiguille) et introduites par le septum de l'entrée 3. Une fois toutes
ces solutions ajoutées, le pH du milieu est vérifié en prélevant stérilement 5 ml de la solution. Le pH
final est théoriquement compris entre 7,3 et 7,5. Si ce n'est pas le cas, il est alors ajusté à ces valeurs
par ajoûts successifs d'une solution de NaOH 3 M ou d'HCI 3 M. Ces solutions préparées au préalable
sont évidemment stériles. Entre chaque ajoût le pH est mesuré.Le milieu est ensuite réparti
stérilement près d'une flamme, dans des tubes de HljNGATE préalablement stérilisés à 110°C
pendant 40 mn. Avant autoclavage, environ a,2 ml d'eau distillée sont introduits dans chaque tube
pour éviter une atmosphère sèche qui peut avoir pour conséquence la résistance de spores à la
stérilisation.
Le milieu s'écoule par la sortie 4 du ballon (Fig.8) grâce à la surpression de gaz maintenue
dans celui-ci. Les tubes sont complètement remplis pour évacuer tout l'oxygène présent à l'intérieur.
Ces tubes sont bouchés avec un septum en butyi noir imperméable aux gaz. Ce septum,une fois en
place, est maintenu par une virole vissée. Ce tube permet les transferts de milieu et les inoculations
sans risque d'entrée d'oxygène grâce à l'utilisation de seringues stériles et purgées à l'azote.
Pour les numérations, 8 ml de milieu sont prélevés (2 ml pour les tests de substrats, de
température, de pH, de salinité) avec une seringue contenant un volume équivalent de gaz N2-C0 2
(80-20 %). Ce mélange gazeux est injecté dans le tube au moment du prélèvement de façon à ne
pas créer une dépression pouvant entrainer l'entrée d'oxygène. Les tubes contiennent alors 9 ml de
milieu et sont prêts à être ensemencés.
Nous avons utilisé la technique du MPN (Most Probable Number) avec 3 répétitions par
dilution. Cette méthode statistique est basée sur la dilution de l'échantillon; on admet que la réaction
propre à l'espèce recherchée, intervenant dans la dernière dilution positive, est due à une seule
cellule (clone).
figure 9 = Techniques d'ensemencement et de dilutions pour la numération des BSR
flacons stériles
sous atmosphère inerte( N )
2
~ 19
1 er tube à dilution
dilution 10- 1
9 ml de milieu
dilution 10- 2
1 1 1 ml 1 1 1 ml
27
• Echantillon aqueux (eau Qéothermalel : 1 ml d'eau est directement injecté avec une
seringue dégazée et stérile dans chacun des 3 tubes qui constituent la première dilution (1/10 ème)
(Fig. 9). Dans chaque tube, 1 ml est prélevé et inoculé dans le tube correspondant de la dilution
suivante. Les autres dilutions sont réalisées comme précédemment jusqu'à 10-5 .
Dans les deux cas deux séries identiques de tubes sont préparées, chacune étant
ensuite incubée à différentes températures (20 et 55"C pour le premier échantillon et 37 et 5SoC pour
le second) pendant une à deux semaines. Une incubation à 55 'OC est intéressante car elle peut
permettre la mise en évidence de bactéries thermophiles strictes, la température du biotope étudié
étant proche de cette valeur.
Dans le cas du milieu de POSGATE, le développement des BSR est visualisé par le
noircissement de la culture obtenu par la production de sulfures qui précipitent avec le fer présent en
solution sous forme de FeS. Le nombre de BSR est alors déterminé par la technique du MPN décrite
ci-après.
Le milieu de WIDDEL et PFENNIG ne contient pas suffisamment de fer pour permettre
cette réaction. On a alors recours au dosage de L'H 2S. Lorsque les tubes présentent un trouble
bactérien, la lecture par ce dosage est effectuée. Ce milieu, bien que séiectif, peut permettre le
développement d'autres espèces bactériennes anaérobies strictes ou facultatives également
présentes dans i'échantillon. Pour cette raison, la présence de BSR ne peut pas être visualisée
uniquement par l'apparition de ce trouble et nécessite donc la recherche d'un caractère propre à ce
groupe. On caractérise les BSR par l'apparition d'H 2 S dans le tube (produit au cours de la réduction
28
des sulfates). Ce dernier est dosé dans tous les tubes positifs par la technique colorimétrique de
CORD-RUWISCH (1984) décrite au paragraprle 1.4.3. On note:
• La dilution la plus forte pour laquelle les trois tubes présentent une réaction positive
• Le nombre de tubes positifs dans les 2 dilutions suivantes.
Le milieu de culture utilisé est celui de WIDDEL et PFENNIG dont la composition est
donnée en 1.2.1.2. Ce milieu, préparé initialement sans sulfate et sans substrat carboné, constitue le
milieu de base auquel il est possible d'ajouter sous forme de solutions stériles, l'accepteur et le
donneur d'électrons choisis. Il est solidifié pour permettre la séparation et le prélèvement des
colonies bactériennes qui s'y développent. Le milieu solide est préparé selon la méthode
recommandée par PFENNIG et TRÜPER (1981) : Une suspension d'agar est lavée 5 fois à l'eau
distillée par agitation et décantation. Elle est ajustée à un volume précis de façon à obtenir une
concentration finale de S %. Cette suspension est répartie en tube de Hungate à raison de 1,5 ml par
tube. L'atmosphère des tubes est remplacée par un mélange N2-C0 2 avant stérilisation à 110°C
pendant 30 mn.
Au moment de l'emploi, les tubes sont chauffés au bain-marie pour liquéfier le culot d'agar,
puis maintenus en surfusion à SO°C. 7,5 ml du milieu liquide à la température de 45 oC, contenant du
sulfate et du lactate (20 mM), sont additionnés à chaque tube. Les tubes ainsi préparés contiennent
9 ml de milieu à 1 % d'agar et sont maintenus en surfusion dâns un bain-marie à 45°C.
Les tubes précédents (à 45°C) sont ensemencés avec 1 ml d'échantillon. Les échantillons
sont les dernières dilutions positives des tubes de numérations incubés à 37 et 55°C et un
enrichissement de l'eau géothermale sur H2 -C0 2 (20-80 %) présent en excès + sulfate + acétate (1
mM) incubé à 55°C.
A partir du premier tube ensemencé, des dilutions de 10 en 10 sont réalisées jusqu'à
10-8 . Avant chaque transfert, le contenu des tubes est homogénéisé par renversement. Le milieu
gélosé est refroidi puis incubé à la température d'origine de l'échantillon pendant environ 1 semaine.
29
Ces dilutions permettent d'avoir des colonies bien individualisées dans la gélose ce qui
facilite leur prélèvement. En théorie les colonies obtenues dans les dernières dilutions
correspondent aux souches dominantes présentes dans l'enrichissement de départ.
1.3.3. ISOLEMENTS
Les colonies de BSR sont entourées d'un halo noir à cause de la précipitation de l'H 2S
produit avec le fer contenu dans le milieu. Ces colonies noires sont prélevées stérilement avec une
pipette Pasteur, puis repiquées et diluées séparément en milieu liquide. La dernière dilution positive
est de nouveau diluée dans une série de 8 tubes de milieu gé/osé. Deux à trois séries successives
sont généralement nécessaires pour l'obtention d'une culture pure. La pureté des souches est
vérifiée:
- par ensemencement sur milieu riche: le milieu de WIDDEL sans sulfate est supplémenté
avec 0,5 % de glucose, 0,5 % de biotrypcase et 0,5 % d'extrait de levure.
- par examen au microscope.
Quand les bactéries sont isolées en culture pure, on peut les garder en souchier en vue
de leur identification ultérieure. Elles sont conservées en milieu liquide à 4°C et entretenues par
repiquages à intervalles réguliers.
L'étude des 5 premiers caractères est effectuée par observation microscopique (X1000)
de la culture pure à l'état frais et après coloration de Gram (paroi). Pour l'appréciation de la taille des
cellules nous avons réalisé des photographies (contraste de phase, X1000). Une goutte de
suspension bactérienne, obtenue après centrifugation, est déposée sur une fine pellicule d'agar
30
séché, répartie sur une lame. La goutte est ensuite recouverte d'une lamelle lutée à la paraffine. La
suspension pénètre dans "agar et les cellules sont immobilées ce qui évite tout mouvement durant
la prise de vue.
Une culture de 10 litres (inocuJum = 20 %) est effectuée sur le milieu liquide de WIDDEL.
En fin de phase exponentielle de croissance, les cellules sont collectées par centrifugation de la
totalité de la culture. Elles sont lavées 2 fois dans du tampon phosphate ( KH 2 PO4 50 mM - K2HPO 4
50 mM ajusté à pH 7). Le culot est récupéré puis Iyophilysé et envoyé à la DSM (collection allemande
de microorganismes, G6ttingen, RFA) pour être analysé.
La valeur du G+C % (100 X [moles guanine + cytosine] / nombre total de moles de bases)
a été déterminée par H. HIPPE, G6ttingen, F.R.G., par ultracentrifugation dans un gradient de
chlorure de césium. L'ADN de Micrococcus luteus ,dont le G+C % est de 73,77 mol % a été utilisé
comme référence.
·Le suivi de la densité optique à 580 nm, sur Spectronic 21 Bausch et Lomb,
directement dans les tubes de culture.
• Le dosage des produits du métabolisme tel que l'H 2S (méthode colorimétrique) ou
l'acétate (chromatographie en phase gazeuse). Parfois on mesure aussi la concentration en substrats
consommables présents au départ tel que le butyrate (chromatographie en phase liquide).
31
Les cultures sont réalisées sur le milieu de base de WIDDEL additionné de lactate (20 mM)
et de sulfate. Pour chaque température testée, 3 tubes de milieu sont inoculés avec 10 % (vol/vol)
d'une préculture agée de 2 à 4 jours suivant les souches. En fin de phase exponentielle de
croissance, après environ 30 h, la concentration en H2S et la DO de la croissance sont mesurées.
Dans certains cas la courbe de croissance de la souche a pu être enregistrée pour chaque
température et a permis de calculer le temps de division cellulaire en fonction de la température.
• pH optimal de la croissance
Les cultures sont réalisées comme précédemment dans des milieux à différents pH,
incubés à la même température. Le pH controlé en fin de croissance ne varie pas (milieu tamponné).
32
Pour étudier l'influence de la concentration en sel sur la croissance des souches isolées,
des quantités croissantes d'une solution de NaCI à 300 g / 1ont été ajoutées à du milieu de WIDDEL
et PFENN IG liquide ne contenant pas au départ de NaCI. Une gamme de salinité de a à 10 % de NaCI
est ainsi obtenue. Deux tubes ont été utilisés pour chaque concentration. Chaque série est ensuite
ensemencée avec la même quantité (1 ml) d'une pré-culture en phase exponentielle de croissance.
Compte tenu que l'inoculum contient 20 g / 1de NaCI, la gamme varie en fait de 0,1 à 10,1 %.
Le milieu de base de WIDDEL et PFENNIG est utilisé pour tester l'utilisation de différents
substrats constituant les sources de carbone et d'énergie et les différents accepteurs terminaux
d'électrons. Ces composés sont préparés et stérilisés séparément sous forme de solutions
concentrées (0,1 à 2 mol / 1). Ils sont ajoutés de façon à obtenir une concentration finale comprise
entre 0,1 et 20 mmol / 1. Des cultures de contrôle sont réalisées sur le milieu sans source de carbone
et d'énergie ou sans accepteur additionnel. Chaque test est effectué en double. Les tests
d'utilisation de l'hydrogène sont vérifiés par 4 repiquages successifs de façon à épuiser le milieu en
composés organiques (lactate et acétate) présents dans l'înoculum de départ.
20°C 56°C
1er prélèvement
dépôts de Lactate + acétate Lactate + acétate
Nov. 1983 corrosion 25 bactéries / g 300 bactéries / g
3rC 56°C
Lactate Acétate Lactate Acétate
Eau du
2ème
circuit
prélèvement 50 0 2 0
2. RESULTATS
2.1. DETECTION ET NUMERATION DES BSR DANS LE PUITS
GEOTHERMIQUE DE CREIL
Il faut distinguer deux séries d'enquêtes, l'une au cours de laquelle l'arrêt du puits pour le
remplacement de la pompe a donné accès aux dépôts de corrosion (cf. par. 1.1.), l'autre pendant
laquelle cette opération n'a pas été possible et où les échantillons prélevés sont de l'eau du circuit et
de l'eau des zones présentant une faible turbulence (vannes). Les résultats des numérations
présentés dans le tableau ci-contre (tableau 2) montrent la présence de BSR dans le puits
géothermique de Creil aussi bien dans l'eau que dans les dépôts de corrosion. Néanmoins, on ne
remarque pas de différences significatives du nombre de bactéries en fonction des conditions
établies dans le puits (normales ou pertubées à l'occasion des opérations de remplacement de la
pompe).
Dans les dépôts de corrosion obstruant le puits, on constate une nette prédominance des
bactéries thermophiles alors que dans l'eau de puits, le nombre de bactéries mésophiles est
supérieur.
On observe que les bactéries sont plus, nombreuses dans les zones du circuit
caractérisées par de faibles débits (eaux accumulées dans les vannes).
Aucune bactérie n'a été dénombrée sur le milieu contenant de l'acétate aussi bien à 37
qu'à 55 C.
D
Après la phase de numération des BSR, nous avons commencé la procédure d'isolement
des espèces dominantes présentes dans le sondage de Creil. Deux objectifs principaux ont été
assignés à cette étape de purification:
suspension a été transférée puis diluée dans un milieu maintenu liquide avant sa gélification. Les
différentes colonies développées après incubation ont été prélevées une à une et repiquées pour la
suite de la purification. Bien que le milieu soit relativement sélectif (une seule source de carbone,
présence de sulfates, milieu minimun), certaines de ces colonies peuvent être des espèces
34
anaérobies n'appartenant pas au groupe des BSR. Les colonies de BSR sont de couleur noire ou
marron due à la précipitation des sulfures produits au cours de leur métabolisme avec les ions ferreux
présents dans le milieu. Cette couleur constitue donc un premier indice permettant de ne pas les
prélever au hasard. Des séries de repiquages sur milieux alternativement liquides et solides,
précédés de séries de dilution, s'échelonnant sur un à deux mois, ont permis de purifier des souches
de BSR.Les nombreux examens ainsi que l'observation des colonies, accompagnant ces étapes de
purification, nous ont autorisé à éliminer en cours d'isolements, les souches morphologiquement
similaires à celles retenues.
Ces nombreuses manipulations ont abouti à l'obtention de 4 espèces différentes de BSR.
Les repiquages sur milieu riche (contenant glucose, extrait de levure et biotrypcase) exempt de
sulfates, permettant le développement en masse de contaminants présents éventuellement à l'état
latent, ont confirmé que les cultures étaient vraiment axéniques:
- Une souche a été obtenue à partir d'un enrichissement de l'eau géothermale sur lactate
plus sulfates incubé à 37°C (souche A). L'ensemble des BSR développées à cette température
présentaient toutes une forme de vibrio de même dimension. L'obtention de nombreuses souches
ne constituant pas l'essentiel de notre objectif, nous avons préféré, comme nous l'avons déjà
signalé, abandonner les duplicata en cours de purification pour ne retenir qu'un représentant de ce
type morphologique.
d'enrichissement du fluide géothermal sur lactate plus sulfate incubé à 55°C (souches 01 et D2)'
sur H2-C02 (20-80 %) plus sulfate, contenant 1 mmol/ 1 d'acétate. Cette quatrième souche (03), de
morphologie différente des précédentes, a été obtenue sur ce milieu incubé à 55°C.
MorpholoQie des colonies; Elles apparaissent après 4 à 5 jours sur milieu gélosé incubé à
37°C et sont punctiformes et de couleur ncire. Après 8-10 jours, elles mesurent environ 1/2 mm de
MorpholoQje des cellules: Les cellules en phase exponentielle de croissance ont une
forme de vi brio et font 2,5 à 3 )..lm de long sur 0,5 )..lm de large (Photo 1). Elles sont mobiles et un
flagelle polaire a pu être observé en microscopie électronique à balayage (Photo 2). Leurs
Photo 1 : Forme vibrioïde des cellules de la Photo 2 : Flagelle polaire de la souche A
souche A (Contraste de phase) Microscopie à transmission)
,
\ 1
<
10 lJrn , ,
Photo 3 : Cellules de la souche 0,- Sporulation Photo 4 : Cellules de la souche 02 - Sporulation
(Contraste de phase) (Contraste de phase)
E Q,3 12
c
,... ...
Q)
-...
a:l
1() ~
10
0 ~
c en
1 -
1
0,2 8
0
E
6
E
0,1 4
l
2
20 30
température CC)
FiQure 10 = Influence de la température sur la croissance
de la souche A et la produC1îon de sulfure
E
c ...
G)
,...a:l
lt'l
0
0,3 12
en
- ~
c 10 "7
1 0,2 8
-0
E
E
6 l
0,1 4
6 7 8 9
pH
Figure 11 = pH optimal de croissance de la souche A à 37°C.
35
mouvements cellulaires très rapides leur donnent une apparence de batônnets lors de leurs
déplacements. Les cellules se lysent très rapidement lorsqu'elles sont en phase stationnaire de
croissance. Elles réagissent négativement à la coloration de Gram.
Etude physioloQiQue
37-38°C à pH 7,5. La température minimale est un peu inférieure à 20°C et la température maximale
n'excède pas 43°C. C'est une espèce mésophile.
(Fig. 11).
* Comportement vis-à-vis de la salinité : La souche se développe à des concentratir:ms
en l'laCI comprises entre 1 et 50 gll.
Etude nutrionnelle
* Donneurs d'électrons: la souche A dégrade les substrats classiques des B8R, dont
l'utilisation a été décrite dans la littérature (P08GATE, 1959) : lactate, malate, éthanol (Tab. 3). Les
substrats plus originaux comme les acides gras ont été testés car deux espèces de Desulfovibrio
capables de les dégrader ont été nouvellement décrites (WIDDEL, 1980: WIDDEL et PFENNIG,
1981). Cependant la souche A est incapable de les utiliser. Cette souche utilise l'H2 et le formiate
comme donneurs d'électrons mais seulement lorsque le milieu est supplémenté avec de l'acétate
qui sert exclusivement de source de carbone.
MorpholoÇlie des cellules: Elles ont une forme de batonnets, assez longs (4,5 llm x 1 llm),
faiblement mobiles et sporulés (Photo 3). Les cellules forment des spores en phase stationnaire de
croissance et se renflent progressivement en fonction du stade de sporulation (1,5 llm de
large).Elles sont Gram-négatif.
Tableau 4 = Composés utilisés par la souche D1
(a) : Les substrats donneurs d'électrons ont été testés dans un milieu
contenant du sulfate en excès
(b) : Les différents accepteurs d'électrons ont été testés dans un
milieu contenant 20 mmole /1 de lactate utilisé comme source de
carbone et d'énergie.
(1) : Présence d'une mmol / 1 d'acétate servant exclusivement de source
de carbone.
36
Etude ohysiologiQue:
l'équilibre est déplacé vers la formation des ions S2- et HS-, non toxiques pour la bactérie. Les pH
minimum et maximum sont respectivement de 6,4 et 8,9.
Etude nutritionnelle:
présence d'acétate.
MorpholoÇlie des colonies: Les colonies sont de forme lenticulaire et de couleur noire.
Morph%Çlie des cellules: Les cellules mesurent 2,8-3,8 ~m de long et 1,1 flm de large
(photo 4). Ce sont des batônnets, faiblement mobiles, qui forment des spores et qui sont Gram-
négatif. En phase stationnaire de croissance, les formes sporulées sont nombreuses et leur largeur
est environ le double des cellules en phase exponentielle de croissance (2,2 ~m).
Tableau 5 - Comparaison des caradéristiques physiologiques et nutritionnelles
des souches 02 et 03 avec celles des espèces de Desulfotomaculum
déjà répertoriées
SUBSTRATS m'!!.QJ!lQ: orJentis O. rumin/s O. nigri/lcans TEP TWC ~ D. acetoxidans _FD-=-. ----=--::I:....::....:.=:..:..:..::=.:c'-=--f-----==-=:..:.=~~:::.=~:.:::.-~I
t! 2- c °
L(~~~~~ L_~l L - _ + + + + + . __~ - .__--=--=-=--_
H2-C02 __ ~~cè.?L-~__~_ _ f-_ _ - . - 1-----=-__'-__-= t_!T -'-- _
fORMAI~~~L~~ + + + + + __ ~ .j--------
références a a a b b b a
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0
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0..
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40 \
45 50 55 60
température (c)
Figure 16 = Influence de la températuresur le temps de
génération de la souche 03
-
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1:J
o
12
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Q.
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en
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1
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\
1 1
---.
\
1
1
6 7 8 9
pH
Figure 17 - Influence du pH sur le temps de génération
de la souche 03
37
Etude physioioQique :
C'est une bactérie thermophile car aucune croissance n'a été obtenue en dessous de 40 oC.
Etude nutritionnelle;
• Oonneurs d'électrons: Hormis les composés traditionnels, cette souche utilise les
substrats nouvellement testés par PFENNIG et WIOOEL (1981), tels que le butyrate, le ;Jropionate et
certains acides gras à plus longue chaîne comme le palmitate et le pélargonate (Tab. 5). Cependant,
aucune croissance sur acétate n'a été observée, comme dans le cas des souches étudiées par
KLEMPS et al. (1985).Elle n'utilise pas les acides aromatiques. La souche se développe sur fructose
en absence et en présence de sulfate. Comme la souche précédente, celle-ci affict18 un
métabolisme autotrophe strict.
MoroholoQie des cellules: Les cellules sont des batônnets (2,6 !lm X 0,5 llm), mobiles.
Une flagellation péritriche (2 à 3 flagelles) a pu être observée en microscopie électronique à
transmission (photo 6). Dans le cytoplasme, on observe en contraste de phase, une spore et une
autre structure très réfringente (Photo 5). La spore est légèrement décentrée à cause de la présence
de cette structure qui a pu être identifiée comme étant une vacuole de gaz car elle disparait des
cellules après une centrifugation de 5 mn. En microscopie à balayage, on observe la forme en citron
que prennent les cellules par suite de la présence de ces deux éléments. Les cellules sont
légèrement plus courtes et surtout plus larges pendant la sporuiation (1,2 llm) (photo 6 et 7). ,A.près
une pasteurisation (10 mn à SO°C)les spores redonnent des cellules identiques à celles initialement
présentes dans le milieu de culture. La souche, après coloration spécifique, est Gram-négatif.
i
..
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10 20 30 40
NaCI (g/I)
1,35 99,2%
6,5 11,5 13 1,5 4,6 3,25
1,8 88 0/0
10 15,2 20 4,8 6,8 5
TABLEAU 7 :
50,4 mol %.
Etude physioloÇ1ique :
54°C (fig. 16). Elle est thermophile modérée, aucune croissance n'ayant été observée à 58°C et au
dessous de 35°C.
jusqu'à 100 g / l, a donné une croissance de 1 à 50 g /1 avec un optimun situé entre 24 et 28 9 / l, sei!
à une teneur totale en sels comprise entre 30 et 34 g /1 (fig. 18).
Etude nutritionnelle:
un très grand nombre d'acides gras à courte et longue chaîne mais elle ne dégrade pas l'acétate (Tab.
5). L'analyse des produits du métabolisme, après croissance sur butyrate, est présentée dans le
tableau 7. Elle est également capable d'utiliser l'énergie fournie par l'oxydation de l'hydrogène pour
3. DISCUSSION
3.1. POSITION TAXONOMIQUE DES SOUCHES ISOLEES DU
FLUIDE GEOTHERMAL DE CREIL
Les quatres souches isolées du puits de Creil ont été identifiées ou jugées comme des
espèces nouvelles sur la base de leurs propriétés morphologiques, physiologiques et
nutritionnelles, par référence au Bergey's Manual (WIDOEL et PFENNIG, 1984), au tome 2 de "The
Prokaryotes" (PFENNIG et al., 1981) et à différentes publications de taxonomie (WIODEL et
PFENNIG, 1977; KLEMPS et al., 1985; CORO-RUWISCH et GARCIA, 1985).
39
l'H2 n'est pas un caractère penmettant une identification complète de cette souche car c'est le propre
sporulation, la souche 01 se rattache donc à ce genre, à l'intérieur duquel elle peut être identifiée à
O. nigrificans seule espèce thermophile de ce genre décrite jusqu'à maintenant. D'un point de vue
nutritionnel, ces deux souches sont également identiques bien que contrairement à O.nigrificans , la
l'absence totale de matière organique est surprenante en raison de l''apparente incapacité, observée
depuis longtemps, des espèces de Oesulfotomaculum à se développer sur H2' Ce n'est que
récemment que cette propriété a été démontrée avec des souches déjà répertoriées et
nouvellement isolées appartenant à ce genre (KLEMPS et al.,1985).
Bien que la souche O. nigrificans étudiée par KLEMPS et al. (1985) soit incapable d'un
mode de croissance autotrophe stricte, nous ne proposons pas la définition d'une nouvelle espèce
pour la souche 01 en raison de la grande similarité existant par ailleurs entre ces deux souches.
pour l'identificâtion des BSR qui nous autorise à la rattacher au genre Oesulfotomaculum. Le tableau
5 résume les caractéristiques principales de plusieurs espèces du genre Oesulfotomaculum et
permet de les comparer à celles de la souche 02' L'analyse de ce tableau souligne deux
observations importantes:
- Une seule espèce thermophile a été décrite jusqu'à maintenant dans ce genre. Il s'agit de
O.nigrificans qui n'utilise pas les acides gras.
- Toutes les espèces capables de dégrader les acides gras sont mésophiles.
40
développer sur acides gras ne se rattache à aucune des espèces précédemment décrites.
La croissance sur fructose de cette souche ainsi que de la souche 03, permet d'expliquer
le trouble bactérien obtenu dans les tests de pureté effectués à 55°C en l'absence de sulfate, ceux à
37°C étant complètement négatifs. Les tests à 55°C ne contenaient pas de fructose mais seulement
du glucose sur lequel les deux souches sont incapables de se développer. En fait, une partie du
glucose dans les solutions autoclavées se décompose en fructose sous l'effet de la chaleur. La
croissance sur glucose de O.nigrificans décrite par CAMPBELL et al. (1957) et AKAGI et JACKSON
(19ô7) n'a été observée par KLEMPS et al. (1985) qu'à partir de solutions de glucose autoclavées et
non avec des solutions stérilisées par filtration, indiquant effectivement l'isomérisation partielle à la
chaleur du glucose en fructose.
avons reporté sur le tableau 5 ses principales caractéristiques de façon à pouvoir également les
comparer à celles des espèces déjà existantes et à la souche 02' Cette étude comparative faite en
suivant la même démarche que celle adoptée pour la souche 02, nous montre que !a souche étudiée
ne peut être assimilée à aucune des espèces du genre Oesulfotomaculum déjà décrites.
Morphologiquement (formation de vacuoles et sporulation), elle se différencie aussi de la souche 02-
Cependant la définition de deux nouvelles espèces apparaît injustifiée en raison des caractéristiques
étudiée de manière plus approfondie (GC %, pigments, tests de l'utilisation de nombreux acides gras,
suivi de la croissance sur butyrate et analyse des produits du métabolisme).
La souche 03 semble théoriquement faire une oxydation complète du butyrate.
Cependant, nous avons vu qu'elle est incapable de dégrader l'acétate seul et qu'à partir du butyrate il
y a excrétion de quantités variables d'acétate dont les valeurs sont très proches sans être identiques
de celles que l'on aurait obtenues dans le cas d'une oxydation complète. On peut en déduire que le
butyrate se dégrade plus vite que l'acétate et que les souches meurent avant d'avoir totalement
oxydé l'acétate. Cette hypothèse a déjà été envisagée à propos de la dégradation de l'éthanol
(IMHOFF-STUCKLE et PFENNIG, 1983). Etant donné que l'acétate seul n'est pas dégradé, il existe
peut-être une co-oxydation obligatoire de l'acétate et du butyrate.
Les résultats nous permettent de classer 03 dans le groupe des BSR réalisant une
oxydation complète de leurs substrats. L'originalité de cette souche réside dans son caractère
thermophile et sa capacité à utiliser l'hydrogène comme donneur d'électrons pour la réduction des
sulfates dans des conditions d'autotrophie stricte. Il nous a paru nécessaire de créer une nouvelle
espèce que nous avons appelée Oesulfotomaculum geothermicum et qui a été déposée dans une
collection européenne de souches: Oeutsche Sammlung von Mikroorganismen (OSM), Gëttingen,
F.R.G., sous le numéro 3669. Elle a fait l'objet d'une publication (OAUMAS et al . ,1987, soumise à
Antonie V. Leeuwenhoek, J. Microbiol.).
41
L'hypothèse de l'intervention des BSR dans la corrosion des métaux a été fréquemment
avancée dans de nombreux cas concrets de corrosion (BUTLIN et al., 1949 b; KOBRIN, 1976;
TUTTLE et KANE, 1981; TATNALL, 1981 a; STOECKER, 1984). Elle puise l'un de ses arguments
dans la mise en évidence presque systématique de ce groupe bactérien au niveau des ouvrages
endommagés, ces derniers présentant généralement, une morphologie de corrosion en piqûre.
Cette corrosion localisée, beaucoup plus sournoise qu'une corrosion uniforme car elle conduit très
rapidement à des periorations pouvant entrainer ['arrêt des installations, a généralement été attribuée
aux BSR (KOBRIN, 1976; CROMBIE et al., 1980; TATI\JALL, 1981 b; GOYENECHE et LONGIN,
1981; TILLER, 1983; HAMILTON, 1985).
Des phénomènes de corrosion importants (Photos 9, 10, 11), ont entraîné à deux
reprises, sur une période de fonctionnement de 8 ans, le changement de la pompe et d'une partie
des canalisations du puits de production de la centrale géothermique de Creil.
Le facies d'attaque observé présente une forme générale de cratères ou de piqûres
pouvant aller jusqu'à la perforation du métal (photo 10 ). Notre étude a permis de mettre en évidence
la présence de BSR dans ce puits. L'ensemble des conditions précédentes sont réunies pour
conclure à une corrosion d'origine biologique. Cependant la présence de BSR au niveau des lésions
n'implique pas forcément qu'elles en sont activement responsables. Une analyse de nos résultats
permet de préciser les possiblités de développement de ces bactéries dans les conditions qui
règnent lo....s.i!.!..1, possibilités dont découlent leur participation active dans les processus de corrosion.
Les résultats des numérations révèlent l'existence de BSR aussi bien dans l'eau du circuit
que dans les dépôts de corrosion prélevés dans le conduit de production de Creil.Bien que la
présence concomitante de ces bactéries et des phénomènes de corrosion suggère leur participation
dans ce processus, il est quand même risqué de conclure si rapidement. En effet, leur effectif n'est
pas en rapport avec l'ampleur des dégats observés. Cependant les résultats ne sont peut-être pas
représentatifs de la population réelle pour plusieurs raisons:
'l~1r~~~~!iici~~~~~~lpa rt je
superieure
de la
colonne de
production
perforat ion s
. -.:.
APRES LEUR SORTIE DU PUITS GEOTHERMIQUE DE CREIL
aspect de
la partie
:.:.-""11:;. cou r an t e
de la
colonne
42
* Dans l'eau du réseau
Par conséquent, les effectifs mis en évidence dans l'eau géothermale pou rraient
correspondre à une faible fraction de la communauté fixée se détachant soit spontanément soit sous
l'influence de la vitesse de circulation de l'eau ( 0,6 à 3 m / s en fonction des conditions d'exploitation)
et véhiculée par le fluide' géothermal jusqu'à la surface. D'après COSTERTON et al. (1978), cette vie
sédentaire est très favorable à la prolifération des bactéries grâce à un apport et un renouvellement
continuel "d'aliments" par l'eau courante.
La vitesse de circulation du fluide dans la conduite peut devenir un facteur limitant pour
l'adhésion des bactéries et la formation de biofilm (DUDDRIGE et PRITCHARD, 1983; GUEZENNEC,
1986). Cependant lorsque le puits fonctionne en production artésienne (période de 6 mois),
l'intérieur du conduit dans lequel est suspendue la pompe se trouve envahi par une eau géothermale
stagnante favorable à la colonisation bactérienne des surfaces. C'est d'ailleurs au niveau de ces
canalisations qu'ont été observées les perforations les plus rapides (GOYENECHE, 1981). Les
possibilités de dégradation des métaux sous ce biofilm ont été décrites par plusieurs auteurs
(ZOBELL, 1943; COSTERTON et GEESEY, 1979 b, OBUEKWE et al., 1981).
- La détection d'un nombre restreint de bactéries thermophiles dans l'eau du réseau peut
également s'expliquer par l'emploi d'une méthodologie différente à l'occasion de ce prélèvement. En
effet, le milieu de culture utilisé, en comparaison de celui employé lors du premier dénombrement,
était pauvre en matière organique et ne contenait qu'une source de carbone et d'énergie (lactate ou
acétate). Or l'étude taxonomique des souches thermophiles isolées du puits de Creil a montré
43
La présence de BSR dans un biotope défini n'implique pas forcément qu'elles soient
actives dans les conditions lrL.s.i1JJ. de leur habitat. En ce qui concerne le site géothermique de Creil,
leur participation active aux phénomènes de corrosion n'est pas parfaitement établie. Toutefois
plusieurs observations apportées par l'analyse physico-chimique de l'eau géothermale et l'étude
physiologique et nutritionnelle des souches militent en faveur de leur intervention:
a- Présence d'éléments nutritionnels et de conditions physico-chimiques requises pour le
développement des BSR (anoxie, pH, sulfates, source d'azote, matière organique).
b- Adaptation des souches isolées à leur environnement (température, salinité).
44
Nous rappelons que la composition de l'eau géothermale est donnée dans le chapitre
"matériel et méthodes". Nous n'avons pas intégré ces résultats aux notres bien qu'ils aient été
enregistrés parallèlement à notre étude bactériologique. Cependant il est nécessaire de les utiliser
dans notre discussion car ils apportent des renseignements intéressants quant aux possibilités de
prolifération des BSR dans le site étudié. Nous faisons également référence à des rapports internes
au B.R.G.M. ou à l'I.M.R.G. concernant le puits géothermique de Creil.
• Dans ces eaux fossiles non renouvelées comme a tendance à le montrer le maintien
d'une salinité importante (28 g / 1) et d'une température élevée (56 OC), la concentration en oxygène
dissous est égale à 0,048 ppm. Ces traces d'oxygène décelées lors des analyses, qui peuvent
néanmoins être préjudiciables à la croissance des BSR, ont été attribuées à une contamination des
échantillons lors des prélèvements (GOYENECHE. 1981). Cette anoxie est tout à fait favorable au
développement des BSR dont le métabolisme respiratoire est anaérobie strict.
Le potentiel rédox de l'eau géothermale n'a pas été déterminé mais celui requis par les
BSR se situe, en plus de l'abscence d'oxygène, en dessous de - 100 mv / E.N.H. (LEGALL et
POSTGATE, 1973; WIDDEL et PFENNIG. 1977). Si l'on s'en réfère au processus de colonisation des
suriaces par les bactéries, on conçoit aisément que les BSR puissent trouver sous les dépôts de
corrosion des micro-environnements leur assurant un potentiel d'oxydo-réduction satisfaisant. Ces
conditions d'anaérobiose peuvent également être réalisées par l'adhésion préalable de bactéries
aérobiesou anaérobies facultatives (COSTERTON et LASHEN, 1983). Sous ce biofilm qui limite la
pénétration de l'oxygène, l'environnement est propice au développement des anaérobies telles que
les BSA. Il a été postulé par DOCKINS et al. (1980) que les BSA sont plus actives dans un état
adsorbé au niveau de ces microzones, probablement parce qu'elles y trouvent les conditions
adéquates à leur croissance.
• Nous avons évoqué lors de l'étude physiologique des souches, l'importance du pH sur la
croissance des BSA. Cette notion réduit le champ d'activité des bactéries car de manière générale
elles se développent dans une fourchette allant de pH 6 à pH 8 avec un optimum proche de la
neutralité. Cependant ce dernier correspond au pH du fluide géothermal. Ce paramètre est donc
compatible avec une croissance bactérienne.
• L'eau du réservoir desservant le puits de production de Creil contient des sulfates (en
moyenne 740 mg / 1). Cet ion constitue l'élément clé du métabolisme des BSR puisqu'elles l'utilisent
comme accepteur terminal d'électrons dans l'oxydation anaérobie de leurs substrats. Dans les
DONNEURS D'ELECTRONS
. / ) ACET:TE I~~~~
./ /'-
./ . \, absence ./ .........................
faible effectif ./ ", /" ....... SS R accélération
dans le--",r, i eu .~
Hase+-----.. des processus
bacteries
fermentatives de c.orrosion
La présence de FeS dans les dépôts de corrosion permet d'envisager la participation des
BSR dans les phénomènes de corrosion, l'action corrosive de ce dernier ayant été postulée par
plusieurs auteurs (KING et WAKERLEY, 1973; KING et al., 1973 a, b; SMITH et MILLER, 1975).
Par ailleurs, les BSR isolées du puits de Creil utilisent l'hydrogène en particulier les
espèces thermophiles qui sont capables de l'oxyder en l'absence totale de carbone organique. Dans
ce même ordre d'idée, il est également intéressant de constater qu'aucune BSR ne s'est
développée sur acétate (la méthodologie qui consiste à séparer les substrats dans les tubes de
culture permet d'avoir une idée de ceux qui sont présents et utilisés dans le puits). Ce résultat est
surprenant car l'acétate ainsi que l'hydrogène sont les donneurs d'électrons les plus répandus dans
la nature pour la sulfato-réduction (BALSA et NEDWELL. 1982; WINFREY et WARD, 1983). Cette
absence de croissance sur acétate et, par la suite l'incapacité des souches à utiliser ce substrat in
ïi1.!:Q.. sous-entend une carence en cet élément (Fig. 19) et conforte la thèse de l'inhibition de la
production de matière organique dans le fluide géothermal, par voie fermentative, les principaux
métabolites de ce processus étant l'acétate et l'hydrogène. D'autre part l'affinité pour l'H2 affichée par
46
les souches lors de l'étude nutritionnelle laisse entrevoir que ce dernier serait l'un des principaux
donneurs d'électrons dans l'écosystème étudié. Si l'H2 n'est pas synthétisé par le biais des
fermentations il peut avoir pour origine sa production au niveau des zones cathodiques des
canalisations en fer corrodées (ZOB ELL, 1958). L'utilisation de cet H 2 permet alors d'envisager
Le fluide exploité à Creil contient du C02 sous forme dissoute (18,3 ppm) pouvant servir de source
En plus, les additifs rajoutés dans les boues au moment des opérations de forages sont
une source potentielle de substrats carbonés. Ces additifs sont généralement des viscosifiants et
des produits anti-moussants. Les premiers contiennent des polymères cellulosiques et des
carboxyméthylcelluloses de sodium alors que les seconds sont essentiellement à base d'acides gras
et autres composés organiques (stéarate, isobutanol). Certaines souches isolées du puits de Creil
utilisent les alcools et les acides gras comme source de carbone et d'énergie: par exemple, la souche
03 est capable de dégrader le stéarate. Les composés cellulosiques ne sont pas des substrats des
BSR, mais ils peuvent être dégradés par d'autres bactéries en petites molécules directement
assimilables par les BSR. L'injection de ces produits, dans un but initial bien défini, peut donc avoir de
graves conséquences secondaires en particulier en favorisant directement ou indirectement le
développement des bactéries corrosives.
La mise en évidence de ces bactéries en quantités non négligeables (900 BSR / ml) au
niveau des zones du circuit caractérisées par un faible débit indique manifestement qu'elles ont
trouvé des conditions physico-chimiques favorables à leur prolifération dans ces gites facilitant leur
adhésion et leur assurant probablement une température moins élevée.
Les divers points développés ci-dessus mette'nt" en reiief les notions de facteurs limitants
la croissance et de seuils. Ces notions étant prises en considération, il apparait que toutes les
conditions indispensables à la survie et à la croissance des BSR, en particulier des thermophiles, sont
réunies dans l'écosystème de Creil pour que ces dernières puissent y exercer une activité. Des
mesures d'activité ~ spécifiques de ces bactéries (réduction des sulfates) pourraient permettre
d'évaluer sans ambiguité leur activité dans l'aquifère. En ce qui concerne leur incidence dans les
phénomènes de corrosion, la capacité des souches à utiliser l'H2 suggère leur participation aux
lésions observées.
Cette étude est une étape préliminaire à la définition de moyens de lutte contre la
corrosion biologique. La présence de BSR dans le sondage de production de Creil pose le problème
48
de leur provenance. La connaissance de leur origine influe directement sur le choix des solutions à
développer, ces dernières pouvant être préventives ou curatives. Trois hypothèses peuvent être
envisagées en ce qui concerne l'origine des BSR :
- Elles sont introduites lors des opérations de forage, soit par l'intermédiaire des boues,
soit par une contamination au moment de la traversée de couches géologiques sus-jacentes à la
nappe, riches en germes.
- Elles peuvent être également issues d'une contamination par les eaux de surface
pénétrant dans l'aquifère par migration verticale ou horizontale.
- Elles pré-existent dans le réservoir soit à l'état développé actif soit à l'état passif sous
forme de spores permettant une latence prolongée.
(THODE et al., 1949,1951; TROFIMOV, 1949; SZABO et al., 1950; MACNAMARA et THODE,1950,
1951; JONES et STARKEY, 1957). Il est impossible à partir de ce type d'analyses de déterminer si
cette variation isotopique est le résultat d'une activité ancienne (origine autochtone) ou récente
49
(contamination au moment du forage) (FOUILLAC et CRIAUD, B.R.G.M., communication
personnelle). Cependant, le processus d'enrichissement en soufre 34 dans la forme oxydée (S04 2 -)
étant très lent, il semblerait que cette activité remonte à la période géologique de formation du bassin
sédimentaire de la région parisienne. Cette remarque qui n'exclut pas qu'il existe également une
activité contemporaine depuis la réalisation du forage, témoigne d'une origine autochtone des BSR
dans le puits de Creil.
CHAPITRE 3
ETUDE DES POTENTIALITES CORROSIVES
DES aSR ISOLEES DU
PUITS DE GEOTHERMIQUE DE CREIL
50
CHAPITRE 3
ETUDE DES POTENTIALITES CORROSIVES
DES BSR ISOLEES DU
PUITS GEOTHERMIQUE DE CREIL
1 . MATERIEL ET METHODES
1.1. ECHANTILLONS
1.1.1. origine et composition chimique des échantillons
Les deux aciers testés dans cette étude pour leur résistance à la corrosion en présence
de BSR sont utilisés dans les installations géothermiques. Des échantillons issus de deux tubes
nous ont été fournis par la Société VALLOUREC sous forme de plaques de 50 X 25 x 3 mm.
- K55 = Acier au carbone à structure ferrite-perlite. Il est principalement employé dans la
centrale géothermique de Creil pour l'équipement des puits.
-LaO VC 13 = Acier inoxydable ferritique à 13% de chrome actuellement utilisé en
géothermie dans les organes de pompe.
Repère C Si Mn P S Cr Mo
........----tube en verre
1'*-----1il electrique
------------ - - -~----
.-f"-1..........""'l- - - --------
resine
........
"'--' ~---------------~~..-
1.. "'1
1cm
Pour tendre vers un état de surface initial reproductible d'une expérience à l'autre,
l'échantillon est poli par abrasion mécanique, sous courant d'eau, avec du papier émeri de graduation
de plus en plus fine (200,350,640, 1000). Après le polissage, l'échantillon est dégraissé à l'alcool
éthylique de façon à éliminer toute trace de matière organique, rinçé à l'eau distillée et séché avec du
papier joseph. L'ensemble du montage est ensuite rapidement stérilisé par flambage à l'alcool avant
son introduction dans l'électrolyte pour éviter toute contamination par des espèces bactériennes
autres que la souche étudiée durant l'expérience. L'électrode de travail est alors immédiatement
immergée dans la solution afin d'éviter l'oxydation à l'air de la surface de l'échantillon.
Deux impératifs nous ont guidés dans la réalisation de la cellule d'essai utilisée dans ce
travail:
-Le réacteur devait être complètement étanche à l'oxygène pour permettre les cultures de
BSR dont le métabolisme est anaérobie strict.
/
4
La cellule de mesure est constituée d'un corps en verre pyrex dont le volume utile est
d'environ un litre. Cette contenance est largement suffisante pour que la corrosion de l'échantillon
ne modifie pas notablement la composition de l'électrolyte. Elle est munie d'un couvercle également
en pyrex. Celui-ci est pourvu de plusieurs tubulures permettant suivant les expériences, le passage
de divers éléments (Fig. 21) :
KCI saturé (4). L'allonge se termine par un effilé qui aboutit à proximité de la surface de l'échantillon
de façon à minimiser l'importance de la chute ohmique lors des mesures dynamiques.
- Une entrée de gaz avec un dispositif de filtration permettant la stérilisation du gaz avant
son entrée dans la cellule (5).
- Une sortie de gaz (6).
- Un passage avec bouchon septum permettant l'introduction de l'inoculum ou de produits
chimiques en cours d'expérience (7).
- Un passage permettant d'effectuer les prélèvements en cours d'expérience (8) en
faisant circuler le fluide grâce au maintien d'une légère surpression de gaz introduite dans la cellule
par l'entrée (5) (d. par. 1.5.1.).
L'étanchéité de l'ensemble est assurée par un joint torique (9) placé entre la cellule et le
couvercle et par des raccords SVL (10) à bouchons vissés au niveau des passages. Cette cellule a
fait l'objet de nombreuses mises au point notamment en ce qui concerne la contamination par
l'oxygène. Par exemple les joints des SVL se sont avérés insuffisants pour assurer cette étanchéité
et ont été remplacés par des bouchons en caoutchouc que nous avons percés en les adaptant au
diamètre de chaque élément (électrodes et tubes en verre). Pour éviter que les bouchons sautent
lors de l'introduction d'une surpression, nous les avons choisi de diamètre assez petit pour les
enfoncer suffisamment et ainsi les maintenir avec les bouchons vissés des raccords SVL initiaux.
Des solutions fraiches sont préparées avant chaque expérience. Dans un tout premier
temps nous avons utilisé une solution d'eau géothermale reconstituée dont la composition est
donnée dans le tableau 10.
Tableau 10 = Composition chimique de l'eau utlisée dans les essais
Les manipulations en présence de BSR ainsi que les expériences de contrôle ont été
réalisées sur le milieu de WIDDEL et PFENNIG (1977), modifié par WIDDEL (1980), dont la
composition et la préparation sont données au chapitre 2 (par. 1.2.). Suivant les cas, nous avons
modifié le donneur ou l'accepteur d'électrons. Certaines expérimentations ont été effectuées en
l'absence totale d'ions S2-. Le Na2S servant à réduire le milieu a alors été remplacé par de la cystéine
Plusieurs dispostifs expérimentaux ont été utilisés dans cette étude correspondant à
plusieurs types de mesures électrochimiques.
Ce montage classique est utilisé pour le tracé des courbes de polarisation. Il permet
d'imposer une différence de potentiel (d.d.p.) entre l'électrode de travail et la contre-électrode. Cette
d.d.p. est pilotée de manière à pouvoir explorer les zones de potentiels anodiques ou cathodiques
et d'enregistrer la courbe E = f ( 1 ) ou E = f ( log 1 ). Ce montage potentiocinétique (Fig. 22) comprend:
Les appareils que nous venons de décrire (sauf l'enregistreur) constituent le circuit de
mesure proprement dit. Certaines courbes ont été obtenues par acquisition numérique de données.
Dans ce cas l'enregistreur et le multivoltmètre sont supprimés et l'installation (Fig. 23) comporte en
plus du potentiostat, du pilote et de la cellule les appareils annexes suivants:
-Un multimètre KEITHLEY 195 A est utilisé comme voltmètre. Il mesure par l'intermédiaire
d'un adapteur d'impédance la tension (d.d.p.) entre l'électrode de travail et l'électrode de référence.
Cet adapteur est indispensable car l'impédance d'entrée du 195 A est nettement inférieure à 10 12
Q.
----!I----1f----------'
(
l777T7
pi lote
0 C. E .
E.R.l"'"---
, "-.:.-
E.T.
, - - - - - - - -1
voltmètre
Poten Li os till
PILOTE
C.E.
E.IL
VoL l[11è l re
UniLé CD,trale
-Le multimètre est interfacé par le BUS IEEE avec une unité centrale.
-Une unité centrale C.B.M. 4032.
-Une unité de lecteur de disquette COMMODORE 2031 LP.
-Une table traçante HP 7470 A permettant le traitement graphique des données.
-Les vitesses de balayage sont alors de l'ordre de 0,2 à 0,5 mv / s.
-Un multimètre KEITH LEY 195 A utilisé comme ampèremètre et placé en série sur le circuit
permet de mesurer \e courant de court-circuit traversant la pile. L'idéal aurait été un
microampèremètre à résistance d'entrée nulle, celle du multimètre étant de 10 3 n.
- Un générateur de courant TAKEDA RIKEN type 6141 qui est utilisé pour mesurer le sens
du courant dans le circuit.
Les prélèvements ont été réalisés au cours du temps en introduisant au moment voulu
une légère surpression dans la cellule électrochimique. Le milieu s'écoule alors par la sortie prévue à
cet effet dans un tube contenant une atmosphère inerte ou dans des petits tubes qui sont
complètement remplis pour éviier toute oxydation du prélèvement au contact de l'air en particulier
lorsqu'il s'agit des échantillons destinés au dosage de l'H2S,
Les échantillons prévus pour le dosage des phospholipides dans les membranes des
bactéries adhérées aux surtaces, sont suspendus dans la culture bactérienne. Ils sont donc retirés
sous flux de gaz et immédiatement traités.
La production d'H2S dans les cultures est dosée par une méthode colorimétrique
Les lipides sont extraits du biofilm par la méthode BLlGH-DYER (1959). Les échantillons
sont placés, pour chacun d'entre eux, dans un bécher contenant 25 ml d'un mélange méthanol /
dichlorométhane / eau, 2/1 /0,8 (v / v / v).
La solution est placée dans une ampoule à décanter de 125 ml, agitée, puis laissée au
repos pendant 24 heures. La phase organique contenant les lipides est alors récupérée après
filtration sur filtre de verre (Whatmann GF / C) et conservée à -18°C.
Les composés recherchés dans cette étude sont les acides gras dérivés des
diacylphospholipides dont la majeure partie se trouvent confinés dans la membrane cytoplasmique
des bactéries:
Les lipides totaux récupérés dans la phase organique sont séparés en 3 grandes classes
par chromatographie sur colonne. La phase stationnaire utilisée est de l'acide silicique (UNISIL réf. C.
E. 410.005) activé à 1aaoc pendant une heure.
La phase organique est donc amenée à sec, puis reprise dans 2 ml de dichlorométhane et
transvasée dans un tube. L'analyse quantitative a été rendue possible par adjonction, à cette étape,
d'un étalon interne. Il s'agissait en l'occurence de j'acide nonodécanoique C19:a absent dans les
échantillons analysés. Le fait d'introduire cet étalon dès la première étape du schéma opérationnel,
permet de faire abstraction des différentes pertes intervenant lors de chaque étape de préparation et
séparation des acides gras.
a
- 1 ml de chloroforme (lipides neutres)
- 1a ml d'acétone (glycolipides)
- 1a ml de méthanol (phospholipides)
La dernière fraction est recueillie dans un tube conique, réduite de volume et stockée à
[CHAN TILLON
Extraction BLIGH-DYER
~
/
Phase aqueuse
~ Phase organique------t Lipides
séparation
chromatographie sur colonne
MeOH
Acé1:one
l
Esterification
/(MeOHICH 2CI/~
"
Chromatographie
sur couche mince
C. C.,\{.
1
Esters méthYliques diacides gras
et d'ac'ides gras h)'Ciroxylés
CPG/SM
1.5.3.3. Estérification
L'estérification des phospholipides a pour but d'isoler les acides gras liés à la molécule de
glycérophospholipides et de les transformer en esters méthyliques plus facilement analysables par
chromatographie en phase gazeuse.
Les phospholipides séparés par chromatographie sur colonne, sont amenés à sec et
repris par le minimum de dichlorométhane (10 à 20 ~l) et estérifiés par méthanolyse acide: 2 ml d'un
mélange méthanol! dichlorométhane ! acide chlorhydrique concentré 10 ! 1 ! 1 (v! v ! v) sont
introduits dans le tube contenant les phospholipides. Les tubes sont alors placés dans une étuve à
100°C pendant 1 heure.
1.5.3.4. Purification
Les esters méthyliques sont ensuite séparés par chromatographie sur couche mince
(CCM). 100 ~I du mélange estérifié sont appliqués à la base d'une plaque de chromatographie sur
couche mince (réf. MERCK 5628) - épaisseur 250 ~m. Les plaques sont placées dans une cuve à
développement contenant 100 ml d'une solution de diethyl ether-hexane 2! 1 (v! v).
Après élution, les acides gras (acides gras saturés et insaturés) sont révélés à l'aide de
dichlorofluorescéine.
Après identification (grâce à un mélange d'acides gras de référence élué en même temps
que l'échantillon), les bandes correspondantes aux acides gras saturés et insaturés sont grattées.
placées en tête d'une microcolonne de verre obturée par de la laine de verre et contenant environ 1
g de Florisil (réf. MERCK 12999, 100-200 Mesh ASTM) et éluées par 1 ml d'un mélange
dichlorométhane ! héxane 1! 1 (v/v) (GUEZENNEC, 1986).
Les esters méthyliques sont alors prêts pour une analyse de leur structure par
chromatographie en phase gazeuse. Le chromatographe utilisé est un chromatographe HRGC
CARLO ERBA "mega 5160" équipé d'un détecteur à ionisation de flamme et d'un injecteur "on
column". La colonne capillaire utilisée est une colonne polaire CP tm SIL 88 (CHROMPACK SA) -
indice de polarité CP 88 ; Longueur: 50 m; diamètre intérieur: 0,22 mm ; épaisseur du film: 0,12 mm
; gaz vecteur: hydrogène à un débit de 0,7 ml .mn -1. L'enregistrement et le calcul des surfaces de
pics sont réalisés sur un enregistreur-calculateur MERCK "D2000".
58
Avant d'aborder l'étude de l'influence des BSR sur la corrosion de l'acier au carbone K55
et de l'acier inoxydable L80 VC13 utilisés en géothermie, il nous a semblé nécessaire de connaitre
leur comportement électrochimique dans une eau de composition chimique identique à celle du
fluide géothermal. Ces essais avaient également pour objectif une adaptation à des techniques
nouvelles ne relevant pas de notre formation initiale et le test de la cellule de mesure précédemment
décrite.
Nous avons traçé les courbes de polarisation potentiocinétiques. Ces courbes sont en
quelque sorte la "carte d'identité" des métaux et permettent d'avoir une vue générale de leur
comportement anodique et cathodique.
Rappelons qu'à la surface d'un métal ferreux immergé dans une eau désoxygénée, les
deux réactions suivantes se produisent:
Les débits d'électrons mis en jeu par ces deux réactions sont représentés par les
négatif par convention) par unité de surface, ces deux intensités étant respectivement une mesure
de la vitesse des réactions (1) et (2). En corrosion naturelle, c'est-à-dire sans apport de courant
extérieur, le nombre d'électrons mis en jeu au cours des deux réactions est égal, ce qui signifie que
le métal acquiert spontanément son potentiel de corrosion (Ecorr) tel que 1 A = -1 K. La valeur absolue
le
•
l EAI
1
1
1
E lE
,car K
1 1
1
E
1
1
log l 1
1 1
1 b
1 1
1
,
1 1
p·l",i e --------r-7j1/
1 /~
_ _ _ _ _ _E~1 _!/
-/E K E
jiKi=i e f /
-La solution reconstituée est donc dégazée par un barbotage à l'argon pencant environ
20 mn car le fluide géothermal ne contient pas d'oxygène. Au moment des mesures, l'arrivée du gaz
est mise en position de "léchage". L'efficacité de cette désaération a été testée par Y. MASSIANI
(1986).
- La polarisation est coupée et le potentiel reprend une valeur très proche de Ecorr. Ce
componement indique que le tracé de la courbe cathodique n'a pas penubé la surface du métal. La
courbe anodique est alors tracée (dans le sens des potentiels croissants) sur le même échantillon, à
la même vitesse de balayage.
Figure 26 = Courbe cathodique et anodique de l'acier K55 à 20°C
E (mv/e.c.s.) E (mv/e.c.s.)
-]00 -100-
- Boo - 200-
-900 -300 -
-1000- -400
-1100- -500 -
-1200 -600 -
-1300 -]00
60
Les courbes obtenues à température ambiante (20°C environ) pour les deux aciers
étudiés sont présentées sur les figures 26 et 27. Un grand nombre d'enregistrements ont été
effectués pour tester la reproductibilité des courbes. Ils ont montré que cette reproductibilité était
bonne pour un même état de polissage. Nous n'avons donc reproduit ici qu'un tracé. Nous avons
rassemblé les valeurs des différents paramètres obtenues à partir de ces courbes intensité-potentiel
dans le tableau qui suit:
CathxJiq.Je
On constate que la cinétique de décharge du proton est identique pour les deux métaux
(pentes cathodiques). Par contre l'allure générale des courbes anodiques est complètement
différente. En ce qui concerne l'acier au carbone K55, ce comportement traduit sa faible résistance à
la corrosion dans ce milieu.
La partie anodique de la courbe de polarisation de l'acier inoxydable présente une forme
particulière dans laquelle on distingue trois domaines:
- Une première zone durant laquelle le courant augmente rapidement dans un faible
domaine de variation du potentiel.
- Un domaine qui s'étend sur 570 mV caractérisé par une stabilisation de l'intensité du
courant à environ 6 f1.A / cm 2 . Celle-ci est pratiquement constante même quand le potentiel imposé
continue à croitre jusqu'à -140 mv / e.c.s ..
r-----------.---------......- - - - - - - - - - - - - - - - - - - ,
E (m v/ e .C . s .) E (mv/e.c.s.)
-700- - -100 -
-800 - 200-
-900- -300
-1000 - 400- -
-1100-- -500
-1200- -600 -
-1300 - -700
Ce comportement est celui d'un métal passÎvable. La zone où l'intensité n'évolue plus
correspond au palier de passivation. Cette passivité est due généralement à la formation d'une
couche qui constitue une barrière efficace contre le passage en solution des ions métalliques. La
corrosion s'en trouve donc considérablement freinée ou stoppée. L'absence d'un pic d'activité,
généralement suivi d'une chute brutale du courant, traduit un phénomène de passivation
spontanée. Nous avons effectivement observé que si l'électrode n'était pas introduite dans la
solution immédiatement après le polissage, nous avions des potentiels de corrosion d'environ - 450
mv / e.c.s., traduisant la présence d'une couche protectrice formée spontanément à l'air.
Les potentiels à courant nul, déterminés à partir des courbes cathodiques, sont -750
mv/e.c.s. pour l'acier K55 et -740 mv/e.c.s. pour l'acier L80 VC13. L'augmentation de la température
entraîne l'accélération de la réaction cathodique. Mais la vitesse de cette dernière évolue
sensiblement de la même manière pour les 2 métaux, !a valeur des pentes cathodiques étant
pratiquement identique et respectivement égale à 220 et 240 mv / décade. Le courant de corrosion
de l'acier K55, déterminé à partir de la courbe cathodique, augmente également en fonction de la
température et passe de 7 à 40 ~ / cm 2 . En ce qui concerne l'acier inoxydable, ce courant évolue de
5 à 25 ~ / cm 2 . Sur cet acier, on observe encore une passivation spontanée sans pic d'activité
anodique, l'influence de la température sur ce phénomène se traduisant par un accroissement du
courant de passivation (27,5 ~ / cm 2) et une faible diminution de la longueur du palier de passivation
(570 à 540 mv).
2.4. CONCLUSION
L'acier au carbone K55, largement utilisé dans la boucle géothermale, est sensible à la
corrosion généralisée dans ce milieu. En contrepartie, l'acier inoxydable à 13 % de chrome L80
VC13, par sa capacité à se passiver spontanément, apparait plus résistant à ce type de corrosion. En
général la résistance à la corrosion de ce type d'acier repose sur la présence de certains éléments
alliés. La haute teneur en chrome est l'une des causes principales de la passivation de ces aciers
inoxydables.
E (mv/e.c.s.) E (nw/e.c.s.)
-700 -100--
-800 - 200- -
-900 -300--
-1000 - -400
-1100- - -500 -
-1200- -600- -
-1300--
-700 /
1-----
1 10 1 10
-700- - -100
-800- - 200- -
-goo -300 -
-1000 -400-
-1100-- -500 -
-1200- -600- -
-1300 - -700
Dans la poursuite de l'étude, relative à l'influence des BSR sur la résistance à la corrosion
des métaux, nous avons choisi de travailler sur l'acier K55 pour ne pas compliquer les interprétations
des résultats avec les phénomènes de passivation se manisfestant à la suriace de l'acier inoxydable.
En effet, l'acier au carbone K55 ne comprenant pas d'éléments d'alliage important, on pouvait
espérer un comportement simple, proche de celui du fer. Sa grande sensibilité à la 8orrosion devait
également permettre d'enregistrer des différences évidentes en fonction des conditions opératoires
destinées à caractériser le rôle des BSR.
SRB
2- Stimulation anodique par précipitation des ions ferreux produits à l'anode avec le sulfure
biologique (HADLEY, 1943; WANKLYN et SPRUIT, 1952; STARKEY, 1958) :
Fe 2+ + HS- ------> FeS + H+
L'étude engagée ici porte donc sur l'influence respective de ces trois phénomènes sur
l'évolution du potentiel de corrosion du métal. l'Jotre choix s'est orienté vers ce type de mesure pour
respecter au maximun les conditions de corrosion na~urelle. En effet, dans la nature les métaux sont
généralement en conditions d'abandon.
Le potentiel de corrosion est le potentiel que prend un métal par rapport à une électrode
de référence dans un électrolyte donné. Il tend généralement vers une valeur stationnaire pour une
certaine durée d'immersion du métal. C'est une grandeur complexe qui n'est pas seulement une
caractéristique du métal mais qui dépend aussi de son état de surface et des conditions
expérimentales, en particulier de la nature, de la concentration, du pH et de la température de la
solution. Oans l'étude qui suit, pour avoir des résultats comparables, nous avons fixé certains de ces
paramètres:
a. La mesure du potentiel que prend un métal par rapport à une solution est impossible
à réaliser directement. Pour pallier cette difficulté on réalise une pile constituée de deux demi-piles:
- métal à étudier-solution
- électrode de référence
64
Dans notre étude, nous avons choisi l'électrode au calomel / KCI saturé à cause de sa
bonne reproductibilité et de son emploi commode. Cette électrode a été régulièrement vérifiée et
est toujours restée stable. Sauf i~dicat:on co~traire, toutes les valeurs de potentiel seront données
par rapport à cette électrode.
c. Le métal utilisé est le même dans tous les cas " il s'agit de l'acier K55. Pour une
bonne reproductibilité des résultats, la surface de l'échantillon a été préparée par polissages
successifs et dégraissage à l'alcool avant chaque expérience. Cependant, cet état de surface va se
modifier au cours du temps en fonction des paramètres étudiés; c'est ce cha~gement que nous
voulons caractériser par ie suivi du potentiel de corrosion.
d. Nous avons utilisé un milieu de base identique (WIDDEL, 1980) dans toutes les
expériences de façon à fixer la nature et la concentration de l'électrolyte. Nous avons essayé de
respecter rigoureusement les mêmes conditions dans chaque essai notamment en ce qui concerne
la concentration des divers éléments entrant dans la composition du milieu. Cependant, au cours de
la croissance des bactéries, certains composants du milieu seront dégradés et en fonction de leur
nature, d'autres métabolites seront synthétisés. Pour pallier cet inconvénient nous avons effectué
certaines expériences de contrôle dans des électrolytes statiques. Nous avons également considéré
que des composés comme le lactate, l'acétate, le fumarate et le succinate, thermodynamiquement
stables, n'intervenaient pas dans les réactions électrochimiques.
La valeur du potentiel déterminée par une seule mesure n'est pas précise (GOLDOWSKI,
1969). Par conséquent nous avons suivi sa variation par rapport à l'électrode de référence en
fonction du temps. Dans toutes nos expériences, nous avons procédé comme suit:
<Ji
~
Q) -600-
~
E
W
- 650- -
- 700--
-750- -
B
- - - ---- Na S
2
=0 mmol.l-1
- 000 - -
12 24 36 40
TE M PS (H)
65
* L'ensemble est placé dans le bain-marie et une attente j'une demi heure environ est
réalisés en ayant eu soin au préalable de faire le zéro entre les 2 connections de l'électrode de travail
et de référence.
* Le potentiel évolue très vite au départ. Environ un quart d'heure 2orès, ii se stabilise.
Pour parfaire l'état de surface de l'électrode. nous avons effectué un traitement électrochimique
cathodique en polarisant pendant 5 mn l'échantillon à - 800 mv, c'est-à-dire à un potentiel légèrement
inférieur à son potentiel d'équilibre. Lorsqu'on coupe la polarisation, le potentiel diminue très
rapidement et revient à une valeur proche de la valeur initiale. Quand il est de nouveau stable
(variation < à 1 mv pour 5 mn) , l'enregistrement de la mesure commence (acquisition de données
automatique).
pour déterminer la croissance des bactéries. Suivant les cas on dose la production d'H2S ou la
synthèse de succinate.
3.3. RESULTATS
3.3.1. ESSAI DANS LE MILIEU STERILE
Nous avons effectué deux types d'essais dans le milieu stérile de WIDDEL (1980), l'un
contenant 0,35 mmol / 1 de Na2S servant à réduire la solution et l'autre en l'absence de su:fure qui a
été remplacé par de la cystéine à une concentration équivalente. Les courbes (fig. 31) obtenues en
50 h d'essai présentent quelques particularités qui seront nos références tout au long de cette
étude. Le potentiel de corrosion initial se situe dans les deux cas autour de -740 mv / e.c.s. Il décroît,
au départ, de 30 mv en 5 h pour se stabliser en quelques heures à -768 mv / e.c.s. En l'absence de
sulfure (courbe B) il se stablise alors que dans le cas contraire il évolue de nouveau et prend une
valeur stationnaire située à -730 mv / e.c.s (courbe A). Les échantillons observés à la fin de la mesure
66
sont caractérisés par la perte de leur brillance. Dans le milieu contenant du sulfure, la surface est en
outre recouverte d'une pellicule grise-noire pulvérulente qui contribue à son ternissement. Cette
couche s'enlève facilement aussitôt après la sortie de l'échantillon du milieu. Par contre, si on la laisse
sécher, elle devient très adhérente.
Nous signalons que toute référence à ces courbes témoins durant l'étude, ne signifie pas
qu'elles traduisent une absence de corrosion. En effet, au potentiel de corrosion, nous pouvons
simplement considérer que le courant anodique est égal au courant cathodique en valeur absolue
sans pouvoir anticiper sur la vitesse de ces deux réactions. La courbe obtenue dans le milieu
contenant 0,35 mmol / 1 de Na2S (nécessaire pour une réduction efficace du milieu) a été utilisée,
sauf mention contraire, comme courbe témoin du milieu avant introduction des BSR. C'est donc à
cette courbe qu'il faudra se reporter dans les études comparatives.
Les expériences suivantes ont été réalisées dans le but de mettre en évidence j'influence
du système enzymatique hydrogénase des BSR sur le potentiel d'abandon de l'acier K55.
Rappelons que cette enzyme est susceptible d'accélérer la vitesse de corrosion en stimulant la
réaction cathodique. Nous avons utilisé une bactérie isolée du fluide géothermal de Creil qui a été
identifiée à Desulfovibrio desulfuricans dont l'étude métabolique a montré qu'elle était Hase+' Le
choix de cette souche se justifie pour des raisons pratiques, son temps de latence étant court et sa
croissance très rapide (t 1/2 = 7 h environ à 37 oC et à pH 7,3) en comparaison avec les autres
souches isolées du puits de Creil se développant à 55 oC. D'autre part nous avions à notre disposition
au laboratoire des souches de collection ayant des caractéristiques proches de cette dernière et
devant cependant nous permettre d'éliminer l'influence de certains paramètres au cours des
différents essais.
La présence d'une source organique d'électrons est un facteur important dont l'influence
sur l'utilisation de l'hydrogène cathodique a été montrée par CORD-RUWISH et WIDDEL (198ô).
Effectivement, ces auteurs observent une production significative d'H2S uniquement dans les
67
précisons que ce dernier sert exclusivement de source de carbone et n'est dans aucun cas oxydé
suivant le mème processus que le lac,ate.
lactâle acétate
Xf = k (S)i
Les figures 32, 33, 34 et 35 montrent les variations du potentiel de corrosion durant la
croissance "en batch" de DesulfovibrÎO desulfurÎcans , respectivement sur 0, 5, 10 et 20 mmol / 1 de
remarque que les courbes E = f ( t ) sont d'allure générale identique et qu'elles divergent assez
rapidement de celle relative au témoin. Une analyse de chacune permet de distinguer plusieurs
phases dans l'évolution du potentiel:
a. La valeur initiale du potentiel se situe dans les quatre cas entre -750 et -770 mv /
e.c.s.
b. Après une faible diminution du potentiel initial, on obtient un palier relativement
stable à environ -800 mv 1 e.c.s. Durant cette période, la croissance des bactéries n'est pas
détectable.
U'l
U
(1) -600
~
E la
W
- 650-- -
-- 0
-700 - - - 6
si cr i le - - 4
-2
- 0 00 - -
12 24 36 48
TEMPS (Il)
- 650- -
t
H2S =2,6 Olmol 1- 1
-700-
-----~--- ----------------------
~- stérile
-750-~_ _
-800- -
12 24 36 48
TE M PS (H)
~
~-600- .,. - -0
>
E
W - -7
W
0::
- 650-- ~.-.~ ::>
_ 6 I.L
..J
::>
/
Cf)
r-
- -5 ~
..J
- 700- - o
:'!
- - 4 :'!
- -3
l
-750- -
- -1
-000- -
12 . 24 36 48
e
• - e croissance bacterienne
TE MPS (H)
E
:>
• - -10
'0-
::J
::J
(f)
W
r-
I
- 650- - -0
- 8 E
E
- 700- - 6
l
~----------~-------------.
sterile 4
-750- -
- -2
- 800 - -
12 24 36 48
TE MPS (H)
c. Puis il y a inversion du potentiel qui croit très rapidement et régulièrement vers des
valeurs plus positives. Cette période correspond à la phase de croissance exponentielle des
bactéries.
d. La phase précédente se termine par un deuxième palier très pertubé par des
oscillations d'environ 50 mv. Cepencant, l'amplitude des oscillations tend à s'amortir et on peut
considérer, en extrapolant les courbes, que le potentiel se fixe à une valeur stationnaire. Ce plateau
semble se superposer à la phase de ralentissement et à la phase stationnaire de la croissance de la
souche. La différence entre ce palier et celui évoqué en b. est d'environ 160-180 mv! e.c.s.
Nous avons arrêté les enregistrements à la fin de la croissance car seule l'influence de
j'activité des bactéries sur le potentiel nous intéressait.
Dans le tableau ci-dessous nous avons reporté les valeurs nous semblant significatives
dans les courbes d'évolution du potentiel en milieu stérile et inoculé afin de pouvoir mieux juger de
l'influence des BSR.
Ces expériences montrent que le potentiel de corrosion du métal est influencé par
l'activité des bactéries. Cependant, les valeurs de la pente des courbes précédant l'équilibre et la
69
des BSR, les techniques de dosage n'étant pas assez sensibles pour détecter des changements de
concentrations en sulfure très faibles. Pourtant la courbe d'évolution du potentiel est similaire aux
autres. Cela suggère que les phénomènes observés en solution ne sont pas forcément concordants
avec ceux intervenant à l'interiace métal-solution. En effet, les bactéries ont pu se développer à la
suriace de l'échantillon métallique et la modifier sans que l'on enregistre de changement dans la
solution.
D'autre part, l'observation des échantillons en fin d'expérience, a montré l'existence d'un
dépôt noir, irrégulier et non adhérent, formé sur la surface. Cette couche s'enlève facilement lorsque
l'échantillon est encore humide et devient très adhérente quand on le laisse sécher. Un film de base
très adhérent, sous-jacent au précédent, recouvrait l'électrode et avait pour conséquence le
ternissement de l'acier. Un même constat sera fait dans les expériences suivantes en présence
d'H2S A proximité de l'électrode incubée dans des conditions chimiolithotrophes, nous avons
également observé au bout de 4 jours un voile noir et assez dense. Seul, cet échantillon présentait
des piqures sous le dépôt noir. Ce voile peut correspondre à la corrosion du fer qui en réagissant
avec l'H2S présent dans le milieu (réducteur + H2S produit par les bactéries à l'interface
L'activité hydrogénase des BSR et l'H2S produit pendant leur croissance sont
susceptibles d'avoir un effet sur le potentiel de corrosion et la dissolution du métal. ~~ous avons donc
réalisé une série d'expériences ayant pour but de séparer "influence de ces deux facteurs.
souche. Pour cela, on pouvait envisager d'utiliser, comme accepteur final d'électrons provenant de
l'oxydation du lactate, du fumarate à la place du sulfate. L'étude préliminaire du métabolisme de la
souche Oesulfovibrio desulfuricans ,a montré qu'elle est incapable de se développer en présence
de lactate et de fumarate. Ceci nous a conduit à utiliser une autre souche, ayant cependant des
caractéristiques physiologiques et biochimiques très proches de la précédente. Il s'agissait d'une
espèce appartenant au genre Oesulfovibrio dont la température optimale de croissance était aussi de
3rC (JONES et al., 1984; CORD-RUWISH et al., 1986) : Oesulfovibrio fructosovorans. Dans un
premier temps, l'activité hydrogénase de la souche a été vérifiée et montrée positive, en particulier
lorsque le fumarate est utilisé comme accepteur exogène.
Figure 36 = Evolution du potentiel de corrosion dans une culture de bactérie
Hase+, D. fructosovorans (0 mmol /1 de sulfure)
<1)
-+-'
/ 18
.....Cl>
co
.....
co
c
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Na2S = 0,35
1 mmol.l- 1
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12 24 36 48
TEMPS (H)
70
fumarate 40 mM 0,08
0,03
* présent en excès
Les quatre tests biochimiques ont été inoculés et 1 mrnol;' d'acétate a été utilisée comme
1
Les deux expériences de suivi de potentiel ont été conduites exactement dans ies
mêmes conditions que précédemment avec 20 mmol / de lactate; Seul le sulfate a été remplacé par
1
40 mmol / 1 de fumarate. La courbe A (fig. 36) a été obtenue en présence d'une concentration de
sulfure équivalente à celle du témoin stérile et la courbe B (fig. 36) en l'absence totale de sulfure.
Dans la seconde expérience, le sulfure destiné à réduire le milieu, a été remplacé par de la cystéine
(0,35 mmol / 1), considérée comme une espèce chimique non active. La croissance de la bactérie
représentée sur la figure 36 par \a disparition du lactate et la production du succinate correspond à la
courbe A.
La comparaison des deux tracés montre que les résultats sont assez concordants.
Cependant, en l'absence de sulfures, la décroissance du potentiel est plus importante et plus rapide.
Puis le potentiel tend vers un équilibre, se situant respectivement à -800 mv et -765 mv! e.c.s. Ces
valeurs sont inférieures de 30 mv à celle prise par le potentiel dans les milieux stériles
correspondants.
Ces deux enregistrements, comparés aux précédents, semblent montrer une nette
influence de l'H2S, mais aussi un effet de l'activité hydrogénase si l'on s'en réfère aux courbes
témoins. En effet l'écart entre les valeurs stationnaires du potentiel obtenues en milieu stérile et
durant la croissance des bactéries Hase+ sur fumarate est considéré comme significatif et ne peut
être attribué qu'à l'existence de ce système enzymatique chez la bactérie.
Figure 37 = Evolution du potentiel de corrosion en milieu stérile contenant
10 mmol / 1de sulfure
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Q) -600-
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-650
-700
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12 24 36 48
TEMPS (t-n
71
L'ensemble des courbes obtenues jusqu'à maintenant nous amène à considérer deux
phénomènes importants, dans leur allure générale:
Il est à noter qu'en dehors de l'allure moyenne des courbes, on doit tenir compte, si elles
sont présentes, des oscillations observées sur le palier obtenu en fin d'expérience (courbes 32 à
35). Nous avons tenu à souliÇJner ces différents phénomènes pour pouvoir comparer les résultats
obtenus dans des conditions différentes et en tirer une conclusion quant à l'influence des divers
facteurs étudiés sur le potentiel de dissolution du métal.
équivalente à celle produite en fin de croissance sur 20 mmol /1 de lactate, a donc été rajoutée dans
le milieu, dès le début de la mesure. Le pH a été immédiatement réajusté à 7,3 avec une solution
sténle d'HCI 3M. La courbe obtenue (fig. 37 A) montre que le potentiel augmente brutalement et se
stabilise très vite à environ -680 mv / e.c.s., soit 50 mv au dessus du témoin stérile et 60 mv en
dessous de la valeur de potentiel prise en présence de bactéries Hase+ sur 20 mmol /1 de lactate et
sur sulfates.
Dans cette expérie nce nous avons attendu que les bactéries (Oesulfovibrio desulfuricans,
20 mmol / 1 lactate + S04 2 -) soient en phase stationnaire pour introduire l'électrode de travail et
milieu contient dès le départ environ 10 mmol / 1 d'H2S, D'autre part on peut considérer que l'activité
des bactéries est nulle. Le potentiel (fig. 37 B) croit lentement et tend asymptotiquement vers -680
mv / e.c.s. Le Na2S chimique semble plus actif que celui produit par voie biologique. Cette différence
peut être liée à la présence d'une concentration élevée de bactéries à la surface de l'électrode dans
la seconde expérience.
Figure 38 = Influence de la membrane dialysante sur la mesure du potentiel de
corrosion de l'acier K55
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QJ -600--
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A
- 000 -
12 24 36 40
TEMPS (If)
72
Au cours de ces deux enregistrements (fig.37 A et B), il faut souligner que le milieu est
stable car il n'y a pas, durant les essais, de croissance bactérienne avec production progressive
d'H2S, L'ensemble des courbes décrites dans les paragraphes précédents ne sont donc pas tout à
fait comparables entre elles. Dans la suite de ce travail, les influences présumées de l'activité
hydrogénase et de l'H 2 S ont été dissociées, mais suivant un protocole permettant d'avoir une
Nous avons supposé ici que les bactéries utilisent l'hydrogène cathodique, non pas à
distance, dans la solution, mais à la surface de l'électrode. Pour éviter la consommation de
l'hydrogène, nous avons placé autour de l'électrode une membrane échangeuse d'ions (tube de
dialyse), située à une distance de la surface d'environ 1 cm. Elle est destinée à laisser diffuser !'H2S
produit en cours de croissance mais à empêcher tout contact physique entre les bactéries et la
surface du métal, ces dernières étant inoculées à l'extérieur du tube de dialyse.
Pour mettre en évidence un effet de cellule éventuel, en particulier du à la séparation des
électrodes de travail et de référence. nous avons recommencé quelques expériences de contràle.
Nous avons donc introduit ces substances après autoclavage à l'extérieur du sac de
dialyse. Cependant nous avons attendu environ 2 heures avant la mise en route de chaque
manipulation pour leur permettre de diffuser à travers la membrane (jusqu'à la décoloration de la
résazurine dans le tube). La membrane est perméable aux molécules de poids moléculaire inférieur à
12-14000. Cette porosité est suffisamment petite pour arrêter les bactéries.
Figure 39 = Evolution du potentiel de corrosion lorsque les bactéries Hase+ ne sont
pas en contact direct avec la surface métallique
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12 24 36 48
TEMPS (H)
73
La valeur initiale du potentiel en milieu stérile est -730 mv / e,c,s, (Fig, 38, A). Le potentiel
décroit assez rapidement puis se stabilise au bout de 7 heures vers -770 mv! e.c.s. Cette courbe est
similaire à l'enregistrement du potentiel de corrosion dans le milieu stérile exempt de sulfure, en
absence de membrane (Fig. 31, B). Il est probable que cette dernière ait limité la diffusion vers la
surtace métallique, du Na 2S présent en faible concentration (0,35 mmol /1) et ajouté à l'extérieur du
sac de dialyse.
Une solution de Na2S a été injectée à l'extérieur du sac à une concentration de 10 mmoll
1. Le milieu est ensuite neutralisé avec une solution d'HCI 3 M. Entre chaque ajoût le pH est contrôlé.
Le potentiel de corrosion (Fig. 38, B) commence par décroître, puis il subit un brusque
accroissement et se fixe à une valeur de - 690 mv / e.c.s., analogue à celle obtenue précédemment
dans le même électrolyte (Fig. 37, A).
Cette expérience est tout à fait similaire à celle décrite au paragraphe 3.3.2. La bactérie
testée est toujours Oesu/fovibrio desu/furicans sur 20 mmol/l de lactate et sur sulfate présent en
excés mais à une concentration définie (0,3 %). Nous avons injecté 1 13 de l'inoculum dans le tube
de dialyse et 2 13 à l'extérieur de façon à respecter la proportion de 10 % dans chaque volume. La
courbe obtenue présente la même évolution que celle observée sur les enregistrements 32 à 35. La
concentration finale en H 2S dans le sac et la cellule est d'environ 10 mmoi/i.
En conclusion, à partir de ces 3 expériences de contrôle, on peut remarquer que la
membrane échangeuse d'ions n'instaure aucune résistance susceptible de pertuber la mesure du
potentiel.
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EiQure 41 :;;; Evolution du potentiel de corrosion dans une culture de BSR Hase-,
D. sapovorans
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TEMPS (H)
74
Toujnurs dans le but de séparer l'influence de l'H 2 S de l'activité enzymatique des BSR,
nous avons testé une bactérie hydrogénase négative. Il s'agit de Desulfovibrio sapovorans
(WIDDEL, 1980). A l'exception de l'enzyme hydrogénase, cette souche possède pratiquement les
mêmes caractéristiques physiologiques et biochimiques que D. desulfuricans , en particulier la même
température optimale de croissance. Le potentiel de corrosion a été mesuré durant la croissance de
cet organisme sur 20 mmol / 1 de lactate en présence de sulfate comme accepteur exogène
d'électrons. La dégradation du lactate effectuée par cette souche étant également incomplète
(oxydation incomplète). la concentration iinale en H 2S est normalement de 10 mmol / 1.
Comme dans tous les enregistrements précédents, la courbe (Fig. 41, A) débute par une
décroissance du potentiel à partir d'une valeur initiale de -732 mv / e.c.s. Sans vraiment se stabiliser,
le potentiel passe par une valeur minimale de -787 mv / e.c.s. et augmente (15 mv / h) ensuite
conjointement avec la croissance de la souche (Fig. 41, B) (Temps de génération = 5 h) pour prendre
une valeur asymptotique de -670 mv i e.c.s. Les potentiels stationnaires mesurés dans les solutions
de Na2S chimique (Fig. 37, A) et d'H 2S produit par voie biologique (Fig. 37, B) sont tout à fait
proches de cette dernière valeur. Par contre en présence de BSR Hase+ sur sulfate (Fig. 32 à 35) le
palier obtenu en fin de mesure se situe à 50 mv au-dessus.
Eioure 42 = Evolution du potentiel de corrosion dans une culture de BSR Hase-,
O. sapovorans réalisée après immersion prolongée du métal en
milieu stérile
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2
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12 24 36 48 60 72
Temps ( h )
75
Cette expérience avait pour but d'expliquer les diflérences non justifiées, obtenues entre
les 2 essais précédents (courbes 39 et 41). Etant donné que le potentiel évolue très peu dans l'essai
39, nous avons supposé que l'arrivée retardée de l'H 2 S sur la surface métallique permettait une
modification de cette dernière, de telle sorte qu'ultérieurement, l'H 2 S n'aurait pas eu d'influence sur
le potentiel de corrosion.
Pour simuler l'arrivée retardée de l'H 2S, nous avons inoculé les bactéries après obtention
du potentiel stationnaire en milieu stérile (soit après une immersion prolongée de l'échantillon en
milieu stérile). Après ensemencement, le potentiel croit lentement (Fig. 42), simultanément à la
croissance bactérienne, jusqu'à une valeur asymptotiqL.:e de -ô80 mv 1 e.c.s. identique à celle
mesurée en présence d'une BSR Hase· introduite dans le réacteur en même temps que l'électrode.
DECROISSANCE DU POTENTIEL
Sur tous les enregistrements, l'équilibre correspondant au premier plateau est atteint par
des valeurs décroissantes. Il semble qu'on puisse attribuer cette période initiale à la dissolution d'un
film superficiel formé spontanément à l'air sur la surface de l'échantillon avant son immersion dans
l'électrolyte. En effet, GLODOWSKI (1969) préconise les décapages dans les solutions, car selon cet
auteur on ne se trouve jamais en présence d'un métal proprement dit mais d'un métal recouvert d'un
revêtement superficiel. Par conséquent la mesure des potentiels étant essentiellement un
phénomène de surface et l'échantillon ayant été décapé à l'air, on peut en conclure que la valeur
initiale enregistrée correspond au potentiel du film d'oxyde qui le recouvre, Par la suite l'électrolyte
agit non sur le métal lui-même mais sur son oxyde qu'il détruit progressivement pour faire place au
métal nu, la disparition de la couche se traduisant par la diminution du potentiel. Dans le milieu stérile
exempt de sulfure, le potentiel d'équilibre pris après décroissance équivaut donc à celui du métal à
l'état nu.
AUGMENTATION DU POTENTIEL
Le potentiel d'équilibre final est suivant les cas plus élevé ou plus faible que le potentiel
initial. Quand le potentiel devient plus négatif il y a attaque continue du métal. Un potentiel plus positif
traduit généralement un ennoblissement du métal du à la formation d'un film protecteur ou non
protecteur par précipitation de produit de corrosion insoluble à sa surface, Parfois l'existence de ce
film peut traduire un phénomène de passivation qui correspond à une inhibition ou à un
ralentissement du processus de corrosion. Plus le potentiel augmente, plus la protection apportée
par la couche est importante.
POTENTIEL STATIONNAIRE
Les expériences décrites dans ce chapitre ont été réalisées dans le but de confirmer ou
d'infirmer le rôle indirect ou direct des BSR dans les mécanismes de corrosion. Nous avons donc
particulièrement recherché les influences de l'H 2S, du FeS et de l'enzyme hydrogénase, ces trois
paramètres étant les agents corrosifs les plus cités dans la littérature. A la lumière des interprétations
ci-dessus et surtout en se référant à la valeur stationnaire du potentiel de corrosion obtenue en fin
d'essai (Tab. 14), nous allons essayer d'analyser le rôle de chôcun. L'examen des courbes de
potentiel permet de dégager quelques hypothèses qui devront être confirmées ultérieurement par
des expériences complémentaires:
- Le déplacement très net du potentiel vers des valeurs plus positives observé sur les
enregistrements en présence de sulfures (Tab. 14) peut être attribué à la formation d'un film de
sulfure de fer visualisé à l'oeil nu par sa couleur noire. Les diagrammes de POURBAIX (1963)
(diagrammes potentiel-pH) indiquent les conditions théoriques d'immunité, de corrosion et de
passivation d'un système donné et l'équilibre chimique existant entre les différentes espèces de ce
:r H50
. .
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2 4 6 8 10 12 14
pH
- Les expériences qui consistent à simuler l'action d'une BSR Hase-, en empêchant to[,;t
contact physique entre les bactéries Hase+ et la surface métallique sont intéressantes car elles
suggèrent l'utilisation de l'H 2 cathodique directement au contact du métal. En eifet, alors que l'H 2S
diffuse sans difficultés à travers la membrane dialysante pour venir en contact avec la surface
métallique, le potentiel se stabilise sensiblement à la même valeur qu'en milieu stérile suggérant que
c'est l'activité enzymatique des bactéries qui initie la montée de potentiel en présence de sulfure ou
sa décroissance dans les expériences sans sulfure. Ce résultat qui semble annuler le rôle ,jes
sulfures est difficilement explicable puisque dans les solutions de sulfure chimique, le potentiel
augmente jusqu'à -680 mv / e.c.s. Il peut être du à une déficience du protocole adopté, que nous
n'aurions pu mettre en évidence lors des expériences de contrôle.
de Na2S ou d'une BSR Hase- ensemencée dès le départ de la mesure (Tab. 14). Cette expérience
ne permet donc pas de conclure à la formation préalable d'un film d'hydroxyde sur la surface du métal.
La différence entre les courbes 39 et 41 traduit probablement l'importance de la
colonisation des surfaces par les bactéries sur l'évolution du potentiel, cette possibilité n'existant pas
lorsque l'accés à l'électrode est rendu impossible par la présence d'une membrane dialysante.
-2 -1 0 3 4 5 6 7 8 9 la Il 12 13 14 15 16
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1
pH
D'autre part seules les courbes en présence d'une bactérie Hase+ présentent des
oscillations caractéristiques au niveau de leur palier stationnaire. Ces oscillations peuvent traduire
une dissolution périodique du métai. Ce phénomène de périodicité qui est vraisemblablement
entretenu par l'activité enzymatique de la souche, est lié d'après GOLDOWSKI (1969) à l'existence
d'une couche poreuse. En effet si le métal est nu ou au contraire recouvert d'un film superficiel uni,
les pertubations du potentiel ne devraient pas se produire. Par contre, si la couche est poreuse, le
potentiel qu'on enregistre traduit l'hétérogénéité de la surface et se rapporte tantôt à celui du métal,
tant6t à celui de la couche. La durée de nos expérimentations étant relativement courte, nous
n'avons pas pu mettre en évidence la destruction du film, processus observé par BOOTH et al.
(1965) après plusieures semaines d'incubation de "échantillon dans des cultures de BSR.
79
3.5. CONCLUSIONS
Dans le milieu stérile et lorsque les bactéries sont physiquement séparées de [a suriace
métallique, le potentiel se stabilise sensiblement à la même valeur située très en dessous de celles
obtenues précédemment. Ce résultat semble annuler l'action des sulfures (H 2 S, FeS2)'
Dans les cultures de BSR Hase+ en l'absence totale de sulfure (H 2 S, ~Ja2S), le potentiel
est très inférieur à celui mesuré intialement et en milieu stérile suggérant une corrosion continue du
métal entretenue par l'activité hydrogénase.
Les expériences décrites jusqu'à maintenant sont intéressantes d'un point de vue
qualitatif. Dans la suite de ce travail nous avons essayé de préciser et en particulier de quantifier les
phénomènes observés en présence et en ['absence de BSR.
Les expériences suivantes ont été entreprises dans le but d'estimer la corrosion de J'acier
K55 par des mesures de vitesses de corrosion. Deux méthodes ont été utilisées pour calculer ces
vitesses:
La première technique donne une moyenne de la vitesse de corrosion sur toute la durée
de l'essai mais ne permet pas de discerner une évolution en fonction du temps. La seconde
méthode permet une mesure ponctuelle de la vitesse de corrosion à des temps précis.
Tableau 15 = Vitesses de corrosion en présence et en absence de BSR
CD
CD
3 2,5677 2,5666 3,76 (b) 272,7 7,62
3 3
CD
CD C
C
4 2,6229 2,6227 4,33 (b) 248,7 6,98
0
OJ
-,::
(0
Les échantillcns sont par conséquent prélevés aussi bien dans !e milieu stérile que dans
le milieu ensemencé, au bout de 30 h d'incubation. La concentration en H 2 S dans les cultures est
alors de l'ordre de 10,5 mmol / 1. Les produits de corrosion déposés à !a surface des échantillons
pendant les tests sont enlevés par un décapage chimique: les éprouvettes sont rinçées pendant 5
mn dans 5 ml d'une solution d'acide chlorhydrique (d = 1,19) à 50 % en volume contenant 5 g /1
d'héxaméthylène tétramine comme inhibiteur. Un essai à "blanc" est effectué suivant le même
procédé sur un échantillon neuf de façon à évaluer le taux de fer dissout par ce nettoyage. Après ce
traitement, les éprouvettes sont de nouveau pesées avec précision. Des dosages de fer ont été
également effectués:
- Dans les cu~ures et les milieux stériles dans lesquels ont séjourné les
échantillons.
- Dans le milieu frais.
- Dans les inoculums.
- Dans les différentes solutions de décapage ce qui équivaut à la teneur en fer dans les
dépôts de corrosion.
Les solutions ont été acidifiées avec de l'acide nitrique et conservées à 4 oC avant le
dosage.
On remarque que le passage en solution du fer est limité par le produit de solubilité du
sulfure et du fer dans le milieu. En effet, dans les cultures bactériennes produisant du sulfure, la
concentration en fer passé en solution est 14,5 fois inférieure à cette même valeur mesurée en
milieu stérile (0,35 mmol / 1 de sulfure). On peut supposer qu'en présence d'une concentration
importante de sulfure, le fer qui se corrode précipite à la surface de l'échantillon sous forme de dépôt
de sulfure (échantillon noir). Durant la croissance des bactéries, la vitesse de corrosion de l'acier est
plus rapide qu'en milieu stérile.
Les vitesses de corrosion obtenues par cette méthode de dosage sont du même ordre
de grandeur que celles observées par des mesures de perte de poids dans des cultures en "batch"
(BOOTH et WORMWELL, 1962) ou par dosage de l'H 2 S en présence ou en absence d'échantillon
métallique (CORD-RUWISH et WIDDEL, 1986) (Tableau 16). Cependant des vitesses de corrosion 3
à 30 fois supérieures sont observées dans des expérienc8s de cultures se mi-continues (BOOTH et
al., 1965,1966,1967) ou continues (MARA et WILLIAMS, 1J71 : BELL et CHOR KIANG L1M, 1981).
Dans cette série d'expériences nous avons utilisé deux réacteurs respectivement
destinés aux tracés des courbes de polarisation cathodiques et anodiques. L'observation préalable
de phénomènes de formation de film nous a conduit à tracer indépendamment ces courbes de façon
à ne pas détruire les couches en enregistrant sur le même échantillon, la portion cathodique avant la
portion anodique.
La composition des milieux est identique à celle du milieu utilisé dans les essais
précédents. Dans chaque réacteur nous avons placé un porte-échantillon pouvant contenir entre 5
et 8 échantillons métalliques de dimension 50 x 25 x 3 mm. La surface exposée est de 6,45 cm 2 .
Chaque échantillon peut être indépendamment connecté de l'extérieur des réacteurs, avec
l'appareillage de mesure. Les expériences se déroulent exactement dans les mèmes conditions et
suivant le même protocole que dans les essais de suivi de potentiel d'abandon.
Les mesures ont été effectuées successivement, chaque éprouvette étant testée à une
période d'exposition différente et de plus en plus longue. La croissance bactérienne dans le milieu et
l'évolution du potentiel d'abandon des échantillons ont été contrôlés pendant toute la durée des
Figure 45 : Evolution des courbes de polarisation cathGdiques dans une culture de
O. desulfuricans
E rnv/e.c.5.
- 600
24 -------------------------- _
- 700 A
~~-=----
- 800
- 900
-1000 - c
-1100
-1200
10
82
expenences, ce qui nous a permis de déterminer les temps de mesure. L'enregistrement des
courbes anodiques a été limité à un courant de 1 mA 1cm 2 de façon à ne pas saturer la solution en fer
dissout, celui-ci pouvant influer sur la vitesse de corrosion (BOOTH et al., 1968: KING et al., 1973 b).
Pour quantifier la colonisation du support métallique. nous avons dosé les acides gras
des phospholipides bactériens après avoir décroché les cellules de la surface du métal. Le principe
de cette méthode est le suivant:
- Dans les conditions normales, toutes les membranes cytoplasmiques des bactéries
possèdent une proportion relativement constante de leurs lipides sous forme de phospholipides
(WH ITE et al., 1977). Ces phosphOlipides représentent 90 à 98 % des lipides bactériens, soit
environ 50 f1mo1es par gramme de poids sec de bactéries (KING et WHITE, 19ï7; WHITE et al.,
19ï7). Dans notre étude réalisée en culture pure, le dosage des phospholipides est une méthode
qui permet de quantifier le nombre de bactéries qui adhèrent à la surface des échantillons
métalliques testés.
En outre, cette mesure présente l'avantage que les phospholipides bactériens se
dégradent et disparaissent lors de la mort des cellules bactériennes. Lorsqu'il est possible de les
doser, leur mesure constitue donc aussi une mesure de biomasse vivante (WHITE et al., 1977;
WHITE et al., 1979; GUEZENNEC, 1986).
Les phospholipides sont analysés sur la phase organique obtenue lors de l'extraction des
composants du voile biologique par la méthode BLiGH et DYER (1959) (WHITE et al.. 1979;
GUEZENI\JEC, 1986).
Les résultats sont reportés graphiquement sous la forme de courbes de polarisation. Les
figures 45 et 46 représentent la partie cathodique des courbes de polarisation descendantes
déterminées en milieu stérile et durant la croissance de BSR Hase+ dans un milieu de culture
contenant du sulfate (0. desulfuricans isolé du puits géothermique de Creil) ou du fumarate (O.
fructosovorans ). Les figures 47 et 48 présentent la partie anodique des courbes de polarisation
obtenues exactement dans les mêmes conditions que les portions cathodiques.
E mvje.c.s.
- 600
- 700-
~----------------------------
- 800
A
- 900-
24H (17et 20 H)
15mn
-1000-
-1100
B
-1200
1 10
-20C
-300
45H
/ 42 H
-400- -
1;i23 H
~--- <H3 H
-500
- 600- -
1H
-700
- 000- -
10
-20C
-300
-400
-500
-600
-700
-800
1 10
Nomenclature:
i : iso (a = anteiso)
i C17:1w7c C17 : nombre de carbones
1 : nombre de doubles liaisons
w : position de la double liaison à compter
du carbone terminal
c: cis (t=trans)
83
On retrouve sur toutes les courbes la même évolution du potentiel déjà observée, dans
des conditions identiques, lors des essais de suivi de potentiel d'abandon de l'acier K55.
En milieu stérile, seule la courbe globale obtenue après 40 h d'immersion de l'échantillon
est représentée. Elle est identique aux courbes enregistrées au départ de l'expérience et aux temps
intermédiaires. Si l'on compare les courbes cathodiques mesurées en milieu stérile et une heure
après inoculation dans les milieux contenant du sulfate et du fumarate, on observe, pour une
surtension de 130 mv, une augmentation de la vitesse de la réaction d'électrode. Celle-ci semble être
fonction de la faible concentration en sulfure présente à ces temps d'immersion:
Ces résultats peuvent s'interpréter par une petite dép'olarisation anodique intervenant au
départ juste après immersion des échantillons.
La colonisation des substrats métalliques par les bactéries Hase+ diffère selon le milieu
considéré. Il apparaît en effet qu'en présence d'ions sulfates comme accepteurs d'électrons, cette
colonisation est maximum au bout de 25 h pour se stabiliser et diminuer par la suite. Après 44 h dans
Tableau 18 = Evolution des quantités d'acides gras à la
surface du métal immergé dans une culture
de D. fructosovorans
Nomenclature:
i : iso (a = anteiso)
i C17:1 w7c C17 : nombre de carbones
1 : nombre de doubles liaisons
w : position de la double liaison à compter
du carbone terminal
c : cis (t = trans)
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t= 1 7 H
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i~lJ~J~~i~jLllj~ J!\~:;0G;.
Figure 49 = Distribution des acides gras sur les échantillons exposés dans un milieu
inoculé avec O. desulfuricans à différents temps d'exposition
le milieu, la densité bactérienne présente sur les échantillons est alors proche voire même inférieure
à celle observée après 3 h d'exposition (Tab. 17). En présence de fumarate, il est au contraire
observé une colonisation croissante en fonction du temps des suriaces considérées même si celle-ci
se ralentit après 24 h d'exposition.
microorganismes considérés. Cette observation suggère le role essentiel que pourrait jouer la
couche passive de sulfure de fer dans la ;Joursuite du processus de corrosion du métal.
A partir de la zone 8 (Fig. 45), la courbe de polarisation cathodique enregistrée peut être
considérée comme une mesure de la résultante des deux réactions de réduction (réduction des
protons de la solution et réduction du ou des composés déposés à la surface du métal) se dérou lant
simultanément à la surface de l'échantillon métallique. Cependant cette zone est régie par une forte
polarisation de diffusion:
- Il est impossible, dans la gamme de potentiel correspondant à cette zone, que la vitesse
de la réaction d'électrode soit limitée par ia diffusion des ions H+ de la solution vers la surface
métallique. En effet, la vitesse de diffusion des protons est encore suffisament rapide pour que la
cinétique soit contrôlée par l'activation (transfert de charge).
Tableau 19 ~ Vitesses de corrosion en présence de
BSR calculées à partir des droites de
Tafel anodiques
1 3,8 3,9
stérile
3 3,8 3 4,2
19 4 1,3
26 3,4 2
BSR Hase+ 1 10 11
+ 18 DI 5
sulfure 21 DI 3,8
23 DI 4 8,8
25 DI 3,7
42 DI 1,5
45 DI 3,8
DI = détermination impossible
85
- Il est également impossible que la cinétique de la réaction d'électrode soit limitée par
l'accumulation d'hydrogène à la surface du métal. En effet, les bactéries colonisatrices de la surface
métallique, susceptibles d'utiliser l'hydrogène cathodique, sont très nombreuses aux temps 17, 20,
24 et 44 h (Tab. 17) : si on considère que la quantité de C16:0 mesurée au temps t = 3 h représente
les phospholipides des bactéries de l'inoculum, on peut estimer que ia densité bactérienne sur la
surface du métal est de 3,2 10 6 bactéries / cm 2 au temps t = 17 h (voir calculs en annexe) et qu'elle
double entre 17 et 25 h (6,43 10 6 bactéries / cm 2).
Il semble donc que dans cette zone la vitesse de la réaction soit régie par une polarisation
de résistance due à la présence d'une couche de sulfure formée à la surface du métal, qui rendrait
difficile la diffusion des protons jusqu'à la surface métallique. On retrouve cet effet de barrière sur la
partie anodique des courbes de polarisation (Fig. 47).
Dans la portion C des courbes de polarisation cathodique (Fig. 45) la réaction d'électrode
est contr6iée par une polarisation d'activation, ce qui suggère que la réaction de réduction du
composé précipité sur fa surface métallique n'interv'ient plus.
En absence totale de sulfure, la tendance des courbes de polarisation cathodique est
classique (Fig. 46). Au départ de la polarisation, la cinétique de la réaction d'électrode est pilotée par
une polarisation d'activation. Aucune réaction secondaire ne se superpose à la réaction de réduction
des protons qui dépend donc du transfert de charge. On constate que pour une même surtension
(par exemple -950 mv), la vitesse de la réaction augmente en fonction du temps d'exposition ce qui
semble traduire l'influence de l'activité hydrogénasique de la BSR testée.
Dans la deuxième phase des courbes, à environ - 1000 mv / e.c.s., on observe un léger
ralentissement de la vitesse de la réaction quel que soit le temps d'exposition. Dans cette zone de
potentiel, le transfert de charge augmente beaucoup parallèlement à la surtension. La vitesse de
diffusion des ions H+, qui reste constante, peut alors limiter la cinétique de la réaction de décharge
du proton.
Les vitesses de corrosion ont été estimées par extrapollation des droites de Tafel
anodiques des coubes de polarisation (Tab. 19). Les phénomènes de diffusion observés sur les
portions cathodiques ont rendu impossible le tracé des droites de Tafel cathodiques. Pour la
détermination de la vitesse moyenne de corrosion, nous avons pondéré les vitesses instantanées
des durées correspondantes
On remarque que la vitesse de corrosion enregistrée en l'absence totale de sulfure durant
la croissance de O. fructosovorans (Hase+) est respectivement 2,9 et 6 fois supérieure à celles
mesurées en présence de sulfure produit pendant la croissance de O. desulfuricans (Hase+) et en
milieu stérile. Cela suggère d'une part l'importance de l'activité hydrogénasique des bactéries dans le
processus de corrosion du métal et d'autre part que la couche de sulfure formée à la surface du métal
ralentit ce processus. Il ne s'agit toutefois que d'un ralentissement puisque la vitesse mesurée en
milieu stérile est 2,1 plus faible qu'en présence de bactéries.
86
4.3. CONCLUSIONS
Les deux techniques utilisées pour estimer les vitesses de corrosion en présence ou non
de bactéries ont montré que ces vitesses étaient environ deux fois plus élevées dans les cultures
bactériennes produisant du sulfure par rapport à celles mesurées dans le milieu stérile.
Les dosages du fer en solution et dans les dépôts de corrosion après essais de corrosion,
ainsi que l'examen des courbes de polarisation obtenues durant la croissance de B8R Hase +
produisant du sulfure, ont confirmé la formation d'une couche de sulfure à la surface du métal dont
nous avions pressenti l'existence lors des expériences de suivi de potentiel de corrosion de ['acier
K55 en fonction du temps dans ces mêmes conditions. Cette couche semble ralentir le processus de
corrosion du métal, mais les vitesses de corrosion restent néanmoins supérieures dans ces
conditions en comparaison de celles mesurées en milieu stérile. Ce ralentissement peut
correspondre à une baisse de ;'activité hydrogénasique des bactéries à cause de la toxicité qL.:e
semblent provoquer les sulfures présents à forte concentration vis-à-vis de ces bactéries, plutôt qu'à
un phénomène de passivation.
Inocula lion
steel
~\
elec~rode
iJl'II~_U
c= I II~
: .... -
- -
STERILE
-~-~I
87
L'étude des suivis de potentiel de corrosion en fonction du temps nous a montré que
l'écart entre les potentiels stationnaires mesurés en milieu stérile et ensemencé par des BSR Hase-i-
était d'environ 110 mv. Nous avons profité de cette différence pour construire une pile électrique.
Notre idée était de séparer les sites des réactions anodiques et cathodiques, tout en respectant au
maximum les conditions de corrosion naturelle. Ce problème était intéressant car il se produit souvent
dans la pratique. Nous avons donc tenté de mettre en évidence et de quantifier le flux d'électrons
passant entre deux électrodes identiques, l'une exposée au milieu stérile et l'autre au même milieu
inoculé par des BSR. En étudiant séparemment les différents facteurs évoqués antérieurement, Il
était intéressant de déterminer l'influence de chacun sur le sens du courant circulant d'une électrode
à l'autre.
Nous avons commencé par étudier la force électromotrice (fe.m.) de la pile. Deux types de
montage ont été réalisés:
- La première pile (Fig. 50) est constituée de deux cellules individuelles contenant le milieu
de croissance des bactéries. Elles sont reliées entre elles par un pont KCI saturé assurant le passage
des ions. Ces deux réacteurs sont préparés en même temps suivant les procédures déjà décrites.
Une électrode d'acier K 55 est immergée dans chacun des compartiments. Les deux éprouvettes
métalliques sont identiques (même aire et même préparation de l'état de surface). Le circuit est fermé
en réunissant les deux électrodes par un conducteur électrique. Sur cette boucle nous avons placé
en série un millivolt mètre à résistance d'entrée de 10 12 Q de façon à mesurer le potentiel aux bornes
de la pile en circuit ouvert (une résistance "infinie" équivaut à se mettre en circuit ouvert puisque les
électrons ne pourront pas circuler dans le circuit extérieur).
- La seconde pile ne comporte qu'une seule cellule divisée en deux compartiments par
une membrane échangeuse d'ions placée autour de l'une des électrodes et faisant le même office
que le pont,salin. Le même appareillage de mesure est placé sur le circuit extérieur.
Dans un deuxième temps, nous avons essentiellement travaillé sur le premier montage sur
lequel nous avons remplacé le millivoltmètre par un milliampère mètre à résistance d'entrée assez
faible (10 3 Q) permettant de mesurer le courant de court-circuit de la pile. Une résistance d'entrée
nulle aurait cependant été souhaitable.
Figure 51 - Evolution de la f.e.m. de la pile: influence simultanée des sulfures et de
l'activité hydrogénase sur la même électrode.
en
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E ...
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B5R 14
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sterile 10 :J
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8
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-20 inoculation
r
-40
/ 6
2
-60-
12 24 36 48
TEMPS (H)
1_. 1
88
La bactérie testée est Desulfovibrio desulfuricans . Le lactate est utilisé comme donneur
d'électrons organique à raison de 20 mmol / 1. L'hydrogène issu de la réaction cathodique est
également une source potentielle d'équivalents réducteurs pour la réduction du sulfate. Ce dernier,
présent en proportion non limitante, sert d'accepteur terminal d'électrons au cours du
développement de la souche.
seconde immergée en milieu stérile étant protégée contre l'agression de ces deux paramètres. Dans
le deuxième montage, l'H2S produit dans l'un des compartiments au cours du métabolisme de la
souche peut diHuser dans le second au travers de la membrane dialysante. Par conséquent son
activité s'exerce sur la surface des 2 électrodes alors que l'utilisation de l'hydrogène cathodique n'est
à priori envisageable que dans le compartiment ensemencé.
Les courbes 51 et 52 présentent l'évolution de la f.e.m. de la pile obtenue dans ces deux
cas de figures parallèlement à la croissance des bactéries. Une différence de potentiel de - 15 mv
Figure 52 :;:: Evolution de le f.e.m. de la pile: influence de l'activité hydrogénase des
bactéries.
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l
inoculation 6
--2
-60 -
--.--.--- 36 48
24
TEMPS (H)
89
s'établit entre les deux électrodes immédiatement après inoculation. Cette dissymétrie négative
signifie que l'électrode exposée au milieu stérile devient dans un premier temps le pôle positif de la
pile c'est-à-dire la cathode. Simultanément, l'autre échantillon devient l'anode ce qui suppose que le
métal commence à s'y dissoudre. Etant donné que la croissance des bactéries n'a pas commencé,
seul un composé chimique introduit par l'intermédiaire de l'inoculum dans le compartim9nt
ensemencé a pu induire cette dépolarisation anodique. La faible quantité d'H2S synthétisée dans la
pré-culture est peut-être suffisante pour provoquer ce phénomène. Cette stimulation anodique n'est
que provisoire puisque au bout de quelques heures, les pôles de la pile s'inversent et l'électrode
concernée devient progressivement, dès le début du développement de la souche, l'élément
cathodique de la pile.
de potentiel entre les deux éprouvettes, celle exposée directement à l'activité des SSR se
recouvrant progressivement d'un précipité de FeS. Après un temps de latence nécessaire à l'arrivée
de l'H2S et à la formation du film sur j'électrode plongée en milieu stérile, les deux suriaces seraient
devenues identiques. Cette explication, confirmée par le maintien d'une différence de potentiel
entre les deux électrodes lorsque seule l'une d'entre elles est incubée en présence de sulfure, est
en accord avec l'hypothèse que le FeS est plus cathodique que le fer lui-même (MILLER, 1981).
CONCLUSION INTERMEDIAIRE
-4 2
-5 l------~~---_..:...._+------":'t:_-----___:~
12 24 36 48
...
TEMPS (H)
90
L'une des cellules a été ensemencée avec Oesulfovibrio desulturicans . Les conditions de
culture sont les mêmes que précédemment. Pour minimiser le déséquilibre introduit au moment de
l'inoculation entre les deux compartiments, le culot bactérien de la pré-culture a été récolté après
c'3ntr i fuQ2tion, puis suspendu dans 2 ml de milieu neuf avant d'être injecté. Malgré cette précaution,
on observe immédiatement après inoculation, l'induction d'un flux d'électrons circulant, dans le
circuit extérieur, du compartiment ensemencé vers le compartiment stérile (Fig. 53 B). L'inversion de
la polarité de la pile coïncide avec le début de la croissance de la souche. Après inoculation, lorsque
les bactéries sont inactives (fig. 53 A), l'électrode en milieu ensemencé devient, comme
précédemment, l'élément anodique de la pile, mais ce comportement se maintient pendant toute la
durée de l'expérimentation. Par conséquent, l'intensité mesurée pendant le développement
bactérien est la résultante de deux courants antagonistes.
Sans qu'î1 soit possible de quantifier j'intensité de ces deux courants, on remarque
cependant qu'ils ont tendance à s'égaliser ce qui se traduit sur la courbe par l'annulation de la densité
du courant. En fin d'expérience, le métal incubé dans la culture de BSR est recouvert d'un dépôt noir
de sulfure. Sous ce dépôt on observe une perte de brillance de l'acier qui peut correspondre à
l'existence d'un film de base très adhérent. La surface de l'électrode exposée au milieu stérile,
présente en plus du ternissement du métal, des traces d'attaque très nettes (photos 12 et 13).
L'aspect de cet échantillon après deux jours d'immersion, suggère "existence d'une "pompe à
électrons" très puissante dans le compartiment bactérien. Effectivement, les phénomènes de
transfert d'électrons sont forcément induits au niveau du métal en contact avec la culture de bactéries
puisque le milieu stérile ne subit aucune évolution dans sa composition durant toute l'expérience.
Pour alléger la suite de l'exposé nous avons adopté les symboles suivants pour nommer
les deux électrodes:
COMPARTIMENTS DE LA PILE.
sterÎe ensemen e
5pm
Deux possibilités sont à envisager pour expliquer le départ d'électrons de EE vers ES'
- Dissolution du fer dans le compartiment sous "influence des ions sulfures présents
dans l'inoculum (Fe + HS- -------> FeS + e- ).
- Oxydation à la surface de EE d'une espèce chimique en solution introduite par
l'intermédiaire de l'inoculum.
fer. Cependant la faible proportion de l'inoculum par rapport au volume du milieu ne nous permet pas
d'admettre la seconde hypothèse.
Durant la croissance des bactéries, un flux d'électrons s'instaure entre les deux
électrodes, dans le sens EE vers ES, signifiant que les deux échantillons deviennent
respectivement J'anode et la cathode de la pile. Ceci est en accord avec l'examen visuel des deux
éprouvettes en fin de manipulation. Cette circulation d'électrons à partir du compartiment ensemencé
peut être attribuée :
- Soit à la réduction d'un composé chimique produit au cours du métabolisme des
bactéries.
- Soit à l'utilisation de ces électrons par les bactéries elles-mêmes.
lactate Acétate
Dans cette réaction il n'y a apparemment aucun métabolite chimique produit au cours de la
croissance des bactéries qui soit susceptible d'avoir consommé des électrons au niveau de la surface
cathodique.
d'expérience. Sans être négligeable, cette variation ne peut expliquer ce transfert d'électrons car la
proportion de bicarbonate était importante dès le départ.
- Les ions sulfures synthétisés au cours de la croissance bactérienne représentent le
stade ultime de réduction de cette espèce chimique.
- Le pH reste stable pendant toute la durée de la manipulation. Ceci pourrait être en faveur
de la réduction des ions H+ libérés en solution. Cependant le pH n'évolue pas non plus dans les
cultures de bactéries sans source d'électrons. Cette observation implique que le pouvoir tampon du
milieu est en fait responsable de cette stabilité.
Figure 54 = Influence des sulfures sur l'échantillon immergé dans le compartiment
stérile de la pile.
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-2 6 l
-3 4
-4 2
-5 L--------t--------+------..-.....-------~-
12 24 36 48
TEMPS (H)
92
simultanément à l'inoculum, 2 mmol / 1 de sulfure dans la cellule stérile. La figure 54 ne révèle pas de
variation significative du courant de court-circuit de la pile en comparaison de la courbe relative à cette
même mesure obtenue lorsque le compartiment stérile était exempt de sulfures. Ceci suggère que
l'action anodique de l'H2S est négligeable par rapport à l'impact des BSR sur la réaction cathodique.
L'action de dépolarisant cathodique du sulfure de fer a été éliminée en testant une culture
de BSR capable d'oxyder l'hydrogène, mais ne produisant pas d'H2S, Le fumarate est par
conséquent le seul accepteur terminal d'électrons disponible. L'ensemble de la courbe (fig. 55) est
comparable à celle obtenue en présence de sulfure (Fig. 53 B). On observe toujours l'existence des
deux courants antagonistes tels que nous les avons définis précédemment. Cependant l'évolution
de ces courants traversant la pile est moins marquée ce qui semble lié à une croissance plus lente de
la bactérie (reportée sur la courbe par la production de succinate) et de fait à une activité enzymatique
plus réduite. Cette diHérence peut également s'expliquer par l'absence de film de sulfure à la surface
de EE qui, dans le cas où il peut se former, accentue le passage du courant car il est plus cathodique
Dans ces expériences nous avons pratiquement supprimé le courant "négatif" circulant de
la cellule stérile vers la cellule ensemencée. Ce résultat a été obtenu en injectant dans le
compartiment stérile une pré-culture autoclavée, chimiquement identique à l'inoculum actif. A part
cette légère modification de protocole, la courbe B de la figure 56 a été obtenue exatement dans les
mêmes conditions que l'enregistrement présenté sur la figure 53 B. Seul persiste le courant dans le
sens EE vers ES' Il apparait positif et confirme notre raisonnement antérieur selon lequel la seconde
partie des courbes précédentes correspond à la mesure de deux courants se déplaçant en sens
inverse dans la pile.
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C'l 32
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36 48
12 24
TEMPS (h)
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::J
Z
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a 0
0:
3 ll.
2
l
- 1
A
1
-2
12 24 36 4b
TEMPS (H)
5.3. CONCLUSIONS
Les BSR actives sont capables d'induire un transfert d'électrons entre deux électrodes
d'acier à partir de l'échantillon avec lequel elles sont en contact direct. Cette conclusion résulte des
observations suivantes:
- Dans la pile en circuit ouvert, la surface métallique en contact avec les BSR
devient plus cathodique durant leur croissance. Une Le.m. de· 50 mv s'établit entre les deux
électrodes.
- Dans la pile en court-circuit, j'activité des bactéries provoque le passage d'un
courant corrosif de l'électrode incubée en milieu ensemencé vers l'électrode immergée en milieu
stérile. Seule la seconde éprouvette montre des signes évidents de corrosion indiquant que la
mesure du flux d'électrons dérive de la réaction de dissolution du fer.
Le rôle du sulfure de fer est néanmoins mis en évidence par le fait que la f.e.m. de la pile
en circuit ouvert a tendance à s'annuler entre les deux électrodes exposées successivement dans le
temps à l'action des sulfures, l'une d'entre elles étant toujours soumise à l'action des BSR Hase +.
94
Après prélèvement des échantillons, ces derniers ont été stockés dans une atmosphère
desséchante de façon à éviter une oxydation de la suriace avant les mesures.
L'étude des couches déposées à la suri ace des échantillons après immersion dans les
solutions décrites ci-dessus a été effectuée en spectrométrie à décharge luminescente. Le principe
de cette méthode est d'exciter les atomes et les ions présents dans l'atmosphère (argon) comprise
entre deux électrodes. Le matériau à analyser sert de cathode et est bombardé par des ions positifs
(ceux de l'argon) fortement accélérés par le champ électrique élevé qui règne entre les deux
électrodes. Ce phénomène appelé pulvérisation cathodique, correspond à l'érosion du métal. Il y a
émission spectrale par les atomes et les ions arrachés à l'échantillon. Cette émission est
représentative à chaque instant de la composition de la suriace bombardée. Il existe en plus une
proportionnalité directe entre la profondeur du cratère formé à la suriace de l'échantillon et la durée
de la décharge (temps d'érosion) et entre l'intensité lumineuse émise et la concentration en chaque
élément.
Les résultats de ces analyses de spectrométrie en décharge luminescente, illustrés par les
figures 57 à 60, révèlent "existence de couches superficielles d'épaisseurs variables suivant les
milieux dans lesquels ont été immergés les échantillons.
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Cl
Cl
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1 .,
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1 1
162. 00
1
\ a,o. 00
f.mps d'.ros:on l, )
Il faut signaler que nous n'avons pas fait de calibration. Par conséquent, il est possible de
comparer les différentes courbes entre elles mais aucune comparaison ne peut être effectuée entre
2 éléments différents. Les courbes correspondant à l'oxygène et à l'hydrogène ont été amplifiées, ce
qui se traduit par des oscillations importantes du signal, car ces éléments sont présents à l'état de
traces dans les couches formées à la surface du métal. L'oxygène et l'hydrogène présents dans ces
couches peuvent correspondre à une contamination par l'air après le retrait des échantillons du milieu
d'essai.
Les allures des courbes en milieux stériles additionnés de 0,6 et 10 mmol / 1de sulfure et
en présence de bactéries produisant des sulfures sont équivalentes car elles montrent, toutes trois,
un enrichissement en soufre du film recouvrant l'électrode. La présence de soufre correspond,
comme nous l'avions déjà envisagé, à la formation d'un dépôt de sulfure. La présence de fer dans la
couche suggère qu'ils sont précipités' sous forme de sulfure de fer.
Les hauteurs de pics du soufre sont sensiblement identiques dans les milieux contenant
10 mmol / 1de sulfure (milieu stérile + 10 mmol /1 de sulfure et culture bactérienne + S04 2- + 20 mmol
/ 1de lactate) indiquant que la teneur en sulfure est constante sur toute l'épaisseur des couches
formées à la surface de ces échantillons. D'autre part, après croissance des bactéries dans le milieu
additionné de fumarate, on n'observe aucune trace de soufre à la surface de l'échantillon métallique
et en milieu stérile (0,6 mmol /1 de sulfure), la concentration en soufre de la couche est environ 4 fois
plus faible qu'en présence de 10 mmol / 1de sulfure. Il semble donc exister une relation entre les
teneurs en ions S2- de la solution et celles mesurées dans la couche.
Les analyses par diffraction de rayons X, réalisées sur les dépôts récupérés par "grattage"
des produits de corrosion placés en milieu fortement chargé en sulfure, ont mis en évidence la
structure amorphe des sulfures formés. Cependant, des analyses identiques des dépôts de
•
corrosion prélevés sur le puits de Creil, ont montré la présence de mackinawite (FeS) et de pyrite
(FeS2) comme composé minoritaire (GOYENECHE et LONGIN, 1981).
96
En considérant la vitesse moyenne d'érosion d'un acier au carbone, à savoir 1,5 Jlm . mn- 1
et en se basant sur les profils du fer et du soufre, on peut évaluer l'épaisseur des différentes couches
en fonction de leur temps d'érosion (Fig. 61):
On note que les épaisseurs de couche varient en fonction des conditions opératoires et
qu'elles dépendent de la présence de sulfure dans la solution.
On remarque que la couche formée après production de sulfures par les bactéries est
deux fois plus épaisse qu'en milieu stérile contenant la même concentration en sulfure (10 mmol.l- 1).
On peut admettre que l'épaisseur des couches (produits de corrosion) est proportionnelle à la
quantité de fer corrodé combiné sous forme de sulfure à la surface du métal (On néglige ici le fer
passé en solution car nous avons montré précédemment que, dans les solutions de sulfures, cette
grandeur était faible par rapport à la quantité de fer piégé dans les dépôts de corrosion à la surface du
métal).
• Si l'on s'en réfère aux épaisseurs de couches, il y a deux fois plus de fer qui se corrode
par corrosion et reste piégé dans la couche de produits de corrosion, en présence de "activité
hydrogénasique des bactéries et de sulfure qu'en présence de sulfure seul. Cet écart qui se traduit
par une différence de potentiel de 50 mv, ne peut être relié qu'à l'activité enzymatique des bactéries
Hase+. Cette conclusion peut également s'appliquer aux essais avec badéries Hase" comparés aux
expériences en présence de BSR Hase+, puisqu'une même différence de potentiel a été obtenue
entre ces deux cas su r les courbes d'évolution du potentiel.
* St er i 1e + O. 35 m M S 2-
• BSR + fuma rate
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epaisseur couche (pm)
Figure 62 = Relation entre l'épaisseur des couches et le potentiel stationnaire obtenu
en fin d'essai de suivi de potentiel de corrosion
97
comparaison du témoin stérile pauvre en sulfure, on peut également attribuer au film de sulfure de fer
formé à la surface du métal dans les solutions riches en H2S, un rôle important dans les processus de
corrosion des métaux ferreux, probablement parce que ce dernier joue le rôle de cathode dans le
• Toujours en référence aux épaisseurs de couches, la quantité de fer corrodé retenue sur
la surface de "échantillon placé en milieu stérile pauvre en sulfure est 4 fois plus faible qu'en
présence de BSR Hase+ produisant 10 mmol / 1 de sulfure. Ce rapport est probablement erroné car
nous avons trouvé précédement, après essais de corrosion, 14 fois plus de fer en solution dans les
milieux pauvres en sulfures (milieux stériles) que dans les milieux riches. Cependant, les rapports
Fe 2+ (FeS) / Fe 2 + (solution) étant respectivement égaux à 1,3 et 52 (Tab. 15), on peutquand même
en déduire qu'il y a globalement plus de fer qui se corrode dans les cultures bactériennnes qu'en
milieu stérile. Lors des mesures de vitesse de corrosion par extrapolation des droites de Tafel, nous
avons trouvé un rapport de 2,1 .
6.3. CONCLUSION
Cependant, il ne s'agit pas vraiment d'une couche de barrage car, si elle diminue
légèrement le processus de corrosion, elle ne le stoppe pas. On rappelle, en effet, que sa présence
98
diminue légèrement la vitesse du processus de corrosion comparée à celle mesurée dans un milieu
exempt de sulfure. Par contre, cette vitesse reste supérieure à celle enregistrée en milieu stérile
(0,35 mmol / 1 de sulfure). La stabilisation du potentiel en fin d'expérience correspond donc à
l'obtention d'un état d'équilibre.
Lorsque cette couche est absente, l'activité hydrogénasique des bactéries stimule
d'autant plus la corrosion du métal.
CONCLUSIONS GENERALES
99
CONCLUSIONS GENERALES
Le travail exposé dans les chapitres précédents a été entrepris dans le but d'étudier, dans
un premier temps, par une approche écologique, les possibilités de participation des SSR aux
dégradations par corrosion des parties métalliques du circuit géothermal, observées sur l'ouvrage
G.C.R.4 de la centrale géothermique de Creil.
cathodique) sont favorables à la prolifération des BSR. La vitesse de circulation du fluide géothermal
peut être considérée comme un critère de sélectivité vis-à-vis de la colonisation bactérienne des
surfaces métalliques. En effet, les résultats des dénombrements bactériens ont montré que les BSR
sont plus nombreuses au niveau des zones du circuit caractérisées par une faible vitesse du fluide.
En outre, c'est au niveau de la pompe de production, envahie, suivant le régime d'exploitation du
puits, par une eau stagnante favorable à l'adhésion des bactéries, que les periorations du métal les
plus rapides ont été observées.
-Absence d'oxygène dans "eau et potentiel rédox suffisamment bas dans les
dépôts de corrosion pour permettre le développement des BSR dont le métabolisme est anaérobie
strict.
-pH proche de la neutralité correspondant à l'optimun de croissance des souches.
L'étude taxonomique effectuée sur les souches de BSR obtenues en culture pure a
permis de mettre en évidence, comme c'est souvent le cas dans un biotope peu étudié d'un point de
vue bactériologique, tel que l'eau géothermale de Creil issue de bassins sédimentaires profonds,
deux nouvelles espèces de BSR thermophiles, appartenant au genre Oesulfotomaculum, capables
d'utiliser l'hydrogène comme source d'énergie en présence de sulfates même dans des conditions
d'autotrophie stricte. Toutes les autres souches isolées étaient également Hase+. Or les essais
éllectrochimiques ont montré que ces souches capables d'oxyder l'hydrogène avaient un rôle plus
important dans les processus de corrosion que les souches Hase-.
La bonne adaptation des souches aux conditions qui règnent dans l'aquifère suggère que
leur présence dans le puits est antérieure au forage géothermique. La thèse de "origine autochtone
avait été confortée par les analyses isotopiques du soufre qui ont montré un enrichissement en
soufre 34 sous forme oxydée suite à une activité bactérienne sulfato-réductrice ancienne. Cette
activité a pu soit ne jamais cesser, soit reprendre après la réalisation du forage.
Si la prise en compte des résultats partiels qui sont l'aboutissement des différentes
phases de l'étude écologique (présence de BSR Hase+ dans l'eau et les dépôts de corrosion,
adhésion des bactéries aux surfaces, oxydation de l'hydrogène par les souches en culture pure,
présence de FeS dans les dépôts de corrosion et d'H2S dissout dans le fluide géothermal,
Les résultats des essais de corrosion, effectués en conditions de laboratoire, dans le but
de présicer les mécanismes de corrosion biologique par les BSR, militent également en faveur de
leur intervention dans les processus de corrosion.
de 50 mv entre les potentiels d'abandon stationnaires obtenus d'une part dans les cultures des BSR
Hase+ produisant du sulfure et d'autre part dans les solutions de sulfure et lors de la présence
simultanée de sulfure et de BSR Hase·. Par ailleurs, les vitesses de corrosion obtenues dans les
cultures de BSR Hase+, en particulier lorsque le milieu est exempt de sulfure, sont supérieures à
celles mesurées en milieu stérile.
approximative FeS2,4 à la surface des échantillons métalliques, mis en évidence lors des analyses de
composition des couches, contribue à l'ennoblissement du métal observé dans ces conditions.
L'étape d'accroissement du potentiel qui précède l'établissement du film, se superpose à la phase
exponentielle des bactéries. La remontée du potentiel correspond à la formation de cette couche de
sulfure et également à l'activité hydrogénasique des bactéries.
Dans les cultures ne contenant pas de sulfure, l'activité de l'hydrogénase des BSR
entretient la corrosion du métal ce qui se traduit par une décroissance du potentiel qui se stabilise à
une valeur inférieure à celle obtenue en milieu stérile (0,35 mmol 1 1de sulfure). Les examens en
spectrométrie à décharge luminescente ont montré qu'aucune couche ne se formait à la surface des
échantillons dans ces conditions, facilitant ainsi le passage du fer sous forme d'ions ferreux dans la
solution.
En poursuivant notre étude, il a été possible de montrer que les vitesses de corrosion,
dans les cultures de BSR Hase+ ne produisant pas de sulfure, sont respectivement 2,9 et 6 fois
supérieures à celles mesurées lors de la présence concomitante de SSR Hase+ et de sulfure et en
milieu stérile, suggérant l'influence positive du film de sulfure de fer sur la résistance à la corrosion du
métal étudié. Cependant il ne s'agit que d'un ralentissement du processus de corrosion. Dans nos
essais de corrosion, ce ralentissement pourrait avoir pour origine une baisse de l'activité
hydrogénasique des bactéries due à la production importante de sulfure dont "effet toxique s'est
traduit par une diminution de la colonisation bactérienne des surfaces en fin de croissance après
culture de bactéries produisant des sulfures.
présence de sulfure (Na2S ou H2S biologique) est identique. Cependant le potentiel du métal est
d'autant plus positif que l'épaisseur des couches est importante. Ce résultat est très important car il
est souvent reproduit dans les cas concrets de corrosion. En effet, la répartition des dépôts de
corrosion est souvent non uniforme, en particulier dans les périodes d'initiation du processus de
corrosion. Si les microcolonies de SSR sont également réparties de manière aléatoire, on se retrouve
dans les mêmes conditions que celles mises en oeuvre dans nos expériences de laboratoire, c'est à
dire couplage entre des zones peu recouvertes et des zones recouvertes d'un dépôt épais. Ces
zones très recouvertes présenterent un potentiel d'autant plus élevé que l'oxydation de l'hydrogène
à leur surface par les SSR Hase+ y est effective.
102
La colonisation des surfaces par les bactéries est très importante. Cela leur permet
probablement une meilleure utilisation de l'hydrogène cathodique. L'importance de l'adhésion des
bactéries dans la théorie de la dépolarisation cathodique est suggérée, comme en milieu stérile, par
l'absence de croissance du potentiel lorsque les SSR sont physiquement séparées de la surface
métallique par une membrane dialysante. En outre, une BSR Hase- est incapable d'induire un
courant significatif dans une pile biologique constituée par deux électrodes identiques plongeant
dans le même milieu contenant du sulfure. Dans nos essais, les phénomènes se déroulant à
l'interface métal-solution sont probablement indépendants des processus biologiques mesurés en
solution. Cela est suggéré par l'augmentation importante du potentiel de corrosion observé dans le
milieu sans donneur d'électrons organique (lactate). Dans les milieux contenant une source
d'énergie organique, la vitesse de corrosion n'est pas liée à la présence en solution de bactéries qui
dégradent le "lactate mais à la présence de bactéries colonisatrices de la surface métallique qui
oxydent l'hydrogène cathodique directement sur la surface du métal.
Cette étude est une étape préliminaire qui a montré l'importance des BSR dans les
phénomènes de corrosion observés sur le puits de Creil. Les résultats obtenus sont suffisamment
encourageants pour orienter les futures étapes de recherche vers les solutions à apporter à ces
problèmes de corrosion bactérienne. Ces recherches doivent s'orienter vers des traitements curatifs
plutôt que préventifs du fait de l'origine probablement allochtone des BSR ou vers le choix de
nouveaux matériaux. En outre, la contamination de l'eau par des composés organiques est à éviter
dans les furures installations ainsi que les zones d'eau stagnante favorable à la formation de biofilm.
Les techniques électrochimiques associées aux méthodes micro biologiques nous ont
permis de mettre en évidence l'activité corrosive des BSR et en particulier le rôle important joué par
l'enzyme hydrogénase des bactéries Hase+ et également par la couche de sulfure de fer. Ces
techniques pourraient être mises à profit ultérieurement, de manière plus systématique, par exemple
pour diagnostiquer une corrosion biologique dans d'autres cas concrets de corrosion ou pour définir
la meilleure solution à apporter contre cette corrosion au cours d'études comparatives effectuées au
laboratoire: tests de l'activité des BSR vis-à-vis de différents matériaux ou différents bactéricides.
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Estimation du nombre de bactéries à la surface des échantillons à partir du dosaQe des acides gras
dérivés des phospholipides bactériens.
Un vaste programme de recherche a été entrepris sous l'impulsion de l'Agence Française pour
la Maîtrise de l'Energie dans le but de déterminer les causes des déteriorations par corrosion observées
au niveau des équipements métalliques des circuits géothermiques exploités en région Parisienne.
Cette étude devait préciser l'importance respective, dans ces phénoménes de corrosion, des
processus physico-chimiques et de l'intervention bactérienne, en particulier de l'incidence des bactéries
sulfato-réductrices (BSR), de façon à justifier ultérieurement, le développement de moyens de lutte
spécifiquement anti-bactériens. Ce travail s'inscrit dans cet objectif et constitue également une
contribution à la compréhension des mécanismes liés à l'attaque des métaux ferreux par les BSR, la
littérature à ce sujet étant très contracdictoire.
Une approche écologique du fluide prélevé sur la centrale géothermique de Creil a permis de
mettre en évidence, par des numérations bactériennes, la présence de BSR aussi bien dans l'eau que
dans les dépôts de corrosion. Quatre espèces différentes de BSR ont été isolées en culture pure et
étudiées d'un point de vue physiologique et nutritionnel : Desulfovibrio desulfuricans,
Desulfotomaculum nigrificans et deux espèces nouvelles, thermophiles, appartenant également au
genre Desulfotomaculum, qui utilisent en particulier les acides gras comme donneurs d'électrons ainsi
que l'hydrogène qu'elles sont capables d'oxyder en l'absence totale de source de carbone organique.
Cette étude a aussi montré que ces souches, bien adaptées aux conditions de l'aquifère (température,
pH, salinité, anaérobiose, potentiel rédox, présence de sulfate et de donneurs d'électrons), pouvaient
avoir une activité in situ et donc être responsables des phénoménes de corrosion des portions du circuit
présentant une attaque localisée observée en particulier au niveau des zones au contact d'eau
stagnante.
Pour mener à bien l'étude des mécanismes de corrosion par les BSR, étude qui constitue la
deuxième partie de ce travail, des techniques électrochimiques de mesure de la corrosion ont été
utilisées et adaptées aux processus biologiques et à la spécificité du milieu considéré. Les différentes
mesures réalisées sur l'acier au carbone (constituant l'essentiel des équipements géothermiques)
immergé en conditions stériles et dans des cultures bactériennes de BSR : suivi du potentiel d'équilibre
du métal, estimation des vitesses de corrosion par dosage du fer corrodé et par extrapollation des
droites de Tafel obtenues après tracé des courbes de polarisation, estimation de la biomasse
bactérienne présentes sur les surfaces métalliques par dosage des phospholipides bactériens,
constitution d'une pile biologique, étude de la composition chimique des couches formées à la surface
des échantillons par spectrométrie à décharge luminescente et par diffraction de rayons X, ont montré
l'importance de l'oxydation de l'hydrogène cathodique par les BSR dans l'accélération des processus
électrochimiques de la corrosion. Les résultats sont en accord avec la théorie de la dépolarisation
cathodique initialement postulée en 1934 par Von Volzogen Kuhr et Van Der Vlugt.