Le Cham-el-Nessim se célèbre au Caire au mois d'avnl.
C'est une fête copte, dont l'origine se perd dans la nuit des légendes pharaoniques et à laquelle musulmans chré- tiens et juifs d'Egypte s'associent avec un confraternel enthousiasme. Aucune idée religieuse ne s'^ mêle, sauf peut-être le vieux culte de la terre, cette commune nourrice des hommes, aima. pareils C'est une sorte de bénédiction laïque des blés qui mûrissent. ,La population tout entière vient demander au Kham- Sim de retarder ses ardeurs et de ne pas brûler le froment sur pied. De même, au mois de juin, les mêmes dévots païens vien- dront au Nil de fertiliser les terres. demander Le Cham^el-Nessim est sur la terre d'Egypte ce que sont pour nos catholiques populations de Bretagne et de Ven- dée les processions des Rogations à travers les sentiers des champs ou tout au bord des côtes, le long de la sen le. aux gabelous. Dès la première heure, les pelouses et les taillis en mi- niature du jardin de l'Esbékiéh sont envahis par une foule hétéroclite où toutes les religions, tous les dialectes, toutes les races, tous les costumes se mêlent, se coudoient et fra- ternisent bruyamment. On mange des oignons en souvenir du séjour des Israé- lites sur la terre des Pharaons. On mange des œufs durs comme en France aux approches de Pâques. Toute l'a- près-midi les réjoujssances se prolongent. On va rendre visite à l'arbre de la Vierge à Mattarieh. Ce sycomore, sous lequel Marie se serait reposée avec Jésus et saint Joseph lors de la fuite en Egypte, s'élève dans un jardin fort bien cultivé appartenant à des Coptes. Les Grecs vont déjeuner dans les taillis de citronniers: Les catholiques dépouillent l'arbre de la Vierge pour gar- der un souvenir du sycomore sanctifié. Ce pèlerinage est fort agréable quand le vent ne soulève pas de trop grands nuages de poussière. Les guinguettes sont ornées de pavillons helléniques, les caboulots de la route montrent leurs enseignes anglaises et leurs servantes épaissies par l'eau du Nil. LA TR\DITIO.N
Voitures, cavaliers,. piétons se mêlent aux uniformes
égyptiens et anglais. Une gaieté légèrement avinée pfane sur la foule parmi l'odeur pénétrante des orangers qui bordent la route du palais de Koubbet. Le chemin, bordé de sycomores et d'acacias, montre çà et là les coupoles en ruines des tombeaux des derniers sul- tans mamelouks Au loinapparaissent les dômes et les minarets funéraires des khalifes. Ces monuments ont longtemps servi de cible à Abbas-Pacha. D'énormes corps de bâtiments d'un jaune sale servent de casernes aux Anglais et aux indigènes. Des Bédouins ont dressé leurs tentes basses dans les tamarins qui mettent des taches de verdure sur l'infini du désert que raient jusqu'à l'horizon les rails du chemin de fer de Suez. Çà et là. sur la plaine sableuse un débris de cité antique apparaît, demi-submergé sous l'océan de sable jaune. Au premier plan grouille la foule bigarrée, chantant, dansant et tirant des pétards ou des feux d'artifice. Le consul de Grèce a assisté solennellement le matin a l'office religieux, presque aussi joyeux que la cérémonie de la résurrection du Christ qui avait réuni en groupes tous les schismatiques allumant à minuit leurs petits cierges, comme en Bretagne, à la fête de Noël, les enfants se pro- mènent avec des chandelles allumées en chantant le Meni traditionnel. Le soir, l'allégresse est à son apogée. Les Grecs cé- lèbrent leur indépendance. Des processions se forment précédées de flambeaux et de musiciens, dans la clarté des guirlandes de lanternes suspendues aux cafés et aux mai- sons. Des lustres aux prismes de cristal ornent les bou- tiques du Monski pavoisé d'oriflammes blancs et bleus. Rien d'emprunté dans cette allégresse à la fois religieuse et nationale. Les hommes s'abordent en disant Chrislo.s unèixtox Le Christ est ressuscité