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Lettre du général

Mahmoud Benaïad
adressée au directeur
du journal L'Italie
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Benaïad, Mahmoud (18..-19.. ; général). Lettre du général Mahmoud Benaïad adressée au directeur du journal L'Italie. 1875.

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LETTRE!
nu

MAHMOUD BENAÏAD
GENERAL
ADRESSES AU DIRECTEUR

Du journal L'ITALIE

PARIS

IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPONT


RUB JEAN-JACQUES-ROUSSEAU, 41

1 875
LETTRE

fefî«ML MAHMOUD BBNAÏAD

ADItKSSKK

Au Directeur du journal L'ITALIE


Paris, le H avril IS75.

Munsieuv h Dirrrirur tlu juumnl L.'Italie, lOnnc

MONSIKUll I.K DlItKCrF.I.'Il,

J'ai lu dans votre jounial du 5 avril coûtant la lellie

que volro correspondant ilo Tunis vous a adressée; à la


tktto du îlO mars dernier.

On" vous entretenait, dans celle lettre, des créances

italiennes restées en souffranco depuis quo le général

Klicrcddino est devenu premier ministre du Jîoy.

Votre correspondant signalait comme un fait inouï le


modo proposé par cet homme d'Ktat pour lo règlement
do ces créances. Kn effet, le général Khércddino aurait

proposé do faire juger par son souverain les prétentions


des débiteurs do la llégoncc. Un homme qui so respecte

et qui a quelque peu le sentiment de la justico et du

droit, non-seulement no proposerait pas un tel modo de


solution, mais no vou Irait jamais so faire l'instrument
d'un déni)do justico aussi révoltant. Le général Khéred-
dino se place au-dessus de toutes les faiblesses humaines,
__ t _

et, dans son zèle pour les intérêts do son mailre, non-
seulement il no veut pas reconnaître les detlos légitimes
du Gouvernement lunision, mais encore il voudrait fniro

payer dos sommes qui no sont pas dues au Trésor du

Hoy, Oo pareils procédés paraîtraient invraisemblables


clans les pays civilisés, mais pour Tunis et surtout pour
le général Khércddino, ce-sont choses loules naturelles.

Vous n'ignorez pas, Monsieur le Directeur, quo jo suis


créancier du Gouvernement tunisien do sommes considé-
rables. Mes droits ont été reconnus par uno sentence
émanée do remporour Napoléon III, on J850. Or, depuis
celle époque, jo n'ai cessé d'en poursuivre l'exécution et
le général Khércddino, qui avait représenté le Hoy devant
la Commission arbitrale et qui avait fait accroire, sans

doute, à son maître quo la décision souveraine lui avait


été favorable, nfin d'obtenir les faveurs du Princo, s'op-
posa, par tous les moyens on son pouvoir, à ce que jus-
tice me fût rendue.

\A\ sentence, arbitrale se divise en deux parties : la

premiôro comprend les chefs sur lesquels il a été statué


d'une manière souveraine et définitive et qui mo constitue
créancier du Boy ; la seconde ombrasse dos réclamations,
dont le chiffre n'a pu cire lixé et qui, admises en prin-

cipe, exigent pour leur solution un règlement do complo,

d'après les bases arrélées-par la Commission.


Pour arriver à l'apurement de ces comptes, j'ai demandé
et ne cesse de demander au Gouvernement du Iîey, la
formation d'une commission arbitrale, composée tle quatre
membres, dont deux choisis par le Iîey, deux par moi et
un cinquième nommé par le Gouvernement français pour
les départager, au cas de divergence.

A colle demande, basée sur la justice la plus élémen-


taire et appuyée par le Gouvernement français, le général
Khércddino opposa les prétentions les plus chimériques.
Il oxigea, non-seulement do so constituer mon arbitre avec
llncho Knlob, premier secrétaire du Iîey, mais il eut
encore l'audaco do déclarer qu'avant toute chose il fallait

quo j'eusse à déposer dans un établissement financier


toutes les sommes allouées au Iîey par la senlenco arbi-
tralo el qui m'avaient été remises à titra do provision sur
les fournitures faites au Iîoylik, sans tenir compte do
celles qui mo sont accordées par ladite senlenco, dos
Hommes réservées, onlin de la valeur et du revenu do mes

propriétés mobilières et immobilières séquestrées dans la


llégcnco do Tunis.

Il mo semble, Monsieur le Directeur, quo cello conduite


du général Khércddino est au moins aussi élrr.ngo et
aussi ridicule que celle, signalée par votre convîspou-
daul.
— 0 —

Sa prétention inqualifiable équivaut au langage d'un

débiteur qui dirait à son créancier : Commencez d'abord

par me restituer les sommes que je vous ai payées à va-

loir et je vous réglerai après le montant de ma dette. -'

Vous avouerez, Monsieur le Directeur, qu'ij n'y a qu'un


jurisconsulte tunisien de la force du général Khéreddine,
comme lui sans pudeur, qui puisse' tenir un pareil lan-

gage.

Les lettres du général Khéreddine relatant ses agisse-


ments lors de mon procès avec le Bey ont été retrouvées
à Livourne parmi les papiers de la succession de mon
ancien mandataire Nessim Samama. Malgré un juge-
ment du tribunal d'Italie, ordonnant la lecture et là des-

cription à l'inventaire de tous les documents qui me con-


cernent et qui font partie de celte succession, le général

Khéreddine, par l'organe do ses représentants, s'opposa


formellement à la lecture de ces lettres, faisant valoir ses
immunités diplomatiques. L'incident fut porté devant le
tribunal de Livourne et, en dépit des efforts du général

Khéreddine, qui croyait pouvoir faire en Italie ce qu'il

pratique à Tunis, ce tribunal débouta le jurisconsulte tuni-


sien de ses prétentions et confirma la première sentence.
I

Dés que j'aurai en ma possession la copie de cette cor*


— i

respondancc, je m'empresserai de vous en envoyer

quelques extraits, qui vous donneront la mesure de la


bonne foi cl de la loyauté du premier ministre.

Agréez, MoastéuPS^^Directeur, mes salutations dis-


- '
tinguées. /^' Jt\

ÇftVfaAË-MAHMOUD BENAÏAD.

Pit't*, Imprimerie Pant Papont, rue Jejn-jK.i«»<-Ro««riii u f 1705.5.75).

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