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SESSION 2020

UE 111 – FONDAMENTAUX DU DROIT

Durée de l’épreuve : 3 heures

Le corrigé comporte : 7 pages

CORRIGÉ

I. ETUDE DE SITUATION PRATIQUE :

1/ Existe-t-il un contrat entre Monsieur X… et Madame Y… ?

Faits :
Monsieur X… est un commerçant qui exploite sa propre boutique d’animalerie. Le 15 avril 2020, il est contacté
par téléphone par Madame Y…, une consommatrice, qui souhaite obtenir une proposition écrite pour la
livraison de sacs de croquettes. Dès le lendemain, Monsieur X… envoie, par courrier postal, à Madame Y…
cette proposition portant la mention « valable 15 jours » et indiquant le prix de 3 000 € payable dès réception de
la livraison pour 15 sacs de croquettes spéciales « chats persans ». À l’expiration de ce délai, bien que n’ayant
pas de nouvelles de Madame Y…, Monsieur X… décide de procéder à la livraison des produits et d’exiger le
paiement du prix. Madame Y… refuse le tout (les croquettes et le paiement du prix) car, contrairement à
Monsieur X…, Madame Y… pense que le contrat de vente en question n’a jamais été formé entre eux.

Problématique :
Comment déterminer l’existence d’un contrat ?

Droit applicable :
Selon l’article 1101 du Code civil : « le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations ».

Puisque le contrat est un accord de volontés entre au moins deux personnes, il existe (indépendamment de la
question de la validité de sa formation) dès lors que le bénéficiaire d’une offre accepte celle-ci, sans ambiguïtés,
et en des termes identiques.

Autrement dit, le contrat est généré par la rencontre d’une offre et d’une acceptation.

L’offre (pollicitation) est une proposition de contracter indiquant la volonté sans équivoque de son auteur (ou
de ses auteurs) d’être lié(s) en cas d’acceptation.

L’offre peut être faite à personne déterminée ou indéterminée et peut revêtir différentes formes (orale, écrite…),
mais elle doit être précise et complète (comporter tous les éléments essentiels du contrat envisagé et nécessaires
à la prise de décision emportant formation du contrat).

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Si l’auteur de l’offre a fixé un délai d’acceptation, il ne peut en principe retirer son offre avant l’expiration de
ce délai. L’offre est dite caduque, notamment à l’expiration du délai permettant son acceptation.

Quant à l’acceptation, c’est l’acte unilatéral par lequel son auteur (ou ses auteurs) exprime(nt) sans équivoque
la volonté d’être lié(s) dans les termes de l’offre.

L’acceptation peut revêtir diverses formes (orale, écrite…), mais ne peut, sauf exceptions, se manifester par le
silence gardé.

Tout ceci est conforté par la façon dont le législateur détermine la datation du contrat, lequel est formé dès que
l’acceptation parvient à l’offrant (art. 1121 C. civ.).

Ainsi, puisqu’il n’y a pas acceptation d’une offre, on ne saurait assimiler de simples pourparlers précontractuels
avec la formation d’un contrat.

Par ailleurs, des exigences spécifiques quant à la forme et au contenu de l’offre sont posées par la loi lorsque
c’est un professionnel qui propose des biens ou des services, mais par voie électronique (celui qui accepte doit
confirmer son acceptation et l’auteur de l’offre doit lui en accuser réception).

Tous les contrats sont régis par les dispositions que l’on vient de rappeler, y compris le contrat de vente qui est
un contrat ayant pour objet le transfert, à titre onéreux, de la propriété d’une chose : le vendeur s’oblige à livrer
la chose vendue et l’acheteur s’oblige à en payer le prix selon les modalités convenues. C’est aussi le cas du
contrat de vente lorsque le vendeur est un professionnel et l’acheteur est un consommateur : ce contrat est alors
l’un des contrats dits de consommation et le législateur lui applique des dispositions supplémentaires
protectrices du consommateur.

Par principe, le contrat de vente est formé et le transfert de propriété de la chose vendue s’opère dès que les
parties conviennent de la chose et du prix. Mais encore faut-il que, comme pour tout contrat, cet accord existe
par une acceptation de l’offre.

Enfin, par principe, un contrat doit être mis en œuvre par les cocontractants (les obligations nées du contrat
doivent être exécutées par les parties). Mais, là encore, le contrat doit exister et, de surcroît, être valablement
formé.

Solution :
En l’espèce, l’achat de croquettes par Madame Y… à Monsieur X… serait une vente (plus précisément ici, une
vente par un professionnel à une particulière) et les éléments essentiels à la prise de décision de contracter sont
spécifiés (descriptif du bien à vendre, indication du montant et des modalités de paiement du prix). Cependant,
il n’existe pas de contrat entre les deux protagonistes. En effet, la demande téléphonique effectuée par Madame
Y… relève du simple contact précontractuel. Suite à cela, Monsieur X… a transmis une proposition de vente
d’un bien à un prix défini. Il est l’auteur d’une offre, mais pour laquelle Madame Y… n’a pas donné son
acceptation (que ce soit pendant le délai fixé par Monsieur X… pour exprimer cette acceptation, ou à un autre
moment). Les échanges entre ces personnes n’ayant pas eu lieu par voie électronique, le raisonnement doit être
mené sur le fondement de la règle de principe permettant de déterminer l’existence d’un contrat (acceptation,
sans ambiguïtés, d’une offre en des termes identiques).

La vente n’étant pas formée, Madame Y… n’est donc pas tenue de payer le prix, bien que la marchandise ait été
livrée par Monsieur X... ; marchandise d’ailleurs également refusée par Madame Y… Autrement dit, c’est
Monsieur X… qui a tort car il n’avait pas à procéder à la livraison d’un bien qui ne lui avait pas été commandé.

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2/ Le tribunal de commerce de Lyon est-il le tribunal compétent pour l’action en justice que compte
mener Monsieur X… ?

Faits :
Monsieur X… , commerçant installé à Lyon, très remonté suite à l’attitude de Madame Y… , consommatrice
domiciliée à Lourdes, souhaite l’assigner pour non-paiement du prix de 3 000 € devant le tribunal de commerce
de Lyon.

Problématique :
Quel tribunal est compétent, matériellement et territorialement, pour statuer au premier degré sur un litige
opposant un commerçant et un consommateur ; ce qui est un cas d’acte mixte ?

Droit applicable :
Toute juridiction a une compétence matérielle et territoriale.

En ce qui concerne sa compétence matérielle, le tribunal de commerce est une juridiction non répressive du
premier degré de l’ordre judiciaire français et qui est spécialisée dans le jugement des litiges entre
commerçants, personnes physiques (commerçants entrepreneurs individuels) ou personnes morales (SA,
SARL…), et relatifs à une opération commerciale (ex. : litige né d’un contrat passé, pour les besoins de leur
activité professionnelle, entre un commerçant grossiste et un commerçant détaillant).

Toutefois des règles spécifiques existent en matière d’acte mixte, c’est-à-dire impliquant au moins un
commerçant et un non-commerçant ; ce qui est le cas par exemple entre un commerçant (lequel relève du droit
commercial) et un consommateur (lequel, simple particulier, relève du droit civil).

Ainsi, quand le demandeur est non-commerçant, il a le choix d’assigner le commerçant soit devant le tribunal
civil (judiciaire) soit devant le tribunal de commerce. À l'inverse, quand le défendeur est non-commerçant, le
demandeur commerçant doit obligatoirement s'adresser au tribunal civil (judiciaire).

Mais il ne suffit pas de déterminer la juridiction compétente pour l’affaire en cause (tribunal de commerce …),
encore faut-il aussi savoir quel est le tribunal de commerce… territorialement compétent.

Pour la détermination de la compétence territoriale des juridictions non répressives du premier degré de l’ordre
judiciaire, il existe une règle de principe : est compétente la juridiction dans le ressort de laquelle est situé le
domicile du défendeur. Cette règle connaît toutefois des aménagements (ex. : en matière contractuelle, celui qui
este en justice peut préférer saisir la juridiction du lieu de la livraison effective de la chose ou du lieu de
l’exécution de la prestation de service).

Solution :
En l’espèce, il y a bien acte mixte car l’opération litigieuse met en présence un commerçant et une non-
commerçante. Monsieur X…, commerçant, étant le demandeur et Madame Y…, consommatrice, étant la
défenderesse, Monsieur X… devra l’assigner devant le tribunal civil (judiciaire).

La juridiction compétente sera celle dans le ressort de laquelle est situé le domicile de Madame Y…, c’est-à-
dire Lourdes. En effet, aucune règle dérogatoire d’attribution de compétence permettant d’aboutir à une autre
solution dans ce litige, c’est le principe général qui s’applique. Le raisonnement par lequel Monsieur X…
entend saisir le tribunal de commerce de Lyon est donc erroné.

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II. COMMENTAIRE DE DOCUMENT :

1/ Quand et par quelle juridiction la décision reproduite dans le sujet est-elle rendue ?

La décision reproduite dans le sujet est rendue le 28 novembre 2018 par la première chambre civile de la Cour
de cassation, juridiction suprême de l’ordre judiciaire français (« Cass. 1ère civ., 28 novembre 2018 »).

2/ Quels sont les faits à l’origine du litige ? Par qui et contre qui ce litige a-t-il alors été soumis au
premier degré juridictionnel ?

Le 28 décembre 2014, un avion de type Airbus A 320, construit en 2008 et transportant, pour le compte de la
compagnie aérienne Indonesia Air Asia, cent-cinquante-cinq passagers et sept membres d’équipage, s’est abîmé
en mer, provoquant la mort de l’ensemble des personnes présentes à son bord (« le 28 décembre 2014, un
aéronef de type Airbus A 320, construit en 2008 et transportant, pour le compte de la compagnie aérienne
Indonesia Air Asia, cent-cinquante-cinq passagers et sept membres d’équipage, s’est abîmé en mer, provoquant
la mort de l’ensemble des personnes présentes à son bord »).

Au premier degré juridictionnel, les proches des victimes ont alors assigné, en référé, la société Airbus,
fabricant de l’avion, et la société Artus, fabricant du module électronique RTLU équipant l’avion accidenté, en
paiement d’indemnités provisionnelles (« que M. X... et soixante-six autres personnes, proches des victimes
(les demandeurs), ont assigné en référé, sur le fondement de l’article 809, alinéa 2, du Code de procédure
civile, la société Airbus, fabricant de l’aéronef, et la société Artus, fabricant du module électronique RTLU
équipant l’aéronef accidenté, en paiement d’indemnités provisionnelles »).

3/ Quelle est la décision attaquée devant la juridiction qui rend la décision reproduite dans le sujet ? (Par
quelle juridiction a-t-elle été rendue ? Quand ? En faveur de qui cette juridiction s’est-elle prononcée ?)

La décision attaquée est celle rendue par la cour d’appel d’Angers, le 10 janvier 2017 (« l’arrêt rendu, le 10
janvier 2017, entre les parties, par la cour d’appel d’Angers »).

La cour d’appel s’est prononcée en faveur des sociétés Airbus et Artus (« pour dire que l’obligation des
sociétés Airbus et Artus à indemniser les demandeurs est sérieusement contestable, […] l’arrêt retient »).

4/ Quel est le raisonnement mené par la juridiction, dont la décision est attaquée devant la juridiction qui
rend la décision reproduite dans le sujet ?

Le raisonnement mené par la cour d’appel d’Angers, dans son arrêt du 10 janvier 2017, est de dire que
l’obligation de la société Airbus, fabricante de l’avion, et de la société Artus, fabricante de l’un des composants
de cet avion, à indemniser les demandeurs est sérieusement contestable du fait que la simple implication d’un
composant dans la réalisation du dommage est insuffisante, dès lors que doivent être également appréciées la
rigueur et la qualité des opérations d’entretien de l’avion, lesquelles sont à la charge des compagnies aériennes
et non des fabricants (« que l’obligation des sociétés Airbus et Artus à indemniser les demandeurs est
sérieusement contestable, après avoir relevé que la simple implication d’un composant dans la réalisation du
dommage est insuffisante, dès lors que doivent être également appréciées la rigueur et la qualité des opérations
de maintenance de l’appareil, lesquelles incombent aux compagnies aériennes et non aux fabricants »).

De plus, il ne serait pas avéré que la société Airbus, fabricante de l’avion, savait que le composant en cause
dans cet avion était défaillant (« qu’il constate enfin que le simple fait que la société Airbus ait amélioré le
module RTLU depuis 1993 et à deux reprises avant la construction de l’avion, lequel était équipé du module
ainsi modifié, ne permet pas de considérer que cette société avait connaissance d’une absence de fiabilité de
cet élément »).

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5/ D’après vos connaissances juridiques, de quel type de responsabilité relève la responsabilité du fait des
produits défectueux et à qui s’applique-t-elle ?

La responsabilité du fait des produits défectueux est un régime spécial de responsabilité civile
extracontractuelle du fait des choses.

Cette responsabilité s’applique au producteur d’un produit défectueux ayant causé un dommage.

Le producteur est le fabricant du produit fini ou de l’une de ses composantes, ainsi que le distributeur qui se
présente comme producteur ou l’importateur. La responsabilité du fournisseur professionnel (vendeur…) peut
aussi être recherchée par la victime, mais au cas où la responsabilité du producteur ne peut être engagée
(producteur inconnu).

Est un produit défectueux tout bien meuble comportant une anomalie intrinsèque portant atteinte à la sécurité.

6/ Quelles sont les parties au litige (demanderesses, défenderesses) devant la juridiction qui rend la
décision reproduite dans le sujet ?

Devant la Cour de cassation, les parties sont :

- parties demanderesses : les personnes qui ont perdu devant la cour d’appel d’Angers ; à savoir M. X... et
soixante-six autres personnes, proches des victimes (« que M. X... et soixante-six autres personnes, proches des
victimes »).

- parties défenderesses : les personnes qui l’ont emporté devant la cour d’appel d’Angers ; à savoir la société
Airbus, fabricant de l’avion, et la société Artus, fabricant du module électronique RTLU, composant de l’avion
(« la société Airbus, fabricant de l’aéronef, et la société Artus, fabricant du module électronique RTLU
équipant l’aéronef accidenté »).

7/ Dans quel sens statue la juridiction qui rend la décision reproduite dans le sujet ? (Qui l’emporte ?
Quels sont les arguments retenus par la juridiction ?) En particulier, la position de cette juridiction
quant au « fait du tiers » est-elle conforme au droit en vigueur ?

La Cour de cassation, dans son arrêt du 28 novembre 2018, statue en faveur des demandeurs au pourvoi, soit M.
X… et 66 autres personnes (« […] alors qu’elle avait constaté un défaut du module, la cour d’appel a violé les
textes susvisés »).

Pour fonder sa décision, la Cour de cassation retient que le défaut du module suffit à caractériser l’obligation
d’indemnisation à la charge des producteurs, de l’avion comme du module composant litigieux. En outre, pour
la Haute juridiction, la connaissance par les producteurs de la fiabilité ou non du module, de même que les
dysfonctionnements qui pourraient être imputés dans la maintenance effectuée par la compagnie aérienne, tiers
dans cette affaire, ne peuvent être exonératoires de la responsabilité des producteurs (« Qu’en statuant ainsi,
par des motifs fondés sur le fait de tiers ayant concouru à la réalisation d’un dommage et sur le défaut de
connaissance, par les producteurs de l’avion et du module litigieux, de l’absence de fiabilité de ce dernier,
comme tels impropres à caractériser l’absence d’une obligation non sérieusement contestable à la charge de
ces producteurs, alors qu’elle avait constaté un défaut du module, la cour d’appel a violé les textes susvisés »).

En l’espèce, la position de la Cour de cassation quant au fait du tiers est parfaitement conforme au droit en
vigueur car, en vertu de celui-ci, ce fait n’est pas exonératoire de la responsabilité du fait des produits
défectueux, contrairement au fait de la nature et au fait de la victime revêtant les caractères de la force majeure
(art. 1245-13 C. civ. : « La responsabilité du producteur envers la victime n’est pas réduite par le fait d’un tiers
ayant concouru à la réalisation du dommage »).

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8/ Que décide la juridiction dont la décision est reproduite dans le sujet quant à la suite du procès et cela
est-il conforme au droit procédural en vigueur ?

En l’espèce, la Cour de cassation, qui estime que la cour d’appel d’Angers n’a pas correctement appliqué le
droit en vigueur, casse et annule l’arrêt rendu le 10 janvier 2017 par cette dernière (« CASSE ET ANNULE,
mais seulement en ce qu’il dit que l’obligation de la société Airbus et de la société Artus à indemniser les
proches des victimes de la catastrophe aérienne du vol Surabaya-Singapour du 28 décembre 2014 est
sérieusement contestable, l’arrêt rendu, le 10 janvier 2017, entre les parties, par la cour d’appel d’Angers »).

Ce faisant, la Cour de cassation renvoie l’affaire devant la cour d’appel d’Angers composée d’autres magistrats
(« remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel d’Angers, autrement composée »).

Tout cela est parfaitement conforme au droit procédural en vigueur car la Cour de cassation est juge de
l’application du droit par les juridictions du fond (cours d’appel…) et, lorsqu’elle estime que ces juridictions
n’ont pas fait une exacte application du droit, elle casse leurs décisions qui sont attaquées devant elle. La
cassation peut être sans renvoi ou, comme en l’espèce, avec renvoi. Dans ce cas, le renvoi a lieu devant une
juridiction de même nature et de même degré que celle dont la décision est cassée, mais située dans un autre
ressort territorial. Cependant, la Cour de cassation peut choisir de renvoyer l’affaire devant la même juridiction
que celle dont elle casse la décision, mais qui devra être composée de magistrats différents de ceux s’étant
prononcés précédemment. C’est ce cas de figure qui est ici choisi par la Cour de cassation.

III. QUESTION DE COURS :

Quels sont les attributs du droit de propriété, en droit positif français ?

En droit positif français, à savoir le droit objectif (ensemble des règles de conduite juridiques qui gouvernent la
vie des personnes en société ; règles dont l’inobservation est sanctionnée par les pouvoirs publics) actuellement
en vigueur en France, le droit de propriété est théoriquement le droit subjectif (prérogative juridique
individuelle reconnue à une personne) patrimonial (évaluable en argent) réel (portant sur une chose) le plus
complet qu’une personne puisse avoir sur une chose.

Le Code civil le définit comme le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu
qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements (art. 544 C. civ.).

Le droit de propriété octroie trois attributs à son titulaire : l’usus, le fructus et l’abusus.

L’usus est le droit qu’a le propriétaire de se servir de la chose, objet de sa propriété ; c’est à-dire le droit d’en
tirer sans aucune limitation toutes les utilités : habiter, exploiter, etc.

Le fructus est le droit qu’a le propriétaire de percevoir les éventuels fruits provenant de la chose, objet de sa
propriété. Les fruits sont tout ce que fournit la chose à intervalles réguliers et sans que la substance même de
cette chose en soit altérée (ex. : fruits naturels tels que les abricots, les pommes, les bananes… ; mais aussi les
fruits civils tels que les loyers de l’appartement mis en location par le propriétaire…). Le fructus porte aussi sur
les éventuels produits fournis par la chose ; c’est‑ à‑ dire tout ce que fournit la chose à intervalles réguliers ou
non, sa substance en étant altérée (ex. : minerais extraits d’une carrière…).

L’abusus est le droit qu’a le propriétaire d’effectuer sur la chose, objet de sa propriété, tout acte de disposition,
c’est-à-dire tout acte susceptible de compromettre de manière significative la composition du patrimoine (ex. :
vendre la chose, la donner, la grever de sûretés, l’abandonner, la détruire…).

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Toutefois, le droit de propriété ne saurait être exercé au point de causer un dommage à autrui. En pareil cas, la
jurisprudence sanctionne le propriétaire en retenant notamment et à des conditions précises (intention de
nuire…) sa responsabilité pour abus du droit de propriété.

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