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ISCAE GESTION DES RISQUES DANS

LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

REMERCIMENTS :

Avant tout propos, je tiens à


transmettre ma gratitude ainsi que mes
sincères remerciements à tous ceux
qui ont participé de prés ou de loin à la
réalisation de ce mémoire, par leur
aide pendant la période de mon stage
au sein de leur bienveillante et
respectable banque.

Cette contribution s’est concrétisée


par chacun dans sa compétence que ce
soit par la fourniture de documents,
par simples informations ou par
l’organisation de rendez-vous avec les
chefs des différents départements.

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

J’envoi mes salutations les plus


distinguées à mon encadrant à l’ISCAE
Mr MOUNTASSIR , ainsi qu’au
responsable de la cellule ALM au sein
de la BMCE BANK
Mr REDA.

PLAN
REMERCIEMENTS Page (1)
PLAN Page (2)
INTRODUCTION Page (9)

A § LE ROLE DE LA GESTION ACTIF


PASSIF

1- Les rôles de l’intermédiation Page(11 )

2- Sphère opérationnelles, sphère


financière Page( 12)

2
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2.1 Les caractéristiques de la sphère


financière Page(15 )

2.1.1 Des prix déterminés par les


risques réels encourus et les
négociations des intervenants : les prix
de marché Page(15)

2.1.2 Des montants unitaires importants


Page(16)

2.1.3 Un profil d’amortissement


généralement « in fine » Page(16 )

2.1.4 Un degré d’information sur les


contreparties élevé Page(16 )

2.1.5 Peu d’interférences perturbantes du


législateur Page (17 )

3
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2.2 Les caractéristiques de la sphère


opérationnelle Page(17 )

2.2.1 A l’actif Page(17 )

2.2.1.1 des crédits de montants


unitaires faibles Page(17 )
2.2.1.2. La prépondérance de
l’activité à taux fixe (au Maroc)
Page(18 )
2.2.1.3. Des amortissements
périodiques en capital Page(18 )
2.2.1.4. Des options gratuites
Page(19)

2.2.2 Au passif Page(20)

2.2.2.1. Des ressources au coût en


général inférieur à celui de la sphère
financière Page(20)

2.2.2.2. Des ressources généralement


sans échéance contractuelle Page(21)

4
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2.2.2.3 Des options gratuites


Page(22)

2.2.3 Quelques exemples d’options


cachées Page(23)

2.2.3.1. Les plans d’épargne logement


Page(23)
2.2.3.2 Les options de
remboursements anticipés
Page(26 )
2.2.3.3.. Le risque de taux sur les
dépôts à vue Page(28)
2.3 Les intervenants sur la sphère
opérationnelle et sur la sphère financière
Page(29)

3- Les risques encourus par un


établissement financier et le rôle des fonds
propres Page(32)

3.1. Les risques encourus Page(32)

3.1.1. Les différents risques encourue


Page(32)

5
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3.1.1.1. Les risques stratégiques


Page(32)

3.1.1.2 Les risques opérationnels


Page(35)
3.1.2. La matérialisation des risques :
l’engrenage Page(37)

3.2 Le rôle des fonds propres Page(39)


3.2.1. Les fonds propres sont nécessaires
à la croissance Page(40)

3.2.2. Les fonds propres sont une garantie


vis-à-vis de créanciers Page(40)

3.2.3. Les fonds propres sont les


ressources les plus chères (exigence de
rentabilité) Page(40)

3.2.4. Le choix des objectifs de niveau et


de rentabilité des fonds propres Page(47)

6
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3.2.5. Les moyens de protéger les fonds


propres Page(50)
4- Le rôle de la gestion actif-passif Page(51)

4.1 Le champ d’action de la gestion actif-


passif Page(51)
4.2 La démarche de la gestion actif-passif
Page(53)
4.3 Les méthodes de mesure et de gestion
Page(54)
4.3.1. Mesure de marge, mesure de
valeur, mesure de volume Page(55)
4.3.2. Les avantages et inconvénients des
différentes méthodes de mesure Page(57)

B § LES RISQUES FINANCIERS

1- Le risque de contrepartie. Page(62)

1.1. La nature du risque de contrepartie


Page(62)

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1.2. La mesure du risque de contrepartie


Page(64)

1.2.1. Le risque sur l’emprunteur (sur la


sphère opérationnelle ou sur la sphère
financière) Page(64)

1.2.1.1. Sur la sphère opérationnelle


Page(64)
1.2.1.2. Sur la sphère financière
Page(65)

1.2.2. Le risque sur le prêteur (sur la


sphère financière) Page(66)

1.2.3. Le risque de contrepartie sur les


produits dérivés (sur la sphère
financière) Page(67)

1.3 Les modalités de couverture du risque de


contrepartie Page(69)

1.4. Les contraintes réglementaires Page(70)

2- Le risque de liquidité Page(70)

8
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2.1. La nature du risque de liquidité Page(70)

2.1.1 Le risque de liquidité pour les


banques Page(70)
2.1.2. Le risque de liquidité pour les
compagnies d’assurance-vie Page(72)
2.1.3. L’évolution du risque de liquidité
Page(73)

2.2. La mesure du risque de liquidité Page(74)


2.2.1. Mesure de volume Page(74)
2.2.2. Mesure de marge Page(77)
2.2.3 Mesure de valeur Page(78)
2.3. Les modalités de couverture du risque
de liquidité Page(79)
2.4. Les contraintes réglementaires Page(80)
3-Le risque de taux Page(81)
3.1. La nature du risque de taux Page(81)
3.2. La mesure du risque de taux Page(83)
3.2.1 Mesure de volume : le gap Page(83)
3.2.2. Mesure de marge : la marge de
transformation et sa sensibilité aux
variations de taux. Page(85)

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3.2.3. Mesure de valeur : la sensibilité de


la valeur actuelle nette Page(88)
3.3 Les modalités de couverture du risque de
taux Page(92)
3.4. Les contraintes réglementaires Page(93)
4- Le risque de change Page(93)
4.1. La nature du risque de change Page(93)
4.2. La mesure du risque de change Page(98)
4.2.1. Mesure de volume : les positions
de change Page(98)
4.2.2. Mesure de marge Page(98)
4.2.3 Mesure de valeur Page(99)
4.3 Les modalités de couverture du risque de
change Page(100)
4.4. Les contraintes réglementaires Page(101)
5- Les risques de marché Page(102)
5.1. La nature des risques de marché Page
(102)
5.2. La mesure des risques de marché Page
(103)

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5.3 Les modalités de couverture des risques


de marché Page(103)
5.4 Les contraintes réglementaires Page(104)

CONCLUSION Page(105)

BIBLIOGRAPHIE Page(106)

INTRODUCTION
La gestion actif-passif appelée aussi ALM (Assets and Liabilities
Management) ou gestion de bilan, consiste à gérer pour tout ou une partie
(cette dépendant fortement des choix d’organisation propre à chaque
établissement) des risques en suivant une approche méthodique :
1° Définition du champ de la gestion : quelles sont les attributions
exactes de le gestion actif-passif par rapport à d’autre entités comme le
contrôle de gestion, la planification, la trésorerie, l’inspection générale…
2° Identification et mesure des risques : comment détecter les
différents risques, les décrire, trouver un indicateur qui en permettra une
mesure fidèle, expliciter les facteurs de sensibilité de ces risques à des

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

facteurs externes (mouvements de taux d’intérêt sur les marchés par


exemple pour le risque de taux) ?
3° Gestion effective de ces risques : à partir d’objectifs de gestion
que se donne l’établissement (limites de risques notamment), comment
décider d’actions de gestion destinées à ramener le risque en question
dans des limites supportables au vues des contraintes réglementaires
(contraintes externes) et de celles propres à la stratégie de l’établissement
(contraintes internes traduisant notamment les exigences des actionnaires
d’une part, des investisseurs qui le refinancent d’autre part) ?

Force est de constater que cette logique, bien maîtrisée aux Etats-
Unis, est encore en développement en France, en Europe et notamment au
Maroc. Elle est aujourd’hui au centre d’études menées par les
professionnelles de la banque et de l’assurance.
Il est à noter que ce travail se veut générale, c'est-à-dire
qu’il n’est pas spécifique au cas de la BMCE BANK seulement mais
il peut être appliqué à n’importe qu’elle banque d’affaire ayant
une cellule ALM.

Je sollicite finlement, de la bienveillance de mon professeur


encadrant Mr MOUNTASSIR, d’être indulgent étant vu la
complexité du sujet et sa nouveauté et du fait que ça m’a pris
plusieurs semaines pour m’initier à quelques principes de
l’actuariat.

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A § LE ROLE DE LA GESTION ACTIF


PASSIF

L’objectif de cette première partie est de préciser le rôle de la gestion


actif-passif au sein de l’établissement financier. Quel est son domaine
d’intervention, quelles sont ses missions. Pour répondre à cette question,
nous partirons de la fonction première des établissements financiers :
L’intermédiation nous étudierons ensuite les conditions d’exercice de ce
métier d’intermédiation, et notamment l’existence des sphères
opérationnelles et financières. Nous mesurerons l’importance des options
cachées dans les bilans bancaires. Nous abordons ensuite les risques liés
à cette fonction et le rôle des fonds propres. Ces développements
permettront d’éclairer le rôle de la gestion actif-passif. Cette partie aborde
cette question sous l’angle des missions de la gestion actif-passif, mais
pas sous l’angle de l’organisation (place de la gestion actif-passif dans
l’organigramme).

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1- Les rôles de l’intermédiation

Au sein de l’économie, les établissements de crédit assurent une


fonction d’intermédiation financière : ils collectent les capacités de
financement des agents économiques disposant d’excédents et les prêtent
aux agents déficitaires.
Cette intermédiation revêt trois formes :
 l’allocation, lorsque les ressources d’origines diverses sont combinées
pour servir de support de financement à un emploi unique et, vice-
versa, lorsqu’une ressource particulière sert de support de financement
à plusieurs emplois distincts ;
 le transfert des risques de défaillance de la clientèle (ou de
contrepartie), des prêteurs vers l’établissement financier, qui, sauf cas
particuliers, prête à ses risques et périls. La défaillance peut être
aléatoire, consécutive à la matérialisation de risques spécifiques, voire
frauduleuse ;
 la transformation, lorsque les caractéristiques de durée, de taux ou de
monnaie d’expression des ressources diffèrent de celles des emplois qui
en sont faits. Cette fonction est à l’origine de la majeure partie des
risques financiers (taux, liquidité, change).

L’activité des compagnies d’assurance s’est d’abord développée sur


les produits d’assurance risques divers ; le client verse des primes pour
être assuré de recevoir une somme d’argent en cas de matérialisation
d’un risque défini (ex. : un accident de la route). Les sociétés d’assurance-
vie ont ensuite développé des produits d’épargne. Il en résulte aujourd’hui
que l’activité des assurances se scinde en deux métiers : l’assurance
risques divers ; fondée principalement sur une gestion
Financière de produites de capitalisation. C’est cette dernière activité
que nous
pourrons comparer à celle des banques, puisqu’elle se rapproche d’une
activité d’intermédiation. En effet, la société d’assurance-vie collecte

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auprès des ménages leurs excédents, et les replace sur les marchés
financiers auprès d’agents déficitaires, comme l’Etat , les grandes
entreprises (actions, titres obligatoires ou du marché monétaire), les
banques (actions, obligations et marché monétaire)….
Cette fonction commune d’intermédiation entre établissements de
crédit et compagnies d’assurance-vie expose les établissements à des
risques multiples dont la matérialisation affecte la valeur et la rentabilité
de leurs fonds propres. Avant de détailler ces risques, nous étudierons la
structure de bilan d’un établissement financier sous l’angle notamment
des relations avec la clientèle (sphère opérationnelle, sphère financière),
et des risques associés.

2- Sphère opérationnelles, sphère


financière
Du fait de leur activité, les établissements financiers, qu’ils soient
compagnies d’assurance ou établissements de crédit, voient cohabiter en
leur sein deux mondes, qui différent par les caractéristiques des produits,
le profils des équipes qui en ont la

charge et leurs codes de communication , le mode de fonctionnement … Il


s’agit des sphères opérationnelles et financières.
En schématisant, la sphère opérationnelle comprend les
opérations avec la clientèle de particuliers et d’entreprises. Les
intervenants sur la sphère opérationnelle sont le réseau et la direction
commerciale de l’établissement. Les produits distribués sont les crédits et
les produits d’épargne comme les dépôts, les comptes sur livrets….
La sphère financière concerne les relations avec les institutionnels
(banques, compagnies d’assurance, grandes entreprises). Les intervenants
sur la sphère financière sont la salle des marchés et la direction financière
de l’établissement. Les produits sont les crédits, les titres des marchés
monétaire et obligatoire, les instruments dérivés )…. L’activité de marché,
que la banque exerce pour son propre compte ou pour compte de tiers, est
assimilable à la sphère financière, de même que l’activité de portefeuilles.

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En général, c’est la sphère opérationnelle, dont fait souvent partie


l’activité commerciale, qui génère les risques, parce qu’elle comporte
notamment beaucoup d’options dites cachées. Ce sont les instruments de
la sphère financière (de taux, de liquidité et de change).
Les tableaux 1 et 2 présentent les bilans simplifiés d’une banque
universelle et d’une compagnie d’assurance, où les différentes activités de
bilans et de hors bilan sont décomposées selon leur appartenance à la
sphère opérationnelle ou à la sphère financière.
Voyons maintenant de façon plus détaillée ce qui caractérise les
opérations des sphères financières et opérationnelles.

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Tableau 1. – Bilan simplifié d’une banque


Actif Passif
Bilan Avance diverses Ressources à vue
Crédits aux entreprises Comptes à terme
Crédits immobiliers classiques Bons de caisse et d’épargne
Crédits à la consommation Livrets soumis à l’impôt (livret
B)
Livret non soumis à l’impôt
(livret A, CODEV1)
Plans d’épargne populaire
Crédit d’épargne logement (PEP)

Titres de transaction, de Epargne logement


placement et
d’investissements Titres de créances négociables

Titres de participation et de Emprunts obligataires


filiales immobilisations
Titres subordonnés
Fonds propres
Résultats

Hors- Garanties données Garanties reçues


Bilan Contrats de garantie et de taux Contrats de garantie de taux
fermes fermes
Contrats de garantie de taux Contrats de garantie de taux
optionnels optionnels

Sphère opérationnelle Sphère financière

Tableau 2. – Bilan simplifié d’une compagnie d’assurance


Actif Passif
Bilan Obligations
Actions Provisions mathématiques
Actifs immobiliers
Titres de participation et de Titres subordonnés
filiales immobilisations Fonds propres
Résultats

Hors- Garanties données Garanties reçues


Bilan Contrats de garantie et de taux Contrats de garantie de taux
fermes fermes
Contrats de garantie de taux Contrats de garantie de taux
optionnels optionnels

Sphère opérationnelle Sphère financière

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2.1 Les caractéristiques de la sphère


financière

La sphère financière a cette caractéristique que ce sont les mêmes


instruments qui figurent à l’actif et au passif. Il s’agit des instruments de
marché (titres des marchés monétaires et obligatoires, actions,
instruments dérivés). Son l’établissement est émetteur, les titres sont au
passif. S’il est souscripteur, ils sont à l’actif. Par ailleurs, ces instruments
sont généralement librement négociables sur les marchés financiers.

2.1.1 Des prix déterminés par les


risques réels encourus et les
négociations des intervenants : les prix
de marché

Les prix des instruments financiers porteurs d’intérêts sont


déterminés par référence à leur valeur réelle, selon les principes du calcul
actuariel. Ainsi, le prix d’une obligation à taux fixe est calculé en
actualisant tous les flux futurs, de capital comme d’intérêts, à l’aide de la
gamme des taux d’intérêt pour la maturité résiduelle de l’opération
relevée sur les marchés à la date de calcul.
Pour ce qui des actifs non porteurs d’intérêts, comme les actions par
exemple, c’est la combinaison de l’offre et de la demande et de
anticipations des différents intervenants quant à l’évolution des résultats
et de la politique de dividendes de l’entreprise qui détermine le prix. Ces
théories sont décrites dans Financial theory and corporate policy de
copelan et Weston (éditions Addison et Wesley).
Lorsque les instruments comportent des clauses optionnelles (obligation à
taux variable plafonné ou obligation convertible en actions par exemple),
les options sont

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valorisées (et cette valeur intégrée au prix de l’instrument) par l’utilisation


de modèles mathématiques d’évaluation, dont le plus célèbre est
certainement le modèle de Black et Scholes élaboré en 1973. Les
opérateurs de salle des marchés disposent tous « on line », c’est-à-dire
intégrés à leurs applications informatiques de gestion, des modèles
adaptés aux différents cas quoi se présentent. La négociation s’effectuera
entre les opérateurs des différentes salles de marché autour du prix
théorique indiqué par le modèle.
En conséquence, il n’existe pratiquement pas d’options dites
gratuites (ou cachées) sur la sphère financière.

2.1.2 Des montants unitaires importants

Les opérations traitées sur les marchés financiers sont généralement


de montant unitaire minimum élevé (de un à plusieurs millions de MAD).
En conséquence, ces produits ne s’adressent qu’à une minorité de
particuliers, et plus sûrement à des intervenants institutionnels. Il n’est
pas rate de voir des opérations s’élever à plusieurs centaines de millions
(voire à des milliards) de MAD. Corollaire de ces montants élevés, le
nombre d’opérations est relativement faibles.

2.1.3 Un profil d’amortissement


généralement « in fine »

Les opérations traitées sur les marchés financiers comportent


généralement un amortissement de la valeur nominale du titre en une fois
à l’échéance de l’opération. On parle généralement de profil
d’amortissement « flat » ou « in fine ».

2.1.4 Un degré d’information sur les


contreparties élevé

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Les contreparties appartenant à la sphère financière sont


généralement des institutionnels : grandes entreprises, caisses de
retraites, banques ou compagnie d’assurance. Certaines sont cotées en
bourse. L’information disponible sur les entreprises (compte certifiés,
information financière dans la presse, rapport annuelle…) est sa commune
mesure avec celle dont dispose l’établissement de crédit quoi s’engage
sur un particulier.
Le degré d’information élevé disponible sur les contreparties de la sphère
financière facilite la gestion d risque de crédit.

2.1.5 Peu d’interférences perturbantes du


législateur

Le législateur a le plus souvent comme objectif de définir pour les


marchés financiers des règles du jeu claires visant à faciliter leur
développement dans des conditions d’efficience économique et de
sécurité optimales.
De ce fait, les opérations de la sphère financière ne sont pas perturbées
par des réglementations qui iraient l’encontre de la rationalité
économique, comme on le constate beaucoup plus fréquemment pour les
opérations quoi concernent le particulier, donc la sphère opérationnelle.

2.2 Les caractéristiques de la sphère


opérationnelle
La vision est ici beaucoup plus commerciale et adaptée à la culture
financière réduite de la clientèle, surtout lorsque celle-ci constituée de
particuliers. Contrairement à la sphère financière, les instruments de l’actif
et du passif ne sont pas les mêmes. En effet, on trouve des crédits à
l’actif, et des produits d’épargne au passif. Par ailleurs, ils ne sont
généralement pas négociables directement 1.

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2.2.1 A l’actif

2.2.1.1 des crédits de montants


unitaires fables
L’activité de prêteur au particulier s’apparente à une activité de
détail, par rapport aux prêts aux grandes entreprises qui sont de l’activité
de gros. Les montants unitaires en jeu sont de l’ordre de quelques milliers
de MAD sur quelques mois pour les crédits à la consommation, et de
quelques centaines de milliers de MAD sur plusieurs années pour les
crédits immobiliers. Seuls les concours aux grandes entreprises peuvent
s’apparenter à des opérations de la sphère financière, de par les montants
en jeu, le profil d’amortissement généralement « in fine » et l’abondante
information financière disponible sur les contreparties.
Le corollaire des faibles montants unitaires est le nombre très
important des opérations. Ainsi, les dossiers de crédit à la consommation
d’un établissement spécialisé se comptent généralement par millions.

2.2.1.2. La prépondérance de
l’activité à taux fixe (au MAROC)
La clientèle des particuliers s’est habituée en MAROC à s’endetter à
taux fixe. Ceci est vrai pour les crédits immobiliers, mais aussi pour les
crédits à la consommation (vente à tempérament). Seuls les crédits
renouvelables et de nouvelles formules de crédits immobiliers à taux
variable apparues récemment échappent à cette règle.
La situation est plus nuancée à l’étranger (en Europe notamment),
où l’endettement à taux variable est très souvent majoritaire.
La caractéristique de taux des opérations avec la clientèle (fixe ou
variable) a son importance, car les crédits comportent un risque pour
l’établissement si l’opération est à taux fixe.

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2.2.1.3. Des amortissements


périodiques en capital
Du fait du mode de fonctionnement des crédits accordés à la
clientèle, dont le remboursement du capital et le versement des intérêts
se fait le plus souvent par paiement d’une mensualité constante, le capital
n’est pas amorti en une fois à l’échéance, comme cela se pratique
généralement sur la sphère financière, mais par fraction chaque mois. La
mensualité constante comporte une fraction de capital et une fraction
d’intérêt, et la proportion d’intérêts diminue à mesure que le temps
avance.
C’est pourquoi les opérations sont dites amortissables, ou encore
avec un profil d’amortissement fondant, comme le montre le graphique 3.

2.2.1.4. Des options gratuites

Les établissements financiers consentent fréquemment des options


à leur clientèle sur les crédits qu’ils lui accordent. Ces options sont soit
rendues obligatoires par la loi, soit devenues un usage par le jeu de la
concurrence. Il peut s’agir d’options de remboursements anticipés, ou de
la faculté dont dispose le client de convertir en cours de vie un crédit de
taux fixe en taux variable ou de taux variable en taux fixe, sans que la
tarification intègre ce changement, ou encore de la faculté de renoncer à
son crédit pendant une période de réflexion (option d’engagement).
Généralement, plus le client dispose d’une marge de manœuvre
importante, plus le produit comporte d’options. Nous reviendrons plus
dans le détail sur les options cachées dans la section 2.2.3 de la présente
partie.

22
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Rappelons que lorsque les contreparties appartiennent à la sphère


financière, les options éventuelles sont facturé rées à leur prix, qui est
déterminé par référence à des modèles mathématiques de calcul des
primes. De ce fait, l’établissement ne court aucun risque financier lié à une
mauvaise appréciation du prix de l’instrument financier, sauf si les équipes
concernées ne disposent pas des compétences suffisantes pour gérer ces
éléments. Mais il s’agit là d’un risque technique.
Par contre, l’activité commerciale à destination du particulier comporte
une multitude d’options, de taux ou de liquidité, qui sont nées pour
plusieurs raisons :
- l’imagination débordante des concepteurs des produits, concepteurs
qui n’ont pas toujours la sensibilité financière qui les rendraient à
même d’apprécier les risques financiers générés par les clauses
optionnelles ajoutées à leur initiative aux contrats ;
- l’adaptation nécessaire (simplification…) des produits à la culture
financière de la clientèle ;
- l’utilisation des établissements financiers par les pouvoirs publics
comme vecteurs de la politique économique : nous pouvons citer la
politique du logement (Plan d’Epargne Populaire – PEL - crédits bonifiés)
ou de l’épargne à long terme (Plan d’Epargne Populaire – PEP -,…) ;
- La concurrence enfin, qui conduit fréquemment les établissements à
proposer des produits toujours plus attrayants pour la clientèle, mais
aussi plus dangereux pour leur propre sécurité financière ou à
abandonner dans la négociation commerciale l’exercice de clauses
contractuelles (abandon des indemnités de remboursement anticipé en
cas de renégociation d’un crédit immobilier suite à une baisse des taux
par exemple).

2.2.2 Au passif
2.2.2.1. Des ressources au coût en
général inférieur à celui de la sphère
financière

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

La sphère opérationnelle, par l’activité commerciale de collecte,


procure des ressources dont le coût est généralement plus faibles que
celui des instruments de la sphère financière (obligations, TCN ), dont les
taux sont ceux des marchés. Les taux de rémunération offerts aux
particuliers ou aux entreprises par les banques ne sont que rarement régis
par des mécaniques de marché. Les conditions de rémunération sont en
effet souvent réglementées. Il en va ainsi des ressources à vue et des taux
de Comptes d’Epargne à Régimes spéciaux (CERS) : comptes sur livrets,
DOCEVI, épargne logement,…). Ces taux vont de 0% pour les dépôts à
vue, à un rendement équivalent aux taux du marché minorés d’une marge
significative pour les placements les plus rémunérateurs, en passant par
les taux de livrets actuellement à 3,5 %, après avoir été longtemps à 4.5
%.
Le coût complet des ressources clientèle est constitué pour l’établissement
par les frais de gestion et de collecte, qui sont générés par l’entretien d’un
réseau, auxquels il convient d’ajouter la rémunération éventuellement
accordée au déposant, qui constitue les frais financiers.
Sur les marchés financiers, l’écart entre le taux des emplois et le
taux des ressources, pour un instrument donné, est appelé spread offert-
demandé ou fourchette. Ce spread est généralement d’un montant assez
faible (de 0.05 % à 0.4 % selon, l’instrument et la situation des marchés).
La banque pourra par exemple emprunter des fonds à un prix référencé
sur le Pibor.
Sur la sphère opérationnelle, les fourchettes, c’est-à-dire la
différence entre les taux d’emprunt auprès de la clientèle (qui peuvent
être faibles sur les livrets, voire nuls sur les dépôts à vue) et les taux de
prêts à la clientèle, constitue la marge financière, ou encore marge
d’intermédiation. Elle peut atteindre plusieurs points, et elle est destinée à
couvrir les différents frais engagés et les différents risques prix. Ce niveau,
bien supérieur aux fourchettes de taux des marchés financiers, s’explique
par les moyens à mettre en œuvre (le réseau), pour pratiquer cette
activité d’intermédiation, et par les risques (risques de transformation,
risques commerciaux), qui sont sans commune mesure avec leurs
équivalents de la sphère financière).

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

L’avantage pour l’établissement de disposer de ressources


réglementées n’est cependant par systématique dans le temps : il dépend
des taux des ressources empruntées sur les marchés auxquelles ces
dépôts se substituent. En phase de baisse importante des taux de marché
par exemple, les conditions de rémunération des CERS ont tendance à
s’ajuster avec un certain retard. Il se peut ainsi que le taux des ressources
de marché soit temporairement inférieur au taux des ressources
réglementées. Par contre, quelque soient les t aux de marché, les dépôts à
vue (non rémunérés) sont toujours moins chers que des ressources de
marché, pour peu que le gain lié au replacement de ces ressources
« facilement » gratuites à conditions de marché couvre le coût de la
collecte.
Mais la principale difficulté que posent les ressources réglementées
au gestionnaire, c’est qu’il n’en maîtrise pas la tarification. Il est ainsi
placé dans la position de prestataire d’un service public, alors que toutes
les banques ne sont pas des entreprises publiques, il pet donc exister des
intérêts divergents entre le gouvernement et les actionnaires.

2.2.2.2. Des ressources généralement


sans échéance contractuelle
Les ressources à vue n’ont pas définition, pas d’échéance
contractuelle. Il en va de même pour la plupart des CERS, comme les
comptes sur livrets, où le client a la faculté d’effectuer des mouvements
sur son compte à sa guise et sans pénalité, par augmentation ou
diminution de son solde, ce quo constitue autant d’options cachées.

2.2.2.3 Des options gratuites


Le client dispose en général de degrés de liberté importants dans la
gestion de son épargne auprès de sa banque, ce qui va de pair avec
l’absence d’échéances contractuelles. Il dispose ainsi d’options de
liquidité, c’est-à-dire de libertés de retrait pou de constitution de son
épargne, qui peuvent se traduire pour l’établissement collecteur par
autant d’options de taux, du fait de la transformation en emplois à taux

25
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

fixe qu’il pratique généralement. Par exemple, un établissement qui aurait


adossé son portefeuille de crédit immobilier aux dépôts à vue de sa
clientèle s’exposerait au risque d’un retrait de ceux-ci. Dans ce cas, il
serait en risque de liquidité, mais aussi en risque de taux, puisqu’il serait
contrait de remplacer des ressources gratuites (les dépôts) par des
ressources payantes ‘empruntées sur les marchés). On retrouve ici
l’exemple du Banesto.
Il est à noter que la détérioration de la situation propre de l’établissement,
et la perte de confiance qui est susceptible d’en résulter auprès de sa
clientèle de déposants, peut accélérer l’exercice de ces options par la
fuite de l’épargne en dépôt chez celui-ci vers un autre établissement
moins risqué. Plus le taux de rémunération des ressources est faible, plus
importants sera la perte de l’établissement en cas de fuite des déposants.
L’effet d’accélérateur de cris est donc d’autant plus important que
l’établissement dispose de ressources clientèle bon marché.
Les produits d’épargne-crédit, comme l’épargne-logement ,
combinent des options pendant la phase d’épargne (liberté pour le client
de varier le rythme de son épargne avec un taux garanti fixé par l’Etat)
avec des options sur le crédit ‘possibilité d’emprunter au bout de quatre
ans à des conditions figées à l’ouverture du plan).
Dans l’assurance-vie, le cas le plus classique d’options cachées est la
faculté dont dispose la clientèle de racheter par anticipation son contrat.
Elle aura intérêt à le faire si les taux ont monté, afin de porter son épargne
sur un nouveau contrat dans une autre compagnie par exemple, dont la
rémunération serait lors meilleure. Un compagnie qui constituerait son
actif après la baisse des taux pourrait en effet offrir un rendement
supérieur à celle dont l’actif serait constitué d’obligations plus anciennes.
Les indemnités de rachat sont généralement faibles, voire nulles, mais il
existe un frein fiscal important, puisque le client perd tout ou partie de
l’avantage fiscal s’il ne respecte pas un certain délai de placement (c’est-
à-dire pendant des huit premières années pour les contrats récents 1).
C’est pourquoi les compagnies d’assurance-vie n’ont pas connu de vague
massive de rachats comme l’ont observé les banques. Ceci s’explique
aussi par la réglementation des assurances, qui contrôle la tarification des

26
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

contrats et limite ainsi la vente à perte, ce qui n’existe pas dans l’activité
bancaire. Cette spécificité réglementaire, est en nature à limiter
l’agressivité commerciale des compagnies d’assurance, qui entretiendrait
sinon le phénomène des rachats.

2.2.3 Quelques exemples d’options


cachées
Les bilans de banques comportent des options de taux aux
caractéristiques techniques originales. Des montants considérables sont
en jeu, ce qui a des implications importantes sur les techniques de gestion
des risques.
Les options « cachées » dans les bilans des banques sont d’un point de
vue financier particulièrement sophistiquées. Elles dépassent en
complexité tout ce qu’ont déjà pu imaginer les golden boys les plus
pointus : options de durée de vue particulièrement longue, options sur des
obligations amortissables, options sur options. Tel Monsieur Jourdan,
l’emprunteur moyen, manie des instruments, à la fois très simples au
niveau du concept, par exemple la possibilité de rembourser son crédit à
tout moment sur la base du capital restant dû et d’une indemnité
forfaitaire, et extrêmement difficiles à décomposer en briques financières,
élémentaires et posant d’épineux problèmes de valorisation. Des
exemples plus précis, comme les plans d’épargne-logement, les options de
remboursements anticipés et les dépôts à vue permettent de
cerner l’ampleur du problème.

2.2.3.1. Les plans d’épargne logement


Un plan d’épargne-logement garantit à son souscripteur le droit
d’effectuer des versements à un taux garanti pendant une période de cinq
ans (prorogeable) et le droit d’emprunter, à l’issue de la phase d’épargne,
un taux fixé lui aussi dès la souscription. Le montant sur lequel porte le
droit d’emprunter dépend des intérêts

27
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

accumulés pendant la phase d’épargne. Le rapport entre le total des


intérêts payés sur le crédit rapporté aux intérêts de la phase d’épargne
doit être inférieur à un coefficient multiplicateur de 2,5.
1- Si le client sort pendant les quatre premières années, il imposés à hauteur de 38% des gains
réalisés. S’il sont entre la quatrième et la huitième année, l’imposition est de 19%. Il n’y a plus
d’imposition au-delà de huit ans.

28
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Il y a donc deux options de taux dans un PEL. En cas de baisse des taux
des placements monétaires et obligatoires, il peut devenir intéressant pour
le souscripteur d’augmenter les versements sur le PEL, puisque le taux
garantie, lui, reste inchangé. La banque a en fait vendu à ses clients des
calls sur obligation zéro-coupon (échéances initiale : cinq ans, mais durée
prorogeable) et de prix d’exercice le pair 1. La deuxième option porte sur le
crédit. Si le taux de marché du crédit est inférieur au taux d’emprunt
garanti initialement, alors le client n’utilisera pas sont droit au prêt. Dans
le cas contraire, et s’il doit emprunter, il cherchera d’abord à saturer le
droit au prêt du PEL avant de se tourner vers les autres formes de crédit.
Pour la banque cela revient à une vente de puts sur obligation
amortissable, de durée non spécifiée, et de prix d’exercice le pair.
En pratique, l’option sur le crédit est très dans la monnaie, c’est-à-dire que
la probabilité qu’il soit intéressant financièrement de l’exercer est très
forte, car les taux d’emprunts garantis (de l’ordre de 6 % pour les
dernières générations de PEL) sont inférieurs aux taux courants du marché
du crédit. L’engagement de la banque est proche d’un engagement à
terme avec la difficulté que la maturité de l’engagement n’est pas
spécifiée initialement et que les comportements ne sont pas forcément
rationnels. Cet engagement à terme, s’il n’est pas géré, crée un premier
risque en cas de hausse des taux.
Puisque le PEL est un produit largement souscrit, les variations de
taux induisent peu de souscriptions nouvelles. Le caractère véritablement
optionnel du PEL vient du comportement des clients dans la gestion de
2
leurs versements et de l’évolution de la proportion de « bons frères »
dans le nombre de souscripteurs total. Au delà du minimum réglementaire,
les clients contrôlent leurs versements. Quant les taux d’intérêt
augmentent, il devient beaucoup moins intéressant de placer sur un PEL
que d’effecteur un placement aux conditions de marché. Par ailleurs, la
valeur du droit à emprunter augmente également. Ceci va entraîner une
diminution des versements des « bons frères » et une augmentation des
placements des vrais candidats emprunteurs et des utilisations des droits
au prêt.

29
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Les valorisations précédemment effectuées dans le Bulletin du CIEC (n°


121 octobre 1989) supposaient que la proportion de « bons frères » restait
proche de sa moyenne historique (soit près de la moitié du total des
clients de ce produit), quelle
1- On parle d’exercice au pair lorsque l’option porte sur 100% du capital restant dû d’une opération.

que soit l’évolution des taux. Selon ce modèle, les engagements


s’élèveraient à plus de 110 milliards de MAD dans les conditions de taux
d’intérêt du moment. En fait, une hausse des taux de marché, en incitant
les « bons frères » à limiter leur contribution à l’équilibre financier du
système, crée une augmentation encore plus forte des engagements des
banques.

2.2.3.2 Les options de


remboursements anticipés
La loi offre à un emprunteur la possibilité de rembourser par
anticipation un crédit immobilier avec une indemnité plafonnée à 3 % du
capital restant dû. Dans le cas d’un crédit à taux fixe, on peut considérer
que la banque a cédé à ces clients des calls sur obligation amortissable
avec un prix d’exercice de 103. L’option est de type américain, c’est-à-dire
qu’elle peut être exercée à tout moment. Sur le marché financier, on
parlerait d’obligation remboursable au gré de l’émetteur. On peut montrer
qu’il existe une probabilité strictement positive d’exercice anticipé et que
l’exercice financièrement rationnel devrait avoir lieu juste avant ;le
paiement d’une mensualité. En effet, si les taux d’intérêts sur le marché
baissent suffisamment, il vaut mieux rembourser par anticipation, plutôt
que de continuer à payer des mensualités élevées. A chaque date de
paiement, en deçà d’un seuil de taux, le remboursement anticipé devrait
avoir lieu. La valorisation précise de l’option américaine est complexe et
fait intervenir des options composées (options sur options).
Notons tout de suite un élément intéressant : la valeur de l’option
augmentant avec la volatilité des taux, l’écart entre taux de crédit
immobilier et taux de marché financier devrait augmenter avec ;la
volatilité des taux d’intérêt. Si l’on considère le stock de crédits

30
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

immobiliers, sa valeur devrait être également très sensible à des


modifications de la volatilité (qui modifient la probabilité d’exercice
anticipé). C’est ce que l’on constate sur le marché secondaire des
créances hypothécaires titrisées aux Etats-Unis.
1- Souscripteurs qui, à l’issue de la phase d’épargne, renoncent à leur droit au prêt même quand celui-ci est
financièrement
avantageux.

31
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

En pratique, l’exercice de l’option par le client donne lieu, pour financer le


remboursement, à un nouveau crédité, lui même porteur d’option. Le
comportement du client va dépendre du taux courant du marché du
crédité immobilier. Dès que les taux ont baissé suffisamment pour que les
mensualités du crédit de refinancement (portant sur 103 % du capital
restant dû, plus des frais divers : levée d’hypothèque,…) deviennent
inférieures aux mensualités initiales, l’option est « dans la monnaie ».
L’exercice financièrement rationnel n’a toutefois pas lieu immédiatement.
La baisse des taux doit être suffisamment forte pour déclencher le
remboursement anticipé : une exercice alors que les taux n’ont que peu
baissé fait diminuer faiblement les mensualités, et il faut attendre une
nouvelle baisse importante des taux pour que l’option sur le crédit de
refinancement puisse être exercée.
L’incitation au remboursement anticipé est d’autant plus forte que le
rapport entre les anciennes et les nouvelles mensualités (ou entre
l’ancienne et la nouvelle valeur actuelle nette d crédit) est élevé. Pour des
crédits longs, ce rapport est approché par le rapport entre le taux nominal
du crédit en cours et le taux courant du marché du crédit. Ce résultat est
rigoureux pour des perpétuités. L’approximation reste assez bonne pour
des crédits d’une dizaine d’années. ainsi, une baisse des taux de 15 % à
13,5 % ferait baisser les mensualités de 10 % et la valeur actuelle du
crédit du même montant. Ce qui dépasse largement le montant de
l’indemnité de 3 %.
L’évaluation du risque de taux sur les crédits immobiliers nécessite
l’ajustement de modèles de comportement réel des emprunteurs, quoi est
moins violent qu’un comportement rationnel. Des études statistiques sur
les données française confirment néanmoins le rôle déterminant des taux
d’intérêt dans le comportement des emprunteur vis-à-vis du
remboursement anticipé.
Les risques sur les marges financières des banques en cas de baisse des
taux, peuvent être couverts par l’utilisation d’options longues de taux
(floors par exemple) dont l’usage se développe progressivement au Maroc
à l’image du marché américain, ou par la titrisation, qui permet, dans
certaines conditions, de le transmettre à des investisseurs, moyennant

32
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

rémunération. Les banques disposent ainsi de nouvelles opportunités pour


gérer ce risque de taux, qu’elles devaient plutôt subir jusqu’à présent.

2.2.3.3.. Le risque de taux sur les


dépôts à vue
Les dépôts à vue comportent un important risque de taux de nature
optionnelle. L’analyse traditionnelle met souvent en avant le risque de
liquidités liées aux menaces de retraits (« bank runs »). Sans minimiser
l’importance du phénomène de désaffection des dépôts à vue au profit des
SICAV monétaires et autres instruments de placement en cours au Maroc,
Il s’agit pour une bonne part d’un déplacement des capacités de prêt à
court terme entre institutions financières : des banques vers les SICAV
monétaires. Du point de vue du risque de taux, il n ‘ y a pas
d’inconvénient à agréger les SICAV monétaires et les banques, du moins
pour comprendre la nature du risque de taux sur les déports.
Une part de SICAV monétaire et un dépôt, si l’on se place du point de vue
des caractéristiques financières (en omettant les différences importantes
liées à la facilité de tirage sur les dépôts) sont des actifs très proche :
garantie de remboursement au pair dans un délai très bref. Mais la part de
SICAV monétaire domine strictement (au sens de la hiérarchie des
placements en SICAV monétaire s’accroît donc avec des taux élevés.
Par ailleurs, même si le mouvement a eu tendance à s’inverser sur la
période récente, on constate une relative stagnation de l’encours des
dépôts à vue, alors que celui des SICAV monétaire a cru rapidement,
jusqu’à ce que la fiscalité de ces produits ait été modifiée. L’analyse est
délicate car la croissance de l’encours des SICAV peut éventuellement se
faire par substitution à d’autres formes d’épargne. Néanmoins, du simple
point de vue de la bonne gestion financière, les entreprises et les
ménages ont intérêt à substituer des parts de SICAV monétaires aux
dépôts à vue. On constate ainsi une diminution de la part des dépôts dans
les ressources des banques par rapport aux emprunts sur le marché.
Si l’on examine le risque de taux sur l’encours existant et dans le de figer
une marge, on considère que l’encours existant de dépôts à vue s’amortit

33
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

jusqu’à un certain niveau incompressible de dépôts à vue. C’est la raison


pour laquelle les banques considèrent que la majeur partie des dépôts à
vue s’assimile e risque de taux à des ressources à moyen terme.
Mais une hausse des taux peut accélérer la substitution entre dépôts à vue
et SICAV
monétaires et ainsi l’encours de dépôts s’amortit plus. Une ressource qui
s’amortit
plus vite en cas de hausse des taux représente un risque de nature
optionnelle : alors que les taux montent, il devient nécessaire de faire un
recours accru aux ressources au prix du marché. Les risques s’assimilent à
celui d’une vente de puts sur titres amortissables.
*
* *

L’existence des « options cachées » a des conséquences


importantes pour la gestion des risques financiers, notamment, parce que
les montants concernés sont considérables. Ces produits financiers
contenant des options existaient bien avant que l’on ne dispose des outils
de gestion financière pour les gérer. Le commercial, le réglementaire et le
sociologique ont précédé les moyens de gestion des risques financiers. Les
banques ont donc été contraintes de subir ces risques de taux.
La contexte est aujourd’hui différent. Les marchés financiers d’options
longues de taux se développent considérablement. Par exemple, le
1 2
marché des caps et floors porte sur des encours de plusieurs centaines
de milliards de MAD. Les produits financiers de marché permettent de
couvrir les engagements optionnels des banques et de protéger leurs
résultats comptables futurs contre des variations de taux. Cela nécessite
de compléter les méthodes de gestion traditionnelles pour prendre en
compte en compte ces risques supplémentaires sur les marges.

2.3 Les intervenants sur la sphère


opérationnelle et sur la sphère financière

34
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

En général, l’établissement de crédit universel, autrement dit la banque à


réseau, ou banque de dépôts, par sa présence dans tous les domaines
d’activité, intervient sur la sphère opérationnelle à l’actif et au passif. Il
collecte de l’épargne auprès de sa clientèle par l’intermédiaire des dépôts
à vue, des comptes à terme et des CERS et

1- Un cap est un contrat de garantie de taux optionnel, appelé aussi taux plafond. Sa durée peu
aller de quelques moins à dix ans. Il garantit à l’acheteur, qui acquitte une prime ; que si le taux
de référence (généralement un index de marché, comme le Pibors par exemple) dépasse une
certaine valeur, appelé taux garanti ou strike), de percevoir la différence entre le taux constaté
et le taux garantie
2- Un floor est aussi un contrat de garantie de taux optionnel, appelé taux plancher. L’acheteur
perçoit, moyennant le paiement d’une prime, l’écart entre la valeur d’un index de taux et le
taux garantit lorsque l’index (par exemple le Pibor) descend en dessous du taux garanti.

35
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

accorde des crédits. Par ailleurs, il est susceptible d’émettre des titres de
refinancement (emprunts obligataires, titres du marché monétaire….), et
de souscrire, dans le cadre de son activité de portefeuille, des titres
(actions, obligations, titres monétaires) émis par d’autres établissements.

L’établissement de crédit spécialisé (qui accorde des crédit mais ne


collecte pas d’épargne) est présent sur la sphère opérationnelle
principalement à l’actif à travers son activité de crédit. Il utilise les
instruments de la sphère financière (emprunts obligataires (emprunts du
marché monétaire) pour son refinancement.
L’activité de collecte d’épargne est aussi effectuée sur des supports
d’assurance-vie par l’intermédiaire de sociétés spécialisées ayant le statut
de compagnies d’assurance-vie soumises à une réglementation spécifique
à ce secteur.

Les sociétés d’assurance-vie opèrent sur la sphère opérationnelle au


passif (la clientèle apporte la collecte), et utilisent les instruments de la
sphère financière à l’actif (actions, obligations, mais aussi immobilier, qui
est hors du champs de la sphère financière) en couverture de leurs
engagements.
Ainsi les cycles de production de l’assurance-vie et du crédit sont-ils
inversés.
1
Outre l’épargne collectée par le biais de produits intermédiés , les
établissements de crédit et les compagnies d’assurance ont généralement
développé la collecte d’épargne sur des supports collectifs comme mes
OPCVM (Organismes de Placements Collectif en Valeurs Mobilières 2), qui
n’apparaissent pas directement à leur bilan.
Ces différentes considérations peuvent être résumées dans le tableau 3.
Tableau 3. – Intervenants sur la sphère opérationnelle et sur la sphère
financière
Sphère opérationnelle Sphère financière
Banque universelle A l’actif et au passif A l’actif et au passif

Banque spécialisée Principalement à l’actif Principalement au


passif

36
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Assurance-vie Principalement au
passif Principalement à l’actif

1- C’est-à-dire figurant au bilan : CERS, comptes à terme, dépôts.


3- SICAV : (Sociétés d’Investissement à Capital Variable) et FCP (fonds communs de Placement).
Après avoir étudié le rôle de l’intermédiaire et les conditions d’exercice vis-
à-vis des différentes catégories de clientèle des sphères opérationnelles et
financières ; nous allons étudier les risques liés à l’activité
d’intermédiation, dont la plupart proviennent des clauses optionnelles sur
la sphère opérationnelle.

3- Les risques encourus par un


établissement financier et le rôle des fonds
propres
Un établissement financier est exposé à différents risques, qui
peuvent être stratégiques ou opérationnels, financiers ou techniques. Les
fonds propres viennent en couverture de ces différents risques,
garantissant la pérennité de l’établissement.

3.1. Les risques encourus


Nous étudions d’abords les différents risques encourus, avant de
présenter leurs conséquences sur la situation de l’établissement.

3.1.1. Les différents risques encourue


Un établissement de crédit est exposé aux risques stratégiques de
permanence du secteur d’activité sur lequel il opère, et aux risques
opérationnels liés à la gestion de son activité.

3.1.1.1. Les risques stratégiques


Les principaux risques stratégiques sont relatifs à la modification de
l’environnement, et notamment à celle des facteurs suivants :
- la fonction de demande de la clientèle : niveau et répartition de la
consommation, des ménages et de l’investissement des entreprises,

37
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

accès à la propriété, équipement domestique et automobile, besoins


d’épargne, etc ;
- le comportement de la concurrence : courses aux parts de marché
après la désencadrement du crédit en 1987 (encadré 2), entrée de
nouveaux intervenants sur un marché donné (ouverture européenne),
etc, ;

Encadré 2
L’évolution de l’environnement bancaire,
de l’encadrement du crédit à la concurrence débridée

La situation actuelle des banques se comprend mieux en la replaçant


dans l’évolution des quinze dernières années. On peut voir dans cette
période trois étapes successives bien distinctes : l’encadrement du crédit,
la cour se aux parts de marché, et la lente prise de conscience.

1- de 1980 à 1986 : l’encadrement du crédit


Jusqu’à fin 1986, le système bancaire était emprisonné dans un système
de contraintes très fortes, dont les plus rigoureuses étaient ;
- l’encadrement du crédit, instauré en 1972, qui limitait la croissance
des encours de crédit en gelant les parts de marché des différents
établissements en rendant de fait inopérante la concurrence ;
- le cloisonnement des marchés, qui plaçait les banques dans une
situation d’intermédiaire obligé et contraignait les entreprises, y
compris les plus importantes (et les plus rentables pour les banques), à
faire appel aux crédits bancaires.
Ces systèmes de contrôle et de régulation ont très vite montré leurs
limites, et le mouvement de libération et d’internationalisation amorcé au
milieu de la décennie 1980 a contraint les pouvoirs publics et les remettre
progressivement en cause. C’est ainsi que la réforme des marchés
financiers a été amorcée en 1983, et que l’encadrement du crédit a été

38
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

levé en janvier 1987. Cette dernière réforme, de loin la plus importante,


est le point de départ de la seconde période.

2- De 1987 à 1991 : la course aux volumes


Ces quatre années ont été celles de l’apprentissage de la concurrence par
les banques. Ses effets ont été désastreux pour le système tout entier :
elles se sont traduites par une très forte montée des risques
(commerciaux et financiers) et par une détérioration des comptes de la
plupart des établissements.

Il ne faudrait cependant par commettre l’erreur d’imputer au seul


développement de la concurrence la période difficile qu’ont connue les
banques en 1990 et 1991 ; les causes de ces difficultés sont aussi à
rechercher dans la période de l’encadrement du crédit.
Pendant près de quinze ans, les banques ont vécu dans un environnement
très protecteur, qui a crée d’une part une formidable contre- incitation à la
maîtrise des risques, des outils de gestion, des coûts et de la productivité,
d’autre part, un, système bancaire sur capacitaire par rapport aux besoins
réels.
Ainsi, au moment où les rênes ont été lâchées, en 1987, les banques ne
disposaient pas d’outils de gestion, de pilotage et de suivi suffisamment
précis. Brutalement plongées dans un environnement concurrentiel, elles
ont fondé leur stratégie de développement sur le critère le plus immédiat
ou le plus naturel : le volume ou la part de marché.
La progression des encours de crédits de trésorerie aux particuliers est
ainsi passée de 10 % en 1983 à 40 % en 1986 et 36 % en 1987.
Globalement, l’endettement des agents non financiers, qui progressait de
7 % en 1986, a augmenté de 13 % en 1989.
Comme tous les établissements ont mené au même moment cette
stratégie de volume, qui rendait secondaire la préservation des marges,
les marges, les parts de marché n’ont pas considérablement évolué.
Les marges ont en revanche fortement diminué. L’écart entre le
rendement moyen du portefeuille de crédits et le taux d’intérêt moyen à

39
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

un an est passé pour l’ensemble des établissements de 4 % en 1986 à 0.3


% en 1990. Ces phénomènes observe à l’identique pour les banques AFB.
Cette vive augmentation des volumes de crédit, qui s’est faite au
détriment des marges, s’est aussi accompagnée d’une forte progression
des risques de crédits dès 1989, aggravée par le ralentissement
économique à partir de la mi 19980. Tous ces éléments ont conduit à une
contraction des résultats alors même que les établissements devaient
mettre en règle avec les nouvelles normes de solvabilité » imposées par le
ratio Cooke.

40
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

3- Depuis 1990-1991 : la lente prise de conscience


Si l’on a pu espérer que les banques se rendraient rapidement compte du
caractère suicidaire de la stratégie de volume, et ajusteraient en
conséquence leur activité et leurs barèmes dans un sens plus n’en a
presque rien été.
L’existence de résultats exceptionnels acquis sur les marchés financiers en
1993 a permis aux banques de repousser les ajustements nécessaires. La
1
baisse historique du Produit Net Bancaire (PNB ) de 1994 devrait
cependant, si elle devait se confirmer, inciter les banques à plus de
rigueur à plus de rigueur dans leur prise de risque et leur politique
tarifaire.

- La réglementation : mise en place du radio Cooke, imposant un certain


montant de fonds propres face aux engagements des banques,
réglementation sur les conglomérats financiers, réglementation sur les
remboursement anticipés, modifications de la fiscale des SICAV
monétaires ou de l’assurance-vie taux d’imposition des sociétés, etc.
La matérialisation du risque stratégie se traduit par une réduction de la
production d’épargne et de crédit et par conséquence par un non
renouvellement de l’encours. Les sociétés dont les produits sont à court
terme sont plus sensibles à ce risque que les sociétés dont l’encours
s’amortit à moyen ou long terme 2. La taille de l’entreprise et ses moyens
ne sont alors plus en adéquation avec le marché sur lequel elle opère.

3.1.1.2 Les risques opérationnels


Les risques opérationnels qu’encourt un établissement financier dans
sont rôle d’intermédiaire sont multiples et peuvent résulter :
 de la défaillance des contreparties dans l’incapacité de faire face à
leurs engagements (risque de contrepartie 3).

1- Le produit net bancaire est la différence entre les agios créditeurs (perçus sur le portefeuille de
crédit et de placement) et les agios débiteurs (versés sur la dette financière et sur l’épargne

41
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

clientèle rémunérée), majoré du net des commissions perçues ou versées. Le PNB est souvent
présenté comme l’équivalent pour les banques du chiffre d’affaire des entreprises
commerciales ou industrielles.
2- Le phénomène des remboursements anticipés peut cependant accélérer l’amortissement des
encours longs.
3- Aussi appelé risque de crédit ou risque des signature.

42
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

 de la difficulté de l’établissement lui –même, soit à trouver les


ressources qu’il s’est engagé à prêter (risque d’illiquidité), soit à
effectuer les placements qui lui permettront de rémunérer l’épargne
collecté (risque de liquidité) à des conditions de taux cohérentes avec
celles servies à la clientèle ;
 de l’exposition de l’établissement aux fluctuations des taux d’intérêt du
marché (risque de taux) ;
 de son exposition aux fluctuations des parités des devises dans
lesquelles son activité est libellée (risque de change) ;
L’ensemble des risques de taux, de liquidité et de change constitue ce
qui est fréquemment qualifié de risque de transformation.
 de son exposition aux fluctuations de prix d’un marché particulier
(actions, immobiliers, matières premières…), dans le cadre d’activités
de marché ou de portefeuille (risques de marché) ;
 des risques commerciaux qui sont encourus lors de la signature de
contrats, de crédit ou d’épargne, avec les particuliers et le PME.

Les risques commerciaux se matérialisent par :


- les défaillances des contreparties (risque de crédit) auxquelles
l’établissement a prêté, autrement dit le risque de contreparties sur la
sphère opérationnelle,
- l’exercice d’options contractuelles (remboursements anticipés de
crédits, rachats anticipés de contrats d’épargne…), qui peuvent générer
des risques de taux et de liquidité pour l’établissement.

 des conséquences sur son résultat ou sur la pérennité de son activité


de défaillances techniques de son outil d’exploitation (informatique
notamment), de catastrophes naturelles, de malveillance ou d’erreurs
humaines, de dysfonctionnements dus à la mauvaise organisation, des
risques liés aux engagements sociaux de l’établissement vis-à-vis de
son personnel, ou liés aux clauses juridiques des contrats (risques
techniques). Un de ces risques techniques, et non des moindres, est
d’ailleurs constitué par l’inadéquation (voire l’inexistence)) des outils de

43
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

mesure et des équipes de gestion des risques financiers, commerciaux


et de marché cités ci-dessus.
 Les risques structurels qui sont la traduction au niveau opérationnel de
risques stratégiques. Illustration les risques structurels sur la base
d’exemples :

- Prenons l’exemple d’un établissement qui ne soit pas en mesure de


répercuter l’intégralité des variations des taux de marché dans ses
barèmes de crédit pour des raisons liées à son positionnement
concurrentiel, ce qui entraîne une diminution de ses marges. Ce peut
être le cas d’un établissement qui se refinance intégralement sur les
marchés, alors que ses concurrents sont des banques de dépôts non
rémunérés (ressources gratuites), et peuvent redistribuer au client,
sur l’activité de crédit, tout ou partie de l’avantage ainsi obtenu. Cet
établissement voit ses marges diminuer quand les taux montent.
- Un risque structurel affecte aussi les réseaux qui ne peuvent disposer
dans leur gamme commerciale de certains produits d’épargne
comportant un avantage fiscal pour le client (livrets défiscalisés par
exemple).
- Un autre exemple de risque structurel est celui d’une banque de dépôt
qui est structurellement exposée à la baisse des taux d’intérêt. En effet,
une fraction de son passif est constituée de ressources gratuites. Toute
baisse de rendement de l’actif (au gré du renouvellement du
portefeuille de crédit en phase de baisse des taux, ce qui est le cas
aujourd’hui puisque les génération du début des années 80 arrivent à
échéance, ou par le phénomène des remboursements anticipés) est
alors préjudiciable à la marge de l’établissement.

C’est la capacité de l’établissement à gérer (identifier, mesure,


diversifier, maîtriser et surtout rémunérer) ces risques (stratégiques et
opérationnels) plus efficacement et plus sûrement que tout intervenant
individuel qui crée la possibilité d'un profit durable.

44
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

3.1.2. La matérialisation des risques :


l’engrenage
La matérialisation de l’un ou de plusieurs de ces risques peut conduite
à un constat d’insolvabilité définitive, dans le cadre d’un enchaînement
apocalyptique qui a prouvé toute son actualité dans le cas des caisses
d’épargne (Savings an Loans) aux Etats-Unis (mais l’actualité européenne,
voire française nous fournit aussi des exmeples) :
- La concrétisation d’un ou plusieurs des risques mentionnés ci-dessus
(financiers, de marché, commerciaux, techniques,… stratégiques ou
opérationnels)) entraîne une dégradation sensible des résultats
courants de l’établissement :
- Ce fléchissement de la rentabilité provoque une perte de crédibilité
dans les milieux financiers et bancaires auxquels l’établissement est lié,
pour son refinancement notamment, conduisant par exemple à une
1
dégradation de sa notation (rating) ;
- Dans le cas de la banque, face à la dégradation de sa solvabilité, les
autres établissements refusent de continuer à fournir les garanties de
taux, de liquidité et de change qui sont nécessaires à la poursuite de
son activité ;
- La clientèle perd confiance et retire ses fonds (trésorerie ou épargne)
de la banque de dépôts ou de la compagnie d’assurance-vie, ce qui
constitue généralement pour la banque un puissant accélérateur de
crise, puisqu’elle devra remplacer des ressources gratuites ou bon
marché apportées par la clientèle par des emprunts à taux de marché.
- La conclusion est alors la cessation d’activité, pour cause d’illiquidité.
Dans un cas extrême :
- par manque de ressources, l’établissement se trouve dans
l’impossibilité de financer ses actifs set doit donc en réaliser une
partie ;
- dans le cas où la crise a été provoquée par une hausse des taux
d’intérêt, ceci a pour conséquence supplémentaire de diminuer la
valeur de revente des actifs, lorsque ceux-ci sont à taux fixe, ce qui
détériore encore la situation nette de l’établissement ;

45
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

- finalement, celui-ci ne peut plus rembourser ses créanciers. C’est


l’insolvabilité définitive.
Il résulte de ce scénario « apocalyptique » que la nature des risques
précédemment évoqués est double : ceux-ci peuvent affecter non
seulement mes résultats courants de l’établissement où ils se
matérialisent, mais également et selon l’évolution des conditions de
marché, la valeur de revente de ses actifs (encadré 3).
1- La notation, ou rating, est une note accordée par des agences spécialisées et indépendantes
(standard & Poor’s, Moody’s et IBCA sont les plus connues) qui donne des indications sur la
capacité de l’établissement à rembourser ses dettes avec une certaine probabilité à une
échéance donnée. Les notes suivent une échelle, dont le premier échelon, correspondant à la
meilleurs note, est AAA, le second AA, puis A, BBB… Les échelons sont eux-mêmes divisés en
trois sous-niveaux, comme par exemple AA =, AA et AA- dans l’échelle de Standard & Poor’s, ou
Aal, Aa2 et Aa3 pour Moody’s.

Dans les deux cas (baisse des résultats courants ou baisse de la valeur de
revente des actifs), la conséquence est une amputation des fonds propres.

3.2 Le rôle des fonds propres


Les fonds propres sont au centre de la politique de gestion financière de
l’établissement.

Encadré 3
Incidence d’une hausse des taux sur la valeur de revente
des actifs et les résultats courants d’un établissement

Une hausse des taux d’intérêt peut se matérialise pour l’établissement par
un risque de revenu et un risque de placement, qui jouent respectivement
sur les résultats courants et la valeur de l’actif net.
Le risque de revenu
Un actif constitué au taux de 10% génère une marge de 1 % s’il est
refinancé par une ressource à 9 % et de – 1 % si le taux de la ressource
passe à 11 %, soit à la suite d’un renouvellement de son taux (ressources
à taux révisable), soit à la suite d’un renouvellement pur et simple aux
conditions du marché à la suite de son amortissement naturel.
Comptablement, le risque de revenu se traduit sur la marge d’intérêt,
différence entre les intérêts créditeurs et débiteurs.
Le risque de placement (ou de prix)

46
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

La valeur de marché d’un actif de nominal 100 sur un an au taux de 10 %


passe de 100, lorsque les taux de marché sont à 10%, à 100 x 1,10/1,12,
soit 98,2 lorsque les taux passent à 12 %.
Si la durée du crédit est infinie(cas d’une rente perpétuelle) la valeur
passe de 100 à 100 x0.100,12, soit 83,3 dans les mêmes conditions.
La dévalorisation d’un actif à taux ferme est donc d’autant plus grande
que son terme est éloigné.

3.2.1. Les fonds propres sont nécessaires


à la croissance
Les fonds propres sont la substance de l’établissement en ce sens
qu’ils lui permettent d’assurer son expansion. Ils fournissent la base
nécessaire au démarrage de toute activité. Ainsi, le premier acte de la vie
d’une société est la constitution de son capital. Ils sont aussi nécessaires à
l’accompagnement de la croissance. Ceci est d’autant plus vrai, dans le
cas des établissements financiers, qu’il existe, du fait de contraintes
réglementaires de solvabilité. Ainsi, en schématisant, un établissement de
crédit qui souhaite doubler l’encours de ses engagements devra
généralement doubler aussi ses fonds propre, sauf s’il disposait
d’excédents initiaux.

3.2.2. Les fonds propres sont une garantie


vis-à-vis de
Les fonds propres doivent permettre à l’établissement d’absorber les
risques liés à son activité et ainsi de lui éviter la faillite. Les fonds propres
constituent donc une garantie vis-à-vis des créanciers. C’est la raison
pour laquelle la plupart des dispositifs de limites de risque de signature
sont condés sur le montant de fonds propres de la contrepartie à qui l’on
prête. Ainsi, plus un établissement dispose de fonds propres plus il est
susceptible de trouver des contreparties prêtes à financer son activité.
Tout établissement sera ainsi contraint de disposer d’une structure
financière forte, d’autant plus qu’il dépend d marché pour son

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

refinancement. La notation (rating) qu’il obtiendra auprès des agences


spécialisées sera elle aussi fortement conditionnée par la solidité et le
niveau de ses fonds propres. En effet, les agences privilégient cet élément,
avec, entres autres, la qualité du fonds de

1- Par structure financière, on entend le montant de fonds propres ramené aux risques.
2- Il s’agit du ratio de solvabilité aussi appelé ratio Cooke, qui impose aux établissement de crédit
de disposer d’un minimum de 8% de fonds propres face aux différents actifs de bilan et de
hors-bilan, pondérés par leur risque. Ces 8 % de fonds propres doivent comporter au moins 4
% de fonds propres dits de « noyau dur » (capital, réservés, report à nouveau…). Les 4 %
restants sont dits fonds propres complémentaires, et sont constitués notamment de la dette
subordonnée.

commerce, la rentabilité et les perspectives de résultat…. Pour fonder leur


appréciation.

3.2.3. Les fonds propres sont les


ressources les plus chères (exigence de
rentabilité)
Si les fonds propres sont indispensables au développement de toute
activité, ils constituent cependant les ressources les plus chères.
L’établissement doit en effet s’astreindre à leur assurer une forte
rentabilité (exprimée comme le ratio du résultat net sur les fonds propres
1
) afin de satisfaire ses actionnaires (aux quels il fait appel périodiquement
pour financer sa croissance), qui exigent une prime de risque pour leur
investissement.
Ces objectifs de rémunération de l’actionnaire ne peut être considéré
comme une réelle obligation à court terme dans la mesure où il n’est pas
contractuel, contrairement a service de la dette classique. Un
établissement peut ainsi présenter une année donnée des résultats
inférieurs à l’objectif qu’il affiche à la demande de ses actionnaires. Il ne
peut le faire sur longue période sous peine de difficultés d’accès aux
marchés pour ses besoins en fonds propres ou pour ses besoins de
financement.
La rémunération des fonds propres (le résultat) peut être en partie
distribuée sous forme de dividende. Le solde mis en réserve dans la
société permet d’augmenter le niveau des fonds propres et

48
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

d’accompagner ainsi son développement par autofinancement de la


croissance.
On peut calculer qu’un taux de rentabilité des fonds propres de 15 % après
impôts associé à un taux de distribution des bénéfices de 20 % permet
d’autofinancer une croissance des encours de 12 % par an (encadré 4).
Plus l’objectif de rentabilité des fonds propres est élevé et plus la
distribution est faible, meilleur est l’autofinancement des encours.
1- La rentabilité des fonds propres se traduit en anglais par return on equity (ROE).

49
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Encadré 4

Impact de l’objectif de rentabilité des fonds propres


sur l’autofinancement des encours

Calculons la croissance des encours qu’il est possible de financer sans


appel aux actionnaires en fonction de l’objectif de rentabilité des fonds
propres et du taux de distribution des bénéfices.
Soit :
t taux de rentabilité des fonds propres exigé après imports
c taux de croissance des encours
d taux de distribution des bénéfices

Autofinancer la croissance revient à maintenir le ratio fonds propres (de


noyau dur) sur encours stable.
FP (fin de période) = FP (début de période) + bénéfice de la période –
dividendes de
la période
= FP (début de période) + bénéfice x (1 – d)
= FP (début de période) x (1+t x (1-d)
Par ailleurs :
Encours (fin de période) = encours (début de période) x (1=c)
Le maintien du ratio fonds propres sur encours conduit donc à la relation
suivante :

C = t x(1-d)
Application numérique :
T = 15 %
d = 20%
 c = 12 %
L’objectif de rentabilité des fonds propres de 15% après impôts permet, s’il
est satisfaire d’autofinancer une croissance des encours de 12 % par an.

50
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

La contrainte de rentabilité fait que les fonds propres constituent les


ressources les plus chères dont dispose l’établissement : un objectif de
rentabilité de 15 % après impôt, qui constitue une valeur communément
adoptée par les établissements financiers ou industriels les plus
performants, représente, pour un taux d’imposition de 33 %, un coût de
ressource de 22.50 % 1. Ce coût est à comparer aux taux des obligations à
long terme que l’établissement pourrait émettre sur le marché au même
moment, taux qui depuis quelques années sont compris en MAROC entre 7
% et 12%.
Les fonds propres sont donc deux à trois fois plus chers que des
ressources classiques empruntées sur les marchés.
Il convient de noter que le coût des fonds propres dépendra
fortement des objectifs que se donne l’établissement : objectifs de
rentabilité d’une part, et objectifs de niveau de fonds propres à mettre en
regard des actifs d’autre part.
Plus un établissement se donne un objectif de rentabilité élevé, plus le
coût des fonds propres est élevé, ce qui devrait, en théorie, conduire
l’établissement à prendre plus de risques. Plus le niveau de fonds propres
que l’établissement s’impose de mettre en regard de ses actifs est
important ; plus il est dans une logique sécuritaire. Plus les fonds propres
sont abondants, plus ils représentent une charge élevée.
Un établissement de crédit a donc effectivement une double
obligation de sécurité et de rentabilité (schéma1). L’obligation de sécurité
tend à augmenter le niveau de fonds propres d’un établissement de crédit
tandis que la contrainte de rémunération des actionnaires conduit à en
limiter l’utilisation, puisqu’ils constituent généralement une ressource plus
onéreuse que de la dette classique.
Examinons par exemple le surcoût des fonds propres par rapport à de la
dette classique en fonction de différents niveaux d’objectifs :
Surcoût (%) = ((obj rent/(1 - taux IS)) – tx fin act) x obj FP x pond Cooke

1- Le calcul consiste à convertir le taux de la ressource après impôts en taux avant impôt :
15 % /(100 % - 33 % ) = 22.50
sur la base d’un taux d’imposition de 33 %.

51
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2- En théorie seulement, car un établissement peut être plus rentable qu’un autre en maximisant
sa productivité, en développant l’efficacité de sa gestion et de sa démarche commerciale, sans
nécessairement prendre plus de risques.

Avec
- obj rent = objectif de rentabilité des fonds propres (ex : 15 %) ;
- taux IS = taux de l’impôts sur les sociétés (ex. : 33 %) ;
- tx fin act = taux moyen de financement de l’actif (ex. : 10 % 1) ;
- obj FP = objectif de fonds propres « noyau dur » en face des actifs
pondérés (ex. : 8 %).
- Pond Cooke = pondération de l’engagement dans le ratio Cooke, qui est
fonction de la nature de la contrepartie (ex. : 100 % pour un crédit
clientèle 2).

Schéma 1. – Les contraintes sur les fonds propres

Obligation de sécurité

Augmentation des fonds propres

Fonds propres

Limitation des fonds propres

Obligation de rentabilité

Sur la base d’un taux d’imposition à 33%, de taux d’intérêt de marché à


10 % et d’un objectif de rentabilité de 15 % après impôts s’appliquant à 8
% des encours pondérés le surcoût des fonds propres s’établit à près de 1
%.

52
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

1- Il s’agit du taux auquel l’établissement se refinance sur les marchés, c’est-à-dire le taux sans
risque (BTAN ou OAT) selon la maturité) majoré de son spread d’émission.
2- Les pondération des différentes catégories d’actifs sont schématiquement les suivantes :
100 % pour les crédits clientèle ;
50 % pour les crédits hypothécaires ;
0 % pour les concours à l’Etat ou assimilés.

53
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Ceci signifie que l’établissement devra réaliser une marge nette sur crédit,
après couverture des frais généraux et des risques commerciaux (de
défaut de la clientèle et d’exercice des options cachées), d’au moins 1 %
pour rémunérer les
fonds propres qu’il est contraint d’immobiliser dans l’opération. Les fonds
propres représentent donc un coût d’exploitation qu’il convient d’intégrer
dans les barèmes clientèle. C’est en effet aux clients de couvrir ce coût, au
même titre que les frais généraux ou le risque.
On peut noter que n’interviennent dans le calcul que les fonds propres de
noyau dur (capital, réserves,…) et non l’intégralité des fonds propres
complémentaires (dette subordonnée) sont assimilés à de la dette dans ce
calcul. Il ne sont considérés comme des fonds propres qu’au titre de la
réglementation car leur remboursement est subordonné à celui des autres
créanciers. Par ailleurs, la dette subordonnée encadré 5) est fortement
décotée par les agences de notation, qui ne donnent de réelle valeur
qu’aux fonds propres de base.

Encadré 5
La dette subordonnée

La dette subordonnée est un emprunt dont le remboursement du capital


est conditionné (subordonné) à celui des autres créanciers. En cas de
liquidation de la société, les titres subordonnés ne sont remboursés
qu’après désintéressement complet des autres créanciers, privilégiés ou
chirographaires. Le remboursement du capital ne peut avoir lieu qu’à
l’initiative de l’emprunteur et avec l’accord de la commission bancaire. Il
est possible de différer le paiement des agios et le remboursement du
capital pour permettre à l’établissement en difficulté d’absorber des pertes
et de continuer son activité. Cette forme de dette comprend donc
certaines caractéristiques des actions dont la rémunération (le dividende)
mais aussi le capital (la valeur du titre) dépendent des résultats de
l’émetteur. C’est pourquoi la dette subordonnée est assimilable, au vu de
la réglementation, et sous certaines conditions, à des fonds propres.
On distingue les TSR (titres subordonnés Remboursables) dont l’échéance
est contractuelle, et les TSDI (Titres subordonnés à durée Indéterminée)

54
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

qui sont perpétuels. La subordination des seconds est plus forte puisqu’ils
sont à durée indéterminée, ce qui explique aussi qu’ils soient plus
coûteux. Le coût de ces

opérations s’apprécie généralement comme une marge supplémentaire,


au-delà du coût de liquidité et du spread de signature de l’émetteur. ainsi,
un TSR ) 10 ans peut avoir une rémunération de Pibor plus 0.80 % dont
0.30 % au titre du coût de la liquidité sur la maturité de cet emprunt, et
0.50 % au titre du coût de la subordination. La marge supplémentaire (de
quelques centimes à quelques dizaines de centimes), qui rend ces
ressources plus chères que de la dette classique, couvre l’option liée à la
subordination. Le coût de ces ressources est cependant bien inférieur à
celui du capital, puisque celui-ci doit être rémunéré, ce qui en fait une
ressource de deux à trois fois plus onéreux que de la dette, comme il a été
démontré précédemment. Ainsi, des fonds propres rémunérés à 15 %
après impôts sont équivalents à de la dette dont le taux serait de 22,5
%. Le surcoût des fonds propres est ainsi de plusieurs points de base (12,5
% pour des taux de marché à 10 % dans notre exemple), à comparer à
quelques dizaines de centimes pour la dette subordonnée. Ce faible
surcoût de la datte subordonnée par rapport à du capital confirme bien le
fait que ces ressources ne sont pas complètement assimilables à des fonds
propres.

Il est possible de faire varier, en les croisant, les paramètres d’objectifs de


rentabilité et de niveau de fonds propres, afin d’observer les effets de ces
paramètres sur le coût des fond propres. Les résultats, calculés avec des
taux de marché à 10 %, sont présentés dans le tableau 4. Ils permettent
d’apprécier les différents niveaux de coût de fonds propres à intégrer dans
la tarification clientèle des crédit en fonction des différents niveaux
d’objectifs.

Tableau 4.- Marge objectif en fonction du niveau et de la rentabilité


des fonds
propres

55
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Objectif de niveau de fonds propres


Objectifs de rentabilité près impôts 4% 8%
10% 0,2 % 0,4 %
15% 0,5 % 1%

Ainsi, un établissement qui se donne un objectif de 15 % de rentabilité


appliqué à 6 % des engagements devra facturer à sa clientèle, dans le
taux des crédits, un coût (1%)) cinq fois plus important que celui qui se
contente d’un objectif de rentabilité de 10 % appliqué à un niveau de
fonds propres « durs » correspondant à 4% des encours (coût de 0.200) .

3.2.4. Le choix des objectifs de niveau et


de rentabilité des fonds propres
Se donner des objectifs élevés est, on le constate sur l’exemple ci-
dessus, pénalisant en termes concurrentiels. On peut alors se demander
pourquoi un établissement choisirait de se pénaliser en se donnant des
objectifs élevés. En fait c’est autant le marché (les actionnaires et les
créanciers), que le management, qui détermine les objectifs de fonds
propres.
 L’exigence des actionnaires : ce sont les actionnaires qui établissent le
niveau de rentabilité souhaité pour leur investissement. Ils se fondent
pour cela sur le risque présumé liés à l’activité de l’établissement et sur
le rendement de placements alternatifs. On peut constater que l’Etat
actionnaire est généralement moins exigeant que le secteur privé. A ce
titre, une entreprise publique sera moins contrainte par les objectifs de
rentabilité qu’une entreprise privée. Une entreprise cotée, dont ne part
significative de l’actionnariat est en bourse, se donnera généralement
des objectifs plus élevés qu’une entreprise publique. On constate aussi
que lorsque l’actionnaire est aussi client de la banque (ce peut être le
cas de grandes entreprises), il peut bénéficier de conditions tarifaires
avantageuses en tant que client en échange d’une moindre exigence
de rentabilité des fonds propres au titre de sa fonction d’actionnaire.

56
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

 L’exigence des créanciers : ce sont les créanciers qui établissent le


niveau de fonds propres requis pour l’établissement face à ses
différents risques. A la différence des actionnaires, cette exigence n’est
que rarement formulée explicitement, puisque les créanciers n’ont pas
de force de représentation dans l’entreprise. C’est le marché du
refinancement qui traduit leur exigence. L’ampleur des appels au
marché pour le refinancement conditionne ainsi le niveau de fonds
propres objectifs. Plus l’établissement dépend du marché pour son
refinancement, plus il devra afficher un niveau de fonds propres élevés
en garantie vis-à-vis des créanciers. La solidité de la structure
financière est, on l’a vu plus haut, une condition importante de la
qualité de la notation pour les agences spécialisées. Or, plus un
établissement dépend du marché pour son refinancement, plus il a
besoin d’une notation de qualité. Les établissements qui ne collectent
pas de dépôts sont donc généralement très exigeants vis-à-vis d’eux
mêmes en ce qui concerne le niveau des fonds propres, puisque les
créanciers investisseurs institutionnels le sont aussi. En revanche, le
particulier déposant est un créancier très peu exigeant. Il est rate qu’il
choisisse sa banque en fonction de son ratio Cooke ou de sa notation et
qu’il demande des comptes sur sa rentabilité. Il serait même tenté
d’aller vers la moins rentable, puisqu’il pourrait imaginer que cette
faible rentabilité pourrait être la conséquence d’une politique tarifaire
agressive dont il tirerait directement profit ! Ce serait cependant une
vue à court terme, car ce serait méconnaître le risque de défaillance de
l’établissement, qui mettrait en péril ses propres avoirs auprès de sa
banque.

D’autres considérations interviennent dans le choix des objectifs :


 la structure de l’activité, dont des risques : le niveau de fonds propres
objectifs dépendra étroitement de la structure de l’activité, donc des
risques encourus. Plus l’établissement intervient sur une clientèle
risquée, plus il doit disposer de fonds propres importants en couverture
de ces risques.

57
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

 L’ambition du management de l’établissement : le choix d’un objectif


de rentabilité élevé traduit l’ambition du management. Plus la
rentabilité visée est élevée, plus l’établissement ambitionne de créer de
richesse, plus il vise à faire partie des meilleurs. Cependant, plus la
rentabilité visée sera élevée, plus l’activité qui la supporte devra en
théorie être risquée.
 l’aversion a risque du management : le choix d’un objectif de niveau de
fonds propres traduit l’aversion au risque du management. Plus il est
élevé, plus le management est averse au risque, puisqu’il souhaite
disposer de garanties importantes.
C’est pour ces différentes raisons que l’on observe dans le paysage
bancaire français des comportements très contrastés au vu des objectifs
de niveau et de rentabilité des fonds propres :
 les établissements de crédit spécialisé sont généralement privés, voire
pour certains cotés en bourses, et ne collectent pas de dépôts. Il
dépendent des marchés pour la quasi-totalité de leur refinancement
(hors les fonds propres bien sur). Ils se donnent généralement comme
objectif de rentabiliser à 15% après impôts un niveau de fonds propres
« noyau dur » destiné à couvrir au moins 8 % des engagements
pondérés.
 Les banques de déports nationalisées, qui ont donc l’état comme
actionnaire, dépendent peu du marché pour leur refinancement (elles
disposent de ressources clientèle comme les dépôts à vue et les CERS).
Elles se contentent généralement de couvrir leurs engagements par 4
% de fond propres « noyau dur », soit le minimum réglementaire, et
promettent une rentabilité voisine de 10 % après impôt.
 Les caisses d’épargne ont des fonds propres qui vont largement au-delà
de la contrainte de 8 % imposée par la réglementation. Ce niveau ne
résulte cependant pas de la réalisation d’un objectif explicité, il traduit
une situation de fait.
Ces établissements n’affichent pas d’objectif de rentabilité lié aux fonds
propres mais à d’autres considérations. Ceci s’explique par le fait que les
caisses d’épargne n’ont pas d’actionnaire identifié. Les fonds propres des

58
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

caisses d’épargne constituent en effet des biens de main morte résultant


des apports des différentes générations d’épargnants. Les établissements
mutualistes sont aussi correctement capitalisés, même si c’est à un niveau
moindre.
Les comportements des différents acteurs du marché peuvent se modifier
à l’occasion de changement importants dans les conditions de leur
activité : lorsqu’une banque de dépôt publique est privatisée, les objectifs
de niveau et de rémunération des fonds propres affichés par le
management sont généralement relevés, sous la pression du marché, pour
se rapprocher de l’exigence que se donnent les établissement spécialisés.
La gestion actif-passif, si elle n’est pas la seule partie prenante dans
la gestion des fonds propres, doit contribuer à la définition des objectifs de
fonds propres (niveau et rentabilité) de l’établissement en fonction des
exigences des actionnaires et des créanciers. Elle doit aussi intervenir
dans la définition des mécanismes d’allocation
des fonds propres, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles les fonds
propres sont répartis entre les différentes entités et activités, ainsi que les
conditions dans lesquelles le retour sur investissement est mesuré.

3.2.5. Les moyens de protéger les fonds


propres
Les fonds propres étant les ressources les plus onéreuses, la gestion
devra s’efforcer de la préserver de l’érosion monétaire d’une part, et
d’amputations douloureuses dues à la matérialisation des risques évoqué
plus haut d’autre part. Au-delà de ces considérations, la gestion devra
veiller à ce que les différents risques soient correctement tarifés afin de
prendre en compte le coût des fonds propres et de tous les autres
éléments (risques commerciaux et financiers, options cachées, frais
généraux…) et, ainsi de pouvoir développer l’activité par
autofinancement.
La protection des fonds propres peut se fait tout d’abord par
investissement en actifs à long terme (actions, obligations, immobilier)
sensés être préservés de l’inflation. A ce titre, il est communément admis
que les fonds propres sont affectés en priorité au financement de l’outil de

59
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

production. Mais le premier moyen de protéger les fonds propres consiste


en une gestion rigoureuse des risques, les cantonnant dans des limites
acceptables et en obtenant une juste rémunération, au regard des risques
pris.
La comptabilité permet, par le jeu de certains types de provisions,
d’établir des remparts autour des fonds propres sur lesquels viendront
s’imputer en priorité d’éventuelles pertes.
Outre cette approche dite « patrimoniale » de croissance de la valeur des
fonds propres, la gestion doit veuillez à ce que le résultat courant de
l’établissement suive une évolution compatible avec la croissance du bilan
et l’objectif de rémunération des fonds propres qu’il s’est fixé, ce que l’on
peut résumer par l’autofinancement de la croissance.

60
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

4- Le rôle de la gestion actif-passif

Le rôle de la gestion actif-passif s’appréhende par le camp de ses


interventions, sa démarche, et les méthodes de mesure et de gestion
qu’elle est susceptible de mettre en œuvre.

4.1 Le champ d’action de la gestion actif-


passif
Tous les risques auxquels est exposé l’établissement financier, ne
sont pas du ressort de la gestion actif-passif (ou ALM : Asset and Liabilities
Management).
Les risques techniques, hormis le risque de non adéquation des
instruments de gestion des risques financiers, sont gérés par les équipes
compétentes dans chaque domaine (contrôle inter 1 pour les problèmes
de procédure et d’organisation, services techniques et administratifs pour
les questions techniques…). Les risque techniques (destruction des locaux
d’exploitation par exemple) peuvent être en partie couverts, par des
polices d’assurance notamment, ou par des systèmes redondants (back-
up) dans le cas de l’informatique.
Les risque commerciaux (risque de contrepartie et risque d’exercice des
options cachées sur la sphère opérationnelle…) sont de la responsabilité
des structures commerciales qui génèrent les opérations et qui gèrent les
relations avec la clientèle. Plusieurs raisons à cela. La première est d’ordre
économique. Si l’activité de crédit avait été filialisée, les effets financiers
des risques commerciaux se feraient sentir dans les comptes de cette
société et non dans ceux de la maison mère. La seconde est de nature
organisationnelle. Les structures opérationnelles sont mieux outillées pour
gérer un risque qui nécessite des moyens souvent considérables lors du
traitement des impayés, moyens qui bénéficient alors de l’information
disponible sur les clients par le canal commercial. Les actions à engager
pour limiter les risques commerciaux nécessitent par ailleurs un contact
avec la clientèle. La mesure de ce risque dépend étroitement de

61
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

l’observation du emportement de la clientèle qui, du fait du nombre


d’opérations en jeu, peut faire l’objet d’un traitement statistique.
1- Ou contrôle général o inspection selon les établissements.

62
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Si la gestion actif-passif n’a pas vocations à gérer les risques


1
commerciaux, elle est en revanche souvent en charge du risque de
contrepartie sur la sphère financière. La gestion de ce risque est en effet
très différente de celle des risques commerciaux traditionnels sur la
clientèle des particulier du fait de la richesse de l’information disponible
sur les contreparties, qui autorise un suivi en continu, et a contrario, de
l’impossibilité de traiter le risque de façon statistique (faible nombre
d’opérations, spécificités de chaque contrepartie).
De tout évidence, la gestion actif-passif est en charge de la gestion
des risques de transformation (ou risques financiers), qui comprennent les
risques de taux, de liquidité et de change.
Au-delà de l’aspect technique de la gestion, la cellule de gestion
actif passif est la structure qui veuille à la cohérence du développement
du bilan de l’établissement. C’est elle qui réconcilie au sein de
l’établissement la sphère opérationnelle et la sphère financière. Outre le
fait de gérer globalement les risques financiers, le service de gestion actif-
passif devra appréhender la contribution de chacune des activités à la
position globale en termes de risques.
Quelles que soient les méthodes de gestion retenues, une mesure
correcte des risques financiers ne peut se faire que s’il existe dans
l’établissement un mécanisme d’adossement notionnel par référence à
des taux d’intérêt de marché ainsi qu’un système d’allocation de fonds
propres à chaque activité sur la base des risques effectivement encourus.
Ces deux systèmes (taux de cessions internes et allocation des fonds
propres) doivent permette de séparer clairement la sphère financière de la
sphère opérationnelle en termes de responsabilités. Cette
responsabilisation passe, notamment, par le partage entre les différents
acteurs de l’établissement (structures opérationnelles de collecte de
ressources, entités commerciales de distribution de crédit, structure ALM,
entité holding…) de la marge de transformation qui est susceptible
d’exister entre le coût de la ressource et le taux des emplois. Ce partage
s’effectue par les taux de cessions internes et l’allocation notionnelle des
fonds propres.

63
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

1- Ceci dépend des choix faits par les établissements en matière d’organisation.

64
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Cette démarche n’est en fait que l’application d’une approche


industrielle aux activités d’intermédiation financière. En effet, dans
l’industrie, les différents centres de production d’un groupe sont
généralement filialisés. Les composants du produit final sont vendus par
les centres de production à l’usine d’assemblage à des prix de transfert
assimilables aux taux de cessions internes des banques. L’unité
d’assemblage vend elle-même le produit fini au réseau, à un prix de
marché. L’industriel connaît ainsi parfaitement ses prix de revient et ses
coûts de distribution. Il est donc à même d’établir une tarification de
nature à lui assurer la rentabilité souhaitée.

4.2 La démarche de la gestion actif-passif


La gestion actif passif devra dans un premier temps contribuer, pour
les éléments qui le concernent, à la définition des objectifs généraux de
gestion que l’établissement a choisi de s’appliquer. elle le fera e liaison
avec d’autres service, comme le contrôle de gestion, la stratégie… Elle
tiendra compte dans cette démarché des exigences des actionnaires et
des créanciers.
Ces objectifs généraux peuvent concerner les points suivants :
- la rentabilité et le niveau des fonds propres ;
- la croissance du bilan ou des parts de marché ;
- le lissage des volumes d’activité et des résultats.

Dans un deuxième temps, le service des gestions actif-passif devra définir


les objectifs et les principes de gestion qui concernent directement son
domaine d’intervention de gestion des risques financiers :
- Les principes de gestion et les limites de risques financiers (taux,
liquidité, change) ;
- Mes principes de gestion et les limites de risques de contrepartie sur la
sphère financière ;

65
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

- Les mécanismes de taux de sessions internes et d’allocation des fonds


propres : qui constitueront ce que l’on pourrait appeler la politique de
financement de l’établissement.
Ces contraintes sont déterminées, comme on l’a vu dans le cas des
fonds propres, par rapport à la position de l’établissement (exigence de
l’actionnariat, positionnement concurrentiel, dépendance vis-à-vis du
marché pour le refinancement…). Elles doivent en outre prendre en
compte les contraintes réglementaires. Selon sa position, l’établissement
choisira de s’en tenir au strict respect du minimum réglementaire
(établissement disposant de ressources clientèle), ou d’aller au-delà
(établissement dépendant des marchés).
De ces deux éléments ‘contraintes internes de gestion et contraintes
réglementaires externes) va découler la politique de gestion financière de
l’établissement qui dépendra de son aversion au risque : politique de
gestion des risques de taux, de change et de liquidité.
Une fois les contraintes déterminées, et formalisées sous la forme
d’un corps de règles, diffusé au sein de l’entreprise et auprès des autorités
de tutelle, la gestion actif-passif veillera, dans leur mise en œuvre
opérationnelle quotidienne, à les respecter, et à les faire appliquer lorsqu’il
existe plusieurs centres de décisions impliqués dans le processus. Ce peut
être le cas de structures décentralisées organisées en banque éclatée. La
gestion actif-passif devra aussi veiller à les adapter lorsque des
modifications significatives de l’environnement surviennent.

4.3 Les méthodes de mesure et de gestion


Les méthodes de mesure des risques peuvent se regrouper dans
trois grandes familles : mesure de marge, de valeur et de volume et de
volume, qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients.

66
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

4.3.1. Mesure de marge, mesure de


valeur, mesure de volume
Les méthodes de mesure et de gestion des risques financiers
dépendent étroitement de la façon dont ces risques affectent les comptes
de l’établissement.
Les deux aspects de la gestion de l’entreprise décrits plus haut- croissance
de la valeur des fonds propres et résultat courant – déterminent, quels que
soient les risques à prendre en compte (taux, change, liquidité,
contrepartie), la méthode de mesure et les outils de gestion. La mesure
de la sensibilité de l’établissement à une catégorie de risques se fera donc
en général avec les deux approches complémentaires d’impact sur la
valeur des fonds propres (ou valeur de l’actif net, réévalué ou non) et sur
les résultats courants.
L’activité de l’établissement peut être schématiquement décomposée en
une activité d’intermédiation d’une part, en un poste correspondant à
l’activité de placement ou de portefeuille d’autre part.
 L’activité d’intermédiation (dépôts-crédits) se traduit dans les résultats
courants (approche des résultats courants) par des produits et des
charges d’intérêts ainsi que par des commissions. La traduction
comptable de ces éléments est voisine de la notion de PNB (Produit Net
Bancaire). C’est cette activité qui génère les principaux risques
financiers. L’approche patrimoniale de cette activité peut être obtenue
par l’actualisation des flux financiers futurs, qui représente la valeur
actuelle nette des marges futures générées par l’activité déjà
engrangée à une date donnée en hypothèse de cessation d’activité.
 L’activité de placement peut concerner les immobilisations (outil
d’exploitation), ainsi que les titres (actions, obligations,…) dans le cadre
d’une activité de portefeuille ou de marché. L’activité de placement se
traduit d’abord dans les résultats courant sous forme de revenus
(perception de dividendes, de loyers, de dotations et de reprises de
provisions….). La rotation du portefeuille ( de titres, d’immobilier) se
traduit aussi dans les résultats courants par des plus ou moins-values.

67
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Selon une approche patrimoniale, l’activité de placement s’évalue par


la valeur vénale des actifs non cotés (immobilier par exemple) et par la
valeur de marché des opérations cotées (actions, obligations).
Les deux approches, mesure de marge et mesure de valeur, qui
correspondent respectivement à l’approche des résultats courants et à
l’approche patrimoniale, sont donc déclinées pour la détermination de
chacun d’entre eux. Elles s’appliquent à une photographie de l’activité à
une date donnée (hypothèse de cessation d’activité ou approche statique),
à laquelle il est possible de rajouter des hypothèses d’activité nouvelle
(production de crédit, collecte d’épargne) ou de variation des sous-jacents
macro-économiques (taux d’intérêt et de change, inflation…) qui ont une
influence sur l’établissement (approche dynamique ou simulation).
L’approche statique est généralement utilisée pour établir des tableaux de
bord (reporting), alors que l’approche dynamique est utilisée pour faire
des simulations afin de préparer les décisions.
Qu’entend-on par mesure de marge, de valeur et de volume ?
 La mesure de marge repose sur le principe d’amortissement dans le
temps de la marge de transformation. Cette marge est déterminée
comme la différence entre les conditions auxquelles les crédits seraient
refinancés sur les marchés et les conditions auxquelles les ressources
clientèle seraient replacées sur les marchés. Les premières
correspondent à des agios créditeurs, les secondes à des agios
débiteurs. Le refinancement des crédits et le placement des ressources
clientèle doivent être établis sur la base d'un adossement en termes de
nature de taux et de maturité. Les règles de l’adossement à des
ressources et emplois de marché, dit adossement notionnel. La marge
de transformation n’intègre cette marge en faisant varier les données
d’activité, de taux d’intérêt ou de change qui ont conduit à sa
détermination. Le gestionnaire est ainsi à même d’apprécier la volatilité
de son résultat courant et ses facteurs de sensibilité.
Ainsi, pour ce qui est du risque de taux, on calculera la marge
d’intérêt générée par le portefeuille. Si celui-ci n’est pas intégralement
couvert contre le risque de taux (dans le cas par exemple où les actifs à

68
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

taux fixe sont en partie refinancés par des ressources au jour le jour), la
marge variera en fonction de l’évolution des taux (dégradation en cas
de hausse des taux).
 La mesure de valeur repose sur le principe de l’actualisation. La valeur
des fonds propres de l’établissement représente la valeur actuelle
nette (VAN) des flux financiers futurs certains, à laquelle s’ajoute la
valorisation des options implicites ou explicites, la valeur vénale des
actifs non porteurs d’intérêts et la sur-valeur due notamment, aux actifs
immatériels, comme le fonds de commerce par exemple. Seuls les deux
premiers éléments (VAN et options) entrent dans le champ de la
gestion des risques financiers. Ici aussi, il est possible d’apprécier la
sensibilité de la valeur patrimoniale de l’établissement aux variations
des données d’activité ou d’environnement.
Dans le cas du risque de taux, on pourra calculer la sensibilité de la
VAN du portefeuille à une variation des taux. Une translation de la
gamme des taux d’intérêt vers le haut entraînera une baisse de la VAN
si le portefeuille d’actif à taux fixe est partiellement refinancé au jour le
jour.
 Ces deux notions sont en général complétées par une mesure de
volume qui consiste à déterminer l’assiette du risque.
Dans le cas du risque de taux, cet indicateur donnera le montant de la
fraction du portefeuille d’actif refinancé au jour le jour.

4.3.2. Les avantages et inconvénients des


différentes méthodes de mesure
Ces différentes méthodes, qui seront développées pour chacun des
risques dans la deuxième partie (les risques financiers), ont chacune leurs
avantages et leurs inconvénients :
 La mesure de volume est simple à mettre en œuvre, puisque seule la
valeur nominale des opérations est prise en compte. Elle est donc peu
exigeante en termes de systèmes d’information. La simplicité des
concepts facilite la compréhension de cette famille d’indicateurs par

69
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

l’ensemble des parties prenantes à la gestion. Elle constitue en outre


un outil de décision il est aisé de déterminer, au vu de l’assiette du
risque de liquidité le montant quoi doit être emprunté ou replacé sur
une échéance donnée dans le but de la supprimer. De même pour le
risque de taux, ramener le gap à zéro, c’est-à-dire s’assurer qu’à tout
moment le montant des ressources à taux fixe est égal au montant des
emplois à taux fixe, permet de déterminer un programme de
couverture en taux.
 La mesure de volume possède les inconvénients de sa simplicité : il est
difficile d’y intégrer les opération optionnelles (caps, floors, options de
remboursements anticipés), et la mesure est complètement
déconnectée des résultats. A titre d’illustration de ce deuxième point,
le risque de taux d’un établissement peut

avoir été supprimé, information que fournira la mesure de volume


(notion de gap de taux nul), alors que cela aurait pu être fait au prix de
la cristallisation de marges à un niveau insuffisant, voire négatif, mais
l’indicateur en volume (le gap de taux en l’occurrence) ne l’indiquera
pas.
 La mesure de marge permet de visualiser la chronique des flux. A ce
titre, elle fournira des indications précieuses sur l’apparition du résultat
dans le temps. D’autres part, les notions observées (marges d’intérêt)
sont proches des notions comptables (PNB).
La mesure de marge est plus compliquée à mettre en œuvre que la
mesure de volume : les intérêts générés par les opérations sont à
prendre en compte, alors que la mesure de volume n’appréhende que
le nominal des opérations. Le système d’information devra donc être un
peu plus sophistiqué que dans le cas précédent. Comme pour la mesure
de volume, l’indicateur de marge se prête mal à l’intégration des
opérations optionnelles.
 La mesure de valeur a l’avantage d’être extrêmement synthétique,
puisque, par le biais de l’actualisation, l’ensemble des flux futures sont
résumés en une seule grandeur (la valeur actuelle nette), de laquelle il

70
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

est possible de tirer une sensibilité aux variations des sous-jacents qui
l’influencent (taux d’intérêt, taux de change, comportement de la
clientèle). Cet avantage peut aussi être un inconvénient, puisque
l’indicateur ne donne aucun éclairage sur la constitution dans le temps
des différents flux d’intérêts ou de résultats. Ainsi, un indicateur de
sensibilité de valeur actuelle nette appliqué au risque de taux peut
montrer une insensibilité globale de l’activité à ce risque, alors que la
chronique de résultat qui conduit à cette sensibilité est très heurtée
dans le temps (résultats très positifs certaines années, très négatifs
d’autres années, le tout se compensent après actualisation). Ceci peut
être gênant dans l’évolution du résultat, dont le gestionnaire privilégie
généralement la régularité. L’indicateur de valeur, trop synthétique, ne
donnera aucune indication sur ces chroniques déséquilibrées.
La mesure de valeur possède un avantage déterminant sur les autres
méthodes : elle permet d’intégrer les opérations optionnelles. Les
opérations de marché (caps, floors, options de taux ou de prix d’un bien,
d’une action…), comme les options sur les relations avec la clientèle
(remboursements anticipés…) peuvent être valorisées en utilisant une
méthode mathématique (modèle de Black et Scholes par exemple) et
ajoutées à la valeur des flux futurs obtenue par leur actualisation.
Elle a l’inconvénient d’être éloignée des notions comptables, puisque la
comptabilité ne raisonne en valeur de marché que sur une fraction très
limitée de l’activité, celle qui concerne les portefeuilles de transaction sur
les marchés financiers 1.
Elle est en outre déficelle à mettre en œuvre, car elle fait intervenir
l’ensemble des flux de capital (comme dans la mesure de volume) et
d’intérêts (comme dans la mesure de marge) auquel il faut ajouter le choix
d ‘une méthode d’actualisation. En cette matière, les possibilités sont très
étendues, et les débats fort nourris : actualisation à l’aide de taux de
marché, du coût des fonds propres (le 15 %) ou du coût moyen du capital,
gamme plate ou gamme constatée sur les marchés, taux faciaux ou taux
zéro-coupon…

71
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Pour ce qui est des options, il convient de choisir entre les différents
modèles mathématiques (Black et Scholes ; Ho et Lee ; Cox, Ross et
Rubinstein…) celui qui est le plus adapté au cas à traiter.
Corollaire de cette complexité, la mesure de valeur nécessite un système
d’information irréprochable et exhaustif, d’autant plus que la validation
par un rapprochement avec les comptes est beaucoup plus délicate que
dans le cas des deux méthodes précédentes (pour la mesure de volume, le
rapprochement se fait avec les comptes de bilan de résultat). La
complexité de cet indicateur n’est pas uniquement liée à l’information
requise, elle est aussi conceptuelle.. C’est pourquoi sa compréhension par
les différents acteurs n’est pas évidente, et nécessitera de la part de tous
les intervenant une formation initiale financière poussée.
Les avantages et inconvénients des différentes familles de mesure sont
résumés dans le tableau 5.
1- On distingue en comptabilité trois portefeuilles : les portefeuilles de placement,
d’investissement et de transaction. Le portefeuille de transaction regroupe des opérations qui
ont vocation à se renouveler rapidement, généralement des opérations de marché. En
conséquence, les opérations de ce portefeuille sont valorisées au marché. Les portefeuilles de
placements et d’investissements, qui de distinguent par la durée de détention des titres (plus
de 6 mois), sont généralement comptabilisés en intérêts courus. C’est l’intention initiale du
gestionnaire qui détermine le classement des opérations dans l’une ou l’autre des catégories.

72
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Tableau 5. – Comparaison des différentes méthodes de gestion


Mesures de valeur Mesures de marge Mesure de volume
Avantages  synthétiques  Proche des  facilité de mise
 intègre les options notions en œuvre
comptables  outil de décision
 Visualisation de  facilité de
la chronique compréhension
des flux
Inconvénients  difficulté de mise en  intègre mal les  n’intègre pas
œuvre options les options
 éloignée des notions  mise en œuvre  déconnectée du
comptables résultat
 complexité de
compréhension
 trop synthétique

Il ressort de cette analyse que les différentes familles d’indicateurs


sont complémentaires, et que le gestionnaire ne devra pas se limiter au
suivi d’un seul e ces outils de mesure, mais les utiliser conjointement. Ce
jugement doit cependant être tempéré selon la nature des risques à
examiner : il est nécessaire par exemple d’utiliser les trois familles
d’indicateurs dans la gestion du risque de taux, alors que l’on pourra se
contenter d’indicateurs de volume dans le cas de la gestion du risque de
liquidité.
La complexité croissante des méthodes (volume, marge, valeur)
introduit une contrainte supplémentaire dans leur utilisation : la qualité du
système d’information. C’est pourquoi les mesures de volumes sont
d’utilisation plus fréquente dans les établissements, en tout cas dans le
cadre de la gestion globale de bilan. Par contre, ce sont les mesures de
valeur qui sont les plus développées dans les activités de marché.

B § LES RISQUES FINANCIERS

73
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

En schématisant à l’extrême, la banque de crédit est


structurellement emprunteuse sur les marchés alors que la compagnie
d’assurance-vie est structurellement prêteuse. Les deux catégories
d’agent se retrouvent donc sur les marchés des capitaux, l’un émettant
des titres (obligations, titres du marché monétaires) pouvant être souscrits
par l’autre. Il y a en théorie complémentarité. Par ailleurs, la banque de
dépôts à vue ou à terme, de comptes d’épargne, et, de plus en plus, en
tant que distributeurs de produits d’assurance-vie. Il peut donc y avoir en
plus convergence des métiers. Ce sont ces caractéristiques qui
déterminent les comportements comparables de ces deux catégories
d’établissement et les exposent à des risques financiers de même nature.
Nous allons étudier dans cette partie les différents risques financiers (de
contrepartie, de liquidité, de taux, de change et de marché) auxquels les
établissements financiers sont exposés.
Pour chacun des risques, nous nous attacherons à décrire leur nature,
étudier les principes de leur mesure (mesure de volume, de marge ou
de valeur) et envisager les modalités de leur couverture éventuelle.
Après avoir vu les risques financiers, nous étudierons les différentes
formes de crises qui peuvent se rencontrer sur les marchés et nous
donnerons quelques indications sur les stratégies à mettre en œuvre pour
s’en protéger. Nous terminerons cette partie par les risques structurels,
liés aux conditions d’activité particulières de chaque catégorie
d’établissement, et par une étude sur les conséquences de taux d’intérêt
durablement bas sur la situation financière des banques française.

74
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

1- Le risque de contrepartie.
Le risque de contrepartie est le risque le plus important supporté par
les entités financières. Il est en effet à la base de l’intermédiation, donc la
raison d’être principale et la source de profit privilégiée de l’établissement.
après avoir décrit dans le détail l nature du risque de contrepartie, nous
aborderons les modalités de sa gestion.

1.1. La nature du risque de contrepartie


Le risque de contrepartie (ou de signature) est, pour l’établissement
financier, le risque que ses débiteurs n’honorent pas, totalement ou
partiellement, leurs engagements.
Ce risque revêt les trois formes suivantes :
 le risque sur l’emprunteur, sur les crédits accordés à la clientèle ou
sur les placements effectués sur les marchés financiers. Les
opérations avec la clientèle de particuliers et d’entreprise sont
relatives à la sphère opérationnelle.. Elles sont de la responsabilité
des entités opérationnelles puisqu’elles relèvent de la gestion des
risques commerciaux. Si ces entités étaient filialisées, ce seraient
bien leurs résultats qui seraient affecté par la matérialisation de ces
risques et non ceux de la maison mère. Les transactions avec les
institutionnels relèvent de la sphère financière. La gestion du risque
de contrepartie sur la sphère financière peut être la responsabilité
de la gestion actif-passif, ou dépendre d’une direction des
engagements, en fonction des choix d’organisation de
l’établissement ;
 Le risque sur le prêteur, sur les garanties potentielles de
1
financement (lignes stand-by ) accordées par des contreparties
bancaires pour assurer le financement de l’activité en cas de
difficultés d’approvisionnement sur les marchés.

75
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

1- Une ligne stand-by est un accord de financement par lequel un établissement s’engage,
moyennant une rémunération dite commission d’engagement, à fournir à un autre
établissement, si celui-ci en ressentait le besoin, des ressources, dont la maturité et la devise
auront été définies contractuellement au préalable. Les conditions des tirages, qui sont
généralement à court terme, sont celles du marché monétaire auxquelles s’ajoute une marge
dite commission d’utilisation

 Cependant, le risque de contrepartie est ici un risque de second


ordre : il est subordonné à la matérialisation pour l’établissement de
crédit d’un risque de liquidité. La probabilité que de tels risques se
concrétisent est bien moindre que pour les risques commerciaux par
exemple ;
 Le risque de contrepartie sur instruments dérivés sur les instruments
de garantie de taus et de change négociés de gré à gré entre
établissements (swaps de taux1, swaps de devises 2, FRA 3, caps,
floors et autres options de gré à gré… instruments qualifiés de
produit dérivés), qui sont de plus en plus utilisés dans la gestion des
risques de marché et des risques financiers.
Le mode de fonctionnement des marchés organisés (chambre de
compensation, appel de marge quotidien …) permet de s’affranchir du
risque de signature sur les nouveaux instruments (ou produits dérivés 4)
qui s’y traitent, même si d’autres types de risques subsistent (risques
techniques, risque de base…).
Il n’en est pas de même pour les opérations négociées de gré à gré, c’est-
à-dire directement entre établissements, pour lesquelles la qualité de la
signature de la contrepartie constitue une critère fondamental de décision.
Toutefois, ces opérations excluent le plus souvent les transferts de capital
(à l’exception des swaps de devises), et sont en général caractérisées par
des flux d’intérêts ou de différentiels d’intérêts, ce qui est de nature à
limiter l’ampleur du risque.
Le tableau 1 présente l’importance relative du risque de contrepartie en
fonction du type de risque et de la sphère qui le génère. Les risques sur le
portefeuille de crédits à la clientèle de la sphère opérationnelles sont bien
plus importants que ceux générés par les produits dérivés de la sphère
financière.
Tableau 1. – Risque de contrepartie selon la sphère d’intervention

76
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Le risque de contrepartie
Sphère opérationnelle Sphère financière
Risque sur l’emprunteur xxxx xxx
Risque sur la prêteur X
Risque su les produits xx
dérivés

1- Swap de taux ; contrat d’échange par lequel l’établissement échange, sur un certain montant
nominal, une référence de taux contre une autre (un taux fixe contre un taux variable par
exemple). C’est donc un contrat qui porte sur un différentiel de taux (écart entre taux fixe et
taux variable).
2- Swap de devise : contrat d’échange par lequel l’établissement échange, sur un certain
nominal, une devise contre une autre.
3- FRA :Future Rate Agreement, contrat par lequel l’établissement peut se garantir un taux dans
le futur.
4- On peut citer les contrat MATIF – marché à terme international de MAROC – (notionnel), Pibor,
options sur notionnel et sur contrat Pibor), qui sont des FRA normalisés sur marché organisé.

1.2. La mesure du risque de contrepartie


D’une manière générale, le risque de contrepartie se mesure, dans
un premier temps, avant la mise en place d’une opération, par l’étude de
la solvabilité présent et future de la contrepartie. Il peut aussi être suivi en
cours de vie de l’opération lorsque le prêteur dispose d’information en
continu sur la contrepartie, ce qui est beaucoup plus aisé pour les
contreparties de la sphère financière (grandes entreprises, institutionnels)
que pour la clientèle de particuliers ou de PME de la sphère opérationnelle.

1.2.1. Le risque sur l’emprunteur (sur la


sphère opérationnelle ou sur la sphère
financière)
1.2.1.1. Sur la sphère opérationnelle
La première caractéristique des opérations de la sphère
opérationnelle est qu’elles sont de montants unitaires faibles, donc en
grande quantité. Il est ainsi possible de mesurer le risque par l’observation
statistique des comportements passés de la clientèle.
Dans le cas des crédits accordé à la clientèle, l’appréciation du risque de
contrepartie a longtemps été du ressort exclusif des « creditmen » (ou des
« creditwomen »). Ils ont ensuite été épaulés dans leurs décisions par des
techniques historico statistiques d’évaluation : les « scores « basés sur
l’étude statistique du comportement passé de la clientèle et, plus

77
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

récemment, par des systèmes experts qui intègrent l’expérience des


meilleurs professionnels. La matérialisation du risque étant largement
aléatoire, sa mesure est d’ordre statistique,. L’établissement de crédit
s’attache donc à apprécier le dispersion des risques dans la clientèle et à
suivre le poids des dossiers importants en termes d’engagements sur
fonds propres.
Une fois le crédit accordé, l’établissement est engagé sur toute sa durée et
ne dispose pas toujours de moyens de suivi de la dégradation éventuelle
de la solvabilité de son client, surtout s’il s’agit d’un particulier. Il est
fréquent par exemple que l’établissement n’ait de contact physique avec
son client qu’à l’octroi du crédit. C’est le cas des crédits immobiliers
accordés par des établissement spécialisés. Ceci est moins vrai dans le
cas où l’établissement, collecteur de dépôts, tient aussi le compte
courant de son client. Il dispose alors d’un degré d’information sur celui-ci
meilleur que l’établissement spécialisé qui n’intervient qu’en tant que
prêteur.
Le risque de contrepartie sur la sphère opérationnelle présente la
caractéristique d’être naturellement très diversifié, puisque les
opérations, de montants unitaires faibles, sont en très grand nombre. Il
convient cependant de se méfier de cette diversification apparente,
puisque, au-delà du grand nombre de clientèle prêteur intervient souvent
sur un seul marché, qui réagit globalement aux crises conjoncturelles.
Ainsi, un établissement a beau avoir en portefeuille des milliers de crédit
aux entreprises avec des clients différents, il n’en est pas moins sensible à
une crise générale des entreprises liée par exemple à une dépression
économique. Il peut aussi, en dépit d’un grand nombre de client différents,
être engagé directement ou indirectement sur l’immobilier, soit parce qu’il
a prêté directement à des professionnels de ce secteur, soit parce que les
garanties dont il dispose pour ces crédits sot des bien immobiliers.

1.2.1.2. Sur la sphère financière


Le problème posé par la mise en place de concours directs aux
établissements de crédit ou aux très grandes entreprises, ainsi, que par

78
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

les placements sur les marchés financiers est un peut différent. A la


différence de la sphère opérationnelles, les opérations de la sphère
financière sont par nature plus concentrées, puisque les montants
unitaires sont élevés. La question du risque du marché (entreprise,
immobilier) sous-jacent aux financement accordés demeure.
L’information disponible concernant les contreparties est en revanche plus
abondante et de meilleure qualité. Les contreparties peuvent se répartir
en deux groupes selon qu’elles font l’objet d’une notation ou non.
- lorsque la contrepartie est notée, l’analyse sera facilitée par les
éléments fournis par l’agence de notation, éléments traduits très
synthétiquement dans la note elle-même.
- Lorsque ce n’est pas le cas, une analyse financière peut être réalisée à
partir de la méthode des ratios (fonds propres/total de bilan, résultat
total de bilan…). On peut également étudier l’actionnariat e la
contrepartie (Etat, diversifié, non diversifié), les natures et la pérennité
de l’activité (secteur sensible ou non).
De plus, les établissements de crédit fixent généralement des limites
d’engagement sur une même contrepartie en fonction de leurs fonds
propres et des fonds propres de la contrepartie. Ces dispositions sont
souvent assortie es règles de division des risques, qui permettent à
l’établissement de ne pas concentrer excessivement ses risques sur un
nombre limité de contreparties.
Au final, l’établissement dispose, pour chaque contrepartie sur laquelle il
est susceptible d’intervenir, de limites en montant et en durée. Voire de
sous-limites par instrument (opérations de bilan, produits dérivés). Ces
limites sont revues périodiquement, et avalisées par un comité ad hic. Le
comité requiert la participation d’un ou de plusieurs membres de la
direction générale.
Par ailleurs, l’établissement doit disposer d’une mesure en temps réel de
l’engagement sur chaque contrepartie, afin que les différents opérateurs
de marché puissent vérifier, avant de réaliser une opération, que celle-ci
ne conduira pas au franchissement de la limite imposée sur une
contrepartie donnée.

79
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

1.2.2. Le risque sur le prêteur (sur la


sphère financière)
La mise en place d’accord de garantie de refinancement ou de tout
autre type de garantie, établis généralement dans le cadre de la sphère
financière avec des banques ou des investisseurs institutionnels, obéit aux
même règles d’étude de la contrepartie que le risques emprunteur sur la
sphère financière, à savoir sa capacité à honorer ses engagements vis-à-
vis de l’établissement de crédit. On détermine là aussi des limites
d’engagement vis-à-vis d’une même contrepartie.
Cependant, l’établissement de crédit dispose de la faculté de reconduire et
non les accords passés, voire de les dénoncer en cours de vie, au vu
d’informations nouvelles. Il peut donc se dégager de contreparties qu’il ne
jugerait plus aptes à assurer la couverture de son activité ou le respect de
ses engagements, en respectant toutefois une certaine durée de préavis
de dénonciation.
La mesure du risque consiste en l’appréciation, au moment où est fait le
calcul, du coût de remplacement des garanties mises en place, au cas où
elles viendraient à faire défaut, par de nouvelles garanties ayant les
mêmes caractéristiques. Ainsi, l’établissement qui avait conclu un contrat
de garantie de financement avec une contrepartie qui fait défaillance
encourt le risque d’avoir à remplacer cette garantie à des conditions
défavorables, en cas de hausse du coût de la liquidité sur les marchés.

1.2.3. Le risque de contrepartie sur les


produits dérivés (sur la sphère
financière)
L’appréciation initiale du risque est similaire à celle des cas
précédents, puisqu’il s’agit généralement d’opérations conclues avec des
contreparties de la sphère financière. Elle se fait par l’étude de la
solvabilité présente et future de la contrepartie. Les instruments
financiers de hors-bilan négociés de gré à gré sont convertis en un

80
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

équivalent risque de crédit), afin de pouvoir être intégrés au système de


limites dont il fait mention ci-dessus. ?
La mesure ultérieur du risque se rapproche de celle des garanties de
refinancement, car elle concerne l’annulation d’une garantie et non d’un
capital (sauf dans le cas des swaps de devises) : garantie optionnelle ou
non, de taux d’intérêt, de taus de change, ou de différentiel de taux
(comme pour les swaps, les caps et les floors).
Dans tous les cas, la perte potentielle encourue s’évalue en coût de
remplacement de la garantie perdue par la méthode du coût de
remplacement.
Par exemple, dans le cas des swaps de taux d’intérêt, la méthode consiste
à actualiser les flux futures générés par le remplacement du swap initial
par un nouveau swap dont l’échéance est celle du swap initial et le taux
celui de cette maturité observé sur les marchés au moment du calcul
(encadré 1). Ceci donne le montant du risque encouru pour ce swap, en
fonction du niveau actuel des taux d’intérêt par rapport au taux initial de
l’opération. La consolidation des différents swaps sur une même
contrepartie permet de déterminer le risque sur un établissement donné.
La consolidation de toutes les contreparties donne le risque global.
Encadré 1

La méthode du coût de remplacement


appliquée au cas d’un swap de taux

Prenons le cas d’un swap de taux à 10 ans portant sur un notionnel de 100
millions de MAD où l’établissement de crédit reçoit le taux variable (par exemple
le TAM) et paie le taux fixe par exemple 7,5 %), ce qui revient à dire qu’il
emprunte à taux fixe et prête à taux variable. L’échange d’intérêts se fait
annuellement.
On suppose que l’on se situe à neuf mois de la prochaine tombé d’intérêt, qui est
la troisième dans la vie du swap.
Dans le cas où les taux au jour le jour passent durablement à 13% ,la
contrepartie subit une perte annuelle de 5,5 millions de MAD sur cette
opérations (13% - 7,5 % appliqué au moment notionnel de 100 millions de MAD),
ce qui, répété sur plusieurs opérations du même type, pourrait constituer une
cause de défaillance de la contrepartie.

81
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Dans ce cas, l’établissement de crédit devra renégocier un swap avec une autre
contrepartie qui aura comme durée la durée restant à courir du swap initial et
comme taux fixe le taux sur cette échéance au moment de la négociation. On
suppose ici pour simplifier que la défaillance survient à la date de l’échange
d’intérêt et que le taux du swap de remplacement est de 15 %.
Mesurons le risque en supposant une défaillance de la contrepartie dans neuf
mois. Le risque forfaitaire peut se décomposer end eux éléments :
- la perte future à la troisième échéances : l’établissement de crédit ne
reçoit pas le tau variable, et nous supposerons, par conséquent qu’elle ne
paie pas non plus le taux fixe. Un étude statistique historique a permis
1
d’évaluer une hausse maximale du TAM à partir du niveau actuel pendant
neuf mois. La perte à la prochaine échéance sera donc :
Taux fixe initial –(TAM actuel + hausse normative du TAM su neuf mois)
appliqué au notionnel soit 9 millions de MAD dans cet exemple.
- le coût du nouveau swap : lors de la troisième échéance, l’établissement
de crédit devra renégocier un swap de durée sept ans. De la même manière
que pour le TAM, le taux fixe à sept ans peut subir en neuf mois, à partir du
niveau actuel des taux, une hausse qui a été déterminée sur l’historique de
fluctuation des taux d’intérêt.
A chaque échéance, à partir de la quatrième, l’établissement de crédit subira une
perte égale à :
Taux fixe initial – (taux actuel des swaps à sept ans + hausse normative de ce
taux sur neuf mois) appliqué au notionnel, soit 11 millions de MAD.
Sur ce swap d’un notionnel de 100 millions de MAD, en actualisant les flux ci-
dessus, le risque se monte à 46 millions de MAD, ce qui est considérables.

1- Le TAM (taux annuel moyen) est une référence de taux qui est obtenu par la capitalisation sur
une année des taux au jour le jour constatés sur les marchés.
Le montant du risque peut ensuite fait l’objet de limites en fonction des
engagements avec une contrepartie, de ses fonds propres, de ses
résultats…
Le risque est d’autant plus important :
- que l’on est loin d’une échéance ;
- que la durée restant à courir du swap est grande ;
- que le montant notionnel est élevé ;

82
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

- que le niveau actuel des taux est éloigné du niveau initial des taux.

La mesure du risque de contrepartie par des ratios d’engagement sur


fonds propres et autres coefficients constitue une mesure de volume. La
méthode du coût de remplacement appliquée aux swaps est de la famille
des mesures de valeur. La mesure de marge consisterait, dans le cas du
risque de contrepartie, à simuler sur les résultats courants les effets d’une
dégradation (ou d’une amélioration) de la charge du risque au-delà
(respectivement, en deçà) de ce qui avait été initialement tarifé dans les
concours à la clientèle.

1.3 Les modalités de couverture du risque de


contrepartie

Le risque de contrepartie est l’essence même du métier


d’intermédiation. a ce titre, à la différence des autres risques financiers
(taux, change, liquidité), il ne peut pas, et ne doit pas être totalement
supprimé, sous peine de voire disparaître le profit de l’établissement. Il
peut cependant être géré afin de le contenir dans des limites compatibles
avec les objectifs de l’établissement.
Les gestionnaires devront tout d’abord veiller à ce que le risque pris soit
correctement rémunéré. rien n'interdit de prêter à des catégories très
risquées si la tarification est déterminée en conséquence. On peut citer
l’exemple de Mercury aux Etats-Unis, quoi réalise des opérations de crédit
avec des populations qui n’ont pas accès au marché du crédit des banques
traditionnelles parce quelles ne présentent pas de garanties suffisantes
(clientèle non salariée ou avec emploi précaire, à revenus insuffisant,
clients d’origine étrangère – Mexique Porto-Rico -, …). La rentabilité de cet
établissement est parmi les meilleurs des banques américaines.
Par ailleurs, la gestion devra s’efforce de diversifier les engagements en se
donnant par exemple des contraintes de division des risques, par clause
de contreparties, par secteur, par pays…

83
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Enfin, l’établissement devra veiller à disposer d’un montant de fonds


propres suffisant, afin de pouvoir supporter des chocs exceptionnels qu’il
n’aurai pas été en mesure de tarifer intégralement (crise économique
généralisée, crise sectorielle immobilier par exemple -), la tarification
couvrant le risque courant.

1.4. Les contraintes réglementaires


Le risque de contrepartie fait l’objet d’un suivi par la réglementation au
travers des ratios suivants :
 pour les banques :
- le ratio de solvabilité et le ratio « Cooke » sur l’activité de banque
commerciale ;
- le règlement su l’adéquation des fonds propres aux risques de marché
sur l’activité de marché ;
- le coefficient de division des risques (couverture des grands risques)
sur l’activité globale, défini dans le cadre du règlement sur l’activité de
marché.
 pour les compagnie d’assurances
- la marge de solvabilité,
- les règles de dispersion des risques.

2- Le risque de liquidité
Nous étudierons tout d’abord la nature du risque de liquidité, sa
mesure, puis nous étudierons les modalités de sa couverture.

2.1. La nature du risque de liquidité


2.1.1 Le risque de liquidité pour les
banques
Le risque de liquidité (on devrait même dans ce cas parler de risque
d’illiquidité) représente pour un établissement de crédit l’éventualité de ne
pas pouvoir faire face, à un instant donné, à ses engagements ou à ses

84
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

échéances même par la mobilisation de ces actifs . Le risque d’illiquidité


dépend d’une part de sa situation propre, d’autre part de facteurs
externes comme l’offre des marchés financiers.
La matérialisation du risque de liquidité peut en effet survenir à
l’occasion :
1) d’un retrait massif des dépôts oui de l’épargne de la clientèle ;
2) d’une crise de confiance du marché à l’égard de l’établissement
concerné ;
3) d’une crise de liquidité générale du marché.
 Les deux premières causes marquent une crise de confiance des
prêteurs consécutive, par exemple, à un fléchissement de la
rentabilité spécifique à l’établissement qui peut avoir des origines
multiples : mauvaise gestion, défaut massif des contreparties et
notamment, de la clientèle des crédit, matérialisation, d’un risque de
taux ou de change, disparition des marché d’intervention
traditionnel de l’établissement, concurrence accrue sur ces marchés
entraînant ne perte de compétitivité, fraude, incidents techniques,
crise sociale…
Il peut aussi d’agir d’une crise de confiance sectorielle qui affecte par
exemple les établissements engagés dans l’immobilier. Cette crise de
confiance peut, par un effet de tache d’huile, toucher des
établissements dont les comptes ne sont pas directement affectés par
cette crise.
 La troisième cause est largement exogène à l’établissement et peut
provenir, par exemple, d’un resserrement important des contraintes
réglementaires pesant sur les investisseurs, les dissuadant
d’intervenir sur tel ou tel segment du marché. Cela occasionne la
quasi-fermeture des dits segments pour une période plus ou moines
longue. Il peut s’agir aussi d’une crise de liquidité liée à une crise
économique d’une ampleur très importante. La crise de liquidité
générale est cependant peut probable dans les pays développés :
les banques centrales des différents pays ont pris conscience du
risque systématique que peut constituer une crise générale de

85
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

liquidité. Il est probable que dans une telle éventualité elles


alimenteront le marché en liquidité afin d’éviter une situation de
blocage général.

86
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2.1.2. Le risque de liquidité pour les


compagnies d’assurance-vie

En assurance vie, le risque de liquidité se traduit par l’incapacité à


placer la collecte d’épargne sur les marchés au moment souhaité (i.e.
dans les conditions de taux d’intérêt et de maturité souhaitées, c’est-à-
dire correspondant aux conditions de rémunération devant être servies au
client). C’est donc un risque externe à l’établissement, et non lié à une
crise de confiance spécifique, qui dépend fortement de l’état du marché
sur lequel se fait l’investissement et qui se manifeste en période de
baisse des taux. Le critère fondamental est alors la négociabilité, que
l’on peut définir par la sensibilité du prix en fonction des volumes
échangés. Plus le prix augmente en fonction du volume, moins le titre est
négociable. La négociabilité, souvent aussi qualifiée du terme générique
de liquidité, est d’autant meilleure que le volume négociable est
important (donc que l’encours du titre est grand), et que la confiance
placée par les intervenants dans le titre échangé est forte. Ainsi, la dette
de l’Etat est plus facilement négociable que celle de toute autre signature.
La compagnie d’assurance peut cependant aussi être exposée à la cris de
confiance spécifique. Cette crise peut être relative aux conséquences de
l’exercice par la clientèle de l’option de rachat anticipés de ses contrats,
qui peut être déclenché par une hausse des taux (les clients se portent sur
des contrats plus rémunérateurs proposés par d’autres compagnies,
nouvellement crées par exemple). Dans ce cas, la compagnie se trouve
avec un excédent d’actifs (obligation, actions…). Pour rééquilibrer son
bilan, elle pourra revendre les placements effectués auparavant sur le
marché (les réaliser), mais elle court alors le risque d’être en moins-
values. Ce sera notamment, le cas sur les placements étaient des
obligations à taux fixe et que les taux ont monté, scénario qui est
précisément celui dans lequel la clientèle rachète généralement ses
contrats. Elle pourra aussi attendre que les taux redescendent pour
revendre les titres et emprunter pendant l’intervalle. Mais alors, le marché
risque de ne pas vouloir lui prêter. En effet, il n’est pas naturel pour une

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

compagnie d’être emprunteuse sur les marchés. Il importe donc que les
titres qu’elle détient en représentation des engagement vis-à-vis de sa
clientèle soient suffisamment liquides (négociables), pour qu’elle puisse
s’en défaire rapidement, ou bien qu’elle dispose de garanties de liquidité
pour éviter d’emprunter directement sur les marchés.
La crise de confiance spécifique à l’établissement peut donc aussi se
produire en assurance-vie en cas de vague de rachat. Dans ce cas,
l’établissement risque de voir fondre sa collecte d’épargne, et même, si la
cris est grave, de voir la clientèle exercer encore plus massivement les
options de rachats anticipés qu’elle détient, dans un mouvement analogue
à la fuite des déposants pour la banque.

2.1.3. L’évolution du risque de liquidité

La notion de liquidité a longtemps gouverné l’essentiel des choix


opérés en matière de structure financière, tant au niveau des banques que
des entreprises (notion de fonds de roulement positif).
Au début des années 80, elle était passée au second rang des
préoccupations au profit des risques liés aux fluctuations des taux
d’intérêt et de change. Du fait de la mutation des marchés de l’argent qui
a été opérée en faveur de leur décloisement, de l’accès accru au marché
par un plus large éventail d’intervenants et de leur interconnexion plus
effective sur le plan international, il a été possible de mieux garantir
l’approvisionnement des établissements.
Depuis quelques années, ce risque a cependant repris de l’importance
pour les établissements de crédit, du fait :
- de l’utilisation croissante d’instruments dissociant couverture en taux
et couverture en liquidité (produits dérivés : swaps, futures, options…),
dont l’utilisation permet de couvrir le risque de taux mais ne résoud pas
la question de liquidité ;
- de la moindre croissance des dépôts à vue dans le bilan des banques
corrélative à la fuite de ces ressources vers des placements plus
attrayants comme les OPCVM ;

88
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

- des réglementations plus sévères en matière de division des risques ;


- de la possibilité de fermeture de certain marchés sur lesquels les
établissements ont coutume de se refinancer (marché hypothécaire par
exemple).

89
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2.2. La mesure du risque de liquidité


Un exemple classique du risque de liquidité est celui d’un prêt à moyen
terme (à 3 ans par exemple) à taux variable refinancé au jour le jour.
Cette opération ne comporte pas de risque de taux, puisque le T4M* est
une moyenne des taux d du jour le jour. L’établissement s’expose par
contre à ne pas être en mesure de renouveler les ressources nécessaires à
la couverture de son engagement vis-à-vis de sa clientèle. Sans aller
jusqu’à cette extrémité (rupture d’approvisionnement), qui est relative à la
faillite de l’établissement, celui-ci peut subir un renchérissement des
ressources consécutif, par exemple, à des tensions sur les marchés.
L’établissement qui souhaiterait consolider sa position s’exposerait ainsi
au risque d’une hausse du coût de la liquidité (encadré 2), qui peu alors
aller au-delà de ce que l’établissement avait tarifé initialement dans le
crédit au titre du risque de liquidité.

2.2.1. Mesure de volume


La mesure du risque de liquidité doit permettre d’évaluer l’aptitude de
l’établissement à faire face à ses exigibilités à différentes échéances,
variables dans le temps. A cet égard, elle nécessite la représentation de
l’amortissement de ses emplois et ses ressources en fonction de leur
échéancier contractuel ou probable.
Lorsque les opérations ne comportent pas d’options cachées (celles de la
sphère financière notamment), le profil à prendre en compte dans les
indicateurs de suivi du risque de liquidité est le profil contractuel.
Par contre, des hypothèses doivent être formulées quant à la prise en
compte des éléments sans échéance contractuelle (dépôts à vue, crédits
renouvelables, fonds propres…), notamment, sur leur stabilité en volume
et en conditions de rémunération. De même, des hypothèses doivent être
retenues concernant les remboursements anticipés. Il n’est en effet pas
de bonne gestion de couvrir en liquidité des encours qui ont une forte
probabilité de faire l’objet de remboursements anticipés, puisqu’une partie
de ces encours va disparaître au cours du temps.

90
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

On distingue les remboursements anticipés liés aux accidents de la vie


(divorce, chômage…) et les remboursements anticipés liés aux
fluctuations des taux :
* T4M : taux moyen mensuel du marché monétaire, moyenne sur un mois du TMP, taux moyen
pondéré des
taux au jour le jour

Encadré 2
Comment s’exprime le coût de la liquidité

On peut observer sur les marchés le coût de la liquidité en relevant


périodiquement, pour chaque maturité, les taux d’instruments combinant
garantie de taux et garantie de liquidité (comme les instruments de dette
à taux fixe du marché monétaire ou obligatoire, BMTN* par exemple) et
les taux d’instruments ne fournissant que la garantie de taux (comme les
swaps de taux). Pour les signatures privées, le taux des instruments de
dette est généralement supérieur au taux des swaps. La différence de
taux entre les deux instruments (BMTN et swaps) donne le coût de la
liquidité par maturité, à une date donnée, pour la signature émettrice des
BMTN. Ces conditions évoluent chaque jour au gré de l’offre et de la
demande de chaque instrument. Elles dépendent notamment, du poids
respectif des appels au marché de l’Etat et des signatures privées. Le coût
de la liquidité est logiquement croissant avec la maturité. Il peut
cependant arrivé que ce ne soit pas le cas dans certaines configuration de
marché.
Le coût des lignes de garantie de liquidité (stand-by, garanties de prise
ferme de titres **) est aussi dépendent de la durée. Il est croissant avec la
durée de préavis de dénonciation ou avec l’échéance de l’accord, qui
traduit tous deux la durée de la garantie de liquidité.

*BMTN : bons à moyen terme négociables, instrument du marché monétaire, faisant partie des TCN,
titres de créances négociables, au même titre que les certificats de dépôts (CD) émis par les
banques, les billets de trésorerie (BT) émis par les entreprises et les bons des sociétés financières
(BSF) émis par les sociétés financières.

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ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

**Les garanties de liquidité sont des accords passés entre banques ou établissements financiers par
lequel un établissement assure à un autre établissement qu’il sera en mesure, pendant une
certaine période contractuelle, de lui fournir les ressources qui lui seront nécessaires à une date
déterminée par ce dernier. Un stand-by correspond généralement à des ressources à court terme.
Une garantie de prise ferme de titre permet au bénéficiaire d’émettre des titres du marché
monétaire que l’autre établissement s’engage à souscrire.

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ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

 Les remboursements anticipés liés aux accidents de la vie ont un


comportement relativement stable statiquement. C’est la raison
pour laquelle on les appelle remboursements anticipés statistiques
ou encore remboursements anticipés non marchands, puisque les
clients ne les réalisent pas pour effectuer un arbitrage financier.
 Les remboursements anticipés liés à l’option quasi-gratuite dont
dispose la clientèle, ont une fréquence qui augmente avec la baisse
des taux. Ils seront appelés remboursement anticipés « taux » ou
encore remboursements anticipés marchands, puisque les clients les
réalisent afin d ‘engranger un gain financier.
C’est pourquoi le profil des encours à prendre en compte dans les
indicateurs de gestion du risque de liquidité doit être inférieur au profil
contractuel, lorsque ceux-ci comportent des options cachées, pour tenir
compte des remboursements anticipés statistiques (non marchands) et
des remboursements anticipés « taux » (marchands).
Les opérations de marché de la sphère financière ne comportent pas
d’options cachées de remboursements anticipés. De ce fait, le profil
contractuel et le profil tenant compte des remboursements anticipés sont
confondus pour ces opérations.
La confrontation des courbes d’amortissement des emplois et des
ressources permet de mettre en évidence la transformation en liquidité
opérée par l’établissement et le risque encouru lorsque la durée des
ressources disponibles est globalement plus courte que celle des emplois
qui en sont faits.
Dans la pratique, ces courbes d’amortissement ne prennent en
compte que les emplois dont le refinancement n’est pas automatiquement
assuré en cas de cris, c’est-à-dire les emploi non réescomptables .
Afin d’illustrer le risque de liquidité, nous allons étudier l’exemple d’un
portefeuille simplifié, qui nous servira de fil conducteur dans la suite de la
présentation.

Exemple :

93
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

 Le portefeuille est constitué de quatre opérations de marché : un


prêt et trois emprunt. Toutes les opérations sont à T4M. Le
portefeuille ne génère donc pas de risque de taux et ne comporte
pas d’options cachées. L’établissement ne réalise pas de marge
commerciale.
 Opération 1 : prêt de 100 MF à 10 ans à T4M + 40c²,
 Opération 2 : emprunt de 50 MF à 6 mois à T4M + 5c,
 Opération 3 ! emprunt de 20 MF à 1 an à T4M + 10c,
 Opération 4 : emprunt de 50 MF à 10 ans à T4M + 20c.
Le solde est financé ou replacé au jour le jour.

 L’établissement est exposé au risque de liquidité. En effet, sur les


six premiers mois, il est excédentaire de 20 millions de MAD. Il est
donc exposé à une baisse du coût de la liquidité. Au-delà, il est
déficitaire en liquidité. Il est alors exposé à un renchérissement du
coût de liquidité.
 Supposons qu’au bout d’un an, l’établissement souhaite se
consolider (supprimer le risque). Il devra alors lever 50 millions de
MAD à 9 ans référencés sur le T4M (pour couvrir le risque de liquidité
sans générer de risque de taux).
 Si au bout d’un an le coût de liquidité à 9 ans est à 60c,
l’établissement fige alors une perte de 20c sur la durée résiduelle et
sur la moitié du prêt (50 millions de MAD).

2.2.2. Mesure de marge


La mesure de marge consiste à apprécier les effets, sur les résultats
courants de l’établissement, de la couverture de son risque de liquidité.
Des hypothèses de sensibilité peuvent être faites quant à l’évolution du
coût de la liquidité.
Ainsi, pour reprendre l’exemple précédent, la sensibilité de la marge de
l’établissement au renchérissement du coût de la liquidité est, observée
au bout d’un an, de 0.05 MF pour 0,1 % de hausse du coût de la liquidité ».
En effet, la marge de l’établissement n’est figée que sur 50 MF alors que

94
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

les concours se montent à 100 MF. Si l’établissement est amené au bout d


‘un an à clôturer sa position, et que la liquidité sur la maturité résiduelle (9
ans) s’est renchérie, à 60c, il fige une perte de 20c s’appliquant à 100 MF.

2.2.3 Mesure de valeur

La mesure de valeur consiste à mesurer l’effet d’une variation du coût de


la liquidité sur la valeur patrimoniale de l’établissement en actualisant les
effets sur la marge d’intérêt.
Ainsi, dans notre exemple, observée au bout d’un an, la sensibilité du
portefeuille à un renchérissement du coût de la liquidité de 0,1 % est de –
00,29 MF 1. Ce résultats s’obtient en actualisant les neuf flux annuels de
0,05 MF.
La mesure de valeur du risque de liquidité n’est en fait complète que si le
gestionnaire est en mesure de valoriser les options de liquidité détenues
par la clientèle, sur les ressources à vue, les CERS, les PEL, les crédits
renouvelables ou les options de remboursements anticipés par exemple.
Cette mesure est d’une difficulté de mise en œuvre importante,
notamment, parce qu’il s’agit d’options dépendantes du comportement de
la clientèle (il est aisé de prendre en compte le risque de remboursements
anticipés non marchands), et pour certaines (celles sur les dépôts)
d’options dont l’exercice dépend de la santé même de l’établissement.
Indépendamment des effets de comportement de la clientèle, il est
nécessaire de modéliser

1- Actualisation avec une gamme plate à 10 %

95
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

L’effet de chocs exogènes, comme par exemple une éventuelle


rémunération des dépôts, ou de hausses des taux à court terme qui
peuvent entraîner une fuite des dépôts vers les OPCVM, ou enfin de
modification de la fiscalité… La mesure en valeur du risque de liquidité fait
actuellement l’objet d’études dans les établissements concernés. Sauf
exceptions, elle ne fait pas encore l’objet d’un suivi opérationnel.

2.3. Les modalités de couverture du risque


de liquidité
Le risque d’illiquidité peut être couvert par les établissements qui le
souhaitent, les déficits de liquidité qui apparaîtraient à l’examen des gaps
de liquidité, déterminés sur la base d’une situation bilantielle à une date
donnée, peut être compensés par des levées de ressources de marché (ou
par le développement de la collecte de ressources clientèle, si celle-ci
possède les caractéristiques de maturité souhaitées) dont le profil devra
être déterminé de sorte à supprimer le gap. Cette couverture a un coût,
puisque le prix de la liquidité de marché va croissant avec la durée des
opérations. C’est le prix de la sécurité.
Ainsi, il est de bonne gestion de pratiquer une politique d’adossement en
liquidité des ressources aux emplois, qui protège, en hypothèse de
cessation d’activité, les encours de crédit déjà constitués du risque de
liquidité. Cette pratique est un élément fondamental de sécurité. Elle
permet en effet à la banque qui la pratique de se prémunir contre le risque

96
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

de faillite pour cause d’illiquidité. ainsi, surtout si la situation de


l’établissement se détériorait significativement, la politique d’adossement
le mettrait à l’abri d’une crise comme celle qu’on connue le comptoir des
entrepreneurs en 1993 ou le Crédit Foncier en 1995. Ces deux
établissements n’étaient pas complètement adossés ou ne disposaient pas
de lignes de liquidité suffisantes.
Pour revenir à notre exemple, le gestionnaire, projeté dans un an, doit
lever 50 millions de MAD à 9 ans sur les marchés pour couvrir le risque de
liquidité de son portefeuille.
Par ailleurs, les établissements qui sont très dépendants des marchés
financiers pour leur refinancement peuvent assurer la sécurité de leur
approvisionnement destiné à couvrir les productions futures de crédit sur
un horizon donné. Cet horizon sera choisi en fonction de la durée probable
d’une crise de liquidité, qu’elle soit générale ou spécifique à
l’établissement, et ne devra pas excéder quelques mois. Les instruments
utilisés peuvent être des garanties potentielles de liquidité (stand-by,
garanties de prise ferme de titres…). Le montant pourra être déterminé
par référence au volume d’activité à couvrir sur l’horizon précédemment
déterminé.
Les assureurs peuvent dans une certaine mesure couvrir le risque de
liquidité lié au risque de rachat par la clientèle des ses contrats par des
lignes de garantie de financement passées avec d’autres établissements,
comme les banques par exemple. Ils peuvent aussi diversifier leurs
placements et privilégier les titres les plus facilement négociables, les
valeurs cotées notamment, ils peuvent enfin figer les conditions de la
collecte en phase de baisse des taux par l’utilisation de produits dérivés
(swaps, contrats notionnels) et reporter à une date ultérieure, c’est-à-dire
lorsque les marchés seront plus liquides, l’achat des titres correspondants.
Ils peuvent aussi veiller à conserver un volant de placement à court
termes (les liquidités) ou à taux variable suffisant pour parer à un
mouvement de rachats. Ils peuvent enfin constituer un portefeuille de
caps, qui ont l’avantage de se valoriser quand les taux montent, et
disposer ainsi d’une réserve de plus-values potentielles qui viendraient
compenser les pertes dues aux rachats.

97
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

2.4. Les contraintes réglementaires


Les ratios prudentiels de suivi du risque de liquidité sont les suivants :
 dans les banques :
- coefficients de liquidité à 1 mois et coefficients d’observation à 3.6
et 12 mois ;
- coefficient de fonds propres et de ressources permanentes (à5 ans).
 Dans les assurances :
- plafonnement des actifs peu liquides par les contraintes de
répartition des actifs ;
- préférence pour les valeurs cotées.

3-Le risque de taux


Le risque de taux est par nature plus complexe que le risque de
liquidité. En effet, les taux d’intérêt ont des évolutions beaucoup plus
marquées que le coût de la liquidité. Il est ainsi potentiellement très
dangereux comme le prouve l’expérience malheureuse des Savings ans
Loan américaines. Corollaire de sa complexité, sa gestion nécessite des
outils plus sophistiqués que le risque de liquidité.

3.1. La nature du risque de taux


Le risque e taux représente, pour un établissement financier,
l’éventualité de voir sa rentabilité affectée par les fluctuations des taux
d’intérêt. Il peut s’appréhender différemment selon qu’il menace la marge
de transformation (les résultats courants) ou la valeur patrimoniale, mais
dans les deux cas, le risque obère les fonds propres.
Ce risque se matérialise, par exemple, quand un établissement qui
refinance à court terme un prêt à long terme à taux fixe, fait face à une
hausse brutale des taux d’intérêt.

98
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Le risque est d’autant plus grands que le terme des actifs à taux est
éloigné et que la proportion d’actifs à taux fixe est importante dans le
bilan de l’établissement.
En revanche, la valeur de marché d’un actif à long terme indexé sur
un taux de référence de marché (actif dit à taux variable) est constante et
égale au nominal de l’actif 1, ce qui permet, par cession, de faire face à
des difficultés de liquidité en limitant l’incidence sur la solvabilité.
Il résulte des constations précédentes qu’un établissement financier doit
être d’autre plus attentif à sa couverture en taux qu’il dispose dans ses
emplois ou dans ses ressources d’opérations à taux à long terme.
Nous allons illustrer le risque de taux sur la base d’un exemple.

1- il convient cependant de tempérer cette affirmation. En effet, le prix des obligations à taux
variable n’est pas systématiquement le pair, même s’il est peu sensible à l’évolution des taux.
Il varie en fonction de l’évolution du coût de la liquidité. Ainsi, une obligation émise au pair à
10 ans à TAM = 20c verra son prix s’établir à 99.4 % au bout d’un an si le prix de la liquidité
observé sur les marchés à cette date pour des obligations à 9 ans est de TAM + 30c. L’écart
entre le pair (100 %) et 99,4 % correspond à l’actualisation à taux de marché des flux de la
différence entre TAM + 30c et TAM + 20c, soit 10c par an.

99
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Exemple :
 le portefeuille est constitué de deux opérations de marché : un
prêt et un emprunt. Les deux opérations sont à taux fixe.
S’agissant d’opérations de marché, le portefeuille ne comporte
pas d’options cachées. Pour simplifier, nous supposerons que
l’établissement ne réalise pas de marge commerciale.
 Opération 1 : prêt de 100 MF à 2 ans à 10 % ;
Opération 2 : emprunt de 100 MF à 1 a à 9 %.
 La marge de ce portefeuille est figée sur un an . elle représente
sur cette période 1 %. Au-delà, l’établissement est exposé au
risque de taux. En effet, l’établissement devra emprunter 100 MF
à un an. Il est donc exposé aujourd’hui à une hausse des taux du
un an à terme.
 Supposons qu’au bout d’un, l’établissement souhaite se
consolider (supprimer le risque). Il devra alors lever 100 MF à
taux fixe à 1 an. Il pourrait le faire aussi à tout moment pendant
la première année en levant du 1 an à terme, sous forme de FRA
par exemple.
 Si le taux du un an est de 11 % au miment de la couverture,
l’établissement fige alors une perte de 1 % sur la durée résiduelle
de l’opération, c’est-à-dire un an.

3.2. La mesure du risque de taux


La mesure du risque de taux peut se faire par des méthodes de
mesure de volume (le gap de taux), de marge, (la sensibilité de la marge
de transformation) ou de valeur (la sensibilité de la valeur actuelle nette).

3.2.1 Mesure de volume : le gap


La mesure de volume consiste à quantifier les masses du bilan qui
ne sont pas assises à l’actif et au passif su la même référence de taux.
C’est l’assiette du risque. Elle fait apparaître l’existence d’un risque sur
l’activité à taux fixe d’une part, sur l’activité à taux variable d’autre part.

100
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

L’insensibilisation de la marge de transformation aux variations de taux ne


peut être obtenue que si le taux conditions suivantes sont réunies (cf.
encadré 3 : les fondement théoriques simplifiés de la méthode du gap) :
1) L’assiette du risque de taux (ou « gap ») calculée comme la différence
1
entre les ressources et les emplois à taux fixe est nulle à tout instant,
ce qui équivalent à l’adossement parfait entre ressources et emplois à
taux fixe.
Si le gap est nul à tout instant, l’établissement est dit consolidé en
taux. Si le gap est positif, il y a excédent de ressources à taux fixe sur les
emplois à taux fixe. Autrement dit, des actifs à taux variable sont adossés
à des passifs à taux fixe. La marge se dégrade donc en cas de baisse des
taux (l’établissement est sur-consolidé en taux, ou en position
longue). Inversement, si le gap est négatif, il y a insuffisance de
ressources à taux fixe par rapport aux emplois à taux fixe et la marge se
dégrade en cas de hausse des taux (l’établissement est sous-consolidé en
taux, ou en position courte).
Un autre moyen de visualiser le risque de taux consiste à représenter,
comme cela se pratique pour le risque de liquidité, les courbes
d’amortissement en taux des emplois et des ressources. Lorsque les deux
courbes sont confondues, le risque de taux est nul.
Rappelons que, comme dans le cas du suivi du risque de liquidité, lorsque
les actifs comportent des options cachées (de remboursements anticipés
notamment), il convient de substituer, dans les indicateurs de risque de
taux, le profil après remboursements anticipés probables (c’est-à-dire
remboursements statistiques et remboursements taux) au profil
contractuel.
2) La marge sur une le référence de taux variable est constante et les
emplois et ressources indexés sur cette référence sont d’un même
montant, ce qui immunise la marge contre les fluctuations divergentes
des différentes références de taux de marché (risque de structure ou
risque de gamme).
L’assiette du risque sur l’activité à taux variable (risque de gamme ou de
structure) est l’écart entre les ressources et les emplois à taux variables
mais de références différentes. Le risque se matérialise quand les taux

101
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

fluctuent de manière divergente à l’actif et au passif. Il y a effet de


gamme, notamment, quand des emplois référencés

1- sont considérées à taux fixe les opérations à taux forfaité (i. e. fixe), et les opérations à taux
révisables jusqu’à la prochaine révision de taux. Les opérations )à taux variable n’entrent pas
dans l’assiette du risque. Les opérations de bilan comme de hors-bilan sont à intégrer, pour la
garantie de taux qu’elles apportent.

1
sur un indice de taux longs (TMO par exemple) sont adossés à des
ressources liées à un indice de taux courts (TAM ² par exemple). Ici aussi,
la mesure e volume de ce risque nécessite à tout moment la
représentation de l’amortissement dans le temps des emplois et des
ressources par référence de taux.
Si l’on suppose que l’établissement distribue préférentiellement des
crédits à taux fixe, le risque de structure est de seconde importance au
regard du risque lié à l’existence d’un gap de taux non nul.
La mesure de volume, du type de celle du gap, ne donne aucune
indication sur le résultat économique des opérations dont le gap mesure le
risque de taux.
Ainsi, dans notre exemple, si le gestionnaire coure au bout d’un an
son portefeuille par une levée de un an à 11 %, il fige une marge négative
de 1%. Le gap serait alors nul, indiquant la parfaite couverture en taux. Il
n’indiquerait pourtant pas que la marge est négative, ce qui peut être
gênant par ailleurs. C’est pourquoi il est nécessaire d’adjoindre au gap une
mesure de marge.
Le gap de taux ne permet pas non plus d’intégrer aisément les
instruments de marché optionnels (caps, floors, options de taux…), ni les
options cachées (remboursements anticipés, options sur PEL). Il est donc
nécessaire de le compléter par la mesure de valeur (la sensibilité de la
valeur actuelle nette).

3.2.2. Mesure de marge : la marge de


transformation et sa sensibilité aux
variations de taux.
102
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Sur l’activité à taux fixe, la matérialisation du risque de taux a un


effet sur le différentiel de flux d’intérêts créditeurs et débiteurs. La marge
de transformation, calculée à chaque échéance comme le différentiel entre
les intérêts créditeurs et débiteurs correspondant à l’adossement à, des
opérations de marché, permet de compléter l’exploitation de l’indicateur
de gap qui pris insolemment, peut conduite à des décisions contraires aux
objectifs de rentabilité que s’est fixé l’établissement. En effet, le parfait
adossement en taux des emplois et des ressources garantit la stabilité de
la marge de transformation dans le temps au niveau où elle s’est
1TMP : taux moyen des obligations du secteur privé.
2TAM : taux annuel moyen (taux au jour le jour capitalisé).

103
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Encadré 3
Les fondements théoriques simplifiés de la méthode du gap

Différencions les postes de l’actif et du passif (bilan et hors-bilan


confondus) selon qu’ils sont à taux fixe ou ,à taux variable (généralement
indexé sur une référence de marché (T4M, TMP 1, TAM, TMO ,etc….) :
 AF (PF) les postes d’actif (passif) à taux fixe, et ef (rf) leur taux
moyen
 Av (PV) les postes d’actif (passif) à taux variable, et ev (rv) leur
taux moyen).
AF et % PF rf%
PV rv%
AV ev%
Bilan et hors-bilan confondus
La marge financière est :
m= (AF x ef+AV x ev) – (PF x rf + PV x rv) (I)
L’appréciation de l’exposition au risque de taux peut se faire en évaluant
la sensibilité instantanée de cette marge aux fluctuations de taux.
Ici, les seuls taux susceptibles de varier dans le temps, si l’on suppose que
les masses du bilan sont inchangées pendant la période de variation, sont
les taux variables ev et rv.
En dérivant par rapport au niveau des taux les deux membres de (I) on
a:
Dm/dt= m’ = AV x ev’ – PV x rv’
= (AV – PV) ev’ = PV (ev’-rv’)
Or, d’après l’égalité entre l’actif et le passif
AV – PV = PF – AF,
Donc
m’ = (PF – Af) ev’ + PV (ev – rv’)
L’insensibilisation de cette marge aux fluctuations des taux impose par
conséquent qu’à tout moment m’ = O,
C’est-à-dire :
1) PF –Af = 0 (on se place dans le cas où les taux varient, i. e. ev’  0) et
2) ev – rv est constant dans le temps (ou plus trivialement PV = 0).

104
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

La différence AF – PF est dénommée impasse à taux fixe ou plus


communément gap
1TMP : taux moyen pondéré des taux au jour le jour

constituée initialement, mais cette marge peut avoir été figée à un niveau
insuffisant, voire négatif. Cette information n’est pas disponible au seul
examen du gap. Il est donc indispensable de valider la politique définie au
vu du gap par la visualisation de l’amortissement dans le temps de la
marge de transformation engrangée.
Il est ensuite, possible de mesurer la sensibilité de la marge de
transformation aux variations des taux auxquels les excédents ou déficits
nés de la couverture imparfaite du gap sont respectivement placés ou
empruntés.
Comme dans le cas du gap, il est difficile d’intégrer au suivi par la marge
de transformation les instruments optionnels.
Le tableau 2 reprend l’analyse de la marge de transformation de notre
portefeuille exemple, et de sa sensibilité à une variation des taux.

Tableau 2 : Evolution de la marge de transformation en fonction des taux


d’intérêt

Année 1 Année 2
en % en MF en % en MF
Marge avec taux du un an
dans un an à 10 % 1 +1 0 0
Marge avec taux du un an
dans un à 11 % 1 +1 -1 -1
Marge avec taux du un an
dans un an à 9 % 1 +1 1 +1

3.2.3 Mesure de valeur : la sensibilité de


la valeur actuelle nette
L’exposition au risque de fluctuation des taux d’intérêt à taux fixe, par l
peut se traduire aussi, dans le cas d’une activité à taux fixe, par la
dévalorisation de certains actifs. Tel n’est pas le cas des actifs à taux
variable pour lesquels la variation de taux se reporte directement sur la
charge d’intérêt, sans grande influence sur le prix. Autrement dit, les actifs

105
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

à taux variable ont en permanence une valeur qui est voisine du pair,
quelles que soient les variations de l’index de référence. Le risque est en
cela quasiment nul sur le capitale. Il n’influe que sur la marge sans
modifier la valeur patrimoniale.

Pour un établissement de crédit, le risque lié à l’effet de la hausse des


taux sur la valeur de revente des actifs est limité. En effet, la vente de
créances commerciales est un phénomène peu courant qui pourrait ne
survenir à grande échelle que dans le cas d’une crise d’illiquidité
consécutive à une détérioration importante de sa rentabilité, qui lui
imposerait de céder son portefeuille de crédits pour améliorer sa
solvabilité. De plus, le portefeuille de créances d’un établissement n’est
généralement pas comptabilisé à sa valeur de marché, ce qui limite les
effets de la hausse des taux sur les comptes.
Ce risque existe cependant sur les portefeuilles de placement et
d’investissement des banques , ainsi que pour les compagnies
d’assurance ou les maisons de titres, disposant d’un important portefeuille
obligatoire ou de titres de créances négociables, dont la valeur est
directement fonction des taux de marché à un instant donné. Le
gestionnaire doit alors assurer la liquidité de ses actifs afin de gérer au
mieux la rentabilité de son activité. Il est ainsi amené à renouveler très
fréquemment la composition de son portefeuille et s’expose à subir des
moins-values de revente en capital plutôt qu’une dégradation étalée dans
le temps de sa marge.
La perte patrimoniale n’est explicite que si le titre est coté. Latente, elle
ne s’imputera au résultat d’exploitation qu’en cas de cession d’actif ou de
rachat de dette. La perte en capital enregistrée n’est alors que
l’actualisation des pertes en intérêts mises en évidence par la mesure de
marge.
La décision d’investir dans tel ou tel tire ayant des caractéristiques
particulières de durée et de rémunération est guidée par le principe
d’équivalence des flux financiers par actualisation : c’est le calcul de la

106
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

valeur actuelle nette (VAN). La valeur de marché d’un titre intègre par ce
principe les rémunérations futures certaines qui lui sont attachées.
La théorie permet les constatations suivantes :
- si le taux actuel de marché est égal au taux auquel le titre a été
négocié, la valeur de celui-ci est inchangée ;
- si le taux de marché est inférieur aux taux de rendement du titre,
celui-ci gagne en valeur, mais en revanche les coupons ne pourront
être réinvesti à un taux majoré.
On peut résumer ces résultats en remarquant que les risques de
réinvestissement et de prix de marché sont opposés.
La mesure globale du risque de taux encouru sur la totalité d’un
bilan reprend les techniques évoquées précédemment et vise l’estimation
puis la comparaison de la valeur de marché (ou valeur actuelle nette, VAN)
de l’actif et du passif. L’objectif à atteindre dans ce cas peut être, par
exemple, que la VAN de l’actif soit supérieure à la VAN du passif à tout
instant, ce qui traduit l’existence d’une marge financière positive, et que
cet écart suive une progression régulière.
Dans un deuxième temps on s’intéresse aux sensibilités de ces
valeurs aux fluctuations de taux, l’objectif à atteindre étant alors que la
sensibilité à toute déformation de la gamme des taux de la différence des
VAN de l’actif et du passif soit proche de zéro à tout instant, ou, ce qui est
équivalent, que la duration de l’actif soit égale à celle du passif. La
duration est définie en .
Reprenons notre portefeuille test. Les opérations de l’actif et du passif
génèrent les flux de capital et d’intérêts représentés sur le schéma 1.
Il est possible d ‘actualiser ces flux avec, par exemple, la gamme de taux
prévalant lors de la mise en place des opérations en t = 0 (1 ans à 9 % et
2 ans à 10 %), et d’observer ensuite quelle est l’évolution de cette VAN
suite à une translation de la gamme des taux de plus ou moins 1 %
(tableau 3).

Tableau 3 : VAN et sensibilité de la VAN du portefeuille


1
VAN Sensibilité de la

107
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

VAN
Gamme des taux 0.001 -
initiale - 0,8 - 0,8
Gamme des taux + 1 % - 0,8 0,8
Gamme des taux – 1 %
Unité : Million de MAD

Si les taux baissent de 1 %, la VAN du portefeuille baisse de 0,8 millions de


MAD, ce qui traduit bien la sensibilité à la baisse des taux déjà observée
sur l’indicateur de sensibilité de marge de transformation.

Vu sous l’angle de la duration, plusieurs cas de figure peuvent se


présenter :
- si la duration de l’actif est supérieure à celle du passif, cela signifie
que la dépréciation de l’actif sera plus rapide que celle du passif en
cas de hausse des taux, donc que la VAN diminue.
C’est le cas dans notre exemple puisque l’actif (à 2ans)) a une duration
(1,91 an) plus grande que le passif dont la duration est 1 an.
Si la duration de l’actif est inférieure à celle du passif, le même risque
se matérialisera en cas de baisse des taux.
Le principal avantage de la méthode de sensibilité de la VAN est qu’elle
permet d’intégrer dans une position globale et synthétique de
l’établissement les instruments optionnels (caps, floors, options
cachées…), dont la prise en compte dans le gap ou dans le suivi de la
marge de transformation est malaisée. Par contre, la sensibilité de la VAN
ne permet pas de mettre en évidence les points de risques, c’est-à-dire la
constitution dans le temps de la marge, qui apparaîtront clairement au vu
de l’amortissement de la marge de transformation. Il apparaît donc que les
différents outils présentés ici (gap, marge de transformation, sensibilité de
VAN) sont complémentaires et donnent tous un éclairage différent sur
l’exposition de l’établissement au risque de taux.
La sensibilité de VAN peut être calculée pour différentes évolutions
de la gamme des taux (hausse ou baisse des taux courts, hausse ou
baisse des taux long). Afin de faciliter et multiplier les simulations, il est

108
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

possible de modéliser la gamme des taux par un modèle d’interpolation.


L’ensemble de la gamme est reconstitué à partir de deux taux, un à court
terme. Ces taux (généralement de trois mois à sept ans), sont appelés
taux directeurs, puisque l’on peut démontrer, sur la base dune observation
statistique du passé, que ce sont eux qui déterminent l’évolution des
autres taux de la gamme.

109
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

3.3 Les modalités de couverture du risque de


taux
La couverture du risque de taux consiste à figer la marge de
transformation et la protéger ainsi des fluctuations des taux du marché.
Rappelons qu’elle est réalisée quand les deux conditions suivantes sont
réunies :
1) L’assiette du risque sur taux fixe (« gap ») est nulle à tout instant, ce
qui équivalent à l’adossement parfait entre ressources et emplois à
taux fixe. Les sur ou sous consolidations qui apparaissent sur les
courbes nécessitent la prise de mesures compensant leurs effets
potentiels : prêts à taux fixe, en cas de sur consolidation et emprunts à
taux fixe dans le cas contraire. Si le risque apparaît à terme (ex. : sous
consolidation de 100 millions de MAD apparaissant pendant un an dans
un an), il est nécessaire de réaliser des levées à terme, ce qui peut se
faire par des opérations de garantie de taux à terme (FRA, swaps à
terme).
Dans notre exemple, il convient à l’origine d’emprunter à terme (par
un FRA ou un swap à terme) 100 M MAD de un an dans un an.
2) L’assiette du risque par référence de taux variable est nulle : les
emplois et les ressources sur chaque index de taux variable sont d’un
montant égal à tout instant. Lorsque ce n’est pas le cas, il convient de
rééquilibrer la situation, soit en empruntant ou prêtant les montants
d’une référence en déficit ou en excédent, soit en « swappant » dans la
référence manquante la fraction des ressources ou emplois en
excédent.
Ainsi, dans l’exemple du prêt à TMO refinancé par des ressources à TAM, il
est nécessaire de négocier sur les marché un swap TMP contre TAM sur
lequel l’établissement paye le TMO et reçoit le TAM, ce qui annule les flux
de l’emprunt à TEM payés) et du prêt à TMO (reçus).
Ainsi, comme pour le risque de liquidité, la couverture la plus satisfaisante
du risque de taux consiste à adosser les ressources aux emplois, ce qui a

110
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

pour conséquence de figer les marges sur les crédits au niveau où elles
ont été initialement constituées. L’établissement évite ainsi d’hypothéquer
l’avenir en laissant es positions ouverts qui pourraient s’avérer
dangereuses en cas d’évolution défavorable des taux d’intérêt.

3.4. Les contraintes réglementaires


Les dispositifs réglementaires visant à limiter le risque de taux sont les
suivants :
 pour les banque :
- l’adéquation des fonds propres aux risques de marché (sur l’activité
de marché uniquement) ;
- en projet à la banque des Règlements Internationaux (BRI) et à la
Commission européenne sur l’activité de banque commerciale.
 pour les assurances :
- le sur provisionnement ;
- la réserve de capitalisation ;
- les provisions pour participation aux excédents.

4- Le risque de change
Le risque de change est plus complexe encore que les risques de
liquidité et de taux. C’est du naturellement à l’intervention de plusieurs
monnaies, alors que les risques de taux et de liquidité sont appréhendés
dans une devise donnée. Ses effet sont aussi potentiellement plus
dangereux, puisque le capital des opérations peut être perdu, alors que
pour le risque de taux, seuls les intérêts liés aux opération sont enjeu. Ces
risques sont encore augmentés par la volatilité très importante de
marchés de change, volatilité qui s’est accrue avec l’interconnexion des
marchés internationaux

4.1. La nature du risque de change


Le risque de change est l’éventualité de voir la rentabilité de
l’établissement affectée par les variations des taux de change. L’impact

111
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

apparaît au niveau opérationnel sur les transactions réalisées et au niveau


comptable sur la valeur de consolidation. Les principes théoriques du
risque de change sont décrit dans l’encadré 4 (nature du risque de
change).
Le risque de change peut être de transaction, de traduction, ou de
consilidation.
Le risque de change de transaction représente, pou un
établissement, la possibilité de voir la rentabilité des ses opérations en
devises se modifier selon les évolutions des taux de change des devises
dans lesquelles son activité est libellée. L’adossement d’emplois et de
ressources libellées dans deux devises à terme est le cas le plus typique
d’un risque de change de transaction.
La nécessité d’exprimer le résultat de l’activité d’un établissement dans
une monnaie d’expression unique, qui n’est pas obligatoirement celle dans
laquelle toutes les opérations sont effectuées, entraîne celle de le figer
définitivement à un cours donné, et ceci indépendamment du degré de
couverture atteint dans chaque devise prise séparément. Une forme
particulière du risque de change de transaction correspond, au niveau des
comptes sociaux de la maison mère, aux positions dites structurelles liées
à la présence à l’actif du bilan de titres de filiales ou de participation
libellés en devises étrangères. Ces opérations font l’objet d’un traitement
comptable spécifique, différent de celui des positions classiques.
On parle de risque de change de traduction lorsqu’il s’agit de ramener,
dans les comptes sociaux, les résultats d’un établissement depuis la
devise d’origine vers la devise d’expression de ceux-ci : conversion en
MAD des résultats générés par l’activité en livre sterling par exemple.
Les risques de change de transaction et de traduction se traduisent
comptablement par des positions de change dites opérationnelles. Les
positions liées aux titres libellés en devise se traduisent par des positions
structurelles.
Le risque de change de consolidation apparaît lors de la consolidation des
comptes dans un groupe qui comporte des filiales à l’étranger : le résultat
consolidé d’un groupe peut être moindre si les résultats des filiales
étrangères sont positifs (resp. négatifs) et les devises d’activité de ces

112
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

filiales dévaluées (resp. réévaluées) par rapport à la monnaie de


consolidation.
Le risque de change a donc un double aspect. Il concerne aussi bien
les opérations croisées en devises que le « rapatriement » des résultats
d’une devise spécifique dans la devise d’expression des comptes, qu’ils
soient sociaux ou consolidés.
Autant les risques de change de transaction et de traduction
peuvent être gérés voire couverts, autant le risque qui apparaît lors du
rapatriement des résultats dans les

113
ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Encadré 4
Nature du risque de change

Supposons qu’une entreprise de crédit ait à financer une opération dans


une monnaies A ayant les caractéristiques suivantes :
Montant : Ma unités monétaires de A
Durée : n jours
Taux d’intérêt : Ta (taux sur la période considérée de n jours).
Les ressources de refinancement ne pouvant être trouvées sur le marché
domestique de A, celles-ci sont empruntées dans la devise B (dont on
supposera qu’elle est par ailleurs la devise d’expression des résultats)
avec les caractéristiques suivantes :
Montant : Mb unités monétaires de B
Durée : n jours
Taux d’intérêt : Tb (taux sur la période considérée de n jours).
On achète un montant Ma de devise a au taux de change d’alors Co :

Ma = Co x Mb
A l’échéance (t=n), on opère la transformation inverse en ce qui concerne
le capital remboursé, Ma, et les intérêts versés (Ma x Ta), au taux de
change Cn.
Le résultat Rb de l’opération exprimé dans la devise B est alors :

Rb = -Mb – Mb x Tb + (Ma + Ma x Ta)/Cn


D’où, avec Ma = Co x Mb :

Rb = -Mb – Mb x Tb + Mb (1+Ta) x Co/Cn


Et, en termes de marge :
Mb = Rb/Mb = (Ta-Tb) + (Co/Cn-1) (1 + Ta)
La marge dépend alors de deux effets :
- un effet de différentiel de taux d’intérêt entre les deux devises : Ta – Tb
- Un effet de fluctuation des taux de change entre les deux devises :
(Co/Cn-1) (1+Ta)

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

Cas particuliers :si Cn = Co alors mb = Ta – Tb ne dépend que du


différentiel de taux des opérations de prêt et d’emprunt . Le risque de
change est neutralisé et ne subsiste que le risque de taux.
- Si Ta = Tb alors mb = (Co/Cn – 1) (1+Ta) ne dépend que des
fluctuations des taux de change. Le risque de taux est annulé, mais
pas le risque de change.
- Si A = B, une seule devise Co = Cn = 1, et mb = Ta-Tb. Ceci est le
cas particulier du risque de taux dans une devise.
La protection de la marge ne peut s’effectuer qu’en influant d’une manière
ou d’une autre sur Cn, par des opérations de change à terme, d’options de
change (qui protègent contre une évolution défavorables des taux de
change tout en laissant la possibilité de bénéficier d’un gain) ou de swaps
de devises.

comptes consolidés est plus difficile à couvrir, notamment, parce que la


couverture consiste à prendre des positions ouvertes. Nous illustrons la
gestion du risque de change par l’exemple suivant :

Exemple :
Supposons un prêt en livres sterling de 10M£ de maturité 3 ans,
accordé à un taux de 8 %. Ce prêt est refinancé par une ressource en
MAD, à trois ans elle aussi, sans opération de change associée. Le taux de
cette ressource est de 7 %. Le taux de change livre contre MAD est de 8
(1£ = 8 MAD) à l’origine. L’emprunt en MAD est donc de 80 M MAD. Nous
supposons que l’établissement ne fait pas de marge commerciale et les
opérations ne comportent pas d’options cachées.
La marge de l’établissement ressort optiquement à 1% (différence
entre taux du prêt 8 % et taux de l’emprunt 7 %). Cette marge n’est
cependant pas figée, bien que les opérations de l’actif et du passif soient à
taux fixe. Elle dépendra en effet du taux de change qui sera constaté sur
le marché à chaque échange de capital et d’intérêt. Ainsi, si le taux de
change livrer contre MAD monte, l’établissement perçoit des flux d’agios
de son prêt en livre qui, une fois convertis, représenteront plus de MAD.

115
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

De même, le remboursement du capital représentera plus de MAD. Il


améliore donc sa marge, au titre des agios et du capital. Il dégraderait sa
marge en cas de baisse de la livre.

4.2. La mesure du risque de change


La mesure du risque de change s’effectue de plusieurs manières
assez similaires à celles utilisées pour la mesure du risque de taux
(mesures de volume, de marge et de valeur).

4.2.1. Mesure de volume : les positions


de change
L’exposition de l’établissement au risque de change est donnée en
volume par ses positions de change, c’est-à-dire les quantités de devises
étrangères qu’il détient ou qu’il doit. C’est l’assiette du risque.
Il est possible de dresser, devise par devise, l’échéancier des flux de
trésorerie en capital et en intérêts. La position de change à un instant
donné est alors égale à la différence entre les flux liés aux créances et
ceux liés aux dettes. La position est dite longue si elle est positive. Elle est
dite courte si elle est négative.
Ainsi, dans notre exemple, la position de change en livre au titre du capital
est égales à 10M£. On dit alors que l’établissement est court en livre.

4.2.2. Mesure de marge


Elle donne l’incidence du risque de change sur la rentabilité de
l’établissement en évaluant la sensibilité de la marge de transformation
aux fluctuation des taux de change. Supposons par exemple que
l’établissement de crédit ait à financer une opération dans une monnaie
(la livre) à partir de ressources empruntées dans une autre monnaie (le
MAD). La marge est alors déterminée par le différentiel de taux d’intérêt
entre les deux devises sur la durée de l’opération. De plus, elle sera
affectée par le différentiel de taux de change entre le cours appliqué à

116
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

l’initialisation de l’opération (pour la conversion du MAD en livre) et le


cours appliqué à son dénouement (pour la conversion de la livre en MAD).
Si le premier est figé à l’origine de l’opération, le second dépendra de
l’évolution future des taux de change. La marge dépendra aussi des taux
de change qui s’appliqueront aux différentiels d’intérêt entre les
opérations en livres et celles en MAD.
Reprenons notre exemple. Le tableau 4 présente la marge de
transformation de ce portefeuille avec un taux de change stable à 8, en
hausse à 9 où en baisse à 7. On constate que la marge est très sensible.
Elle l'est surtout en année 3 du fait du poids du remboursement du capital,
qui prime sur les intérêts.

Tableau 4 : Sensibilité de la marge de transformation aux variations


du taux de
change.

Année 1 Année 2 année 3


Intérêts Principal
Marges avec le D/£ à 9 1,6 1,6 1,6 10
Marges avec le D/£ à 8 0,8 0,8 0,8 0
Marges avec le D/£ à 7 0 0 0 -10
Unité : Million de MAD.
D : MAD

4.2.3 Mesure de valeur


Il est possible, comme dans le cas du risque de taux, de déterminer
une position synthétique, incluant, outre les actifs et passifs porteurs
d’intérêt, les positions optionnelles (options de change par exemple), par
l’actualisation des flux certains générés par le portefeuille, et par la
valorisation des options, implicites ou explicites. L’étude de la sensibilité
de cette VAN aux fluctuations de taux de change et de taux d’intérêt de
chacune des devises sur lesquelles l’établissement intervient permet à
celui-ci de contenir le risque de change dans des limites compatibles avec
ses objectifs.
Reprenons notre exemple, le tableau 5 présentes la sensibilité de la
VAN du portefeuille à une variation, calculée en t 0, du taux de change livre

117
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

contre MAD. Nous supposons ici que la gamme des taux est plate et que le
taux de change
se maintient constant pendant 3 ans.

Tableau 5 : Sensibilité de la VAN en taux de change

VAN Sensibilité MAD/£ à


de VAN terme dans 3
ans
Taux de change initial : £/D 0 - 7,78
=8 10 10 8,75
Taux de change + 1MAD : -10 10 6,81
£/D = 9
Taux de change – 1 MAD :
£/D = 7
Unité : Million de MAD
D : MAD

Le tableau 6 présente la sensibilité de la VAN, non pas au taux de


change au comptant, mais aux taux d’intérêt en livre. Les variations de
taux en livre vont se traduire, à taux d’intérêt sur le MAD inchangés, par
une variation des taux de change à terme auxquels s’échangeront les
différents flux de capital et d’intérêt en cours de vie des opérations. La
sensibilité est plus faible que dans le cas précédent, puisque le taux de
change à terme, obtenu en faisant varier les taux d’intérêt de + ou – 1%,
est plus faible que le taux de change à terme obtenu en faisant varier le
taux de change au comptant et en maintenant les taux d’intérêt dans les
deux monnaies stables.

Tableau 6. – sensibilité de la van au taux d’intérêt en MAD


Au taux d’intérêt en £ VAN Sensibilité MAD/£ à
de VAN terme dans 3
ans
Gamme des taux initiale : 0 - 7,78
8% -2,3 -2,0 7,57
Gamme des taux + 1 % : 9 2,1 -2,1 8,00

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

%
Gamme des taux – 1 % : 7%
Unite : Million de MAD.

4.3 Les modalités de couverture du risque de


change
La protection contre le risque de change consiste à endiguer les
effets des variations de parité des devises.
L’annulation à tout instant des positions de change insensibilise le
bilan au risque de change de transaction. Cette annulation peut être
pratiquée par l’utilisation des instruments de change au comptant ou à
terme symétriquement au risque à couvrir : swaps cambistes (ou swaps
de change), swaps de devises et de taux, achat-ventes au comptant ou à
terme, options de change….
Il est possible d ‘annuler dans les comptes sociaux le risque de change lié
aux titres étrangers (positions structurelles). Il suffit de les financer par un
emprunt dans la même devise. Mais ces positions sont à appréhender
dans une approche consolidée.
Il est possible de couvrir le risque de traduction dans les comptes sociaux
lié aux résultats constitués dans une devise quatre que la devise
d’expression des comptes par des achats (si l’établissement a fait des
pertes en devises) ou des ventes (gains en devises) périodiques (c’est-à-
dire au rythme de constitution des résultats) du montant du résultat
‘positif ou négatif) constitué sur la période.

Le risque de change de consolidation est plus délicat à couvrir. En


effet, la consolidation des comptes est une présentation des comptes
d’un groupe, présentation qui n’a d’autre existence que sur le papier, et
qui dépend d’un ensemble de conventions. A la différence des comptes
sociaux, les comptes consolidés se traduit par nécessairement des flux
financiers réels. Ainsi, une filiale étrangère d’un groupe peut réaliser des
profits, sans qu’il n’existe des flux être elle-même et la mère française.
Ces résultats seront convertis en MAD pour établir les comptes consolidés.
Pour qu’il y ait des flux réels, il faudrait que la filiale distribue un

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ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

dividende. Il est cependant possible de couvrir le risque de change de


consolidation selon le même procédé que lorsqu’il s’agit du risque de
transaction. L’inconvénient de cette couverture est qu’elle nécessite la
prise de positions de change opérationnelles dans les comptes de la
mère. Le résultat de ces positons, qui auront une existence financière et
une traduction directe dans les comptes sociaux, sera compensé dans les
comptes consolidés (qui n’ont pas, eux, d’existence financière – il s’agit
d’une simple présentation des comptes) par un manque à gagner ou au
contraire un surplus de résultat consolidé. C’est pourquoi ces couvertures
sont peu utilisées, les établissements étant généralement réticents à
prendre des positions de change opérationnelles.

4.4. Les contraintes réglementaires


Les contraintes réglementaires de suivi du risque de change sont les
suivantes :
 Pour les banques : les ratios de position de change dans le cadre du
règlement sur l’adéquation des fonds propres aux risques de
marché ;
 Pour les assurances : la règle de congruence et la règle de
localisation.

5- Les risques de marché


Avec les risques de marché, on atteint certainement le degré de
complexité le plus élevé de l’ensemble des risques financiers, et surtout,
la rapidité d’évolution des positions, donc des risques, la plus grande, du
fait de la volatilité des marchés financiers. Des faillies retentissantes
d’établissements de premier plan (la Barings par exemple) sont liées aux
risques de marché. Plus que de risques, on devrait parler d’activité de
marché. Les risques sont en effet généralement ceux décrits
précédemment (taux, change liquidité, contrepartie). Mais ils s’appliquent
à des supports spécifiques à l’activité de marché, caractérisés par une
grande volatilité. Ces supports sont combinés entre eux dans des

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ISCAE GESTION DES RISQUES DANS
LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

portefeuilles s’avèrent du coup d’une grande complexité. Cette activité


requiert ainsi beaucoup de soins dans la mise au point des méthodes de
gestion, mais plus encore, une rigueur extrême dans la mise en place de
procédures de gestion et de contrôle. Toutes ces mesures sont nécessaires
pour éviter de voir un apprenti sorcier mettre l’établissement en faillite sur
un coup de dés.

5.1. La nature des risques de marché


Le risque de marché (on devrait plutôt parler des risques de
marché), ou risque de prix, est la possibilité de voir fluctuer la valeur de
marché d’une opération, sous l’effet de variations des prix du marché
sous-jacent. Il concerne donc en particulier les titres auxquels sont
attachés des intérêts à taux fixe ou à, taux variable, comme les
obligations, les TCN, les swaps…Il est alors l’expression d’un risque de
taux. Il concerne aussi les titres cotés non porteurs d’intérêts, dont la
valeur fluctue selon la loi de l’offre et de la demande et les perspectives
de performance d’une entreprise ou d’un secteur. Il s’agit alors des
actions. L’immobilier constitue aussi un marché dont les fluctuations de
prix peuvent avoir des conséquences sur les résultats des établissements.
Les activités de marché peuvent aussi avoir comme sous-jacents les
matières premières.
Le risque de marché est donc une notion clé de la gestion de
portefeuille.
Ce risque peut être lié à une activité de placement ou à une activité
commerciale de marché. Les placements en actions ne constituent
cependant qu’une faible part de l’actif des banques. L’activité de marché
constitue en revanche, dans beaucoup d’établissements, une activité
commerciale logée dans un centre de profit à part entière. Cette activité
s’inscrit dans un cadre réglementaire spécifique (traduit de la directive
européenne d’adéquation des fonds propres aux risques de marché).
Les compagnies d’assurance n’ont pas d’activité de marché à
proprement parler, mais ne part prépondérante de leur actif est composé

121
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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

d’actions et de titres obligataires. L’une des fonctions de la gestion de


bilan sera donc d’apprécier la qualité financière de ces placements.

5.2. La mesure des risques de marché


La mesure des risques de marché fait appel çà des outils de
valorisation en temps réel des positions en fonction des paramètres sous-
jacents. La mesure utilisée est donc généralement une mesure de valeur.
Ceci se justifie par le fait que les positions peuvent être retournées très
rapidement en fonction de l’évolution des marchés et par la grande
volatilité des sous-jacents. La comptabilité de ces opérations se fait le plus
souvent marquée au marché. La mesure est complétée par un système de
limites, en gains ou en pertes, au-delà desquelles les positions doivent
être automatiquement clôturées.

5.3 Les modalités de couverture des risques


de marché
Les risques de marché ne doivent pas être systématiquement
couvert, sous peine de disparition du profit correspondant à cette activité.
Cependant, les positions ont vocation à être retournées, c’est-à-dire
revendues lorsqu’elles ont été initialement achetées ou rachetées
lorsqu’elles ont initialement été vendues, lorsque les limites de gains ou
de pertes, fixées de préférence à l’origine, ont été atteintes.
La gestion des positions de marché est très différente de la gestion
des positions structurelles liées notamment, à la structure de bilan
(relative par exemple à l’activité de collecte de dépôts et de distribution
de crédits). Les positions de marchés se gèrent sur la base de faibles
mouvements de marché (à partir de quelques points de base), alors que
les positions structurelles ne se retournement que suite à des
mouvements plus significatifs (plusieurs points).

5.4 Les contraintes réglementaires


Les contraintes réglementaires liées à l’activité sont les suivantes :

122
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 pour les banques : adéquation des fonds propres aux risques de


marché ;
 pour les assurances : contraintes d’évaluation et de
provisionnement du patrimoine.

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

CONCLUSION
Les risques financiers auxquels doivent faire face les établissement
sont les risques de contrepartie, de liquidité, de taux, de change ou de
marché. Le risque de liquidité peut être fatal à l’établissement dans
l’extrémité de la cessation de paiement. Les risques de taux et de change
posent des problèmes conceptuels plus importants qui en compliquent la
gestion. Les risques de marché, outre la technicité particulière à leur
gestion, posent la question du contrôle des positions et de la sécurité des
procédures. Chacun de ces risques peut être mesuré (en volume pour son
assiette, en marge pour l’effet sur les résultats courants, et en valeur par
la sensibilité de VAN pour l’effet sur la valeur patrimoniale de
l’établissement), et géré, voire couvert lorsqu’il ne constitue pas une
source de profit, à l’aide d’outils adaptés, généralement disponibles sur les
marchés. Pour ce qui est des risques de taux, de liquidité et de change,
une politique d’adossement, que l’on pourrait qualifier de macro-
couverture, constitue certainement la meilleure des sécurités.
Au-delà des risques financiers élémentaires évoqués ci-dessus les
établissements sont soumis à des risques structurels, liés à la structure de
leurs bilans, dont l’ampleur peut être tout à fait considérable, comme le
montre la sensibilité des bilans bancaires à des situations de taux
durablement bas. Ces risques peuvent aussi être limités en profitant des
opportunités de marché pour constituer des portefeuilles d’opérations de
marchés à long terme, dits de micro-couverture.
Le contrôle prudentiel tend, même si tous les risques ne sont pas
pris en compte (le risque de taux sur l’activité d’intermédiation
notamment), à les réduire par des normes de fonds propres ou des
limitations en volume.

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LE CADRE DE LA GESTION ACTIF-PASSIF

BIBLIOGRAPHIE

www.JPMorgan.com

www.RISKMETRICS.com

www.bis.org

Manuel interne de gestion actif-passif de la cellule ALM.

« Gestion actif-passif et tarification des services bancaires » par


Michel DUBERNET.

Séminaire sur la gestion actif-passif au sein des assurances.

www.google.com (gestion actf-passif à BNP PARIBAS).

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