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L’installation des colons sur le territoire ivoirien commence dès la fin des premières expéditions
exploratoires menées par João de Santarém et Pedro Escobar au cours des années 1470-1471,
les Hollandais à la fin du XVIe siècle, puis les Français et les Anglais au XVIIe siècle8,9. À leur
contact, l’agriculture locale connaît une réorientation et est désormais pratiquée en vue de la
commercialisation de produits tropicaux. Un type particulier d’échanges, la traite négrière, fait
même son apparition dans les zones du littoral. L'esclavage est aboli en 1848 dans les colonies
françaises et cette mesure formelle a un impact économique indéniable. L'arrêt de la déportation
massive d'esclaves entraîne le développement d'une traite intérieure. Il favorise en outre, au sein
des colonies, l'instauration et la multiplication de rapports de production de type esclavagiste.
Chez les Dioula et les Malinké, les esclaves sont redirigés vers les vastes domaines agricoles
tandis que chez les Akans, ils servent à l'extraction de l'or et au portage. Le commerce des
produits naturels remplace alors celui des esclaves et l’agriculture est de nouveau dynamisée.
Les échanges commerciaux s'accroissent sous la poussée de la demande aussi bien
européenne qu'africaine, entrainant par leur ampleur l'émergence et la consolidation de la
fonction de courtier africain, intermédiaire entre Européens et Africains, mais aussi entre
populations côtières et celles de l'hinterland.
Pendant cette période, les échanges croissants doublés d'une concurrence de plus en plus rude
entre Français et Anglais amènent les premiers à installer sur le littoral (à Assinie et Grand-
Bassam en 1843) des comptoirs permanents. Les courtiers africains se retrouvent peu à peu face
à l'impérialisme économique français auquel ils tentent de s'opposer, mais ils seront
progressivement éliminés.
D'une manière générale, l'économie précoloniale s'ajuste aux nouvelles exigences du XIXe siècle
dont celles de la colonisation du pays qui porte déjà les germes de la désorganisation de
l’agriculture traditionnelle et de l’émergence de nouveaux partenaires commerciaux. Elle oriente
l'économie ivoirienne vers l'exportation de produits agricoles non-transformés et l’importation de
produits européens manufacturés10.