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- DISSERTATION - 11.03.

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- LA CHANSON DE GUILLAUME -
L2 Lettres Modernes

Sujet : « A la lumière de votre lecture, vous dégagerez


et analyserez les enjeux problématiques de
l’héroïsme »

Depuis fort longtemps, les communautés humaines


ont identifié leurs valeurs suprêmes à un individu qui en
semblait porteur : bravoure guerrière, sacrifice du martyr,
audace de l'aventurier... L’admiration, voire, dans certains cas,
la vénération, ont suivi ces personnes et des légendes sont
nées. La littérature n’a jamais manqué de les mettre en avant,
que ce soit à l’époque des grands écrivains grecs ou à la nôtre.
Ecrit entre le XII e et le XIV e siècle, le cycle de Guillaume
d’Orange constitue le cycle le plus important de la littérature
médiévale et repose sur le concept de la chanson de geste. Il
est composé de 26 chansons dont la célèbre Chanson De
Guillaume. Les chansons de geste mettent en scène, sur un
fond historique parfois ténu, des exploits héroïques de
chevaliers de l'époque carolingienne, l'action héroïque étant ce
qui les distingue des petits poèmes et du roman, dont le fond
est toujours une historiette ou une intrigue amoureuse.
Un héros épique, tel que Guillaume, incarne l'idéal
chevaleresque du XIème et XIIème siècle, mis en scène dans
ces textes. Mais l’héroïsme peut parfois avoir une signification,
une connotation ambiguë, comme nous pourrons l’observer
dans la Chanson de Guillaume. Les enjeux et les actions de ces
guerriers adulés peuvent alors être remis en question.
A la lumière de la lecture de la Chanson de Guillaume, nous
pouvons alors nous interroger sur la notion d’héroïsme qui est
perçue comme problématique et est, à de nombreuses reprises,
remise en question.

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Dans un premier temps, il conviendra de nous focaliser sur
l’importance de cette valeur chevaleresque dans l’œuvre et sur
sa constante remise en question. Ensuite, ce sera l’influence du
héros épique et son interprétation au sein de cette chanson que
nous étudierons, pour enfin terminer par les conséquences
qu’entraîne l’héroïsme chez nos personnages.
Les chansons de geste offrent une grande place aux
valeurs héroïques. La Chanson de Guillaume n’y fait pas
exception. Les chevaliers y sont mis en avant grâce à leurs
valeurs qui les distinguent des autres individus de la société.
L’une d’elles est de conserver l'honneur familial, en se montrant
dignes et solidaires de leur lignage dont ils sont fiers. En
revanche, malgré toutes ces vertus, les frontières entre les
différents genres sont souvent franchies créant ainsi un
mélange tout au long de l’œuvre.
Dans ce texte, les vertus traditionnelles de la chevalerie,
vues par le prisme de la littérature, sont de nobles sentiments
tels la pitié, l'humilité, la bravoure, la courtoisie, l'honneur et la
foi. La médiocrité n’a pas sa place ici.
Le preux chevalier est un modèle de toutes les vertus : c’est un
homme d’une générosité sans limites, il se montre vaillant au
combat et possède un sens de l’honneur qui lui importe autant
que sa vie, du moins dans la littérature. Ses compagnons le
respectent et lui sont fidèles (« Dolent est le champ senz le
cunte Willaume » v.472). Capable de grandes victoires l’épée à
la main mais également sur lui-même, il possède de grandes
qualités physiques : en effet, il doit apparaître aux yeux des
autres classes de manière élégante, avec une grande aisance,
doit se montrer bon diplomate, ne pas négliger son aspect
vestimentaire (…) et éprouver sa force tout en laissant
entrevoir un sourire de temps en temps. En revanche, Renouart
sort du lot : on le voit combattre dans un équipement qui assez
miséreux et inattendu : il est vêtu de haillons, est pieds nus et
n’a d’autre arme que son « tinel » (« Ne place unques Deus que
ja altre arme i port que mun tinel ! » v.2666-2667, « Di va,
lecchere, car me laissez ester ! A itel glotun n’ai jo soig de
parler ! » v.3281-3282). Le sacrifice est un thème souvent
présent. Ici, nous pouvons par exemple observer Vivien qui,
bien qu’étant au bord de la mort, continue de se battre pour
son peuple (« Chet lui sun healme sur le nasel devant, e entre
ses pez ses boals trainant » v.885-886) mais c’est également le
cas dans la Chanson de Roland au moment où l’on voit notre

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héros perdre la vie avec une grande dignité (aux yeux de
Charlemagne)). Ces valeurs positives contrastent avec l’orgueil
et la violence dont font preuve ces guerriers, mais celles-ci lui
permettent de s’élever dans la hiérarchie et de se mettre en
valeur par rapport aux autres, hormis Vivien qui, lui, se
distinguera par sa lignée, et Guiot, son frère, pour qui la
sagesse fait sa « particularité » aux yeux de Guillaume.
L’honneur et l’honnêteté sont des attributs récurrents dans La
Chanson de Guillaume et auxquels les chevaliers prêtent
particulièrement attention. L’adoubement était une cérémonie
officielle et fondamentale durant l’époque féodale et à laquelle
de nombreux nobles assistaient. Elle consistait à consacrer un
homme comme chevalier du roi. Ici, les protagonistes
principaux tels que Vivien, Girard et Guichard sont tous
adoubés par Guillaume, lui jurant ainsi fidélité dans un serment.
Guiot, quant à lui, se fait adouber Guibourc.
L’allégeance au seigneur est un fait incontournable pour le
chevalier : c’est avant tout un homme d'armes, un homme de
guerre, de prouesse qui se doit de mettre sa vie et ses armes
au service du suzerain mais également à Dieu.
Le héros épique est avant tout un chevalier noble ;
adoubé, il porte toutes les caractéristiques de sa classe et
appartient à un lignage dont il est fier. En effet, il apparaît
soucieux de conserver l'honneur familial, en se montrant digne
et solidaire de son lignage. On peut par ailleurs remarquer que
Guillaume et les grands représentants de son lignage sont très
caractéristiques de l’époque littéraire du Moyen Age.
Le malheur est souvent associé aux héros et à leur lignée: nous
pouvons par exemple remarquer le thème de la vengeance à la
mort d’un parent. Dès lors qu’un membre du lignage est tué par
l’ennemi, le chevalier regroupera sous ses ordres toute sa
parentèle dans le but de venger cette perte. C’est le cas quand
Guillaume venger la mort de Vivien (« Il unt ocis Viviën l’alosé,
sur els devon nus vostre maltalant turner » v.1633-1634). Il en
va de même lorsque l’un d’entre eux est déshonoré. En ce sens,
c’est toute la famille qui perdrait son estime. A l’inverse, les
membres d’une même famille peuvent aussi implorer l’aide de
l’un d’entre eux avec l’aide divine comme il en est question
quand Vivien implore l’aide de son oncle (« Tramettez mei, sire,
Willaume al curb niés » v.906). Il doit donc aux membres de son
lignage aide au combat mais également assistance au conseil.
Ainsi, il est exclu que ce personnage se montre lâche vis-à-vis

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des siens, les humilient et les abandonne. En ce qui concerne
les cérémonies telles que l’adoubement, il n’est pas inhabituel
que ce soit un membre de la lignée qui en adoube un autre.
Les chansons de geste, notre œuvre y compris, nous
offrent des thèmes, des scènes pour le moins tragiques voire
effrayantes. Cependant, malgré la gravité du sujet, l'humour et
la dérision concourent aussi à construire un idéal de la
démesure.
Le mélange des genres donne à cette œuvre un aspect
unique et en fait un monument de la littérature médiévale. Les
frontières entre le tragique et le burlesque, le rire et les larmes,
le pathétique et le folklorique sont souvent franchies et cela
implique une certaine amplification quant à l’image
chevaleresque telle que nous l’imaginons.
L’œuvre nous offre une grande partie liée au tragique. Mais
celui-ci se voit parfois nuancé par l’héroï-comique ou même le
burlesque. Nous pouvons citer en exemple Renouart qui, bien
qu’étant un héro épique de par son allure et ses actes, nous
apparaît comme un personnage comique : ses exploits
drolatiques en font un héro insolite et étourdi auquel s’ajoute sa
vulgarité. En contraste avec ce chevalier, nous avons Vivien qui,
lui, ne vit que pour la bataille et la religion, et on peut le
qualifier de h éros pathétique de par ses actions et pensées
tout au long de l’œuvre. Ce sentiment revient avec le
personnage de Girard, demandant de l’eau pour recouvrer ses
forces et retourner dans la bataille. Enfin, Guillaume peut, lui,
se définir par ses attraits caractéristiques tels que son nez et
son surnom qui en font un héros burlesque, tout comme
Renouart, en contradiction avec son rire qui reste un signe de
vaillance, de franchise, de supériorité dans l’adversité, de
mépris de bassesses voire d’autodérision (« fors sul Willaume al
curt niés le marchis » v.85).
Une sorte de remise en cause des valeurs héroïques se fait
donc sentir dans la Chanson de Guillaume, au même titre que
l’image du chevalier épique qui contraste avec les héros grecs
tels que Ulysse ou Achille mais aussi avec Roland, bien qu’étant
un personnage appartenant lui aussi au genre des chansons de
geste.

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La thématique de ces chansons est héroïque, comme
l'indique leur nom, « geste », dérivé du latin « gesta » qui
désigne les hauts faits d'un homme ou d'un lignage et l'histoire
héroïque de celui-ci. La grande majorité des chansons de geste
veut perpétuer la mémoire de ces exploits accomplis par ces
chevaliers francs au temps de Charlemagne et de ses premiers
descendants dans la lutte contre les Sarrazins. Ces épopées se
fondent donc sur des personnages et des événements
historiques qu'elles transforment en légende. La Chanson de
Guillaume ne fait pas exception à cela. La place de la foi, du
destin, du dévouement au seigneur restent présents tout
comme dans la Chanson de Roland.
Le XIIe siècle est, sans doute, le siècle d’or de la
chevalerie. Celle-ci se structure comme une véritable classe
avec ses codes, ses valeurs et son mode de vie. Le chevalier se
distingue des paysans et les bourgeois, souvent considérés
comme médiocres combattants, lui étant un fier combattant
monté à cheval (par ailleurs, le terme « chevalerie » est dérivé
de « cheval » à l’origine). C’est le cas pour Guillaume que nous
observons à de multiples reprises sur son vaillant destrier.
Le Moyen Age est une époque animée d’une très grande
ferveur religieuse, la croyance en Dieu est un fait récurrent
dans les discours ou même les attitudes des personnages : ils
prêtent serment, implore une aide divine ou un pardon, sont
prêts à sacrifier leur vies et celles de leurs compagnons
(comme dans la Chanson de Roland)… Les qualités du héros
sont, de même, encore magnifiées lorsqu’elles sont mises au
service de Dieu, suzerain suprême. D’ailleurs, afin de mettre
davantage en relief les qualités exceptionnelles du héros
épique, on l’oppose régulièrement à un antagoniste, félon et
traître (le félon suprême étant celui qui refuse de se soumettre
à Dieu, plus grand des souverains : ici, les Sarrasins).
L’Eglise instaure une règle dans la chevalerie : ces valeureux
cavaliers devront mettre leur bras au service des plus faibles,
du peuple ou plus simplement aux causes considérées comme
justes.
Le héros épique est aussi un chevalier doué d'une force
surhumaine, capable d'endurer toutes sortes de souffrances
physiques ou morales. Il méprise la fatigue, la peur et le danger
mais est inexorablement mené face à son destin.
Défaite ou victoire, vie ou mort… Voilà les deux issues
possibles dans les chansons de geste. Les chansons du Cycle de

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Guillaume d’Orange célèbrent avant tout les combats, les
sacrifices et les triomphes des combattants de la chrétienté.
Pendant toutes les années où il est victime sans le savoir du
Destin, le chevalier ne saurait être considéré comme un héros.
Il ne le devient que lorsqu'il a enfin reconnu la Fatalité qui
l'accable et qu'il l'affronte dignement. En ce sens, la lucidité est
inséparable de l'héroïsme. Non pas que le héros soit toujours
responsable de ses actes, mais il n’agi jamais aveuglément.
Pour vivre, le héros n’a pas le choix, il doit mener des
batailles toutes plus périlleuses et sanglantes les unes que les
autres. Mais face à l’ennemi, le sacrifice d’une vie est parfois
nécessaire pour vaincre. La mort est le moment le plus
émouvant du récit et recèle une leçon dictée par la vision
religieuse et féodale de la société : la souffrance et le trépas
sont nobles lorsqu'ils sont subis pour Dieu et le suzerain. Ces
deux thèmes sont omniprésents, surtout à la fin de ces œuvres
épiques. On peut immédiatement penser à Roland et à sa fin
glorieuse lors du retour de son oncle Charlemagne, mais dans
la Chanson de Guillaume aussi, ceux-ci peuvent être
remarqués. Le destin funeste de Girard, Vivien et de nombreux
autres chevaliers ne manque pas d’émouvoir le public, qu’il soit
noble ou non. Les descriptions très détaillées de la mort de ces
protagonistes offrent des moments réalistes tout en gardant
une certaine exagération comme par exemple lorsque Vivien
parvient à se tenir sur ses jambes bien qu’étant dans un état
dramatique.
Ces scènes tragiques nous montrent souvent des hommes
seuls face à leur propre mort. On peut prendre en exemple
Vivien qui, lors de son serment envers Dieu, avait juré de
combattre et de mourir seul si cela devait être nécessaire. Mais,
luttant pour la bonne cause, le héros épique peut mourir l'esprit
tranquille, dans l'espérance d'acquérir une place au paradis (on
peut citer comme référence la mort de Roland dans la Chanson
de Roland mais également celle de la mort de Vivien ou l’on
observe la scène de la communion faite par son oncle).
Nos protagonistes principaux, dans la Chanson de
Guillaume peuvent donc être qualifiés de « héros épiques »,
tant par leurs valeurs que par leurs actes. Cependant, on peut
aussi remarquer que l’héroïsme peut parfois se trouver pris
entre deux lames : l’une plus sombre que l’autre, et ainsi
l’image qui en ressort peut en être modifiée. Ceci se déroule la
majorité du temps au cours du dénouement de l’œuvre.

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L’héroïsme peut de temps en temps impliquer des
choix, des prises de décisions vis-à-vis des chevaliers. Celui-ci
nous montre alors parfois, un nouveau visage, le vrai. Son
image, au détriment de ses compagnons, peut s’en trouver
modifiée, bien que ceci ne se produise pas forcément qu’à cet
instant-là. Il en résulte alors un étonnement, bon ou mauvais,
de la part des personnages autant que du public ou du lecteur.
Les émotions s’en ressentent d’autant plus, nous offrant une
diversité inattendue de celles-ci.
Sur le plan des sentiments, le public se retrouve
pratiquement au même niveau que les personnages eux-
mêmes. En effet, chaque chevalier réagit de manière différente
au vu des situations dans laquelle il se trouve. Nous l’avons
déjà observé avec la mort des héros qui est un des moments
les plus intenses de l’œuvre. Face à la douleur de la perte d’un
proche, les braves se laissent alors aller à des attitudes
contradictoires avec leur physique dur et imposant : les larmes
leur montent aux yeux («Willaume comence a plurer » v.2053,
« Plure Willaume, Guibourc s’est pasmee » v.2408). Ce
sentiment peut être compréhensible par le public au vu de la
situation, mais d’autres attitudes surprennent, choquent
même : la lâcheté, l’abandon des siens peuvent surgir chez
certains personnages pris de peur. C’est par exemple le cas
d’Estourmi et de Thiébaut lorsqu’ils aperçoivent le nombre
d’ennemis à combattre ("« Menbre tei del fuïr ! - Turnez arere,
pensez del renvaïr (…) - Nu frai ja ! », ço li dist Esturmi " v.413-
416). La vengeance fait également parti de cette palette
relativement négative des émotions car elle est contraire aux
valeurs de l’Eglise et va à l’encontre de Dieu lui-même.
Guillaume éprouve lui aussi ce désir au moment où il découvre
son neveu gisant sur le sol. Ces faits sont contrastés par des
visions plus positives comme l’admiration et même la foi que
portent les chevaliers envers les héros ou ceux-ci entre-eux
(« Ci atendruns Willaume mun seignur, car s’il vient, nus
veintrun l’estur » v.485-486) ou bien encore la détermination
dont font preuve nos personnages lors de leurs combats. Ils
sont grièvement blessés mais peu importe, leur cause, leur foi
guident leur bras.

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Malgré tout, l’accueil que réserve leur peuple ou bien leurs
compagnons à nos protagonistes n’est pas forcément digne de
leurs attentes et il leur faut souvent faire leurs preuves.
Les louanges peuvent laisser place à la dévalorisation et
inversement. C’est ce qui passe à de nombreuses reprises dans
la Chanson de Guillaume. En effet, nous pouvons observer cela
avec notre chevalier principal qu’est Guillaume au moment où il
arrive à Laon : celui-ci n’est pas vraiment apprécié par les
courtisans et même par le roi Louis au début et il lui faudra
attendre l’aide d’un des ses autres neveux, Rainaud de Poitiers,
pour regagner son estime. Pour ce qui est de Vivien, il est tout
d’abord dominé dans les combats, mais son courage va lui
apporter une certaine gloire de la part de ses compagnons.
Il est également question, dans cette chanson, d’une
redécouverte des personnages lors de leur face à face avec leur
destin. En effet, les chansons de gestes aiment à cacher
certains aspects intérieurs des personnages pour nous
surprendre. Il s’agit en quelque sorte d’une révélation pour nos
chevaliers. C’est le cas pour Guichard qui, pris par la peur de la
mort, reniera sa croyance en Dieu, ce qui est pour le moins
surprenant en voyant les autres chevaliers qui n’y renonceront
jamais malgré leurs souffrances et leurs peurs. Pour ce qui est
du comte Thiébaut, nous le trouvons ivre (« Tedbald i ert si ivre
que plus n’i poet estre » v.32) et lâche lors de sa fuite avec
Estourmi. Enfin, en ce qui concerne Guiot, son courage nous
laisse sans voix en le voyant combattre vaillamment pour son
frère ainé, Vivien, et ce, malgré son jeune âge (« Par ma fei,
nes, sagement as parlé ; corps as d’enfant e raisun as de ber.
Arof ma mort tei seit mun fé donné. (…) trop par es joefne e de
petit eed » v.1636-1640). Dans ce cas précis, le personnage ne
se distinguera donc pas par sa force mais par sa malice, sa
ruse, sa sagesse et son courage. Le mensonge sera également
une face cachée de Petit Gui et son image en pâtira vis-à-vis de
Guillaume, d’autant plus qu’il l’avouera de vive voix (« Jo sai
mentir » v.1534). Enfin, la figure la plus démarquée de par son
attitude et ses attributs reste tout de même Renouart. Ce
personnage burlesque fait preuve d’une audace et d’un courage
exemplaire malgré son équipement de fortune. On peut donc
faire de lui un héros moderne (du moins pour l’époque).

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Les chansons de geste ne manquent pas de relater
des épopées légendaires héroïques mettant en scène les
exploits guerriers de rois ou de chevaliers, remontant aux
siècles antérieurs. Les exploits extraordinaires des personnages
principaux font corps avec les actes guerriers, thème épique
par excellence. Ceux-ci nous offrent une vision nouvelle de la
chevalerie et sont mis en valeur par les personnages
secondaires qui ont des rôles définis : ami confident, traître,
ennemi, lâche, etc. Ils sont dans le récit pour souligner
davantage l'héroïsme et les vertus du héros principal. Ces
vertus ou ces valeurs héroïques sont susceptibles d'être
constamment révisées. Le héros n'est jamais figé : capable de
secrètes failles, il est toujours susceptible de nous faire
découvrir un autre aspect de lui-même. S’il est souvent le
sauveur de tout un peuple, il est aussi guetté par l'ivresse de sa
puissance et la démesure. Malgré tout, le héros épique est un
homme uniquement voué à sa gloire, à l'honneur, au roi, à Dieu
et à son peuple ; c’est bien l’idéal de la société féodale qui est
en fait mis en scène.
Au vu de tout cela, peut-être pouvons-nous dire que de la
chevalerie et l’héroïsme se dégage un renouveau que tentait de
mettre en avant l’auteur de ce chef-d’œuvre de la littérature.

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