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Situation 2 

: Jacques Cartier et le Saint-Laurent

Problématique : Pourquoi peut-on considérer que les expéditions de Jacques Cartier sont à
l'origine de l'empire français en Amérique du Nord ?

Le futur découvreur du Canada est né à Saint-Malo, au nord de la Bretagne. Un riche mariage l'élève
parmi les notables de la ville et l'abbé du mont Saint-Michel, Jean le Veneur, le présente au roi
François Ier. Celui-ci lui demande de découvrir le mythique passage du Nord-Ouest entre Atlantique et
Pacifique et finance son expédition.

Il quitte Saint-Malo le 20 avril 1534, avec deux navires et 61 hommes, et prend la direction de la
Nouvelle-France. Cette région a été explorée dix ans plus tôt par Verrazano, pour le compte de
l'armateur Jean Ango et du roi de France. Jacques Cartier atteint l'île de Terre-Neuve le 10 mai, après
seulement vingt jours de traversée, et poursuit vers l'ouest. Il arrive à l'entrée de ce qu'il croit être un
détroit (le fameux passage du Nord-Ouest) mais il s'aperçoit bientôt qu'il ne s'agit que d'un golfe,
aussitôt baptisé baie des Chaleurs en raison du climat ambiant. Remontant vers le nord, il découvre
une nouvelle baie et débarque au fond de celle-ci, près d'un village appelé Gaspé, d'un nom indien qui
désigne la fin des terres (la Gaspésie est une région magnifique aujourd'hui très prisée des amateurs
de nature sauvage). L'explorateur fait connaissance à Gaspé avec des Iroquois micmacs. Devant leur
chef Donnacona, il prend possession de la terre environnante au nom du roi de France ! Là-dessus, il
rentre en France avec deux fils du chef auxquels il va enseigner le français afin qu’ils lui servent
d'interprètes pour les voyages suivants.

Le voyage du retour, rapide, ne dure que 21 jours. Le 5 septembre 1534, Jacques Cartier repose le
pied à Saint-Malo et prépare aussitôt une deuxième expédition. C'est ainsi qu'il repart le 19 mai 1535
avec trois navires : la Petite Hermine, l'Émerillon et la Grande Hermine, et les deux fils du chef
Iroquois : Taignoagny et Damagaya. Il atteint le 9 août 1535 l'embouchure du Saint-Laurent, au nord
de la baie de Gaspésie. Bercé d'illusions, il croit une nouvelle fois avoir découvert le passage du Nord-
Ouest mais se rend compte de son erreur en constatant que l'eau s'adoucit à mesure qu'il remonte
vers l'ouest. Il baptise le fleuve d'après le saint du... lendemain, Saint-Laurent. Il baptise aussi le pays
du nom de Canada, d'après un mot indien qui désigne un village. Là-dessus, l'explorateur fait escale
au village indien de Stadaconé, où il retrouve le chef Donnacona. À cet emplacement, Samuel de
Champlain fondera beaucoup plus tard la ville de Québec. Enfin, le 2 octobre 1535, il découvre au
confluent du fleuve Saint Laurent et de la rivière des Outaouais une grande île qu'il baptise
« Monsrealis ». Sur l'île est implanté le village huron d'Hochelaga, entouré de champs de maïs (ou
« blé d'Inde »). À proximité sera fondée un siècle plus tard la ville de Montréal. Jacques Cartier s'en
revient hiverner à Stadaconé et convainc le chef Donnacona de le suivre en France avec ses deux fils
et sept autres compagnons.

Comme tout son entourage, François 1er est déçu par la maigre moisson de l'explorateur. Mais il
savoure la rencontre des dix Indiens. Donnacona lui parle d'un mystérieux royaume de «  Saguenay »,
plein d'or et d'épices. Le roi presse alors Cartier de repartir pour une troisième expépition et, pour
s'assurer de son succès, place à sa tête un courtisan, le sieur Jean-François de La Rocque de
Roberval, nommé lieutenant général. Mais la préparation de l'expédition piétine et Jacques Cartier
part finalement sans attendre son supérieur à l'été 1541. Aucun Indien ne l'accompagne, le chef étant
mort pendant son séjour en France et les autres ayant fait souche sur place ! À Stadaconé, les
Iroquois apprécient modérément l'absence de leurs compatriotes. Toutefois, ils ont bien compris ce
qu'attendent les Français et les approvisionnent en beaux minerais que Cartier pense être de l'or et
des diamants ! Il revient dès l'année suivante en France, après avoir fait édifier le fort de
Charlesbourg-Royal, au confluent du Saint-Laurent et de la rivière du Cap-Rouge. Sur le chemin du
retour, il croise à Terre-Neuve Roberval, qui lui intime l'ordre de rester avec lui. Le Malouin n'en a cure
et poursuit sa route. Quel n'est pas son désappointement, en France, quand on lui révèle que ses
diamants ne sont rien que de la pyrite de fer (« l'or des fous  ») et du quartz ! Sa mésaventure donne
naissance à une expression populaire : «  faux comme des diamants du Canada  ».

NB : le promontoire où s'est établie la ville de Québec, sur le Saint-Laurent, a pris vers 1660 le nom
de «  cap des diamants  » du fait de l'abondance de quartz à cet endroit.
Déçus par les résultats des trois expéditions, l'absence de métaux précieux et l'impossibilité de
cultures spéculatives, le roi et la Cour vont dès lors se détourner des aventures coloniales. Jacques
Cartier se retire quant à lui dans son manoir de Limoëlon, près de Saint-Malo. Le sieur de Roberval
est rappelé au bout de quelques mois et il faudra attendre Samuel de Champlain pour que soit
relancée la colonisation de la Nouvelle-France.

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