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La motivation
en contexte
scolaire
Rolland Viau
2eédition
de boeck
Collection dirigée par Jean-Marie DE KETELE et Antoine ROOSEN.
fous ceux qui, déjà dotés d’une bonne formation théorique, sont amenés à travailler sur le terrain :
formateurs, formateurs de formateurs, chercheurs dans l'action, décideurs,...
vont trouver ici des ouvrages qui ne décrivent pas seulement de nouvelles pratiques
ou de nouveaux outils, mais qui en exposent aussi les fondements.
Pratiques pédagogigi
La motivation
en contexte
scolaire
2e édition
uprrvM on éditoriale
dvlr ( li.tplf.iu
IvKlon linguistique
nm.inut'l Dalmencsche
ïrrectlon d ’épreuves
.illialle Houilurd
tmandcs de droits
tant.il Hordelcau
rcction artistique
Mène ( ouslneau
iprrvlslon de la production
litlrl Normand
mcnptlon graphique
u llii ircmlrlay
in*. i cl ouvrage, le générique masculin est utilisé sans aucune discrimination
uniquement pour alléger le texte.
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spécialisation, consultez notre site web: www.deboeck.com
it Interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie)
I lellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données
le le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
aimé au Canada
iiM légal:
lothéque Nationale, Paris:juin 2009 ISSN 0778-0451
lothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2009/0074/378 ISBN 978-2-8041-1148-9
I SC* C103567
Profitant d'un séjour à Paris, je me suis réfugié dans la très belle biblio
thèque Mazarine du XVIIe siècle pour écrire l'avant-propos de cet ouvrage.
Ce n'est pas un hasard si j'ai décidé de l'écrire entouré de boiseries, de
livres et de manuscrits dont certains datent du XIIe siècle. Ce contexte
témoigne de mon amour pour les livres et de ma grande crainte que même
les éducateurs ne prennent plus le temps, dans le futur, de lire un ouvrage
en entier. Espérons que l'avenir me donnera tort.
Rolland Viau
Paris, octobre 2008
rolland.viau@usherbrooke.ca
AVANT-PROPOS....................................................................................... V
INTRODUCTION....................................................................................... 1
CONCLUSION........................................................................................... 183
AVANT-PROPOS....................................................................................... V
SOMMAIRE............................................................................................... VII
INTRODUCTION....................................................................................... 1
1. Le cadre de référence........................................................................ 11
1 .1 L a d y n a m i q u e m o t i v a t i o n n e l l e d e l ' é l è v e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1 .2 L e s f a c t e u r s e x t e r n e s q u i in f lu e n t s u r la d y n a m iq u e m o t i v a t i o n n e l l e ...... 14
C o n c l u s i o n .............................. ..................................................................................... 19
3 . Le s p r a t iq u e s é v a l u a t iv e s ..............................................................................153
3.1 Les objets d'évaluation..................................................................................... 154
3.2 Les critères d'évaluatio n .................................................................................... 154
3.3 Les instruments d'évaluation........................................................................... 154
3.4 La fréquence d'éva lu a tio n ................................................................................ 155
3.5 Les commentaires aux élèves........................................................................... 155
Résumé et grille d'auto-observation sur les pratiques évaluatives.......... 159
4 . L e c l im a t d e la c la s s e ........................................................... 160
4.1 La sécurité............................................................................................................ 161
4.2 Le sentiment d'appartenance.............................................................................161
4.3 La collaboration....................................................................................................162
4.4 Le respect, malgré les différences in d ivid u e lle s............................................. 163
Résumé et grille d'auto-observation sur le climat de la classe..................164
5 . L e s r é c o m p e n s e s e t le s s a n c t io n s ............................................................ 165
5.1 Le débat sur l'effet des récompenses sur la m otivation intrinsèque.......165
Résumé et grille d'auto-observation sur les récompenses
et les sanctions........................................................................................... 169
Conclusion........................................................................................................................170
C onclusion...................................................................................................................... 181
CONCLUSION............................................................................................. 183
RÉFÉRENCES.............................................................................................. 197
IN D E X ..........................................................................................................211
’ r~" trv n
u n i
Bien des enseignants rêvent d'avoir des classes dans lesquelles les élèves
seraient spontanément avides de connaissances, passionnés par la matière
et prêts à aller au-delà des exigences scolaires. Malheureusement, leur
rêve devient rarement réalité. Ils sont plutôt confrontés à un nombre crois
sant d'élèves qui sont peu motivés à accomplir les activités pédagogiques
qui leur sont proposées et ne font que le minimum requis pour «passer».
Certes, il existe encore des élèves motivés et la démotivation n'est pas un
phénomène nouveau, mais elle a pris des proportions si inquiétantes depuis
quelques années que certains enseignants en viennent à la conclusion que
les jeunes d'aujourd'hui ont tout simplement perdu le goût d'apprendre.
Comme nous l'avons souligné plus tôt, la première partie aidera l'ensei
gnant à mieux comprendre la dynamique motivationnelle qui anime ses
élèves. Il constatera ainsi que, même si c'est un phénomène qui leur est
intrinsèque, il peut la favoriser en intervenant sur des facteurs externes sur
lesquels il a du pouvoir. La deuxième partie lui suggérera une démarche
d'intervention ainsi que des outils pour le faire. De la sorte, il pourra
prendre du recul par rapport à ses interventions actuelles et, au besoin,
les repenser à la lumière de ce qui lui est proposé dans cet ouvrage.
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1. Le cadre de référence
2. Des exemples de dynamique motivationnelle
3. Les avantages et les limites du cadre de référence
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Solon un principe bien établi on éducation, ni l'on vont quo Ion élèves n'y
rotrouvont dans la matiôro qu'on lour onsoigno, il faut tour on donnor uno
vue d'ensemble avant d'entrer dans les détails. Tel est le but do co cha
pitre: faire un tour d'horizon du cadre de référence1privilégié dans cet
ouvrage. L'étude approfondie de ses composantes suivra aux chapitres
2 et 3.
1. Plutôt que les termes «théorie» ou «modèle», nous préférons utiliser l'expression «cadre
de référence», car elle traduit mieux notre propos: offrir aux enseignants un cadre de travail
sur lequel ils peuvent s'appuyer pour intervenir.
LE CADRE DE RÉFÉRENCE
Toi qu'illustré dans la figure 1.1 le cadre de référence comprend la dyna
mique motivationnelle d'un élève en contexte d'apprentissage scolaire
ainsi que les facteurs externes qui influent sur cette dynamique.
Facteurs relatifs
à la classe
♦
Facteurs relatifs à la vie DYNAMIQUE Facteurs relatifs
personnelle de l'élève MOTIVATIONNELLE à l'école
!
Facteurs relatifs
à la société
2. Pour une étude de toutes les théories sur la motivation dans tous les domaines de l'activité
humaine, on se référera à l'ouvrage de Vallerand et Thill (1993). Destiné d'abord aux chercheurs
en psychologie, cet ouvrage dresse un tableau complet des différentes théories de la motivation
et de leurs domaines d'application.
classe doit s'appuyer sur une définition plus pratique de la motivation à
apprendre en milieu scolaire. Cette motivation, nous la nommons dyna
mique motivationnelle et nous la définissons comme suit:
Un phénomène qui tire sa source dans des perceptions que l'élève a de
lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu'il choi
sit de s'engager à accomplir l'activité pédagogique qu'on lui propose et
de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d'apprendre
(Viau, 1999, 1994).
La figure 1.2 est, si l'on peut dire, un gros plan de cette dynamique
motivationnelle. C'est comme si elle avait été extraite de la figure 1.1 et
examinée au microscope pour mieux en discerner les ingrédients. Ceux-ci
sont au nombre de six. En soi, l'activité pédagogique n'est pas une compo
sante de la dynamique motivationnelle de l'élève, puisqu'elle ne lui est pas
intrinsèque. Toutefois, elle est un facteur externe qui déclenche ou initie
la dynamique motivationnelle. C'est pour cette raison que nous l'avons
insérée dans le schéma.
Ces trois sources agissent sur trois composantes que nous appelons
manifestations3. Ainsi, un élève dont les trois perceptions sont élevées
a) s'engage sur le plan cognitif dans l'activité qui lui est proposée, b) persé
vère dans son accomplissement4 et c) accomplit les apprentissages désirés5.
3. Dans notre ouvrage de 1994, les manifestations étaient appelées « indicateurs » et dans celui
de 1999, « conséquences ». Même si ces trois termes comportent de petites différences sur
le plan de la recherche, on peut, dans ce cas-ci, les considérer comme synonymes.
4. Si l'on examine le modèle présenté dans l'ouvrage de 1994, on constatera que l'engagement
et la persévérance étaient précédés d'une autre manifestation : le choix. Nous avions ajouté
ce terme pour signifier que l'élève faisait le choix de s'engager et de persévérer. Comme dans
notre ouvrage de 1999, nous avons préféré id ne pas en tenir compte, car il nous paraît évident
que, si l'élève s'engage et persévère, il en a fait le choix auparavant.
5. Nous avons utilisé le terme «performance» dans l'ouvrage de 1994 et le terme «rendement»
dans celui de 1999. Plusieurs lecteurs ayant compris ces termes dans un sens uniquement
quantitatif, nous avons préféré utiliser le terme «apprentissage» dans cet ouvrage. Nous
voulons ainsi bien souligner le fait que le cadre de référence proposé porte sur la motivation
à apprendre, et pas seulement sur une motivation à être performant, c'est-à-dire à avoir de
bonnes notes ou à être dans les meilleurs de sa classe.
1.1 dynamique molivalionncllc csl un phénomène intrinsèque è l'élève
et elle est cœur de notre cadre de référence, mais, si Ton retourne à la
figure 1.1, on constate qu'elle est influencée par des facteurs externes que
nous avons regroupés en catégories. Examinons-les rapidement.
Figure 1.3 Les facteurs qui influent sur la dynamique motivationnelle de l'élève
Ÿ Facteurs relatifs
Facteurs relatifs à la vie DYNAMIQUE à l'école
personnelle de l'élève MOTIVATIONNELLE règlements/
famille/amis/travail d'appoint/etc. DE L’ÉLÈVE horaires/activités
^ extrascolaires/etc.
Les enseignants savent bien qu'ils ont peù de contrôle sur certains
facteurs: les facteurs relatifs à la vie personnelle de l'élève, à la société et à
l'école. Mais dans quelle mesure ces facteurs influent-ils sur la dynamique
motivationnelle de leurs élèves? On peut difficilement répondre à cette
question, car cela dépend de la situation particulière de chaque élève. Par
exemple, la dynamique motivationnelle d'un élève sera tout particuliè
rement influencée par la situation familiale difficile qu'il vit et dont il ne
peut faire abstraction, alors que la dynamique motivationnelle d'un autre
élève sera avant tout affectée par l'atmosphère qui règne dans l'école. Même
si nous ne sommes pas en mesure de déterminer le degré d'influence de
ces facteurs, il n'en demeure pas moins important de les prendre en consi
dération, ne serait-ce que pour noter que les enseignants ne sont pas les
seuls iVNpoMhtiMt'h (li* l.i moliv.ilion dos élèves. D'autres acteurs lois que los
parents ol les directeurs d'établissements scolaires jouent également un rôle.
Même s'ils sont fictifs, ces deux scénarios montrent qu'une même acti
vité pédagogique peut engendrer des dynamiques motivationnelles diffé
rentes chez un élève. Lorsqu'il réagit de façon positive à une activité, il est
question d'une dynamique fonctionnelle, car ses perceptions l'amènent
à s'engager et à persévérer pour atteindre les apprentissages souhaités.
Lorsqu'il réagit de façon négative, il est plutôt question d'une dynamique
dysfonctionnelle : ses perceptions influent négativement sur sa motivation
et le conduisent à ne pas s'engager comme il se doit ni à persévérer. Il
s'ensuit généralement un apprentissage décevant qui se traduit souvent
par un échec.
I iCNêlêvi'n «|i11 honl ttnlmèn p.»r mu* dyn.imiqtK.* motiv.Wionndlo dys-
fondionnrlU' «U*vtcm u*t i! souvent amorphes en classe. Certes, ils sont pré
sents, mais Ils lont généralement le minimum de ce qu'on leur demande
pour éviter «d'être dans le trouble». Ils ne démontrent aucun enthou
siasme et aucun intérêt à accomplir les activités qu'on leur propose. Leurs
enseignants ont l'impression qu'ils sont «dans la lune» en train d'attendre
que la cloche sonne la fin du cours6.
Examinons un dernier exemple, portant cette fois sur un élève qui doit
résoudre des problèmes de physique.
Paul accorde de l'importance (perception de la valeur) à l'activité pédago
gique qui consiste à résoudre des problèmes de physique, car il aspire à
devenir ingénieur en aéronautique. Lorsqu'il lit l'énoncé des problèmes, il
sait qu'il est capable (perception de compétence) de les résoudre, car il se sent
bon en physique. Cette confiance en sa compétence vient du fait qu'il sait
que ses succès dans cette matière sont dus à ses connaissances dans toutes
les sciences, tout particulièrement en mathématiques. Lorsqu'il ne par
vient pas à résoudre un problème, Paul s'interroge toujours sur la façon
dont il a procédé et sur les efforts qu'il a fournis, car il estime que les échecs
dans la vie sont dus, en général, au fait que l'on ne sait pas comment s'y
prendre ou que l'on ne persévère pas assez. D'ailleurs, c'est pour cette
raison qu'il se considère de plus en plus responsable de ses apprentis
sages (perception de contrôlabilité) et désire en être le maître d'œuvre.
L'opinion positive qu'il a de la physique et des activités qui s'y rattachent
le motive. Sa motivation se manifeste par sa persévérance à résoudre les
problèmes qu'on lui soumet, mais également par son engagement cogni
tif. Son engagement se traduit par l'utilisation qu'il fait de stratégies
d'apprentissage et d'autorégulation. En fait, Paul connaît et utilise plu
sieurs stratégies d'apprentissage, comme celles qui consistent à lire deux
fois un problème avant de commencer à le faire, à se demander quelles
lois ou règles de physique utiliser, à refaire certains calculs pour s'assurer
que la réponse est exacte, etc. Quant aux stratégies d'autorégulation, elles
lui permettent de prendre du recul par rapport à ce qu'il fait et de s'ajus
ter constamment pour arriver au but qu'il s'est fixé.
Le fait de persévérer et de s'engager pour résoudre les problèmes qu'on
lui propose débouche sur des apprentissages significatifs qui sont à la
hauteur de ses aspirations. Ainsi, les succès qu'il obtient viennent confir
mer les perceptions positives qu'il entretient à l'égard des problèmes qui
lui sont soumis en physique.
6. Il est important id de bien distinguer les élèves qui sont amorphes parce qu'ils sont démotivés
des élèves qui souffrent de déficit d'attention. Ces derniers peuvent être vus par leurs
enseignants comme des élèves souvent distraits, mais cela n'est pas nécessairement dû
à une dynamique motivationnelle dysfonctionnelle.
Il est possible pour un enseignant il»* dresser le port rail de la dyna
mique motivationnelle d'un élève tel que Paul. Pour y arriver, il peut uti
liser des techniques comme l'observation, l'entrevue ou le questionnaire.
Ces techniques, dont nous donnerons des exemples au chapitre 4, sont
utiles à un enseignant qui désire mieux connaître les forces et les faiblesses
de ses élèves sur le plan motivationnel.
Ce chapitre avait pour but de donner une vue globale du cadre de référence
sur lequel seront fondées les interventions proposées dans la deuxième
partie de cet ouvrage. Résumons les principaux points qui ont été abordés.
La dynamique
motivationnelle de l’élève
LU
1. Les sources de la dynamique
motivationnelle Cüi
O
LD
Dans les écrits scientifiques sur la motivation, il existe plusieurs défini
tions de ce concept sans pour autant que l'on s'on soucie, comme le
déplorent certains chercheurs (Elliot et Dweck, 2005; Wigfield et Eccles,
2002a; Brophy, 2004; Schunk, 2000). À ce constat, nous sommes tenté
d'ajouter qu'un certain nombre de chercheurs ne prennent pas la peine
de définir les composantes motivationnelles sur lesquelles ils travaillent
lorsqu'ils rendent compte de leurs travaux. Certes, ils décrivent avec
toute la précision nécessaire les résultats qu'ils obtiennent, mais ils se
préoccupent peu de définir les variables étudiées et semblent tenir pour
acquis que le lecteur sait très bien de quoi il s'agit.
Les perceptions sont les jugements qu'une personne porte sur les évé
nements, les autres et elle-même. Elles sont constituées à la fois d'un pro
cessus et de connaissances. En effet, nous sommes constamment en train
d'interpréter ce qui nous arrive. Ce processus, souvent inconscient, génère
un savoir que notre mémoire emmagasine et qui, au fil du temps, nous
amène à créer notre propre image du monde et de nous-même.
Figure2.1 In <lynmnl<|ii«> motivationnelle de l’élève
SOURCES MANIFESTATIONS
Perceptions:
de la valeur de l'activité
Pourquoi ferais-je Engagement
ce qu'on me demande ? cognitif ~II
ACTIVITÉ - < ------> • Apprentissage
de sa compétence
PÉDAGOGIQUE
Suis-je capable de réussir? 1
Persévérance r- 1
de contrôlabilité
A i-je mon m ot à dire
sur le déroulem ent?
~ I
Ces questions que les élèves posent souvent à leur enseignant traduisent
bien le peu de valeur qu'ils accordent aux activités pédagogiques qui leur
sont proposées.
1.1.1 DÉFINITION
La perception de la valeur d'une activité se définit comme le jugement
qu'un élève porte sur l'intérêt et l'utilité de cette dernière, et ce, en fonc
tion des buts qu'il poursuit (Viau, 1999,1994). Ainsi, un élève accorde de
la valeur à une activité pédagogique s'il en perçoit l'intérêt ou l'utilité.
S'il n'y voit aucun intérêt ni utilité, il est fort probable qu'il lui accorde peu
de valeur et qu'il soit par conséquent démotivé. Dans une classe de sciences,
par exemple, un élève accordera de la valeur aux activités menées en labo
ratoire s'il considère qu'elles sont intéressantes à accomplir ou s'il juge
qu'elles lui permettent d'acquérir des habiletés qui lui seront utiles un
jour, car il veut devenir chimiste. Par contre, un élève qui se demande
pourquoi il passerait des heures en labo à faire des expérimentations, qui
ont déjà été faites par d'autres élèves, ne voit vraisemblablement pas l'uti
lité des activités de laboratoire et, par conséquent, leur accordera peu
de valeur.
7. Le lecteur qui désire étudier en profondeur les perceptions de soi générales pourra consulter la
recension d'écrits de Harter (2006). Pour en savoir davantage sur le développement des percep
tions de soi chez l'enfant et l'adolescent, voir The Construction o f the S e lf (Harter, 1999).
Alin ili* bien wdhlr II* »nm cpl de perception do l.i valeur d'une acti
vité il Impolie ilonc do n'allurdor â deux de ses dimensions: l'intérêt et
l'ulililé, Plus loin, nous examinerons les buts que l'élève poursuit et qui
sont â l'origine de la perception de la valeur d'une activité.
Cette piste de réflexion est pertinente, mais nous n'avons pas jugé
opportun de la retenir, car le concept avancé par Delannoy fait référence
à la valeur symbolique des savoirs et à leur importance comme facteur
d'intégration sociale. Donc, nous ne tiendrons pas compte du propos de
Delannoy, car, rappelons-le, nous considérons dans notre modèle la valeur
sous l'angle d'une estimation que l'élève fait d'une activité pédagogique.
Pour bien comprendre l'importance des buts poursuivis par les élèves,
il convient de faire la distinction entre les buts sociaux, les buts scolaires
et les buts éloignés de l'élève, que l'on nomme «perspective future».
U S HU IS S O C IA U X
9. Au Québec, un élève «bollé» est un élève qui est brillant aux yeux de ses camarades et fait partie
des meilleurs de sa classe. Généralement, ce terme a une connotation péjorative.
conn.uss.muvi H l«*n I u t l » l q u ' e l l e lui permet d'acquérir. Par contre, un
élève a des bulu de perlormanee s'il vise à obtenir une bonne note, à être le
premier de sa classe ou à recevoir des félicitations lui permettant de démon
trer à ses camarades et à ses enseignants ce qu'il sait ou ce qu'il est capable
de faire (Dweck, 1986; Nicholls, 1984). Les buts de performance aident à
comprendre pourquoi les activités qui ne sont pas notées sont peu utiles
aux yeux de certains élèves. En fait, ces derniers en viennent à juger la valeur
d'une activité pédagogique en fonction de la performance qu'ils peuvent
afficher plutôt que de l'apprentissage qu'elle leur permet de faire.
Les recherches menées sur ces deux types de buts ont démontré que
plus les buts d'apprentissage d'un élève sont nombreux, plus cet élève
est motivé (Dweck, 1989). Pour autant, les buts de performance nuisent-il
à la motivation ? Dans le passé, plusieurs chercheurs le pensaient, même si
les résultats de leurs recherches étaient ambivalents. En fait, avoir des buts
de performance suscitait parfois de la motivation, parfois de la démotivation.
10. Pour un bon résumé de l'évolution du concept de perspective future et de sa relation avec
d'autres concepts motivationnels, voir Husman et Lens (1999).
Noiin tin <li.ipitiv 5 1rs dilïéivnlos conditions auxquelles
doit répondre une m llvilé pour que les élèves la jugent intéressante ou
utile et, par conséquent, pour qu'elle puisse susciter leur motivation. Pour
l'instant, examinons les principaux résultats des recherches consacrées à
la perception de la valeur d'une activité.
Dans leurs nombreuses études, ces chercheurs ont démontré que les
attentes de succès de l'élève et la valeur qu'il accorde à une activité péda
gogique sont de bons prédicteurs d'une dynamique motivationnelle fonc
tionnelle, c'est-à-dire une dynamique dans laquelle l'élève choisit de
s'investir et de persévérer dans une activité, et par conséquent de réussir
comme il le souhaite. Nous reviendrons sur le concept d'« attente de
succès » lorsque nous définirons la perception de compétence, mais, pour
l'instant, il importe de souligner que la valeur que l'élève accorde à une
activité a un effet non seulement sur son apprentissage final, mais aussi
sur le choix qu'il fait de s'engager et de persévérer dans l'accomplissement
d'une activité. Les travaux des chercheurs ont également démontré que la
motivation des élèves du primaire déclinait lorsqu'ils arrivaient au secon
daire. Cette diminution est particulière forte chez les élèves qui ont des
difficultés d'apprentissage (Wigfield et al., 2006).
Dans une étude que nous avons menée auprès d'élèves du primaire et
du secondaire, nous nous sommes interrogé sur la valeur qu'ils accordaient
à trois types d'activités qui leur étaient proposés dans les cours de français:
la lecture, l'écriture et l'expression orale (Viau, 1998). Les résultats obtenus
montrent que les élèves de tous les niveaux ne valorisent pas ces activités
de la même façon: la lecture est l'activité la plus valorisée par les élèves,
et l'expression orale, la moins valorisée. Nous avons également constaté
que les élèves des deuxième, troisième et quatrième années de secondaire111
11. Au Québec, l'éducation secondaire est divisée en cinq niveaux qui durent chacun un an (pre
mière année, deuxième année, etc., la cinquième année correspondant à la classe de première
en France). Les élèves ont typiquement de 12 à 17 ans. Les études post-secondaires (niveau
«collégial») sont divisées en deux filières: éducation préuniversitaire (deux ans) et éducation
technique (trois ans).
valorisent moins les .u livilés d'écriliiiv et d'expression onde que leurs
camarades du primaire et de cinquième année de secondaire. Plusieurs
facteurs influent sur la baisse de la valeur que les élèves accordent à ces
activités, qu'il serait trop long d'énumérer et de discuter ici. Ces résultats
globaux montrent cependant aux enseignants que les élèves accordent une
valeur différente à chaque activité qu'ils leur proposent et que cette valeur
change au fil des années.
Nous avons également constaté cette tendance dans une de nos enquêtes
menées auprès de 1 082 étudiants inscrits en formation des maîtres (Viau,
Joly et Bédard, 2004). Les résultats démontrent que l'apprentissage par
projet et les études de cas sont les activités pédagogiques qui sont per
çues par les étudiants comme les plus utiles. L'utilité qu'ils accordent à
ces deux activités peut s'expliquer par le fait qu'elles sont plus contex
tualisées et plus authentiques à leurs yeux, c'est-à-dire qu'elles leur pro
posent un contexte de travail qui ressemble à celui auquel ils seront
confrontés dans l'exercice de leur future profession.
1. Pour que l'élève perçoive la valeur d'une activité, il faut qu'il ait
des buts scolaires.
Un élève ne peut se contenter d'avoir des buts sociaux à l'école. Si
c'est malheureusement le cas, il faut lui proposer des activités péda
gogiques stimulantes et signifiantes qui sauront l'amener à se donner
des buts scolaires.
12. Pour en savoir plus sur la perception de la valeur, voir le modèle de motivation d'Eccles et ses
collègues présenté dans un texte rédigé en anglais par Wigfield et al. (2006).
è l.i mollvtillnn, Mtih, pour que des Imls de performance militent do
façon positive sur la dynamique motivationnelle de l'élève, il faut
qu'ils soient accompagnes de buts d'apprentissage. L'enseignant doit
s'assurer que les élèves n'oublient jamais que l'école est un lieu où
l'on apprend et qu'apprendre, c'est intéressant et utile.
Pour certains de ces élèves, la raison est simple : ils doutent de leur
capacité à faire ce qu'on leur demande. Des commentaires tels que «Pour
lui, c'est facile de résoudre les problèmes de math, mais moi, je ne vaux
rien » ou «J'ai beau essayer, je n'arrive pas à comprendre » traduisent bien
la perception négative que certains élèves ont de leur compétence à
accomplir des activités pédagogiques qu'on leur propose.
1.2.1 DÉFINITION
Bandura donne la définition suivante de la perception13 de compétence (self
efficacy)14: «croyance de l'individu en sa capacité d'organiser et d'exécuter
13. Certains auteurs francophones utilisent le terme «croyance» plutôt que «perception». Il existe de
petites différences sémantiques entre ces deux termes, mais, pour ne pas entrer dans un débat
sans fin, nous pouvons considérer ces deux termes comme synonymes. Comme plusieurs auteurs
(Bouffard et Vezeau, 2006; Brophy, 2004), nous utilisons le terme «perception».
14. Plusieurs auteurs francophones ont traduit self-efficacy par «sentiment d'efficacité personnelle».
C'est d'ailleurs cette expression que Lecomte utilise dans sa traduction de l'ouvrage d'Albert
Bandura (2003), A uto-efficacité, le sentim ent d'efficacité personnelle.
la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités»
(Bandura, 2003: p. 12). Les chercheurs qui œuvrent dans le domaine de
la motivation scolaire ont senti le besoin d'adapter cette définition. La
majorité d'entre eux s'entendraient sur une définition générale telle que
celle-ci: la perception de sa compétence est le jugement que l'élève porte
sur sa capacité à réussir dans un domaine d'activités liées à une matière
ou dans une activité pédagogique particulière (Pajares, 2008; Bouffard et
Ve/.eau, 2006; Galand, 2006; Schunk et Pajares, 2002). Dans notre modèle
de la dynamique motivationnelle, le concept de perception de sa compé
tence se limite à un jugement sur une activité pédagogique particulière. Notre
définition se formule donc ainsi: la perception qu'a l'élève de sa compé
tence est le jugement qu'il porte sur sa capacité à réussir de manière adé
quate une activité pédagogique qui lui est proposée.
15. Pour en savoir davantage sur le niveau auquel la perception de compétence doit être étudiée,
voir Bandura (2003 : p. 78-87). Cet ouvrage a été traduit en français par Jacques Lecomte.
devionnenl mpltli'ini'hl pimr lui des points du réféivna* .ni regard des
quels il j11j.*,»•s'il es! capable de l'accomplir.
Les états physiologiques (p. ex. chaleur, frissons) et émotifs (p. ex. peur,
déception) sont également une source de la perception qu'un élève a de
sa compétence. S'il constate qu'il demeure calme avant un examen et
garde tout son sang-froid, il se dira qu'il maîtrise la situation et réussira
comme il le souhaite. Par contre, s'il réagit nerveusement ou se met sou
dain à transpirer en passant un examen, il risque d'interpréter ses états
physiologiques et émotifs comme une incapacité à réussir ce qu'on lui
demande de faire. Tout enseignant a vu un jour ou l'autre un élève « pani
quer » à la perspective d'accomplir une activité devant ses camarades. Cet
état de panique ne l'a sûrement pas aidé à se percevoir capable de relever
le défi qui lui était proposé.
• plus il choisit des activités qui suscitent chez lui un défi et lui donnent
l'occasion de faire des apprentissages complexes;
• plus il se fixe des objectifs élevés ;
• plus il régule ses efforts ;
• plus il persévère ;
• mieux il gère son stress et son anxiété ; et par conséquent, meilleures
sont ses performances.
16. Au Québec, l'éducation primaire comporte six années (première année, deuxième année, etc.).
Après la sixième année de primaire, les élèves passent en première année de secondaire.
r niveau. Los résultats inclii|uont également c|tu* c'est la perception cjut* les
élèves ont de leur compétence en expression orale qui diminue le plus.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette baisse. La peur d'être la risée de
la classe est une hypothèse que l'on peut formuler: l'adolescence est en effet
une étape de la vie où l'image que l'on a de soi est fragile et grandement
r
influencée par l'opinion des camarades. A cet âge, on est plus sensible aux
critiques de ses camarades et on doute souvent de ses propres jugements.
Sur le plan des influences sociales, Dweck (1989) constate que les parents
jouent un rôle majeur dans la construction de la perception de compétence
chez l'enfant qui commence sa scolarité. Phillips et Zimmerman (1990)
précisent que le jugement que les parents portent sur leur enfant a plus
d'influence sur lui que ses propres performances en classe. En pratique,
ivlii siy»nilio qtiVn première «innée de primaire l'enfant se fonde plus sur 1
le jugement de ses parents que sur ses succès ou ses échecs en classe pour
juger de sa compétence à réussir. L'étude de Bouffard et Bordereau (2002)
va dans le même sens. Menée auprès de 204 élèves de première année de
primaire (soit une moyenne d'âge de 7 ans environ), elle démontre que
plus les enfants pensent que leurs parents les trouvent compétents à lire,
plus ils se perçoivent capables de réussir les activités de lecture en classe.
Les chercheures en arrivent à la conclusion que «la sensibilité du parent au
potentiel de l'enfant, l'utilisation de feed-back informatifs et renforçants,
et l'évitement de pratiques de commentaires pouvant nuire à sa confiance
dans ses capacités [...] contribuent à l'établissement chez l'enfant d'une
perception positive de ses compétences» (Bouffard et Bordeleau, 2002:
p. 200). Il est important de préciser, comme le remarquent ces chercheures,
que c'est l'interprétation que les enfants font du jugement des parents qui
forme leur perception de compétence. Il se peut donc que le jugement du
parent soit positif, tout en étant perçu comme négatif par l'élève.
17. Un numéro spécial de la revue Savoirs, revue internationale d e recherches en éducation et form ation
des adultes a été publié en 2004 sur l'œuvre d'Albert Bandura, à qui l'on doit la théorie sur
la perception de compétence. Ce hors-série intitulé A utour d e l'œuvre d e Bandura donne une
bonne vue d'ensemble des travaux menés sur cette perception. Pour approfondir le concept
de perception de compétence, voir également l'ouvrage de Bandura (2003), traduit en français
par Jacques Lecomte.
«ulivilé.s H Irh |•i«ilii|tii'h l'vtiliMlIvcM tirs enseignants favorisent la p m rp -
tion île eoinpêleni e J e l'élève. Tour l'instant, dégageons quatre grands
principes qui doivent orienter les interventions de l'enseignant.
1.3.1 DÉFINITION
Nous définissons la perception de contrôlabilité en milieu scolaire comme
le degré de contrôle qu'un élève croit exercer sur le déroulement d'une
activité (Viau, 1994). Notre définition rejoint celle de Wigfield et Wentzel
(2007 : p. 191), selon laquelle la perception de contrôlabilité chez les élèves
consiste en leur croyance « qu'ils sont en charge et ont une autonomie sur
,iu moins m illion iPi|nrls do lotir apprentissage». Ainsi, on dira t|u'un
élève a lino perception do contrôlabilité élevée s'il juge qu'il a son mot à
dire sur la façon dont se déroule l'activité pédagogique qui lui est pro
posée. À l'inverse, sa perception de contrôlabilité sera faible s'il se dit que
tout est décidé par son professeur et qu'il n'a pas son mot à dire.
Dans cet exemple, tous les aspects de l'activité sont décidés et contrô
lés par l'enseignant. La teneur de certains de ces aspects aurait pu être
déléguée aux élèves ou faire l'objet d'une discussion entre l'enseignant
et les élèves. Par exemple, l'enseignant aurait pu être ouvert à discuter des
ressources documentaires et accepter l'idée d'une recherche d'informa
tions dans Internet. Il aurait également pu déléguer à ses élèves la respon
sabilité de décider de la façon de présenter le travail final ou du nombre
de membres que doit compter chaque équipe.
Une foule d'éléments peuvent faire l'objet d'un choix par les élèves.
Le défi pour l'enseignant est de savoir a) ce qui relève de sa responsabi
lité, b) ce qu'il peut déléguer et c) ce qu'il accepte de négocier avec ses
élèves. De plus, comme on le verra dans la rubrique sur l'état actuel de
la recherche, il est important que l'enseignant offre à ses élèves des choix
pertinents, c'est-à-dire qui concordent avec leurs valeurs et leurs centres
d'intérêt. Par exemple, offrir aux élèves la possibilité de choisir le livre
qu'ils devront lire aura peu d'effet sur leur perception de contrôlabilité
si les quatre livres proposés ne présentent aucun intérêt pour eux. Il serait
plus pertinent de limiter le choix à deux livres qui les intéressent.
Est-ce à dire que les élèves ne se demandent pas à quoi sont dus leurs
échecs et leurs succès? Certes non, les attributions causales demeurent
une théorie motivationnelle importante. Si nous avons préféré ne pas en
tenir compte en limitant la perception de contrôlabilité à un jugement sur
le déroulement d'une activité, c'est que notre modèle de la dynamique
motivationnelle porte essentiellement sur la manière dont l'élève aborde
une activité pédagogique et sur la façon dont il perçoit son déroulement.
18. Pour en savoir davantage sur la théorie des attributions causales, voir l'annexe I.
Or, 1rs «tiltIIuilli»i«itiisitlrs pnrlenl sur des événements passés. Nous
sommes p« m(«>«'t penser qu'elles seraient un déterminant importante! inté
grer dans un modèle dans lequel on tiendrait compte de l'histoire scolaire
de l'éléve pour expliquer sa motivation à réussir dans une matière donnée
ou dans un programme d'étude.
Pour expliquer les raisons qui amènent les élèves à souhaiter être
motivés intrinsèquement, Ryan et Deci évoquent trois besoins à combler
chez l'humain: le besoin d'autonomie, le besoin de se sentir compétent
et le besoin d'affiliation (relatedness)19. À notre avis, c'est le besoin d'auto
nomie qui est le plus relié à la perception de contrôlabilité telle que nous
l'avons définie. Dans la théorie de Deci et Ryan, le besoin d'autonomie
consiste, comme le souligne Bourgeois (2006 : p. 237), en un besoin « de
penser que l'on est l'agent de son propre comportement, que l'on a la
capacité de contrôle sur ce que l'on fait, que l'on agit de son plein gré,
de façon "autodéterminée" [...], et non sous la pression d'une contrainte,
d'une injonction ou d'un contrôle extérieur». C'est au regard de ce besoin
d'autonomie que l'élève juge si l'activité pédagogique qu'on lui propose
lui laisse la marge de manœuvre qu'il désire. Au risque de nous répéter,
un élève souhaite rarement une entière liberté d'action. Il souhaite des
balises dans les limites desquelles il peut naviguer à sa guise. Notons éga
lement que le degré de liberté souhaité n'est pas le même pour tous.
Certains voudront plus de balises que d'autres. Voilà pourquoi répondre
adéquatement au besoin d'autonomie de chaque élève est un réel défi
pour l'enseignant.
Depuis le début des années 2000, certains chercheurs ont constaté que
les choix offerts aux élèves n'ont pas tous le même effet. Par exemple,
Flowerday et ses collègues ont démontré qu'offrir la possibilité à des étu
diants de rédiger un essai sur le thème de leur choix n'a pas eu d'effet
positif sur la qualité de leur travail (Flowerday, Schraw et Stevens, 2004).
Dans une autre étude, les mêmes chercheurs ont utilisé la même procé
dure d'expérimentation, mais en y ajoutant la possibilité pour les étu
diants de décider de la durée de l'activité. Les résultats ont montré que
les étudiants à qui on avait offert ce choix ont fait preuve d'un plus grand
engagement affectif (plaisir de travailler), mais ont passé moins de temps
à l'ouvrage et ont obtenu des résultats finaux plus faibles que leurs col
lègues à qui aucun choix n'avait été proposé (Flowerday et Schraw, 2003).
20. Pour en savoir plus sur la théorie de Deci et Ryan, voir l'annexe I.
I )(• It'Ili'N <''hnlrn mil timi'iié Mi<>|>11y (2001) à coiu'ltm» qn'olli'ir îles choix
«uix élèves I.ivoiImc t Iiiv rux uni1meilleure altitude face au travail à accom
plir (plaisir d'apprendre, salislaclion du travail accompli, diminution do
l'anxiété), sans nécessairement susciter un plus grand engagement cognitif
(utilisation do stratégies d'apprentissage pertinentes) lors de l'exécution de
la tâche. Autrement dit, devant la possibilité de faire des choix, les élèves
prendront un plus grand plaisir à apprendre et se sentiront bien, mais ils
ne s'investiront pas forcément plus sur le plan cognitif.
Tout d'abord, cela peut tenir au fait que les études donnent des résul
tats différents selon qu'elles sont menées en laboratoire ou en situation
réelle. Comme le remarquent Pelletier et Patry (2006), les études menées
en laboratoire démontrent que la motivation intrinsèque entraîne une plus
grande créativité, une plus grande capacité à réaliser des tâches exi
geantes sur le plan cognitif, ainsi qu'une persévérance et une performance
élevées. Toutefois, dans les études menées en situation réelle, c'est-à-dire
dans le cadre d'activités pédagogiques habituelles en classe, les motiva
tions intrinsèque et extrinsèquement autodéterminée21 ont une plus
grande influence sur l'engagement affectif des élèves. Ils ressentent des
émotions positives, démontrent un plus grand niveau de satisfaction, sont
moins distraits et moins anxieux.
Enfin, une troisième raison tient au type de choix offert aux élèves.
Dans un article intitulé «Quand le choix est motivant et quand il ne Test
pas », Katz et Assor (2007) avancent que les choix offerts aux élèves ont
une influence sur leur engagement cognitif s'ils sont en harmonie avec
leurs valeurs et leurs centres d'intérêt. Par exemple, offrir à des élèves le
21. Pour des détails sur la motivation extrinsèquement autodéterminée, voir la présentation
de la théorie de Deci et Ryan à l'annexe I.
choix entre quatre thèmes de recherche documentaire qu'ils considèrent
d'emblée inutiles ou inintéressants aura moins d'effet sur leur engage
ment cognitif que la possibilité de choisir un thème qui leur plaît tout On
respectant des exigences rigoureuses.
22. Dans nos ouvrages précédents, nous avons utilisé les termes «indicateurs» et «conséquences »
pour désigner ce que nous appelons maintenant les «manifestations». En recherche expéri
mentale, les termes «indicateurs» et «conséquences» revêtent une connotation particulière qui
nous a amené à opter pour le terme plus général de «manifestations» de la motivation.
Fljjure 2.2 La dynamique motivationnelle de l'élève
SOURCES MANIFESTATIONS
Perceptions:
de la valeur de l'activité
P ourquoi ferais-je
Engagement
ce qu'on me demande ?
I cognitif “1
ACTIVITÉ • < ------ > - | Apprentissage
de sa compétence
PÉDAGOGIQUE
Suis-je capable de réussir? Persévérance- •
de contrôlabilité
A i-je m on m ot à dire
s u r le déroulem ent?
t_____
23. Pour en savoir plus sur la confusion dans l'utilisation des termes «habilité» et «stratégie»,
voir l'article d'Afflerback, Pearson et Paris (2008).
;
pédagogiques comme l'apprentissage par la lecture (Cartier, 2007). IJien
qu'il y ait eu des progrès dans ce domaine, il existe encore des zones
grises dans la définition même des stratégies d'apprentissage et dans
leur classification24.
Tableau 2.1
Classification des stratégies d'apprentissage
S T R A T É G IE S D '^ R Ë N f lS S A G É ^ Î i| | f ÿ
• stratégies d'élaboration
• stratégies d'organisation
24. Pour en savoir plus sur l'état des recherches sur les stratégies d'apprentissage, voir Harris,
Alexander et Graham (2008). Pour faire le point sur l'enseignement de ces stratégies, voir
Pressley et Harris (2006).
LES STRATÉGIES COGNITI VliS
Los stratégies cognitives sont des moyens auxquels les élèves recourent
pour acquérir, intégrer et se rappeler les connaissances qui leur sont trans
mises (Weinstein et Meyer, 1991). Dans un contexte scolaire, l'apprentis
sage porte généralement sur trois types de connaissances: déclaratives,
conditionnelles et procédurales25.
Les stratégies de rép étition . Ces stratégies sont dites de répétition, car les
élèves tentent d'apprendre par cœur des informations en se les répétant
constamment ou en utilisant des procédés mnémotechniques. Écrire plu
sieurs fois une équation mathématique ou repasser maintes et maintes fois
dans sa tête cette équation sont des exemples de stratégies de répétition
souvent adoptées par les élèves. L'apprentissage de certains contenus fac
tuels justifie l'emploi de telles stratégies. Malheureusement, pour un cer
tain nombre d'élèves, en particulier ceux dont la motivation est très faible,
l'engagement cognitif se résume à l'utilisation de stratégies de répétition.
25. Certains chercheurs, dont ceux qui œuvrent dans le domaine de l'intelligence artificielle, consi
dèrent que cette typologie est limitative et vieillotte. Ces chercheurs choisissent de travailler
avec des concepts tels que les schémas mentaux ou les scripts. Nous préférons conserver la
distinction entre les connaissances déclaratives, conditionnelles et procédurales, car cette typo
logie rend bien compte de la façon dont les enseignants organisent leur matière et la trans
mettent. Pour en savoir plus sur la distinction entre les types de connaissances, voir l'article
de Désilets (1997).
26. Certains auteurs, dont Cartier (2007), ajoutent la stratégie de sélection: l'élève choisit, parmi
un ensemble de connaissances (p. ex. dans un texte), les informations qu'il considère les plus
importantes.
souvenir, IJn enselgMtMil petil organiser I.» matière pour les élèves sous
forme de tableaux ou de schémas, mais il importe que l'élève structure
la matière à s.» façon, c'est-à-dire en concevant lui-même les liens et les
n iveaux hiéra reh iques.
La plan ification consiste pour les élèves à prendre du recul par rapport
à une activité qu'on leur demande de faire en jugeant de son ampleur, en se
fixant des objectifs de travail et en choisissant les stratégies cognitives qui
leur permettront de l'accomplir adéquatement. Lors de la réalisation de
l'activité, les élèves recourent à l'ajustem ent pour évaluer constamment
l'efficacité des stratégies cognitives qu'ils adoptent afin de les ajuster au
b e s o in . E n fin , ils n lllls r n l Vmitocviilinition p o u r é v a llie r e u x -m ê m e s les
ré su lta ts fin au x d e le u r a p p re n tis s a g e . S o u lig n o n s q u e les é lè v e s o n t te n
d a n c e à e s c a m o te r c e tte d e rn iè re s tra té g ie . E n e ffe t, ils s 'e m p re s s e n t s o u
v e n t d 'a lle r v o ir l'e n s e ig n a n t p o u r o b te n ir u n e a p p ré c ia tio n d e le u r tra v a il,
sa n s a v o ir p r is le te m p s d 'é v a lu e r sa q u a lité .
Il est important que les élèves puissent se motiver eux-mêmes, car ils
deviennent ainsi moins dépendants des stratégies que l'enseignant met en
place dans la classe pour les motiver. Par exemple, un élève qui aime réali
ser des projets peut être déçu que le professeur lui promette une récom
pense s'il réalise ses tâches dans les délais prévus. Si cet élève sait ce qui le
motive, il pourra trouver lui-même des moyens efficaces pour se motiver.
Limites
La première limite tient au fait que cette classification omet le processus
d'autorégulation d'où émergent les stratégies d'apprentissage. En effet, les
auteurs qui œuvrent dans le domaine de l'apprentissage autorégulé27 sou
tiennent que l'utilisation des stratégies d'apprentissage s'inscrit dans un pro
cessus d'autorégulation comportant plusieurs étapes et impliquant plusieurs
composantes de l'apprentissage, dont la motivation et la métacognition.
Nous nous sommes cantonné à nommer et à décrire les stratégies
d'apprentissage qui émergent de ce processus, tout en sachant que des
27. Pour un résumé des principales composantes de l'autorégulation, voir Zimmerman (2001)
et Butler et Cartier (2004).
modèles IIummlt|iu*s |m*i ni«al!«int de mieux circonscrire le concept d'aulo-
régulation sont nécessaires et pertinents2”.
Il serait redondant de citer les études démontrant le lien entre les per
ceptions de l'élève qui sont à la source de sa motivation et son engage
ment cognitif dans une activité. Nous en avons abondamment discuté en
présentant ces perceptions dans les sections précédentes. Pour le lecteur
qui désirerait aller plus loin, notons les recherches francophones de Bouffard
sur l'autorégulation (Bouffard, 2006), de Cartier sur l'apprentissage par
la lecture au primaire et au secondaire (Cartier, 2007; 2006), de Lafortune
et de Noël sur la métacognition (Lafortune, Jacob et Hébert, 2000; Noël,
1997; Lafortune et St-Pierre, 1996) et de Wolfs (2007).28
28. Deux ouvrages très pratiques ont été publiés en français sur l'engagement cognitif. Le pre
mier propose aux enseignants des moyens concrets et des outils pour favoriser l'utilisation de
stratégies d'apprentissage chez l'élève (Weinstein et Hume, 2001). Le second suggère aux ensei
gnants des stratégies d'intervention pour favoriser l'autorégulation et l'autonomie chez l'élève
(Zimmerman, Bonner et Kovach, 2000).
Pour terminer, nous présentons quatre conclusions que Levin (P>8(>)
a dégagées des recherches sur les stratégies d'apprentissage. Même si elles
datent des années 1980, elles demeurent pertinentes pour un enseignant
qui désire intervenir auprès de ses élèves pour favoriser chez eux une
plus grande utilisation de stratégies d'apprentissage.
2.3 L'APPRENTISSAGE
L'apprentissage réalisé lors d'une activité pédagogique est évalué en fonction
des objectifs pédagogiques formulés par l'enseignant. Ces objectifs peuvent
porter sur l'acquisition de compétences disciplinaires ou de connaissances
théoriques ou pratiques, mais également sur des compétences particulières,
par exemple travailler en équipe, utiliser efficacement des stratégies
d'apprentissage ou élaborer un projet d'envergure. Enfin, les objectifs
peuvent viser l'acquisition de valeur et le développement de la créativité.
L'énumération de tous ces objectifs indique que l'apprentissage ne se résume
pas à l'acquisition de connaissances mesurée à l'aide d'un examen ou d'un
travail scolaire. Il peut se présenter sous différentes formes.
O
CO
Rappolons quo lo cadra do rôfôronco présenté dans ont ouvrage se com
pose de la dynamique motivationnelle de l'élève et des facteurs externes
qui influent sur elle. On sait maintenant que la dynamique motivation
nelle qui anime un élève en classe est un phénomène qui lui est intrin
sèque, car elle trouve son origine dans trois perceptions qui, rappelons-le,
sont la perception de la valeur qu'il accorde à l'activité pédagogique qui
lui est proposée, la perception de sa compétence à la réussir et la percep
tion de contrôlabilité qu'il a sur son déroulement. Les parents et les
enseignants ne peuvent donc pas être «motivés à sa place», même s'ils
le souhaiteraient parfois: c'est à lui de l'être.
Figure 3.1 Les facteurs qui influent sur la dynamique motivationnelle de l’élève
!
Facteurs relatifs à la société
valeurs / lois / culture / etc.
Des études plus récentes ont démontré l'influence des parents sur une
des sources de la dynamique motivationnelle des élèves: la perception
de sa compétence. Schunk et Pajares (2002) citent une série d'études qui
démontrent que les parents qui offrent à leurs jeunes un environnement
qui stimule leur curiosité et les incitent à explorer et expérimenter en toute
sécurité les aident à se construire un sentiment de compétence à apprendre.
Une étude québécoise a également démontré l'importance de la relation
parents-enfants (Nadeau, Senécal, et Guay, 2003). Menée auprès de 100 fa
milles, elle avait pour but de mesurer le lien entre le contexte familial, les
perceptions de l'élève (concept de soi, sentiment d'autonomie et apparte
nance familiale) et le degré de procrastination scolaire, c'est-à-dire la ten
dance à remettre à plus tard les tâches demandées. Les résultats obtenus
démontrent que plus la relation parenls-enl'anls est île qualité, plus les
perceptions de l'élève sont positives et moins ils ont tendance à
procrastiner29.
Par leur rôle de confidents, les amis ont une influence cruciale sur la
motivation des enfants et des adolescents à l'école. Par exemple, si un élève
a des amis qui désirent apprendre et qui attachent beaucoup d'impor
tance à la réussite scolaire, il y a de fortes chances pour qu'il ait une per
ception positive de l'école et des matières scolaires. Si, au contraire, ses
amis sont démotivés et ne font que chercher à découvrir les failles de
l'école, ses perceptions du milieu scolaire seront probablement négatives,
ce qui aura pour effet de le démotiver. Les amis sont des sources d'inspi
ration et parfois même des modèles qui servent de point de référence
lorsque vient le temps pour l'élève de juger de ses actions en classe.
29. Depuis une décennie, les études sur le rôle joué par les parents sur la motivation de leurs
enfants se sont développées à un rythme accéléré. Pour en savoir plus, voir le numéro spécial
de la revue European Jou rn al ofP sy ch o lo g y o f Education publié en 2007 (vol, XXII, n° 1) portant
sur ce thème.
do I.) cinquième année do secondaire et, parmi ces élèves, environ 25%
disaient tmv«iilli*r pins île 16 heures par semaine (Koborgo, 1997). Or, selon
des études c itées par le même chercheur, au-delà d'un seuil critique île
15 heures par semaine, il semble que le travail affecte de façon négative
les études. Les élèves reconnaissent eux-mêmes que le fait de consacrer
trop d'heures au travail nuit à leurs études. Parmi les effets qu'ils men
tionnent, soulignons la tendance à s'endormir en classe, le manque de
temps pour les travaux scolaires et l'incapacité à se concentrer durant les
cours. Un élève épuisé et forcé de respecter les horaires imposés par un
employeur peut difficilement trouver la motivation suffisante pour
s'engager à fond dans ses études et y consacrer le temps nécessaire.
30. Le lien entre la société et l'école a fait l'objet d'une multitude de travaux sociologiques, notammt*nt
deux œuvres marquantes de Bourdieu et Passeron (1970 ; 1964).
culturelle ou ce rapport au savoir est sûrement l'un des facteurs qui peut
être à l'origine de la démotivation d'un élève qui ne voit aucun sens à ce
qu'il apprend.
C'est sur la base du système de valeurs qui règne dans une école que
ses dirigeants mettent en place les règlements liés aux horaires, à la tenue
vestimentaire, aux retards et aux absences, à la discipline, etc. Les règle
ments qui régissent le comportement des élèves à l'école ont des consé
quences sur leur dynamique motivationnelle. Par exemple, le fait d'être
puni pour un retard incitera certains élèves à être plus attentifs en classe,
alors que cette sanction en amènera d'autres à contester l'autorité et à
refuser de s'engager dans des activités en classe.
Tableau 3.1
L'inadéquation entre l'environnement de l'école secondaire
et les besoins des adolescents
31. Dans l'ensemble de cet ouvrage, nous évitons d'utiliser l'expression «facteurs motivants», car
elle laisse entendre qu'un facteur peut être motivant en soi. Or, au risque de nous répéter, la
motivation est un phénomène intrinsèque à l'élève, et c'est lui qui juge si une activité est moti
vante ou pas. Un facteur n'est donc pas motivant ou démotivant en soi, mais perçu comme
tel par l'élève.
32. Certains auteurs nomment «situations d'apprentissage» ce que nous nous appelons «activités
pédagogiques ». Nous préférons l'expression « activités pédagogiques », car elle permet de
distinguer les activités d'enseignement des activités d'apprentissage.
Cc'.s a u to u rs a ffirm o n l a v e c un g ra in d e m a lice q u e « si la m a jo rité dos
2 0 0 0 0 a ctiv ité s s o n t d icté o s p a r los p ro fe s s e u rs , so n t pou e x ig e a n te s su r
le p la n c o g n itif e t c o n s is te n t à faire c e q u i e s t d ic té p a r l'e n s e ig n a n t ou
à l'é c o u te r fa ire u n m o n o lo g u e , o n d e v ra it s e d e m a n d e r p o u rq u o i tan t
d 'é lè v e s r e s te n t à l'é c o le , p lu tô t q u e d e se d e m a n d e r p o u rq u o i il y a ta n t
d 'a b a n d o n s » (p . 15).
Quel est l'effet de l'évaluation sur la motivation des élèves? Les avis
sont très partagés selon que l'on écoute les chercheurs ou les enseignants.
Les premiers constatent que la façon et la fréquence avec lesquelles les
élèves sont évalués présentement nuisent généralement à leur motivation,
alors que les seconds affirment que, s'ils ne leur accordent pas une note
sur ce qu'ils font, et ce, fréquemment, les élèves ne seront pas motivés è
travailler. Il semble bien que les chercheurs et les enseignants aient raison
les uns comme les autres. Pour le. comprendre, il convient de distinguer
l'évaluation axée sur la performance de l'évaluation axée sur le processus
d'apprentissage33.
33. Pour en savoir plus sur cette distinction, voir notre article intitulé «L'évaluation, source de moti
vation ou de démotivation?» publié en 2002 dans la revue Québec Français (n° 127, p. 77 à 79).
Si lo point de vue* des chercheurs est fondé, li*s enseignants ont, eux
aussi, raison lorsqu'ils affirment que plusieurs élèves ne travaillent pas
si les activités qui leur sont proposées ne sont pas notées. En posant cons
tamment la question «Est-ce que cela com pte?», les élèves affirment clai
rement que, pour eux, les activités importantes en classe sont celles qui
sont notées. Pour bon nombre d'enseignants, les notes deviennent donc
l'instrument privilégié pour motiver leurs élèves à travailler.
Comment se fait-il que des enfants, aussi curieux qu'ils aient été
lorsqu'ils ont commencé au primaire, deviennent des élèves que l'on ne
peut faire travailler que par des notes ? Ce phénomène est provoqué par
l'atmosphère évaluative qui règne dans les classes. Dès leurs premières
années scolaires, les enfants se font évaluer, noter et placer sur un conti
nuum allant de fort à faible. En fait, l'évaluation à l'école n'est pas utili
sée pour aider l'élève à apprendre, mais pour sanctionner et certifier. C'est
ainsi que les élèves ont compris, durant leurs nombreuses années passées
sur les bancs de l'école, que l'important à l'école n'est pas tant d'apprendre
que de réussir les épreuves et d'obtenir un diplôme.
34. Ces auteurs ont dirigé un numéro spécial de la Revue des Sciences d e L'Éducation (1999, vol. XXV,
n° 3) portant sur la gestion de classe.
cr é e r d e s g ro u p e s d e tra v a il et, p ar rico ch e t, ^ m ieu x s 'in té g r e r au x a u tre s
é lè v e s e t à l'é c o le . C e c o n s ta t re m et en q u e s tio n le c lim a t d e c o m p é titio n
q u i p ré v a u t s o u v e n t d a n s le s c la sse s . E n v a lo ris a n t la c o m p é titio n e n tre
le s é lè v e s , a fin d 'e n d é g a g e r le s m e ille u rs , n e n é g lig c -t-o n p a s c e u x q u i,
p ro fita n t d e la co lla b o ra tio n , d u p a r ta g e e t d 'u n v ra i tra v a il d 'é q u ip e ,
d e v ie n d ra ie n t d e s é lè v e s m o tiv é s ?
35. Pour un aperçu plus complet des recherches sur les procédures de renforcement en psychologie*
du comportement, voir Forget, Otis et Leduc (1988).
36. Pour en connaître davantage sur le débat entourant l'utilisation des récompenses pour susciter
la motivation des élèves, voir l'article rédigé en français d'Archambault et Chouinard (2011<>)
Ce chapitre nous a permis de constater qu'un grand nombre de facteurs
influent sur la dynamique motivationnelle d'un élève en milieu scolaire.
Nous les avons regroupés en quatre catégories : les facteurs relatifs à la vie
personnelle de l'élève, à la société, à l'école et à la classe.
PREMIÈRE PARTIE
Cette première partie avait pour but de fournir un cadre de référence sur
la motivation. Ce cadre, croyons-nous, permettra de procéder à une ana
lyse plus fine des problèmes de motivation que des élèves éprouvent en
classe et de formuler une démarche d'intervention pour les résoudre.
Tableau C.1
Motivé ou démotivé?
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es enseignants consacrent beaucoup de temps t\expérimenter différentes
L'étape d'évaluation. Enfin, le médecin désire souvent nous revoir afin d'éva
luer l'effet du médicament ou du traitement sur notre maladie et, au besoin,
changer la médication ou le traitement prescrit.
i
j - \'
4. Un questionnaire maison
5. Une entrevue
O
co
Ce chapitre présente des instruments permettant de franchir la première
étape d'une démarche d'intervention fondée sur l'expertise. Cette étape
- l'analyse - a pour but de se faire une idée plus précise de la motiva
tion des élèves et de reconnaître les difficultés qu'ils peuvent avoir à se
motiver à apprendre.
Tableau 4.1
Les instruments d'analyse
Des sondages
Sondage 1: Les aspects Déterminer ce qui, en classe, L'ensemble des facteurs relatifs
de la classe. motive ou démotive les élèves. à la classe qui influent sur
la dynamique motivationnelle
des élèves.
Sondage II: Les cinq Sur le plan motivationnel, évaluer Les cinq facteurs liés
facteurs liés à la classe. a) les activités pédagogiques, à la classe (cf. p. 79).
b) l'enseignant, c) les pratiques
évaluatives, d) le climat
de la classe et le système
de récompenses et de sanctions.
Sondage III: Une activité Évaluer le degré de motivation Les activités pédagogiques
pédagogique. suscité par une activité péda en tant que facteur influant sur
gogique proposée en classe. la dynamique motivationnelle
(cf. p. 79).
37. Ce chapitre s'appuie en grande partie sur notre ouvrage de 1999. Cependant, il a été entière
ment révisé et de nouveaux instruments ont été ajoutés.
Tableau 4.1 (suite)
Les instruments d'analyse
Instruments But Composantes du cadre
de référence analysées
1.1 AVANTAGES
Concevoir une grille d'observation est une tâche simple et rapide. Il s'agit
de déterminer les stratégies d'évitement que l'on veut observer et de choisir
une façon pratique et visuelle de les représenter sur une grille. Si son éla
boration est réussie, son utilisation se fera aisément. Enfin, soulignons
qu'une même grille peut servir à observer plusieurs élèves ou un seul.
1.2 LIMITES
Les informations qu'il est possible de recueillir à l'aide d'une grille d'obser
vation permettent seulement de constater que des élèves sont démotivés.
Elles n'indiquent pas, par exemple, quels sont les facteurs liés à la classe
ou les perceptions des élèves qui sont à l'origine de leur démotivation.
Enfin, même si elle aide l'enseignant à poser des jugements plus objectifs
sur ses élèves, la grille d'observation demeure un instrument subjectif,
car elle lui permet seulement d'interpréter les comportements de certains
élèves de sa classe. Or, nous savons que toute interprétation est subjec
tive et induit une lecture de la réalité qui n'est pas nécessairement juste.
1.4 EXEMPLE
Semaine: ( I
Groupe: ( I
f CC O M P O R T E M E N T S D 'É V I T E M E N T ^ v A.! ,v
L'élève L'élève L'élève L’élève L’élève T o ta l
retarde fa it demande pose des dérange
le m om ent sem blant de q u itte r questions le s autres.
de se m ettre de la classe. in u tile s .
au tra v a il. tra va ille r.
É tienn e
Lundi XX XX XXX XX XXX 12
Mardi - XX XX X XXX 8
Mercredi XXX XXX xxxx XXX XXXXX 18
Jeudi XX xxxx XXX . xxxx xxxx 17
Vendredi xxxx x x x xxxx XXX XXX xxxxx 22
Total 13 16 15 13 20
M a rie -Jo sé e
Lundi XXX XX x xxx X xxxxx 15
Mardi X X XX - XX 6
Mercredi XX X X - XXX 7
Jeudi XXX XXX XX - xxxx 12
Vendredi x x xxx x xxxx xxxx X xxxxx 20
Total 14 12 13 2 19
N otes: L'exemple ci-dessus permet de compiler les stratégies d'évitement au jour le jour, et ce,
pendant une semaine. Si l'enseignant désire plutôt savoir dans quelles situations ces stratégies se
produisent (p. ex. lors des activités en équipe, lorsque l'élève est seul, lors des évaluations, etc.),
il lui suffit d'inscrire ces situations dans la colonne de gauche, à la place des journées.
Les stratégies d'évitement mentionnées dans cet exemple ont été choisies de façon arbitraire. L'ensei
gnant peut donc les remplacer ou en ajouter d'autres qu'il observe fréquemment dans sa classe.
2.1 AVANTAGES
Le sondage permet à l'enseignant d'analyser la situation de façon plus
objective en vérifiant auprès de ses élèves, non seulement les éléments
de son enseignement qui les démotivent, mais également ceux qui favo
risent leur motivation.
Le sondage permet également aux élèves de nuancer leur propos.
Trop souvent en classe, ils se contentent d'affirmer, par exemple, que les
activités en classe «sont plates». Un sondage comme celui qui est pré
senté dans les exemples qui suivent leur donne l'occasion de préciser leur
propos et de déterminer ce qu'ils trouvent «plate».
Enfin, le sondage permet aux élèves de s'exprimer et de faire connaître
leur avis sur différents aspects de l'enseignement qu'ils reçoivent. Les mettre
ainsi à contribution leur donne souvent le sentiment de collaborer et
d'accroître ainsi leur perception de contrôlabilité.
2.2 LIMITES
Un certain nombre d'éléments peuvent fausser les résultats d'un sondage.
Par exemple, certains élèves, considérant que l'exercice est futile, peuvent
répondre aux questions de façon plus ou moins sérieuse. Cette situation
pont su rv en ir, m a is, se lo n les e n s e ig n a n ts q u i o n t d éjà ré a lisé d e tels s o n
d ag es, la m ajorité d es jeu n es les p ren n en t au sérieu x . Si to u tefo is q u elq u e s
é lè v e s p re n n e n t un s o n d a g e trop à la lé g è re , n o u s re c o m m a n d o n s tou t
s im p le m e n t d e n e p a s te n ir c o m p te d e le u rs fe u ille s -ré p o n s e s .
2.4 EXEMPLES
B onjour,
1 '___________________________________________________________
2 _____________________________________________________________
3 _________________________________________________________________________________
1 _____________________________________________________________
2 _____________________________________________________________
3 _________________________________________________________________________________
M e r c i d e ta c o lla b o ra tio n
N otes: Certains élèves peuvent demander s'ils doivent absolument trouver trois éléments qui les
motivent et autant qui les démotivent. D faut leur répondre par l'affirmative, étant donné qu'il existe
sûrement plus d'une chose en classe qui suscite leur motivation ou, au contraire, les démotive.
Si l'enseignant considère que la formulation des questions proposée dans l'exemple ne convient
pas à ses élèves, il peut rédiger d'autres questions, par exemple : « Donne-moi trois exemples de
ce que tu aimes en classe», «Donne-moi trois exemples de ce que tu n'aimes pas dans ce cours»
ou «Qu'est-ce qui te plaît dans ce cours?», «Qu'est-ce qui ne te plaît pas dans ce cours?».
Si l'enseignant considère que les élèves auront de la difficulté à répondre à des questions aussi
larges, il peut inclure dans le sondage des exemples de réponses. Ainsi, à la suite de la première
question, il peut citer comme exemple : « accomplir des activités en équipe » ou, en ce qui concerne
la dernière question portant sur ce qui démotive les élèves, il peut donner comme exemple : « écrire
un texte pendant 50 minutes». Il doit cependant se rappeler qu'en agissant ainsi il oriente les
réponses des élèves ; ceux-ci peuvent même utiliser les exemples qu'on leur donne.
■■ MODE D'ANALYSE
L'exemple 1 permet de compiler des informations sur tous les aspects île
la classe qui peuvent influer sur la motivation des élèves. En les laissant
libres de choisir ce qu'ils veulent, il faut s'attendre à obtenir un grand
nombre de réponses très disparates, comme l'humour du prof, les projets
à réaliser, les filles de la classe, l'heure des cours, la décoration de la classe,
etc. Ce type de sondage est utile lorsque l'on désire connaître sans res
triction tout ce qui favorise ou défavorise la motivation des élèves. Les
réponses farfelues sont bien sûr à éliminer.
B onjour,
J 'a im e ra is a v o ir to n a v is à p ro p o s de c e rta in s a s p e c ts d u c o u rs : m o n b u t e s t de s a v o ir
p lu s p ré c is é m e n t ce q u i te m o tive e t ce q u i te dé m otive. P e u x -tu ré p o n d re le p lu s s in c è re m e n t
p o s s ib le a u x q u e s tio n s q u i s u iv e n t? M e r c i de ta c o lla b o ra tio n .
1. À quel point les activités faites en classe te motivent-elles? (Coche l'expression qui correspond le mieux
à ton jugement.)
L'activité Pas du tout D Pas assez D Assez D BeaucoupD
(p. ex. faire des exercices):
L'activité ( ): Pas du tout D Pas assez D Assez D BeaucoupD
L'activité ( ): Pas du tout D Pas assez D Assez D BeaucoupD
2. Les moyens par lesquels tu es évalué (p. ex. examens, «quiz», devoirs, rapports de projet, etc.)
t'incitent-ils à travailler davantage pour réussir?
Pas du tout □ Pas assez □ Assez □ Beaucoup □
4. Crois-tu que la relation qui existe entre les élèves et l'enseignant t'aide à maintenir ta motivation dans
la classe?
PasdutoutD PasassezD AssezD Beaucoup □
5. Selon toi, qu'est-ce qui devrait être conservé ou amélioré pour rendre les rapports entre l'enseignant
et les élèves encore plus motivants?
6. Crois-tu que la relation entre vous, les élèves, t'aide à maintenir ta motivation dans la classe?
PasdutoutD PasassezD AssezD BeaucoupD
7. À ton avis, qu'est-ce qui devrait être conservé ou amélioré pour rendre les relations entre les élèves
encore plus motivantes?
8. Selon toi, dans la classe, existe-t-il un climat de collaboration ou plutôt un climat de compétition entre
les élèves? (Coche la case de ton choix.)
Climat de collaboration D Climat de compétition D
9. Pom Ion doux énoncés ci-dossous, dis-moi ton doyiYi d’nccord sur uno ikhollo do 1 A 5
(1 ôUint lo plus laible et 5 le plus élevé). Entoure le chiffre corrospondunt é ton choix.
La collaboration entre les élèves m’aide à me motiver à apprendre: 1 2 3 4 5
La compétition entre les élèves m'aide à me motiver à apprendre: 1 2 3 4 5
14. Aurais-tu des suggestions à faire pour que le cours te soit plus motivant?
M e rc i à nouveau de ta collaboration *
N otes: Il est possible de modifier ce sondage de façon à compiler plus de données spécifiques sur
l'un ou l'autre des facteurs ciblés. Le climat de la classe, par exemple, pourrait être bonifié afin
d'inclure des questions sur le travail d'équipe.
Si un professeur considère que ce questionnaire est trop complexe pour être rempli par ses
élèves, il peut réduire le nombre de questions ou les diviser en deux parties qu'il distribuera
à deux moments différents.
* MODE D'ANALYSE
Un questionnaire vierge peut servir de feuille de compilation, comme
l'illustre l'exemple ci-dessous. En ce qui concerne les questions fermées,
mesurer une moyenne ne serait pas approprié, car le nombre d'élèves est
trop petit. Il est préférable d'inscrire à côté de chaque élément de l'échelle
le nombre d'élèves qui l'ont choisi, comme dans l'illustration ci-dessous.
L'enseignant pourra ainsi, dans un premier temps, déterminer où se situe
la majorité des élèves et, par la suite, examiner le nombre de ceux qui se
trouvent aux extrémités de l'échelle. Si environ 30% d'élèves ou plus ont
coché les expressions «Pas du tout» et «Pas assez» pour un facteur, il fau
drait lui accorder une attention particulière et voir comment l'améliorer.
W F ' FEUILLE DE COMPILATION (EXEMPLE)
1. À quel point les activités faites en classe te motivent-elles?
L'activité de (______ ): Pas du tout [3] Pas assez [4J Assez [13) Boaucoup [10]
L'activité de (______ ): Pas du tout [9] Pas assez [11] Assez [6] Beaucoup [4]
L'activité de (______ ): Pas du tout [8] Pas assez [4] Assez [12] Beaucoup [B]
2. Les moyens par lesquels tu es évalué (par exemple dictées, examens, exposés, etc.) t'incitent-ils
à travailler davantage pour réussir?
Pas du tout [8] Pas assez [12] Assez [8] Beaucoup [2]
Etc.
B onjour,
J 'a im e ra is au e tu m e d o n n e s to n a v is à o ro n o s d e l'a c tiv ité ) a u e tu a s a c c o m o lie
la s e m a in e d e rn iè re (ou hier).
N ote*: Il est préférable d'utiliser une telle grille pour évaluer une activité d'envergure comme In
réalisation d'un projet.
■■ M ODE D'ANALYSE
Pour analyser ce type de sondage, on peut procéder de la même façon
que dans l'exemple 2 et inscrire au bas de chaque réponse possible le
nombre d'élèves qui l'ont choisie. Si environ 30 % d'élèves ou plus cochent
les réponses «Pas assez» ou «Pas du tout» à une question, cela signifie
que l'on doit lui accorder une attention particulière.
3.1 AVANTAGES
Le plus important avantage d'une animation réside dans le fait que l'ensei
gnant profite de la collaboration et de la synergie qui existent souvent
entre les élèves d'une même classe. Les idées qui émergent des échanges
entre les élèves ne peuvent pas se retrouver dans un questionnaire ou un
sondage dans lequel chaque élève donne son opinion de façon indivi
duelle. De plus, dans une animation, les élèves sont actifs, et il leur est
rarement demandé d'écrire et de garder le silence, ce que plusieurs d'entre
eux apprécient.
3.2 LIMITES
Si les élèves ne s'impliquent pas ou font le minimum pour faire plaisir à
leur enseignant, une animation donnera peu de résultats significatifs.
Il faut également être conscient que les résultats obtenus sont parfois glo
baux et ne correspondent pas nécessairement à ce que pense chaque élève.
Dans une animation, c'est le point de vüe du groupe que l'on récolte.
3.3 MODE D'UTILISATION
L'enseignant doit prendre une plage assez longue de son cours et annon
cer à ses élèves que l'animation qui leur propose ne touche pas directe
ment la matière étudiée, mais qu'elle est importante pour lui. Comme
lors de l'administration d'un questionnaire et d'un sondage, il est néces
saire de préciser aux élèves l'objectif poursuivi et l'importance de leur
collaboration. Voici un exemple de présentation :
Avant de commencer le cours, j'aimerais que nous prenions du recul par
rapport à la réalisation du projet que vous avez terminé hier (ou la semaine
dernière). En fait, j'aimerais que l'on se demande ce qui était motivant et ce
qui était démotivant. Pour ce faire, je vous propose de jouer à un jeu. Ce
qui en sortira m'aidera à rendre mon enseignement plus intéressant. Merci
pour votre collaboration. On commence, écoutez bien ce qu'il faut faire.
3.4 EXEMPLE
Après avoir précisé clairement aux élèves que le but de l'animation est
de leur donner l'occasion d'exprimer leur jugement sur la motivation que
l'activité pédagogique ciblée a suscitée chez eux, l'enseignant les regroupe
en équipe de trois ou quatre.
Lorsque les membres de chaque équipe ont pris place autour d'une
même table, l'enseignant donne la première consigne:
Chaque équipe doit trouver deux éléments (ou deux qualités) de l'activité
qui l'ont rendue motivante pour les autres élèves de la classe38. Attention,
ce n'est pas grave si elle ne l'a pas été pour vous ; vous devez vous poser
la question pour les autres élèves de la classe. Vous avez.cinq minutes
pour vous entendre sur deux éléments.
38. En demandant aux élèves de penser aux autres, on évite qu'ils en profitent pour exposer
la façon dont ils ont vécu l'activité ciblée ou pour étaler leurs récriminations.
Les trois m in u tes tV ou lées, il d e m a n d e è n o u v eau à un élèv e d e ch a q u e
é q u ip e d e v e n ir in sc rire au ta b lea u la q u a lité c h o is ie p a r l'é q u ip e . A p rès
a v o ir éliminé le s d é d o u b le m e n ts , il donne la consigne s u iv a n te :
Maintenant que nous avons travaillé sur les qualités, examinons les fai
blesses. Toujours en équipe, vous avez cinq minutes pour choisir deux
aspects de l'activité qui ont pu démotiver les autres élèves.
Il est important de donner les résultats le plus tôt possible. À cette occa
sion, l'enseignant peut ouvrir la discussion pour permettre aux élèves de
justifier leur choix ou de rajouter des éléments auxquels ils n'avaient pas
pensé lors de l'animation.
Les points forts et les points faibles de l'activité ciblée doivent devenir
des objets de réflexion pour l'enseignant. Les points choisis par les élèves
confirment-ils ce qu'il pensait? Y a-t-il des surprises?
Quant au palmarès que l'enseignant fera à parlir d e s ch o ix d e chaque
élève, il lui permettra de voir dans quelle mesure un point fort ou faible
de l'activité fait consensus parmi les élèves. Par exemple, si un point faible
est mis en première position par un grand nombre d'élèves, l'enseignant
saura qu'il cause un réel problème et devrait devenir une priorité dans
le réaménagement de l'activité ciblée.
E S UN QUESTIONNAIRE MAISON
Les sondages et l'animation suggérés dans les sections précédentes portaient
sur les facteurs sur lesquels il faut se pencher pour susciter l'intérêt des
élèves et le maintenir, mais ils n'offraient pas d'information sur leur
dynamique motivationnelle intrinsèque.
4.1 AVANTAGES
Le principal avantage du questionnaire maison réside dans le fait qu'il
peut être préparé rapidement. De plus, dans la mesure où son utilisation
est limitée à un groupe particulier d'élèves, il est possible d'omettre des
étapes de validation généralement nécessaires lorsque l'on élabore un
questionnaire destiné à un plus grand nombre d'élèves.
4.2 LIMITES
Divers facteurs peuvent fausser les résultats obtenus dans ce type de
questionnaire. Les questions peuvent être formulées de manière à inciter
l'élève à donner les réponses que l'on souhaite obtenir. Par exemple, un
énoncé tel que « Es-tu d'accord pour dire que les activités qui te sont pro
posées te sont utiles ? » peut pousser l'élève à répondre par l'affirmative.
4.4 EXEMPLE
L'exemple de questionnaire maison présenté ci-dessous porte sur les acti
vités d'écriture menées dans un cours de français. Il pourrait porter sur
tout type d'activité d'apprentissage. Ce questionnaire a pour but de mesurer :
C oche la ré p o n se q u i c o rre s p o n d le m ie u x à to n ju g e m e n t.
2. J'aimerais avoir ton point de vue sur les activités d'écriture. Pour chaque énoncé, coche l'expression
qui correspond le mieux à ce que tu penses.
3. Lorsque tu rédiges des textes dans une activité d'écriture, penses-tu utiliser les bonnes méthodes
de travail pour réussir?
Pas du tout □ Pas assez □ Assez □ Beaucoup □
4. En général, lorsque tu as de la difficulté à rédiger un texte dans une activité d'écriture, persévères-tu
jusqu'à ce que tu sois satisfait de ton travail?
PasdutoutD Pas assez□ AssezD BeaucoupD
5. Selon toi, les résultats que tu as eus dans les activités d'écriture en valent-ils la peine?
Pas du tout □ Pas assez □ Assez □ Beaucoup □
N ote: Si l'enseignant désire utiliser le questionnaire ci-dessus, il ne doit pas craindre de reformuler
des énoncés en utilisant des termes plus couramment utilisés par les élèves.
Pas Pas
D ES REP
siÈ) P
Engagement cognitif:
3 (5) (9) (8) (6)
- stratégies d'apprentissage
UNE ENTREVUE
Dans le cas où un enseignant désire connaître la dynamique motivation
nelle intrinsèque d'un élève en particulier, il peut utiliser un questionnaire
maison, mais l'entrevue est un instrument plus approprié. Elle consiste
en une rencontre avec l'élève durant laquelle diverses questions lui sont
posées dans le but de mieux saisir ses perceptions à l'égard des activités
qui lui sont proposées.
lin général, l'enseignant doit se préparer en élaborant une grille
d'entrevue contenant les questions qu'il désire poser et qui lui serviront
d'aide-mémoire lors de l'entrevue. Ces questions ne doivent cependant
pas l'empêcher, au cours de sa rencontre avec l'élève, de sonder sponta
nément des points qui lui semblent intéressants.
5.1 AVANTAGES
L'entrevue est un moyen de recueillir des informations plus nuancées que
celles qui sont obtenues à l'aide d'un questionnaire. En effet, contraire
ment à ce dernier, où l'élève doit répondre à des énoncés en utilisant une
échelle d'intensité, l'entrevue lui donne le temps d'expliquer son opinion
et de la nuancer en utilisant ses propres mots.
5.2 LIMITES
Si l'élève n'a pas confiance dans l'enseignant qui l'interviewe, la rencontre
ne permettra pas de recueillir les informations escomptées. L'élève ne fera
que répondre par oui ou par non, sans trop de conviction ; il ne voudra
pas approfondir ses réflexions. Mener une entrevue avec un élève timide
est également une tâche ardue qui peut s'avérer improductive. Le talent
de l'intervieweur et la confiance qu'il inspire à l'élève sont des atouts
majeurs dans une entrevue.
5.4 EXEMPLE
Voici des questions qui peuvent être posées lors d'une entrevue. Elles sont
reliées à chaque composante du modèle de dynamique motivationnelle
présenté au chapitre 2 et concernent aussi les activités pédagogiques pro
posées en classe. Nous suggérons à l'enseignant qui désire utiliser cette
grille de choisir les questions qui lui semblent convenir le mieux à l'élève
et aux activités ciblées. Il ne doit pas hésiter à en reformuler certaines s'il
pense que l'élève aura de la difficulté à en saisir le sens. La grille d'entre
vue peut suivre l'exemple donné ci-dessous : la colonne de gauche corres
pond aux composantes motivationnelles sur lesquelles porte l'entrevue et
la colonne de droite aux questions sélectionnées ou reformulées.
Amorce
• Gardes-tu de bons souvenirs de tes années de primaire ?
•Te souviens-tu d'une situation ou d'un projet qui t’avait vraiment
motivé? Peux-tu me le raconter?
•Tes parents t'encourageaient-ils à faire de gros efforts dans
cette matière?
•Que faisaient-ils? Le font-ils encore?
Sources de la motivation
Perception que l'élève a de la
valeur des activités proposées
- Utilité (cf. p. 24)39 • Actuellement, dans les cours de ( ), y a-t-il des activités40(p. ex.
) réalisées en classe et dont l'utilité ne te semble pas évidente?
•Quelles sont-elles?
- Intérêt (cf. p. 24) • Quelles sont celles que tu aimes le plus et celles que tu aimes le moins?
•J'aimerais que tu m'expliques pourquoi.
39. Nous donnons ici la page du chapitre deux où cette composante de la dynamique motivationnelle
a été présentée.
40. Le terme «activité» peut être remplacé par un autre mot ou par une expression que l'élève utilise
couramment pour désigner les tâches qu'il doit accomplir.
D'ENTREVUE (suite).
Sources de la motivation (suite)
Perception de compétence • Dans quelles activités es-tu certain de réussir et dans lesquollos
de l'élève (cf. p. 35) doutes-tu d'y parvenir? Sur quoi fondes-tu ton jugement?
• T'est-il facile ou difficile de faire les activités d’( ) qui te sont
proposées en classe?
•Pourquoi?
• Si l'élève doute de sa capacité à réussir: Pour quelles raisons
doutes-tu de ta capacité à réussir? Est-ce à cause des résultats
que tu as eus dans le passé? de la façon dont les activités ont
été présentées? du fait que tu te compares à tes camarades?
Perception que l'élève •As-tu l'impression d'avoir ton mot à dire sur la façon dont se déroulunt
a du contrôle des activités les activités (1)( ), (2)( ), (3) etc.? Sur quoi te fondus tu?
(cf. p. 44) •As-tu un exemple à me donner?
| Manifestations |
Engagement cognitif • Lorsque tu étudies, essaies-tu la plupart du temps d'apprendro pur
- stratégies d'apprentissage cœur la matière ou plutôt de la comprendre? Peux-tu m'expliquur
(cf. p. 54) comment tu t'y prends lorsque tu as un travail à remettre en ( )?
• Donne-moi un exemple.
- persévérance (cf. p. 63) • Considères-tu que tu ne baisses pas les bras devant une tâche difficilo
dans une activité comme ( ), ou que tu es porté plutôt
à abandonner rapidement? Peux-tu me donner un exemple?
- apprentissage (cf. p. 63) • Les notes que tu obtiens actuellement correspondent-elles à ce que
tu as vraiment appris? Sur quoi te fondes-tu pour porter ce jugement?
La grille débute par des questions qui peuvent être posées pour amor
cer l'entrevue. Tout en mettant l'élève en confiance, elles fournissent des
informations sur sa scolarité passée. Par la suite, nous avons choisi d'axer
l'entrevue sur les activités pédagogiques. Il est toutefois possible de prévoir
une entrevue portant sur l'ensemble des facteurs reliés à la classe. Dans ce
cas, les questions proposées doivent être modifiées en conséquence.
Informations générales
Nom de l'élève: Éric
Informations importantes tirées des questions qui ont servi d'amorce:
Éric affirme qu'il aimait l'école et qu'un des projets qui l'a le plus motivé faisait partie d'un cours
de français. A la fin du primaire, il dit qu'il commençait à moins aimer les activités de français
gu'on lui proposait. Il n'en donne pas la raison. Ses parents le soutenaient (principalement sa mère).
Éric aimait lorsqu'elle l'aidait à faire ses devoirs et ses leçons. Depuis qu'il est au secondaire,
il considère que ses parents ne font que surveiller les notes qu'il obtient. Il a l'impression qu'ils
s'intéressent moins à ce qu'il apprend.
(Expression
(Lecture) (Écriture) orale) (Autres) Remarques
Manifestations
Engagement Bonne Faible Assez faible Il croit que tout
doit être mémorisé.
Il ne semble
pas connaître de
bonnes stratégies
d'apprentissage.
Cette étape leur sera profitable si cette analyse leur donne l'opportu
nité de mieux connaître la ou les sources intrinsèques de la démotivation
de leurs élèves et de déterminer le ou les facteurs qu'ils devraient réamé
nager pour susciter davantage leur motivation en classe. C'est sur ces
informations que doit porter l'intervention. Ainsi, celle-ci reposera sur un
choix éclairé et réfléchi. Abordons maintenant la deuxième étape de notre
démarche : intervenir auprès des élèves.
Intervenir sur les facteurs
liés à la classe
2. L'enseignant
O
CO
Au chapitre 3, nous avons vu que la dynamique motivationnelle est un
phénomène intrinsèque à l'élève, mais qu'elle est influencée par plusieurs
facteurs liés à la classe, dont les plus importants sont: a) les activités
pédagogiques proposées par l'enseignant, b) l'enseignant lui-même, c) ses
pratiques évaluatives, d) le climat qui prévaut dans sa classe et e) les
systèmes de récompenses et de sanctions qu'il met en place. Chacun de
ces facteurs fait l'objet d'une rubrique dans ce chapitre.
En résumé, nous savons quelles sont les portes d'entrée que Ton doit
utiliser pour alimenter la dynamique motivationnelle des élèves. Il s'agit
maintenant de voir comment les orchestrer pour qu'elles suscitent la
motivation à apprendre de l'élève plutôt que de lui nuire.
Il ne faut pas croire que l'élève est passif et n'apprend pas lors des
activités d'enseignement. Il sera engagé sur le plan cognitif si, par exemple,
un exposé est bien organisé, clair, et suscite sa motivation.
43. Dans une activité de modélisation, plutôt que de dire à ses élèves quoi faire, l'enseignant exé
cute devant eux ce qu'il faut faire. Nous expliquerons davantage la modélisation plus loin
dans cette section.
Le charisme naturel d'un professeur, le ton de sa voix, son talent de
comédien, son humour et sa réputation sont autant des traits de personna
lité susceptibles de rendre ses exposés plus motivants aux yeux des élèves.
On raconte que les exposés du grand physicien et prix Nobel Richard P.
Feynman au California Institute of Technology étaient tellement courus
par les étudiants qu'il fallait arriver longtemps à l'avance pour avoir une
place dans la salle de cours. D'ailleurs, à son décès, ses étudiants accro
chèrent une immensè banderole à un édifice de l'institut où on lisait : « We
love you, Dick. » Il n'est pas donné à tous les enseignants d'avoir le talent
de communicateur de Feynman. Dès lors, il faut revenir aux sources de
la dynamique motivationnelle et voir comment les activités d'enseigne
ment peuvent faire en sorte que les élèves a) perçoivent la valeur de la
matière transmise, b) aient le sentiment de comprendre ce qui leur est
présenté et c) perçoivent qu'ils ont un certain contrôle sur le déroulement
de l'activité.
44. Monteilhet (1984, p. 69). «M. Aponius Satuminus présente ses salutations à son ami L. Vitelüus.
Le magnifique discours que tu as prononcé au Sénat m'a vivement ému. Tu as fait le bonheur
de notre prince: tu peux faire le mien! J'aimais en secret la fille d'un frère défunt et je brûle
aujourd'hui de contracter mariage. Quand me serait-il permis de te voir? Si tu vas bien, tant
mieux; pour moi, je me porte bien.»
45. Plusieurs enseignants nous ont avoué que leur formation ne les avait pas initiés à l'histoire des
sciences et qu'ils ne sont pas au courant des anecdotes et des événements entourant la matière
qu'ils enseignent. Pour combler cette lacune et faire de l'histoire des sciences une ressource
pédagogique, l'enseignant peut explorer les très nombreux sites Internet dont le mandat est
d'éduquer les usagers. Par exemple, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de
France offre un site sur l'électricité (http://www.ampere.cnrs.fr) qui contient un volet péda
gogique dans lequel on trouve l'histoire des débuts des théories sur l'électricité.
UTILISER LA MÉTAPHORE
Cet exemple, si simple soit-il, montre bien qu'il est possible de com
mencer un cours en invitant les élèves à mettre à profit leurs connais
sances et leur curiosité, au lieu de leur imposer une matière sans se
préoccuper de ce qu'ils en pensent.
ÊTRE ENTHOUSIASTE
Comme le dit Bligh (2000), il n'y a qu'une chose qui est plus contagieuse
que l'enthousiasme, c'est le manque d'enthousiasme. Cet enthousiasme
dont l'enseignant doit faire preuve pour sa matière se manifeste surtout
par sa gestuelle, son contact visuel avec tous les élèves et la diversité dans
l'intonation de sa voix. Lire tout un exposé sur un ton monocorde est à
proscrire si Ton désire capter l'attention des élèves.
Pour rendre son exposé plus interactif, il peut aussi leur demander
de proposer eux-mêmes des exemples tirés de leur quotidien. Demander
aux élèves de donner des exemples les oblige à réfléchir de façon cons
tructive et permet à l'enseignant de voir comment ils appliquent ce qu'il
leur enseigne à leur propre réalité.
— UTIMNKU D IS AN Al,OC il liS
On fait une mi.ilogle lorsque l'on compare des composantes d'un système
avec celle d'un autre système appartenant à un domaine de connaissances
différent. Par exemple, on peut faire une analogie entre les composantes
de l'atome et celles du système solaire.
■■ U TILISER LA MODÉLISATION
Dans une situation de modélisation, l'enseignant ne se contente pas de
dire aux élèves ce qu'il attend d'eux : il leur montre aussi comment il le
ferait lui-même. De plus, il formule à voix haute les pensées qui lui
viennent à l'esprit lors de l'exécution de la tâche proposée, et ce, dans le
but de montrer à ses élèves les stratégies qu'il utilise, les incertitudes qui
l'animent, les questions qu'il se pose, etc.
Une autre option intéressante consiste à utiliser des affiches sur le mur
et le tableau noir : d'une part, toutes les classes ne sont pas équipées de
projecteurs pour diapositives électroniques et, d'autre part, ces supports
plus traditionnels peuvent encore rendre de bons services si l'on sait bien
les utiliser.
On ne doit pas non plus négliger les objets à trois dimensions, qui
peuvent être tout à fait appropriés dans le cadre de certains exposés. Un
mobile représentant la structure de l'ADN, par exemple, est un matériel
didactique difficile à remplacer pour un enseignant de biologie. Les dif
férentes parties, du cerveau qui s'imbriquent Tune dans l'autre sont éga
lement un support didactique en trois dimensions qui intéresse et fascine
toujours les élèves.
œa QUESTIONNER ET RÉPONDRE
Un enseignant peut commencer son exposé en posant à ses élèves des
questions qui leur permettront d'établir des liens entre leur vie et la notion
abordée. l’ar exemple, «ivai il «U* présenter mu* recherche sur mu* œuvre
littéraire que les élèves nul lue, l'enseignant peut leur demander quel per
sonnage les a impressionnés le plus, s'ils ont identifié des personnages qui
leur ressemblent ou qui leur font penser à des membres de leur entourage.
Quant aux questions venant des élèves, il est bien souvent approprié
de les reformuler (ou de demander à un autre élève de reformuler dans
ses propres mots une question de son camarade) afin de les rendre plus
claires et plus intéressantes pour les autres élèves. Les réponses aux ques
tions des élèves ne devront jamais être dénigrantes, c'est le meilleur
moyen de les démotiver à s'impliquer.
Les activités d'enseignement telles que les exposés peuvent être utiles
pour transmettre des connaissances, mais elles ne sont pas adaptées pour
promouvoir une réflexion approfondie chez les élèves, leur faire acqué
rir des valeurs ou des habiletés. Pour ce faire, il faut qu'ils agissent, cons
truisent, relèvent un défi, réfléchissent, etc. C'est là que les activités
d'apprentissage entrent en jeu en leur donnant l'occasion de se prendre
en main et de devenir les principaux acteurs de leur apprentissage.
; â:
Presque Presque
L o rs q u e j e d o n n e d e s e x p o s é s ... Rarement Souvent
jamais toujours
Pour favoriser la perception qu'ont les
élèves de la valeur du contenu de l'exposé,
est-ce que:
►je suis enthousiaste quand je commence
un exposé?
►je prends le temps de leur raconter une anec
dote, de poser une question ou de soumettre
un problème à résoudre qui éveillera leur
intérêt et leur curiosité?
►j'utilise la métaphore pour mettre en évidence
l'utilité de la matière exposée?
Pour améliorer la perception qu'ont les
élèves de leur compétence à comprendre,
est-ce que:
►je leur propose un plan sous forme de
questions ou de table des matières au début
de mes exposés?
46. Destiné d'abord aux professeurs d'université, l'ouvrage de Bligh (2000) peut tout aussi bien aider
un enseignant du secondaire à réfléchir sur ses exposés et les rendre plus efficaces tant sur le
plan de l'apprentissage que sur le plan de la motivation. Rédigé en français, le livre de Chassé et
Prégent (2005) traite des exposés donnés lors de conférences et s'adresse surtout aux scienti
fiques. Il offre néanmoins une série de conseils qui peuvent intéresser un enseignant qui désire
améliorer ses exposés de façon systématique et rigoureuse. Ce livre est accompagné d'un cédérom.
-•« **« * v D'AUTO-OMtRVATION SUR LES EXPOStS
Presque Prosquo
L o rs q u » j » d a im » d u s o x p o s ô s ... jamais Rarement Souvont toujours
*je lus inlorro(|ii nui liims idéos préconçues pour
savoir cominunt ils s'expliquent le phénomène
qui sera présenté?
• j'essaie de leur donner des exemples qui
les concernent et les intéressent vraiment?
•je fais des analogies pour les aider à mieux
comprendre la matière?
•j'utilise des schémas ou des tableaux pour
illustrer mes propos ou donner aux élèves
une vision globale des concepts enseignés?
•je montre aux élèves comment j'agirais
(modélisation), au lieu de me contenter
de leur dire ce que j'attends d'eux?
•j'utilise un support technologique (diapos électro
niques, tableau, objet en trois dimensions) pour
aider les élèves à rester attentifs?
• je fais un résumé en revenant sur les principaux
points à la fin de mon exposé?
P o u r a m é lio re r la p e rc e p tio n de
c o n trô la b ilité d e s é lè ve s, e s t-c e q u e :
Dans une activité dont le produit est authentique, un élève utilise donc
ce qu'il apprend en classe pour réaliser un produit qui est à l'image de ce
qu'il peut trouver à l'extérieur de la classe. En fait, de telles activités per
mettent d'éviter, dans la mesure du possible, que l'élève ait le sentiment
de devoir accomplir un travail purement scolaire qui ne présente d'inté
rêt que pour son professeur et qui n'est utile qu'à des fins d'évaluation.
Pour sa part, Stipek (2002) souligne qu'il est parfois difficile de lancer
un défi aux élèves avancés sans pour autant proposer aux autres élèves,
dont ceux qui ont plus de difficultés, des tâches insurmontables. Pour éli
miner cette difficulté, elle propose d'offrir aux élèves qui ont rapidement
terminé d'accomplir des tâches supplémentaires telles qu'aider les autres
élèves et ainsi jouer le rôle de professeur. Il s'agit ici de leur donner l'occa
sion d'aller plus loin dans leur apprentissage, plutôt que de leur deman
der d'attendre en silence ou de leur donner des privilèges (lire un roman
qui leur plaît) auxquels les autres n'ont pas droit.
Une activité où deux élèves travaillent en duo peut combler dans cer
tains cas le besoin d'interaction que souhaitent la majorité d'entre eux.
S'enseigner mutuellement des parties de la matière est un mode de fonc
tionnement qui peut s'avérer efficace sur le plan motivationnel, surtout
si les deux élèves travaillent bien ensemble.
Enfin, de nombreuses études ont porté sur l'effet qu'induit une atmo
sphère de compétition entre les élèves ou entre les équipes. En général,
ces recherches ont permis de constater que des activités axées sur la com
pétition plutôt que sur la collaboration ne motivent que les élèves les plus
forts, c'est-à-dire ceux qui ont des chances de gagner. Est-ce à dire qu'il
faut éliminer complètement la compétition des activités d'apprentissage?
Los ohordioiiih no von! p.is jusque-lè dans lotir conclusion. Ils affirment
cependant que, si un enseignant vont utiliser la compétition pour snscitor
la motivation, ootto compétition doit être clairement annoncée aux élèves
comme une façon d'agrémenter la réalisation d'une activité et qu'elle
n'influera pas sur l'évaluation.
47. Pour d'autres exemples d'activités liées à la lecture, à l'écriture et à la communication orale,
voir notre ouvrage sur la motivation dans l'apprentissage du français (1999).
l’oiir midis munlid »omnu'iit une (clic aclivllc stiscilc la motivation
des clcvcs, noiih nvons dcciilc de la présenter sous forme schématique. I.a
section de gauche contient une brève description de chacune îles tâches
nécessaires â la réalisation du projet, et celle de droite, les conditions moti
vationnelles qu'elles remplissent.48
Conditions de motivation
Objectif et déroulement du projet
satisfaites
L'objectif est de proposer à des élèves du secondaire de produire
un conte fantastique d'environ trois pages à l'intention d'élèves
du primaire. L'objectif spécifique est de tenir compte du récepteur
dans le cadre d'une production écrite.
La première tâche revient à l'enseignant: elle consiste à deman
der aux élèves de s'engager dans cette aventure et d'être prêts
à travailler fort et efficacement. Il les informe également que ce
projet ne sera pas noté, mais qu'il leur fournira une très bonne
occasion de se préparer à une évaluation sommative. L'enseignant
distribue une feuille énumérant chaque tâche à accomplir ainsi
que les consignes relatives à l'échéancier.
La première tâche pour les élèves consiste, en équipe, à faire Engagement cognitif
l'inventaire des contes fantastiques qu'ils ont lus ou dont ils ont Tâche interdisciplinaire
entendu parler. Dans ce travail d'équipe, les élèves doivent éga
lement définir en quoi consiste ce genre littéraire, en déterminer Collaboration
les attributs et en donner des exemples à l'aide de leur inventaire. Défi
De plus, il leur est demandé de faire l'historique du conte
fantastique.
Pour mener à bien leur recherche, les élèves peuvent demander
l'aide de l'enseignant et faire une recherche à la bibliothèque
et, bien sûr, dans Internet.
Tout doit être colligé dans un bref rapport.
Après ce travail d'équipe, tous les élèves sont invités à discuter Collaboration
et débattre des qualités et des faiblesses des différents rapports Engagement cognitif
et, dans un travail collaboratif, à s'entendre sur la rédaction
d'un rapport commun pour toute la classe. Celui-ci deviendra
le cadre de référence pour ce qui suit. L'enseignant s'assure
que ce rapport est bien écrit et qu'il contient tous les critères
sur lesquels les textes des élèves seront jugés.
Pour la suite du projet, les élèves doivent changer d'équipe. Collaboration
Chaque élève se choisit un ou deux coéquipiers au maximum. Engagement cognitif
À partir du rapport commun, ainsi que d'une animation en Possibilité de faire des choix
classe, les élèves sont amenés à se questionner sur le type de
personnages et d'histoire qui émerveilleront leur public cible: Tâche signifiante
les enfants de 10 ans. Cette discussion donne lieu à la sélection
par chaque équipe d'une histoire et de personnages à leur goût
48. Ce projet s'inspire d'un projet conçu par le professeur Laurent Jouvet, de l'école Antoinr-
de-Saint-Exupéry de Montréal. Plutôt que d'écrire un conte fantastique, les élèves devaient
écrire un texte sur le thème de la peur. Ce projet est décrit dans notre ouvrage de 1999.
« o p i mnmmwm
Conditions do motivation
Objectif et déroulement du projet
satisfaitos
Les élèves rédigent des scénarios de textes et un premier je t Tâche diversifiée et intégrée
Chaque équipe doit soumettre son brouillon à au moins deux aux autres tâches
autres équipes, qui formulent leurs commentaires en se référant Engagement cognitif
aux critères listés dans le rapport commun.
Collaboration
Clarté des consignes
Défi
Après avoir reçu les commentaires des autres élèves et de Tâche diversifiée et intégrée
l'enseignant, chaque équipe produit le texte final et est invitée aux autres tâches
à le formater et à l'illustrer par un dessin ou une image faite Période de temps suffisante
à la main ou à l'aide d'un ordinateur. La mise en page du conte
est jugée terminée lorsque les corrections grammaticales et Produit authentique
orthographiques ont été faites et approuvées par l'enseignant. Tâche interdisciplinaire
Défi
Le recueil terminé, les élèves réalisent un nouveau mandat: Tâche signifiante
concevoir des activités d'animation d'environ 20 minutes, lors Tâche interdisciplinaire
de la rencontre qui a lieu avec leur public cible, laquelle est
prévue pour le jour de l’Halloween. Pour rendre leurs animations Produit authentique
encore plus captivantes pour les enfants du primaire, les élèves Défi
sont invités à se costumer pour l’occasion.
Pour témoigner des efforts considérables que les élèves ont Produit authentique
consacrés à ce projet et du succès obtenu lors de la rencontre Tâche signifiante
avec les élèves du primaire, l'enseignant, avec l'aide de quelques
élèves, produit une version finale du recueil et en remet
un exemplaire à chaque élève et aux enfants qui ont formé
le public cible.
2. L'ENSEIGNANT
Plus tôt, nous avons vu qu'un enseignant qui désire susciter la motivation
de ses élèves doit très bien connaître sa matière et être lui-même motivé.
D'autres caractéristiques liées à l'enseignant entrent en ligne de compte.
Dans cette section, nous mettrons l'accent sur trois d'entre elles: les attentes
de l'enseignant envers ses élèves, son style d'autorité et son rôle de modèle.
Plusieurs auteurs ont fait le point sur les études portant sur l'effet des
attentes des enseignants sur la motivation et l'apprentissage des élèves
(Good et Brophy, 2008 ; Stipek, 2002 ; Jussim, 1991). Voici les principales
conclusions auxquelles ils sont arrivés.
• Les attentes des enseignants peuvent porter aussi bien sur un élève en
particulier que sur l'ensemble des élèves d'une classe. Par exemple,
si l'on regroupe tous les élèves qui ont des difficultés dans une même
classe, il y a de bonnes chances que certains enseignants aient des
attentes plus faibles envers toute la classe.
• Les sources des attentes des enseignants sont de toutes sortes. Les prin
cipales sont les performances antérieures de l'élève, son sexe, sa race,
son niveau socioéconomique ou tout simplement sa tenue vestimentaire.
• Qu'elles soient élevées ou faibles, les attentes n'ont pas un effet direct
sur la dynamique motivationnelle et la performance des élèves. Elles
sont médiatisées par les comportements qu'elles font naître chez
l'enseignant (p. ex. ignorer un élève jugé faible) et par les perceptions
que les élèves ont de ces comportements. C'est donc dire que les
attentes des enseignants et les comportements qui s'ensuivent n'ont pas
nécessairement le même effet chez tous les élèves ; tout dépend de la49
49. Pour une description détaillée de cette étude et une bonne discussion sur son apport et ses limites,
voir Rosenthal et Jacobson (1992). En français, voir l'article de Trouilloud et Sarrazin (2003).
faço n «lim l h *m d o r n ir is les in te rp rè te n t. C iooil c l Itro p h y (2 0 0 8 )
oxpl U11 i i *i il riiiiiin o su it l'e ffe t d e s a tien le s d e s e n s e ig n a n ts su r leu rs
é lèv e s.
Au ilébtil île l'année, l'enseignant se crée des attentes différenciées envers
chacun de ses élèves. Ces attentes l'amènent, consciemment ou inconsciem
ment, à se comporter de façon différente à l'égard de chaque élève.
Observant et interprétant les comportements de son enseignant, l'élève
se forge sa propre idée sur la façon dont il est jugé par son enseignant.
L'interprétation de l'élève vient affecter son estime de soi et ses percep
tions motivationnelles qui, à leur tour, influencent sa façon de se compor
ter en classe. Les comportements de l'élève viennent confirmer les
attentes de l'enseignant; «J'avais bien raison», se dit-il.
En résumé, tous les enseignants ont des attentes envers leurs élèves,
et elles së traduisent en comportements qui motivent ou démotivent les
élèves selon l'interprétation qu'ils en font. Le danger qui guette l'enseignant,
c'est que ses attentes soient fondées sur des informations erronées, des
stéréotypes ou des préjugés. Que faire pour se prémunir le plus possible
des effets négatifs causés par des attentes erronées à l'égard des élèves ?
Comme on peut l'imaginer, les études menées pour mesurer les effets
de ces deux styles d'autorité démontrent que le style soutenant l'auto
nomie a un effet plus positif sur la motivation intrinsèque et autodéter
minée des élèves, leur intérêt à accomplir une activité, leur engagement,
leur performance, etc.
2. Dans bien des cas, l'enseignant est le seul modèle d'«apprenant» que les
jeunes peuvent observer.
Rares sont les jeunes qui ont la chance d'observer leurs parents en
train d'apprendre et de prendre plaisir à apprendre. Plus rares encore
sont ceux qui ont l'occasion de vivre des expériences d'apprentissage
avec leurs parents. Pour plusieurs enfants et adolescents, l'enseignant
est le seul adulte qu'ils peuvent observer apprendre et surtout aimer
apprendre.
Tous les enseignants ont des attentes envers leurs élèves, et elles se
traduisent en comportements qui les motivent ou les démotivent selon
l'interprétation qu'ils en font. Le danger qui guette l'enseignant, c'est que
ses attentes soient fondées sur des informations erronées, des stéréotypes
ou des préjugés.
Nous présentons sous forme de grille d'analyse les suggestions qui ont
été formulées dans cette section. Elle peut servir à l'enseignant qui désire
réfléchir sur les trois aspects de sa personnalité dont il a été question et qui
agissent directement ou indirectement sur la dynamique motivationnelle
de ses élèves.
DRILLE D'AUTO-OIEERVATION SUR LES ATTENTES, LE STYLE D'AUTORITE ,,
u r 6 l i .d e m o d è le d ' u n e n s e ig n a n t e ; ^ 1- '
Mos uttoiiton mivtHK un élévo faible ou démotivé m'amènent-ellos à": Oui Non
rintorrnfjoi molmi lii'iquommunt que les autres élèves? □ n
porter moins d'uttontion à ses questions et à ses commentaires? □ n
Mon souci d'être un modèle pour mes élèves m'amène-t-il à : Oui Non
créer des situations où je peux leur démontrer (et pas seulement leur dire)
□ □
le grand intérêt que j'ai pour la matière que j'enseigne?
* Il est peut-être normal d'avoir quelquefois des comportements inadéquats envers un élève que
l'on considère comme faible ou démotivé, mais, s'ils sont aussi diversifiés que ceux présentés
dans le questionnaire ou si l'un d'entre eux revient fréquemment, il serait important de se
demander si ce ne sont pas nos attentes envers lui qui sont à l'origine de sa démotivation.
ES l e s pr a t iq u es év a lu a tiv es
L'évaluation est un facteur déterminant de la perception qu'ont les élèves
de leur compétence à réussir. Toutes les évaluations qu'ils ont subies au fil
de leurs années passées sur les bancs de l'école deviennent des sources
d'information sur lesquelles ils se fondent pour juger s'ils sont capables
d'accomplir les activités pédagogiques qui leur sont proposées.
• Faire en sorte que l'élève ne voit pas ses erreurs comme des fautes pénalisantes,
mais comme des étapes incontournables dans son processus d'apprentissage.
50. Il existe de nombreux ouvrages sur le portfolio et le dossier d'apprentissage. Pour en savoir
plus sur ces types d'instruments d'évaluation, voir par exemple l'ouvrage de Tardif (2006) sur
l'évaluation des compétences. L'auteur consacre un chapitre entier sur la façon dont le port
folio et tout particulièrement le dossier d'apprentissage peut aider un enseignant qui désire
évaluer les compétences de ses élèves. L'ouvrage de Durand et Chouinard (2006) comporte
également une section importante sur le portfolio et ses applications.
Par ailleurs, pour que l'an (dévaluation ne se limile pas à s'atlrilmer une
note, il est important de fournir à l'élève des outils lui permettant de s'auto-
évaluer adéquatement51. Pour qu'il accorde encore plus de valeur à son
processus d'autoévaluation, l'enseignant lui proposera d'utiliser les mêmes
critères et les mêmes objets d'évaluation qu'il utilise lui-même pour l'éva
luer. Ici encore, le portfolio et le dossier d'apprentissage accompagnés d'une
grille d'autoévaluation sont des instruments susceptibles d'aider l'élève à
accomplir adéquatement cette tâche. Des auteurs comme Weinstein et Hume
(2001) et Zimmerman et al. (2000) proposent de telles grilles.
51. Pour en savoir plus sur les techniques et les outils d'autoévaluation, voir Louis (1999).
équipe ou Iik IIvl<h irllcm enl. Soucieux de leur offrir le plus r.ipidem enl
possible’ des nMio.u lions su r leur travail, ils invitent les (Sèves è venir les
voir è leur bureau ou circulent d ans la classe et fou rnissent è chacun des
com m entaires aussi sim p les que « c 'e s t correct, tu peux co n tin u er» ou
«reco m m en ce, tu p eu x faire m ieu x ». C ertain s en seig n an ts portent peu
attention à ces co m m en taires, car ils n e les co n sid èren t pas com m e des
actes d 'évalu ation . P ou rtan t, ils le sont et ils to u ch en t de façon sign ifica
tive la p ercep tio n d e com p éten ce de l'élève.
Pour terminer, et comme nous l'avons fait pour les autres facteurs,
nous présentons sous forme de grille d'auto-observation les questions qu'un
enseignant peut se poser s'il désire réfléchir sur l'effet de ses pratiques
évaluatives sur la dynamique motivationnelle de ses élèves.
GRILLE D'AUTO-OBSERVATION SUR LES PRATIQUES ÉVALUATIVES ,
M a façon d ’évaluer perm et-elle aux élèves: Oui Non
de v o ir les a p p re n tissa g e s q u 'ils o n t a c c o m p lis ? □ □
ES le clim at de la c l a s s e
Le climat de la classe a surtout été étudié par les spécialistes de la gestion
de classe qui en ont analysé tous les aspects52. Dans cette section, nous nous
limiterons à examiner le climat de la classe sous l'angle de son apport à
la dynamique motivationnelle des élèves, en privilégiant la relation entre
les élèves. Nous n'aborderons donc pas la gestion des comportements
dérangeants, la gestion du temps, le respect des règles de conduite, l'orga
nisation matérielle de la classe, etc.
Apprendre à l'école, c'est apprendre dans une classe. Dans une classe,
un élève n'est pas seul. Il fait partie d'un groupe d'élèves, et c'est avec eux
qu'il apprend. Dès lors, on peut se demander quelle relation les élèves
doivent entretenir entre eux pour être animés d'une dynamique motivation
nelle propice à l'apprentissage. Il ressort des études menées sur la relation
entre les élèves qu'au moins quatre conditions doivent être respectées : la
sécurité, l'appartenance, la collaboration et le respect (Good et Brophy,
52. Pour une recension des écrits sur la gestion de classe, voir Martineau et Gauthier (1999). H
existe également des ouvrages complets consacrés à la gestion de classe, notamment Nault et
Lacourse (2008) et Archambault et Chouinard (à paraître).
2008; lli'opliv. 2001; Mlpok, 2002). C es conditions se recoupent rl peuvent
parfois «Mie confondu es, m ais, pour bien saisir leur im portance pour lit
d ynam iqu e m otivationnelle, il convient de les d istin g u er et de les p résen
ter séparém ent.
4.1 LA SÉCURITÉ
Dans sa théorie sur la motivation, Maslow (1970) précise qu'une personne
ne peut atteindre des besoins supérieurs (comme l'actualisation de soi)
sans avoir au préalable comblé ses besoins fondamentaux. Dans cette hié
rarchie, le besoin de sécurité vient au deuxième rang des besoins fonda-
•mentaux, après les besoins physiologiques tels que la faim et la soif. Même
si la théorie de Maslow ne s'est pas révélée tout à fait exacte, on peut
comprendre que, pour apprendre et en avoir la motivation, un élève doit
pouvoir compter sur un climat de sécurité dans la classe.
Ne pas être menacé ou molesté physiquement par les autres est bien
sûr la première sécurité à offrir à l'élève, mais on doit également viser .'i
lui offrir une sécurité dans le déroulement de ses apprentissages. En fait,
il s'agit ici de s'assurer qu'il n'est pas dénigré pas ses camarades s'il fait
preuve d'audace, d'originalité ou de créativité dans ses apprentissages.
Par exemple, on voit parfois des élèves rire de la réponse qu'un de leurs
camarades a donnée à une question à laquelle personne n'osait répondre.
Or, si un élève fait l'objet de sarcasmes et de dénigrements, on peut être
certain qu'il ne prendra plus de risques à l'avenir.
Pour s'assurer que les élèves jouissent d'une sécurité qui leur permet
de s'investir dans leur apprentissage, l'enseignant doit, à travers ses
propres comportements et commentaires, montrer à tous ses élèves qu'ils
peuvent en toute quiétude faire preuve de créativité et d'audace. Il doit
également les avertir qu'il n'acceptera pas les rires moqueurs ou tout com
portement qui pourrait inciter un des leurs à s'isoler et à rester en retrait
lors des échanges et des discussions. (Stipek, 2002). Offrir à l'élève un sen
timent de sécurité en classe, c'est lui donner la possibilité d'apprendre en
toute quiétude et surtout d'être motivé à le faire.
53. Les deux autres sont la compétence et l'autonomie. Voir la description de la théorie de l'auto
détermination de Deci et Ryan à l'annexe I.
groupe. L'enseignant doit donc souhaiter qu'un esprit de fraternité et de
complicité se développe entre ses élèves. En fait, le danger à éviter est
que certains élèves soient mis à l'écart par les autres. Par exemple, un
élève qui est traité par ses propres camarades de « crétin » ou, au contraire,
de «bollé» peut être jugé par ceux-ci comme indésirable dans le groupe.
À propos des «bollés», Chouinard et al. (2004), citent une série d'études
intéressantes qui démontrent que les élèves doués et performants sont
parfois enviés et mis à l'écart par leurs camarades. Il s'ensuit que certains
d'entre eux sont portés à fournir une sous-performance de façon délibé
rée dans le but de préserver leur place dans le groupe.
4.3 LA COLLABORATION
L'ensemble des chercheurs s'entendent pour dire que la collaboration est
un facteur-clé dans l'apprentissage scolaire (Good et Brophy, 2008 ; Stipek,
2002; Abrami et al., 1996). Or, sans trop en être conscients, certains ensei
gnants instaurent dans leur classe un climat qui provoque plus de com
pétition que de collaboration entre les élèves. C'est notamment le cas
lorsqu'ils mettent en place des activités où il y a des gagnants et des per
dants, utilisent des pratiques évaluatives où les meilleurs sont honorés
au détriment des autres, ou recourent à des systèmes d'émulation récom
pensant les meilleurs. Plusieurs études francophones, dont celles de
Hughet (2006) et Damon et Butera (2006), démontrent les inconvénients
que présente un tel climat. En fait, la compétition peut susciter la moti
vation des élèves susceptibles d'en sortir gagnants, c'est-à-dire les plus
forts, mais elle diminue la motivation des autres, ceux qui sont considé
rés comme moyens ou ceux qui ont des difficultés d'apprentissage.
Io n lOrtiill.th de recherche lu» doivent p.is im iter ren seig n an t «'i é li
m iner toute «nllvllé pédagogiqu e où la com p étition est vue île façon
ludique (p. ex. les jeux pédagogiqu es) et où la confrontation d 'id ées est
m ise en avant (p. ex. les d ébats). En fait, la com p étition ne nuira pas à la
m otivation des élèves si elle est introd uite de façon ponctuelle dans une
activité p éd ag ogiqu e e t si elle est perçue co m m e lu d ique par les élèves.
À l'in v erse, elle n u ira à leu r m otivation si elle les am ène à voir leurs ca m a
rad es co m m e d es riv au x d ans la p o u rsu ite d e leurs b u ts d 'ap p ren tissag e
p lu tô t qu e d es co llègu es d e travail.
• montre à ses élèves qu'il n'est pas le seul dans la classe à pouvoir les
aider et que leurs camarades peuvent être des sources importantes
d'information;
• prenne le temps de montrer à ses élèves comment travailler avec les
autres, mais aussi comment aller chercher de l'aide auprès de leurs
camarades ;
• répertorie le type d'aide que chaque élève est prêt à offrir aux autres.
Cet exercice peut amener les élèves qui ont de la difficulté dans une
matière à se trouver des compétences insoupçonnées (p. ex. en infor
matique) et à prendre ainsi une place plus active au sein de la com
munauté d'apprenants.
Le climat de la classe fait partie des facteurs qui influent de façon signi
ficative sur la dynamique motivationnelle des élèves. Vu sous l'angle de la
relation entre les élèves, il ressort que le climat de la classe est propice à
cette dynamique si l'élève se sent en sécurité, est accepté comme membre à
part entière de la classe, profite d'un climat de collaboration entre les élèves
et est respecté par ses camarades malgré ses différences individuelles.
54. Deci et al. (2001) nomment également ce type de récompenses positive feedback.
yeux de plusieurs chercheurs, dont Deci <*/ ni. (2001), les récompenses
matérielles sont vues par la majorité des élèves comme contrôlantes, car
elles les incitent à travailler davantage et à être plus performants.
Quant aux sanctions, elles sont rarement étudiées par les chercheurs.
S'appuyant sur la théorie béhavioriste du conditionnement opérant55, ils
suggèrent aux enseignants de ne jamais les utiliser. Mais on sait bien que
ces derniers utilisent parfois les sanctions (appelées aussi conséquences)
même s'ils ne le souhaitent pas. Les sanctions se présentent alors sous
forme d'absence ou de retrait des récompenses attendues, de réprimandes,
de devoirs supplémentaires ou de retenues après les heures de classe.
Tous les chercheurs s'entendent pour dire que les récompenses de type
informatif favorisent la motivation intrinsèque de l'élève (Deci et al., 2001 ;
Cameron, 2001 ; Lepper et Hodell, 1989). Ils expliquent ce phénomène par
le fait que les récompenses informatives influent positivement sur la façon
dont les élèves jugent leurs capacités de réussir. Ce résultat des recherches
confirme l'importance que revêt la perception de la compétence comme
source de motivation.
55. Selon la théorie du conditionnement opérant, il suffit de récompenser le plus rapidement possible
un comportement pour qu'il se répète.
56. Comme on s'en souvient, la motivation intrinsèque est le plaisir qu'un élève ressent à accomplir
une activité.
Concernant les activités ennuyantes qui suscitent peu île motivation
intrinsèque chez les élèves, Cameron (2001) avance qu'une récompense
matérielle peut avoir un effet positif si elle est donnée à la suite d'une
bonne performance de l'élève. En fait, pour Cameron, la seule situation
où une récompense matérielle diminue l'intérêt qu'un élève porte ii une
activité, c'est lorsqu'elle est donnée simplement pour l'inciter à accomplir
cette activité. Deci et ses collègues ne sont pas d'accord sur ces dernières
conclusions: pour eux, toute récompense matérielle attendue par les
élèves ne peut que nuire à leur motivation intrinsèque.
Peu de recherches ont porté sur les différences culturelles des élèves.
Par exemple, des élèves d'Asie de l'Est réagissent-ils de la même façon
aux récompenses que des élèves de souche francophone ou de culture
hispanique?
Ces deux questions demeurent sans réponse, ce qui nous porte à avoir
des réserves sur les conclusions des études recensées par les chercheurs.
Nous penchons cependant du côté de ceux qui défendent l'idée qu'un
usage répété et inapproprié des récompenses peut nuire à la motivation
intrinsèque des élèves. Doit-on pour autant suggérer aux enseignants de
bannir de leur enseignement toute récompense et toute sanction?
Si nous consacrons un chapitre entier aux TIC, ce n'est pas parce que
nous pensons qu'elles sont plus importantes que les cinq facteurs pré
sentés au chapitre 5. Ces facteurs demeurent les portes d'entrée à privi
légier pour atteindre la dynamique motivationnelle d'un élève. Si nous
avons ajouté ce chapitre, c'est parce que les TIC se développent à une
vitesse fulgurante et que le monde scolaire en sera bouleversé, comme
toutes les autres sphères de la société. Pour s'en convaincre, il suffit de
penser que les élèves qui entrent à l'école primaire et secondaire ne sont
déjà plus les enfants du Web, mais les enfants de la génération du Web 2.0.
Ils ne font plus partie de ceux qui, hier encore, s'émerveillaient d'avoir
accès à de l'information par l'entremise de million de sites Internet, mais
de la génération qui crée de l'information, échange, partage et collabore,
par l'entremise des nouveaux outils offerts dans Internet comme les Wikis
et les blogues57. En arrivant à l'école le matin, ces jeunes se transforment-
ils en élèves traditionnels qui se réjouissent de recevoir un savoir
encyclopédique transmis par un adulte devant toute une classe ? On peut
difficilement le croire, et c'est pourquoi il importe de se pencher sur la
place des TIC à l'école et sur leur influence sur la motivation à apprendre.
57. Un site Wiki est un site Web collaboratif où les visiteurs peuvent participer à la rédaction du
contenu. Un blogue est un site Web personnel présentant généralement l'opinion d'une per
sonne et à laquelle les visiteurs peuvent réagir.
Tout nu long do ru chapitre, on no devra jamais oubliai que Ion TIC sont
dos oui lin, puissants aortes, mais dos outils. Commo nous lo rappelle
Lebrun (200/: p. 19}, «parler de l'efficience d'un outil pédagogique néces
site do so référer aux méthodes dans lesquelles cet outil prendra place
et plus loin encore aux objectifs éducatifs que les sous-tendent ».
Hy a effectivement une tendance générale à croire que les TIC sont d'emblée
motivantes (Spitzer, 1996). Cette croyance est probablement due à
l'engouement des enfants et des adolescents pour les jeux vidéo et le Web.
Plusieurs personnes pensent que, si les jeunes sont si emballés à l'idée
d'utiliser les TIC pour se divertir, il en ira de même si on leur offre
d'apprendre à l'aide de ces mêmes technologies.
Les enseignants sont plus partagés quant à l'effet des TIC sur la moti
vation de leurs élèves. Certains sont devenus des adeptes des TIC, car ils
ont constaté une augmentation soudaine de l'intérêt de leurs élèves lors
qu'ils les utilisaient dans leur classe. D'autres demeurent perplexes; ils
voient bien que les jeunes sont motivés à utiliser les nouvelles techno
logies dans la vie quotidienne, mais ils doutent qu'ils puissent être moti
vés à les utiliser pour apprendre. D'ailleurs, on a observé depuis quelques
années, une diminution de l'utilisation des TIC à l'école. Bibeau (2006 : p. 46)
constate que, même si le nombre d'ordinateurs a augmenté dans les écoles
québécoises, «la proportion des postes de travail utilisés 15 heures et plus
par semaine a diminué de 60% à 56% ».
Les premières études menées sur ce sujet ont démontré que l'utilisation de
l'ordinateur à des fins pédagogiques suscite un intérêt spontané chez un
grand nombre d'élèves et qu'ils prennent un réel plaisir à accomplir des
tâches d'apprentissage à l'aide des TIC (Sandholtz, Ringstaff et Dwyer,
1994, 1997, cités dans Como et Mandinach, 2004). Plusieurs chercheurs
ont conclu de ces deux constats que les TIC augmentent la motivation
des élèves à apprendre. Nous avons cependant deux réserves à l'égard
de cette première conclusion.
Dans leur analyse de 42 études portant sur l'effet des TIC, Waxman, Lin
et Michko (2003) soulèvent les mêmes problèmes méthodologiques que
Bums et Ungerleider. Néanmoins, leur analyse démontre que les élèves qui
utilisent les TIC ont une attitude plus positive envers ces technologies et
envers eux-mêmes que ceux qui ne les utilisent pas. Les auteurs soulignent
toutefois que l'écart est faible, mais significatif, sur le plan statistique.
• des applications adaptées aux élèves qui ont pour effet de maximiser
leur expérience de réussite ;
• aux élèves de produire et de partager en ligne leur réalisation avec
des élèves d'autres écoles et d'autres pays, des enseignants, des
experts et même avec leurs parents;
• la création et l'utilisation de jeux, de projets multimédias, de simu
lations, etc. pour développer des habiletés et maîtriser des connais
sances de base.
Enfin, Barrette (2007; 2005) ajoute que les applications dont l'approche
pédagogique est clairement centrée sur la performance de l'usager dimi
nuent l'intérêt et la motivation des élèves. Notons que les études sur les
quelles se fonde Barrette pour arriver à une telle conclusion ont été menées
au niveau post-secondaire.
Lorsque l'on examine les écrits scientifiques des chercheurs qui gardent
un bon niveau d'objectivité à l'égard des TIC, on constate qu'ils les quali
fient d'outils à fort potentiel. Par exemple, discutant de l'apport des TIC sur
la qualité dos apprentissages, Depover cl ni. (2007: p. 170-177) soulignent
que les TJC «ne sont pas intrinsèquement des outils cognitifs, mais plutôt
des outils à potentiel cognitif. C'est donc dire que le contexte et ruante sont
des facteurs importants de l'impact des TIC sur l'apprentissage |...]».
Les TIC ont une caractéristique qui prime probablement sur les autres: elles
proposent à l'élève une relation interactive, c'est-à-dire une relation dans
laquelle il doit constamment interagir avec la machine. Cette interaction
implique également que l'ordinateur puisse lui offrir de l'information
ajustée à ses caractéristiques individuelles, à son processus d'apprentis
sage et à ses attentes.
On peut en effet penser que des matières comme les sciences dites exactes
peuvent davantage bénéficier des TIC que des matières plus abstraites
comme les sciences humaines ou la philosophie. D'ailleurs, les premières
applications pédagogiques de l'ordinateur ont porté sur des domaines
tels qu e la physiqu e, la chim ie et les m athém atiqu es. M ais, si l'on se lie
à l'éta t actuel de la recherche, toute m atière peu t bén éficier des caracté
ristiques m o tivatio n nelles des TIC . Il n e tient q u 'à l'en seig n an t de bien
u tiliser les T IC e t su rto u t de rem plir les cond ition s m otiv ation nelles qui
s'y rattachent.
Pour que les TIC influent positivement sur la motivation des élèves, deux
types de conditions doivent être remplies : des conditions propres aux TIC
et des conditions qui sont plus d'ordre pédagogique. Ces dernières ont
été présentées à la section «Activités d'apprentissage» au chapitre 5. Elles
sont incontournables.
À travers ces 11 questions, nous avons tenté de réfléchir sur l'effet des
TIC sur la dynamique motivationnelle de l'élève. D'abord, nous avons
constaté que les TIC sont des outils qui peuvent et doivent être utilisés
dans le cadre d'activités pédagogiques, mais que ce serait une erreur de
considérer qu'ils influent autant sur la motivation des élèves que les fac
teurs qui ont été présentés au chapitre 5. Ensuite, nous avons vu que la
majorité des études portant sur l'effet des TIC sur la motivation des élèves
concluent à des résultats positifs, mais que ces résultats sont plus mitigés
que prévu. Ces résultats nous ont cependant amené à conclure que les TIC
ont des caractéristiques qui en font des outils à fort «potentiel motivation
nel» à condition, bien sûr, que ce potentiel soit bien exploité dans les
activités pédagogiques en classe. Enfin, nous avons constaté que l'implan
tation des TIC dans une classe exige de l'enseignant qu'il reconsidère son
rôle. Il doit se résigner à laisser une place importante aux TIC comme
sources d'informations et se donner pour tâche d'animer, de guider et de
soutenir ses élèves dans l'acquisition de nouvelles compétences, dont
celles consistant à chercher des informations et à les traiter.
wmmnr ' r.
T"
b-
F 1
H; ..
lil Ll~ .
Les causes évoquées par les élèves pour expliquer leurs échecs ou
leurs succès sont nombreuses. Par exemple, ils peuvent attribuer leur
échec à un examen à des causes comme le manque de capacités, l'insuf
fisance de leurs efforts, la complexité de l'examen, la malchance, le manque
de temps, l'incompétence de l'enseignant, etc. Pour mieux analyser la
façon dont les causes évoquées par les élèves influent sur leur motivation,
Weiner propose de les regrouper en trois catégories : le lieu de contrôle
de la cause, son niveau de stabilité et le degré de contrôle que l'élève
exerce sur elle.
lîn oxaminanl les causes nous l'angle du lien de contrôle, on pet il éla-
blir si elles sont internes à l'élève (p. ex. aptitudes intellectuelles, talent,
efforts, fatigue, etc.) ou si elles lui sont externes, c'est-à-dire reliées à son
environnement (p. ex. complexité de la tâche, chance, qualité de l'ensei
gnement, etc.). Par exemple, un élève fait une attribution interne lorsqu'il
attribue son échec à un examen à la fatigue qu'il éprouvait au moment
de le passer; en revanche, il fait une attribution externe lorsqu'il impute
son échec à l'incompétence de son enseignant.
Les mêmes causes peuvent être vues sous l'angle de leur stabilité. Ainsi,
une cause peut être catégorisée comme stable lorsqu'elle revêt un carac
tère de permanence pour l'élève ; c'est le cas du talent. À l'opposé, une
cause telle que les efforts, qui est susceptible de fluctuer régulièrement,
est dite modifiable. Par conséquent, l'élève qui attribue sa réussite dans
un cours de français à son « talent d'écrivain » évoque une cause stable,
alors que celui qui l'explique par la chance évoque une cause modifiable.
Enfin, on peut envisager ces causes sous l'angle du contrôle que l'élève
peut exercer sur elles. Une cause est dite contrôlable lorsque l'élève croit
qu'il aurait pu agir sur elle, et incontrôlable lorsqu'il juge qu'il n'avait
aucunement la possibilité de la prévenir. En ce sens, les efforts sont une
cause contrôlable, tandis que la chance est une cause incontrôlable.
«M B S
pgg§ Contrôlable Incontrôlable Contrôlable Incontrôlable
Stable • Stratégies • Intelligence • Complexité • Matière étudiée
d'apprentissage •Talent d'une activité
LA MOTIVATION INTRINSÈQUE ET
EXTRINSÈQUE SELON DECI ET RYAN
Pour Deci et ses collègues (Deci et a l, 1991 ; Deci et Ryan, 1985), la moti
vation s'inscrit dans la théorie de l'autodétermination. Selon cette théorie,
une personne a besoin de considérer qu'elle est à l'origine de ses actions
(Pelletier et Vallerand, 1993). Ce besoin d'autodétermination est étroite
ment lié à deux autres besoins: le besoin de se sentir compétent et le besoin
d'entretenir des relations avec les autres. Dans l'optique de Deci et ses
collègues, le besoin de se sentir compétent correspond au désir de bien
faire ce que l'on entreprend, et le besoin d'établir des relations avec les
autres, c'est-à-dire au désir d'entretenir des relations sécurisantes et satis
faisantes avec son entourage (Deci et a l, 1991). Selon Deci et Ryan, une
personne est plus motivée intrinsèquement lorsque son environnement
lui permet de combler ces trois besoins.
V allernnd et S e n é ca l (1 9 9 2 : p. 5 1) d é fin is s e n t la m o tiv a tio n in trin sè q u e
co m m e le « f a it d e p a rtic ip e r à u n e a c tiv ité p o u r le p la isir et la s a tis fa c tio n
q u e l'o n retire p e n d a n t la p ra tiq u e d e ce lle -c i» . M a is les e n se ig n a n ts sa v e n t
b ie n q u e les é lèv e s n e so n t p a s to u s m o tiv é s in trin sè q u e m e n t à a p p ren d re.
L a fig u re s u iv a n te illu s tre le s d iffé re n ts ty p e s d e m o tiv a tio n q u e l'é lè v e
p e u t re ssen tir.
Motivation
extrinsèque
Régulation
— Introjection — Identification — Intégration
externe
Motivation
intrinsèque
Ce dernier point nous amène à avoir certaines réserves sur les tra
vaux de Deci et Ryan. En effet, ces auteurs situent la motivation extrin
sèque et la motivation intrinsèque sur un continuum d'appropriation,
mais ils proposent surtout des stratégies d'intervention qui visent à ame
ner l'élève à être motivé intrinsèquement. La lecture de leurs travaux
donne l'impression qu'ils ne tiennent pas assez compte du fait qu'en
contexte scolaire peu d'élèves s'engagent dans des activités pour le simple
plaisir. En général, l'élève ne choisit pas son milieu scolaire et, dans la
plupart des cas, ne choisit pas non plus les activités pédagogiques, car
elles sont obligatoires. En ce sens, si nous nous fondons sur le continuum
proposé par Deci et Ryan, nous sommes conduit à penser que les ensei
gnants devraient avoir pour objectif d'amener tous leurs élèves à atteindre
au moins le niveau de l'identification. Or, il est certes souhaitable que tous
les élèves atteignent ce niveau et aillent jusqu'à être motivés intrinsèque
ment, mais, à notre avis, les enseignants ne devraient pas consacrer toute
leur énergie à élaborer des stratégies pour voir émerger chez tous leurs
élèves une motivation intrinsèque à apprendre. À notre avis, ce serait
peine perdue.
Dans notre cadre de référence, nous avons tenu compte des travaux
de Deci et Ryan dans la présentation de la perception de contrôlabilité.
Cependant, nous n'avons pas jugé nécessaire de reprendre la typologie
des types de motivation de ces auteurs, car un enseignant peut difficile
ment en tirer profit dans ses interventions. Certes, il peut être intéressant
de voir que la motivation d'un élève se trouve, par exemple, au niveau
de l'introjection. Mais à quel niveau doit-il être? Et que faire pour l'aider
à l'atteindre ? Les travaux de Deci et Ryan en disent peu à ce sujet. Leur
théorie demeure donc intéressante pour mieux analyser la motivation des
élèves, mais elle perd en pertinence dans un cadre de référence qui a pour
but d'aider les enseignants à mieux intervenir.
Ensuite, nous avons décidé de ne pas nous engager dans le débat qui
consiste à déterminer si la motivation intrinsèque est plus importante que
la motivation extrinsèque dans l'apprentissage (voir à ce sujet la théorie
de l'autodétermination de Deci et Ryan à l'annexe I). L'utilisation du concept
de déterminisme réciproque nous permet d'éviter ce débat, car, rappelons*
le, il inscrit la motivation de l'élève dans l'interaction constante et réci
proque entre ses caractéristiques individuelles (tout particulièrement ses
perceptions), ses comportements et son environnement. Comme le sou
lignent Galant et Bourgeois (2006 : p. 21), une approche sociocognitive per
met « d'éviter deux écueils opposés : considérer que la motivation relève
exclusivement de facteurs internes à l'apprenant ou au contraire qu'elle
relève uniquement de facteurs externes à l'apprenant».
Contre-exemples, 58
c
Contrôlabilité, perception de, 13,17, 24,
Cadre de référence, 1 1 ,1 8 ,1 9 ,8 9 ,9 3 ,1 9 4 44-51, 6 6 ,1 3 9 ,1 4 1 ,1 4 2 ,1 7 7
Capacité de tolérer l'erreur, 178 Contrôlant, style, 150
Caractère interdisciplinaire Contrôle, 86, 88,188
(voir interdisciplinaire) lieu de, 188
Caractéristiques individuelles, 62,177 Coût, 26
Carte de navigation, 179 Créativité, 48, 49, 84,161
Charisme, 80,124 Culture d'une société, 75
Choix, 13,141,177
Classe, 14
D
climat de la, 85, 86, 160-164
facteurs liés à la, 14,15,79-82,90,104 Décideurs politiques, 88
gestion de la, 85,160
Défi, 139
Collaboration, 85, 8 6 ,1 4 2 ,1 4 3 ,1 6 2 ,
163,168 Degré
d'extension, 30
Commentaires aux élèves, 155
de réalisme, 30
Communauté d'apprenants, 162
Démarche d'intervention, 92
Comparaison, 84
Démotivation, 8 ,2 4 ,7 6 ,8 1 ,9 0 ,9 6 ,1 1 3 ,1 7 8
Compétence, perception de sa, 1 3 ,1 7 ,2 4 ,
Densité, 30
35-44, 50, 66, 7 3 ,1 4 0 ,1 4 1 ,1 7 6
Dépression nerveuse, 90
Compétition, 83, 85, 8 6 ,1 4 2 ,1 4 3 ,1 6 2 ,1 6 3
Déterminisme réciproque, 194
Comportements, 194
chez l'enseignant, 8 1 ,8 2 Diapositives électroniques, 132
d'apprentissage, 52
sociaux, 86 Différences
culturelles des élèves, 85
Composantes motivationnelles, 22 individuelles, 8 5,163,164
Concentration, 52 Dimensions, 188
Concept de soi, 37
Discipline, 77
Conditionnement opérant, 166
Distanciation culturelle, 75
Conditions, 180
Diversité, 138
d'une activité d'apprentissage, 80
motivationnelles, 136-145,177 Dossier d'apprentissage, 157
I )yniimli|iii' i ompoi lemenl »lu*/. I', Ml, 82
«Iyr>l«»tit llnmu'llr, l(> enthousiasme de I', 127, 151
loin llonnrllc, U> modèle, 151, 152
motivationnelle, 11-15, 18, 31, 64, 65, motivation de I', 81
70, 77, 79, 83, 89, 110, 113, perceptions de Y, 82
124,151,158,159 soutien de 1', 179
exemples de, 15-18 style d'autorité, 150-151
facteurs externes de la, 14,15, 70
traits de personnalité de Y, 77,
manifestations de la, 51, 90
8 0,124,152 (voir aussi
modèle de la, 12, 64
•humeur et humour)
sources de la, 1 3 ,2 2 ,1 2 4
Enseignement
activités d', 79,123-135
E techniques d', 80,124
Échelle de mesure, 111 Entrevue, 113-118
École Environnement, 194
facteurs liés à Y , 14, 77, 78 familial, 72-74
phénoménologique, 22
Erreurs, 83,130, 156,178,180
Écriture, 31,40,111
Estime de soi, 23, 37,41, 66
Effet (s)
sonores, 178 État(s)
de l'ordinateur, 175 émotifs, 38
de nouveauté, 174 physiologiques, 38
Pygmalion, 148
Éthique, 115
Effort mental, 52
Étude de cas, 3 3 ,8 0
Élève(s)
collaboration entre les, 85,86 Évaluation, 83, 8 4 ,9 2 ,1 5 3 ,1 5 6 (voir
commentaires aux, 155 a u ssi pratiques évaluatives)
compétition entre les, 85,86 actes informels d', 158,159
défi pour 1', 139 axée sur la performance, 83
différences culturelles des, 85 axée sur le processus
différences individuelles des, 85 d'apprentissage, 83
handicaps intellectuels des, 85 critères d', 154
handicaps physiques des, 85 fréquence d', 155
motivation des, 85 instruments d', 154,157
perceptions des, 89,194
objets d', 154
préconceptions de Y , 128
outils d', 83
relations entre les, 8 5 ,1 6 0
Évitement, stratégies d', 53, 97-100, 127
Émotions, 49, 60, 61
Encouragements, 39,51, 73,150,166-169, Exemple, 124,128
177,180 E xpecta tio n , 38
Engagement, 13 ,4 8 ,1 6 8 Expérience vicariante, 38, 39
affectif, 4 9 ,5 0 ,6 1
cognitif, 1 7 ,3 3 ,4 0 , 51-54, 6 3 ,6 5 ,6 7 , Expertise, 9 2 ,9 3
76,14 0 ,1 7 5 Exposé, 7 9 ,1 2 3 ,1 2 7 ,1 3 2 ,1 3 4
Enseignant, 15,43, 81,82,147-153
Expositions scientifiques, 78
( voir a u ssi professeur)
attente de Y , 147-149 Expression orale, 31, 32, 40
1
F Intégration, l'M
Interaction, besoin d', 1*12
Facteurs externes, 11,1 4 ,1 5 , 70, 81,100
liés à l'école, 14, 77, 78 Interdisciplinaire, 143
liés à la classe, 14,15, 79-82,90,104
Intérêt, 2 4 -26,34,124,176
liés à la société, 14, 75-77
liés à la vie personnelle, 14,71-75 Internet, 8 0 ,1 2 5 ,1 7 2 ,1 7 8 (voir a u ssi Web)
sites scientifiques d', 138,151
Fautes pénalisantes, 156
( voir a ussi erreurs) Intervention, démarche d', 92
J
G Jeux
éducatifs, 80
Garçons, 32,1 7 4 ,1 7 6 ,1 7 9
vidéo, 173,179
Généralisation, stratégies de, 57
Gestion de la classe, 85
L
Graphiques, 129
Lecture, 3 1 ,4 0
Grille
à voix haute, 123
d'auto-évaluation, 154,158
d'entrevue, 114,116 Liberté d'action, 47, 50
d'observation, 97-100
Lieu de contrôle, 188
Guide, 181
M
H
Manifestations de la dynamique
Handicaps motivationnelle, 13,51-65,90
intellectuels des élèves, 85
Médias de masse, 75, 76
physiques des élèves, 85
Mentor, 82,151 (voir a ussi modèle)
Humeur, bonne, 80
Mesure, échelle de, 111
Humour, 82,124
Métaphore, 8 ,1 2 6 ,1 5 6
Minorités ethniques, 85
I
Modèle, 8 2 ,1 3 0 ,1 3 1 ,1 5 1 ,1 5 2 (v oir
Identification, 190 a u ssi mentor et modélisation)
R Sentiment
d'appartenance, 85,16 1 ,1 6 2
Recherche d'informations, 80 d'efficacité personnelle, 35
Récompenses Signifiance, 137
de type informatif, 165-168
et sanctions, 15, 86, 87, 165-169 Situation
matérielles, 165-168 authentique, 158
systèmes de, 86,168 d'apprentissage, 79
Vie personnelle, 1 1 ,1 4 ,1 9 ,7 0 -7 5 ,1 3 7
Technique
d'animation, 107-110
d'enseignement, 80,124
W
Technologies de l'information et de Web, 172-175,180 {vo ir a u ssi Internet)
la communication {voir TIC) sites, 180
C 'f*t A C0 i q u v itlo m qu« cul ouvragi» dmlt*
i'« d ro n c k to u t lot ln te rv«n «nti d«nt lut m llin
«un étudiant* qui * • d e itln e n t A Alm Ik h i
demain. Il a pour but de let Aider A mien» •
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m otivation des élèves afin de mieux !nl< ■.......
Rolland Viau
Il est professeur associé à la Facultr d'ni
l’Université de Sherbrooke. Depuis.", ................. 1 im i
et son enseignement portent sur la m nli\ ilmn m mu
scolaire. En plus d'avoir publie de nomlm ux
articles dans des revues scientifique. H pmii nm n.
il a rédigé pour le compte des Éditions du kVm.m iu h
Pédagogique et des Éditions De Boeck plu-.it n i...... >..i>^ |
dont le plus connu est «La motivation en m n ir • n
scolaire».
MOTCON
ISBN 978-2-8041-1148-9
804 111489 ISSN 0778-0451 www.deboeck.com