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CO2CRETE Impact - L'EMPREINTE CO2 DU BETON

Conference Paper · January 2009

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3 authors, including:

Lionel Linger Laurent Boutillon


VINCI Construction Grands Projets, France VINCI Construction Grands Projets
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meennttaalleess,, GC’2009
ééccoonnoom
miiqquueess eett ssoocciiaalleess Paris, 18 et 19 mars

- L’EMPREINTE CO2 DU BETON

Lionel LINGER / Laurent BOUTILLON / Géraldine THOMAS


VINCI Construction Grands projets / VINCI
5, cours Ferdinand de Lesseps 92851 Rueil-Malmaison cedex France

Résumé

Le processus complet de fabrication du béton, de la cuisson du ciment à la mise en place du béton dans le
coffrage, génère des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Ces dernières proviennent principalement de la
décarbonatation du calcaire qui apparaît lors de la production du ciment et de l’utilisation de l’énergie (incluant
les combustibles fossiles) nécessaire au procédé de fabrication.

La fabrication du béton est responsable d’environ 6% des émissions mondiales de GES. Pour les émissions
liées à l’activité des entreprises de construction comme VINCI Construction, ce pourcentage dépasse les 60%.
La réduction des émissions de GES issues de l’utilisation du béton apparaît par conséquent comme le principal
levier en termes de développement durable pour VINCI Construction.

CO2CRETE IMPACT est un outil de calcul scientifique développé en interne pour quantifier précisément les
émissions de GES du béton d’une formule donnée, réalisée à un endroit donné, avec des transports et des
moyens de production donnés. Il permet de faire des comparaisons précises entre plusieurs formules et est
donc un outil d’optimisation.

Cet article décrit les principales caractéristiques de cet outil et analyse des résultats de comparaisons réalisées
pour différentes formules de béton mises en œuvre sur plusieurs chantiers.

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CO2CRETE IMPACT – L’empreinte CO2 du béton
L. LINGER, L. BOUTILLON et G. THOMAS
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1. Problématique des émissions de gaz à effet de serre

1.1. Un défi pour VINCI Construction


Le béton est le matériau de construction existant le moins cher et par conséquent le plus utilisé dans l’industrie
de la construction. Cependant, la production du béton émet une importante quantité de dioxyde de carbone
3
dans l’atmosphère et, avec environ une moyenne de 1,5 m par habitant et par an, contribue à plus de 6% des
émissions mondiales de GES.

La diminution des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) est l’objectif principal du protocole de Kyoto. Pour
une entreprise comme VINCI, la fabrication et la mise en œuvre du béton représente plus de 60% des
émissions globales de GES de sa filière construction. Par conséquent, la réduction des émissions liées au
béton sera un défi majeur pour VINCI Construction durant années à venir.

Sachant que VINCI Construction met en place environ 5 millions de mètres cube de béton par an sur ses
chantiers, une diminution de 10% de cette quantité (objectif que l’on peut considérer comme accessible)
réduirait les émissions globales de GES du Groupe de 150 000 tonnes eq CO2 par an, ce qui correspond à
l’émission annuelle moyenne de 17 000 citoyens français, en d’autres termes, de 24% des employés de la
branche VINCI Construction !

1.2. Besoin de créer un outil


Pour réduire les émissions relatives à la production du béton, deux stratégies peuvent être envisagées.

La première approche consiste en une réduction globale de l’utilisation du béton.

Mettre en chantier moins de projets n’est évidemment pas en accord avec les objectifs de développement des
entreprises de construction. Reste donc l’optimisation des quantités de béton. Cependant, ces quantités font
depuis longtemps déjà l’objet d’optimisation lors de la conception du projet (pour des raisons évidentes de coût)
et la marge de réduction sur le volume de béton n’est donc pas très importante. De plus, si les concepteurs et
les entrepreneurs des travaux de génie civil peuvent encore optimiser l’épaisseur de béton des structures, la
réduction des émissions globales de GES relative à cette stratégie n’est pas toujours évidente : avoir une
épaisseur de béton plus faible signifie avoir un bras de levier plus faible pour les armatures et donc une plus
forte quantité d’acier.

Les récentes règlementations (par exemple RT 2000 et RT 2005) concernant la construction de bâtiments à
faibles impacts environnementaux (diminution des pertes d’énergies et donc des émissions de GES des
constructions) ajoute des obligations supplémentaires concernant la résistance au feu, la réduction du bruit,
l’isolation thermique, etc… Toutes ces exigences rendent les opportunités d’optimisation plus restreintes avec
des épaisseurs minimales de béton demandées plus importantes.

Par ailleurs, une analyse simpliste consistant à introduire une émission moyenne pour le béton (valeur de
l’ADEME par exemple) constante quelque soit le béton privilégiera systématiquement une stratégie qui utilise
3 3
« X » m de béton de « type A » alternativement à « Y » m de béton de « type B » dès que X est inférieur à Y,
ce qui peut s’avérer complètement faux, du fait que l’utilisation d’une plus faible quantité de béton est
fréquemment associée à l’utilisation d’un béton de plus forte résistance (la plupart du temps réalisé avec un
dosage en ciment plus élevé). La comparaison de la performance des solutions alternatives exige d’être
capable de quantifier strictement les émissions relatives de chaque mètre cube de chaque type de béton.

Pour illustrer cette affirmation, pour un chantier à La Réunion (France) les émissions de GES (dues au liant
uniquement) du béton C60/75 (400 kg de CEM I + 50 kg de cendres volantes) et du béton C35/45 (385 kg de
3
CEM II/A avec 13% de pouzzolanes naturelles) sont respectivement de 365 et de 302 kg eq CO2/m ce qui
représente une différence de 20%.

La seconde approche consiste à réduire les émissions du matériau béton lui-même. Cette voie n'a pas encore
été entièrement explorée, et semble être très prometteuse : par une sélection de constituants adéquats
associés à une optimisation des formules de béton, la quantité d’émissions de GES d’une formule de béton
pour une application particulière peut être optimisée de façon très significative (à coût constant voire plus
faible). Cependant, une telle approche exige obligatoirement l'utilisation d'un outil approprié pour quantifier
scientifiquement et précisément les émissions de GES (le bilan carbone) liées à la production d'un mètre cube
de béton donné.

1.3. Le bilan carbone


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La référence en France pour « le bilan carbone » (« carbon footprint » en anglais) est la méthode scientifique
développée par l’ADEME [1] pour l’évaluation des émissions de GES de n’importe quelle activité humaine. La
méthode de l’ADEME peut donner une estimation approximative des émissions de GES de l’activité de VINCI
Construction basée sur des valeurs d’émissions moyennes pour le béton. Cependant, à cause de l’importante
part du béton dans ce bilan carbone et de la grande variabilité des formulations de ce matériau, plus de détails
sur les émissions du béton sont nécessaires pour une évaluation fine.
C’est pour cette raison que VINCI a développé un outil spécifique qui quantifie précisément les émissions de
GES d’un béton donné, produit dans un pays donné, avec des transports et des équipements de production
donnés. Cet outil, qui a été baptisé CO2CRETE IMPACT pour des raisons de communication interne, considère
un large périmètre incluant les émissions liées à l’élaboration de chaque constituant entrant dans la
composition du béton, celles liées aux transports, aux armatures, aux coffrages, aux énergies utilisées pour la
centrale de fabrication du béton, à sa mise en place et à sa cure.

2. CO2CRETE IMPACT : Un outil technique

2.1. Données

La quantification des émissions de GES pour un béton spécifique est réalisée à partir des paramètres ci-après
saisis par l’utilisateur :

- Le nom du projet, le pays de construction et la quantité de béton prévue.


- Les formules de béton, ses constituants et leurs quantités associées (une attention particulière est
nécessaire pour chaque type de matériau cimentaire).
- Les distances et modes de transport du béton et de ses constituants jusqu’à la mise en place dans le
coffrage.
- La mise en place du béton sur site : le type de coffrages et leur nombre d’utilisations, la quantité
d’armatures, l’énergie consommée par l’utilisation des équipements (grues, pompes à béton, l’étuvage
grâce à des générateurs de chaleur, etc…), les pertes…
- L’utilisation potentielle d’eau de gâchage chaude ou froide, voire de glace pilée.
- D’autres informations spécifiques, comme le mode de fonctionnement de la centrale à béton.

Plus les données disponibles seront précises, plus les évaluations des émissions de GES des bétons seront
fiables et discriminantes.

2.2. Résultats

CO2CRETE IMPACT évalue les émissions de GES associées aux données mentionnées précédemment par
l’utilisation de facteurs d’émissions.

La collecte, l’évaluation de la pertinence puis la concaténation de ces facteurs constituent la difficulté majeure
dans l’élaboration d’un tel outil. En effet, il s’agit de données synthétiques, souvent difficiles d’accès et
éminemment variables d’une activité à l’autre ou d’un pays à l’autre.

Par exemple, en ce qui concerne le facteur d’émission lié à l’énergie électrique, qui est un facteur bien étudié et
pour lequel il existe des données fiables, la valeur peut varier d’un facteur 2 d’un mois à l’autre en France, et
d’un facteur pouvant largement dépasser 20 en moyenne entre la France (où la quasi-totalité de l’énergie est
soit nucléaire soit hydraulique) et un pays dont l’énergie provient quasi exclusivement de combustibles fossiles.

Ces facteurs d’émissions ont été obtenus selon diverses sources. Une part provient des bases de données
institutionnelles comme l’ADEME [1], EDF [2] ou ATILH [3]. D’autres ont été obtenus à l’issue d’études
spécifiques réalisées sur site par des filiales de VINCI, ou avec différents partenaires pour certaines émissions
particulières. Enfin, certains facteurs d’émissions ont tout simplement été très grossièrement estimés par
manque de données existantes ou par politique d’absence de communication des fournisseurs. Heureusement
ces derniers ont un poids limité et influent seulement à la marge sur le résultat final.

Les résultats sont synthétisés sur une seule feuille, qui donne les émissions de chaque étape du processus et
qui les illustrent par un graphique simple sur des graphiques détaillés pour le béton étudié :

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Mise en place 1%

Armatures 22%

Coffrages 1%

Transports béton
frais et préfabriqué
1%

Fabrication béton 1%
Ciment 59%
Transports
matériaux 13%

Autres matériaux
entrants 1%

Figure 1 : Exemple pris au hasard de la répartition des émissions de Gaz à Effet de Serre pour un béton donné

Les trois parts majeures sont généralement, dans l’ordre décroissant, le ciment, les armatures et le transport
des constituants du béton.

3. Comparaisons entre 3 bétons formulés pour des applications identiques

Cet exemple d’utilisation de l’outil est une comparaison de trois formules de béton différentes, réalisées
récemment par VINCI Construction Grands Projets dans trois pays différents pour des applications identiques.

Il s’agit dans les trois cas de bétons de type C40/50 utilisés pour la réalisation des parois de réservoirs GNL
(Gaz Naturel Liquéfié).

3.1. Béton n°1, Costa Azul

Le premier béton C40/50 a été réalisé sur le chantier de Costa Azul au Mexique. Il utilise un ciment CEM I dosé
3
à 400 kg/m . Tous les composants du béton proviennent de carrières et d’une cimenterie à proximité du lieu de
construction. L’utilisation de cendres volantes n’était pas autorisée par les spécifications du client, et les laitiers
de hauts fourneaux, bien qu’autorisés, n’étaient pas disponibles localement. Une centrale à béton a été
installée sur le chantier et raccordée au réseau électrique local. La production du béton a nécessité l’utilisation
de glace pilée dans l’eau de gâchage pendant les plus fortes chaleurs d’été. Les émissions de GES liées à la
3 3
production du béton sont de 413 kg eq CO2/m , incluant 381 kg eq CO2/m pour le ciment seul et 7kg eq
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CO2/m pour le transport des composants.

Figure 2 : Photo du réservoir GNL du chantier de Costa Azul, au Mexique

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3.2. Béton n°2, Ras Laffan

Le second béton C40/50 a été réalisé sur le chantier de Ras Laffan au Qatar, avec un ciment CEM I dosé à 400
3 3
kg/m avec un ajout de 40 kg/m de fumées de silice requis par les spécifications du projet. Une centrale à
béton a été mise en place sur site et alimentée par un générateur thermique. Le transport des constituants du
béton a été un peu plus important que pour le précédent exemple au Mexique et l’utilisation de glace pilée en
substitution partielle de l’eau de gâchage est obligatoire pendant toute la période estivale. La figure 3 illustre les
sources des émissions de ce béton C40/50 au Qatar. La différence entre les émissions de GES de ces deux
3 3
bétons est de 35 kg eq CO2/m (448 kg eq CO2/m pour le béton réalisé sur ce chantier), ce qui correspond à
8,5% de plus pour ce chantier au Qatar, représentant 1 400 tonnes eq CO2 pour la totalité du chantier.

Figure 3 : Exemple de l'analyse globale des émissions de GES d'un béton.

3.3. Béton n°3, Gate

Le troisième et dernier béton C40/50 de cette comparaison est actuellement utilisé sur le chantier GNL de Gate
3 3
aux Pays-Bas. Le béton a été formulé avec un mélange de deux ciments : 300 kg/m de CEM III/A + 95 kg/m
de CEM I. Le béton est livré par un fournisseur de béton prêt à l’emploi situé à 15 km du chantier. La plupart
des composants du béton sont transportés par barge et la fabrication du béton nécessite de l’eau chaude en
3
conditions hivernales. Les émissions de GES de ce béton sont estimées à seulement 212 kg eq CO2/m , ce qui
correspond à la moitié des émissions du béton réalisé sur le chantier au Qatar !! L’utilisation d’un ciment
composé contenant 55% de laitiers moulus dans la composition explique les trois quarts de cette réduction.

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3.4. Les limites de l’optimisation

Cette comparaison montre que, à performance et à application quasi identiques, le contenu en GES de
formules de béton peut varier très significativement. Ce constat, à postériori, renforce la thèse selon laquelle il y
a, au stade de la formulation, un potentiel de réduction d’émissions de GES très important qu’il convient
d’exploiter.

Toutefois il faut garder à l’esprit que les optimisations doivent être envisagées au cas par cas et qu’elles seront
souvent limitées par :
- Les disponibilités des additions minérales à proximité du projet.
- Les règlements et normes applicables localement.
- Les spécifications du client sur les bétons (ce qui peut limiter ou au contraire imposer l’utilisation
d’additions minérales spécifiques en substitution partielle du ciment Portland).

4. Analyse des bétons du chantier de l’A19

Afin d’expérimenter et de valider l’utilisation de l’outil, de s’entrainer à la recherche des données de base
nécessaires au calcul et préciser certains facteurs d’émissions, nous avons mené une étude sur l’intégralité des
bétons réalisés sur un chantier en cours de finitions.
Pour cette étude nous avons élargi le champ de l’analyse en nous intéressant non seulement aux émissions
liées à la production et au transport du matériau béton mais également à la structure en béton armé en place
terminée, incluant les émissions liées aux armatures, aux coffrages et à la mise en œuvre.

4.1. Présentation du chantier

Le chantier étudié est celui de l’autoroute A19 construit en France, et plus précisément le « viaduc sur le
Loing » long de 1 010 mètres et deux sections de 300 mètres de tranchées couvertes. Les émissions globales
de GES ont été calculées pour les neuf formules de bétons nécessaires à la réalisation des ouvrages. Chaque
béton a été estimé par CO2CRETE IMPACT et tous les résultats ont été comparés dans un premier temps, puis
additionnés dans un second temps pour estimer les émissions globales du chantier.

4.2. Comparaison des différentes émissions

L’estimation des émissions peut être séparée en quatre parties telles qu’illustrées par la figure 4 ci-dessous, en
précisant la part des émissions de GES dues au matériau béton (avec la part majoritaire liée au ciment), aux
transports des constituants du béton, aux autres émissions de CO2 (coffrages, mise en place, centrale à béton)
et aux armatures.

Figure 4 : Répartition des émissions de GES d'un mètre cube de béton.


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Les statistiques globales concernant les bétons cités précédemment sont les suivantes :
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- 10,7 millions kg eq CO2 pour 22 268 m de béton mis en place sur le chantier.
3
- Emissions moyennes de 482 kg eq CO2/m pour l’élément de structure en béton armé en place (armatures
et coffrages compris).
3
- Les émissions des bétons varient de 397 à 615 kg eq CO2/m . L’origine de cette différence est expliquée
dans les quelques remarques ci-dessous :
o Les émissions provenant du ciment correspondent en moyenne à 60% des émissions du béton
3
(cela correspond à des émissions allant de 254 à 327 kg eq CO2/m ).
o Les émissions de GES des armatures sont de l’ordre de 22% des émissions du béton (elles
3
varient de 60 à 200 kg eq CO2/m ).
o Les émissions dues aux transports correspondent à 13% des émissions du béton (équivalent en
3
moyenne à 63 kg eq CO2/m mais peuvent atteindre des valeurs comprises entre 51 et 183 kg eq
3
CO2/m pour la dernière formule béton – C35/45 Longrines BN4).
3
Nota : Les émissions moyennes pour le matériau béton seul sont de 358 kg eq CO2/m . cette valeur est
3
supérieure à la valeur moyenne de 300 Kg eq CO2/m donnée par l’ADEME. Cet écart est explicable par le fait
que la majorité des bétons sont des bétons de bâtiment courants qui ont en général des caractéristiques
mécaniques moindres que les bétons d’ouvrage d’art.

4.3. Importance de l’optimisation de la formule béton

Une optimisation a été a posteriori étudiée pour l’exemple de l’A19 et plus précisément pour la formule C30/37
Semelles Tranchée Couverte. L’utilisation d’une formule de béton optimisée avec du filler calcaire (dosage de
310 kg ciment + 80 kg de filler calcaire au lieu des 330 kg ciment à l’origine) conduit à une réduction des
3 3
émissions de GES de 352 kg eq CO2/m à 337 kg eq CO2/m (réduction d’environ 5%). Pour la totalité des
3
tranchées couvertes, cette optimisation aurait ainsi évité l’émission de 33 tonnes eq CO2/m dans l’atmosphère.

Concernant le béton C35/45 XF4 (GS) Longrines BN4, strictement identique à une formule de béton
précédemment validée (essais d’écaillage et de Lbarre) et utilisée pour un autre chantier, une autre optimisation
aurait été possible. En effet, ce béton est formulé à base de granulats provenant de carrières situées à 320 et
391 km respectivement pour le sable et les graviers, et non de la carrière située à Ouzouer-sur-Loire (51 km du
chantier) comme les autres formules de béton. Si ce béton avait été formulé avec des granulats identiques aux
3
autres formules, cela aurait représenté un gain potentiel de l’ordre de 144 kg eq CO2/m de béton, c'est-à-dire
3
près de 23 % de réduction !!! Soit l’équivalent de près de 45 t eq CO2 pour les seuls 320 m de béton BN4 mis
en place.

5. Conclusions

Réduire le bilan carbone du béton est un objectif récent mais promis à un fort développement dans un futur
proche.

Les résultats obtenus dans les exemples détaillés de ce document illustrent la forte variabilité des émissions de
GES du béton. Cette variabilité démontre que nous sommes face à un réservoir d’amélioration qu’il convient
d’exploiter.

Le plus souvent la réduction s’obtiendra par la substitution partielle du clinker par des liants secondaires
conduisant à l’utilisation de liants composés de plus en plus complexe (mélange binaire, tertiaire voire
quaternaire et au-delà) tout en s’efforçant d’avoir au maximum recours à l’utilisation de granulats strictement
locaux.

L’optimisation devra être faite au cas par cas en considérant les conditions et les contraintes locales ainsi que
les évolutions que cela pourra entraîner sur les méthodes de construction.

En effet, un ajout important d’addition minérale est souvent associée à une diminution des résistances au jeune
âge du béton. Cela peut influer sur le temps de coffrage, sur le phasage de construction et par conséquent sur
les méthodes de construction du projet.

L’objectif de diminution de l’empreinte carbone des bétons passe par une évolution des spécifications (type de
liant autorisé, dosage minimal imposé, …) qui devront laisser un champ plus large de formulation et une
possibilité plus importante pour l’application du principe « d’équivalence de performance des bétons » autorisé
dans la norme EN 206-1, et qui constitue selon nous une voie extrêmement prometteuse pour développer
des bétons plus « environnementaux », dits « éco-bétons ».
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Dans cette démarche, il faudra éviter les raisonnements simplistes consistants à penser qu’il suffit seulement
d’utiliser du laitier moulu dans une formule de béton pour en diminuer drastiquement le contenu en GES. En
effet, il convient de se projeter dans l’avenir et garder à l’esprit que, dans quelques années, ce raisonnement
pourrait ne plus être valable, par exemple si les laitiers moulus venaient à être considérés non plus comme un
sous-produit de l’industrie sidérurgique mais plutôt comme un co-produit qui porterait sa quote-part des
émissions liées actuellement à la seule fabrication de l’acier, ce qui modifierait alors significativement leur
facteur d’émission.

Il est clair qu’afin d’effectuer ce développement, les entreprises ne doivent pas abandonner la tâche aux seuls
cimentiers et leur ingénieurs doivent mettre en place des méthodes et des outils leur permettant de maitriser
ces problématiques et de continuer à proposer à leurs clients des solutions originales, efficaces et ayant
l’empreinte la plus légère possible.

Références

[1] ADEME, Janvier 2007, Bilan carbone réalisé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de
l’Environnement .

[2] EDF, Edition 2007, La production d’électricité d’origine renouvelable dans le monde.

[3] ATILH, Novembre 2002, Inventaire environnemental de la production du ciment en France.

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