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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Union-Discipline-Travail

FACULTE DE DROIT CIVIL

MASTER 2 RECHERCHE DROIT PRIVE DROIT ECONOMIQUE ET DROIT DES AFFAIRES

MATIERE : DROIT COMMERCIAL APPROFONDI

COMMENTAIRE DE L’ARTICLE 249 DE L’ACTE UNIFORME PORTANT DROIT COMMERCIAL


GENERAL

Présenté par : Professeur :


1- AFFRO Paul-Yannis
2- DELA Marcelle
M. Akuété SANTOS
3- MEITE Vada Soul
4- NIEZIE Louis-Philippe
5- SEKONGO Kateleba Brigitte

6- Adingra Essis

Année académique : 2020/2021


Sommaire
INTRODUCTION

I- LES NEGOCIATIONS DANS LA


FORMATION DU CONTRAT
A- La liberté de négocier

B- L’irresponsabilité des parties en cas de non


accord

II- LA RUPTURE DES NEGOCIATIONS


DANS LA FORMATION DU CONTRAT

A- La rupture de mauvaise foi


B- La conséquence de la rupture de mauvaise foi

CONCLUSION
INTRODUCTION

Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes


s’obligent à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. Pour conclure un
contrat, la possibilité est laissée aux parties de négocier les termes de leur futur
contrat.
C’est dans cette logique que s’inscrit le législateur OHADA dans l’acte uniforme
révisé portant droit commercial général adopté le 15 décembre 2010 a l’article
249. Cet article se situe au livre 8 intitulé « Vente commerciale » au titre 2
dénommé « la formation du contrat »
L’article 249 aborde sous trois alinéas l’encadrement des négociations dans la
formation du contrat.
Il dispose que : « les parties sont libres de négocier et ne peuvent être tenues
pour responsables si elles ne parviennent pas à un accord.
Toutefois, la partie qui conduit ou rompt une négociation de mauvaise foi est
responsable du préjudice qu'elle cause à l'autre partie.
Est, notamment, de mauvaise foi la partie qui entame ou poursuit des
négociations sans intention de parvenir à un accord »
L’idée générale qui ressort de cet article est l’affirmation du principe de
l’autonomie de la volonté en droit commercial qui est assorti d’exception. En
effet, les parties sont libres de négocier. Cependant en cas de rupture jugée
abusive, ces dernières engagent leur responsabilité.
Cet article révèle un intérêt important en ce sens qu’il pose des barrières dans
le déroulement des négociations dans la formation du contrat afin d’éviter les
éventuels abus.
L’étude de cet article s’articulera autour de deux axes à savoir, les négociations
dans la formation du contrat (I) et la rupture de ces négociations (II).
I- LES NEGOCIATIONS DANS LA FORMATION DU CONTRAT

Les négociations désignent la phase précontractuelle de discussion


entre les parties concernant le contrat projeté1. François Terré définit
la négociation contractuelle comme « la période exploratoire durant
laquelle les futurs contractants échangent leurs points de vue,
formulent et discutent les propositions qu’ils font mutuellement afin
de déterminer le contenu du contrat, sans être pour autant assurés de
le conclure »2
Dans cette période précontractuelle, les parties sont libres de
négocier (A) et demeurent irresponsables en cas de non accord (B).

A- La liberté de négocier

Aux termes de l’article 249 en son alinéa 1er de l’Acte Uniforme portant droit
commercial général : « les parties sont libres de négocier ».
Il résulte de la lecture de cet article, la mise en évidence du principe de liberté
de négociation, en conséquence les parties ne sauraient être soumises à une
règle, un principe ou un postulat.
Ainsi, l’initiative, le déroulement ou la conduite des négociations sont libres.
En effet, lors de l’initiative de la négociation, les futurs contractants sont libres
d’entamer des discussions avec les personnes de leur choix et d’en mener

1
https://www.dalloz.fr/ D. DALLOZ , Les négociations précontractuelles, consulté le Jeudi 04 juin 2021à 18h08
2
F. Terré, Ph. Simpler et Y. Lequette, Droit civil – Les obligations, Dalloz, 9e éd., 2005, coll. « précis », n°184, p.
185
d’autres en parallèle avec d’autres personnes, de s’échanger des propositions
et contre-propositions,
En sus, les parties peuvent parvenir à contractualiser ces négociations
notamment dans le cadre des avants contrats.
En outre, Elles sont également libres de ne pas entrer en négociation,
l’invitation à entrer en pourparlers n’étant pas une offre, une invitation à entrer
en pourparlers est une simple invitation, suffisamment large et ouverte, afin de
permettre à de futurs contractants de discuter du contenu d'un contrat, celle-ci
se distingue de la pollicitation ou l’offre dans la mesure où l’invitation à entrer
en pourparlers ne fixe pas les éléments essentiels du contrat, de sorte que si
elle est acceptée, le contrat ne saurait être formé tandis l’offre de
contracter prévoit quant à elles tous les éléments nécessaires à la rencontre
des volontés. En cas d’acceptation, le contrat est conclu, sans que le pollicitant
puisse négocier.
De même, Lors du déroulement des négociations, les parties sont également
libres de les mener comme elles l’entendent, en ce sens le principe de liberté
des négociations leur permet d’organiser lesdites négociations dans un cadre
dépourvu de contrainte. Dans cette optique, Les parties encadrent alors le
déroulement des pourparlers tant en ce qui concerne leur objet que leur durée,
afin de ne pas être indéfiniment engagées dans des pourparlers qui ne
sauraient aboutir.
Aussi, les parties peuvent prévoir les modes d’échanges d’information, s’il y a
lieu de prescrire la confidentialité des informations en insérant une clause de
confidentialité qui stipule que les parties s'engagent à ne pas révéler l'existence
et le contenu des négociations envisagées et les délais nécessaires à la
conclusion du contrat envisagé au-delà desquels, en l'absence d'entente, les
parties pourront librement mettre un terme aux pourparlers.
Par ailleurs, les parties peuvent prévoir l’engagement de non-concurrence
entre elles dans la mesure où le contrat n’est pas conclu à la suite des
négociations.

B- L’irresponsabilité des parties en cas de non accord.

Selon l’article 249 alinéa 1 de l’acte uniforme portant droit commercial


général : « ne peuvent être tenues pour responsable si elles ne parviennent pas
à un accord ». Cela signifie que les parties lors de leur négociation ne sont pas
dans l’obligation de parvenir à un accord qui par la suite les mettra en relation
contractuelle. De ce fait en cas de désaccord aucune responsabilité ne sera
retenue. En effet nous nous trouvons dans une période précontractuelle c’est-
à-dire qu’aucun contrat ne lie les deux parties pour le moment, et c’est avec
une intention future de contracter qu’elles sont en négociation. Etant donné
que les négociations sont libres, les parties sont en principe libres d’y mettre fin
si cette intention n’est pas faite dans le but de porter préjudice à l’autre partie.
On pourrait alors se poser la question de savoir pourquoi le législateur retient
l’irresponsabilité des parties qui ne parviennent pas à un accord à l’issue de
négociations ?
C’est sans doute dans le but de ne pas obliger des parties qui visiblement ne
sont pas aptes à mener une relation contractuelle future de pouvoir dès les
premiers instants leur permet d’y mettre fin afin d’éviter un futur contentieux
qui pourrait naitre de cette relation.

Au terme de cette première analyse, nous pouvons retenir que les parties à une
négociation précontractuelle sont libres dans leur initiative de négociation, le
déroulement des négocations4. Elles peuvent parvenir à un accord ou pas ;
dans le dernier cas c’est à dire si elles ne parviennent pas un accord en
principe, aucune responsabilité n’est retenue dans la mesure où elles ne sont
pas encore dans un contrat.

Cependant, qu’en est-il de la rupture des négociations dans la formation du


contrat ?

II- LA RUPTURE DES NEGOCIATIONS DANS LA FORMATION DU CONTRAT


Avant tout il est important de noter que la liberté est le principe dans le
domaine des relations précontractuelles, y compris la liberté de rompre à tout
moment les pourparlers3 .Toutefois un tempérament est apporté à ce principe.
En effet lorsque la rupture des pourparlers est jugée abusive, c’est le cas de la
rupture de mauvaise foi (A), il en découle une conséquence (B).

A- LA RUPTURE DE MAUVAISE FOI


Il est capital de dire préalablement que deux principes fondamentaux
dominent la question des pourparlers, ce sont le principe de la liberté de
rompre les pourparlers et le principe de l’obligation de bonne foi4.
En effet, au nom du principe de bonne foi dans les négociations, les
parties s’astreignent à l’observation de certains devoirs : devoir de
3
CA RIOM, 10 juin 1992, RJDA 1992, n°895 ; RTD Civ. 1993, 343
4
S. BONY, Droit civil, Les obligations, Abidjan, ABC,7°ed,2018
renseigner, de se renseigner, de sincérité, de confidentialité, de
coopération. Mais force est de constater qu’il arrive malgré tout que la
mauvaise foi intervienne dans le déroulement de la négociation ou au
moment de la rupture de celle-ci.
Ainsi l’article 249 AUDCG alinéa 2 dispose entre autre que « la partie qui
conduit ou rompt une négociation de mauvaise foi… », ce bout de phrase
de l’alinéa 2 signifie que le législateur Ohada a énoncé la possibilité que
l’une des parties en négociation dans la période précontractuelle, mène
ladite négociation ou la rompe en étant animée d’une mauvaise foi.
Aussi l’utilisation du terme « ou » dans le même alinéa 2, indique que la
mauvaise foi ne se manifeste pas seulement en cas de rupture de la
négociation, mais également lors du déroulement de celle-ci.
Par ailleurs l’alinéa 3 du même article dispose que : « est, notamment de
mauvaise foi, la partie qui entame ou poursuit des négociations sans
intention de parvenir à un accord ». Ici il a été question pour le
législateur Ohada de définir la caractéristique de la partie qui se trouve
être de mauvaise foi à l’entame de la négociation ou lors de la poursuite
de la négociation, cette caractéristique c’est l’absence d’intention
d’arriver à un accord.
Concrètement, la faute qui résulte de la mauvaise fois consistera :
-à ne pas communiquer à son partenaire tant avant qu’après la
conclusion du contrat toutes les informations en sa possession qui, dans
son esprit peuvent avoir une incidence sur la formation et l’exécution du
contrat ;
-dans la communication d’indications incorrectes en cours de
négociations5 ;
-dans la dissimulation de négociations parallèles à un futur vendeur
maintenu dans l’illusion ;
-dans l’insertion dans le contrat d’une clause entraînant son annulation ;
-à entretenir indûment une négociation que l’on sait privée d’avenir ;
-dans la rupture brutale des pourparlers à la veille de la signature du
contrat ;
-à prendre l’initiative de la négociation sans intention sérieuse de
contracter, à la seule fin de dissuader le partenaire de négocier avec
autrui ou pour obtenir la révélation de certains secrets. 6

5
Cass. Com. 25 fév. 1986: Bull. Civ. IV n°33
6
Civ. 1e, 6 janv. 1998: Bull. Civ. I, n°7 ; JCP 1998, II 10066
Par ailleurs, qu’en est-il de la conséquence de la rupture de mauvaise foi ?

B- LA CONSEQUENCE DE LA RUPTURE DE MAUVAISE FOI

L’acte Uniforme portant Droit du Commerce Général procède son article


249 à la réaffirmation de la période précontractuelle dans la conclusion
des contrats commerciaux. L’article précise en son contenu que celui qui
conduit et rompt de mauvaise foi les négociations peut voir sa
responsabilité engagée. De plus, la mauvaise foi est caractérisée lorsque
l’une des parties va aux négociations dans l’intention malveillante de ne
pas aboutir an un Accord. Mais il convient de relever que le présent acte
ne donne pas plus de précision. En absence de texte dans ce sens, il est
donc revenu à la jurisprudence de déterminer les caractères et de
préciser les contours de la responsabilité. En vertu d’article 249, la partie
qui prend l’initiative de la rupture ou de continuer les pourparlers de
manière déloyale encourt sa responsabilité en cas de préjudice. Il faut
toutefois remarquer que les négociations peuvent être contractualisées
par les parties. Cela est matérialisé par la signature de nombreux actes
tels par exemple l’avant-contrat ou le pacte de préférence. Ne faisant
pas l’objet de nos développements, nous nous pencherons sur la phase
non contractuelle de négociations. Mais il se pose la question de la
nature de cette responsabilité et de sa caractérisation. En effet, lorsque
les parties ne conviennent pas de contractualiser leurs pourparlers, les
négociations se tiennent sans convention être les parties au contrat
envisage. La période exploratoire n’étant pas cristalliser en un acte
mettant des obligations prédéfinies à la charge des parties et en absence
de contrat parfait, Il va sans dire que la responsabilité ici envisagée par
l’Acte Uniforme portant droit commercial générale est une
responsabilité extracontractuelle. En règle générale, la mauvaise foi
consiste pour une partie d’aller aux négociations sans intention de
parvenir à une conclusion de contrat. Elle implique fondamentalement
un manque patent de sincérité et de sérieux dans la conduite des
négociations7. Dans la même veine, est constitutif de mauvaise foi, la
rupture qui intervient de manière impromptue et brusque dénotant du

7
Rennes, juill. 1929, DH 1929
mauvais usage de la liberté contractuelle, notamment le droit rompre
qui caractérise la phase des négociations, c’est à dire la rupture abusive.
Concernant la qualification, la jurisprudence adopte une position très
souple. En effet, pour retenir le caractère de rupture fautive, il n’est pas
exigé que la partie initiatrice de la rupture soit animée d’une intention de
nuire8. La responsabilité est encourue même avec une légèreté
blâmable9 . La responsabilité visée est la responsabilité civile délictuelle
fondée sur les articles 1382 et 1383 du code civil 10. Il faut donc
démontrer à l’encontre de l’auteur de la rupture l’existence d’une faute,
d’un préjudice et d’un lien de causalité. En la matière la compétence
appartient aux tribunaux de droit commun dont les juges de fond un
pouvoir souverain d’appréciation. En pratique il va donc s’agir de réparer
les dommages subis par l’octroi de dommages-intérêts11 .
La victime de la rupture de mauvaise foi dans la formation du contrat
envisagé recevra réparation des pertes subies. Toutefois, la réparation
de perte ne sont pas prises en compte par la jurisprudence. C’est à ce
titre qu’elle rejette la perte de chance de réaliser les gains que la partie
lésée espérait réaliser grâce à la conclusion du contrat la réparation en
nature qui consisterait en le conclusion force du contrat est placé à la
même enseigne. Ceci étant, en cas de faute d’imprudence de la victime,
il pourrait y avoir partage de responsabilité entrainant une diminution
d’indemnisation.

En somme, il est bon de noter pendant la période de négociations, chacune des


parties entend conserver sa liberté tout en souhaitant pouvoir compter sur les
propositions de l’autre. Bien vrai que la liberté demeure le principe, la rupture
des pourparlers peut, à certaines conditions, engager la responsabilité de son
auteur.

8
Cass. 3 e . Civ., 3 oct. 1994
9
Cass. Com., 22 Février 1994
10
Cass. Com. 9 avril 1996
11
Cass. Civ. 1e , 5 Novembre 1996
CONCLUSION

Le contrat est un droit juridique dont l'aménagement est laissé aux parties.
La loi consacre le principe de l'autonomie de la volonté, et cette autonomie a
pour conséquence la liberté contractuelle et donc la libre latitude de contracter
comme de ne pas contracter, la latitude de choisir son cocontractant et de
définir les clauses contractuelles.
Cette autonomie laisser à la volonté ne doit pas être du libertinage.
Cette même loi qui consacre la liberté contractuelle ou l'autonomie de la
volonté intervient encore pour mettre des barrières, des limites pour empêcher
que le principe de la liberté puisse déboucher sur une instabilité et insécurité
juridique.
C'est un principe hautement affirmer car la loi le consacre.
C'est une liberté guidée et orientée car il y a des domaines à ne pas franchir
sous peines d'amendes.
BIBLIOGRAPHIE
 F. Terré, Ph. Simpler et Y. Lequette, Droit civil – Les obligations, Dalloz, 9e éd., 2005, coll.
« précis »,
 S. BONY, Droit civil, Les obligations, Abidjan, ABC,7°ed,2018
 Acte uniforme portant droit commercial général

WEBOGRAPHIE
https://www.dalloz.fr/ D. DALLOZ , Les négociations
précontractuelles, consulté le Jeudi 04 juin 2021 à 18h08

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