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19/10/2020 - La Presse+

CET ÉCRAN A ÉTÉ PARTAGÉ À PARTIR


DE LA PRESSE+
Édition du 8 octobre 2020,
section ACTUALITÉS, écran 14

ÉDUCATION/COVID-19
« QUE VAUDRA NOTRE DIPLÔME ? »
De nombreux universitaires, condamnés à suivre leurs cours en ligne, se disent « démotivés » et
« déprimés »

SUZANNE COLPRON
LA PRESSE

Démotivés. Démoralisés. Découragés. Les étudiants interrogés par La Presse sur l’entrée en vigueur des
nouvelles mesures dans les universités en ont gros sur le cœur. D’autant que la session d’hiver sera aussi
largement à distance. Ce n’est pas une hypothèse, mais une certitude. « Que vaudra notre diplôme ? »,
s’inquiètent-ils.

Yasmine Hachemi, 21 ans, termine son baccalauréat en finance à HEC Montréal. Si, en septembre, elle
s’accommodait tant bien que mal de l’enseignement à distance, ce n’est plus le cas. Les récentes mesures la
dépriment au plus haut point. Non seulement tous ses cours sont en ligne, mais elle a appris que sa prochaine
session le sera aussi.

« On commençait à voir la lumière au bout du tunnel, dit-elle. Mais là, ils nous rajoutent encore la session d’hiver
à distance. Et dans les messages qu’on reçoit, on ne voit même plus de possibilité que l’université rouvre peut-
être dans un an. C’est déprimant ! C’est vraiment déprimant, parce qu’on est démotivés et démoralisés. On
attendait juste une bonne nouvelle. Puis là, on nous a encore shut down avec une nouvelle. »

Yasmine Hachemi est catégorique : ses cours à distance ne sont pas d’aussi bonne qualité que ceux en personne.

« Je n’ai pas le même niveau d’apprentissage qu’en présentiel. Je ne peux pas poser des questions, je n’utilise
même pas les logiciels comme il faut, énumère-t-elle. On est vraiment juste dans le théorique, moins dans le
pratique, pas de discussions. Il y a beaucoup d’habiletés qui sont mises de côté avec l’enseignement à distance. »

« C’est vraiment dommage pour les étudiants qui sont en dernière année parce qu’on va se retrouver sur le
marché du travail avec une expérience tellement théorique, alors que ce n’était pas ça que HEC nous avait
promis. Je me retrouve sans simulations, sans pratiques. Démoralisant, bref. »

— Yasmine Hachemi, étudiante en finance à HEC Montréal

Et pour coiffer le tout, ses droits de scolarité n’ont pas été réduits.

« Il y a tellement moins de services qui sont offerts que je ne comprends pas comment ça se fait qu’on paye les
mêmes montants, déplore-t-elle. On voit sur notre facture “Association étudiante”. Mais voyons ! Je n’ai pas de

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comités, il n’y a pas d’évènements à la cafétéria, il n’y a pas de réseautage, il n’y a absolument rien. Je ne
comprends pas qu’il y a un 200 $ de ma facture qui va à une association étudiante, présentement, en pandémie,
alors que la seule chose qu’on fait, c’est nos cours en ligne. »

« PAS GRAND-CHOSE À FAIRE ICI »

Kysma Mbodje, 22 ans, paye beaucoup plus cher que Yasmine parce qu’il est étudiant international : de 4500 $ à
5000 $ par session. Mais ce qui le dérange le plus, ce n’est pas tant ça que le fait d’être confiné dans son petit
appartement montréalais, où il vit seul.

« Je pense rentrer au Sénégal après les examens intra, c’est-à-dire pendant la relâche, le 24 octobre, confie-t-il.
Le gym, c’était ma seule sortie de la journée, si on peut dire. Finalement, ils ont fermé. Du coup, je pense que je
n’ai pas grand-chose à faire ici alors qu’au Sénégal, tout est ouvert. Le port du masque est obligatoire partout et
en tout temps, mais les gyms sont ouverts, les restaurants sont ouverts. Donc, je pense sérieusement à rentrer,
quoi. »

Kysma envisage de poursuivre ses cours en gestion des opérations à distance de Dakar, où le décalage horaire
avec Montréal est de quatre heures. « Je préfère ça à être seul dans mon appartement ici », dit-il.

PERTE DE TEMPS

Anne Schafer, 22 ans, a fait une année en design de l’environnement, après des études en commercialisation de
la mode, avant d’entrer au baccalauréat en architecture à l’Université de Montréal. « C’est sûr que le fait que je
ne peux plus sortir de chez moi, dans mon petit appartement, et ne plus voir d’amis, c’est vraiment démotivant »,
dit-elle.

« Les profs sont organisés, mais je trouve qu’on a beaucoup de perte de temps à cause des outils comme Zoom ,
les partages d’écran qui ne fonctionnent pas. On attend tellement longtemps à chaque cours pour que ça
fonctionne que ça devient un petit peu décourageant. »

— Anne Schafer, étudiante en architecture à l’Université de Montréal

Et ce qui l’est encore plus, c’est de savoir que la session d’hiver sera aussi en ligne.

TROP PEU TROP CHER

Cilia Enola, qui poursuit ses études en stratégie de production culturelle et médiatique, au baccalauréat en
communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), n’a pas l’impression d’en avoir pour son argent.

« C’est sûr qu’il y a de la difficulté un peu à se concentrer, avec les cours en ligne, surtout que je vis avec mon
copain qui suit aussi ses cours à distance et qu’on vit dans un petit appartement », explique cette étudiante de
21 ans qui vient d’un village ensoleillé de la Côte d’Azur, Saint-Cyr-sur-Mer.

« Je suis un peu déçue aussi parce que je suis une étudiante internationale et que j’ai l’impression que tout ce
charme de vivre et d’étudier à Montréal s’est un peu effacé. Je ne sais plus vraiment ce que je fais ici. Et il y a
aussi le fait que je paye 4500 $ par session. Pour des cours en ligne, c’est un peu décevant. C’est un peu
démotivant, surtout que des cours de trois heures durent juste une heure trente ; 850 $ pour un cours en ligne,
ce n’est pas mérité. »

« VRAIMENT POCHE »

À 19 ans, Valérie London entame son baccalauréat en psychologie à l’Université McGill. Déçue ? Le mot est
faible. Tous ses cours sont en ligne, la plupart en format asynchrone, ce qui veut dire sans interactions en temps
réel avec les profs et les autres étudiants.

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L’entrée en vigueur des nouvelles mesures ne changera pas grand-chose à sa vie, mais l’idée de faire sa session
d’hiver à distance lui mine encore plus le moral.

« Ça prend énormément de motivation pour regarder une personne parler pendant trois heures sur Zoom ,
explique-t-elle. Il faut dire que j’ai un déficit d’attention, mais juste écouter des capsules vidéo, c’est difficile. Je
voulais vraiment entrer à l’université, mais c’est sûr que je trouve ça vraiment poche. »

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