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L’orientalisme à l’envers

L’Alhambra et l’alhambresque dans les sociétés


orientales

Sources et méthodes de l’histoire de


l’Orient médiéval
L’Alhambra de Grenade
palais de la dynastie nazari (1238-1492)
“Le parthénon de l’art islamique”

Photographie du Patio de los Leones (1871)


Alexandre de Laborde, Voyage pittoresque et historique de l’Espagne (1807 et 1818)
François-René de Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811)

“ L’Alhambra me parut digne d’être regardé, même après les temples de la Grèce”

Le palais est le chef d’oeuvre de l’architecture arabe “ comme le Parthénon est le miracle
du génie de la Grèce”
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Washington Irving, Contes de l’Alhambra (1832)


trad. à l’espagnol en 1833 et au français en 1842
Jules Goury et Owen Jones, Plans, Elevations, Sections
and Details of the Alhambra, 2 vol. (1842 et 1845)
Reproduction du Patio de los Leones au Chrystal Palace
(Première exposition universelle à Londres, 1851)
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The Royal Panopticon of Science and Art (1852),


devenu en 1856 The Royal Alhambra Palace Theatre,
Londres
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Palais de Guillaume Ier de Wurtemberg à


Bad Cannstatt (Stuttgart), 1842-1847
Alhambra Theatre, El Paso, Texas (1914)
Henri Regnault, Execution sans jugement sous les rois
maures de Grenade (1870), Musée d’Orsay
La Douleur du Pacha (1885), Jean-Léon Gérôme
Joslyn Art Museum, Omaha, Nebraska
La découverte d’Al-Andalus dans le monde ottoman

Ziya Pacha, Histoire d’Al-Andalus (Tarih-i Endülüs), 1 volume 1860, 2 volume 1863

Adaptation de l’Histoire des Arabes et des Mores d’Espagne, de Louis Viardot, publiée
en 1833 et réédité en 1851
”Les sources de la richesse” (Esbab-i servet), publié en 1860 dans la revue Mir’at (Miroir)

Dialogue imaginaire entre un vieux sage (Kâmil) et une jeune étudiant (Âkil) sur les conditions de la
réussite économique

Âkil : “Dieu sait à quel point vos paroles ont ému votre serviteur”

Kâmil : “C’est effectivement le cas, mais à quoi sert de s’émouvoir et de se lamenter sur ces
événements du passé? Nous devrions plutôt tirer une leçon de la situation des Andalous”
Opposition à l’occidentalisation du règne d’Abdûl-Mejid (1839-1861)

- Pensée politique : compatibilité entre modernité/progrès et islam


Jeunes ottomans
Gouvernement : ex. Discours d’inauguration de l’Université impériale le 20 février
1870 par le ministre de l’Instruction publique Safvet Pacha

- Recherche d’un style “ottoman” oriental


Le style “européen” du règne d’Abdul-Mejid

Le Palais de Dolmabahçe
(1842-1853)
Pavillon de Küçüksu (1857)
Pavillon ottoman de l’Exposition de Constantinople de 1863
La Porte du Seraskerat (1866)
Palais de Çiragan (1863-1867)
La fin du style “mauresque” et l’apparition du style néo-gothique

La mosquée de Pertevniyal Sultane Valide


(1869-1871)
Mosquée de Yilzid (1884-1886)
L’histoire d’Al-Andalus comme repoussoir de la situation de l’Empire des
années 1870

Adülhak Hâmid (1852-1937):

- Tarek ou la conquête d’Al-Andalus (1875)

- Tezer (1880)

En 1882, traduction de l’oeuvre Le dernier Abencérage de Chateaubriand au turc :


Ibni Serrac Ahir
Réappropriations de l’histoire andalouse à la fin du XIXe siècle

- Panislamisme d’Abdûl-Hamid II : Al-Andalus (et l’Alhambra) comme référent d’une


âge d’or de l’histoire islamique.

- Nationalisme arabe
Visite de Turhan Hüsnü Bey, ambassadeur ottoman à Madrid de 1886 à 1894,
à l’Alhambra en 1889

« Il n’y a d’autre vainqueur que Dieu. Ô Alhambra, fierté de la civilisation islamique et source
d’étonnement dans l’esprit de visiteurs sans nombre. Comment les croyants agenouillés devant toi dans
toute leur stupéfaction pourraient-ils ne pas pleurer ? Tu étais le magnifique palais des rois qui
appliquèrent les principes du Coran dans cette terre d’al-Andalus pendant huit siècles. Tu étais la porte
de la justice d’un peuple de combattants qui, tel le soleil radieux, arriva des terres de l’Orient et propagea
la vraie religion. Malgré l’état lamentable dans lequel tu te trouves, tu mérites tout ce que l’on pourrait
écrire sur toi, car tu es un lieu semblable au paradis. Je me considère heureux d’avoir eu la chance de te
visiter et je te quitte en larmes tout en adressant sans cesse au Seigneur mes prières pour la protection
de toutes les terres de l’islam de toute calamité tant que la terre tournera ».
Rapport de Turhan Hüsnü bey à la Sublime Porte (1887) :

« À l’occasion de l’arrivée de la commission scientifique du cheikh Mohammed Chinqiti et


de son interprète Ali Efendi [Wardani], l’Época, le quotidien le mieux connu d’Espagne, a
publié un article sur la réelle supériorité de Son Auguste Majesté Impériale sur ses glorieux
prédécesseurs par ses nobles efforts personnels, reconnus par tous, concernant la très
importante question de la conservation et la publication des antiquités islamiques ».
Bureaucrates arabes de l’entourage d’Abdûl-
Hamid II : la visite de Mehmed Kâmil bey
(1853/4-ca 1901) à l’Alhambra en 1892
« Ô Alhambra, sublime palais des souverains arabes et ravissant jardin de la civilisation
islamique, tu es le modèle de la civilisation musulmane et l’exemple de nos ancêtres aussi bien
que de nos descendants. Les visiteurs musulmans qui viennent à toi repartent en larmes.
Comment pourrais-je te quitter sans verser de larmes ? Tout comme ton malheureux souverain
Mohammed bin Abdallah le Jeune, le dernier des califes de l’islam, je m’en vais et te dis adieu
en regardant derrière moi et en pleurant.

[En arabe] Que la paix soit sur toi, ô Alhambra ; que la paix soit sur ton peuple. Adieu, ô
ancêtres de cette terre, que la miséricorde de Dieu soit sur vous ».
Un engouement pour l’histoire d’Al-Andalus dans les provinces arabes
de l’Empire

1892 : traduction de l’Histoire des Arabes de L-A. Sédillot à l’arabe (par Ali Mubarak)

Mustafa Kamil (1874-1908):

- La conquête de l’Andalousie (1893)

Jurji Zaydan (1861-1914):

- La conquête d’Al-Andalus (1909)


Visite de Muhammad Tawhid al-Silahdar à l’Alhambra en 1897

« Ô Grenade, ton renom emplit tous les pays et [le récit de] ta puissance occupe une grande
part de l’histoire d’al-Andalus. Tu étais une flèche plantée dans le cœur des Francs. Je suis
venu te payer la visite d’un croyant passionnée dont tu as redoublé les ardeurs. J’ai été
stupéfait par la lumière de ta beauté après toutes les vicissitudes que le sort t’a fait subir. Je
suis sorti de l’Alhambra avec dans le cœur mille braises et mille regrets qu’elle soit tombée
sous domination chrétienne, ses mosquées transformées en églises, sa plus belle part
détruite pour ériger le palais de Charles Quint. J’ai consacré tous mes efforts à la dessiner
sous tous les angles afin de goûter au plaisir de la contempler lorsque je serai loin d’elle.
J’implore la satisfaction de Dieu sur ses bâtisseurs et sur les musulmans qui la peuplèrent. Je
l’abandonne, passionné et espérant la miséricorde divine pour nous ».
Photographie de Khalil Djawad al-Khalidi, envoyé à son ami Hasan Tahsin
bey en 1912 (photographie prise en 1904)
é
dans la ville de Grenade en al-Andalus

Un souvenir pour le vertueux et honorable


Hasan Tahsin
Beyrouth.

22 janvier 1327 (4 février 1912)

Khalil Jawad al-Khalidi


ancien naib de Diyarbekir

Copie du po
visiteurs de

Je me tenais pensif,
Pleurant les ruines et en en tirant la leçon.
Je dis, ô Alhambra, reviens;
Elle répondit, les morts peuvent-ils revenir?

Hélas, les larmes ne changent rien du tout.


Les progressif désintérêt ”turc”

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