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Velázquez
Arié Rachel. Le costume des Musulmans de Castille au XIIIe siècle d'après les miniatures du Libro del Ajedrez. In: Mélanges
de la Casa de Velázquez, tome 2, 1966. pp. 59-69;
doi : https://doi.org/10.3406/casa.1966.941
https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1966_num_2_1_941
pagne — relevées par H. Pérès dans La Poésie Andalouse en arabe classique au XI*
siècle, Paris, 1953, pp. 316-321 — ont été complétées et présentées en un tableau par
Madame J. Albarracin de Martinez Ruiz dans Vestido y adorno de la mujer musulmana
de Yebala (Marruecos), Madrid, 1964, pp. 27-29. Cf. également R. Arié, Quelques
remarques sur le costume des Musulmans d'Espagne au temps des Nasrides in Arabica,
t. XII, 1965, fasc. 3, pp. 244-261 et Acerca del traje musulman en Espana desde la
caida de Granada hasta la expulsion de los Moriscos in Revista del Instituto de Estudios
Islâmicos en Madrid, vol. XI-XII (sous presse).
Poèmes attribués à Alphonse X, les Cantigas chantent la Vierge en dialecte galicien,
sur des airs et des rythmes arabes. Sur le manuscrit del'Escurial n° T-I-l, cf. J.
Guerrero Lovillo, Las Cantigas, Estudio arqueolôgico de sus miniaturas, Madrid, 1949;
G. Menéndez Pidal, Los manuscrites de las Cantigas in Boletin de la Real Academia
de la Historia, t. CL, 1962, pp. 25-51; F. Sànchez Canton, La vida en Espana en
tiempos del Rey Sabio in Arbor, t. XIV (1949), pp. 471-478.
Conservé à la Bibliothèque du Monastère de l'Escurial, il se présente sous la forme
d'un manuscrit de 97 feuilles de parchemin écrit en caractères gothiques et porte
la cote n° T-I-6. En voici le titre complet: Juegos de ajedrez, dados y tablas, ordenados
por mandado de D. Alfonso el Sabio. Nous adressons nos remerciements sincères
à Monsieur P. Guinard, directeur honoraire de l'Institut français de Madrid pour
les conseils qu'il nous a prodigués au cours d'un entretien à la Casa de Velâzquez,
en mars 1964. Nous tenons à exprimer notre vive gratitude au Révérend Père
Gregorio Andrés, O. S. A., directeur de la Bibliothèque de l'Escurial, qui a bien
voulu nous autoriser à consulter longuement le Libro del Ajedrez. Les planches
ci-jointes sont dues à José de Prado Herranz.
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mejillas y en la cabeza un turbante. Otras veces los pintaban negros y con turbante
para mayor identification.» (La Mûsica de las Cânligas. Estudio sobre su origen y
naturaleza, Madrid, 1922, p. 142.) Nous ne saurions souscrire à ce jugement
lapidaire et par trop sévère; les miniaturistes anonymes ont pu puiser leur inspiration
dans l'observation directe de la réalité musulmane. En effet, Seville, Murcie et
Tolède qui servent souvent de cadre à nos miniatures étaient demeurées des villes
à fort peuplement mudéjar; elles comptaient de puissantes aljamas de moros dont
l'existence est attestée par des documents d'archives espagnols. C'est précisément
sous Alphonse le Sage qu'eurent lieu de fructueux contacts de civilisations entre
Chrétiens et Musulmans: une équipe de traducteurs, réunie à Tolède sous l'égide
du roi, fit connaître à l'Europe chrétienne la culture et la science arabes, un collège
musulman fut fondé à Murcie. Cf. A. Gonzalez Palencia: Historia de la literatura
arâbigo-espanola, Barcelone, 1928, pp. .306-308. Enfin la présence de Musulmans
noirs dans certaines miniatures du Libro del Ajedrez (folios 22 r° et 55 r°) n'est
qu'une preuve de plus de leur authenticité: la population de l'Espagne musulmane
comptait des esclaves noirs, d'origine soudanaise, dès l'époque califienne (cf. E. Lé-
vi-Provençal, Histoire de l'Espagne musulmane, en abrégé Esp. Mus., t. III, p. 208).
Parmi les Musulmans capturés au cours des combats frontaliers qui opposèrent
Castillans et Grenadins dans le dernier quart du XIIIe siècle, les artistes chrétiens
purent rencontrer des guerriers africains faisant partie de ces milices mérinides que le
Nasride Muhammad II al-Fakïh avait appelées à l'aide après 1273. Rappelons enfin
que le port de longues barbes avait été imposé aux Mudéjares castillans dès 1256 et
réaffirmé par les Cortes de Valladolid en 1258 afin de les différencier des Chrétiens.
Cf. Cortes de Leôn y de Castilla, Madrid, 1861, t. I, p. 59.
Elle avait été introduite chez les Musulmans d'al-Andalus par le célèbre musicien
de Baghdad, Ziryâb, sous le règne dîAbd al-Rahmân III. Sur la djubba, cf. Dozy,
Vêtements, pp. 107-117; E. Ivévi-Provençal, Esp. Mus., t. III, p. 425.
Cf. al-Shakundï, écrivain arabe du début du XIIIe siècle, Elogio del Islam espanol,
trad. E. Garcia Gômez, Madrid-Grenade, 1934, p. 107.
Ce vêtement d'apparat ne tarda pas à 3tre adopté par les Chrétiens d'Espagne sous
le nom d'aljuba: cf. Don Juan Manuel, El Conde Lucanor,éd. E. Julia, Madrid, 1933,
p. 126, cité par J. Guerrero Lovillo, Las Cântigas, p. 184. L'influence musulmane
sur le costume chrétien en Espagne, signalée par E. Lévi- Provençal (Esp. Mus.,
t. III, p. 425) pour le Haut Moyen-Age, a pu être décelée en ce qui concerne la Cas-
tille au XIIIe siècle par J. Nevinson, Costume in Castile in The Connoisseur, vol. 146,
Londres, 1960, pp. 10-15. Les étoffes d'origine arabe retrouvées dans les sarcopha-
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Avant de clore cette brève étude, nous voudrions rappeler ce que nous
apprennent les sources chrétiennes sur la mise des Mudéjares castillans
au XIIIe siècle. Dans les Ordonnances de Seville édictées en 1252 par
Alphonse X, défense était faite aux Mows de se vêtir, dans les
agglomérations chrétiennes, de draps de couleur blanche, rouge ou verte, de
porter des vêtements de cendal ou de fourrure, des chaussures blanches
ou dorées. Il était interdit aux femmes musulmanes de se draper dans
des chemises brodées autour du cou de fils d'or, d'argent ou de soie. Les
Cortes de Jerez réunies en 1268 ne firent que proscrire le port de l'hermine,
d'étoffes de couleur écarlate ou orange ainsi que l'usage de chaînes d'or *.
La vivante galerie de portraits de Musulmans que nous venons
d'évoquer ne vient-elle pas suggérer que, somme toute, cette réglementation
Cf. H. Pérès (o. c, p. 324) et J. Albarracin (o. c, pp. 28-29). Dans un contrat de
mariage datant de 1285 et émanant de la communauté mozarabe de Tolède, il
est fait état de vêtements et de bijoux pareils à ceux de nos Mudéjares castillanes:
une tunique bordée de fils de soie, un collier d'argent d'une valeur de 60 miihkâls,
des boucles d'oreilles en or garnies de perles. Un testament de mai 1281 mentionne
un voile (mikna'a) murcien en or avec liséré de taffetas jaune. Cf. A. Gonzalez Pa-
lencia,
III," Los Mozarabes de Toledo en los siglos XII y XIII, Madrid, 1930, I, p. 387,
p. 283.
Cf. F. Fernandez y Gonzalez, o. c, p. 127.
66 R. ARIÉ
1 Islam d'Espagne, p. I.
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