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Projet SEMEAU
_______________________________
E. Ledoux, S. Rouquet
Références :
Centre de Géosciences No. Rapport : R100705ELED
École des mines de Paris, Fontainebleau, France
École des Mines de Paris – Centre de Géosciences
35, rue Saint Honoré
77300 Fontainebleau, France
Tél. 01 64 69 47 02
Fax 01 64 69 47 03
Référence type : Ecoles des Mines de Paris et Société des Eaux de Volvic. Etat
des lieux sur la modélisation hydrologique et hydrogéologique et applicabilité
dans le cadre de projets européens, Rapport : R100705ELED, E. Ledoux, S.
Rouquet, mai 2010.
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SOMMAIRE
1. Introduction .................................................................................................................6
3. Méthodologie................................................................................................................7
3
5.2.7 Le projet PEGASE ....................................................................................................28
5.3 Conclusions sur les modèles mis en œuvre dans le cadre de ces projets ................33
8. Conclusion .................................................................................................................39
9. Bibliographie .............................................................................................................40
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LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Ecoulement radial vers un puits dans un aquifère confiné (source : Freeze and
Cherry, 1979)..................................................................................................................... 10
Figure 2 : Schématisation du processus de l’infiltration selon Green & Ampt (source : Musy et
Soutter, 1991) .................................................................................................................... 11
Figure 3 : Principe du modèle de Nash (source : Girard et al., 1981) ....................................... 14
Figure 4 : représentation d’un écoulement non saturé et du transport de soluté dans une
structure de digue (source : P. Goblet) .............................................................................. 19
Figure 5 : Schéma conceptuel simplifié du fonctionnement de MACRO (source : Vincent et al.,
2006) .................................................................................................................................. 31
Figure 6 : Définition des mailles rivière et bassin (source : Girard et al., 1981) ...................... 34
Figure 7 : Schéma de principe de fonctionnement de la fonction production (source : Girard et
al., 1981) ............................................................................................................................ 35
Figure 8 : Schéma de principe de fonctionnement de NONSAT (source : Girard et al., 1981) . 36
Figure 9 : relations nappe- rivière (source : Ledoux et al, 2007) .............................................. 36
Figure 10 : Principe de constitution des biefs (source : Girard et al., 1981) ............................. 37
Figure 11 : schématisation multicouche (source : Girard et al., 1981)...................................... 37
Figure 12 : Diagramme de fonctionnement de l’outil de modélisation STICS-MODCOU-
NEWSAM (source : Ledoux et al, 2007) ............................................................................ 38
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1. INTRODUCTION
Dans le cadre du projet SEMEAU intégré au programme LIFE de l’Union européenne, la
Société des eaux de Volvic souhaite mettre en place un modèle mathématique de simulation
des écoulements et du transport de substances en solution du système aquifère de Volvic
porteur de la ressource en eau minérale exploitée par cette société.
L’équipe Systèmes Hydrologiques et Réservoirs (SHR) du Centre de Géosciences de Mines-
ParisTech (ARMINES) développe depuis plusieurs décennies des outils de calcul adaptés à
cette problématique. Elle possède notamment un modèle mathématique dénommé MODCOU
dédié à la simulation conjointe des écoulements de surface et des écoulements souterrains
qui constituera le point de départ de la recherche envisagée. Cet outil est en constante
évolution pour intégrer les différents couplages de phénomènes physiques pertinents en
fonction des problèmes posés ; il est actuellement en cours d’intégration au sein d’une
plate-forme de simulation Eau-dyssée dont la structure informatique modulaire permettra de
faciliter les évolutions futures. La construction de cette plate-forme est réalisée en
collaboration avec l’UMR Sisyphe à laquelle plusieurs membres de l’équipe SHR sont
associés.
Dans le cas de l’aquifère de Volvic, les spécificités du contexte géologique volcanique
alternant niveaux très peu perméables et très perméables et de ce fait fortement hétérogène,
reposant sur un substratum peu perméable, impliquent des couplages originaux entre le
réseau hydrographique et les différents compartiments aquifères qui rendent nécessaires des
adaptations du modèle.
En préalable à ces adaptations, il est apparu nécessaire de réaliser en première phase un état
des lieux des connaissances en matière de modélisation hydrodynamique et hydrochimique
des masses d’eau en procédant (cf. action 1.1. du projet SEMEAU) :
- d’une part à une synthèse assez générique des différentes approches
hydrodynamiques et hydrochimiques appliquées aux bassins versants ;
- et d’autre part à une focalisation sur les outils mis en œuvre dans le cadre
de la Directive Cadre sur l’Eau et plus particulièrement pour ce qui
concerne les bassins forestiers.
- Parmi les outils de modélisation à disposition, le choix des outils utilisés
dans SEMEAU sera justifié au regard des objectifs de modélisation fixés
dans le cadre du projet et adaptés au contexte particulier de l’impluvium
de Volvic.
L’étude débouchera sur un cahier des charges constitutif du modèle qu’il conviendra de
construire pour simuler l’aquifère de Volvic. Pour la réalisation de cette première phase,
ARMINES a apporté son expertise en matière de modélisation des systèmes
hydrogéologiques.
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Le domaine modélisé en hydrologie correspond en général au bassin versant. Le bassin
versant est la surface réceptrice des eaux qui alimentent une nappe souterraine, un lac, une
rivière ou un réseau complexe; on le définit par sa morphométrie, ses caractères
climatiques, sa géologie, sa végétation, ses sols (Loup J., 1974 dans le Glossaire
International d’Hydrologie de l’Unesco). Notons que le bassin versant topographique
limitant les écoulements de surface peut être différent du bassin versant hydrogéologique
régissant les écoulements souterrains.
Dons le présent état des lieux, différentes méthodes de modélisation seront abordées telles
que la résolution de solutions analytiques, la construction de modèles déterministes et de
modèles globaux. Ces méthodes pourront être orientées vers des applications en hydrologie
ou en hydrogéologie.
3. METHODOLOGIE
Afin de réaliser cette synthèse sur les principaux outils de modélisation utilisés en
hydrologie et en hydrogéologie, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la DCE,
une méthodologie a été construite, basée sur le recueil de données bibliographiques, la
consultation de sites internet et des contacts avec des spécialistes de la modélisation.
Concernant la synthèse sur les principaux types de modèles utilisés de manière générale,
nous avons consulté les spécialistes de l’Ecole de Mines de Paris (E. Ledoux, P. Goblet) et
recueilli des données bibliographiques spécifiques à chaque type d’outils (publications,
ouvrages, sites internet).
Concernant la synthèse sur les outils utilisés ou développés dans le cadre de projets
européens visant à la mise en œuvre de la DCE, une spécialiste de la mise en application de
la Directive Cadre Européennes sur l’Eau, A. Blum (BRGM), a été consultée. Ont aussi été
consultés les sites internet relatifs à différents projets cités.
7
et de capacités (Glossaire International d’Hydrologie de l’Unesco). Actuellement en
hydrologie, la modélisation numérique est principalement utilisée. Le rapport sera donc
exclusivement orienté vers ce type de modélisation.
Les modèles mathématiques dont nous traiterons ici, sont les plus utilisés de par leur
applicabilité plus générale et surtout du fait des développements récents de l’informatique.
Différentes méthodes mathématiques permettent de modéliser les phénomènes
hydrologiques et hydrogéologiques. Nous distinguerons notamment les solutions
analytiques, les modèles déterministes et les modèles empiriques ou « boîte-noire ». Le
descriptif des méthodes de résolutions présenté n’est pas exhaustif mais il permet de
justifier les choix effectués pour construire l’outil SEMEAU.
Les processus hydrologiques et hydrogéologiques sont par essence couplés, surtout au sein
des hydrosystèmes de faible profondeur.
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L’écoulement souterrain dans un domaine d’intégration donné peut être décrit par l’équation
de la diffusivité qui combine la loi de Darcy, le principe de conservation de la masse et une
équation d’état basée sur une rhéologie élastique. Cette équation s’écrit :
dH
div( KgradH) = Ss +q
dt
Avec gradH=gradient de charge hydraulique
K=perméabilité du milieu
S s =coefficient d’emmagasinement spécifique
q=terme de flux externes (pompages, réinjections, infiltrations)
Lorsque la nappe étudiée peut se réduire à un problème 2D, l’équation est ramenée à 2
dimensions par intégration sur l’épaisseur de la hauteur saturée. Cette simplification repose
sur l’hypothèse que les vitesses d’écoulement horizontales sont très supérieures aux vitesses
verticales :
dH
div (TgradH ) = S +q
dt
Avec gradH=gradient de charge hydraulique
T=transmissivité du milieu
S=coefficient d’emmagasinement
q=terme de flux externes (pompages, réinjections, infiltrations)
Cette équation est par construction valable pour des flux horizontaux en nappe captive, mais
elle est utilisée comme approximation en nappe libre avec T=K.e, e représentant l’épaisseur
des terrains saturés de la nappe.
Par exemple, dans le cas d’une nappe captive où l’écoulement est radial, vers un puits où
l’on pompe un débit Q, en régime permanent, dans un milieu homogène et isotrope, la
formule de Dupuit (1863) suivante peut être employée :
Q r
Hr − H0 = Log
2πT R
Avec Hr= charge hydraulique à la distance r du puits
H 0 = charge hydraulique imposée à la distance R du puits
Q=débit pompé au niveau du puits
r=distance au puits
R=distance au puits où la charge est supposée imposée
T=transmissivité du milieu
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L’interprétation des essais de pompage repose sur la résolution de solutions analytiques
développées pour différents types d’hypothèses simplificatrices, et pour différents types de
conditions aux limites (présence de limite à flux nul ou de barrière de potentiel notamment).
Theis (1935 d’après Interactive Groundwater) a notamment proposé une solution analytique
exacte de l’équation de diffusivité pour une évolution transitoire du rabattement dans un
aquifère infini captif et homogène sollicité par un puits à débit constant et supposé de rayon
infiniment petit.
Figure 1 : Ecoulement radial vers un puits dans un aquifère confiné (source : Freeze
and Cherry, 1979)
10
Q t est le débit au temps t, Q 0 est le débit initial au début du segment de récession, α
est une constante aussi appelée cut-off frequency (f c ) et T c est le temps de résidence
du système aquifère définit comme le ratio du stockage sur le débit.
La couche supérieure représente la flaque qui se forme en surface au bout d’un temps t p
(time ponding) (Estupina, 2004). Pendant tout l’événement, cette hauteur d’eau est supposée
rester constante et négligeable par rapport aux autres charges mises en jeu dans la colonne
de sol. L’eau est supposée s’infiltrer dans la colonne de sol suivant un écoulement de type
piston. Ceci a pour effet de définir un front d’humectation (wetting front) abrupt et
horizontal (hypothèse validée par ESTEVES et al., 2000 d’après Estupina, 2004). Ce front
sépare un profil de sol entièrement saturé du sol non encore mouillé. Il se déplace sous
l’effet double d’une force de succion capillaire effective et de la gravité, à une vitesse
donnée et calculable. Une hypothèse du modèle est donc d’assimiler les forces capillaires
agissant au niveau du front d’humectation (pourtant diffus dans l’espace) à une valeur
effective constante.
Ainsi la première étape du modèle consiste en la formation d’une flaque à la surface du sol
sous l’effet de la pluie incidente. Au cours de cette phase, la valeur de la capacité
d’infiltration est égale à la valeur de l’intensité de la pluie (i p ). Cette étape dure t p, , durée
qui peut être évaluée par la formule suivante (Mein, 1973 ; Maidment, 1993 d’après
Estupina, 2004) :
1 S f .(φ − θ i )
tp = ×
ip ip
−1
K
Avec : t p = ponding time (h)
11
K = conductivité hydraulique effective (mm/h)
S f = succion effective au front d’humectation (mm)
Φ = porosité du sol
Θi = humidité initiale
i p = intensité de la pluie (mm/h)
Une fois cette flaque formée, la hauteur d’eau présente à la surface du sol reste constante
pendant tout l’événement, l’équation de Green & Ampt se met sous la forme :
(φ − θi ).S f
f p = K 1 +
F
Avec : f p = capacité d’infiltration (mm/h)
K = conductivité hydraulique effective (mm/h)
F = hauteur d’eau cumulée infiltrée (mm)
S f = la succion effective au front d’humectation (mm)
Φ = porosité du sol
Θi = humidité initiale
Les solutions analytiques sont exactes dans leurs développements mathématiques mais
supposent des conditions géologiques homogènes et des sollicitations uniformes
(Dassargues A., 1991).
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Avec : f p : capacité d’infiltration d’un sol
f c : conductivité hydraulique à saturation du sol
f 0 : valeur maximale au début de l’averse de l’infiltration du sol
β : constante positive
t : temps écoulé depuis le début de l’averse.
Les valeurs de la capacité d’infiltration du sol varient beaucoup d’un sol à l’autre en
fonction :
- de sa teneur en argile ou plus généralement de sa composition
- de la porosité du sol,
- de sa teneur initiale en eau,
- de l’intensité et de la taille des gouttes de pluie,
- de la végétation,
- de la saison (température, travail des micro-organismes),
- de l’air occlus dans le terrain.
Ceci fait pressentir les difficultés que l’on rencontre pour estimer le taux d’infiltration
moyen sur un bassin versant complexe. Les valeurs de ces paramètres peuvent être calées ou
extraites de la littérature. Toutefois, suivant les types de sol et la nature des pluies, cette
équation peut présenter le grand défaut de contenir des paramètres dont les valeurs usuelles
sont très grandes devant les intensités de pluie. De fait, la capacité d’infiltration est une
fonction du temps, qui va décroître même si les intensités de pluies sont très faibles. Ceci a
pour conséquence de sous estimer les capacités d’infiltration du sol (Estupina, 2004).
Pour corriger ce problème, la forme intégrée de l’équation de Horton est utilisée. En
intégrant f p entre la date du début de l’averse et le temps courant, on obtient le volume d’eau
infiltré depuis le début de l’averse, à condition que l’intensité de la pluie ait été supérieure
ou égale à la capacité normale d’infiltration du sol pendant toute l’averse :
f0 − fc
F (t ) = f c t + (1 − e − βt )
β
Avec F(t) : Hauteur d’eau cumulée infiltrée dans le sol depuis le début de l’averse. Afin de
ne pas surestimer la quantité d’eau réellement infiltrée dans le sol, l’idée est d’introduire un
temps équivalent (noté t eq ), comptabilisé depuis le début de l’averse tel que : F(t eq ) = F(t)
réel. Soit :
f0 − fc − βt eq
F (t ) = f c t eq + (1 − e )
β
Le temps t eq sera donc inférieur ou égal au temps t.
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• la zone non saturée est découpée en tranches horizontales homogènes et d’égale
épaisseur,
• les transferts de l’eau entre les tranches sont verticaux et régis par une perméabilité
unique,
Dans ces conditions, le paramètre N est fonction de l’épaisseur totale de la zone non saturée
et la constante de temps caractérise la vitesse verticale de percolation.
Le modèle à réservoirs de Nash obéit à la représentation mathématique suivante :
Soit Vi j le stock en eau dans le réservoir i au pas de temps j. Au pas de temps j, le réservoir
n°1 reçoit une lame d’eau infiltrée QI qui amène son contenu à la valeur Vi j + QI j . Ce
j
Ce modèle est appliqué pour chaque pas de temps météo à la distribution des débits
d’infiltration calculée au préalable, suivant une discrétisation spatiale obtenue par
regroupement des mailles de la couche de surface en zones homogènes présentant des
propriétés uniformes du point de vue des transferts dans la zone non saturée.
A chaque zone homogène ainsi définie est attribué un jeu de paramètres N, nombre de
réservoirs et TAU, temps de délai des réservoirs, dont les valeurs doivent être déterminées
par calage portant sur la restitution du déphasage entre l’infiltration et les variations
piézométriques d’une part et l’infiltration et le débit de base aux exutoires d’autre part.
Le choix a priori des paramètres N et TAU sera toutefois orienté en se souvenant que le
nombre de réservoirs caractérise en général l’épaisseur de la zone non saturée et que le
temps de délai est lié à la perméabilité verticale de cette zone.
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4.4 Les modèles ARMAX
Les modèles “boîte noire” tentent de représenter la relation pluie–débit par une formulation
mathématique, de type auto-régressif (modèle ARMAX Auto-Regressive Moving Average
with eXogenous input) (Tarik Benkaci A. & Noureddine Dechemi, 2004). Les modèles
ARMAX, initialement développés par Box & Jenkins (1976, d’après Tarik Benkaci A. &
Noureddine Dechemi, 2004) ont été utilisés dans différentes études hydrologiques (Weeks &
Boughton, 1986, d’après Tarik Benkaci A. & Noureddine Dechemi, 2004).
Le modèle ARMAX est un modèle auto régressif qui inclut des entrées et un bruit blanc de
moyenne nulle. De plus, le modèle inclut un retard pur.
Il inclut également une fonction de transfert avec une moyenne ajustable sur le bruit blanc.
En général le bruit blanc permet de représenter des perturbations non-mesurables dans le
modèle. Or, ces perturbations non-mesurables (fluctuations thermiques, vibrations du sol...)
sont rarement de moyenne nulle et peuvent aussi répondre à un modèle (B Bradu, 2006,
d’après Tarik Benkaci A. & Noureddine Dechemi, 2004).
La forme générale de ces modèles est donnée par l’équation suivante (Young & Wallis,
1985, d’après Tarik Benkaci A. & Noureddine Dechemi, 2004):
p r q
y (t ) = −∑ a i y (t − i ) + ∑ b j x(t − j ) + ∑ c k e(t − k ) + e(t )
i =1 j =1 k =1
où y(t) représente le débit simulé, p, r, q sont les ordres du modèle, a, b, c sont les
paramètres du modèle, x(t – j) est une variable explicative (pluie), e(t) est le bruit blanc, t
est l’indice de temps (jour). Ce type de modèle est capable de modéliser mathématiquement
la relation pluie–débit sans prendre en considération les processus physiques (Hsu et al.,
1995, d’après d’après Tarik Benkaci A. & Noureddine Dechemi, 2004).
L’approche déterministe se base sur le principe de causalité liant par une relation unique la
cause et les résultats (Dassargues A., 1991). En appliquant ce principe aux écoulements
souterrains, on obtient : une nappe aquifère caractérisée par ses paramètres (porosité,
perméabilité…), soumise à une sollicitation extérieure représentée par exemple par les
variables de surface (infiltration, flux et charge imposées aux limites, pompages…), régie
d’une manière définie par l’équation de diffusivité, cette réaction étant mesurée par les
variables dépendantes (niveaux piézométriques).
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La résolution de modèles déterministes peut s’opérer par une approche stochastique (ou
probabiliste). L’approche stochastique postule que les paramètres représentant la nappe et
les variables indépendantes sont des variables aléatoires possédant des fonctions de
probabilité déterminées (de Marsily, 1982 d’après Dassargues A., 1991). En utilisant les
mêmes équations différentielles que les modèles déterministes, les modèles stochastiques
déterminent la loi de distribution de probabilité de la variable dépendante, en quantifiant de
surcroit une certaine variabilité qui s’apparente à l’erreur.
Dans cet état des lieux nous n’aborderons que les systèmes déterministes physiquement
significatifs qui utilisent l’expression mathématique des lois qu’ils simulent, nous
n’aborderons donc pas l’approche stochastique. Le calcul est réalisé en résolvant l’équation
aux dérivées partielles de diffusivité (voir paragraphe sur les solutions analytiques) avec les
paramètres spécifiés, les sollicitations extérieures et les conditions aux limites imposées. La
solution proposée par le modèle consiste en un calcul de la piézométrie (ou du champ de
pression), et des flux aux limites du modèle.
Les solutions les plus opérationnelles de l’équation de diffusivité sont obtenues à l’aide de
méthodes numériques telles que les différences finies, les éléments finis et les éléments
frontières. Ces méthodes sont définies ci-dessous (définitions proposées par G. de Marsily,
2004).
• La méthode des différences finies est facile à comprendre et à programmer. Elles
convient très bien à la résolution de problèmes régionaux d’écoulement des nappes,
en une ou deux dimensions, dans des systèmes multicouches ou à trois dimensions.
Bien qu’elle soit, en principe, capable de traiter des mailles de n’importe quelle
forme et taille, elle est, en pratique, limitée à des mailles simples : des carrés
réguliers, des carrés gigognes, des rectangles ou des parallélépipèdes rectangulaires
à trois dimensions. Elle peut très bien représenter les hétérogénéités du milieu,
pourvu que la forme de ces hétérogénéités puisse être décrite de façon adéquate par
la forme des mailles ; dans la pratique, l’anisotropie doit être limitée aux directions
parallèles aux côtés des mailles. Elle convient moins bien à la résolution de
l’équation de transfert d’un élément en solution sauf dans les cas où les méthodes
des caractéristiques et du calcul des trajectoires des particules sont utilisées.
16
• La méthode des éléments finis est moins facile à expliquer et beaucoup moins facile
à programmer que la précédente. Comme cette approche est plus flexible que celle
des différences finies, un programme d’éléments finis peut être plus compliqué à
utiliser. Cependant la forme des mailles est beaucoup moins limitée : en pratique, on
prend des triangles et des quadrilatères en 2D et, en trois dimensions, des tétraèdres
et des parallélépipèdes de n’importe quel angle. Ceci permet de décrire d’une
manière beaucoup plus satisfaisante la forme des limites du milieu ainsi que celle
des hétérogénéités ou les fonctions sources, ce qui rend également la méthode des
éléments finis idéale pour résoudre les problèmes à limite mobile, par exemple ceux
ayant une surface libre et une interface abrupte entre eau douce et eau salée ou entre
deux fluides immiscibles. Elle est capable de traiter toutes les directions
d’anisotropie et ces directions peuvent changer d’un élément à l’autre et avec le
temps. En pratique, dans les problèmes d’écoulement, la méthode des éléments finis
peut être employée pour des études régionales, mais elle est particulièrement
efficace dans les problèmes locaux de génie civil tels que l’exhaure de l’eau d’une
excavation, le drainage d’une mine où les formes des limites et des hétérogénéités
doivent être représentées avec précision. Pour résoudre l’équation de transfert d’un
élément en solution, la méthode des éléments finis est bien supérieure à celle des
différences finies, puisqu’elle peut traiter l’anisotropie du tenseur de dispersion, et
que la taille des mailles peut être adaptée à la grandeur de la vitesse ; on peut ainsi
rechercher un compromis entre la stabilité et la dispersion numérique.
• Des approches d’éléments aux limites ou d’intégrales de limites ont été proposées
pour résoudre l’équation d’écoulement. L’avantage principal de celle-ci est que la
précision du calcul ne dépend pas de la taille des éléments utilisés, contrairement
aux deus méthodes précédemment décrites. Ainsi, on peut se servir de quelques
éléments très grands (ou même infinis), ce qui rend la méthode très efficace du point
de vue du temps de calcul. Dans un premier temps la solution numérique se calcule
uniquement le long des limites des éléments ; si l’on demande en plus explicitement
la solution à l’intérieur d’un élément, sa valeur est calculée dans un second temps
par une intégration numérique dans cet élément. La restriction principale est que les
propriétés du milieu, dans un élément donné, sont supposées constantes : si les
hétérogénéités du milieu sont telles qu’il faille inclure un grand nombre d’éléments
afin de les décrire convenablement, alors la méthode de l’intégrale des limites perd
sa supériorité. Par conséquent, cette méthode est beaucoup moins flexible et moins
générale que les précédentes (voir Brebbia, 1978 ; Liu et Ligget, 1979 ; Tal et
Dagan, 1983 ; Herrera, 1984 d’après G de Marsily, 2004).
Plusieurs outils de modélisation des écoulements souterrains existent dont voici quelques
exemples. Ces modèles utilisent :
• la méthode des différences finies : MODFLOW, MARTHE, NEWSAM
• la méthode des éléments finis : FEFLOW, METIS.
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Q :le débit
P : l’intensité de pluie brute
I : le taux d’infiltration.
Cette équation peut être résolue de façon numérique en faisant les hypothèses que le passage
d’un pixel au voisin se fait :
- suivant la pente et la direction d’écoulement du pixel définies par la dérivée directionnelle
maximale entre les 4 possibles (selon les directions cardinales),
- avec la vitesse de l’onde cinématique évaluée pour le coefficient de Manning (1849) du
pixel et pour la hauteur d’eau du pixel amont si le flux est entrant, ou pour la hauteur d’eau
du pixel considéré si le flux est sortant,
- avec une lame d’eau uniformément répartie sur toute la surface du pixel considéré.
Cette équation peut être résolue par la méthode des différences finies à partir d’un maillage
défini.
Pour décrire les équations décrivant ce processus, les hypothèses suivantes sont posées :
- le polluant est miscible dans l’eau interstitielle pour les concentrations envisagées et
ne modifie pas sensiblement la distribution de vitesse de l’eau dans lequel il est
mélangé,
- l’écoulement est laminaire.
La modélisation déterministe du transport d’une espèce en solution est basée sur l’équation
de la dispersion suivante :
∂ ∂ ∂C
(θ × C ) = −C '×Q'− θ C.vi − ( Dh ) ij . w
∂t ∂xi ∂x
θ : porosité
C : concentration de polluant dans l’eau
( Dh ) ij : composantes du tenseur de dispersion
18
C’ : concentration dans les flux externes
∂C w
Le terme C.vi représente l’advection et le terme ( Dh ) ij . la dispersion. Pour un milieu
∂x
isotrope et saturé , le tenseur de dispersion hydrodynamique peut s’exprimer par :
v i .v j
( Dh ) ij = a T v.∂ ij + (a L − a T ) + d m .∂ ij
v
aT : dispersivité transversale
a L : dispersivité longitudinale
d m : coefficient de diffusion moléculaire
v : valeur absolue de la vitesse moyenne
19
gaz/solution/solide donné selon les lois thermodynamiques. Le second mode est dynamique.
Il permet de simuler l’évolution du système initial au cours du temps lorsqu’il est soumis à
une ou plusieurs perturbations, telles que par exemple une élévation de température, le
mélange de deux fluides…
Les logiciels de géochimie des eaux sont donc appliqués à une large gamme de situations.
En contexte de laboratoire, ils permettent par exemple de simuler une courbe de titrage,
d’interpréter des tests… Dans le domaine environnemental, ces codes participent à
l’évaluation de la qualité des eaux, à l’estimation du devenir d’un polluant, à la
reproduction par le calcul des processus de drainage des activités minières, etc.
Ces logiciels de modélisation géochimique prennent en compte les concepts physico-
chimiques de base :
- réactions acide-base,
- oxydoréduction,
- complexation,
- échanges gazeux,
- dissolution et précipitation des minéraux,
- échange ionique et adsorption,
- contrôles cinétiques.
Plusieurs codes de modélisation géochimique ont été développés tels que JCHESS
(développé par l’Ecole des Mines de Paris, Van der Lee J. et De Windt L., 2002) et
PHREEQC (développé par l’US Geological Survey, Parkhurst, 1995 ; pour la première
version).
20
• On peut trouver une solution analytique mais son expression est si complexe que les
calculs numériques de sa valeur demandent beaucoup plus d’effort que l’utilisation
directe d’une solution numérique du problème originel.
Par rapport aux modèles boîte noire, les modèles déterministes prennent en compte les
phénomènes physique mais nécessitent une bonne description du fonctionnement du bassin-
versant: ce sont des modèles de comportement (Adebnego et al., 1989).
Le concept de gestion intégrée repose sur l’idée que toutes les composantes d’un système
doivent avoir une part d’influence sur la décision. Ainsi, dans le cadre d’une gestion dite
par bassin versant, une véritable gestion intégrée devrait tenir compte des facteurs touchant
les aspects hydriques, terrestres, atmosphériques, biologiques, socio-économiques et
politiques (J. Dupont et al, 1998). La mise en œuvre de la DCE implique donc
potentiellement le recours à des outils qui seraient utiles pour aider à déterminer les
mesures les moins coûteuses et les plus efficaces.
Les outils techniques, qui permettraient de mener à bien ces programmes de mesures, sont
de deux types (J.M. Brignon, 2004).
- Les outils de modélisation de l’impact des pressions sur les milieux (modèles quantitatifs
et qualité de l’eau, modèles écologiques). En matière d’utilisation de ce type d’outils de
modélisation, une des principales exigences de la DCE est de déterminer des programmes de
mesures permettant d’atteindre les objectifs de qualité environnementale en tenant compte
des résultats de l’analyse des incidences.
- Les modèles intégrés, c’est à dire des outils d’aide à la décision associant les modèles
d’impact, des données sur les mesures possibles et leurs coûts, leur applicabilité ou leur
acceptabilité, et un système pouvant générer voire sélectionner des combinaisons de
mesures présentant un ratio coût / réduction des impacts minimal, avec la contrainte du
respect d’objectifs environnementaux.
La Directive Cadre sur l’Eau a pour objectif général de promouvoir une gestion « intégrée »
des ressources en eau. Cela implique par exemple que les interactions entre la gestion des
eaux superficielles et celle des eaux souterraines devraient être prises en charge par les
modèles utilisés. Ainsi, plusieurs des projets décrits ci-dessous utilisent des outils de
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modélisation couplés qui prennent en compte les interactions entre les sols, les eaux de
surface et les eaux souterraines au niveau quantitatif et hydrochimique et éventuellement
biogéochimique.
Parmi les modèles énumérés ci-dessus, nous décrirons le modèle SENEQUE et le couplage
MODCOU/NEWSAM/STICS.
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- Un modèle hydrologique conceptuel classique à deux réservoirs prenant en compte la
pluviométrie, l’évapotranspiration, et le stockage temporaire dans le sol et les nappes
phréatiques (lesquelles alimentent les eaux de surface).
- La notion des ordres de Strahler, qui permet d’affecter dans le modèle hydrologique les
mêmes grandeurs morphologiques à tous les cours d’eau d’un bassin de même degré de
confluence (en partant de l’amont). Il s’agit donc d’une représentation conceptuelle et
idéalisée du bassin versant.
- Un modèle biogéochimique déterministe, lui même résultant du couplage et de l’adaptation
de deux modèles développés à l’origine, l’un pour la croissance du phytoplancton en milieu
marin (Aquaphy), l’autre représentant la dégradation de la matière organique dans les cours
d’eau (HSB). La représentation de la matière organique est nécessaire pour prendre en
compte le fait que sa disponibilité peut limiter la croissance du phytoplancton. La
croissance du phytoplancton est également contrôlée dans le modèle par le zooplancton
présent sur le bassin de la Seine.
Les contraintes hydrauliques sont identiques et moyennées dans tous les cours d’eau d’un
même ordre de Strahler, et les rejets ponctuels y sont pris en compte globalement. Par
contre, pour les axes principaux du réseau hydrographique, les rejets ponctuels sont
considérés individuellement et injectés à leur emplacement réel Les conditions de
températures et d’ensoleillement sont variables dans le temps mais uniformes spatialement.
Les processus biogéochimiques, qui sont les mêmes dans tout l’hydrosystème, sont
caractérisés par des cinétiques (définis par environ 35 paramètres) qui sont déterminées par
des observations, mais ne deviennent pas des paramètres d’ajustement du modèle. Une
exception est celle des coefficients de Strickler et du modèle hydrologique de base (définis
par 4 paramètres) pour le calcul des débits, vitesses et hauteurs d’eau, et des paramètres du
zooplancton, qui ont été ajustés (à l’aide d’environ 5 coefficients) afin de reproduire
correctement les fins de blooms algaux. Un autre ajustement par calage est effectué pour les
coefficients de transfert de l’azote dans les zones ripariennes.
On peut donc dire que le modèle Seneque se caractérise par un recours limité au calage
(sauf pour le calcul des concentrations en nitrates résultant des apports diffus).
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sur le bassin de l’Oise. Il est prévu de l’étendre progressivement aux autres sous-bassins de
la Seine, puis aux cours d’eau normands dans une étape ultérieure.
Jusqu'à présent, cet outil a peu été utilisé de façon opérationnelle. Il devrait être utilisé pour
réaliser la vision prospective de l'état des lieux, mais en restant prudent sur l'utilisation des
résultats.
Pegase est constitué de deux principaux modules (Smitz et al., 1997 d’après Brignon, 2004).
- Un module hydraulique et de calcul des températures de l’eau. Les débits des cours d’eau
sont d’abord estimés à partir des données disponibles, et calculés en fonction de la surface
et de l’altitude des bassins versants. Les largeurs des cours d’eau sont soient connues, soit
estimées selon l’approche géomorphologique de Strahler. Les variables hydrauliques
(vitesses, hauteurs d’eau) sont ensuite soit calculées par un calcul de ligne d’eau pour les
cours d’eau navigables, soit par application de la formule de Manning pour les autres cours
d’eau. L’hydraulique est calculée en état stationnaire ou, pour des simulations sur une
période de temps, comme suite d’états stationnaires. La représentation d’états hydrauliques
transitoires comme les crues ou la gestion d’ouvrages hydrauliques (vidanges de barrages)
sortant de ce cadre n’est pas possible. Les conditions de température atmosphérique,
desquelles sont déduites les températures aquatiques par un module de calcul thermique,
sont spatialisées de façon simple, en fonction de l’altitude.
- Un module de calcul de la qualité physico-chimique de l’eau, et de la dynamique du
phytoplancton. Ce module est construit sur les mêmes principes et est très voisin du modèle
RIVE inclus dans Seneque (voir description de Seneque ci-dessus). Une différence est que
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Pegase prend en compte un plus grand nombre d’espèces phytoplanctoniques, ainsi que le
compartiment benthique en représentant le phytobentos et certains macrophytes. Par contre,
Pegase ne prend pas en compte le zooplancton et les bactéries fécales.
Pegase fonctionne sous station de travail en environnement Unix, et a été interfacé avec le
SIG ArcInfo®, dans lequel sont effectués les prétraitements (saisie des bassins versants,
calculs de surfaces, positionnement des rejets par rapport au réseau hydrographique), et les
post-traitements (visualisation des résultats de simulation). La représentation des bassins
versants est basée sur un modèle numérique de terrain, dont chaque maille délivre une
concentration et un débit dans un cours d’eau fictif, qui se jette ensuite dans un cours d’eau
réel modélisé.
Pegase a été utilisé par l’Agence Rhin-Meuse afin de remplir les fonctions suivantes en
relation avec la DCE.
- Caractérisation des milieux : le modèle permet de délimiter plus finement les masses d’eau
que des mesures. Actuellement, 9000 km de linéaire de cours d’eau sont simulés par le
modèle, sur les 12 000 km qui rentrent dans le champ de la DCE. Sur le linéaire déjà
modélisé, le modèle fournit des données sur les plus gros rejets industriels, et les principaux
rejets urbains.
- Evaluation du risque de dégradation de l’état des masses d’eau en 2015 : dans ce domaine,
le rôle de Pegase concerne les paramètres physico-chimiques classiques pour le carbone,
l’azote et le phosphore.
- Détermination des priorités d’intervention. Pegase sera utilisé en support des décisions
pour les programmes de mesures, pour fixer les choix dans les filières d’épuration devant
être mises en place.
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à modéliser des processus (dilution, auto-épuration, sédimentation, etc…). L’interpolation
des valeurs de débits se fait de manière linéaire entre deux stations hydrométriques. Cet
outil a été testé par l’IFEN sur le bassin Rhin-Meuse et également testé sur des bassins
versants en Angleterre et en Slovénie. L’intérêt de cette méthode est qu’elle tient compte,
dans la caractérisation d’une masse d’eau, de l’importance en termes hydrologiques des
différents tronçons de qualité homogène qui la composent.
Afin de pouvoir évaluer l'importance des différents phénomènes qui affectent la nappe, la
modélisation hydrodynamique permet de quantifier l'écoulement des eaux souterraines et
d'établir un bilan hydrologique.
Pour reproduire au mieux l'écoulement des eaux, ce modèle hydrodynamique doit être
alimenté par des données nombreuses et fiables sur la piézométrie de la nappe, la hauteur et
le débit des cours d'eau, les prélèvements d'eaux souterraines par pompage, etc.
Une des grandes difficultés de la réalisation d'un modèle hydrodynamique transfrontalier
réside dans le recueil, l'harmonisation et la synthèse de ces données, gérées par divers
organismes de part et d'autre du Rhin.
Dans le cadre du projet européen MoNit (2003-2007), plusieurs modèles ou modules ont été
développés. Parmi ces modèles, un modèle hydrogéologique numérique, fonctionnant avec
MODFLOW 2000, a été élaboré pour analyser et quantifier la dynamique des nitrates dans
le Fossé du Rhin Supérieur, entre Bâle et Karlsruhe.
Un modèle hydrodynamique régional issu du projet LIFE avait auparavant été élaboré, il
s’agissait d’un modèle monocouche de mailles de 500m*500m de coté. D’une extension
comparable, le nouveau modèle hydrodynamique issu de MONIT, mis à disposition de
l’APRONA par la Région Alsace, est un modèle multicouche (comprenant 10 couches) de
mailles de 100m*100m de coté.
Dans son application, le modèle a été calé en régime permanent en moyennes eaux et en
régime transitoire sur la période du 1/01/1986 au 31/12/2002 au pas de temps mensuel. Les
conditions aux limites suivantes ont été retenues pour l’étalonnage :
- une recharge de nappe au pas de mensuel déterminée à partir des précipitations,
- un débit d’entrée mensuel pour les eaux de surface en bordure de nappe,
- des niveaux moyens mensuels pour les eaux du Rhin et du canal,
- des prélèvements mensuels ou annuels selon les données disponibles.
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La version 2000 de MODFLOW permet la simulation en régimes permanent et transitoire
des écoulements dans des systèmes aux formes irrégulières au sein desquels les couches
aquifères peuvent être confinées, libres ou constituer des combinaisons de niveaux libres et
captifs. Les sollicitations extérieures au niveau de puits, d’aires de recharge,
l’évapotranspiration, l’écoulement en drains ou dans des rivières peuvent être intégrées dans
la simulation. Les conductivités hydrauliques pour chaque couche peuvent être hétérogènes
et avoir une anisotropie dans les directions principales alignées avec les axes du maillage.
Les conditions limites tels que les limites de flux et de charge de même que des conditions
de charges dépendantes du flux. Cela permet un approvisionnement aux frontières à un taux
proportionnel à la différence de charge entre une source d’eau située hors du modèle et les
mailles frontières.
La version 2000 inclut également le transport de soluté et une méthode d’estimation de
paramètres (perméabilité, emmagasinnement…). L’équation de diffusivité est résolue selon
la méthode des différences finies. Le système est maillé en blocs à l’intérieur desquels les
propriétés sont homogènes. Le maillage est orthogonal, et il peut être raffiné à certains
endroits. L’épaisseur des couches peut également varier. L’équation de diffusivité peut être
résolue pour chaque bloc grâce à différents solveurs sélectionnables. A chaque pas de temps
peut être calculé le bilan hydrologique pour chaque type de limite.
Le projet AQUATERRA était divisé en 11 sous projets dont les investigations portaient sur
les interactions eau/sol/sédiments à différentes échelles (du laboratoire au bassin versant) et
étaient intégrées dans des modèles numériques pour des finalités de compréhension des
phénomènes et de gestion. Ces méthodologies ont été appliquées aux bassins de la Meuse et
de l’Elbe.
Parmi les outils de modélisation utilisés dans ce projet, l’outil MARTHE (Thiéry 1990,
1993, 1994, 1995a,b, 2004, Thiéry and Golaz 2002, Thiéry et. al 2002 d’après Thiéry, 2006)
a été utilisé pour simuler les écoulements dans le sol, et notamment les phénomènes
d’écoulement préférentiel. L’outil MARTHE est un code permettant de résoudre les
équations d’écoulement et de transport selon la méthode des volumes finis 3D. Les
principales caractéristiques de cet outil sont les suivantes :
• Des cellules parallélépipédiques,
• Une grille organisée en couche,
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• Une modélisation continue entre la zone non saturée et la zone saturée,
• La prise en compte des interactions avec l’atmosphère (précipitations,
évapotranspiration, fonte des neiges),
• Interactions avec les cours d’eau et les réseaux de drain,
• Plusieurs schémas de transport disponibles : différences finies, TVD, méthode des
caractéristiques,
• Réactions avec la matrice poreuse: K d , Freundlich et isothermes de Langmuir,
• Dégradation selon une demi-vie, prise en compte de la chaine de dégradation,
• Interactions chimiques avec différents simulateurs,
• Prise en compte d’effets thermiques, d’effets de densité, d’écoulement
multiphasique, d’écoulement de gaz.
Dans le cadre du projet Aquaterra, différentes approches ont fait l’objet d’applications
développées avec l’outil MARTHE. Ces approches sont les suivantes.
- Un réseau interconnecté de macropores dans une matrice poreuse 3D. L’écoulement et le
transport dans la matrice poreuse est gouvernée par l’équation de Richards et par l’équation
de dispersion/diffusion. Les macropodes dans la matrice correspondent à des drains
verticaux ou horizontaux. L’écoulement et le transport dans les drains sont controlés par
l’équation de Richards et l’équation de diffusion, avec des paramètres différents de la
matrice. Les échanges entre les cellules de la matrice et les macropores sont proportionnels
à leur différence de pression hydraulique et dépendent de l’état de saturation de la matrice.
- Un milieu poreux équivalent avec, dans chaque cellule du domaine 3D, une relation qui
permet de modifier la conductivité hydraulique intégrée dans certaines zones du domaine.
Lorsque la matrice est proche de la saturation, la conductivité hydraulique de ces zones
augmente.
L’approche de modélisation intégrée est appliquée sur la rivière Lambro sur une longueur de
26km en aval de la station d’épuration de Mérone (Italie du Nord). L’hydraulique et les
processus de qualité sont modélisés par des réservoirs élémentaires en série. Les simulations
pour les sous-modèles utilisés (ASM1 et RWQM1) ont été réalisées dans WEST®. Le but de
cette étude est de modéliser les effets des rejets de la station d’épuration sur la qualité de
l’eau dans la rivière. La station, d’une capacité d’épuration insuffisante, est saturée. Cela
entraîne un by-pass journalier d'eau usée, même en temps sec. On observe de ce fait une
élévation diurne des concentrations en polluants dans la rivière. L’analyse d’une
amélioration de la station d’épuration a permis d’évaluer les effets bénéfiques d'une telle
action sur la qualité de l’eau dans la rivière.
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• les analyses de pesticides au niveau des eaux souterraines.
Les différents outils de modélisations utilisés dans le projet PEGASE sont recensés ci-après.
5.2.7.1 AGRIFLUX
L’outil Agriflux permet de modéliser le transfert de l’eau dans le sol et de simuler le
transport par convection de pesticide.
Agriflux est un modèle capacitif, où le transfert d’eau vertical est maximal lorsque le sol est
saturé. Pour chaque couche de sol, les paramètres intégrés au modèle sont :
• la conductivité hydraulique à saturation,
• la porosité,
• la teneur en eau du sol.
Afin de reproduire l’hétérogénéité du sol, des lois statistiques sont utilisées pour chaque
paramètre.
A l’échelle du sol, un bilan en eau est effectué. Si les précipitations sont inférieures au taux
d’infiltration maximum, égal à la conductivité à saturation dans la couche supérieure de sol,
la totalité de l’eau s’infiltre. Dans le cas contraire, l’excédant en eau ruisselle. En fonction
de la pente topographique, cet excédant ruisselle ou s’accumule en surface pour s’infiltrer
plus tard.
Pour chaque type d’occupation des sols, les utilisateurs précisent les dates d’émergence et
de maturité, la profondeur racinaire, la densité de racines dans chaque couche et les besoins
en eau. Ces paramètres sont utilisés pour calculer le prélèvement d’eau par les plantes dans
les différentes couches du sol.
Le transport de pesticide est considéré comme convectif. Dans son module pesticide,
Agriflux incorpore les processus suivants: biodégradation, hydrolyse, sorption,
volatilisation dans la couche de surface.
5.2.7.2 POWER
Power est un modèle intégré végétation/sol/aquifère, prenant en compte les écoulements
latéraux et l’écoulement de surface. Cet outil a été développé au LTHE (Laboratoire d'étude
des Transferts en Hydrologie et Environnement) depuis 2002. Développé initialement pour
la modélisation hydrodynamique, il a été enrichi par le développement d’Answers.
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Une analyse conceptuelle du fonctionnement du bassin versant. La description de
l’écoulement est basée sur l’équation de Richards, avec la transformation de Kirchoff. La
discrétisation spatiale est verticale. Le modèle intègre le transfert d’eau dans la zone non
saturée et saturée, les écoulements latéraux, ainsi que le transfert non conservatif de soluté
(nitrate, pesticide).
5.2.7.3 HYDRUS
HYDRUS est un outil de modélisation qui traite de la modélisation hydrodynamique
souterraine et du transport de soluté en milieu poreux dans différentes conditions de
saturation. Le mode de calcul utilisé est la méthode des éléments finis. L’outil est utilisé
pour simuler en 2 ou 3 dimensions le transport d’eau, de chaleur et de soluté dans des
conditions de saturation variable. Un algorithme d’optimisation des paramètres est
également intégré dans HYDRUS pour effectuer des modélisations inverses afin d’évaluer
les paramètres hydrauliques dans les sols et les paramètres caractérisant le transport de
solutés.
Le programme HYDRUS résout numériquement l’équation de Richards pour modéliser les
écoulements en zone non saturée et saturée et les équations de convection-dispersion pour le
transport de chaleur et de soluté. Les équations régissant l’écoulement des eaux dans
HYDRUS intègrent également un terme source pour prendre en compte les prélèvements par
les plantes dans la zone racinaire.
5.2.7.4 MACRO
Le modèle MACRO est un modèle 1D décrivant le transport de l'eau et des solutés en
régime transitoire dans des milieux stratifiés. Ce modèle a d'abord été mis au point par
Jarvis (1994, d’après Vincent et al., 2006) et il a connu certaines améliorations (Larsbo &
Jarvis, 2003 d’après Vincent et al., 2006).
L'écoulement préférentiel dans MACRO (Jarvis et al., 1991 ; Larsbo & Jarvis, 2003 ; Larsbo
et al., 2005 d’après Vincent et al., 2006) est basé sur deux domaines : les micropores et les
macropores. Dans les micropores, la rétention de l'eau est décrite par l'utilisation de
l'équation de Van Genuchten (Van Genuchten, 1980 d’après Vincent et al., 2006) et la
conductivité est simulée par le modèle de Mualem (Mualem, 1976 d’après Vincent et al.,
2006). Dans les macropores, l'écoulement est décrit en utilisant une fonction de dynamique
des fluides dépendant de la gravité (Kohler et al., 2001 d’après Vincent et al., 2006). Une
théorie de transfert de masse de premier ordre est utilisée par le modèle pour réguler les
mouvements d'eau entre ces deux domaines.
La conductivité hydraulique dans les macropores est fonction du taux d'humidité pour cette
catégorie de pores. Les transferts d'eau entre les macropores et les micropores sont décrits
par une approximation de l'équation de diffusion de l'eau. Quand les micropores sont
saturés, une équation est prévue pour le passage de l'eau excédentaire vers les macropores.
30
Figure 5 : Schéma conceptuel simplifié du fonctionnement de MACRO (source :
Vincent et al., 2006)
5.2.7.5 MARTHE
Dans le cadre du projet PEGASE, l’outil MARTHE a été notamment utilisé pour modéliser
le transfert de pesticides dans différentes configurations :
- simulation 1D de transfert de Bentazone dans la zone non saturée d’un sol sableux à
Vredepeel (Hollande),
- simulation 3D du transfert de pesticides en zone non saturée et saturée d’une nappe
libre de sables et graviers à Zwischenscholle (Allemagne),
- simulation 3D du transfert en zone saturée et saturée d’acetochlor dans un aquifère
sableux surmonté par le plateau calcaire de Brevilles (France),
- simulation 3D du transfert en zone saturée et saturée d’atrazine et d’isoproturon dans
le système karstique des trois fontaines (France).
31
5.2.7.6 PESTCAT
PESTAQ et PESTCAT ont été créés par WRc, et sont des modèles adaptés pour prédire la
concentration en pesticides dans les aquifères et les eaux de surface respectivement. Bien
que les modèles aient originalement été crées pour un développement à l’échelle des
données nationales, ils sont suffisamment adaptable pour être appliqués à des études
d’échelle plus petite.
Le transport dans la zone non saturée et dans la zone saturée est calculé grâce à l’outil
PESTAQ qui prend en compte :
- la modélisation des écoulements,
- la modélisation du transport,
- une sorption de type linéaire,
- une dégradation suivant une cinétique d’ordre 1.
Le transfert dans les eaux de surface est calculé grâce à l’outil PESTCAT, qui permet
d’estimer la surface d’écoulement et la concentration en pesticide.
5.2.7.7 TRACE/PARTRACE
Le code informatique TRACE permet de modéliser l’écoulement de l’eau en subsurface dans
des milieux poreux définis par des conditions de saturation variables. Cet outil résout
l’équation de Richards généralisée dans les 3 directions de l’espace. TRACE utilise la
méthode des éléments finis de GALERKIN avec des fonctions d’interpolation linéaires. La
résolution selon la dimension temporelle est effectuée par une approche en différences
finies. Différentes conditions aux limites peuvent être imposées notamment des conditions
aux limites mixtes.
En fonction des caractéristiques de saturation, différentes équations sont disponibles. Un
champ de paramètres hétérogène peut être pris en compte. A partir des charges hydrauliques
calculées en chaque nœud, les vitesses d’écoulement sont calculées à partir de l’équation de
Darcy. Ce champ de vitesse généré par TRACE servira de base pour les calculs de transport
effectués avec l’outil PARTRACE.
32
Avec PARTRACE, il est possible de procéder à des calculs tridimensionnels faisant
intervenir jusqu’à 20 000 000 de particules. Les particules sont distribuées de façon égale
sur le nombre de CPU (unité de calcul), ce qui permet une bonne efficience du modèle.
5.3 Conclusions sur les modèles mis en œuvre dans le cadre de ces projets
Les modèles développés ou appliqués dans le cadre des projets précédemment décrits
permettent de modéliser les phénomènes suivants :
- l’hydrodynamique des écoulements de surface, de la zone non saturée, de l’aquifère
et les relations nappe-aquifère,
- le cycle et le transfert d’azote,
- le transfert de pesticides,
- le fonctionnement hydro-biogéochimique (qualité hydrochimique, croissance de
phytoplancton, calcul des températures).
Les échelles d’étude pour la mise en œuvre de ces outils sont variées. Elles s’étendent à de
grands bassins versants, des hydrosystèmes régionaux, des portions de cours d’eau, ou à
l’interface végétation/sol/aquifère.
Parmi ces outils, les modèles couplés ont montré leur efficacité et pourraient être mis en
œuvre dans le cadre du projet SEMEAU à l’échelle d’un petit bassin versant, en considérant
les écoulements de surface et souterrains (dans la zone non saturée et l’aquifère), mais
également l’interface végétation/sol/hydrosystème pour une modélisation hydrodynamique
et hydrochimique.
6.2.1 GEOCOU
Le programme GEOCOU permet de définir la structure du système hydrologique. Elle est
fondée sur la discrétisation spatiale du domaine de surface et souterrain en couches, elle-
33
même étant basée sur l’utilisation de mailles carrées emboîtées. En général le modèle
considère une couche de surface et un nombre variable de couches profondes. Sur la couche
de surface une direction unique de vidange est définie selon la ligne de plus grande pente du
terrain. Deux types de mailles sont pris en compte, le premier type correspondant aux zones
de ruissellement et le second type correspondant aux zones où il existe un échange avec le
domaine souterrain (mailles rivières).
Figure 6 : Définition des mailles rivière et bassin (source : Girard et al., 1981)
6.2.2 MODSUR
Le programme MODSUR permet de calculer le bilan hydrique sur la couche de surface au
moyen de fonctions-productions. Il a pour objectif la répartition de la lame d’eau disponible
au sol entre le ruissellement, l’infiltration, l’ETP et la quantité d’eau restant stockée dans le
sol. Le calcul est effectué au même pas de temps que la pluie (journalier). Chaque fonction
de production correspond à une catégorie de sol (fonction de la géologie et de l’occupation
du sol) et il est basé sur un schéma de fonctionnement de type « réservoir ». Pour effectuer
le bilan hydrique dans le réservoir de bilan (réservoir primaire) à chaque pas de temps, on
doit connaître : la lame d’eau précipitée P, l’évapotranspiration potentielle ETP et l’état du
stock en eau du réservoir. Les paramètres DCRT (niveaux minimal du réservoir sol) et CRT
(niveaux moyen du réservoir sol) conditionnent la quantité d’eau disponible pour
l’écoulement. Le second réservoir réalise la séparation de l’eau en lame ruisselée (QR) et en
lame infiltrée (QI), en fonction du paramètre FN (seuil d’infiltration sur un pas de temps).
Les autres réservoirs de transfert apportent un retard à ces quantités.
34
Figure 7 : Schéma de principe de fonctionnement de la fonction production (source :
Girard et al., 1981)
Le transfert sur les zones de ruissellement est effectué par isochronisme jusqu’au réseau de
mailles qui figure les cours d’eau principaux (mailles rivières).
Les sorties du programme MODSUR sont au final une distribution spatiale et temporelle sur
la couche de surface de l’infiltration alimentant les nappes et du ruissellement parvenant
aux rivières.
6.2.3 NONSAT
NONSAT modélise le parcours de l’eau infiltrée à travers zone non saturée profonde. Pour
décrire la zone non saturée on utilise un modèle à réservoir en cascade de Nash où le
nombre de réservoirs dépend de l'épaisseur de cette zone. Chaque réservoir se vide dans le
suivant selon un processus de vidange exponentielle caractérisé par une constante de temps.
En sortie de NONSAT on obtient ainsi les flux alimentant la nappe profonde.
35
Figure 8 : Schéma de principe de fonctionnement de NONSAT (source : Girard et al.,
1981)
6.2.4 MODCOU
Ce programme est utilisé pour un couplage entre les transferts superficiels et souterrains. Le
transfert souterrain est basé sur l’intégration numérique par la méthode des différences
finies de l’équation de diffusivité. Avec la schématisation multicouche adoptée, il est
possible de distinguer des niveaux dits aquifères, sub- horizontaux sièges d’écoulements
bidimensionnels, et des niveaux dits semi-perméables où les écoulements sont
monodimensionnels et se font par drainance verticale entre les aquifères. Les échanges entre
les aquifères et les rivières sont calculés sur le réseau de mailles rivières selon le schéma
suivant :
36
Figure 10 : Principe de constitution des biefs (source : Girard et al., 1981)
6.2.5 NEWSAM
La simulation du transport d’éléments en solution dans les aquifères multicouches est
réalisée par NEWSAM. Les données en entrée de ce modèle viennent du modèle NONSAT
qui transmet les flux d’eau et de solutés. NEWSAM résout les équations de diffusivité et de
transport convectif par la méthode des différences finies sur chaque couche souterraine.
6.2.6 STICS
Le modèle STICS est un modèle de fonctionnement des cultures conçu comme un outil de
simulation opérationnel en conditions agricoles. Son objectif principal est de simuler les
effets liés au climat, au sol, aux techniques culturales et à la plante sur la production
(qualité et quantité) ainsi que sur l’environnement. Les principaux processus simulés sont le
développement et la croissance du couvert puis les bilans hydrique et azoté dans le sol et
dans la plante. STICS est un modèle générique adaptable à plusieurs types de culture (Gay
et al., 2003 ; Justes, 2003 d’après Hadria et al. 2003), les formalismes ayant été choisis,
entre autres, pour leur robustesse (Hadria et al. 2003). STICS fonctionne avec une base de
données étendues caractéristiques de nombreuses cultures. Seuls quelques paramètres de
certaines fonctions qui décrivent principalement l’élaboration du rendement requièrent une
adaptation spécifique. Le modèle STICS a une structure modulaire. Cette structure
modulaire facilite l’évolution du modèle (Brisson et al., 1998 d’après Hadria et al. 2003).
Le fonctionnement du modèle est journalier ; il simule le comportement du système sol-
plante durant une ou plusieurs saisons agricoles. La limite supérieure du système est
l’atmosphère, caractérisée par les variables climatiques standards (température maximale et
37
minimale de l’air, rayonnement, pluie, vent et évapotranspiration de référence), et la limite
inférieure est l’interface entre le sol et le sous-sol. Le modèle simule le comportement d’une
plante moyenne. La culture est caractérisée principalement par sa biomasse souterraine et
aérienne (dont celle des organes récoltés) ainsi que par son indice foliaire. La croissance des
plantes est basée sur le bilan de carbone (photosynthèse). L’indice thermique (degrés jours)
contrôle la phénologie de la culture. Le module de développement est utilisé pour simuler la
dynamique de l’indice foliaire et définir ou calculer les dates des principaux stades
phénologiques. Le sol est considéré comme une succession de couches horizontales,
chacune caractérisée par sa teneur en eau, en azote minéral et organique. Les racines, qui
assurent l’interaction plante-sol, sont définies par leur distribution en longueur dans le
profil du sol. Les stress hydrique et azoté sont pris en compte au moyen de trois indices :
TURFAC, indice de stress hydrique, INNS, indice de stress azoté et EXOLAI, indice de
stress d’excès d’eau. Ces indices réduisent la croissance foliaire et par conséquent la
fraction du rayonnement utile à la photosynthèse. Ces indices de stress sont calculés à partir
des bilans hydrique et azoté du sol (Hadria et al. 2003).
Actuellement, l’association entre STICS et MODCOU/NEWSAM assure le routage des
nitrates issus du calcul de STICS à travers la zone non-saturée jusqu’à la nappe où ils sont
utilisés comme données d’entrée du modèle NEWSAM selon le schéma ci-dessous.
Plusieurs projets LIFE Environnement ont pour objectif d’étudier l’impact d’activités
anthropiques sur la ressource en eau de surface et souterraine, de définir et mettre en œuvre
des méthodologies visant à préserver cette ressource (ex :TRUST, ACQUE, GEA). D’autres
projets visent à intégrer l’impact du changement climatique sur la ressource en eau dans des
modèles hydrodynamiques et hydrochimiques (ex : « Waterchange », dont l’application
concerne le bassin de Llobregat)
38
Les spécificités du projet SEMEAU reposent sur l’intégration de l’impact du changement
climatique et de la gestion du couvert forestier dans un modèle simulant les écoulements de
surface et souterrains à l’échelle d’un bassin versant forestier de moyenne montagne. Ce
bassin versant, de petite taille par rapport à celui du projet Waterchange, est caractérisé par
de forts gradients de précipitations et par un aquifère à la géométrie complexe.
Ces objectifs spécifiques nécessitent la mise en œuvre d’un modèle couplé permettant une
modélisation de la quantité et de la qualité à l’échelle du bassin versant. Il apparait pour
cela important de caractériser spatialement les phénomènes intervenant dans les processus
de circulation de l’eau et de transfert hydrochimique. Il est donc pertinent d’utiliser un
modèle couplé déterministe maillé.
Afin de répondre aux exigences du projet, la chaine d’outils développée dans la cadre du
programme PIREN-Seine, décrite ci-dessus, a été sélectionnée. Elle présente les
caractéristiques et avantages suivants.
- les modules MODSUR et NONSAT assurent une discrétisation spatiale et temporelle
des flux transitant vers la nappe en tenant compte de l’inertie du système.
- MODSUR permet la séparation du ruissellement vrai du ruissellement de subsurface.
- NONSAT permet de simuler l’écoulement des eaux dans la zone non saturée du sol.
La détermination d’un volume minimum présent dans chaque sous réservoir de
NONSAT ralentit voire stoppe temporairement l’écoulement, ce qui correspond plus
à la dynamique hydrique des sols. Il est en cours d’évolution pour permettre la
simulation du transport de matière en solution.
- MODCOU-NEWSAM est une chaîne de modélisation hydrogéologique spatialisée
qui permet de tenir compte des positionnements des cultures et des zones urbaines
dans le bassin versants. Il permet également de simuler les relations
hydrogéologiques entre les différents aquifères superposés, les écoulements
horizontaux au sein d'une nappe et les apports aux cours d’eau. Ce modèle est une
base forte de la modélisation développée dans le PIREN Seine et est au centre de la
plateforme EAU-dyssée en cours de développement.
- STICS permet une approche des flux de nitrates vers les nappes en fonction des
pratiques culturales et des conditions climatiques.
Cette chaine de programmes est ainsi particulièrement adaptée aux objectifs du projet
SEMEAU et à son application sur l’hydrosystème de Volvic. Il permettra la modélisation du
fonctionnement hydrodynamique des petits bassins versants de surface (Ambène,
Lambertèche) grâce à l’outil MODSUR et de l’aquifère volcanique grâce au couplage
MODCOU/NEWSAM. Le transport d’éléments conservatifs tel que le chlorure pourra
également être modélisé grâce à l’outil NEWSAM. L’outil STICS paraît adéquat pour
prendre en compte le transfert de nitrate en fonction de l’occupation des sols (zones
agricoles ou forestières) et des méthodes de culture. La spécificité de l’outil SEMEAU qui
vise à évaluer le rôle que joue le couvert forestier sur la ressource en eau sera intégrée au
modèle. Au point de vue quantitatif, ce rôle sera pris en compte notamment au niveau du
calcul de l’évapotranspiration, et des fonctions de production permettant le calcul des bilans
hydriques dans MODSUR. Au point de vue qualitatif, le rôle de la forêt interviendra
notamment au niveau de la modélisation du cycle et du transfert de nitrate.
8. CONCLUSION
La chaîne de programmes MODSUR/NEWSAM/STICS développée notamment par l’Ecole
des Mines Paristech a été sélectionnée pour la construction de l’outil SEMEAU et son
application sur le bassin versant de Volvic. Les différents modules couplés de cette chaine
permettent la prise en compte des paramètres climatiques, de l’occupation des sols, de la
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structure géologique et géomorphologique pour modéliser les écoulements de surface et
souterrains. La sélection de cette chaîne paraît également pertinente pour modéliser le
transport d’éléments conservatifs et le transfert de nitrate vers et dans l’aquifère. Les outils
de calcul permettront également d’intégrer et de simuler des scénarii de gestion de l’espace
agricole et forestier ainsi que des scénarii de changement climatique. Les effets du
changement climatique seront intégrés au modèle par une évaluation de l’évolution de
paramètres tels que : les précipitations, l’évapotranspiration et l’évolution du couvert
forestier.
Ces outils de modélisation ont déjà été utilisés dans le programme PIREN Seine visant à une
meilleure compréhension du fonctionnement d’un hydrosystème complexe en intégrant
l’impact d’activités anthropiques.
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