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PFE

Année 2007

Cours de
Métrologie Mesure Asservissement
Quelques notions autour de l’essai triaxial

Auteur : Philippe Reiffsteck


Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
Division Mécanique des Sols des Roches et de la Géologie de l’Ingénieur
58, boulevard Lefebvre 75732 Paris cedex 15
Tél : 01 40 43 52 73 Fax : 01 40 43 65 11
Email : philippe.reiffsteck@lcpc.fr
Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck

Plan
1. MÉTROLOGIE 3

1.1. MESURE DES EFFORTS 3


1.2. MESURE DES PRESSIONS 4
1.3. MESURES DES DÉPLACEMENTS 4
1.3.1. PIED À COULISSE 4
1.3.2. AUTRES CAPTEURS DE DÉPLACEMENT 5
1.3.3. CAPTEUR À EFFET HALL 6
1.4. MESURE DE MODULE PAR PROPAGATION D’ONDE 8
1.5. MESURE SANS CONTACT 9

2. SYSTÈMES D’ACQUISITION 9

2.1. ÉVOLUTION 9
2.2. ACQUISITION AUTOMATISÉE 10

3. MESURE ET INCERTITUDES 11

3.1. POURQUOI ESTIMER L’INCERTITUDE ? 11


3.2. VOCABULAIRE 11
3.3. TRAITEMENT DES INCERTITUDES 11
3.3.1. LOI DE DISTRIBUTION 12
3.3.2. INVENTAIRE DES CORRECTIONS 12
3.3.3. BUDGET D’INCERTITUDE 12
3.4. CADRE NORMATIF 13
3.5. FICHE DE VIE 14

4. ASSERVISSEMENT 14

4.1. QU’EST-CE QU’UN SYSTÈME ASSERVI ? 14


4.2. OBJECTIF DE L’ASSERVISSEMENT 14
4.3. LOGICIEL D’ASSERVISSEMENT 16

5. EXPLOITATION 16

6. EXEMPLE DES ESSAIS TRIAXIAUX DE RÉVOLUTION 17

6.1. PRINCIPE 17
6.1.1. LE CHARGEMENT AXIAL 19
6.1.2. LA CONTRAINTE RADIALE 19
6.1.3. VARIATION DE VOLUME ∆V 20
6.2. ÉVOLUTION DE L’ACQUISITION ET ASSERVISSEMENT 20
6.3. SYNTHÈSE 22

7. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 23

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Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck
L‘objectif de ce document est de dresser un panorama rapide de l’influence que peut avoir l’évolution de la
technologie de la mesure sur les essais en s’appuyant sur les techniques employées en mécanique des
sols.

1. Métrologie
Dans cette première partie, nous présentons succinctement les différentes techniques de mesure avec le
principe physique sur lequel elles s’appuient. Pour une description plus détaillées de l’électronique et du
traitement du signal, nous invitons le lecteur à lire les nombreux documents spécialisés (Asch et al.,
1998 par exemple).

Le capteur est un dispositif qui soumis à l’action d’un mesurande (grandeur physique objet de la mesure :
déplacement, température, pression, etc.) non électrique présente une caractéristique de nature électrique
(charge, tension, courant ou impédance). Le corps d’épreuve est le dispositif qui, soumis au mesurande
étudié en assure une première traduction en une autre grandeur physique non-électrique, le mesurande
secondaire, qu’un capteur adéquat traduit alors en grandeur électrique. L’ensemble formé par le corps
d’épreuve et un capteur actif (effet physique génère une énergie électrique) ou passif (impédance sensible
au mesurande) constitue un capteur composite.

mesurande mesurande
capteur
corps d’épreuve
actif ou passif
primaire secondaire

Fig. 1 Capteur composite

La chaîne de mesure est constituée de l’ensemble des dispositifs, y compris le capteur, rendant possible
dans les meilleures conditions la détermination précise de la valeur du mesurande.
On désigne par capteur intelligent l’ensemble de mesure constitué d’une chaîne de mesure pilotée par
microprocesseur et d’une interface de communication bidirectionnelle.

capteur 1
Convertisseur
Echantillonneur
capteur 2 ampli analogique
bloqueur
numérique
capteur 3
multiplexeur
analogique
n voies
Interface
PC entrées/sorties
Fig. 2 Chaîne de mesure

1.1. Mesure des efforts


Les différents types de capteurs d’effort sont :
• l’anneau dynamométrique avec un comparateur mécanique ou un capteur de déplacement,
• le capteur à jauges sur poutres,
• le capteur équipé de cristaux piezoélectrique.
Ces derniers permettent dans un encombrement réduit de mesurer des efforts sur plusieurs axes.

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F F F F

F
F F
F cristal
comparateur jauges piezoélectrique
Fig. 3 Systèmes de mesure de l’effort axial

Le corps de mesure est donc un élément de poutre dont les fibres supérieures et inférieures sont équipées
de jauges de déformation. Ces jauges sont montées en pont de Wheatstone. Le déséquilibre de celui ci est
mesuré et retranscrit en effort.

Es

VM

Fig. 4 Systèmes de mesure avec pont de Wheastone

Dans les capteurs avec un élément sensible piézoélectrique ou magnétostrictif, c’est le courant induit qui
fournit l’information sur l’effort appliqué.

1.2. Mesure des pressions


La pression à l’origine mesurée par un manomètre à mercure ou à eau, peut être mesurée avec un
manomètre ou un capteur de pression électrique. La technique de mesure des pressions peut être faite avec
- un manomètre à tube de Bourdon
- un capteur à membrane équipée de jauges ou de plaques piezoélectriques.

tube de Bourdon

cristal
p jauges p
bar piezoélectrique

p
Fig. 5 Systèmes de mesure des pressions

C’est donc la déflexion de la membrane qui est mesurée. Généralement les capteurs sont dimensionnés
pour mesurer des pressions et non des dépressions.

1.3. Mesures des déplacements


Les déplacements sont mesurés en mécanique des sols classique (par exemple dans le cadre des normes
d’essais) avec une précision de ±1/100 mm. Les instruments de mesure généralement utilisés sont des
pieds à coulisse à vernier, des comparateurs mécaniques ou des capteurs de déplacement électriques qui
satisfont généralement bien cette condition.

1.3.1. Pied à coulisse


Le vernier (du nom de son inventeur) est une réglette graduée apposée sur les pieds à coulisse (mesure de
longueur) ou les règles à calcul (abaques de calcul scientifique utilisés avant la diffusion des calculatrices),

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ou sur certains goniomètres (mesure d'angle), et qui permettent d'améliorer la précision de lecture
analogique. Il fut inventé en 1631 par le mathématicien Pierre Vernier. Dans certaines langues, le dispositif
porte le nome de nonius, nom latinisé de l'astronome et mathématicien portugais Pedro Nunes (1492-1578),
bien que celui-ci n'ait pas inventé le système.

Le vernier des pieds à coulisse est gradué en 1/10e de millimètre, en raison des erreurs de lecture, la
précision donnée est de 0,02 mm. Pour simplifier la représentation, nous allons supposer ci-dessous que la
précision n'est que de 1/10e de mm.

Le vernier fonctionne de la manière suivante : la partie fixe du pied à coulisse est graduée en millimètres
(mm), de manière classique ; la partie coulissante comporte un trait, appelé ici "trait principal", permettant de
lire cette valeur (précise donc au mm près).
La partie coulissante comporte aussi une réglette de dix traits,
gradués de 0 à 9, et séparés de 0,9 mm (le trait 0 est en
général le trait principal). Le trait du vernier qui est en
correspondance avec un des traits de la partie fixe (quel qu'il
soit) donne le chiffre des dixièmes de mm.
En effet, imaginons que le trait principal de la partie
coulissante donne 5 mm. Si la pièce fait 5,0 mm ± 0,1 mm,
alors le trait 0 du vernier est en face du trait 5 mm de la partie
fixe. Si la pièce fait 5,1 mm ± 0,1 mm, alors c'est le trait 1 du
vernier qui sera en face d'un trait de la partie fixe (en
l'occurrence le trait 6 mm). Si la pièce fait 5,n mm ± 0,1 mm (n
< 10), alors c'est le trait n du vernier qui sera en face d'un trait
de la partie fixe (en l'occurrence le trait 5 + n mm).
L'important est que l'espacement entre les graduations du
vernier soit
(précision des graduations de la partie fixe) - (précision visée)
soit ici
1 mm - 0,1 mm = 0,9 mm
Sur un pied à coulisse "réel", gradué en 1/100e de mm,
l'espacement est :
1 mm - 0,1 mm = 0,9 mm

1.3.2. Autres capteurs de déplacement


Les mesures de déplacement sont passées, durant les cinquante dernières années, des mesures par
vernier accédants aux centièmes et aux millièmes de millimètres, aux capteurs LDT qui grâce aux jauges
permettent d’accéder au micromètre.

Les mesures de déplacement, par exemple, sont passées des mesures par vernier accédants aux
centièmes et aux millièmes de millimètres, aux LDT qui grâce aux jauges permettent d’accéder au
micromètre. La mesure à partir de l’impédance des LVDT (figure 6b) a été supplantés par l’utilisation de
nouveaux principes comme le magnétisme pour les capteurs à effet Hall (figure 6c), l’électromagnétisme ou
électrostatique pour les capteurs de proximité, la lecture optique ou magnétique pour les codeurs digitaux
absolus ou les codeurs incrémentaux (figure 6d) ayant dans le cas des codeurs optiques pour principe
physique le comptage de raies lumineuses, la piézo-électricité pour les éléments piézo-électriques (figure
6e).

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Figure 6. Évolution de la mesure des déplacements

1.3.3. Capteur à effet Hall


L’utilisation de capteur à effet Hall (Asch et al., 1998 ; Hall E.H., 1879) a été retenue récemment dans l’essai
triaxial pour mesurer les déplacements relatifs verticaux. L’intérêt principal de ce type de capteur est de
permettre des mesures de position ou de déplacement latéral à travers une paroi non ferromagnétique
séparant de la sonde l’objet support de l’aimant.
L'effet Hall fut découvert par le physicien américain Hall Edwin Herbert, (1855-1938). Cet effet consiste dans
l'apparition d'une différence de potentiel entre les bords d'un conducteur placé dans un champ magnétique
perpendiculaire. Cette tension de Hall est une force électromotrice due à la déviation des porteurs de charge
par les forces de Lorentz (anisotropie de la densité de charge) .
Le principe du capteur à effet Hall repose sur le fait que lorsqu’un semi-conducteur traversé par un courant,
est soumis à un champ magnétique dont les lignes de force sont perpendiculaires à la fois à la plaque et au
courant, tout déplacement dans le sens du courant génèrera une tension continue proportionnelle au champ
magnétique.

N S N S N S
S N S N S N

Figure 7. Variation de la tension Hall en fonction de la position relative circuit magnétique / sonde

La sensibilité au déplacement dépend du circuit magnétique ; ce dernier est généralement réalisé à l’aide de
plusieurs aimants permanents associés de façon à présenter une région où le gradient d’induction est
important (de 0,1 à 1 T/mm) et sensiblement constant sur une distance de quelques mm (figure 5).

Ces capteurs sont mis en œuvre par la société GDS pour les mesures locales dans les essais triaxiaux.

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capteurs
Figure 8.Capteur à effet Hall GDS monté sur une éprouvette triaxiale

Le capteur mis en œuvre est un capteur à effet Hall analogique de marque Honeyvell, compensé en
sensibilité et en température. Ce capteur ne nécessite pas la réalisation du montage électronique de la
figure 9. Le montage électronique et le principe de fonctionnement sont simples : le capteur est alimenté en
tension continue sur une des pattes, notée +, une autre notée - est reliée à la masse et la troisième notée 0
sert à la mesure qui utilise la masse comme référence (figure 9).
7,6 1,8
3,8
0,5

5,1

15,8

+ 0 -

6,9

2x2,54
0,4
0,5
Figure 9.Capteur à effet Hall Honeywell

Le capteur qui est visible sur une photographie et un croquis en figure 9, dispose d’une zone sensible de
3,86 millimètres de longueur. Les spécifications techniques de ce capteur sont regroupées dans le tableau
ci-dessous :

Caractéristique Valeur
Tension d'alimentation 6,6 à 12,6 V c.c.
Courant d'alimentation 30 mA max.
Tension de sortie (O Tesla à 25°C et V c.c. = 8) 4V
Courant de sortie induit ou source 1 mA
Temps de réponse 3 µs
Caractéristiques magnétiques pour V c.c. 8V
- étendue de mesure : -500 à +500 gauss: 0,63 Vs
- linéarité 1% de l'EM
Température d'utilisation: -40°C à +125°C

Le graphique 10 montre la variation de la tension de sortie pour un déplacement des aimants dans les
conditions suivantes :
Le capteur est alimenté par une tension de 4 volts en courant continu.
Le capteur est surmonté d’une membrane caoutchouc de 0,55 mm d’épaisseur et d’une plaque
d’acier de 0,9 mm d’épaisseur.
La mesure, réalisée dans un premier temps tous les millimètres, a été faite en démarrant exprès d’un point
assez éloigné de la plage de mesure optimale. Ceci afin de voir comment la tension varie lorsque l’on
s’échappe de cette plage.

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2,5

7,6 1,8
3,8 0,5
5,1
2 15,8

+0 -
6,9
1,5
2x2,54 0,5 0,4

voltage
1

0,5

0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
displacement (mm)

Figure 10. Résultat avec des intervalles de déplacement de 0,1 mm

On constate une bonne linéarité du signal sur une plage de 2 mm. On notera, que l’on ne constate pas
d’influence notable de la plaque métallique interposée entre le capteur et les aimants.

1.4. Mesure de module par propagation d’onde


Parmi les nombreuses méthodes utilisées pour la détermination des paramètres initiaux, les mesures par
impulsions de très faibles amplitudes tendent à se généraliser. Le principe consiste à mesurer le temps de
parcours du signal en fonction de la distance entre émetteur et récepteur. L’excitation est provoquée en
général par des systèmes mécaniques, électromécaniques ou le plus souvent piézo-électriques. Le signal
est détecté par des capteurs de vitesse, d’accélération ou de pression. Les ondes ainsi engendrées sont de
deux types : longitudinales (ondes de compression) ou transversales (ondes de cisaillement). La technique
la plus répandue repose sur les propriétés piézo-électriques de certains matériaux (le quartz, par exemple)
qui ont la capacité de convertir une énergie mécanique en une énergie électrique et réciproquement. Il est
possible aussi de monter les capteurs piézoélectriques de manière à mesurer la vitesse de propagation des
ondes de compression.
Dans la pratique, les énergies mises en jeu sont suffisamment faibles pour que les déformations découlant
de ces essais restent petites, et donc que le sol reste dans un domaine élastique. Les relations précédentes,
dérivées de la théorie de l’élasticité, restent applicables et les paramètres de déformations obtenus
correspondent aux valeurs de très petites déformations (déformation de cisaillement inférieure à 10-6).
L’essai avec les bender elements est utilisé pour la mesure de la vitesse de l’onde de cisaillement ( VS ) au
sein de l’éprouvette de sol, ce qui permet de calculer le module de cisaillement maximal ( G max ). Dans un
milieu élastique, les vitesses de propagation des ondes de volume sont reliées aux paramètres de la loi du
comportement de ce milieu par les relations suivantes :

G = ρVS2 λ + 2G = ρVP2
où VS et V P sont les vitesses de propagation des ondes de volume (cisaillement et compression), ρ la
masse volumique et λ le paramètre de Lamé.

période en ms
+ V - bender
amplitude élément
en Volts

différence ∆ en ms

générateur
de fonction
L
D éprouvette t
voltage

émission triaxiale
A
réception
S temps
B C
oscilloscope
Figure 11.Schéma de l’essai avec les éléments piézo-électriques

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Un exemple de cet appareil est donné sur la figure 11. Il est composé d’un élément piézoélectrique et qui
est relié à un générateur de fonction, les éléments du transmetteur et du récepteur sont installés dans une
chambre triaxiale, l’un en haut et l’autre en bas. Les temps d’entrée et de sortie du signal sont analysés à
l’aide d’un oscilloscope.

1.5. Mesure sans contact


Depuis les premiers développements des techniques d’imageries, les mécaniciens des sols ont été tentés
d’appliquer ces techniques aux échantillons pour observer le comportement au sein du matériau. Les
premières applications de l’après guerre consistaient à placer des billes de plomb au sein de l’échantillon et
de suivre leurs déplacements aux rayons X. Ces techniques sont en effet une alternative intéressante aux
mesures locales, et la capacité de visualiser voire de mesurer les déplacements en de nombreux points
dans le volume de l’échantillon semble être considérés comme une validation ultime des lois de
comportement. Les techniques sont variées et sont plus ou moins indiscrètes :
• Extérieures : Thermogramétrie (Luong, 2001) (figure 10a), suivi d’un maillage ou d’un champ de
points par une caméra numérique (Kodaka et al., 2001) (figure 10b).
• Intérieures : Tomographie aux rayons X (Otani et al. 2001 ; Alshibli, 2001), étude de la bifurcation et
de la rupture au sein du matériau par imagerie par résonance magnétique par IRM.

(a) (b)
Figure 12. (a) Vibrothermographie infrarouge sur un essai de cisaillement (Luong, 2001), (b) Déplacements et champ de
déformation lors d’un essai biaxial (Kodaka et al., 2001)

Le nombre de publications sur ce sujet lors des dernières conférences internationales de mécanique des
sols (Istanbul, 2001 par exemple) atteste de l’actualité de ces techniques qui bénéficient de l’évolution rapide
des moyens informatiques.

2. Systèmes d’acquisition
2.1. Évolution
Depuis le premier congrès de mécanique des sols en 1936, on peut observer une évolution importante des
techniques d’acquisitions. Des lectures visuelles avec pour les plus sophistiqués la prise de photographies
régulée automatiquement par une horloge, on est passé à une acquisition automatique gérés par
l’informatique. L’exemple du triaxial sur la figure 13, montre cette évolution au niveau de la mesure des
déplacements radiaux : visuelle, par vernier, par indicateur de mercure, par capteur à effet Hall.

Figure 13. Évolution de la mesure des déformations radiales

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2.2. Acquisition automatisée
Les premières générations de système d’acquisition automatique transcrivaient le signal de manière
analogique en fonction du temps. Ils permettaient de mesurer par exemple :
• des pressions par barographe
• des déplacements par traceurs XY.

Figure 14. Acquisition analogique

Ces premiers systèmes à acquisition automatique


pour le triaxial étaient relativement lourds.
L’apparition de l’informatique a nécessité la
transformation du signal analogique en signal
numérique. Ceci se fait au moyen d’un convertisseur
analogique numérique ou CAN.
Le signal analogique des différents capteurs est donc
mesuré, multiplexé puis transformé en signal
numérique soit par une centrale d’acquisition ou une
carte qui peut être placée dans l’ordinateur. Figure 15. Triaxial M&O dans les années 60

Figure 16. Centrale de mesures moderne et carte d’acquisition

On voit donc immédiatement que cette transformation du signal a une influence sur la précision de la
mesure. Cela dépend de la fréquence d’échantillonnage et de la résolution de la carte. Une carte 12 bits et
une carte 16 bits ne vont pas donner les mêmes valeurs de la mesure.

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amplitude
signal
continue discrète
ANALOGIQUE QUANTIFIÉ

continu

t t
temps

ECHANTILLONNÉ NUMÉRISÉ
discret

t t

Figure 17. Influence de l’acquisition par CAN sur la mesure

3. Mesure et Incertitudes

3.1. Pourquoi estimer l’incertitude ?


Cela permet de :
- Quantifier la qualité d ’un résultat d ’essai pour répondre au client
- Vérifier une spécification
- Comparer des résultats d ’essai
- Choisir un appareil de mesure adapté
- Évaluer l’impact des causes d’incertitude
- Satisfaire aux exigences du système qualité NF EN ISO/CEI 17025

3.2. Vocabulaire
Le vocabulaire est défini dans le VIM vocabulaire de métrologie. En voici un extrait :
Valeur (d’une grandeur) = nombre*unité
Valeur vraie = valeur obtenue par mesurage parfait
mesurage = opérations pour déterminer la valeur d ’une grandeur
Métrologie = science de la mesure
Mesurande = grandeur soumise à mesurage
grandeur d’influence = grandeur qui a un effet sur le résultat
résultat brut = résultat de mesurage avant correction
résultat corrigé = résultat de mesurage après correction
Exactitude = étroitesse de l ’accord entre résultat de mesurage et valeur vraie
Répétabilité
Reproductibilité
Incertitude = plage à l ’intérieur de laquelle se situe la valeur mesurée
Erreur = différence entre résultat de mesurage et valeur vraie
correction = valeur ajoutée pour compenser une erreur systématique

3.3. Traitement des incertitudes


L’objectif est d’obtenir la valeur d’une grandeur appelée mesurande

valeur annoncée=valeur du mesurande+erreur aléatoire+erreur systématique

Erreur systématique due aux :

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• grandeurs d ’influence (température…)
• erreur de justesse des instruments utilisés
• position de l ’objet mesuré
• perturbation de la grandeur mesurée
• ….
Erreur aléatoire est imprévisible et de nature mal déterminée
• Traitement différent

Le traitement des incertitudes s’effectue selon deux méthodes :


• méthode de type A :fondée sur la statistique, utilisée pour les incertitudes de répétabilité
• méthode de type B : tout ce qui n ’est pas statistique : spécification, constructeur, certificat
d ’étalonnage

3.3.1. Loi de distribution


Pour chaque incertitude relevant de la méthode B, une loi de distribution est définie permettant de déduire
l’incertitude associée, qui correspond à l’écart type.

lois représentation variance écart-type application

toute erreur
dépendante
normale u2=a2/9 u=a/3 d ’un nombre
important de
-a paramètres
3σ 3σ +a
résolution
d ’un
appareil
uniforme u2=a2/3 u=a/ √3 hystérésis
-a +a géométrie
dérive

erreur entre
deux
arcsinus u2=a2/2 u=a/ √2 extremums
-a +a température

Pour ces lois : moyenne x=0 et étendue 2.a

3.3.2. Inventaire des corrections


La mesure est généralement corrigée lorsque l’erreur est identifiée et modélisable facilement. On peut citer
pour l’essai triaxial, les corrections de membrane et de papier filtre (voir Bishop et Henkel, 1957 ; Henkel et
Gilbert, 1952 ; Leroueil et al., 1967 ; La Rochelle, 1967).

N° représentation correction Ci

0 cause non identifiée

1 mesurande

2 instrument de mesure

3 méthode de mesure

4 grandeur d ’influence

5 opérateur

Correction totale C=Σ.Ci

3.3.3. Budget d’incertitude


La dernière étape consiste à dresser le budget d’incertitude.

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origine loi de composante
distribution d’incertitude

A répétabilité u=écart-type

B causes identifiées

B1: résolution u=a/ √3

B2 : écart de température u=a/ 3


B3

B4

Incertitude composée uc= √ S.u2

Soit formulé autrement,si un processus d ’essai est décrit analytiquement par :


Y =F(x1 ,….xi , ..xn )
Il faut :
• Faire le bilan des paramètres influents xi
• Caractériser xi , par son incertitude-type ui (par la méthode type A par exemple)
• Calculer les dérivées partielles: dF/dxi
• Calculer l’incertitude composée uc :
⎛ ⎛ ∂f ⎞ 2 ⎛ ∂f ⎞ 2 ⎞⎟
2

u y = ⎜⎜ ⎟ .u + ⎜
2
⎟ .u
⎜ ⎝ ∂x1 ⎟⎠ 1 ⎜⎝ ∂x2 ⎟⎠ 2 ⎟
⎝ ⎠

X1
Exemple de l’indice des vides Y =
X2
• calcul des coefficients de sensibilité (dérivées)
• calcul de l’incertitude type
⎛ 1 X2 ⎞
uY = ⎜⎜ 2 .u12 + 14 .u 22 ⎟⎟
⎝ X2 X2 ⎠
• On calcule l ’incertitude élargie
U=k.uY et M=m±U
• avec k facteur d’élargissement représentant la confiance que l’on a dans le résultat : par convention
k=2

3.4. Cadre Normatif


On se référera donc pour le calcul des incertitudes de mesure à :

ENV 13-005 Guide to the expression of uncertainty in measurement (GUM) ou Guide pour l'expression de
l'incertitude de mesure (1995)
qui est complété par la NF X 07-001 Vocabulaire international des termes fondamentaux et généraux de
métrologie (1994), qui est en français et en anglais et correspond au document : ISO VIM (DGUIDE 99999)
International vocabulary of basic and general terms in metrology

Ces deux documents précise le vocabulaire.

L'estimation de l'exactitude (justesse et fidélité) de la méthode d'essais se fait à l'aide de l’ISO 5725-1, 2, 3,
4, 5, 6 – Accuracy (trueness and precision) of measurement methods and results, Exactitude (justesse et
fidélité) des résultats et méthodes de mesure qui a six parties:
Part 1: 1994 – General principles and definitions. TCor. 1: 1998.
Part 2: 1995 –Basic method for the determination of repeatability and reproducibility of a standard
measurement method.
Part 3: 1994 – Intermediate measures of the precision of a standard measurement method.
Part 4: 1994 – Basic methods for the determination of the trueness of a standard measurement method.
Part 5: 1998 – Alternative methods for the determination of the precision of a standard measurement
method.

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Part 6: 1994 – Use in practice of accuracy values

La mise en oeuvre des calculs d'incertitudes se fait dans le cadre d’un système qualité de la norme : EN
ISO/IEC 17025: 1999 – General requirements for the competence of testing and calibration laboratories.
Prescription générales concernant la compétence des laboratoires d'étalonnage et d'essais.

Ces quatre documents sont les références à utiliser pour les calculs d’incertitude que l’on peut avoir à faire
dans une norme d’essai.

3.5. Fiche de vie


La gestion de l'ensemble des capteurs et instruments d'un parc de métrologie avec leurs fiches de vie, leurs
étalonnages,.... se fait généralement sur une base de donnée simple. Cette pratique favorise la traçabilité
des moyens d'essais.
Le registre des fiches de vie permet de parcourir le parc des appareils de mesure afin d'obtenir les
caractéristiques de chaque capteur et instrument. Le suivi par fiche de vie normalisée permet d’avoir
l’historique des étalonnages, l’identification des retards d'étalonnage et le suivi de position de capteurs ou
instruments.

Figure 18. Fiche de vie

4. Asservissement
4.1. Qu’est-ce qu’un système asservi ?
C’est un système assurant des fonctions de mesure, de surveillance, de prise de décision et d’action.
Cette fonction de régulation du système pour atteindre la consigne est effectuée par l’asservissement qui
compense l’effet des perturbations en utilisant l’information fournie par les mesures.

Perturbations
Opérateur ou régulateur

action sortie
Écart
consignes comparaison décision Système

mesure
Figure 19. Système asservi

4.2. Objectif de l’asservissement


L’objectif de l’asservissement est l’exécution automatique et fidèle des consignes en toute sécurité.

Matériel utilisé
• régulateur monobloc analogique et numérique

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• système numérique de contrôle, commande de procédé = automate
• opérateur de calcul arithmétique et dynamique= ordinateur
Technique
• régulation en boucle fermée Car essai de mécanique des
• régulation discontinue sols non linéaire (le principe de
• régulation par modèle de référence superposition ne s’applique pas)

L’existence de ces boucles peut provoquer l’apparition de phénomènes oscillatoires Il faut donc un
échantillonnage rapide par rapport au phénomène à observer. Afin de pallier à cela on utilise une régulation
de type PID :
Perturbations
Régulateur
action
Écart sortie
consignes P I D Système

mesure
PID : proportionnel intégral dérivé
Figure 20. Système asservi intégrant un PID

Les fonctions Proportionnelle Intégrale Dérivée peuvent se décrire comme cela :


Entrée = écart entre mesure et consigne (par exemple écart de pression)
Sortie = action de rattrapage
P : proportionnel I : intégral D : dérivé
Entrée
Sortie PI

Échelon
Temps
D

Rampe

Impulsion

Figure 21. Description des PID

La commande proportionnelle-intégrale-dérivée continue en série qui en découle est

On caractérise les performances d’un système par la manière dont il répond à un certains nombre d’entrées
typiques :
- échelon = on porte brusquement l’entré à une valeur constante
- rampe = on impose une commande de vitesse constante,
- impulsion = durant un petit intervalle de temps on impose une valeur suffisamment grande de l’entrée.
- harmonique = on soumet le système à une entrée qui est une fonction sinusoidale du temps.
Soumis à une entrée de l’un des quatre types précédents, le système finit en général par présenter une
sortie de même type que l’entrée.

La structure peut être soit :


• en série
• en parallèle

15
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• mixte

L’avantage est la programmation facile par logiciel.

4.3. Logiciel d’asservissement


Les différents logiciels sont (classés par ordre d’utilisation du langage orienté objet)
• Fortran
• Visual basic, Visual C++, Delphi Logiciel orienté objet
• HPVee, Labview, LabWindows CVI, WinDev, DASYLab
• Catman,

Perturbations
Début Régulateur

écart action
chemin de
P I D Éprouvette sortie
Entrée contrainte
paramètre

mesure
Stockage
fichier

Actions séquentielles :
Mesure du gonflement
Stockage Mise en contre-pression Affichage
fichier Consolidation
Suivi du chemin de contrainte
Fin d’essai

Fin

Figure 22.Structure de logiciel = Structure de l’essai

Quelques exemples de ces logiciels sont donnés sur la figure ci-dessous.


• Logiciel orienté objet
• Structure de l’essai Fichier interface
utilisateur Fichier code Fichier interface
utilisateur
Fichier projet
GDS
Structure de l’essai

Structure de l’appareillage

Suivi de l’essai Fichier code Fichier définition

Figure 23. Exemples de logiciel d’asservissement (GDS, LCPC sous Labwindows et LabView de National Instruments)

Il est nécessaire de s’interroger sur la précision de l’asservissement :


• pilotage en déplacement (et non en vitesse de déplacement) utilisé car de programmation plus
simple et juste en P (cas des CPV GDS)
• pilotage en force (plus proche de la réalité et de la modélisation) puis pilotage en déformation
L’autre possibilité est une régulation prédictive utilisant un modèle de référence.

5. Exploitation
L’exploitation peut se faire par un :
Tableur bureautique : Microsoft Excel, Grapher, Surfer, GNUplot,
Outil mathématique : Matlab, Scilab...
logiciel de pilotage intégrant un outil mathématique dans: HIQ.

16
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Figure 24. Courbes tracées avec Excel

Figure 25. Tracé de la surface de Roscoe et de surface de charge anisotrope (Argile des Flandres) tracée en 3D par HIQ

6. Exemple des essais triaxiaux de révolution


6.1. Principe
L'appareil triaxial de révolution est constitué d'un ensemble d'éléments qui doivent assurer les fonctions
suivantes :
♦ solliciter une éprouvette cylindrique avec un chargement axial et radial ayant les mêmes axes de
symétrie que l'éprouvette, et mesurer ou contrôler les contraintes associées à ces sollicitations,
♦ mesurer les déformations axiales, éventuellement radiales et les volumes d'eau absorbés ou expulsés
par l'éprouvette; on doit pouvoir en déduire les variations de volume de l'éprouvette,
♦ mesurer les variations de pression de l'eau interstitielle dans l'éprouvette.
Ces matériels sont décrits, dans la norme NF P 94-074 (AFNOR, 1994d).
De nombreux systèmes permettent d'assurer cet ensemble de fonctions. Les solutions technologiques ne
sont pas décrites ici ; seuls quelques principes sont donnés, afin d'expliciter le fonctionnement.
La figure 1 correspond au schéma de principe d'une éprouvette placée dans une cellule triaxiale dont
l'environnement assure les fonctions détaillées ci-après. Les numéros dans le texte renvoient à cette figure.
La cellule est constituée par une enceinte comportant une embase inférieure (1), un cylindre (3) et un
chapeau (4). L'éprouvette est placée entre l'embase inférieure et une embase supérieure (2). L'embase
comporte des sorties hydrauliques que l'on peut relier soit à un système de remplissage de la cellule, soit au
générateur ou contrôleur de pression cellulaire σr,

17
Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck
(16) (15)

(14)
(17)

(13)
(4)
(19)
(2)
(10)
(20)

(3) (8)
sol
(12) (5) (11) (18)

(6) (7) (1)

Figure 1. Schéma de principe d’une cellule triaxiale : (1) embase inférieure ; (2) embase
supérieure ; (3) enceinte cylindrique ; (4) chapeau ; (5) circuit de fluide de pression cellulaire ; (6),
(7), (8)et (9) mesure du volume drainé et/ou de la contrepression ; (10) disquer poreux supérieur ;
(11) disque poreux inférieur ; (12) capteur de pression interstitielle ; (13) purge ; (14) piston ; (15)
peson ; (16) capteur de déplacement axial ; (17) comparateur ; (18) liquide cellulaire ; (19) joints
toriques.
A la rupture obtenue par augmentation de l’effort vertical, la connaissance des contraintes radiale et axiale
permet de tracer le cercle correspondant dans le plan Mohr. En refaisant l’expérience sur plusieurs
échantillons, sous différentes contraintes radiales, on trace ainsi plusieurs cercles de Mohr et il suffit alors de
tracer l’enveloppe de ces cercles pour obtenir la courbe intrinsèque du matériau comme le montre la figure
2. On détermine ainsi l’angle de frottement interne du matériau et sa cohésion (ϕ et c) (AFNOR 1994a et b).

σ1-σ3 τ

ϕ
c σ
Etan σ3 σ1
ε
Figure 2. Utilisation de l’essai triaxial

La figure 1 représente une configuration classique où un piston (14) traverse le chapeau avec un report de la
mesure de la force axiale à l'extérieur de la cellule. Il existe d'autres systèmes tels qu’une embase inférieure
coulissante dans un cylindre, l'étanchéité étant assurée par un joint à enroulement (cellule type Bishop-
Wesley figure 3b), un montage identique à celui de la figure 1, mais avec un peson à l'intérieur de la cellule
(figure 3a).

a) b)

Figure 3. Cellule classique et cellule type Bishop Wesley

18
Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck
6.1.1. Le chargement axial
De façon usuelle, l'essai est réalisé en imposant un déplacement axial à vitesse constante au moyen, par
exemple, d'une presse électromécanique (figure 4). Pour les plus ancienne presse, le moteur est couplé à
une boîte de vitesses comportant un jeu de pignons ; il existe également des systèmes avec un variateur
électronique à commande manuelle ou piloté par un microprocesseur.

TRITECH50 0000005

50 kNcompression test machine

Figure 4. Cellule type Bishop Wesley et presse électromécanique


L’utilisation d’une cellule de type Bishop-Wesley nécessite l’aide d’un contrôleur de pression volume pour
provoquer le déplacement vertical.

6.1.2. La contrainte radiale


La contrainte radiale sur l'éprouvette est obtenue au moyen d'une pression cellulaire hydrostatique. Le
gradient de pression dans la cellule peut être négligé. Pour les essais courants, une pression maximale de
1,5 MPa est suffisante; elle doit être stabilisée dans une plage de ± 1 % de la valeur affichée. De
nombreuses solutions peuvent être retenues pour produire une pression cellulaire stabilisée. On peut citer:
• un système de pots de mercure, dont l'altitude est réglable sur des rampes, avec à la base un
échangeur eau-mercure; la mise en série de plusieurs rampes permet d'obtenir des pressions
élevées avec des colonnes de hauteurs limitées ; il est nécessaire que le pot supérieur soit
suspendu à un ressort taré qui compense les variations de volume tout en maintenant un niveau
constant (figure 5 repère 1),
• un vérin hydraulique motorisé ou bien une pompe réversible dont le fonctionnement est asservi à la
mesure de pression, comme indiqué sur la figure 5 repère 2,
• un système à air comprimé, régulé avec un détendeur à fuite, relié à un échangeur air-eau (figure 5
repère 3).

régulateur
de pression

mercure air comprimé


pression

moteur cylindre
eau 3

pression pression
eau
pression

Figure 5. Systèmes d’application de la contrainte radiale

19
Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck
6.1.3. Variation de volume ∆V
Pour les sols saturés, la variation de volume de l'éprouvette est déterminée à partir de la mesure des
volumes d'eau absorbés ou expulsés par l'éprouvette. La mesure du volume drainé ne doit pas affecter la
pression interstitielle dans l'éprouvette de plus de ±1 %. Pour les sols mous (modules de 0,1 à 1 MPa), on
utilise un système de mesure dont la résolution permet d'apprécier des variations de volume de 0,1 % par
rapport au volume total de l'éprouvette. Pour les sols moyennement consistant à raides (modules de 1 à 100
MPa), la résolution de la mesure doit être de 0,02 %.
De nombreux systèmes de mesure des variations de volume satisfont ces spécifications; on peut citer par
exemple:
- la burette de Bishop (deux tubes concentriques branchés en série, avec un liquide coloré plus léger que
l'eau pour suivre les mouvements du liquide), qui peut être utilisée avec un tube intérieur de 5 mm de
diamètre pour les sols mous et de 2 mm de diamètre pour les sols raides (cf. figure 6 a);
- un générateur de volume : il s’agit d’un vérin hydraulique, dont le fonctionnement est asservi à la non
variation de la pression interstitielle; la mesure du volume drainé est faite au moyen d'un capteur de
déplacement qui suit la translation du piston; la section du vérin doit être adaptée à la précision requise
et sa longueur aux variations de volume probables (cf. figure 5).
- un volumètre de précision : cet appareil de laboratoire est destiné à mesurer les variations de volume
d’eau dans le circuit de drainage lors d’un essai de type triaxial (cf. figure 6 b et c). Cet appareillage
dispose d’un capteur inductif étanche ainsi que d’une électronique spécifique.
PC

huile de
paraffine colorée
vers cellule vers source
ou éprouvette de pression
eau
PC b)
tube gradué

vers générateur
de pression vers l'éprouvette
vers cellule vers source
ou éprouvette de pression membrane
Bellofram c)
a)
Figure 6. Systèmes de mesures des variations de volume : (a) burette de Bishop ; (b) volumètre de précision CECP ; (c) volumètre
de précision WF

6.2. Évolution de l’acquisition et asservissement


Les premiers systèmes d’asservissement faisaient appel à des relais, ils s’agissaient de régulateurs
proportionnels. En effet, l’absence ou l’existence du contact validait ou invalidait la mise en fonctionnement
de l’actionneur. Dans le cas de la figure 7a, le moteur actionnant le pressostat pouvait être mis en rotation
dans les deux sens, augmentant ou diminuant ainsi la pression dans la cellule.

220 V

relais

moteur

régulateur
de pression indicateur de
déformation
air comprimé
vérin

système d'application de
la pression interstitielle

a) b)
Figure 7. régulateurs proportionnels LCPC et Mécasol, 1972

Dans les années soixante-dix, apparaissent les premiers systèmes à acquisition automatique et
d’asservissement faisant appel à l’informatique encore balbutiante.

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Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck

a) b)
Figure 8. a) Années 75 : système à acquisition automatique du LCPC b) Années 80 : les premiers ordinateurs avec système
d ’exploitation en CPM

Le développement en Angleterre par Menzies et Sutton, (1980) du contrôleur de pression volume à abouti à
une intégration accrue de l’essai triaxial.

Figure 9. Dispositifs de mesures locales

Figure 10. Dispositifs de mesures locales

Toutefois, lorsque la mesure de la déformation verticale est un paramètre important, par exemple pour la
détermination du module tangent en début de chargement, on utilise un système de mesure placé sur la
partie centrale de l'éprouvette. Il est alors possible de s’affranchir de possibles rotations du chapeau de
l’éprouvette ou des frottements du piston (figure 11). Cela a comme conséquence d’améliorer
l’asservissement.

capteur de force extérieur


frottement du piston
capteur de
mauvais déplacement
alignement extérieur
capteur de force
jeux capteur de pression intérieur
interstitielle bender elements
capteur de pression
rotation
interstitielle extérieur capteur radial capteur axial

Figure 11. Dispositifs de mesures locales

On place pour cela des dispositifs de mesure sur un diamètre et sur une ou plusieurs génératrices de
l’éprouvette (figure 11). Ces dispositifs doivent combiner rigidité et légèreté et suivre des points bien définis
de l’éprouvette. Ces mesures permettent également la connaissance des modules anisotropes. Les

21
Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck
dispositifs de mesure de diamètre servent tout particulièrement lorsque l’on entreprend de réaliser un essai
Ko.

Du fait des développements de l’électronique, de nombreux types de capteurs ont été intégrés à ces
dispositifs ; les classiques capteurs de déplacement potentiométriques et LVDT ont été supplantés par des
lames équipées de jauges (LDT) et par les capteurs utilisant pour principe physique la mesure de la variation
d’un champ magnétique comme les capteurs à effet Hall ou les capteurs de proximité, des capteurs
électrolytiques.

6.3. Synthèse
Depuis son perfectionnement par Bishop et ses collaborateurs, l’appareillage d’essai triaxial a été par la
suite surtout étudié et amélioré au niveau de la prise en compte des facteurs d’erreurs : frottement au niveau
du piston, dilatation des tuyaux, fuite des robinets, déformée durant l’essai et à la rupture, apport de
contrainte de confinement par la membrane ou de résistance par le papier filtre (Henkel et Gilbert, 1952 ;
Bishop et Henkel, 1962 ; Duncan et Seed, 1967 ; La Rochelle, 1967 ; Leroueil et al., 1984) (figure 1).
Toutefois la plus grande évolution qu’a subie cet appareillage, est liée à l’émergence de l’informatique
(Mécasol, 1972 ; Menzies et Sutton, 1980, Sheahan et Germaine, 1992). En effet, cet outil a permis de
transformer l’essai triaxial en un essai asservi où l’application des forces et des pressions ou des
déplacements se fait de manière automatisée. Les interactions des différents actionneurs sont prises en
charge par des fonctions PID sophistiquées. L’essai peut ainsi être totalement automatisé, les différentes
phases : saturation de l’éprouvette, mesure du coefficient de Skempton B, consolidation et finalement
cisaillement UU, CU+u ou CD peuvent s’enchaîner sans intervention de l’opérateur.

burette réservoir d'eau


capteur de déplacement
capteur de force purge

bar

vérin

TRITECH50 0000005
indicateur de zéro
50 kNcompression test machine

presse

colonne de mercure

Figure 12. Architecture d’un appareillage triaxial classique

L’apparition de cellules triaxiales d’une nouvelle conception et de vérins automatisés appelés contrôleur de
pression volume qui ont remplacé les colonnes de mercure, burettes et indicateurs de zéro, ont permis de
simplifier encore plus les procédures de mise en place et d’essai (Bishop et Wesley, 1975) (figure 13). Les
essais spécifiques : extension, Ko, à chemin de contrainte dans le plan p’, q, s’effectuent avec des montages
additionnels simples.
controleur de pression volume

capteur de force

capteur de déplacement

Figure 13. Architecture d’un essai triaxial asservi

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Métrologie mesure incertitudes Ph Reiffsteck

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