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L’ ŒIL ET’L

ESPRIT

MAURICE
MERLEAU
-PONTY
I. Résumé

Le livre, qui analyse la perception créative du peintre, comprend quatre sections. La


première expose la science et sa manière de percevoir : "La science manipule les choses
renonce à les habiter". C'est une pensée opératoire qui "capte" la matière dans un milieu
(celui du laboratoire). Il faudrait, dit le philosophe, qu'elle se replace dans le "il y a " préal
le site du monde sensible et du monde ouvré". Pour Merleau-Ponty, la science ne se situe
dans l'historicité du monde. Elle n'aborde par la corporéité du monde mais elle reconstruit
choses à partir de données abstraites. Ce qui lui manque, c'est le travail de l'intersubjecti
L'auteur aborde alors la question d'une autre science, une "science secrète" que détiendr
l'artiste.

Dans la seconde partie, le philosophe développe une théorie originale de la peinture


fonction de deux aspects : d'une part, comme dit Valéry, "le peintre apporte son corps", d
part, le peintre est un médium. Les deux aspects engagent un processus important, celui
l'"entrelacs", ou encore, de la "transsubstantiation" : "en prêtant son corps au monde, le p
change le monde en peinture". Le corps, à la fois voyant et visible, s'oriente selon un proj
donne une forme de "clairvoyance". Totalement immergé dans le monde par l'entremise d
corps,le peintrene s'appropriepas ce qu'il voit, il devientaction,un élémentinteractif
"touchant/touché". Tous les corps ensemble forment "l'étoffe du monde" dans laquelle le p
devient un prête-regard : le monde regarde à travers lui, et dans l'intériorité du peintre le
est recueilli. La peinture ne peut être comprise que dans cet "étrange système d'échange
coup, en regardant le tableau le spectateur ne regarde pas quelque chose qui est sur un m
il voit selon l'orientation que la peinture a suivie dans le monde, et il entre dans une nouv
dimension. La grande question de la peinture devient alors : comment le peintre entre-t-il
possession de sa vision ? C'est dans un double mouvement de possession que Merleau-Po
conçoit la peinture : les aspects de l'Etre, pour se rendre visibles, prennent possession du
corps et esprit ; dans le même temps, le regard du peintre prend possession du réel "à dis
Ainsi, le peintre comme le poète, sont des instruments métaphysiques de l'Etre qui "désir
transformé en ouvrage par l'entremise de l'art.

Merleau-Ponty développe dans la troisième partie l'idée de cette réalité «spectrale »


est révélée par le regard du peintre : tout ce qui hante le regard et n'existe pas encore, qu
projeter sur la toile. Il y a dans cette approche un aspect presque mystique, mais avec un
dimension charnelle : la chair du monde demande à s'incarner par le geste du peintre. Ain
contraire de ce qu'il lit dans la Dioptrique de Descartes, Merleau-Ponty veut rétablir à leur
de pleine existence, tout ce qui est d'ordinaire conçu comme illusion ou perception sans o
besoin de "corriger la vision" : le peintre a droit à toutes les formations et perspectives. La
projection du monde sur la toile du peintre n'a rien de géométrique (un "rapport réglé", di
Merleau-Ponty). Ce qui est peint est plutôt une icône qu'une représentation d'objet ou de
l'étendue cartésienne. Ce qui est peint prend sa dimension onirique essentielle. Voilà pour
regard du peintre n'est pas assujetti à l'empirique, voilà pourquoi le peintre dépasse les a
"métriques" d'un espace à trois dimensions. Le peintre restitue au monde sa "latence" don
œuvre et révélation. Certes, il n'y a "pas de vision sans pensée", mais cette pensée nait "
l'occasion de ce qui arrive dans le corps". La discussion avec Descartes se prolonge vers u
d'hommage à ce philosophe, qui a fait un "détour par la métaphysique", pour s'ouvrir à l'i
"mystère" de la vision, alors que la science, dans sa "désinvolture" reste au niveau des "c
construites", hostile à l'idée de réciprocité et de "contact".

Dans la dernière partie, Merleau-Ponty aborde la dimension historique des œuvres d


Non pas une dimension évolutive, mais plutôt la façon dont des problématiques essentiell
renouvelées, comme par exemple l'énigme de la "profondeur", qui de la Renaissance à Ro
Delaunay est passée par des phases très différentes, mais "la profondeur est toujours neu
le philosophe, c'est l'extériorité des choses "dans leur enveloppement et leur dépendanc
mutuelle dans leur autonomie". De même que la couleur, la profondeur emporte le peintre
spectateur "au cœur des choses". Ainsi, pour l'auteur, couleur et profondeur émanent d'u
primordial", une forme de "préexistence" qui dépasse toute dimension historique. La créa
nouveaux matériaux se fait aussi bien par "réexamen et réinvestissement de ceux qui exi
autrefois". Tous les peintres travaillent sur ce "rendre visible" qui est contact avec l'Etre et
demande comme le fait Paul Klee, que l'on puisse "laisser rêver une ligne".

II. Analyse

Merleau-Ponty cherche à développer les éléments de cette "science secrète" qui ser
celle de l'artiste, en prenant pour exemple la peinture. Il approche ce lieu "sans rupture"
nouent ensemblela nature et l'expressivité
humaine,pour illustrerla thèse qu'il a déjà
développée dans son travail sur la structure du comportement, celle de l'incarnation de l'i
dans le monde. Pour le cas du peintre, tout ce qui fait l'objet de son élaboration (couleur,
mouvement, profondeur) est issu de ce geste créatif qui prolonge l'incarnation. Le geste c
donne à voir quelque chose qui émane depuis la matrice qu'il nomme l'Etre. Cet Etre pren
dans le texte des dimensions mystiques, car tout se passe comme si la nature attendait d
révéléepar l'homme: elle désire"devenirvisible".L'imaginaire
est fortementacceptépar
Merleau-Ponty comme ce qui permet le renouveau des formes et des problématiques. Mai
lui la vision ordinaire demeure également une énigme, rien de mécanique, elle est une fa
d'habiter le monde. C'est pourquoi le peintre ouvre vers la dimension invisible qui se tient
"occultement" comme dit Paul Klee, dans le cœur des choses.

III. Biographie de l'auteur

Né à Rochefort en 1908 et mort à Paris en 1961, Maurice Merleau-Ponty est un gran


philosophe français. Agrégé de philosophie, il enseigne quelques années cette matière. En
a déjà publié deux ouvrages fondamentaux : La structure du comportement, et La phénom
de la perception. Il devient titulaire de la chaire de psychologie de Lyon, puis enseigne jus
mort au Collège de France. Refusant le clivage entre corps et esprit, lecteur attentif d’Edm
Husserl, il renouvelle les approches de la perception en intégrant la dimension corporelle
ouverture au monde vécu. Sa grande question est celle de l'intersubjectivité (comment l'i
s'incarne dans le monde avec ses semblables) et de l'expressivité, notamment dans le do
des arts plastiques. Il a influencé de nombreux philosophes, ainsi que des historiens (com
Ricœur) et sociologues (comme Bourdieu). La problématique abordée dans L'œil et l'espri
en 1960 est approfondie dans deux autres ouvrages : Le visible et l'invisible (1964) et La
monde (1969).

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