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Vivre en Pleine Nature
Vivre en Pleine Nature
Vivre en Pleine Nature
Eau potable p 14 à 17
Eau fraîche p. 17
Recettes culinaires p. 29
Menus p. 40
Cuisson p. 41
Fabrication d'ustensiles p. 89 à 91
Feu et foyer p. 51 à 58 et p. 64 à
Bois de chauffage p. 54
Feu par temps humide p. 56 et 58
Feu sans allumette p. 59 à 64
Météo p. 75
Orientation p. 69 à 74
Heure solaire p. 76
Installation du bivouac p. 77 et 79
Confection de l'abri p. 79 à 84
Toilette p. 115, p. 118 et 119
Lessive p. 119
Couchage et sommeil p. 77, p. 78, p. 88 et 125
Vivre
en pleine
^ knature
LE GUIDE DE LA SURVIE DOUCE
ang de la terre
Remerciements de l'auteur
Je voudrais remercier ici les personnes qui m 'ont aidé à réaliser ce livre,
en particulier le docteur Romain Brun qui m 'a fa it profiter de ses conseils médicaux,
Scott van den Bergh qui m 'a initié aux techniques de vie primitive,
Roland Küng, maître du feu,
et Dominique Bigourdan, mon éditeur,
ainsi que les nombreux participants à mes « survies douces »
de qui j'a i certainement autant appris qu'eux de moi.
ISBN: 2-86985-147-2
Toute représentatio n ou reproduction, intégrale ou partielle, p a r quelque procédé que ce soit, des pages publiées
dans le p ré sen t ouvrage, faite san s l'au to risatio n de l'éd iteu r, est illicite. Seules so nt autorisées, d 'u n e part, les re
productions strictem en t réservées à l'usage privé du copiste et n o n destinées à une utilisation collective et, d'au tre
part, les analyses et courtes citations justifiées p a rle caractère scientifique ou d 'in form ation de l'œ uvre à laquelle
elles sont incorporées (Loi du 1er ju illet 1992 - art. L122-4 et L122-5 e t Code p én al - art.425).
6 V i v r e en p l e i n e n a t u r e _______
Sommaire
natu re, et ce sera à vous d 'aller y p u iser ainsi (ça dem ande de l'énergie !). Un coup
se lo n les b e s o in s c o r r e s p o n d a n t à vos de briquet, ou quelques étincelles arrachées
objectifs. Entre une sortie d'u n e jo u rn ée à u n m orceau d'acier par u n silex (p. 62),
avec des en fa n ts en bas âge et u n m ois suffiront. Mais si vous êtes avec d 'au tres
de « survie » totale avec u n groupe d'am is personnes, en particulier avec des enfants,
p assionnés p a r la vie sauvage, il y a place vous serez ravi de leur dévoiler la magie
p o u r tous les cas de figure. qu'il y a à se servir uniquem ent d'élém ents
de la nature pour se chauffer et cuire ses
V ous aim ez ran d o n n e r? Excellente idée. alim ents I
La m a rc h e d a n s la n a tu r e e s t l'u n d es
m eilleurs exercices qui soient car elle sol Allez-y p ro g re ssiv e m en t. P our débuter,
lic ite de faç o n h a r m o n ie u s e to u s le s partez toute un e jo u rn é e dans la nature,
muscles du corps en perm ettant de respirer e t c o m m e n c e z p a r d e s c h o s e s to u te s
à fond un air pur - à condition de s'éloigner sim p les : cueillez des p lan tes, p rép arez
des routes... Mais il m 'a toujours sem blé des ch a p atis et cuisez-les su r la b raise,
u n peu dom m age de foncer à travers des te n te z de v o u s ta ille r u n c o u te a u de
lieux m agnifiques sans p ren d re le tem ps p ierre, etc.
de s 'a r r ê t e r de te m p s e n te m p s et de Puis faites l'expérience d 'u n week-end en
contem pler les petites m erveilles qui com tie r et p assez u n e n u it d eh o rs, d 'ab o rd
p o s e n t le m o n d e n a tu re l. La m o y e n n e sous tente puis, si le tem ps le perm et, à la
baisse sans doute u n peu, m ais quelles joies belle étoile.
inattendues !
Pour moi, ran d o n n er n 'a pas de but : c'est Partez en famille, en groupe ou seul : l'aven
u n e fin en soi, la m a rc h e fait p a rtie du ture est chaque fois différente. Même si elle
plaisir d'être dans l'environnem ent est brève, tirez-en le m axim um ! Et si
qui m e convient le mieux. Je vais tout cela vous plaît, profitez de vos
essayer de vous m ontrer au fil vacances pour vous im m erger une
de ces pages q u 'en ralentis- H L sem aine ou deux en pleine nature.
san t votre allure pour obser- Vous en reviendrez changé...
ver, sentir, cueillir, vous serez
W U n e fois r e n tr é de v acan c es,
gardez le contact avec la vie sau-
V ous avez l'h a b itu d e de vous \ vage en récoltant de temps en temps
p r o m e n e r ch a q u e se m a in e en des p la n tes com estibles que vous
famille, avec vos enfants ? Vous savez donc pourrez conserver quelques jo u rs et
qu'ils aim en t explorer, fureter dans tous cuisiner chez vous p o u r vos repas - sans
les coins, observer ce qui bouge, grignoter doute d 'a ille u rs de façon plus g astro n o
les m yrtilles et les fraises des bois... Vous m ique que dans les bois, avec plus d 'in
trouverez ici m ille idées à p arta g er avec grédients à leur ajouter et de moyens pour
eux. La vie dans la n atu re est ludique en les p réparer.
soi, et en plus c'est l'occasion rêvée de se
livrer à des jeux à la fois distrayants et ins M a is peut-être cherchez-vous l'av en tu re
tru ctifs, d o n t vous tro u v e re z u n é c h a n dans la nature. Dans ce cas, vous possédez
tillonnage p. 94. probablem ent déjà des connaissances tech
niques et vous avez certainem ent surmonté
Peut-être partez-vous souvent seul. Dans certaines peurs. Je voudrais vous m ontrer
ce cas, vous n'au rez pas forcém ent envie que la n a tu re e s t u n e am ie re m p lie de
de passer du tem ps à réunir tout le matériel choses passionnantes, que ce n 'est pas seu
nécessaire pour allum er du feu sans allu lem ent un m ilieu plus ou m oins hostile au
m ette (p. 59) ni de vous fatiguer à le faire quel vous devez vous confronter. Avec elle,
In tro d u ctio n \\
pas besoin de com pétition, sim plem ent de Il est donc logique que p ratiq u em en t tous
connaissances et de spontanéité, les deux les livres publiés à ce jo u r sur la « survie »
ensemble. a ie n t ch o isi de tr a ite r de situ a tio n s ex
trêm es se déroulant dans les régions arc
E t si jam ais vous deviez véritablem ent sur tiques, les déserts ou les jungles tropicales.
vivre dans la nature, lutter pour votre vie, Et pourtant, bien que civilisées de longue
que vous soyez par exemple perdu dans le date, nos rég io n s p o ssè d e n t en co re des
brouillard en m ontagne alors que la n uit lieux où l'on peut laisser s'exprim er ce côté
tombe et que le froid se fait sentir, sachez « sauvage » qui som m eille en ch acu n de
que plus vous aurez d'expérience, plus vous nous. Il y existe de (plus ou moins) vastes
serez à m êm e de vous sauver. Pas tant grâce territoires presque inhabités à explorer en
à des techniques, bien qu'elles aident aussi, se n o u rrissan t des centaines de végétaux
m ais surtout parce que le facteur de survie que la nature nous y offre.
num éro un consiste à garder son sang-froid
et à ne pas succomber à la panique, qui peut Il sem blait donc im p o rtan t de réaliser un
s'avérer m ortelle ! Si vous avez l'habitude ouvrage pratique perm ettant à chacun d'ac
de la vie dans la nature, vous serez prêt, sans quérir quelques techniques sim ples pour
crainte, et vous réussirez à vous en tirer. aller vivre l'aven tu re qui l'atten d au coin
du bois... m êm e si, hélas, il n 'y a plus de
loup ! Puisse ce livre vous d onner envie de
vous plonger dans la nature !
a survie « dure » a généralem ent une ten plus sû r m oyen d'y p arv en ir, m ais aussi
dance n ettem ent param ilitaire, avec sou pour la découverte de centaines de saveurs
vent une direction politique assez claire, nouvelles : pour beaucoup, la survie douce
bien que rarem ent affichée. L'équipement, est aussi une expérience de « gastronom ie
la technique et l'exploit physique y tiennent sauvage ».
une grande place. La p eur (peur de la « ca Les p a rtic ip a n ts s 'in itie n t ég a le m e n t à
tastrophe », d 'u n e agression possible, in quelques techniques sim ples et utiles afin
q u ié tu d e m a l d é fin ie d e v a n t l'a v e n ir , de vivre au mieux dans leur environnem ent
symptôme individuel d 'u n m alaise de so n atu re l et d 'e n découvrir la richesse. Au
ciété) joue souvent u n rôle dans la m otiva cours d'u n e survie douce, l'h o m m e ou la
tion des p articipants - c'est en tout cas un fem m e fait l'expérience de sa relation face
point sur lequel certaines publicités pour à la nature, face aux autres (car le contact
ce type de survie ne se privent pas de mettre hum ain au sein du groupe tient une place
fortem ent l'accent. O ny rencontre une m a trè s im p o rta n te : c 'e s t en se s e rr a n t les
jo rité d 'h o m m e s, je u n e s, p lu tô t de type coudes que l'o n p arv ie n t le m ieux à su r
sportif. m onter les difficultés qui se présentent), et
face à lui ou elle-même (des m om ents de
La survie douce est bien différente. Si les solitude sont ménagés pour pouvoir faire le
p e rso n n e s qui y p a rtic ip e n t se tro u v en t point).
confrontées à des difficultés, c 'e st parce T o u t le m o n d e e s t le b ie n v e n u : si la
qu'il n 'est pas facile de se détacher de ses m oyenne d'âge to u rn e au tour de la tre n
habitudes, de s'éloigner, ne fût-ce que pour taine, les participants, hom m es et femmes,
quelques jours, de sa vie routinière, de quit peuvent avoir de 10 à 65 ans ! Leurs pro
te r so n co n fort in te lle ctu el et m a térie l. fessions sont égalem ent très variées ; leurs
Même si l'on ne cherche pas à dépasser ses m otivations prem ières : attirance pour la
lim ites - parce qu'on n 'a rien à se prouver n atu re, goût de l'av e n tu re, d ésir de re n
à soi-même -, il arrive q u'on les atteigne, contres, curiosité, etc. La survie douce peut
Il ne s'agit pourtant pas de conquérir ni de sem bler proche de la sim ple randonnée,
dom iner ce qui nous entoure, m ais de dé m ais l'expérience va n ettem en t plus loin
couvrir la place que nous occupons au sein sur de nom breux plans, car la m arche n 'est
des processus naturels. pas l'essentiel. Il s'agit surtout d'observer,
Le vent, la neige, la pluie, le froid, la cha de découvrir, de partager : beaucoup la res
leur, les insectes... font souvent percevoir la sentent com m e une véritable « initiation »,
nature comme hostile, m ais on se rend vite dont ils gardent quelque chose dans leur
com pte qu'elle est avant tout notre m ère vie quotidienne - une fraîcheur, u n équi
nourricière et une source de joies chaque libre, une force nouvelle, une joie de vivre
jo u r re n o u v e lé e s. T out se p a s s e que seule p erm et une union intim e avec la
beau co u p m ieux si, au lie u de se nature, en ayant vaincu ses peurs.
battre contre elle, on s'e n fait une Au-delà du m atériel, de la pratique, c'est
amie en apprenant à la connaître. La une ouverture qui aide l'in d i
c u e ille tte e s t l'u n des p r e m ie r s vidu à développer une vision
ce n tres d 'in té rê t au co u rs de globale des lien s u niversels.
cette aventure, non seulem ent P lu tô t qu e de su rv iv re , n e
parce qu'il est nécessaire de se s'a g it-il p a s en fa it de v iv re
n o u rrir et que les plantes sont le mieux, de « sur-vivre » ?
A près l'air pur, avant toute nourriture, il tu re lle m e n t nos p as no u s m è n e ro n t re
nous faut de l'eau. Si l'on dispose de suffi trouver la nature. Mais en été dans le Midi,
sam m ent d'eau, il est tout à fait possible de ou en tous tem ps dans les régions calcaires,
vivre pen dant plusieurs sem aines sans ab il sera plus difficile de trouver de l'eau.
sorber le m oindre alim ent. Certaines per
so n n es p ra tiq u e n t des je û n e s de longue O n p o u rra rechercher des sources ou des
durée qui peuvent atteindre un mois. Sans suintem ents à la base des falaises ou de cer
eau par contre, on ne p eut guère tenir que tains rochers. Une végétation plus dense et
quelques jo u rs : on p eu t se p asser d 'eau plus verte, des joncs, des saules et des peu
p en d an t environ 10 jours à 10 °C de tem pliers indiquent leu r présence. En prêtant
pérature ambiante, 7 jours à 32 °C et 2 jours l'oreille, on en ten d ra parfois l'eau couler
à 50 °C. avant de la voir : elle p eu t être cachée par
Il est bon de boire plusieurs litres d'eau par les plantes ou par u n éboulis caillouteux.
jour, surtout dans les régions sèches ou en Pour boire dans les suintem ents, vous pou
h a u te m o n ta g n e e t p e n d a n t la s a is o n vez utiliser la tige creuse d'une plante, d'un
chaude. roseau p ar exemple, qui pousse les pieds
dans l'eau, ou un tuyau en plastique souple
R é g io n R é g io n de faible diam ètre.
et p é rio d e (ou p ério d e)
te m p é ré e chaude Les lits à secs des rivières tem poraires pré
Minimum 1,5 1 21 sentent souvent des zones humides, en par
A ctivité norm ale 2-4 1 3-5 1 ticulier dans l'extérieur des coudes (bord
concave), où l'eau stagne en profondeur :
A ctivité intense 4-10 1 10 1et plus
il suffit de creuser et de patienter pour ob
Une partie importante des besoins en eau estfourm e tenir une eau plus ou m oins claire. Si l'on
par les légumes, les soupes, les fruits, etc.
ne peut récupérer que de la boue, on pourra
la p re sse r à trav ers u n linge p o u r en re
cueillir l'eau, que l'o n clarifiera en la lais
san t reposer.
Un bâton et une pierre plate suffisent pour
creuser dans une terre meuble.
D an s la p lu p a rt de nos régions, l'ea u est
abondante, m ais lorsqu'elle coule en sur S 'il pleut, sortez les gam elles et tous les ré
face, il est fréquent qu'elle soit contaminée. cipients imaginables, en particulier les pon
On se désaltérera aux sources de préférence chos (nouez le capuchon) et des carrés de
aux ruisseaux. Q uant aux riv ières et aux plastique servant pour le bivouac, les cou
lacs, ils so n t g é n é ra le m e n t tro p pollués v e rtu re s de survie : ten d ez ces d ern iers
p o u r être utilisés directem ent. Les m o n entre quatre arbres, piquets, etc., pour ré
tagnes sont particulièrem ent riches en eaux cupérer l'eau en leur centre, puis faites-la
pures, et c'est bien souvent là que tout na couler dans une gamelle. Longtemps après
Se d é s a l t é r e r 15
la pluie, vous trouverez de l'eau dans des La neige ré d u it co n sid érab lem en t de vo
trous de rochers. lume en se transform ant en eau. Si l'on peut
La rosée m atinale est souvent abondante : s'e n procurer, la glace donne de m eilleurs
on peut obtenir une quantité d 'eau relati résultats : il faut 50 % m oins de tem ps et
vement importante en tram ant dans l'herbe de combustible pour faire fondre de la glace
hum ide u n linge (T-shirt, chem ise, m ou que pour faire fondre de la neige.
choir, serviette...), que l'on essorera au-des M anger de la neige est sans danger, mais,
sus d 'u n récipient. Un « sac à viande » en telle quelle, elle a tendance à déshydrater
coton (voir p. 124) est p artic u liè re m e n t plutôt qu'à assouvir la soif. Il vaut mieux la
efficace. Un poncho ou une toile de plas p resser entre les doigts pour en faire une
tique posée sur le sol p endant la nuit p er boule de glace que l'o n sucera lentem ent.
m ettront aussi de recueillir un peu de rosée. Ne broyez pas de glace entre les dents, car
vous pourriez vous couper les lèvres ou la
langue.
Pluie, rosée, neige et glace p eu v en t être
g é n é ra le m e n t c o n s id é ré e s co m m e des
eaux p u res car elles n e co n tie n n e n t pas
d 'o rg an ism es pathogènes. M ais il arrive
qu'elles soient contam inées p ar des p a r
ticules radioactives ou p ar des com posés
chim iques toxiques.
L'eau contenue dans l'atm osphère interne A u bord de la m er, on peut obtenir une eau
du sol p eu t être récupérée p a r condensa saum âtre en creu san t dans le sable en ar
tion com me indiqué sur la figure. Mais ce rière des plages : les eaux d'infiltration for
procédé (indispensable dans tout « bon » m ent une nappe qui surnage au-dessus de
m anuel de survie) réclam e une im portante l'eau salée de la m er. S'il y a des falaises,
dépense d'énergie (trou à creuser - il faut o n tro u v e ra so u v e n t d es so u rc e s d 'e a u
de préférence une pelle) et une grande pa douce à leur pied. Dans les dunes, creusez
tience ! au point le plus bas.
La prem ière précaution à prendre dans nos
n haute montagne, il arrivera qu'on doive régions est d'éviter de boire de l'ea u pol
recourir à la neige. Le m ieux est de la lais luée ou contam inée par des organism es pa
ser fondre lentem ent dans un récipient (au thogènes. Une eau très lim pide et de goût
soleil, p rès du feu, à la chaleur du corps agréable p eu t con ten ir des élém ents m i
pendant la m arche, dans une gourde...). Il c ro sc o p iq u es d an g e reu x p o u r la sa n té,
est p référab le d 'u tilise r de la neige p ro cause potentielle de dysenterie, typhoïde,
fonde, qui est plus compacte et dont le ren paratyphoïde, etc. Il y a moins de problèmes
dem ent en eau est meilleur. Pour aller plus en m ontagne.
vite, on peut la faire fondre sur le feu, en la Si elle est trouble, com m ençons par la cla
m ettant petit à petit dans une gam elle pro rifier en la laissan t reposer (décantation)
fonde - pas trop à la fois pour éviter qu'elle ou en la p assant à travers un filtre. Si l'eau
ne forme une m asse fixée sur les bords du p ossède u n e odeur désagréable, on p eu t
récip ien t tan d is que la p artie en contact ajouter au filtre une couche de charbon de
avec le fond s'évapore, ce qui risquerait de bois. L 'eau obten u e est claire, m ais elle
brûler la gamelle. n 'est pas bactériologiquem ent pure. Si l'on
16 V i v r e en p l e i n e nature
a des doutes, il faut encore recourir à l'une p o res ne d é p a sse n t pas 0,2 m icron. Ces
des m éthodes qui suivent. filtres (type C ham berland) o n t la form e
d'u n e bougie creuse. Il faut régulièrem ent
Ébullition les brosser et les stériliser à l'eau bouillante
C'est une m éthode sim ple et efficace. Il suf environ 20 min. Ils sont fragiles.
fit de faire bouillir l'eau p en d an t 5-10 m i Dans u n type voisin (Katadyn), le filtre est
nutes (davantage en montagne où l'eau bout im prégné de sels d 'arg en t qui stérilisent
à m oins de 100 °C), puis de la battre pour l'eau et assurent l'auto-désinfection du filtre
l'aérer (ce qui la rend plus digeste) une fois - il est inutile de le faire bouillir, mais il suf
qu'elle est refroidie. Du charbon de bois fit de le brosser de tem ps en temps. Il existe
bouilli avec l'eau élim ine les odeurs. Mais u n filtre de poche à pom pe incorporée qui
cette m éthode est longue et peu pratique. pèse 650 g et fournit environ 3/4 de litre
d'eau potable par minute. Au cours d'essais
Stérilisation chim ique comparatifs, seul le filtre Katadyn s'est mon
Après avoir ajouté l'agent actif et agité l'eau, tré capable d'élim iner de façon satisfaisante
il faut attendre environ 1 h avant de boire les bactéries d'eaux fortement contaminées,
pour le laisser agir. On utilise les substances m êm e après plus de 1001. Par contre, il est
suivantes : très cher ! De plus, il n'élim ine pas les ni
■ eau de javel ( 1 goutte pour 21) - goût désa trates, ni les polluants chimiques.
gréable de chlore ;
■ hydroclonazone ( 1 com prim é dosé pour A ttention à la déshydratation ! Il faut boire
1 1) - goût de chlore, u n p eu m o in s p ro régulièrement, m ême si l'on n 'a pas soif, car
noncé ; la perte d'eau n 'est pas toujours ressentie.
■ teinture d'iode (10 gouttes p ar 1) - l'eau En climat très sec et chaud, la sueur s'éva
se colore en brun, puis redevient claire au pore sans que l'on ait la sensation de trans
bout d'une demi-heure. Une dose trop forte pirer. Il peut alors y avoir des pertes de
d'iode est toxique (2-4 g peuvent être m or m inéraux ; pour les com penser, on
tels). Les p e rso n n e s atteintes de p ro k jfck consom m era davantage de sel
b lèm es thyroïdiens ne dev raien t pas M (la sueur est salée - à 3,5 g/l),
utiliser d'iode sans avis m édical ; ™ ajouté à la nourriture, voire à
■ perm anganate de potassium l'eau de boisson. Préférez le sel
(solution saturée : 4-5 gouttes p ar 1) de m er gris, n o n raffiné, plus
- l'eau p rend une coloration violette, équilibré en minéraux.
qui disparaît en m oins d'une demi-heure; i La désh y d ratatio n lim ite considé
■ sels d'argent (M icropur : 1 com prim é rablem en t l'effort m usculaire : une
dosé pour 11, 5 1, 201, etc.) - contrairem ent p erte d 'e a u de 2 % ré d u it la capacité
aux procédés précédents, les sels d'argent physique de 20 % ; une perte de 4 % la ré
ne com m uniquent à l'eau aucun goût, ne duit de 40 % !
sont pas toxiques m êm e si une dose exces
sive a été employée et protègent l'eau contre Si vous n'avez pas assez d'eau, buvez une
toute réinfection p en d a n t plusieurs m ois bonne partie de votre ration en dehors des
(avec les autres m éthodes, la stérilisation heures chaudes de la jo u rn ée et, pendant
ne dure que quelques jours). Le sim ple fait le reste du jour, buvez lentem ent de petites
de la isse r tre m p e r u n e ch aîn e d 'a rg e n t g o rg é e s d 'e a u , e n les g a r d a n t d a n s la
d an s de l'e a u est d 'a ille u rs co n n u p o u r bouche avant de les avaler.
avoir des effets purificateurs.
Si vous devez m archer ou faire des efforts,
Filtration fine choisissez le p etit m atin, le soir ou la nuit ;
Les m icro-organism es les plus petits sont le reste du tem ps, reposez-vous. Évitez de
retenus par u n filtre de porcelaine dont les m anger des alim ents p o uvant dessécher
les m uqueuses, m ais m âchonnez des vé
gétaux acides ou charnus : feuilles d'oseille,
d'oxalis, d'épine-vinette, de sedum , tiges
de berce, etc.
A u cours des jo u rn é e s chaudes de l'été,
N e buvez pas p en d a n t u n effort qui vous l'ea u contenue dans des gourdes devient
essouffle, comme lors d'une m ontée raide. rapidem ent tiède et désagréable à boire (à
Là aussi, mâchez des feuilles acides ou des m oins d 'en faire une infusion désaltérante
tiges juteuses qui apaiseront efficacem ent g râce à l'a d jo n c tio n de p la n te s a ro m a
votre soif. Ne vous précipitez pas sur de tiques).
l'eau froide juste après un Pour la rafraîchir, on peut entourer chaque
tel effort, car votre esto- gourde d 'u n linge mouillé et la suspendre
m ac ris q u e ra it de réa g ir à u n arbre dans u n courant d'air. S'il n'y
douloureusem ent. Reprenez a pas la m oindre brise, lancez la gourde
d 'a b o rd h alein e , p u is ne p o u r lui im p rim e r u n m o u v em en t de
buvez p o u r c o m m e n c e r balancier. L'eau du linge en s'évaporant
que quelques gorgées. refroidit la gourde : c'est le principe du
réfrigérateur.
Si vous êtes au bord de la m er, Une autre solution consiste à entasser au
vous pouvez boire occasionnellem ent un fo n d d 'u n tro u d es a ig u ille s de p in ou
peu d 'eau de m er (à condition qu'elle ne d'au tres feuilles d 'arb res pour form er un
soit pas polluée...), m ais elle n 'éta n ch e ra épais m atelas que l'o n g ard era constam
pas votre soif car elle est trop salée. A haute m en t hum ecté d 'eau. Les gourdes dispo
dose, sa c o n c e n tra tio n excessive en sel sées par-dessus restero n t fraîches, m êm e
pourrait provoquer u n déséquilibre cellu p en d an t les heures les plus torrides de la
la ire. N 'u tilise z donc p as l'e a u de m e r journée. C'est le « trou landais ».
comme boisson régulière. En revanche, si
vous avez assez d'eau douce à boire, l'eau Gourde
de m er est excellente pour les soupes ou
pour la cuisson des légum es. Une eau un
peu saum âtre (moitié m oins salée que l'eau Aiguilles de pin
constamment
de mer) peut être bue sans danger. humectées
Four souterrain
Une fois désaltérés, il faudra songer à nous m oins d'en consommer trop peu). Algues et
sustenter. Puisque nous vivons en pleine Cham pignons ren ferm en t égalem ent d'in
nature, dem andons-lui de nous nourrir, du té re s s a n te s q u a n tité s de p ro té in e s , de
m oins partiellem ent. Savoir trouver nos m êm e que les racines.
alim ents dans notre environnem ent nous Les feuilles sont rich es en vitam ines, en
en rap p ro ch e in fin im e n t plus que toute sels m inéraux et en oligo-éléments, ainsi
étude, m êm e approfondie, ne p o u rra it le que les au tre s p a rtie s des végétaux sau
faire : il n 'y a bientôt plus ni sujet, ni objet vages, tels certains fruits pour la vitamine C.
m ais un e véritable com m union. C 'est en Les glucides sero n t fournis suivant les sai
tout cas m on expérience. sons p a r les racines, les je u n es tiges, les
Plus prosaïquem ent, se rendre compte que fruits et les graines. Mais il n 'e st pas tou
la n a tu re est u n véritable garde-m anger jours recom m andé de déterrer une plante :
n o u s p e rm e t de la isse r à la m a iso n une u n re p a s de ra c in e s p o u r 15 p erso n n es
grande partie des victuailles habituellement p o u rra it im p liq u er u n e razzia en règle !
nécessaires en randonnée, telles les lourdes Je u n es pousses et fruits ne so n t pas tou
boîtes de conserves d ont to u t m a rc h eu r jours abondants, et il est souvent bien long
p en se devoir se charger. Nous p o u rro n s de ram asser, puis de préparer des graines.
n'em porter qu'une base alimentaire simple Aussi serons-nous parfois heureux de trou
et nutritive et en serons d'autant plus légers. ver u n com plém ent glucidique dans la fa
Et puis, se n o u rrir dans la nature, c'est un rine com plète que nous aurons prise avec
p eu revivre les découvertes surprenantes n o u s, et qui a p p o rte ra p a r aille u rs une
de nos ancêtres cueilleurs. Il y a là un côté quantité non négligeable de protéines, de
ludique qui devrait plaire à tous. vitam ines et de sels minéraux.
P o u r p r é v e n ir u n e év e n tu e lle crise de
pseudo-hypoglycémie (voir p. 101), il sera
bon d'avoir avec soi quelques fruits secs,
véritables concentrés de sucres rapides.
Q uant aux lip id es, on en tro u v era suffi
C o n trairem en t à ce que l'o n pense habi s a m m e n t d a n s le s n o is e tte s , d a n s les
tuellem ent, il sem ble qu'une alim entation g ra in e s de coquelicot... ou d an s l'h u ile
à base de plantes puisse apporter à notre d'olive que nous em porterons.
corps les différents élém ents qu'il lui faut.
L 'expérience prouve en tout cas que cha P as d'anim aux donc ? Soyons réalistes : il
cun p eu t se passer sans problèm e de pro est beaucoup plus facile de se procurer des
duits animaux, au m oins pendant le tem ps plantes que des animaux. Attraper ces der
où nous vivrons en pleine nature. Elle nous niers nécessite des connaissances qu'il se
procure une abondance de feuilles conte rait illusoire d'espérer acquérir en quelques
n an t (voir p. 46) des protéines complètes, jours... D 'autre part, la chasse est une acti
équilibrées en acides am inés, en quantité vité réglem entée, et l'o n p o u rra difficile
s u ffisa n te p o u r é v ite r to u te c a re n c e (à m en t plaider le cas de force m ajeure pour
19
poser ses collets ! Ce devrait être aussi une d a n t p lu sie u rs jo u rs san s p ro b lèm e, au
question de conscience : la faune sauvage contraire. D 'ailleurs, cette expérience ne
est déjà beaucoup trop m alm enée p ar la se ra p as u n je û n e car, vu la rich esse de
d estru ctio n et l'em p o iso n n em en t de son no tre flore, nous p o u rro n s nous assu rer
habitat, et trop souvent par une chasse abu plusieurs repas quotidiens, plus les petites
sive (sans parler de la cruauté du piège, par pousses, les tendres tiges, les fruits variés
exemple), pour que l'on puisse se perm ettre que nous pourrons grappiller au long de la
de contribuer - m êm e tant soit peu - à son m arche et grignoter toute la jo u rn ée. Ce
appauvrissem ent. Le braconnage n 'a plus d ern ier point est d 'ailleurs une des habi
son petit côté sympathique d'antan ! tudes typiques des peuples vivant près de
Vu la médiocre rentabilité de sa production, la nature... au m épris des lois de notre dié
la viande représente u n gaspillage qui ne tétique m oderne qui y voit généralem ent
laisse pas tout le m onde indifférent, et il une fatigue pour l'estom ac (elle a d'ailleurs
semble dém ontré que sa consom m ation ex raison lorsqu'il s'agit de pâtisseries et de
cessive est loin d 'être u n bienfait pour la bonbons, m ais là il s'agit de plantes).
santé. Comme on peut fort bien s'en passer Il est vrai que l'alim entation que vous allez
(l'expérience le prouve), il sem ble raison découvrir est bien différente de celle dont
nable d'économiser son énergie et de se can vous avez l'habitude. Il faudra faire en sorte
tonner aux plaisirs de la cuisine à base de que la transition soit la plus douce possible,
plantes sauvages. car tout le m onde ne supporte pas les chan
gem ents brutaux. Des troubles digestifs ris
O n pense habituellem ent que les peuples queraien t de s'ensuivre, ce qui gâcherait
qui vivaient co n tinuellem ent d ans la na de bo n s m om en ts. Une alim e n tatio n de
tu re é ta ie n t avant to u t des ch a sse u rs se base de plantes sauvages a de toute façon
n o u r ris s a n t p re s q u e ex c lu siv em e n t de des effets dépuratifs - voire purificateurs -,
viande. Tout de suite vient à l'esprit l'image que nos ancêtres savaient m ettre à profit.
de nos ancêtres « vêtus de peaux de bêtes »
dévorant des quartiers d'ours des cavernes
à m oitié crus...
N'oublions pas que tous ces peuples étaient
en fait des chasseurs-cueilleurs, et l'on de
v rait plutôt dire des cueilleurs-chasseurs
car, d 'ap rès les études que l'on a pu faire, P robablem ent, surtout si vous vous appli
l'alim entation végétale de cueillette rep ré quez à bien m astiquer votre nou rritu re : il
sentait dans de nombreux cas environ 80 % est certain qu'elle est ainsi mieux assim i
d u to ta l. Et e n c o re les 20 % r e s ta n ts lée, et donc qu'une plus faible quantité vous
n 'étaient-ils pas toujours le gibier le plus n o u rrira mieux (avec m oins de déchets et
noble : vers, insectes et charognes étaient de fatigue pour l'intestin). D 'ailleurs, les
aussi au m enu... La base de l'alim entation plantes sauvages sont particulièrem ent nu
des In d ien s de Californie était le gland - tritives et, m algré la m arch e et la vie en
que nos ancêtres néolithiques ne donnaient plein air, vous vous sentirez probablem ent
pas aux cochons : ils les m angeaient aux- rassasié puis, une fois la tran sitio n faite,
mêm es. Pour les anciens Mexicains des dé étonnam m ent plein d'énergie. Allez-vous
se rts, la n o u r ritu re fo n d a m e n ta le é tait m aigrir ? Tout dépend du heu et de la saison
l'agave, et m êm e les Esquim aux m angent (de l'a b o n d a n c e de la n o u rritu re ), et de
de la verdure en été. Vivre en pleine nature votre état actuel : qui n 'a pas u n peu d'em
ne veut certes pas dire être carnivore. bonpoint à p erd re ? Alors, soyez heureux,
Si vous avez encore peu r de carences pos vous y laisserez sûrem ent un ou deux kilos.
sibles au cours de votre « survie », sachez Si ce régime, que nous ne pourrons de toute
que de nom breuses personnes jeûnent pen façon adopter que p en d an t la durée lim i
nouri 21
tée de notre séjour en pleine nature, vous p erges et « épin ard s » sauvages, « baies »
paraît trop draconien, n'hésitez pas à em (myrtilles, fraises, m ûres et framboises), et
porter davantage de nourriture « civilisée » : cham pignons bien sûr. Ce que je vous pro
vous trouverez des conseils pages 25 à 28. pose ici n 'e st donc que l'extension d 'u n e
Mais sachez que, plus vous vous n ourrirez activité q u'un grand nom bre de personnes
des plantes qui vous entourent, plus l'ex aime à pratiquer. C'est en m êm e temps l'oc
périence sera profonde. D 'ailleurs, « végé casion de retrouver les connaissances ou
tal » vient du latin vegetus, qui signifie « fort, bliées de nos ancêtres - pour qui les plantes
en bonne santé ». Et à notre époque, la santé ne constituaient pas seulem ent u n décor -
se conquiert. et de renouer u n peu avec eux en p ren an t
Bon courage ! la vie là où ils la prenaient.
Restons pragm atiques ! Ces plantes sont nu
tritives, nous l'avons vu plus haut. Elles ap
porteront à notre organism e tout ce dont il
aura besoin pendant notre séjour en pleine
nature. Mais que vont dire nos papilles de
Il ne s'agit pas de présen ter ce type d'ali ces « plantes de disette » dont on se méfie
m entation com me u n régim e m iracle, un u n peu ? Il im porte avant tout de les abor
idéal à conserver tel quel d ans sa vie de der l'esp rit libre : si l'o n retrouve - en plus
tous les jours. Ce ne serait pas réaliste, pour fin - le goût de l'épin ard chez le chénopode
d iv e rse s r a is o n s : le te m p s p a s s é à la blanc, c'est dans la plupart des cas à des sa
cueillette et à sa préparation, l'affaiblisse veurs nouvelles, souvent surprenantes, que
m en t au d é p a rt de ce rtain s o rg an ism es nous aurons affaire. C'est vrai, la laitue sau
pour qui un e telle n o u rritu re se ra it trop vage e s t a m è re (à p e in e lo rs q u 'e lle e s t
forte, etc. Mais, après la transition néces jeune), m ais on apprécie bien la chicorée et
saire, il p erm et à l'organism e tout entier les endives. Les glands aussi sont am ers,
de respirer un peu, soulagé de la surcharge im m angeables, m ais une préparation adé
alimentaire que lui im posent nos habitudes quate perm et d'en faire un délicieux pâté. La
et nos problèm es ém otionnels. stellaire a u n petit goût de noisette qui sé
Il n'y a pas que notre état physique qui s'en duit les plus difficiles. Et la corme, véritable
trouve am élioré. Alors pourquoi ne pas en fru it tropical, crém eux et p arfu m é ! Que
garder quelque chose au retour ? puis-je vous dire de plus ? Essayez.
N 'allez pas croire d'ailleurs que toutes les que d 'a u tr e s . Ce n 'e s t to u te fo is p as la
p lantes vénéneuses m e ttraie n t fin à votre peine de tester le vôtre. Le danger, m êm e
vie te rre s tre si vous en avaliez u n e p in faible, existe : c'e st pou rq u o i il est indis
cée. Si c e rta in e s d 'e n tr e elles r e n d e n t p en sab le de co n n aître avec p récisio n ce
v io le m m e n t m a la d e q u ic o n q u e en q u 'il ne faut pas ram asser.
consom m e m êm e très peu, la p lu p a rt ne
p ro v o q u eraien t que v o m issem ents et co Q uarante-huit plantes sauvages toxiques à
liq u e s - ce que m ê m e d 'e x c e lle n ts a li connaître dans nos régions sont présentées
m en ts p eu v en t faire si l'o n en abuse. Et p .245 à 2 9 4 , ain si q u 'u n e liste d 'a u tre s
certain s o rganism es so n t plus résistan ts plantes dangereuses.
—I
Quelques conseils
e récoltez que les plantes que vous vent venir se fixer sur des végétaux. Si
N avez identifiées avec certitude et
triez soigneusement votre récolte avant
l'homme les ingère, les œufs donnent nais
sance à un grand nombre de larves qui se
de les déguster. Il existe relativement peu développent dans divers organes, le foie
de plantes toxiques dans nos régions (et en particulier, et y déterminent des kystes
quelques-unes seulement sont mortelles), dont le développement peut entraîner de
mais il faut bien les connaître : voyez la graves troubles. La seule solution réside
section qui leur est consacrée. généralement dans l'ablation chirurgicale.
Méfiez-vous des pollutions : engrais, pes Le lavage, même soigneux, n'est pas suf
ticides, désherbants, métaux lourds, etc. fisant pour éliminer les œufs, qui adhèrent
Ne ramassez jamais à proximité d'une aux végétaux. Seule la cuisson réussit à les
route, d'une usine, dans un champ ou un détruire.
verger traité, etc. Eliminez les plantes ma Ne ramassez jamais une plante rare, ou
lades, flétries ou simplement trop vieilles. simplement peu abondante à l'endroit où
Et lavez toujours très soigneusement votre vous êtes.
cueillette. Identifiez avec précision la plante que vous
Attention aux parasites. Les plantes aqua voulez ramasser pour être certain qu'il ne
tiques peuvent porter la douve du foie, s'agit pas d'une espèce protégée*. Evitez
transmise par les ruminants. Les plantes de cueillir en haute montagne, dans les
basses peuvent provoquer l'échinococ- tourbières, dans les zones à végétation
cose, maladie parasitaire, parfois gravis- spéciale.
sime, transmise par les canidés. Les chiens
et les renards sont parfois parasités par un N'arrachez pas une plante pour n'en uti
minuscule ver, un ténia échinocoque que liser que les feuilles ou les jeunes pousses.
leur transmettent certains rongeurs comme Et ne récoltez que ce qui vous est néces
les campagnols. Les œufs du parasite, ex saire. La nature nous nourrit, elle mérite
pulsés avec les excréments du chien, peu notre respect.
WÊÊBSBBSÊÊSSÊBÊSBÊÊBÊSSBBè
Se n o u r r i r 23
que l'h u ile d 'o liv e re m p o r te en fin de n'oubliez pas que plus vous m ontez en al
c o m p te le u r s s u f fr a g e s e n v u e d 'u n e titude, plus le tem ps de cuisson augmente.
co n so m m ation régulière. Les b arres de céréales du com m erce peu
vent donner u n coup de fouet utile lorsqu'il
Sel fait froid ou en m ontagne, m ais elles sont
trop sucrées et ne s'accordent pas avec les
Il sert avant tout à relever la n ourriture et plantes sauvages.
à rassu rer nos papilles qui y sont accoutu
mées. Beaucoup de personnes peuvent s'en Légumineuses
passer : tan t m ieux ! De toute façon, on en
prép are facilem ent un succédané intéres Pour ces m êm es raisons, les seuls légumi
sant (voir recettes). Choisissez du sel m arin n e u se s env isag eab les so n t les lentilles.
gris non raffiné, plus savoureux et riche en C on trairem en t aux au tres légum ineuses
oligo-éléments. (haricots secs, pois chiches, fèves, soja, etc.^,
la p lu p a rt des variétés de lentilles ne né
cessitent pas de trem page et cuisent rela
tivem ent vite.
ïmSSéSzuù.-iS A /jti. 1 1 f i■fsl51 ¡51L
Oléagineux
D 'a u tre s in grédients sont in té ressa n ts à
em porter parce qu'ils perm ettent de varier Ces graines, riches en lipides, perm ettent
davantage le nom bre des p rép aratio n s à de soutenir u n effort et de résister plus fa
base de n o tre cueillette, qu'ils offrent ce cilem ent au froid ou à la pluie. Leur gros
petit plaisir qui fait tant de b ien après l'ef avantage est d'être, en général, im m édia
fort ou qu'ils apportent im m édiatem ent le tem ent consom m ables : tout au plus faut-il
su rcro ît d 'énergie nécessaire dans le cas casser la coque qui les protège. Noix, noi
d 'u n p assage difficile, voire d 'u n e crise settes, am andes et pignons sont les plus in
d'hypoglycém ie. Il s'agit p rin cip alem en t té r e s s a n ts . A joutons-y le s g ra in e s de
de céréales, de légumineuses, d'oléagineux tournesol, de préférence décortiquées...
et de fruits secs. Par contre, sésam e et graines de lin sont
m al assim ilés p a r l'o rg an ism e, à m oins
Céréales d 'ê tre broyés ou très b ien m âchés. Et at
tention : la combinaison oléagineux/fruits sé-
À m oins de vouloir écraser les grains nous- chés ou m iel p ro d u it g én é rale m en t des
m êm e entre deux pierres, ce qui nous rap ferm entations intestinales facilem ent dé
p ro c h e ra it u n peu de nos an c être s et de ce la b les p a r l'o d o ra t... C 'est dom m ag e
peuples pas si lointains, on choisira de pré quand l'air est si p u r !
férence des céréales cuisant rapidem ent,
car, à l'étape, tout le m onde souhaite que le Fruits séchés
repas soit vite préparé. Sont idéaux dans ce
but : les flocons d'avoine, d'orge ou de millet, Ils présentent les m êm es avantages que les
la sem oule de m aïs (pour la « polenta ») ou oléagineux. Du fait de leurs sucres rapides,
de blé, le couscous et le « boulghour », tous le « coup de fouet » qu'ils d o nnent est en
deux précuits. Le sarrasin et le m illet cui core plus m arq u é ; en outre, ils sont tou
sen t rap id em en t eux aussi, de m êm e que jo u r s c o n s o m m a b le s te ls q u els, sa n s
les pâtes. préparation. Les fruits séchés les plus cou
En revanche, le riz complet, l'épeautre et ra n ts sont les pruneaux, les raisin s secs,
l'en g rain (com m ercialisé en France sous les fig u es e t les d a tte s , m a is p o m m es,
le n om d'« épeautre »), le seigle, l'orge et poires, abricots, pêches et cerises séchés
su rto u t le blé sont b ien longs à cuire - et sont égalem ent excellents. Les bananes et
les ananas séchés, ainsi d'ailleurs que les L'ail est u n condim ent d ont j'a i du m al à
dattes, sont a p rio ri m oins conseillés du m e passer. On trouve de l'ail sauvage dans
fait de leur origine exotique*. Préférez aux la nature, m ais ce n 'e st quand m êm e pas
abricots soufrés, d 'u n joli orangé clair, les la m êm e chose que les gousses parfum ées
abricots séchés sans additifs, d 'u n b ru n de l'a il cultivé... Et u n o ig n o n au ssi, ou
moins appétissant. Évitez les ananas confits quelques échalotes, relève rem arq u ab le
au sucre et méfiez-vous des pruneaux ré m en t les soupes et les légum es sauvages.
hydratés, qui nécessitent p our se conser
ver la présence d'additifs chimiques. Fromage
Emportez oléagineux et fruits séchés en cas
de froid, de pluie ou de traversées en haute Le from age p eu t être in té ressa n t com m e
montagne. apport protéique, nutritif aussi par ses m a
* De nombreuses traditions anciennes en tières grasses. Il p erm et surtout de relever
seignent que, pour être en équilibre avec ce agréablem ent toute prép aratio n salée. Les
qui nous entoure, nous sentir à notre place, from ages à pâte d u re so n t plus faciles à
il importe de consom m er de préférence ce transporter que ceux à pâte molle.
qui pousse en saison autour de l'endroit où
nous vivons et d'éviter ce qui vient de loin. Divers
À y réfléchir un peu, ce n'est pas absolument
illogique - et cela pourrait bien expliquer en Vous pourriez aussi envisager d 'em p o rter
partie l'effet des plantes sauvages... du pollen, alim ent très énergétique et in
téressan t p ar son apport diététique.
Miel Pensez égalem ent aux graines à faire ger
m er : après les avoir fait trem per (dans une
Le miel p erm e t aussi de donner u n coup gam elle p ar exemple), vous les rincerez et
de fouet quand c'est nécessaire. Il sera par les transporterez aisém ent (à l'extérieur de
ticulièrem ent in té re ssa n t pour p ré p a re r votre sac à dos) en les m ettant dans u n sa
des com potes de fruits acides qui, sinon, chet en m ousseline. À éviter p a r gran d e
seraient im m angeables. Il est préférable chaleur ou froid intense. Les graines ger-
au sucre car il est p rincipalem ent consti mées, alim ent vivant, se m arien t très bien
tué de lévulose et renferm e des m inéraux aux plantes sauvages.
ainsi que des oligo-éléments et des traces de Comme je l'ai exprim é plus h au t à propos
vitamines. de la farine complète, il m e semble toujours
préférable, d'une façon générale, d'utiliser
Légumes séèhés des produits issus de culture biologique,
de plus en plus faciles à tro u v er d an s le
Leur intérêt est nettem ent m oindre, vu la com merce.
variété de ce qui p ourra être ram assé dans
la nature, et qui sera frais. Mais les carottes,
les oignons, les tom ates, voire les cham pi
gnons et les algues peuvent valoir la peine
d'être séchés.
D ans le fond, rie n de tout cela n 'e st indis
Condiments p e n s a b le : à p a r tir du m o m e n t où l'o n
connaît bien ce que nous offre la nature, il
Il en va de m êm e pour les épices. La nature y aura toujours quelque chose à m anger où
pourvoit aussi à tous nos besoins en aro et quand que ce soit (ne serait-ce que les
mates, m ais le paprika, le coriandre ou le bourgeons des arbres lorsque le sol est cou
cum in ont quand m êm e quelque chose à vert de neige...). Et il est des lieux et des sai
part... sons privilégiés. Il nous est p ar exem ple
28 V i v r e en p l e i n e nature
Recettes sauvages
Légumes Cham pignons ...........................35
Salades........................................... 30
Sauce à salade................................. 30 Algues
Soupe............................................ 30 Algues «Crackers d'algues» ..............35
Soupe légère .................................. 30 Gelée d'algues ................................35
Soupe onctueuse............................. 30 Condiment d'algues......................... 36
«Glouchis» ou bouillie dë légumes .... 30
Bouillie légère.................................. 30 Fruits
Bouillie grillée.................................. 30 Compote de fruits............................ 36
Légumes en sauce............................ 31 Bouillies de fruits.............................. 36
Légumes sautés................................31 Chaussons aux fruits......................... 36
Papet de tussilage ............................ 31 Compote de rumex alpin..................36
Chapatis ou galettes......................... 31
Chapatis à l'indienne ........................ 31 Boissons
Chapatis aux herbes......................... 31 Tisanes.............................................36
Chapatis de luxe.............................. 32 Thé solaire ..................................... .36
Chaussons aux herbes ......................32 Thé de gourde ................................37
Tarte au cirse....................................32 Café sauvage .................................. 37
Tourte au chénopode.......................32 Jus de fruits ..................................... 37
Beignets..........................................32 « Rob » .............................................37
Quenelles vertes.............................. 32
Nouilles aux orties............................ 32 Condiments
Vinaigre .......................................... 37
Graines Succédané du sel............................. 37
Glands ........................................... 35 Succédané du sucre......................... 37
Dessert de glands ............................35 Gomasio de coquelicot.................... 38
Châtaignes...................................... 35 Moutarde....................................... 38
Faînes..............................................35
Céréales sauvages............................ 35 Plantes à consom m er
Farine de céréales ............................ 35 telles quelles
«Tsampa»....................................... 35 Salées .............................................38
Pâte fermentée ................................36 Sucrées........................................... 38
Légumineuses.................................. 36
mmmsm— ■— — — — — — m m b m — i
30 V i v r e en p i e i n e nature
pratique et com pacte d'em porter avec soi tion est presque illimitée. Ne dédaignez pas
une source d'énergie facile à consommer et les cham pignons que l'o n ren co n tre p ar
de plus très digestible. fois séchés sur pied : ils feront d'excellentes
La tsam p a se p rép a re au Tibet avec de la soupes. Un des m eilleurs condim ents est
farine d'orge. La farine d'orge grillée se re d'ailleurs form é p ar des cham pignons sé
tro u v e aux C an aries (gofio), en T unisie chés et pulvérisés, qui relèvent la saveur
(psissah), en Ethiopie (basso), en Equateur de n'im p o rte quelle préparation.
et au Pérou (machica), etc. Certains cham pignons peuvent être m an
gés crus, en salade ou en sandwich entre
Pâte fermentée deux chapatis. Les m eilleurs sont le coprin
chevelu, les vesses-de-loup et certains bo
Mélangez de la farine et de l'eau pour obte lets (surtout les cèpes, bien sûr). A essayer :
n ir un e pâte légère. Conservez cette d er c'est sans aucun danger si l'o n se lim ite à
n iè re d a n s u n e b o îte ou u n e g am elle ces espèces et absolum ent délicieux - un
pen d an t quelques jours lors d'une période véritable p laisir gastronom ique. Mais at
chaude. Cette pâte acidulée sert de base aux tention, d'autres champignons comestibles
bouillies m atinales et aux soupes. cuits peuvent être toxiques crus !
Légumineuses
Si elles sont vertes et tendres, cuisinez-les
r
à la façon des petits pois après les avoir fait Algues
cuire à l'eau pour éliminer d'éventuels prin Les algues peuvent être ajoutées, fraîches
cipes toxiques. Si elles sont sèches et dures, ou séchées, aux soupes, aux bouillies, aux
faites-les trem p er une nuit, puis cuisez-les légum es ou aux céréales sauvages. On peut
lo n g u e m e n t à l'e a u ju s q u 'à ce q u 'e lle s aussi les incorporer dans la pâte à chapatis,
soient bien tendres. m ais il faut les trem p er avant si elles sont
Com m e le u rs hom ologues cultivées, les séchées, ou en fourrer des chaussons, mais
lég u m in eu ses sauvages se co n so m m en t il faut alors les précuire.
toujours en petite quantité, car elles sont
très nutritives - et, de plus, bien longues à « Crackers d'algues »
ra m a s se r et à éc o sser ! Il y a p eu de ces
plantes dans notre flore. Si l'o n aim e leur forte saveur iodée, le plus
sim ple est de les faire griller, fraîches ou
Champignons séchées, sur une plaque de m étal ou dans
une gam elle - éventuellem ent avec un peu
Les cham pignons peuvent être préparés de d'huile au fond. Ces « crackers d'algues »
n o m b re u se s m a n iè re s, p a r exem ple en se dégustent tels quels.
soupes, en « glouchis », dans les chapatis et
les chaussons. Mais c'est sim plem ent re Gelée d'algues
venus dans u n peu d'huile, salés et assai
sonnés de condim ents sauvages, que leur Lavez so igneu sem en t les algues pour en
saveur se dégage le mieux. Certains cham élim in e r toute trace de sel, puis mettez-
pignons assez fermes se prêtent à la confec le s à b o u illir lo n g u e m e n t d a n s u n p eu
tion de délicieuses brochettes. Les lactaires, d'eau. Ajoutez alors si vous le désirez des
les chapeaux des lépiotes, etc., sont excel fruits, frais ou séchés. Laissez refroidir et
lents grillés sur les braises. épaissir. C 'est u n d e sse rt p o u r le m oins
Le goût et la texture des cham pignons sont inhabituel... Cette gelée p eu t aussi se pré
ex trêm em ent variés et suggèrent une re p a r e r sa lé e , avec d es lé g u m e s , tu b e r
cette adaptée à chaque cas. Leur explora cules, etc.
C u isiner 37
iH É i
» y
m ettre à trem per dans très peu d'eau pour préalablem ent grillée, puis suffisam m ent
dissoudre le sucre (qui pourrait être concen d'eau pour en faire une pâte.
tré par ébullition). Il arrive parfois que la Cette m outarde peut être préparée avec des
couche de « m iellat » (car les abeilles le bu graines de m outarde noire, b ien sûr, m ais
tinent) soit assez épaisse et puisse s'utili aussi avec celles de nom breuses autres Cru
ser directem ent comme édulcorant. Le goût cifères. M élangée à de l'huile d'olive, elle
rap p elle u n p eu le siro p de m a lt : c 'e s t fait de délicieuses sauces de salades.
quelque chose à goûter !
Ce sont sans doute les frênes qui, p ar de Plantes à consommer
chaudes journées d'été, p ro d u isen tle plus
de ce sucre végétal. C'est d'ailleurs ce phé
telles quelles
nomène qui perm ettait de faire la véritable Il s'agit principalem ent des jeunes tiges de
« frênette » (boisson ferm entée à base de quelques p la n tes p a rtic u liè re m e n t d éli
feuilles de frêne couvertes de miellat). cieuses qui sont coupées, puis pelées, et dé
gustées sans la m o in d re adjonction. Les
Gomasio de coquelicot m eilleures sont les suivantes :
Faites légèrem ent griller une poignée de Salées : salicorne (que je surnom m e « sau
graines de coquelicot. Broyez-les à l'aide cisson de m er »...), chardons (attention en
d'une pierre ou d 'u n pilon de bois. Mélan- les pelant...) et bard an e (délicieux goût de
gez-y quelques pincées de sel. cœ ur d'artichaut !) ;
Ce condim ent (préparé à l'origine avec des
graines de sésam e) est saupoudré com me Sucrées : berce, fenouil et cerfeuil musqué.
du sel su r la n o u rritu re , q u 'il p a rfu m e Ce sont de véritables bonbons végétaux à
agréablement. On peut également employer la saveur inoubliable - celle de la berce rap
des graines de sauge des prés. pelle en m êm e tem ps la m a n d arin e et la
noix de coco ; p o u r les deux autres, c'est
Moutarde très net : l'anis. Il faut bien sûr les récolter
lorsqu'elles sont encore très tendres, avant
Écrasez les graines à l'aide d'une pierre ou que l'inflorescence qu'elles p o rten t n 'a it
d 'un pilon de bois. Mélangez-y de la farine com m encé à s'épanouir.
40 V i v r e en p l e i n e nature
Couche de terre
pour éviter
le contact direct
avec des braises
Braises
Cuisson
Si vous n'avez pas de gam elle métallique,
vous p o u rre z te n te r de faire cuire votre
soupe com me nos ancêtres. Ils confection
naient des récipients en écorce (le bouleau Gam<
avec
est le plus souple), rendus étanches p ar de
couvercle
la résine. Comme il était im possible de les
poser d ire c te m e n t su r le feu, on faisa it
Four improvisé
bouillir la soupe en y je ta n t des p ie rre s
chauffées au rouge dans le feu (nettoyez-les
avant de les plonger dans le liquide), sans m in iu m , enveloppez la n o u rritu re dans
oublier de retirer les pierres refroidies. Le plusieurs épaisseurs de feuilles (attention :
procédé de cuisson est efficace et assez ra pas de plantes toxiques !). Pour recouvrir
pide..., m ais la confection d 'u n récipient le tout, choisissez les larges feuilles de la
adéquat est une autre affaire ! Bardane ou du Pétasite (Pétasites hybridus)
et m aintenez-les avec u n m orceau de bois
Vous pouvez aussi creuser un trou dans le transperçant la feuille.
sol et l'en d u ire d'u n e épaisse couche im La cuisson à l'étouffée est la plus savou
perméable d'argile. Vous y m ettrez l'eau et reuse. Si vous avez le tem ps, p réparez un
les différents ingrédients et provoquerez four so u te rra in (ou « polynésien ») - voir
l'ébullition comme ci-dessus. La fabrication figure ci-dessous -, dans lequel vous ferez
de poterie primitive est possible si vous res c u ire v o tre n o u r r itu r e , e n v e lo p p é e de
tez quelque tem ps au m êm e endroit et dis feuilles comme précédem m ent. L'effort en
posez d'argile de bonne qualité ainsi que vaut sans doute la peine.
d'un certain savoir-faire. Mais la cuisson en Un four peut être im provisé com me indi
est délicate et bien des pièces risquent d'écla qué ci-d essu s ; on p e u t y fa ire c u ire de
ter avant d'en obtenir une qui soit utilisable. délicieuses tartes aux h erbes ou aux fruits
sauvages...
La cuisson sous la cendre (en fait sous la Une m é th o d e to u te sim p le de cu isso n à
braise) est classique, et vous pourrez l'adop l'étouffée : entourez de glaise la nourriture
ter pour divers racines, pousses, tiges ou enveloppée comme indiqué plus haut, puis
fruits sauvages. Au lieu de p ap ier d'alu- faites cuire sous la braise.
Four souterrain
42 V i v r e en p i e i n e nature
P lu s ie u rs ty p e s de feux s o n t in d iq u é s
pages 64.
Souvenez-vous qu 'en altitude l'eau bout à
m oins de 100 °C (-1 °C tous les 300 m) et
qu 'il faut donc plus de tem p s p o u r cuire
soupes, légumes, céréales, etc., qu'en plaine
ou au bord de la mer. C'est parfois sensible :
à 2 400 m, par exemple, l'eau bout déjà à
92 °C et le tem ps de cuisson se trouve net
tem en t allongé.
Saveur
Voulez-vous donner à votre soupe un goût Bols
de lard fumé ? Récupérez de la résine à l'ex
trém ité d 'un bâton en grattant les blessures Vous pouvez sculpter patiem m ent des bols
d 'u n conifère. Enflammez-la, laissez brû d an s des m orceau x de bois de d iv erses
ler un peu, puis éteignez le bâton en le plon essen ces te n d re s com m e le tilleul ou le
geant dans la soupe et mélangez bien. Voilà peuplier. Mais il vous faudra du temps.
de quoi réjouir les carnivores invétérés. Le p lu s r a p id e e s t d 'u tili s e r l'é c o rc e
épaisse du saule ou du p euplier noir, un
Couverts peu spongieuse, à la fois facile à travailler
et néan m o in s résistante. Pour la creuser
Comme assiette, une large feuille (bardane, facilem ent, il fau t m a in te n ir une b raise
pétasite...) sera parfaite pour les salades, sur l'écorce, souffler dessus puis utiliser
les légum es sautés, voire en sauce blanche, u n éclat de caillou (voir p. 90 et 92) de
les racines, les tiges, etc. Pour les soupes form e arrondie pour re tire r la p artie b rû
et les glouchis trop liquides, la gam elle est lée et façonner u n bol (plutôt une tasse car
préférable... Comme ustensiles, il est facile il est ra re de tro u v er d 'a sse z gros m o r
de se confectionner des baguettes, avec les ceaux d'écorce) ou une cuillère.
quelles on p eu t m anger presq u e tous les
alim ents - les autres peuvent être bus. On
apprendra rapidem ent à les m anier et, avec
Faire la vaisselle
u n peu d 'entraînem ent, l'efficacité des ba Si vous n'utilisez que des feuilles, le pro
guettes est rem arquable ! La confection de blèm e ne se posera pas. Mais les gamelles
cuillères (voir p. 90 et 92) ou m êm e de four d e m a n d e n t à être nettoyées... au m oins
chettes parfois artistiquem ent sculptées est de tem ps en tem ps. Pour cela, les produits
u n passe-tem ps fort utile. à vaisselle et m êm e le savon sont inutiles.
Vous pouvez a stiq u e r p a rfa ite m e n t vos
Tenue des baguettes récipients avec du sable fin m êlé d'argile,
avec la base terreuse d'u n e touffe d'herbe
La baguette A, fixe, est coincée p a r trois arrac h ée, ou avec des p rêles, v éritab les
p o in ts d 'a p p u i en tre le pouce, l'index et tam pons à récu rer sauvages. Nettoyez-les
l'annulaire. La baguette B, mobile, est coin ensuite à l'eau claire. Pour les récipients
cée entre les extrémités du pouce, de l'index huileux, vous pouvez em ployer de l'ea u
et du m ajeur. Elle pivote sur le pouce, se chaude - m ettez-en à chauffer su r le feu
referm an t sur A par une pression du m a p e n d a n t le rep a s. Les réc ip ien ts en alu
jeur, et se rouvrant grâce à l'index qui fait m in iu m re tro u v e n t l'é c la t du n e u f en y
ressort. faisant cuire des fruits acides, comme des
prunelles*.
1||j|^ Cuisiner 43
Le fond des gam elles que l'on a posées sur les saveurs : c'est une expérience très inté
le feu est noir et salissant, collant m êm e si ressante car vous allez voir que vous p ar
le bois provient de résineux. Il est inutile v ie n d re z a in si à a p p ré c ie r ce que vous
de les laver chaque fois, m ais prenez bien auriez « n orm alem en t » rejeté im m édiate
soin d'envelopper les récipients dans un m ent. Mettez-en peu dans votre bouche à
sac de plastique avant de les m ettre dans chaque fois.
votre sac à dos ! En enduisant, lorsqu'il est ■ Prenez contact avec les p lantes avant de
propre, le fond des gam elles d 'u n m élange les m anger : touchez-les, flairez longuement
épais de cendres et d'eau, il sera facile de chaque plante.
le nettoyer après son passage dans le feu. ■ Si vous vous sentez des instincts de ru
Mais il faudra renouveler chaque fois la minant, mettez-vous à quatre pattes et brou
couche p ro tectrice. N 'oubliez p as d 'e m tez directem en t les plantes (par exem ple
porter dans un sac en plastique des cendres de la stellaire, de jeu n es chénopodes, etc.) !
du feu précédent pour pouvoir p rép arer la
pâte nécessaire dès l'arrivée à u n nouveau Le cercle
cam pem ent et m ettre à cuire rapidem ent
les aliments (sinon, il faudrait attendre que J'a im e beaucoup faire u n cercle avant le
le feu ait produit suffisamm ent de cendres). repas : tous les participants se m etten t au
* D'ailleurs, il vaut m ieux éviter de consom tour de la nourriture et se donnent la main.
mer des fru its acides qui ont cuit dans de Puis nous ferm ons les yeux.
l'aluminium car ils absorbent une quantité C'est l'occasion de relâcher les tensions de
importante de ce métal. la journée, d'écouter les bruits de la nature
que les bavardages et les activités cam ou
rofitez de ce que vous vous trouvez dans flaient, de se recen trer u n peu sur soi, de
des circonstances différentes pour m anger penser à la nourritu re que l'on va prendre,
différem m ent : tout sim plem ent d 'être là.
■ Prenez le tem ps de savourer chaque bou Certains trouvent ces cercles bizarres, voire
chée de votre nourriture. Les m acrobiotes é s o té riq u e s ou artific ie ls, et se se n te n t
préconisent de m âcher cent fois chacune, gênés d'y participer. C'est leur droit.
m ais si vous le faites tren te fois, ce sera Je pense personnellem ent que le cercle est
déjà bien : com parez avec votre habitude. un excellent m oyen de centrer le groupe et,
Vous vous rendrez bientôt compte que vous comme on dirait en franglais informatique,
serez rassasié plus rapidem ent. de « faire u n reset ». On p eu t d'ailleurs les
■ M astiq u ez lo n g u e m e n t le s p la n te s utiliser à d 'au tres m om ents : lors
am ères pour en découvrir qu'il faut p ren d re une décision dé
toutes licate, si l'o n se n t que le n iv eau
d'énergie baisse à cause de la fa
tigue ou de la faim, du froid ou du
m auvais tem ps, ou au contraire
pour calm er les passions. Mais
aussi po u r le sim ple p laisir de
se sentir ensem ble.
vivantes, des végétaux sont complètes, équi caractéristiques des « m aladies de civilisa
librées en acides aminés*. Les protéines fo tion » (problèmes cardio-vasculaires en par
liaires ont la m êm e valeur que celles de ticulier). Dans nos pays, l'excès chronique
l'œuf! Une bom be diététique (qui n 'a pas est infinim ent plus fréquent que le manque.
encore explosé), surtout lo rsqu'on s'in té D 'après les d ern ières estim ations, les be
resse aux plantes sauvages : la quantité de soins quotidiens m inim aux en p ro téin es
protéines que contiennent ces végétaux, su sont en m oyenne de 0,5 g par kilo de poids,
périeure à celle des légum es cultivés, est soit 30 g pour jo u r pour une p ersonne de
loin d'être négligeable. En poids sec, l'or 60 kg.
tie est plus riche en protéines que le soja, * Voir en particulier Cl. Costes : Protéines fo
p o u rta n t c o n s id é ré co m m e u n e d es lia ire s et alim e n tatio n (Gauthier-Villars,
meilleures sources ! De plus, les protéines Paris 1981)
foliaires sont produites avec u n incroyable
rendem ent (4 500 kg de protéines p a r ha
et par an pour la consoude, contre 150 kg
pour la viande !) et elles sont accompagnées
de tous les sels m inéraux, oligo-éléments
et vitam ines dont nous avons besoin. Fini Ces su b stan ce s co m p o sées de carbone,
le mythe de la supériorité absolue des pro d'hydrogène et d'oxygène sont les p rin ci
téines anim ales - une opinion plus liée au paux alim ents énergétiques*. Les glucides
statut social qu'à la réalité scientifique ! se divisent en sucres rapides et en sucres
Il faut savoir que, si le m anque de protéines lents.
est grave, leur excès est égalem ent très dan P arm i les prem iers, les plus connus sont
gereux. Les tro u b le s q u 'il e n tra în e so n t le glucose, le lévulose et le saccharose. Ils
possèdent une saveur sucrée et fournissent
rapidem ent leur énergie, mais de façon peu
es besoins énergétiques totaux de l'organisme
L varient entre 1 500 (sédentaire) et 5 000 (travailleur
de force) kcal par jour; en randonnée, comptez entre
durable. Ils sont utiles en cas d'effort in
ten se et bref. D ans la n atu re, on les re n
contre surtout dans les fruits, ainsi qu 'en
2 000 et 3 000, davantage s'il fait froid ou si vous
p etites q u an tités dans les feuilles, où ils
devez fournir de gros efforts.
sont p ro d u its grâce à la chlorophylle. Le
La répartition idéale est de 60 % d'apport calorique
sa c c h a ro se e s t p r é s e n t d a n s c e rta in e s
fourni par les glucides, 20 % par les protides et 20 %
r a c in e s (b e tte ra v e ...), les je u n e s tig e s
par les lipides (1 g de glucides ou de protides donne
sucrées (berce, fenouil, le cerfeuil m usqué
environ 4 kcal ; 1g de lipides en donne 9).
ou canne à sucre), la sève des érables, etc.
Les sucres lents ne sont pas sucrés au goût.
Leur énergie est utilisée plus lentem ent,
Teneur moyenne en protéines
m ais elle est beaucoup plus durable. C'est
de quelques végétaux en (mg/100 g)
ce qu'il faut dans un effort soutenu comme
la marche. Le type de ces glucides est l'am i
Poids
don, que l'o n trouve p rincipalem ent dans
Frais Sec
les racines et dans les graines. Citons aussi
Chou cultivé 1,3 21 l'inuline, u n sucre caractéristique de la fa
Pissenlit 3,5 24 mille des Composées (artichaut, topinam
Amaranthe 3,7 29
bour, salsifis, bardane, chardons, etc.) qui
présente la particularité d'être facilem ent
Chénopode blanc 4,2 27
assim ilable p a r les diabétiques, car il se
Ortie 8 40 décom pose en lévulose et n o n en glucose.
Faînes 22 24 Les besoins en glucides d ép e n d en t de la
p e rso n n e et de son activité. Ils so n t très
48 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
m ines doivent donc être appo rtées régu B8 ou H (biotine), B9 (acide folique) et B 12
lièrem ent par l'alim entation. Leur carence (cobalamine).
entraîne des m aladies caractéristiques. A l'exception de la dernière, toutes ces vi
tam ines abondent dans le règne végétal et
Vitamine A au cune caren ce n 'e s t à cra in d re . En re
vanche, on a longtem ps pensé que la vita
C 'est u n e v ita m in e de c ro issan c e, a n ti m ine B12 ne se ren c o n tra it que dans les
infectieuse. Elle possède une action sur l'équi alim ents anim aux car la p lu p art des végé
libre acido-basique, la nutrition des cartilages, taux sem blent incapables de la synthétiser.
des os, etc. Elle a des effets régulateurs sur Il a pourtant été m is en évidence que cer
le sommeil et la tension artérielle. taines plantes (la consoude p a r exemple)
La vitam ine A est présente dans le beurre, ren ferm en t des quantités appréciables de
les œufs et le foie des animaux. Elle est ab cette vitam ine, ou du m oins d'hom ologues
sente du règne végétal. Les plantes renfer de la cobalam ine. Les alim ents lacto-fer-
m ent cependant des substances colorantes m entés en contiennent également. De plus,
exerçant les m êm es effets que la vitam ine la flore bactérienne intestinale de l'hom m e
A, les « caroténoïdes », du nom de leur re est capable de la synthétiser. La vitam ine
présentant le plus connu, le carotène. On B 12 agit à des doses extrêm em ent faibles.
les nom m e globalem ent « provitam ine A »,
car l'organism e convertit le carotène en vi Vitamine C
tam ine A dans la paroi intestinale lors de
son absorption vers le courant sanguin. Cer Elle est anti-infectieuse et tonifiante, elle
tains légumes-feuilles, où la couleur rouge m aintient la résistance des capillaires, etc.
du carotène assom brit le vert de la chloro Cette v ita m in e e s t cap itale p o u r l'o rg a
phylle, en sont particulièrem ent riches. n ism e, car il ne p e u t la stocker, et l'a li
m entation doit l'apporter de façon régulière
Teneur en vitamine A e t re la tiv e m e n t a b o n d a n te . Sa caren ce
de quelques plantes sauvages aboutit au scorbut.
(Unités lnternationales/100 g) Tous les végétaux frais en co n tien n en t et
certaines plantes sauvages en sont extrê
Pissenlit 14000 m em en t riches. Mais elle est particulière
m e n t se n sib le à la cu isso n et s u rto u t à
Rumex crépu 13-20000
l'oxydation.
Cynorrhodon 12500
Ortie 80
Calcium
» . *
E n apprenant à utiliser le feu, voici quelque r e m p lis s e z d 'e a u vos g o u rd e s e t vos
500 000 ans, l'hom m e a pu élargir l'éven gam elles et gardez-les p rès du feu.
tail de son alimentation, car la cuisson per ■ P rév o y ez u n e b r a n c h e fe u illu e p o u r
m et de consom m er certaines plantes qui éteindre im m édiatem ent l'herbe qui pour
seraient toxiques ou indigestes à l'état cru. rait, m algré vos précautions, p ren d re feu.
D'autre part, elle p erm et de concentrer les ■ Ne faites jam ais de feu dans des brous
éléments nutritifs (un m êm e volum e de lé sailles ou sous les b asses b ran c h es d 'u n
gumes cuits est plus nourrissant qu'une sa arbre.
lade), ce qui est particulièrem ent im portant ■ Choisissez de préférence u n lieu dénué
dans notre cas. Certes, elle détruit certaines de plantes : sable, rochers, etc., ou dégagez
vitamines et quelques sels m inéraux, m ais très soigneusem ent le sol de toute végéta
on en o b tie n d ra su ffisa m m e n t en m a n tio n à l'e m p la c e m e n t du foyer et u n peu
geant des crudités. autour. Utilisez un ancien foyer s'il en existe
Le feu réchauffe le corps de l'hom m e - c'est u n là où vous vous trouvez.
grâce à lui qu'il a pu conquérir les régions ■ Délimitez le foyer par un cercle de pierres
froides du globe. Mais il réchauffe égale serrées les unes contre les autres. Faites at
m ent son cœ ur, élim inant la n u it la peu r tention aux pierres p rovenant du b o rd de
de l'in c o n n u q u 'a p p o rte n t les tén èb res. l'e a u ou m êm e du lit à sec d 'u n to rre n t :
C'est autour du feu que nous nous regrou elles contiennent des poches d'eau qui se
pons dès que tom be la n u it ou que se fait transform erait en vapeur et ferait exploser
sentir la m orsure du froid. Au campement, la p ierre ! Ne les utilisez en aucun cas : on
le feu est le centre de notre vie. peut toujours en trouver d'autres.
■ Ne creusez pas de trou pour établir votre
feu d a n s le v o isin ag e d 'a r b re s ou d 'a r
bustes : leurs racines p o u rraien t se consu
m er lentem ent et provoquer u n incendie,
peut-être quelques jo u rs plus tard...
Le feu est dangereux. Chacun sait que plu ■ Il est préférable dans tous les cas d 'éta
sieurs m illiers d'hectares b rûlent tous les blir u n foyer surélevé (voir ci-dessous), qui
ans. Si de nom breux incendies sont allu offre le m axim um de sécurité et que l'on
més volontairem ent - pour toutes sortes de peut dém onter avant de partir, en ne lais
raisons sordides -, beaucoup trop encore san t aucune trace.
sont dus à l'im prudence des fum eurs et des ■ Faites toujours le plus petit feu possible :
campeurs. Or, un feu correctem ent établi u n énorm e b rasie r ne se rt gén éralem en t
et bien contrôlé p ar une personne expéri pas à grand chose, et il est dangereux ! Les
m entée ne p résente pratiq u em en t aucun débutants font toujours de trop gros feux !
d an g e r. M ais il e s t in d is p e n s a b le de Pensez-y !
pren d re les précautions qui suivent. ■ Respectez scrupuleusem ent les interdic
■ É tablissez vo tre feu à p ro x im ité d 'u n tions ! Il est par exemple interdit d'allum er
cours d'eau, d'une m are, d 'u n lac, etc., ou du feu à m oins de 300 m des forêts ou des
52
allumage,
Aulne bonne vive faible moyenne rapide tendre
éclairage
allumage,
Bouleau excellente vive, claire moyenne bonne rapide tendre
éclairage
cuisine,
Charme excellente dansante faible bonne lente dur
chauffage
pétillante,
cuisine,
Châtaignier moyenne étincelles moyenne moyenne moyenne dur
chauffage
+ éclate
cuisine,
Chêne excellente claire nulle très bonne chauffage, très lente dur
éclairage
allumage,
Epicéa moyenne vive moyenne faible rapide résineux
éclairage
cuisine,
Érable moyenne pétillante nulle bonne lente tendre
chauffage
cuisine,
Frêne très bonne vive moyenne très bonne chauffage, lente dur
éclairage
cuisine,
Hêtre très bonne vive, claire faible bonne chauffage, lente dur
éclairage
*
claire,
pétillante, allumage,
Mélèze moyenne moyenne faible rapide résineux
nombreuses éclairage
étincelles
cuisine,
Noyer moyenne courte faible bonne lente dur
si bien sec
cuisine,
Olivier excellente courte faible très bonne lente dur
chauffage
cuisine,
Orm e très bonne petite faible bonne lente dur
chauffage
allumage,
Peuplier faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage
claire, allumage,
Pin moyenne abondante faible rapide résineux
pétillante éclairage
éclate allumage,
Platane moyenne faible moyenne moyenne tendre
en brûlant éclairage
pétillante, cuisine,
Robinier bonne faible moyenne moyenne dur
éclate chauffage
allumage,
Sapin moyenne pétillante abondante faible rapide résineux
éclairage
allumage, très
Saule faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage
allumage,
Tilleul moyenne claire faible faible moyenne tendre
éclairage
allumage,
Tremble faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage
55
Ramassez des branches de différentes gros lents petits bois et bois moyens donnant
seurs et faites-en quatre tas : une belle flamme vive et même de bonnes
■brindilles pour allumer le feu ; braises. Sapin, noisetier et troène procu
■petit bois, qui permettra de faire prendre rent aussi d'excellentes brindilles.
le bois moyen et fournira déjà un peu de Evitez le bois vert, qui contient beaucoup
braise. Si l'on désire avoir une lumière vive d'eau, s'enflamme difficilement et brûle
la nuit, il faudra en remettre souvent sur mal. Les aiguilles des Conifères, riches en
le feu. Dans ce cas, prévoyez-en une quan résine, et l'écorce de bouleau peuvent néan
tité suffisante ; moins servir à allumer le feu même lors
■bois moyen, qui sera suffisant pour ali qu'elles sont fraîches.
menter un petit feu - par exemple, pour De toutes façons, ne coupez jamais de bois
chauffer une gamelle posée sur deux vif, ce qui devrait tomber sous le sens, car il
pierres entre lesquelles de grosses brûle mal et l'arbre se trouve mutilé. C'est
branches ne pourraient être glissées ; donc à la fois inutile et destructif.
■gros bois, brûlant plus lentement, qui évi Ramassez suffisamment de bois (aller cher
tera d'avoir à constamment recharger le cher un complément dans la nuit noire n'est
feu. pas toujours amusant), mais pas trop non
plus : préférez encore une fois un petit feu
Dans la mesure du possible, le bois sera fait de bois chauffant bien et brûlant lente
cassé en longueurs de 2 5 cm (brindilles) ment à un bûcher devant consommer toutes
à 60 cm (gros bois). Pour les rondins, il les branches à l'entour.
existe un fil à scier muni d'anneaux à ses
extrémités, assez efficace, mais peu du
rable. Une scie de pierre, facile à fabriquer
(voir p. 89) peut vous aider à scier partiel
lement les troncs jusqu'à ce qu'ils soient
assez fragilisés pour être cassés en sautant Le montage du feu est une opération déli
dessus. cate et prim ordiale : si elle est bien
Disposez soigneusement les quatre tas à conduite, il suffira d'une allumette pour
proximité du foyer, mais suffisamment loin que le feu prenne immédiatement ; sinon,
pour éviter tout danger d'incendie : repé il faudra tout recommencer - un peu
rez en particulier le vent dominant et pla comme pour une mayonnaise.
cez la réserve de bois en conséquence. Lorsque le débutant saura monter correc
tement un feu, il ne sera plus tout à fait un
Les arbres cités dans le tableau fournissent débutant.
petit bois, bois moyen et gros bois, parfois
des brindilles. Seuls ceux qui sont indiqués Conditions favorables
pour la cuisine et le chauffage méritent
qu'on en ramasse les grosses branches :
(sol et bois sec)
chez les autres, c'est surtout le petit bois et Roulez en boule une touffe d'herbes très
le bois moyen qui seront intéressants, pour sèches et posez-la dans le foyer, près d'un
l'allumage et l'éclairage... Mais il faudra bord. Préparez un trépied au-dessus de la
souvent se contenter de ce qu'on pourra boule, en entrecroisant par leur sommet
trouver. Peut-être en montagne faudra-t-il trois branchettes fines d'environ 30 cm de
ne faire le feu qu'avec du sapin ou de l'épi longueur. Disposez sur ce support les plus
céa : étincelles, fumée, peu de braises et petites et les plus sèches brindilles pos
beaucoup de bois ! Les brindilles viendront sibles, en couche épaisse, mais aérée de
fréquemment d'arbrisseaux comme les ge façon à former une sorte de « tipi » ouvert
nêts ou d'arbustes comme le prunellier et sur un côté pour pouvoiry faire entrer l'al
l'aubépine, qui fourniront aussi d'excel lumette ou l'herbe enflammée.
56 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Conditions défavorables
Appui
double (pluie, sol et bois mouillés)
Vent
Si le sol est humide, isolez le feu du sol en
construisant une plate-forme de branchages
supportée par deux rondins ou quatre
pierres. Pour faciliter le tirage et donc aider
le feu à mieux prendre, on peut fabriquer
une claie soutenue par quatre fourches à
Allume
dans le sol feu une dizaine de centimètres du sol. Vous
n'aurez aucun de ces problèmes avec un
foyer surélevé.
Pyramide Élément S'il pleut, protégez le feu par un parapluie,
du tripode une toile tendue par deux personnes ou
fixée à quatre piquets (assez hauts pour que
les flammes ne la lèchent pas). Évitez de
vous placer sous un arbre.
Lorsque les brindilles et le bois ne sont pas
parfaitement secs, il est indispensable de
prévoir un allume-feu adéquat (vous pou
vez en placer dans le sac à dos avant le dé
part). En voici quelques exemples :
■ Lanières d'écorce de bouleau (elle brûle
même mouillée), d'environ 1 cm de lar
Continuez ainsi à construire une pyramide, geur. Enroulez-les pour faire une pelote.
en augmentant progressivement le dia ■Résine récoltée sur un conifère (pin, sapin,
mètre des brindilles jusqu'à en arriver au épicéa, mélèze) au bout d'un bâtonnet. En
petit bois qui fournira déjà un peu de braise, veloppez d'une feuille, puis placez plusieurs
puis terminez par quelques branches de ces petites torches dans un sac en plas
moyennes. Il est important que les brindilles tique, si vous voulez les transporter dans
ne soient pas trop serrées pour que le feu votre sac. Une pomme de pin ou un cône
ne s'étouffe pas. d'épicéa enrobés de résine sont excellents.
Au lieu d'une boule d'herbes sèches, vous ■Vesses-de-loup séchées, renfermant à l'in
pouvez employer des brindilles sèches de térieur une poudre impalpable de spores
plantes non ligneuses (Ombellifères, tiges brunes.
de Graminées, etc.) ou la moelle de tiges ■Poudre de bois pourri, ou produite par
desséchées (Fenouil, Bardane, Sureau, etc. des insectes sous l'écorce, très sèche.
Les tiges d'Angélique et de Berce sont ■Brindilles et tiges non ligneuses, moelle
creuses, mais présentent de la moelle sur de sureau.
___________________ 57
avec
des pierres
avec
des rondins
avec
des fourches
humides, vous pourrez les sécher suffi Puis vous aurez besoin d'un archet, formé
samment en les passant dans vos cheveux. d'un morceau de bois un peu incurvé d'une
■Mettez des allumettes en plusieurs soixantaine de centimètres -le type de bois
endroits dans votre sac et dans vos poches. importe peu -, sous-tendu par une corde
■Du fait que sa flamme peut être tenue lette solide de facture serrée, style cordon
longtemps, un briquet est utile si l'allume- de rideau. Les cordelettes de nylon glissent,
feu et les brindilles sont humides. Mais il ne celles de chanvre se défont et les fibres vien
s'allume plus si sa pierre est mouillée. nent se prendre dans le foret tandis que les
lacets de cuir s'usent rapidement... Atta
chez la cordelette par une boucle au som
met de l'archet et à la base par un nœud
d'amarre que vous pourrez retendre si
nécessaire.
!
tant rien d'extraordinaire, il suffit de le
savoir.
■Dès qu'il a cessé, fermez hermétique particulier sur les hêtres. Il prend rapide
ment les deux trous avec un bouchon d'ar ment la consistance du bois. Il se trouve ha
gile et remettez la boîte dans les braises bituellement à plusieurs mètres du sol,
pendant une vingtaine de minutes. mais on peut avoir la chance d'en trouver
■Vous en ressortirez de fragiles morceaux sur un tronc abattu.
de coton carbonisé, à manier délicatement, C'est lorsqu'il est encore jeune qu'il faut le
que vous pourrez emporter avec vous dans détacher de son support, alors qu'il est en
une boîte de pellicule photo étanche et core mou à l'intérieur, et le découper en
rigide. fines tranches de quelques millimètres
d'épaisseur. On retire délicatement avec
Jne fois que l'étoupe a pris, il suffit de la un couteau aiguisé l'écorce qui le recouvre
placer dans un nid que l'on aura confec puis on masse délicatement en étirant la
tionné comme décrit plus haut et de souf matière qui s'étend de façon inimaginable
fler jusqu'à ce que la flamme paraisse. sous les doigts et devient d'une finesse ex
trême. L'amadou est d'une douceur extra
Silex et marcassite ordinaire : c'est probablement la substance
la plus agréable qui soit au toucher. L'opé
La marcassite est une variété de pyrite, un ration est toute volupté !
minerai de fer, que l'on trouve en divers Les morceaux d'amadou ainsi préparés
endroits, en particulier dans la Manche, en peuvent prendre l'étincelle de la marcas
Normandie. site, mais pas celle de l'acier, qui exige une
Elle se présente sous forme de boule. Pour matière plus légère.
être utilisable, elle doit mesurer environ En Europe de l'Est, l'amadou sert, malgré
5 cm de diamètre. Il est possible de la cas sa fragilité, à fabriquer des napperons, des
ser en deux pour exposer l'intérieur utili chapeaux et divers objets.
sable mais l'opération est délicate car la
boule risque de se fragmenter. Le mieux Briquet à magnésium
est de la frapper longuement (environ 500
coups !) avec le « briquet » de silex pour re Il s'agit d'un mince parallélépipède de ma
tirer la partie externe qui ne donne pas gnésium dont on détache des copeaux de
d'étincelles. métal à l'aide d'un couteau pour les en
Le briquet consiste en une pièce de silex flammer grâce à une longue pierre à bri
épaisse et allongée, à trois pans, obtenue à quet, incrustée dans le magnésium, que
partir de l'arête d'un bloc de silex détachée l'on frotte avec le couteau. C'est l'une des
d'un coup. techniques les plus faciles à maîtriser.
On pose sur son genou une pièce de cuir
puis un morceau d'amadou par-dessus et Loupe
enfin la marcassite. Il faut ensuite frapper
avec le silex sur la marcassite jusqu'à ce Une loupe dirigée vers le soleil peut suffi
qu'une étincelle vienne prendre sur l'ama samment concentrer sa lumière pour faire
dou. Il est important de frapper aussi pa prendre un morceau d'étoupe (duvet de
rallèlement que possible à la surface de la massette traité au salpêtre, coton carbo
marcassite car si l'angle est trop ouvert, on nisé) que l'on place ensuite dans un nid.
risque de casser le briquet. Une loupe de botaniste grossissant une di
zaine de fois, facile à transporter car de pe
tite taille, est parfaite.
L'amadou Il existe des briquets solaires formés d'un
L'amadouvier (Fomes fomentarius) est un petit miroir parabolique à diriger vers le
champignon qui pousse assez communé soleil, qui permettent d'allumer un mor
ment sur le tronc des arbres en forêt, en ceau d'étoupe.
64 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Piles
Un tampon de laine
d'acier (pour récurer la
vaisselle) pris en court-cir
cuit entre les deux pôles
d'une pile de 4,5 V (pour
lampe de poche) fournit
une braise suffisante pour
allumer des brindilles.
C'est sans doute la façon
la plus facile de faire du feu sans allumettes.
Trépied
Braises étalées
provenant du second foyer
66 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Lorsque vous cuisez à l'huile, il vous faut ■ à com bustible solide, de type « meta »,
des flammes vives pour la chauffer rapi présenté en tablettes. Ils sont petits, légers
dement. Faites très attention à ce qu'elles ne (environ 100 g), mais ne permettent que
soient pas trop hautes, car elles risqueraient de chauffer un peu de soupe ou quelques
de communiquer le feu à l'huile de la poêle. tasses de thé. Le combustible est pratique
Pour éclairer, ou pour raviver le feu s'il à emporter, mais il est coûteux et toxique et
brûle mal, soufflez délicatement sur la base ne se trouve pas partout ;
des flammes et rajoutez, s'il le faut, du petit ■ à pâte gélifiée. Très pratique d'emploi,
bois, qui brûlera vite, mais illuminera les pour de petits en-cas ;
alentours pendant quelques minutes. ■à alcool ;
Si le bois est humide, faites-le sécher au ■ à essence minérale ou « essence blanche »
près du feu, mais veillez à ce qu'il ne prenne (« Primus », « Radius », « Coleman ») ;
pas feu avant que vous ne l'ayez décidé ! ■ à pétrole (« Petromax »). Ils sont écono
Méfiez-vous des bois qui pétillent : leurs miques et chauffent bien. Mais il est impé
étincelles sont dangereuses. ratif d'emporter leur combustible dans des
Ne cherchez pas à transporter le feu : il est récipients absolument étanches, car les
généralement plus facile et surtout moins fuites dans le sac à dos sont pour le moins
dangereux d'en rallumer un. à éviter... Il existe des modèles à plusieurs
feux pour groupe ;
■multicombustibles. Ils fonctionnent in
différemment -suivant les modèles -à l'es
sence, au pétrole, au gas-oil ou à l'alcool ;
■ à gaz. Ils sont très légers (environ 400 g)
Il faut toujours éteindre complètement le et leurs cartouches durent plusieurs heures
feu en le noyant (prenez soin d'avoir beau (il en existe différentes tailles), permettant
coup d'eau à votre disposition) jusqu'à ce de faire cuire quelques vrais repas. Rap
que toute braise ait totalement disparu et portez toujours les bouteilles vides (cela va
que les cendres soient froides -les pierres de soi), et ne les laissez jamais exposées au
aussi si possible, malgré la chaleur qu'elles soleil. Les recharges sont très faciles à se
ont accumulée. Un foyer mal éteint est procurer.
cause possible d'incendie. Si le vent se lève, Il y a deux types de réchauds à gaz : ceux
la moindre braise peut enflammer une au butane cessent de fonctionner au-des
forêt. Ne le risquez pas..., même si vous sous de 0 °C (le gaz ne se vaporise plus) ;
n'êtes plus là. ceux au propane peuvent descendre jus
Éparpillez les pierres du foyer, dispersez qu'à - 42 °C. En fait, dans les réchauds les
le bois, le charbon et les cendres. Redon plus utilisés (« camping gaz », «jet gaz »),
nez au lieu son aspect primitif en disposant un peu de propane est mélangé au butane
des feuilles, du sable, etc., sur l'emplace pour un m eilleur fonctionnement par
ment du feu. temps froid (on peut ainsi descendre au-
dessous de 0 °C). Ces réchauds sont les plus
économiques et très pratiques. Ils sont par
faits pour une personne ou un petit groupe.
Pour un groupe plus important, prévoyez-
en plusieurs.
Dans certains cas, il est interdit de faire du
feu. Dans d'autres, ce n'est pas possible -en
montagne au-dessus de la limite de la vé
gétation, par exemple. Un réchaud portatif *
sera alors le bienvenu. Il en existe plusieurs
types :
Sitôt trouvé un bel endroit, nous pour
rions y rester, à vivre béatement des bien
faits de la nature, mais il est probable que,
tôt ou tard, l'envie de bouger nous pren
dra : désir d'explorer, de découvrir ce qui aire l'inventaire de toutes les difficultés
nous attend de l'autre côté de la colline, que vous pourrez rencontrer nous mène
recherche de notre nourriture, d'une plus rait trop loin, mais en voici quelques échan
grande variété de plantes, simple plaisir tillons. N'oubliez pas qu'un sac à dos chargé
de marcher... peut rendre périlleuses des situations
D'ailleurs, la marche est sans doute le habituellement sans problème.
meilleur exercice qui soit : elle met en mou ■En montagne, méfiez-vous des pentes
vement la plupart de nos muscles et les raf herbeuses et raides : elles sont souvent glis
fermit, elle oxygène nos cellules et constitue santes, surtout après la pluie, et particu
une sorte de méditation qui nous repose l'es lièrement traîtres du fait de leur aspect de
prit. Et puis, il faut encore y arriver à notre beau tapis vert, car elles peuvent mener à
bel endroit. Alors, allons-y une falaise abrupte... Elles provoquent des
morts chaque année !
■Attention, bien sûr, aux éboulis et aux
chutes de pierres. N'en provoquez jamais.
■Les rochers sont toujours dangereux,
mais bien plus encore s'ils sont mouillés
A pied, bien sûr... Mais ce n'est pas exac ou s'ils sont constitués de « roche pourrie »
tement de la randonnée que nous faisons, -schisteuse ou calcaire -, qui s'effrite sous
aussi prendrons-nous soin de choisir de pe les pas.
tits chemins éloignés de tout et d'éviter les ■Attention aux passages en corniche.
sentiers de Grande Randonnée (G.R.), gé ■Les torrents creusent souvent des ravins
néralement trop bien balisés et trop fré ou des gorges inaccessibles qu'il faudrait
quentés (ce qui ne remet pas en cause leur contourner en escaladant les parois. Sui
intérêt pour d'autres). vez plutôt les lignes de crête où la végéta
tion est plus basse et la vue plus dégagée.
Nous cherchons avant tout le contact avec ■Un vent violent peut vous déséquilibrer
la nature, sa beauté subtile et sa tran au cours d'un passage sur une crête ou une
quillité... et puis aussi un peu d'aventure. pente délicate.
C'est en quittant les chemins que nos dé ■ Pour traverser un cours d'eau à gué, gar
sirs seront comblés -ou plutôt dans un sa dez vos chaussures (enlevez vos chaussettes
vant équilibre entre sentiers et tout terrain, pour les remettre sèches) et utilisez un
car il ne faut pas sous-estimer les difficul bâton pour garder votre équilibre. Atten
tés possibles du parcours. S'il est bon de tion au courant, surtout si vous vous en
prendre un peu de risques, il est indispen foncez plus que jusqu'aux jambes : vous
sable de bien les doser ! n'aurez que peu de prise.
68 •-
■
__en p l e i n e n a t u r e
■ Lors de la fonte des neiges, traversez les compte. Lors du dégel, les avalanches se
torrents tôt le matin, avant qu'ils ne gon produisent à partir de la fin de la matinée.
flent lorsque la température s'élève. ■ Démarrez lentement et échauffez-vous
■ La neige profonde rend la marche diffi progressivement. Partir à fond de train ne
cile et dangereuse en recouvrant les irré sert qu'à s'écrouler quelques heures plus
gularités du terrain. On s'y perd facilement. tard, victime du « coup de pompe ». Votre
Attention aux trous, aux ponts de neige, etc. rythme doit être lent et régulier, en respi
■En montagne, la neige persiste même en rant par le nez : si vous devez respirer par
été sous forme de névés souvent dangereu la bouche, c'est que vous allez trop vite.
sement pentus et glissants. Ne vous amusez ■Tout le monde n'a pas le même rythme.
pas à glisser dessus : vous risqueriez de Plutôt que de forcer les uns à ralentir et les
perdre le contrôle de votre vitesse et de vous autres à accélérer, il vaut mieux que les pre
blesser sur les rochers à son pied. miers attendent les plus lents à intervalles
■ Ne vous aventurez jamais sur un glacier réguliers. Ne cherchez pas la compétition !
sans être équipé et encordé. ■ Prévoyez des pauses de 5 à 10 minutes
■Attention aussi au brouillard, qui tombe (ou plus) toutes les heures. Indispensables
parfois très rapidement et peut rendre la à la plupart, elles pourront casser le lythme
progression impossible. Il est particulière de certains, mais il faut bien trouver un
ment gênant dans les zones à faible relief, compromis. Profitez d'arrêts plus longs
mais peut se montrer très dangereux en pour aérer pieds et duvets.
montagne. Montrez-vous prévoyant ! ■ Mangez copieusement le matin avant de
partir, grignotez ce que vous rencontrez le
Une corde vous sera utile en cas de passage long du chemin et faites un bon repas le
difficile. Apprenez à vous encorder (voir soir à l'étape, où vous arriverez de bonne
page 85) et à descendre en rappel. Un bâton heure. Aux heures chaudes, prévoyez une
pourra vous aider sur les pentes raides, à longue pause où manger une salade sau
travers les torrents, sur les névés, etc. vage et quelques chapatis confectionnés la
Des jumelles vous permettront d'observer veille.
le terrain pour y détecter les passages dif ■Vous pouvez aussi choisir d'établir un
ficiles, et aussi d'observer les oiseaux ou... camp de base et de rayonner au cours de la
les plantes. journée. L'un des gros avantages est que
vous pourrez marcher sans être chargés,
d'où plus de rapidité, et de souplesse dans
les horaires, moins de fatigue et de dangers.
■Ne marchez jamais avec les pieds hu tracées. Repérez les obstacles naturels pour
mides. À la pause, aérez vos pieds et faites les éviter, mais sachez que vous ne pouvez
sécher vos chaussettes, ou changez-en. pas voir sur la carte toutes les difficultés du
■Pour délasser vos pieds à l'étape, trem- terrain. Vous aurez peut-être des sur
pez-les dans l'eau froide, puis séchez-les prises...
bien. Marchez pieds nus autant que vous Pour consulter facilement votre carte sans
le pouvez. trop l'abîmer en la sortant et en la rangeant
toutes les cinq minutes, glissez-la, soi
gneusement pliée, dans un porte-carte
transparent. Si vous employez souvent la
même carte, ou si les averses sont fré
quentes là où vous allez, il peut être inté
ressant de la découper suivant ses plis et
donne une idée précise du terrain, nous de coller ces derniers côte à côte sur un
permet de repérer les lieux de bivouac et plastique transparent autocollant, puis de
la meilleure façon d'y arriver, de calculer coller un autre plastique au verso. La carte
les distances, d'éviter les obstacles... et de est ainsi parfaitement protégée des élé
ne pas nous perdre. Grâce à elle, vous n'au ments : vous pourrez l'utiliser sans pro
rez pas à suivre les balises des G.R. ! Choi blème sous une pluie battante.
sissez les cartes au 1/2 5 000e, les plus
détaillées : 1 cmy représente 250 m sur le
terrain. Les autres échelles courantes
(1/50 000e, 1/100 000e et 1/200 000e) sont
moins recommandables pour notre expé
dition. Elles peuvent cependant être utiles 'est avant tout la boussole qui va nous le
pour choisir en gros l'endroit que vous sou permettre. Choisissez la plus simple et la
haitez explorer. moins chère, à condition que son aiguille se
Préparez avec soin votre itinéraire sur la stabilise rapidement. Un excellent modèle
carte détaillée. Apprenez bien sûr à lire une est proposé par la marque Silva, avec une
carte avant de partir, si ce n'est pas encore plaquette de Plexiglas munie d'une flèche
le cas. Avec l'habitude, vous vous promè directrice. Elle permet de lire la carte par
nerez déjà sur le terrain rien qu'en lisant la transparence, de l'orienter facilement et
carte. Etudiez avec soin le relief -s'il le faut, d'effectuer des visées. Pour celles-ci, un mi
établissez le profil vertical du parcours sur roir de visée n'est pas indispensable.
papier millimétré. Cela vous permettra
d'évaluer avec plus de précision la durée our orienter la carte :
du trajet, que l'on a toujours tendance à 1) commencez par superposer le « N » de
sous-évaluer. En plus du temps mis pour la couronne mobile de la boussole avec le
parcourir la distance en plat, comptez en repère fixe ;
viron 1heure pour 300 m de dénivelée. La 2) posez la boussole sur la carte, l'arête N.-
durée de la descente est d'environ les deux S. de sa plaquette parallèle au bord verti
tiers de celle de la montée. Utilisez un cur- cal de la carte ; puis
vimètre pour calculer les distances, ou la 3) tournez l'ensemble jusqu'à ce que le re
simple méthode des épingles et du fil. père fixe de la boussole coïncide avec l'ex
N'oubliez pas que des modifications ont pu trémité phosphorescente (ou colorée) de
avoir lieu sur le terrain depuis la dernière l'aiguille aimantée.
mise à jour de la carte : c'est ainsi que cer
tains chemins se sont progressivement ef n fait, le bord de la carte indique le nord
facés par manque d'entretien, alors que des géographique, alors que la boussole indique
pistes forestières ont pu être récemment le nord magnétique. L'angle entre ces deux
70 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Petite aiguille,
Comment déterminer recouverte
où l'on se trouve sur une carte Grande par l'ombre
aiguille de l'allumette
72 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
12h ih
Heure
d'été
- Q -
Bâton
Le matin
XA-XB
---------------- ^ s*< éplacer/s'orienter 73
Petite ours
V
Étoile polaire
(Polaris)
\
Cassiopèe
Trouver le Nord
dans la nuit
3h
ernier quartier
Heure indiquée par la pleine lune
(ajoutez 1 h pour l'heure d'hiver
et 2 h pour l'heure d'été)
léplacer/s'orienter 75
Il serait bien utile que vous et les membres Les bulletins météorologiques ne donnent
de votre groupe partis à votre recherche des indications fiables qu'à court terme.
ayez des notions de morse, ce qui vous per Elles ne sont pas toujours justes, mais il est
mettrait de communiquer. bon d'en tenir compte avant le départ.
De jour, vous pourrez aussi signaler votre D'ailleurs, en montagne le temps change
position avec de la fumée (herbes humides souvent avec une rapidité impression
sur le feu) ou une glace de visée (avec un nante : dans certains massifs, il peut s'écou
trou au centre du miroir pour pouvoir viser, ler moins de 2 heures (parfois à peine plus
le rayon solaire réfléchi peut se voir à d'une heure et demie dans le Canigou)
15 km !). De nuit, outre le sifflet, allumez entre le ciel bleu et le fort de l'orage ! En
un feu ou faites des signaux à l'aide d'une une heure à peine, la température peut tom
lampe électrique. ber de 30 °C à 10 °C. Prévoir le temps si
Et n'oubliez pas que se perdre apprend gnifie aussi de penser à s'équiper en
à se connaître. C'est une expérience ines fonction de la possibilité d'un changement
timable ! rapide des conditions climatiques.
Voici, à titre indicatif, quelques signes à ob
server (voir tableau ci-dessous).
Le changement de temps est indiqué par
une modification de la pression atmo
La météo revêt une importance cruciale sphérique : mauvais temps, baisse (une
dans le déroulement d'une randonnée : le baisse brutale indique un orage) ; beau
même parcours, si agréable par beau temps, hausse. Vous n'emporterez sûre
temps, peut devenir un calvaire sous la ment pas de baromètre en tant que tel, mais
pluie, voire dangereux dans le brouillard. peut-être un altimètre : les deux appareils
Et le moral s'en ressent. Si l'on ne peut fonctionnent sur le même principe et un
modifier le temps, on peut en tout cas le altimètre vous indiquera aussi les baisses
prévoir - dans une certaine mesure - et de pression. Il est donc doublement utile
agir en conséquence. en montagne (connaître son altitude exacte
est bien pratique), mais son prix est prohi Si vous avez une boussole, il vous sera facile
bitif... et vous incitera à vous en passer. de repérer l'heure d'après la position du
La direction du vent donne également des soleil ou de la pleine lune en utilisant à l'en
indications : venant du nord, il est généra vers les méthodes indiquées plus haut.
lement sec ; de l'ouest ou du sud-ouest, il ap Un bâton fiché en terre projettera l'ombre
porte la pluie, etc. Il est bon d'étudier les la plus courte à midi, heure solaire.
vents locaux avant de partir en randonnée. Il existe des montres solaires en métal, fonc
Dans l'observation de ces différents facteurs, tionnant sur le principe du cadran du
soyez avant tout sensible à leurs change même nom (avec possibilité d'ajustement
ments. Et si l'averse vous surprend, courage, suivant le mois de l'année). Elles sont jo
ce n'est qu'un mauvais moment à passer -et lies, légères et suffisamment précises pour
cela fait parfois du bien... après coup ! être intéressantes.
Souvenez-vous que vous obtenez ainsi
l'heure solaire. Pour obtenir l'heure légale
à laquelle nous sommes habitués, il faut y
ajouter 1 h en hiver, 2 h en été, et tenir
Lorsqu'on vit en pleine nature, connaître compte de la longitude du lieu où l'on se
l'heure exacte est rarement indispensable, trouve : l'heure légale est rapportée au mé
mais en avoir une idée approximative est ridien de Greenwich, qui passe par une
souvent utile. C'est ce qui permettra par ligne Le Mans-Angoulême (où aucune cor
exemple d'arriver à l'étape pour pouvoir rection n'est nécessaire) ; à titre d'exemple,
monter le bivouac et préparer le repas il faudra retrancher 31 mn de l'heure so
avant l'obscurité. laire (après avoir ajouté 1 ou 2 h suivant la
saison) à Strasbourg, alors qu'à Brest il fau
Une main = une heure dra en ajouter 18.
-i Épingles
doubles , 1
1
y\
À
i
i
Toile de plastique
Cordes servant 'est l'abri le plus simple. Tendez-la sur
une cordelette fixée à deux arbres ou à des
branches. Suivant le lieu, servez-vous de
cordes tendues formant haubans, de
pierres, de la végétation basse, de piquets
taillés dans une branche morte, fabriquez
un trépied, etc. Ne coupez pas de bois vif.
Pour un abri individuel, un arbre abattu
peut servir de base.
Plusieurs toiles peuvent être combinées
pour faire un abri collectif de forme
variable : utilisez votre imagination et les
possibilités du site.
Il existe des tunnels de plastique (une toile
soudée en forme de tube). Elles sont pra
tiques à monter (il suffit de tendre une corde
à travers), mais elles sont mal aérées et la
condensation les rend vite désagréables.
S'arrêter/s^abriter 81
Point
d'ancrage
L'abri est form é d'une toile tendue sur la végétation et fixée au sol par de lourdes pierres.
S'arrêter/s'abriter 83
(ou x 300 cm pour plus de protection) On peut ainsi juxtaposer jusqu'à quatre toiles
1 et 2 : Anneaux pour juxtaposition d'une autre avec un recouvrement deux à deux de 30 cm,
toile dans la longueur. soit un abri de 290 x 470 cm.
3 et 4 : Anneaux pour juxtaposition d'une autre Schéma de juxtaposition de quatre toiles 1,2,3
toile dans la largeur et 4 (2 et 3 sont à l'envers par rapport à 1 et 4).
D'une façon générale, n'oubliez pas : ■ d'établir votre feu assez loin de la toile
■d'orienter votre abri et de faire descendre de plastique ou de nylon... ;
la toile assez bas pour éviter que la pluie n'y ■ de laisser en partant le terrain comme
pénètre avec le vent. Pensez aussi ày abriter vous l'avez trouvé, sans trace (ou le moins
votre sac à dos et vos chaussures ; possible...) de votre passage.
■de prévoir la possibilité de régler en hau
teur votre abri, par un simple jeu de cordes ; Abris de branchages
cela vous sera d'une grande utilité si, au
cours de la nuit, le vent se met à souffler On ne peut les construire que si l'on ren
avec violence (voir fig. p. 8 1-bas) ; contre une quantité importante de bois fraî
■de creuser des rigoles si la pluie risque chement abattu, dans une coupe forestière
de ruisseler sous votre abri (improvisez un récente par exemple, car il est hors de ques
outil avec une pierre ou un bâton) ; tion de mutiler la végétation. Un tel abri est
avant tout folklorique, car, pour qu'il résiste
Le second rang recouvre
à autre chose qu'un crachin, il faut énor
mément de temps et de soins pour le cons
truire. Mais il peut être valable si l'on décide
rester quelque temps au même endroit. Et
puis, on se sent une âme de trappeur...
La forme la plus simple est l'appentis ou
lean-to.
Une pente à 45° représente le meilleur com
Abri de branchages
promis entre l'espace intérieur etl'écoule-
84 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Dans la neige
Dormir dans la neige, ce n'est plus de la
1re technique
« survie douce », à moins d'être très bien
équipé - mais en ce cas vous aurez une
tente.
La solution qui fait rêver, c'est bien sûr
l'igloo..., mais il faut une neige adéquate (pro
fonde et compacte, ce qui n'est pas toujours
le cas), de quoi la découper (couteau-scie ou
pelle) et une technique précise. 2e technique Faites passer
(support ouvert) les deux boucles
Si vous vous trouvez obligé de passer la nuit l'une sur l'autre
dans la neige, souvenez-vous qu'elle offre
une excellente isolation contre le froid. Glisser
Cherchez refuge sous les branches d'un épi ücîeTN
les deux boucles
sur le support
céa, au pied du tronc ou « enneigez-vous »
en creusant un trou. Vous serez mouillé,
mais vous éviterez de mourir de froid. Y
Nœud de pêcheur
Voici quelques noeuds simples qui vous ser
viront à monter plus efficacement votre
bivouac, et vous seront utiles dans bien
^ "y p o f
d'autres cas :
■Pour attacher une corde à un arbre sans
que le nœud glisse : le nœud de chaise (ou
de cabestan).
■Plus rapide, mais moins durable : le V> v>V
nœud d'amarre.
S'arrêter/ ■
? : __ 85
Nœud de tisserand
■ Pour s'encorder lors d'un passage véritables cordes, comme avec l'écorce de
dangereux : le nœud de harnais. la clématite par exemple, mais elles sont pro
portionnellement moins solides. L'épilobe
i our démonter facilement votre abri, pen en épi ou la tige de la mauve donnent éga
sez à terminer vos nœuds de chaise ou de lement des fibres de bonne qualité, pour ne
tension par une boucle, maintenue par une parler que des plantes de nos régions. Car
branchette (voir figure p. 85). Il suffit de dans les pays chauds, certains végétaux sont
retirer ou de casser cette dernière et de tirer cultivés industriellement pour leurs fibres,
sur l'extrémité de la corde pour défaire le tels le jute, la ramie ou le sisal. Et c'est pour
nœud même avec les doigts gelés (vous cela que l'on plantait jadis du chanvre dans
n'auriez alors d'autre alternative que de nos régions.
couper vos cordes...). Cela s'applique aussi Traditionnellement, les plantes sont cou
aux brêlages des trépieds. pées lorsqu'elles sont vivantes, puis mises
pendant plusieurs mois à « rouir », c'est-à-
dire à pourrir dans l'eau jusqu'à ce que
seules restent les fibres, que l'on doit ensui
te laver puis peigner. En ce qui nous
concerne, nous utiliserons les tiges des
O n ne se rend pas toujours bien compte à plantes mortes, qui restent après l'hiver. Il
quel point les liens sont utiles. Dans la vie faudra les casser délicatement et en retirer
courante, si vous n'aviez pas de ficelle, vous les fibres en gardant ces dernières aussi
seriez bien ennuyé et en pleine nature, longues que possible.
encore davantage ! Il ne reste plus qu'à transformer les fibres
Eh bien, ce n'est pas difficile : nous en fabri en ficelle :
querons avec des fibres végétales. L'ortie en ■ Roulez les fibres entre vos mains puis
possède de longues et fines, qui permettent séparez-les entre vos doigts pour en briser
de faire de véritables fils, solides et durables. les parties d'écorce morte inutiles et les en
Avec le liber (écorce interne) du tilleul, vous faire tomber ;
irez beaucoup plus vite et pourrez faire de ■ Prenez une épaisseur de fibres d'environ
:
ancêtres. Si le silex est l'idéal pour fabri
quer des couteaux tranchants comme des
rasoirs, toute pierre à grain suffisamment
fin, comme le calcaire oolithique, permet de
Partout à travers la planète, les peuples fabriquer aisément des grattoirs, des
vivant près de la nature ont mis au point racloirs ou des scies, qui peuvent servir à de
pour subvenir à leurs besoins fondamen multiples usages pratiques.
taux diverses techniques utilisant les maté Cette technique est relativement facile à
riaux bruts qu'ils se procuraient facilement mettre en œuvre et elle s'apprend rapide
autour d'eux. Il s'agit bien sûr des Indiens ment. Il suffit de comprendre comment frap
d'Amérique, mais également des abori per au bon endroit avec le bon angle et la
gènes d'Australie, des Inuits (Esquimaux), force suffisante (voir figure). L'angle de l'arê
des tribus africaines ainsi que de nos an te entre les deux faces à tailler du galet doit
cêtres paléo- et néolithiques en Europe. être inférieur à 90 ° et celui entre la direction
C'est en fait un patrimoine commun à toute du coup et la ligne de détachage de l'éclat
l'humanité. sera toujours de 120 °. On frappe avec un
galet facile à tenir dans la main juste en arriè
Les pierres permettent de fabriquer des re de l'arête. Suivant ses besoins, on peut uti
outils utiles. Ce sont d'ailleurs pratique liser soit le galet taillé lui-même, soit les éclats
ment les seules traces qu'ont laissées nos que l'on en a détachés.
Direction
du coup Point
d'impact
Silex
ou pierre à grain fin
Retournez le silex
et donnez un 2e coup
pour avoir un bon tranchant.
Taille des silex Les éclats peuvent servir
et des cailloux à couper ou à tailler
homogènes des cuillères
à grain fin 2e éclat - 2e ligne de cassure
90 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Sentir la nature tour doit dire quelque chose de plus sur cette
plante, qui soit vérifiable par les autres. On
Chacun doit aller à la recherche de cinq peut utiliser tous les sens, il ne s'agit pas
plantes (ou d'autres substances naturelles que d'une description visuelle : pensez à la
comme par exemple de la résine) dont toucher, à la sentir, à la goûter si elle est
l'odeur lui plaît particulièrement. Il les rap comestible. Si quelqu'un ne trouve plus rien
porte, les décrit, en parle au reste du groupe. à dire, il passe son tour. Lorsque plus per
sonne ne réussit à ajouter quoi que ce soit,
Jeu des odeurs on passe à une nouvelle plante.
les chapatis brûlés...) combat les fermenta la personne allongée, au repos et au chaud
tions intestinales. -à l'ombre et au frais s'il s'agit d'une inso
Prévention : mâchez bien... ! lation. Frottez de la lavande (plante ou huile
essentielle) sur son front. En cas d'insola
tion, voir page 102.
Constipation
Causes : changement de régime alimen Intoxications
taire et d'habitudes (en particulier, manque
de toilettes conventionnelles !), déshydra Elles se manifestent généralement tout
tation due à la transpiration. d'abord par des nausées ou des vomisse
Remèdes : buvez beaucoup, si possible des ments. Si nécessaire, aidez la personne à
soupes et des infusions de mauve, de vio vomir afin de vider au plus vite le contenu
lette, de feuilles de tilleul et d'autres plantes de son estomac (doigt au fond de la gorge,
mucilagineuses, ainsi que de stimulants ingestion de grandes quantités d'eau ou
biliaires : pissenlit, chicorée, etc. Les sup d'eau salée, etc.). Allongez-la et gardez-la
positoires à la glycérine sont efficaces. au repos, au chaud. Essayez de déterminer
Prévention : évitez de consommer sans la plante responsable.
préparation des plantes astringentes, riches Si d'autres troubles se déclarent ou si la
en tanin (rumex, plantain, Rosacées -benoî plante est connue pour être très toxique,
te, alchémille, pimprenelle, etc.). recherchez rapidement un traitement
Il n'est pas dramatique de rester constipé médical. La personne peut réagir violem
quelques jours, voire une semaine. ment et se trouver en état de choc : prenez
le pouls de la personne toutes les 5 minutes.
Diarrhée Il y a danger quand il dépasse 150 avec
transpiration et pâleur. N'attendez pas d'en
Causes : changement de régime, mauvaise arriver là et, en cas de doute, évacuez le
mastication, élimination, etc. malade rapidement vers un centre hospi
Remèdes : décoction ou consommation de talier. En cas d'empoisonnement par des
plantes astringentes (rumex, plantain, amanites mortelles (groupe de la phalloï
feuilles de ronce, de fraisier, potentille, de), les symptômes peuvent n'apparaître
alchémille, géranium, érodium, etc.). Buvez que longtemps après l'ingestion des cham
beaucoup pour remplacer le liquide perdu. pignons. Lorsqu'ils se déclarent, il est impé
Il est possible que la diarrhée provienne ratif de faire hospitaliser immédiatement
d'une contamination par l'eau (campylo- la personne au centre anti-poison le plus
bacter, salmonelles -les amibes pathogènes proche.
sont inexistantes sous nos latitudes). Dans
ce cas, un traitement médical s'impose.
Prévention : n'oubliez pas de bien mâcher
votre nourriture : les plantes sauvages sont
souvent plus consistantes ou plus fibreuses
que celles dont vous avez l'habitude. Il est Piqûres
normal que leur mauvaise mastication
entraîne des problèmes digestifs. Orties : écrasez entre les doigts une feuille
de plantain et frottez-la sur la piqûre. La
Nausées, vomissements douleur disparaît instantanément, mais
une démangeaison persiste quelque temps.
Causes : plante toxique ou trop forte pour Les rumex et d'autres plantes peuvent éga
l'organisme, insolation, troubles nerveux. lement se montrer efficaces.
Soins : tant que l'estomac n'est pas vide, Insectes : procédez de même, avec du plan
n'empêchez pas les vomissements. Gardez tain (il détruit le venin), de la lavande ou
Se s o i g n e r 99
un médecin aussi rapidement que pos ra aussi être utile aux peaux blanches. Pen
sible. N'oubliez pas non plus les risques dant la marche, gardez une chemise légè
de tétanos. re, ou au moins un T-shirt. Méfiez-vous
En cas d'infection : nettoyer à fond la particulièrement des premiers soleils de
plaie avec du Borostyrol ou de la teintu l'année (manque d'habitude) et de la mon
re de souci (Calendula) diluée dans de tagne (l'air est frais et l'on ne sent pas tou
l'eau bouillie tiède. Empêchez que la plaie jours la puissance des rayons solaires).
ne se referme (au besoin, rouvrez-la) et La meilleure prévention consiste à ne pas
drainez-la avec un morceau de gaze, voire vous exposer au soleil ou à porter manches
de chemise (évitez le coton hydrophile qui longues et pantalons : le hâle est peut-être
s'effiloche). Nettoyez régulièrement la très sexy, mais ce n'est pas la peine d'abî
plaie. En cas de fièvre, de développement mer sa peau pour autant, voire de risquer
des ganglions ou d'infection au visage, des complications (les cancers de la peau
consultez rapidement un médecin. sont en progression constante), d'autant
plus que l'appauvrissement de la couche
Brûlures d'ozone rend les rayons solaires plus agres
sifs. La mode reviendra peut-être prochai
Soins : calmez immédiatement la douleur nement aux peaux blanches : soyez à
avec de l'eau froide pendant au moins trois l'avant-garde !
minutes. Lorsque la chaleur a diminué,
appliquez de l'huile de millepertuis (voir Ampoules
page 111 ). Si vous en avez, du miel ou du
vinaigre sont efficaces aussi. Ne percez Elles représentent le problème n" 1 pour
jamais les cloques afin d'éviter une éven les randonneurs ! Les ampoules sont créées
tuelle infection. par la friction du pied contre la chausset
te. La douleur qu'elles provoquent vient de
Coups de soleil leur liquide qui transmet aux nerfs les effets
de la pression.
Il s'agit de brûlures dues à l'exposition pro Soins : lavez ou désinfectez la zone entou
longée d'une peau insuffisamment pig rant l'ampoule. Flambez une aiguille et
mentée. trempez un court morceau de fil dans du
Soins : appliquez de l'huile de millepertuis désinfectant (Borostyrol, par exemple). Per
(voir page 111) sur les parties atteintes. Des cez l'ampoule et glissez-y le fil qui servira de
coups de soleil graves ou étendus peuvent drain, afin d'éviter que l'ampoule ne se
provoquer fièvre, insomnies, fatigue et reforme. Épongez le liquide à l'aide d'un
maux de tête. Le repos s'impose et il fau mouchoir propre et placez un pansement
dra boire fréquemment. En cas de fièvre, adhésif pour éviter l'infection et les frotte
appliquez des compresses froides. ments. Les pansements spéciaux (de colo-
Prévention : il faut faire très attention plast) pour ampoules se montrent très
lorsqu'on s'expose au soleil, car la sen efficaces et permettent au « blessé » de
sation de brûlure n'apparaît qu'après l'ex continuer à marcher.
position. Une bonne préparation exige Prévention : ne portez que des chaussures
une accoutumance progressive aux adaptées à votre pied, « cassées » de longue
rayons du soleil qui créent un bronzage date, dans lesquelles vous vous sentez
protecteur. comme dans des pantoufles. Mettez de
Si vous avez la peau sensible, étendez de bonnes chaussettes (voir p. 127). La meil
l'argile diluée en une pâte semi-liquide. leure prévention consiste en des morceaux
Laissez sécher, puis enlevez le plus gros à la de toile adhésive appliqués sur la peau du
main pour ne laisser qu'une très fine couche pied, là où se produiront les frottements.
poudreuse. Une crème solaire filtrante pour Il existe contre ceux-ci des « plaques
Se soigner 101
Outre les couvertures de survie, qui réflé La montagne est l'un des environnements
chissent la chaleur du corps et évitent les les plus « naturels » qui nous restent. Si l'on
pertes de chaleur par rayonnement et ne veut pas s'y trouver confronté trop bru
convection, il existe des « carrés chauf talement, il est indispensable d'être bien
fants », légers, bon marché et réutilisables, préparé, équipé, et de faire preuve d'une
qui atteignent 40 à 50 °C en quelques certaine humilité, qui ne vient peut-être
minutes. Il suffit de les sortir de leur hous qu'avec l'expérience. Divers dangers déjà
se et de les agiter quelques instants. À noter évoqués se combinent en montagne, en
aussi un petit « réchauffeur » à combustion toute saison, suivant l'altitude (insolation,
qui se glisse dans la poche ou sous les vête ophtalmies dues à la neige, gelures, hypo
ments. glycémie, etc.). S'y ajoutent des risques spé
cifiques à l'altitude et au relief.
Onglée ■Au-dessus de 2 500-3 000 m, le « moteur
humain » fonctionne moins bien. Certaines
Elle est due à la vasodilatation qui suit une personnes ont plus de mal à respirer.
forte vasoconstriction des capillaires sous ■ Il y a de grosses différences de tempéra
les ongles. ture entre le jour et la nuit. D'autre part, la
Soins : trempez les mains dans de l'eau température moyenne baisse de 0,5 °C
Facteur vent/température en ° C
V itesse du ve n t (km/h) In d ices o b serva b les Tem pératures en °C
pris myrtilles etfraises...) que des renards en régression du fait de la réduction de leur
auraient pu contaminer, et renseignez-vous habitat, de leur destruction par les prome
sur le développement éventuel dans la neurs et de leur capture pour la production
région de l'échinococcose multiloculaire, de sérum. Mais ce sont des animaux utiles
maladie jusqu'ici très localisée. Un trem (ils consomment une grande quantité de ron
page prolongé des végétaux dans de l'eau geurs), protégés par la loi (24 avril 1979). Il
vinaigrée n'est pas suffisant pour détacher est donc interdit de les tuer.
les formes infestantes : la seule solution Les serpents que vous rencontrerez seront
réside dans la cuisson. S'il y a le moindre bien souvent des couleuvres. Bien qu'elles
doute de contamination, la prudence exige puissent vous mordre si vous les manipu
de faire cuire les plantes suspectes, ce qui lez, elles sont absolument inoffensives. Il
éliminera tout danger. n'est pas toujours facile de les distinguer
N'exagérez pas le problème des parasitoses. des vipères, surtout lorsqu'elles se faufi
Elles sont relativement rares et pas tou lent rapidement dans la végétation.
jours graves. L'échinococcose peut être Voici quelques caractères distinctifs (voir
transmise par les chiens : vous pouvez donc tableau page suivante).
vous contaminer en dégustant les salades Et bien sûr, les vipères possèdent deux cro
de votre potager ou en caressant un gentil chets venimeux vers l'avant de la mâchoi
toutou qui n'aurait pas été déparasité puis re supérieure. Mais n'attendez pas d'en
en omettant de vous laver les mains avant faire l'expérience ! L'aspic possède une tête
de manger... de forme nettement triangulaire, mais celle
de la péliade est plus ovale que chez cer
taines couleuvres. Quant au « V » en arriè
re de la tête des vipères, il manque bien
^ a»
souvent. La coloration des unes et des
autres est également très voisine.
Serpents
Dans nos régions, il s'agit exclusivement
des vipères, surtout de l'aspic (Vipera aspis)
et de la péliade (V. berus). Deux autres
espèces sont extrêmement localisées : la
vipère d'Orsini (V. ursinii), une petite espè Aspic
ce peu venimeuse, dans le Vaucluse et les
Alpes de Haute-Provence, et la vipère des
Pyrénées (V. seoanei) dans les Pyrénées-
Atlantiques (voir carte p. 107).
Les vipères fréquentent généralement les
endroits broussailleux en lisière de bois,
les haies, les éboulis rocheux parsemés de
buissons, en plaine et en montagne (jus
qu'à 3000 m). La péliade affectionne sou
vent des lieux plus humides que l'aspic
(prairies incultes, tourbières, landes, forêts
claires), bien que cette dernière se ren
contre parfois au bord de l'eau. La vipère
d'Orsini est inféodée aux prairies subal
pines ( 1400-2 400 m) à genévrier nain.
Dans la plupart des régions, les vipères sont
1 0 6 _______________
V ip è re Couleuvre
Plusieurs rangs d'écailles entre les yeux Trois rangs d'écailles entre les yeux
Précautions à prendre : les vipères ne sont Œdème, peau rouge marbrée de blanc ;
pas agressives. Menacées, elles s'enfuient Tendance à la syncope, vertiges ;
ou se camouflent et n'attaquent que lors Divers : nausée, douleurs, angoisses, diffi
qu'elles sont surprises. Dans les lieux cultés respiratoires, pouls ralenti.
qu'elles fréquentent (éboulis, buissons,
hautes herbes, etc.), n'hésitez pas à faire du Soins
bruit pour prévenir de votre approche, voire ■Évitez d'accélérer le rythme circulatoire et
à battre d'un bâton le sol ou les plantes. la diffusion du venin : couchez la personne
Regardez toujours où vous mettez les pieds en mettant la partie mordue le plus bas pos
ou les mains, en particulier lorsque vous sible par rapport au reste du corps ; il faut
retournez ou enjambez un tronc ou une pier éviter qu'elle marche ou fasse des efforts.
re. En début de saison, ou de matinée, les Rassurez-la, calmez-la : c'est primordial !
vipères, engourdies, sont moins rapides à Sachez d'ailleurs que les venins de serpent
fuir, donc plus dangereuses. Portez de pré créent un sentiment d'anxiété. Le fait de
férence des chaussures de cuir et de grosses vous occuper d'elle, en l'apaisant, modére
chaussettes de laine retournées sur le bas ra l'accélération du rythme cardiaque de la
du mollet, voire des guêtres. Si vous ren personne mordue et n'est donc pas sans
contrez un serpent, n'ayez pas peur, vous effet thérapeutique. Donnez-lui à boire si
ne risquez rien en restant calme. elle a soif, mais rien à manger.
Il faut savoir que la morsure de nos vipères ■Puis éventuellement, surtout si cela peut
n'est pas mortelle en elle-même, sauf chez rassurer la personne : frottez sur la bles
les jeunes enfants : les cas mortels signa sure une plante détruisant le venin (genêt,
lés semblent toujours pouvoir être impu lavande ou marrube), et laissez-en une
tés à la peur et à l'affolement, ou à des application en place ; si vous n'en avez pas,
efforts physiques, qui font parvenir rapi placez une compresse froide.
dement le venin au cœur. Des réactions ■Transportez tranquillement la personne
allergiques mortelles au sérum antiveni mordue à l'hôpital le plus proche pour la
meux ont pu également se produire. On cite faire mettre en observation.
également le cas d'un champignonneur Homéopathie
tombé, c'est le cas de le dire, dans un nid de Ledum palustre 7 CH
vipères, qui succomba à une vingtaine de Cedron 7 CH
morsures... Arnica montant 9 CH (contre l'anxiété).
Trois granules toutes les cinq minutes.
Symptômes d'une morsure de vipère
Sensation douloureuse à la morsure, dimi 'utilisez pas de garrot -on a toujours ten
nuant ensuite ; dance à trop le serrer, ce qui est plus dan
Trace des crochets : deux trous distants de gereux que la morsure elle-même, ni de
6à 8mm; sérum antivenimeux. Un nombre impor
Se soigner 107
W)
dans votre main, vous constaterez qu'elle est d'ailleurs problém atique, puisqu'une tem pé
bien légère pour une pierre... L'objet est dur, rature supérieure à quelques degrés les détruit
on ne peut pas le rayer avec l'ongle. Ses faces, rapidem ent. Et les réactions allergiques aux
lisses au toucher, semblent avoir été limées, ou vaccins sont souvent violentes, causant plus
finement sciées. Curieux, mais la suite l'est enco de d égâts que le venin lui-m êm e, ce qui
re davantage. Posez la pierre sur la partie inter explique leur abandon progressif en Europe.
ne de votre lèvre : elle y adhère fortement et La pierre noire pourrait bien nous intéresser
se décolle difficilement - et douloureusement. nous aussi.
Ses propriétés absorbantes sont donc bien
réelles, et l'on comprend qu'elle puisse absor L'origine de la pierre noire se perd dans la
ber le venin, agissant en quelque sorte comme lég en d e. Un Père Blanc vivan t au C o n g o
une puissante éponge. belge dans les années vingt y aurait rencon
En fait, la « pierre noire» n'est pas du tout une tré un comm erçant indien installé en Afrique
pierre. Il s'agit d'un morceau d'os taillé qui a depuis longtem ps, qui détenait une recette
été trempé pendant plusieurs mois dans une à base de plantes contre les em poisonne
décoction de plantes. C'est ce procédé qui lui ments. C e dernier aurait accepté de la révé
confère sa propriété d'absorber les poisons et ler au Père pour lui perm ettre de soulager
sa couleur noire intense. Les pierres noires sont les populations locales, qui connaissaient de
fabriquées à l'Africanum des Pères Blancs à gros problèm es avec les serpents. Peut-être
Anvers où sont importées les plantes néces l'orig in e de la pierre noire se trouve-t-elle
saires à l'im prégnation des os. Le secret est dans la m édecine ayurvédique, ce système
bien gardé et seules quelques personnes le de soins des anciens habitants de l'Inde, vieux
connaîtraient et pourraient préparer ces fameux de quelque trois milliers d'années. Il faut noter
- et utiles - objets. que les charmeurs de serpents indiens se ser
ven t dans le même but de petites pierres
Utiles? O n pourrait presque dire indispen noires qu'ils prétendent provenir de calculs
sables dans les pays tropicaux. Car contre les de grenouilles... Le mystère plane toujours.
différents serpents venimeux, il n'existe pas là-
bas de vaccins, dont la conservation serait
110 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Lorsqu'elles sont nombreuses (plus d'une Les pages précédentes ne prétendent pas
quarantaine) ou mal situées (dans la bouche se substituer à un manuel de secourisme,
ou la gorge, par exemple), les piqûres qu'il sera indispensable de consulter pour
d'hyménoptères peuvent s'avérer dange les premiers soins à donner en cas de brû
reuses, du fait de leur venin ou de l'œdè lures graves, de luxation, de fracture, de
me qui risque de provoquer l'asphyxie coup de chaleur, de gelures, d'hypother
(dans ce dernier cas, gargarisez-vous avec mie, etc. Initiez-vous au secourisme avant
de l'eau fortement salée). Un choc anaphy le départ (il existe des cours de formation).
lactique (pâleur, œdèmes, affaiblissement Dans tous les cas, restez calme, rassurez
du pouls, syncope...) peut résulter d'une la personne concernée et son entourage.
allergie (voir p. 99). Utilisez votre bon sens. Si la situation
Les feuilles de plantain écrasées et frottées dépasse votre compétence, prévenez d'ur
sur les piqûres, après avoir retiré le dard gence les services de secours. Un télépho
si c'est le cas, détruisent le venin et soula ne mobile peut être utile dans ce cas.
gent la douleur.
111
Teinture d'arnica
Voici une liste des principaux objets qui
Ramassez quelques capitules d'arnica (Arni vous permettront de faire face à d'éven
ca montana) - pas trop, car la plante s'est tuels incidents. Liquides et pommades
raréfiée du fait de ramassages trop abon pourront être emportés dans des flacons
dants. Vérifiez d'ailleurs préalablement si sa étanches en verre (médicaments) ; d'autres
cueillette est autorisée là où vous vous trou objets trouveront leur place dans des boîtes
vez. Préparez-la comme la teinture de souci. de films en plastique noir ou transparent.
Propriétés : anti-ecchymo tique. Placez le tout dans une boîte en plastique
Utilisations : entorses, contusions - sans rigide de taille adéquate (genre « Tupper-
plaie. ware », par exemple). Une telle trousse est
à la fois légère et efficace.
Baume à lèvres ■ sparadrap en rouleau ;
■ pansements tout préparés, genre « Tri-
Préparation : costéril » ;
■ Faites fondre au bain-marie dans une cas ■ coton hydrophile ;
serole de la cire d'abeille purifiée. ■ gaze stérile ;
■ Ajoutez peu à peu, en mélangeant bien, de ■bande élastique (entorses) ;
l'huile d'olive jusqu'à obtention de la consis ■ « Borostyrol » (liquide ou pommade) ou
tance désirée : assez fondante, mais pas trop teinture de souci ou de lis (désinfec
grasse. Pour vérifier, prenez un peu du tant/ cicatrisant ; p. 111);
mélange dans une cuillère, laissez refroidir ■ huile de millepertuis ou composée (brû
(trempez dans de l'eau froide) et testez. lures, coups de soleil, etc. ; p. 111) ;
■ Retirez le mélange du bain-marie et ajou ■ pommade ou teinture d'arnica (entorses ;
tez quelques gouttes d'huile essentielle de voir ci-contre) ;
romarin ou de lavande, remuez bien puis ■ baume à lèvres (gerçures ; voir ci-contre) ;
versez dans de petits pots de verre ou de ■ pompe à venin (Venomex ou aspi-venin;
plastique. p. 107);
Propriétés : cicatrisant. ■ lames de rasoir ;
Utilisations : sécheresse des lèvres, ger ■ épingles de sûreté ;
çures. ■ aiguille et fil (contre les ampoules) ;
■ pince à épiler.
Se s o i g n e r 113
Perches flexibles
liées deux à deux
Pierres
\
ment connus sous le nom de Sioux et célèbres pas les paroles, sans doute dans une langue
pour leurs tipis et leurs chasses au bison. Ces lieux indienne. Plusieurs personnes s'y joignent et, à
étaient sacrés pour les natifs (en américain poli force de l'entendre, je m'y mets également, repro-|
tiquement correct, on ne dit plus iridian, mais duisant aussi fidèlement que possible les sons que ,
native) car, comme les sources chaudes, ils repré j'entends. Le fait de chanter m'aide à oublier ¡'in
sentent la jonction des quatre éléments. Voici confort de la situation. Et les sonorités de ce chant ï
comment je l'ai vécu. sont empreintes d'une force extraordinaire. Leur ;
signification m'apparaît sans que j'aie besoin de
Au centre de la structure, dans le sol, a été creu les déchiffrer. C'est un peu comme s'il s'agissait!
sé un trou profond de quelques dizaines de cen d'un langage universel qui remonterait aux ori-;
timètres qui recevra des pierres volcaniques gines de l'humanité.
chauffées au rouge dans un brasier dressé à dis Puis le chant s'arrête et le meneur cesse ses aspeM
tance respectueuse, en face de l'ouverture de la sions. Il est temps. Je m'étais aplati le plus possible, ]
hutte. Lorsque les pierres, soigneusement brossées amenant ma tête au ras du sol, là où l'air est le!
pour éliminer toute cendre qui fumerait et rendrait moins brûlant, car la chaleur monte. Je voudrais
irrespirable l'atmosphère, ont été délicatement sortir, mais je résiste. Le meneur nous explique
déposées dans le trou, les participants, nus, alors :
entrent à la queue leu leu, dans le sens des - La hutte où nous nous trouvons représente le1
aiguilles d'une montre, et s'asseyent autour du ventre de la Terre-mère, la matrice d'où nous
trou brûlant. Le dernier referme la porte, consti venons tous. Les quatre éléments sont réunis ici.
tuée d'un pan de la bâche, et l'assemblée se trou La Terre est représentée par les pierres déposées
ve plongée dans une obscurité que parvient à dans ce trou, le feu les a chauffées, l'eau a été ver
peine à percer la lueur rouge des pierres. Nous sée sur elles et l'air est la vapeur ainsi produite. Le
sommes douze, serrés les uns contre les autres. Ce sweat lodge est un lieu d'énergie, de pouvoir.
n'est pas vraiment le grand confort. Nous pouvons le mettre à profit pour l'évolution
de notre vie : demander quelque chose dont nous
Le maître de cérémonie jette, en offrande, un avons besoin ou abandonner ce qui nous gêne,
fragment d'une plante odorante sur les pierres qui ne nous appartient pas mais que nous traînons
incandescentes. A l'odeur, je reconnais de la avec nous. Dans le sweat lodge nous sommes nus,
sauge blanche. Puis il trempe dans une bassine dans le noir, comme dans le ventre de notre mère.
pleine d'eau un bouquet de feuilles liées ensemble Nous sommes dans le ventre de notre mère la
pour former un goupillon. Il le secoue au-dessus Terre, et lorsque nous en ressortirons, ce sera une
des pierres, sur lesquelles l'eau s'évapore immé nouvelle naissance. Mais ceci ne se fera pas sans
diatement dans un brusque sifflement. La vapeur difficultés : on n'a rien sans rien I
: il insiste sur le respect de l'ambiance très parti- bruyamment, nos corps ruissellent abondamment.
\ culière qui règne dans cet endroit spécial et nous La chaleur devient intenable. Enfin, la porte
demande d'éviter tout bavardage. Puis il propo- s'ouvre. Nous sortons l'un après l'autre, comme
, se de faire le tour du cercle et de laisser chacun nous sommes entrés.
s'exprimer de vive voix ou, s'il le préfère, en silen-
¡1 ce. Parler demande du courage car on s'ouvre En contrebas du sweat lodge coule un ruisseau
ainsi aux autres, mais cela permet de profiter du dont le cours a été barré pour former un bassin
! groupe pour obtenir l'énergie nécessaire à la réa qui n'est ni large ni bien profond. Nous y plon
lisation de sa demande. Chaque personne à son geons avec délice. L'eau fraîche apporte à nos
: tour émet un vœu personnel : lâcher, abandon corps bouillants un soulagement infini. Au sortir
ner quelque chose qui le gêne et l'em pêche du bain, je me sens envahi par une sensation nou
d'avancer, pour laisser place à l'ouverture, à la velle de bien-être comme je n'en ai encore jamais
nouveauté, à la vie toujours changeante. Person connu. J'ai l'impression de flotter dans la douce
ne ne lui coupe jamais la parole. Après chaque tiédeur dont m'enveloppe la nuit. Mon corps est
•
; voeu, celui qui vient de parler dit : «J'ai fini» ou souple et reposé, mon esprit serein. Je souhaite
«J'ai parlé» et le groupe conforte cette affirma que cet état béni dure pour l'éternité.
tion par le son « om ». Le meneur verse alors de
i. l'eau sur les pierres et la chaleur nous envahit. Il est usuel de faire plusieurs sessions, ou «portes».
Traditionnellement, les Indiens Lakota en font
Il est étonnant, émouvant d'entendre ces hommes quatre, qui correspondent chacune à un élé
; et ces femmes, dont la plupart ne se connaissent ment. La première concerne le feu, qui repré
i pas, exprimer des sentiments personnels et pro sente le pouvoir ; la seconde a trait à l'eau, reliée
fonds. On pourrait penser à une sorte d'exhibi à nos émotions ; la troisième s'adresse à l'air, sym
tionnisme tant notre culture occidentale, en bole de notre mental ; enfin la quatrième est en
particulier dans notre vieille Europe, nous a tou- rapport avec la terre, que l'on rattache à notre
; jours appris à soigneusement cacher nos émo corps. À chaque fois, on remet de nouvelles
tions, à dissimuler aux autres notre monde pierres chauffées au rouge dans le trou au centre
intérieur. Mais ici, c'est avec une grande pudeur de la hutte.
que chacun s'ouvre au groupe, et avec un grand
,, respect que ses mots sont reçus. Je ressens beau J'en redemande : je rentre pour faire la seconde
coup de tendresse pour ces gens, qui osent expri tournée. Ouf, elle est encore plus chaude que la
mer ainsi, ouvertement et sans crainte, le fond de première, si la chose est possible. Quand j'en
leur sensibilité. sors, l'eau du ruisseau me fait un bien fou. J'y
Bien avant que ce ne soit à moi, je prépare dans demeurerais des heures I En tous cas, je vais en
ma tête ce que je vais dire. Mon coeur bat, je suis rester là. Il doit être près d'une heure du matin.
mai à l'aise : je n'ai jamais exprimé des choses Nous étions entrés dans la hutte peu avant la
intimes devant d'autres personnes. J'en ai peur. tombée de la nuit - calculez donc le temps que
. Lorsque mon tour arrive, je reste quelques minutes nous y sommes déjà restés I
sans rien dire, la gorge nouée. Personne ne mani
feste d'impatience. Je parviens à énoncer : « Ce Pour pouvoir faire cette expérience dans de
que j'aimerais, c'est pouvoir me relier à la natu bonnes conditions, il est indispensable d'avoir
re, n'être qu'un avec toute la création. Voilà mon l'estomac vide et l'esprit léger. Nous avons donc
peu le plus cher. » jeûné depuis le matin. Mais, curieusement, je n'ai
jamais senti la faim. L'excitation sans doute, ou
Après que chacun s'est exprimé, nous chantons peut-être une forme d'énergie plus subtile m'a-
de nouveau, tandis que le meneur verse à tour t-elle nourri... Quoiqu'il en soit, je passe l'une
de bras de l'eau sur les pierres. La vapeur jaillit des meilleures nuits de mon existence.
118 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
■ Sur le pourtour du cercle, plantez en avec respect. J'ai souhaité vous raconter la
terre douze perches flexibles et liez-les au première expérience que j'en ai fait car elle
sommet, à une hauteur d'environ 1,20 m m 'a profondément marquée (voir p. 116).
du sol.
■ Recouvrez hermétiquement la demi-sphè-
re de toiles et de couvertures, de duvets et
d'habits (pour leur éviter d'être trempés,
disposez d'abord, en dessous, des mor
ceaux de plastique) ou bien de branchages Si vous n'avez pas de brosse à dents, frot-
tressés et recouverts de terre. N'oubliez pas tez-vous les gencives avec le doigt et rincez-
de ménager pour l'entrée une ouverture vous la bouche à l'eau salée. Vous pouvez
que l'on pourra clore. fabriquer une brosse à dents en écrasant
■ Construisez un grand feu (contrairement l'extrémité d'une branchette - comme il est
à notre habitude...) en prenant toutes les courant en Afrique ou en Asie. Le noyer est
précautions nécessaires (p. 51) en interca particulièrement prisé en Afrique du Nord
lant avec le bois de grosses pierres qui mais de nombreux bois conviennent.
chaufferont au rouge. N'employez jamais Un bon dentifrice consiste à délayer à la
de pierres de bord de rivière, car elles ris consistance désirée de l'argile très pure
quent d'exploser ; les meilleures sont les avec un peu d'eau, puis d'y ajouter du sel
pierres volcaniques. ainsi que quelques gouttes d'essence de
■ Quand les pierres sont à point, sortez-les menthe, de thym ou de romarin et de bien
délicatement du foyer, balayez-les pour en mélanger le tout. Préparez-le avant le départ
retirer la cendre qui rendrait irrespirable et emportez ce qu'il vous faut dans un tube
l'atmosphère du sweat lodge, puis trans de médicaments en plastique ou dans un
portez-les à l'aide de solides bâtons four tube de dentifrice déjà utilisé, que vous rem
chus dans le trou central. Faites très plirez par le fond.
attention à ne pas vous en faire tomber une
sur le pied !
■ Entrez u n par un et disposez-vous en
cercle autour du trou. À l'aide d'une bran-
chette feuillue, aspergez d'eau les pierres
brûlantes et commencez à mijoter... Le manque d'intimité, le changement d'ha
■ Ne restez pas trop longtemps : les mêmes bitudes, l'absence de confort peuvent être
précautions sont à prendre que dans un gênants et provoquer la constipation. Effor
sauna, avec le danger supplémentaire des cez-vous d'aller régulièrement à la selle et
pierres brûlantes et du noir absolu. Atten reportez-vous le cas échéant à la page 98.
tion ! Effectuez l'opération loin de toute source
■ Au sortir de la fournaise, plongez-vous - ou cours d'eau, et loin du campement bien
avec délice - dans l'eau glacée. Bien-être sûr. Creusez un trou dans la mesure du pos
suprême... sible ou, en tout cas, recouvrez avec des
■ Le sweat lodge est déconseillé aux per pierres et de la terre.
sonnes cardiaques ou atteintes de claus Si vous n'avez pas de papier, employez les
trophobie, aux femmes enceintes et aux grandes feuilles douces de la bardane, du
enfants de moins de dix ans. Si vous sen bouillon blanc, de la digitale (pas de dan
tez la moindre réticence à y pénétrer, n'in ger...), ou d'autres plantes (noisetier, tilleul,
sistez pas. érable, pétasite, tussilage, etc., conviennent
aussi très bien). Attention seulement aux
Le sweat lodge est un lieu très fort, où se feuilles râpeuses. Evitez l'ortie et la feuille
rejoignent les quatre éléments. Il ne net de ronce... Des galets arrondis peuvent éga
toie pas que le corps, à condition de le vivre lement faire l'affaire.
-- »/ hygi ène JJÇ
La couche de gonflant
4-5 cm 4,5-5,5 cm 5-6 cm 6-6,5 cm
doit être de
* Diminuez de 2 °C si le sac est muni d'une cagoule, 5 °C si vous dormez sous tente.
L 'é q u ip e m e n t ] 2.3
riaux étant peu compressibles. Sa capacité faudrait pas utiliser de tissu imperméable,
d'isolation diminue avec le temps, surtout sous peine de transformer le sac de cou
si on l'expose à la chaleur (soleil, séchoir). chage en bain de vapeur - même le Gore
Il reste par contre isolant une fois mouillé Tex est à proscrire, car l'eau se condense à
et sèche rapidement. On peut le laver en l'intérieur du sac du fait du froid extérieur.
machine. E nfin - ce n'est pas le moins
important -il est nettement moins cher que Forme
le duvet.
Une solution intéressante consiste en un Il existe deux grands types de sacs.
sac garni d'une couche épaisse de duvet Les sacs rectangulaires, ou « couvertures »,
sur le dessus et d'une mince couche de s'ouvrant sur deux côtés, peuvent être
fibres synthétiques en dessous : tel quel, il ouverts pour servir de couverture à la mai
est chaud et confortable (la fibre synthé son. Ils ne sont jam ais très chauds et sont
tique, peu compressible, formant matelas, à réserver pour l'été en plaine. La chaleur
contrairem ent au duvet qui s'écrase) ; du sac peut être réglée par la fermeture
retourné (la couche de synthétique en des éclair s'ouvrant depuis le haut ou le bas
sus), il convient pour l'été, et demeure iso du sac.
lant même mouillé. Les « sarcophages », plus ajustés, donc plus
La chaleur d'un sac de couchage dépend de légers, sont plus chauds (l'air ne circule pas
la couche du garnissage. autour du corps et ils sont m unis d'une
Le poids du duvet d'un sac est une bonne cagoule) mais aussi plus encombrants. La
indication des températures qu'il permet fermeture éclair ne prend généralement
d'affronter. qu'un seul côté. Il est souhaitable qu'elle
soit doublée à l'intérieur par une bande de
Confection tissu évitant les courants d'air et le contact
avec la glissière ; cette dernière sera de pré
Pour être réparti équitablement sur toute la férence en nylon, à spirale (elle ne s'ac
surface du sac, le duvet doit être maintenu croche pas et est plus fiable qu'une glissière
en place par des coutures ou des cloisons. en métal). Le sac devrait posséder un
On emploie les techniques suivantes : emplacement pour les pieds, pour éviter
■ capitonnage : la déperdition de chaleur
au niveau des coutures est importante ;
n semi-cloisonnement : la forme en « V »
est préférable ;
■ cloisonnement : il s'agit pratiquement de
deux sacs capitonnés emboîtés l'un dans
l'autre. C'est la formule la plus efficace
contre le froid. éclair
Les fibres synthétiques peuvent être fixées Sac rectangulaire
par capitonnage (avec déperdition de cha (forme couverture)
leur aux coutures) ou sous forme de plaques
Fermeture
rivées en place.
Tissu
Le sac peut être fait de coton ou de nylon. Si
le premier est plus agréable au toucher, il
est de 50 % plus lourd que le nylon et absor
be facilement l'eau. Le nylon résiste mieux Sac sarcophage
à l'eau tout en laissant passer l'air : il ne
124 V i v re en p i e i n e nature
Utilisation et entretien
Sortez le sac de son enveloppe quelques Si vous n'avez rien d'autre, vous pouvez
heures avant de vous coucher pour qu'il ait étaler vos vêtements sur le sol, y compris
repris tout son gonflant. Isolez-le du sol par vos rechanges. C'est la formule la plus légè
une feuille de plastique, un poncho ou un re, et elle peut être suffisante. À l'autre
matelas en mousse. Enveloppez-le dans de extrême, les matelas pneumatiques, dont
grands sacs poubelles pendant la marche les plus légers dépassent les deux kilos, sont
pour l'isoler d'une pluie éventuelle. à proscrire. L'équilibre est réalisé par les
Le matin, il est humide à cause de la trans matelas en mousse (polyéthylène, polyvi-
piration et parfois de la rosée, aérez-le et nyle) à cellules fermées, dont le poids est
ne le roulez qu'au dernier moment. Lors tout à fait acceptable.
des pauses, exposez-le au soleil s'il n'est Les pieds n'ont pas besoin de reposer sur
pas parfaitement sec. Chez vous, sortez-le le matelas, ce qui dim inue d'autant son
de son enveloppe et suspendez-le : il s'abî encombrement et son poids, qui devrait se
me à force d'être comprimé. situer aux alentours de 400 g. Ils isolent
Un sac de duvet peut se laver à l'eau tiède, efficacement du froid du sol (même de la
de préférence sans savon. Ne l'essorez pas neige), de l'hum idité, des cailloux et des
et laissez-le sécher plusieurs jours. Un sac brindilles. Le polyvinyle est plus lourd, plus
en fibres synthétiques peut se laver en durable et plus facile à rouler. Le polyéthy
machine à l'eau tiède. Ne faites jamais net lène est plus léger, plus fragile et moins
toyer à sec votre sac de couchage, à moins cher.
de le confier à un spécialiste. Il existe aussi de petits matelas en mousse
On peut éventuellement utiliser un sac de à cellules ouvertes, plus épais (environ
couchage formé de deux couvertures de 3 cm), creusés en dessous en forme de com
survie en nylon aluminisé doublé de tissu partiment à œufs. Ils ne sont guère plus
absorbant (bleu). Ces sacs ont l'avantage lourds que les précédents (pour une taille
d'être ultralégers et de ne pas prendre de plus courte) et offrent davantage de confort.
place, mais ils condensent désagréable On trouve encore de mini-matelas auto-
ment. Pour mieux laisser passer l'air, on gonflants très confortables, mais assez
peut y percer des trous. Ce type de sac lourds et chers.
n'offre qu'une solution provisoire. Chose importante : un matelas protège le
sac de couchage contre la poussière, l'hu
midité et l'abrasion. Comme du sac à vian
de, il devient difficile de s'en passer.
Transportez-le roulé, serré à l'extérieur de
votre sac, ou roulez-le très large à l'inté
'est un drap en forme de sac que l'on glis rieur, le long des parois et entassez vos
se à l'intérieur du duvet pour le protéger affaires dans ce tube. L'armature souple de
et augmenter chaleur et confort. Choisis certains sacs à dos peut servir de matelas.
é q u i p e me m 125
p arfaitem ent adaptées, sans être trop En ce qui concerne le prix, mieux vaut payer
lourdes. Il faut aussi qu'elles soient imper deux fois plus cher des chaussures qui dure
méables... tout en laissant passer l'air, ront 5-6 ans qu'une autre paire qui n'en
sous peine d'offrir à l'utilisateur un bain durerait que deux. Les chaussures bon mar
de pieds perpétuel. ché sont rarement de bonnes affaires. Quant
Choisissez des chaussures en cuir de bonne au poids, comptez environ deux kilos.
qualité : la « fleur », partie extérieure de la Pour plus de confort, pensez à mettre une
peau, est plus résistante et plus étanche que semelle intérieure en mousse et, pour choi
la « croûte », partie intérieure, de moindre sir la taille, n'oubliez pas que vous utiliserez
valeur, qui a tendance à se déformer et s'im- de grosses chaussettes de laine. Pensez à
perméabilise difficilement (dans un « cuir emporter une paire de lacets de rechange.
sur chair », la fleur est à l'intérieur pour
résister à l'abrasion ; ne confondez pas avec Entretien
une « croûte », même si l'aspect extérieur
est semblable). Les chaussures demandent à être réguliè
La tige doit monter au-dessus des malléoles, rement enduites d'une graisse adéquate
pour maintenir la cheville dans les descentes qui nourrit le cuir et l'imperméabilise. Mais
ou les éboulis et éviter les entorses. Elle se des graissages trop fréquents amollissent le
terminera au sommet par un col à coussinet, cuir, de même que l'utilisation d'huile (des
rembourré, pour ne pas blesser la cheville et chaussures trop souples tiennent mal le
empêcher de petits cailloux d'entrer. pied). Ne saturez pas le cuir et essuyez l'ex
La semelle, en caoutchouc, de type cès. Graissez les coutures avec une brosse
« Vibram », doit être semi-rigide (proscri à dents (ou étanchéifiez-les avec un produit
vez pour la marche les chaussures d'esca spécial).
lade à semelle armée rigide), durable et Lorsque les chaussures sont sales, nettoyez-
posséder un relief bien marqué, les ren les avec un chiffon humide (voire en les
dant antidérapantes. Elle peut être cousue brossant sous le robinet si elles sont ter
à la partie supérieure (empeigne) de cuir reuses) et faites-les sécher lentement, loin
ou moulée et collée, ce qui élimine les pro de toute source de chaleur directe.
blèmes d'étanchéité au niveau des cou S'il risque de pleuvoir fréquemment, ou si
tures, m ais empêche le ressemelage - la rosée est forte, emportez une boîte de
d'ailleurs, les coutures peuvent être étan- graisse, un chiffon et une brosse à dents
chéifiées avec un produit spécial. Une nou (les chaussures doivent être graissées de
velle technique : la chaussure sans couture frais pour résister à une matinée de marche
avec chausson amovible matelassé anti- dans de l'herbe mouillée).
transpirant, parfaitement étanche, mais En cas de transpiration excessive des pieds
lourd et cher. ou si vous avez les chaussures mouillées,
Choisissez vos chaussures p a rm i les bourrez-les d'herbes sèches (ou de papier
modèles « marche randonnée » ou « gran journal) quand vous les retirez.
de randonnée ». Les chaussures « montagne, S'il gèle fort, mettez vos chaussures dans
glace, escalade » sont trop rigides. Pour une votre duvet pendant la nuit pour éviter
randonnée tous terrains, évitez les bottines qu'elles ne vous blessent les pieds le len
de toile ou de nylon, très légères mais trop demain.
souples et trempées à la moindre averse.
En Gore-Tex, elles sont imperméables, mais
ne tiennent pas non plus la cheville. Évitez
aussi les « rangers », à tige très haute : ils
tiennent remarquablement la cheville, mais
sont gênants en terrain accidenté. À réser
ver pour le sentier en plaine.
L'équipement
lies doivent assurer le confort du pied en Le corps nu est à l'aise entre 22 et 3 7 °C. Au-
l'isolant de la chaussure, en lu i tenant dessus, il doit éliminer de la chaleur, par
chaud lorsqu'il fait froid et en absorbant sa la transpiration ; au-dessous, les vêtements
transpiration. Une paire ou deux ? Cela sont nécessaires pour le réchauffer. Portez
dépend surtout de votre préférence. Avec de préférence plusieurs épaisseurs minces
deux paires, une partie des frottements, qui permettront facilement de trouver la
générateurs d'ampoules, est éliminée, le tenue adaptée aux conditions du moment,
confort est accru et la chaleur aussi (c'est tout en créant entre chacune une couche
un avantage en hiver, et pas forcément d'air isolante.
désagréable en été, tant que la transpira Parmi les tissus, le coton est idéal par temps
tion est convenablement absorbée). chaud car il est agréablement rafraîchis
Mais il est indispensable que la chaussure sant, mais il faut l'éviter par temps froid,
soit assez large afin d'éviter que le pied ne ou si le vêtement risque d'être mouillé, à
*
se trouve comprimé. La chaussette inté moins de pouvoir en changer rapide
rieure, fine (socquette), sera en laine ment. La laine est chaude et isolante,
mélangée (30 % de synthétique : la laine même lorsqu'elle est mouillée, mais
seule rétrécit au lavage). Pour l'hiver, la elle laisse passer le vent. Elle absorbe
soie est très chaude et peu épaisse (on rapidement, puis dissipe l'hum idité et la
en fait de fines socquettes), mais chère ; transpiration. Elle doit être mélangée avec
pour l'été, l'oléfine, une fibre synthétique, une fibre synthétique sous peine de rétré
transfère la condensation à la chaussette cir au lavage. La laine peignée est plus
extérieure. Pour celle-ci, pas d'hésitation, dense et plus fine. La soie est excellente
une grosse laine (non désuintée si pos (fine, absorbante, isolante, chaude, etc.),
sible), mélangée de synthétique pour éviter mais elle est chère et peu durable.
qu'elle ne rétrécisse. Si vous optez pour Les vêtements en synthétique sont à pros
une seule paire de chaussettes, il existe un crire : ils sont généralement désagréables,
mélange laine +soie extrêmement confor voire irritants s'il s'agit de sous-vêtements.
table et chaud, mais qui s'use rapidement En revanche, ils sèchent rapidement, sont
au frottement. durables et légers. Mélangées aux fibres
À proscrire : les chaussettes en nylon ou à naturelles, les fibres synthétiques (nylon,
dessin fantaisie pouvant irriter le pied. S'il polyester, rayonne, aciylique, oléfine, etc.)
y a des coutures à l'intérieur, retournez les leur confèrent un peu de ces qualités. Choi
chaussettes à l'envers. sissez si possible des couleurs s'accordant
Choisissez des mi-bas (25-35 cm), bien ajus avec votre environnement (évitez le vert
tés à votre pied (trop petites, les chaussettes acide ou le rouge fluorescent...).
compriment le pied ; trop grandes, elles
font des replis qui peuvent blesser). Repliez- Suivant le temps, vous porterez :
les sur les chaussures par beau temps, ■ u n T-shirt (coton), éventuellem ent à
dépliez-les s'il fait froid ou s'il pleut. mailles s'il fait chaud. Faites-le sécher au
soleil pend ant les pauses si vous avez
Lors d'arrêts prolongés, faites sécher vos transpiré au cours de la marche ;
chaussettes au soleil. Lavez-les fréquem ■ une chemise (coton, flanelle, laine) ou
ment, puis séchez-les soigneusement, pour une chemisette à manches courtes (atten
éviter irritations et ampoules. Ne portez tion aux coups de soleil) ; une chemise légè
jamais de chaussettes mouillées, Ayez tou re, à manches longues, portée seule et
jours un nombre suffisant de rechanges. ouverte peut être idéale par temps chaud ;
128 V i v r e en p l e i n e nature
■ un chandail léger (laine) s'il fait frais. Atta Par temps très froid, portez ou emportez :
chez autour de votre taille chemise et chan ■ des sous-vêtements de laine (+ synthé
dail pendant la marche si vous avez trop tique). S'il vous irritent, mettez du coton
chaud ; contre la peau et par-dessus un T-shirt à
■ un slip (coton). Pour plus d'aisance, choi manches longues en laine et un collant
sissez slips et T-shirts légèrement trop (laine + soie). Mais attention à la transpi
grands et lavez-les de préférence au savon ration : au cours d'un effort prolongé, n'at
de Marseille qui ne risque pas d'irriter ; tendez pas pour retirer des couches ! ;
■ un chapeau léger en coton, genre « bob », ■ une chemise de laine, et plusieurs chan
ou un foulard noué sur la tête vous servi dails pas trop gros. N'oubliez pas : plusieurs
ront à atténuer l'ardeur du soleil ; couches minces sont plus chaudes qu'une
■ dans les poches, vous aurez mouchoir, seule épaisse. Les vêtements en « fibre
allumettes et canif ; polaire », aussi chaude et deux fois plus
■ un pantalon ou short (coton), suivant légère que la laine, sont agréables au
la température et le terrain traversé. * toucher (on peut les porter à même la
Vous fabriquerez un short à peu de frais peau). Ils ont l'avantage d'éliminer la
dans un vieux pantalon, ou bien utilisez un transpiration vers l'extérieur et de sécher
flottant d'athlétisme. rapidement. Portés seuls, ils protègent jus
Evitez les jeans, trop serrés, trop raides et qu'à 0 °C ;
horriblement désagréables lorsqu'ils sont ■ un pantalon de laine, plus ou moins épais
mouillés. Les pantalons en velours côtelé suivant le froid, ou des knickers de laine ;
sont plus souples et généralement solides, ■ de grosses chaussettes de laine (attention
mais ils sèchent lentement. Les tissus exten à ne pas comprimer vos pieds : vous obtien
sibles sont confortables et sèchent rapide driez le contraire de l'effet désiré !) et, si
ment. Choisissez vos pantalons larges : ici, possible, des socquettes de soie à l'intérieur
le confort prime sur l'élégance. Les knic (ou des chaussettes laine +soie). Vous pou
kers peuvent être pratiques, mais ils ne doi vez glisser dans vos chaussures une semel
vent être ni trop courts, ni trop longs pour le isolante en feutre ;
ne pas gêner aux genoux et jamais trop ser ■ une veste de duvet (« doudoune ») ou de
rés (gare aux varices). S'il fait chaud, les fibres synthétiques (hollofil, thinsulate).
chaussettes rabattues sur les chaussures Ces dernières sont beaucoup moins fragiles
laissent les jambes nues. et surtout ne craignent pas l'humidité. La
veste de duvet est lourde, chère et encom
À emporter, rangés dans des sacs en plas brante, mais si agréable... ;
tique (non troués...), au cas où il pleuvrait : ■ éventuellement, un foulard de soie ;
■ rechange d'un T-shirt, une chemise, deux ■ un bonnet de laine ou une cagoule (ou le
slips, un pantalon ou un short, deux paires capuchon de la veste de duvet) ;
de chaussettes, deux mouchoirs, un ou deux ■ des gants de laine (avec peut-être des
chandails de laine (un fin et un épais). Un sous-gants en soie, très fins, à l'intérieur) ou
maillot de bain n'est pas nécessaire, car, des moufles -les doigts s'y réchauffent les
en pleine nature, le naturisme est généra uns les autres, ce qui n'est pas le cas avec
lement spontané ; les gants.
■ éventuellement, une paire de chaussures
très légères pour reposer vos pieds pen A in si équipés, vous pourriez (presque)
dant le bivouac du soir : « tongs » en plas affronter l'hiver dans l'Himalaya ! Comme
tique, espadrilles ou m ocassins, ces ce ne sera sûrement pas le cas, prenez soin
derniers étant pratiques et faciles à faire de ne pas trop vous couvrir, du moins pen
soi-même. dant la marche : vous risquez d'être vite en
sueur et de désirer vous découvrir à la pre
y
%
mière halte, une excellente solution pour
L'équipement 129
vous enrhumer ! Gardez donc les vêtements attention aux coutures), la cape de pluie
les plus chauds pour l'arrêt, en particulier connaît un succès justifié, en particulier les
pour le bivouac du soir. Rappelez-vous modèles permettant de couvrir le sac à dos.
qu'en montagne tous les types de temps Mais, si elle est trop courte, l'eau s'écoule
peuvent se rencontrer au cours de la même sur le pantalon, qu'elle trempe rapidement ;
journée : même en plein été, il est judicieux trop longue, elle gêne la marche..., et l'on
d'emporter des vêtements d'hiver. passe de l'un à l'autre sans transition vrai
S'il vous arrive d'être pris par un froid ment acceptable.
intense sans avoir d'équipement adéquat, Choisissez une cape munie d'une ceinture
intercalez plusieurs épaisseurs de papier pour minimiser l'action du vent. Attention
journal entre chemise et chandail. C'est un à la végétation dense. Il existe de petites
excellent isolant... m ais encore faut-il capes permettant juste de recouvrir le sac
emporter un journal. à dos. Cette formule peut être intéressante
avec un parapluie.
ront fort utiles : elles protègent aussi la que l'on peut porter à la ceinture dans sa
chaussure et permettent même de marcher housse de cuir.
quelque temps dans de la neige fondante. Pour affûter un couteau, tenez-le à un angle
Si vous préférez plus léger, utilisez des d'environ 30 ° par rapport à la pierre et glis
« stop-tout », petits manchons en nylon ou sez la lame transversalement, en tirant vers
en coton d'en viron 10 cm de hauteur, vous comme pour découper une mince
enserrant jambes et chaussures par des tranche. Répétez le mouvement cinq ou six
élastiques (attention à la circulation). Mais fois, puis retournez le couteau et procédez
la protection qu'ils offrent est bien moindre. de façon semblable le même nombre de
Ils évitent en tout cas que cailloux, pluie ou fois mais en sens inverse, en éloignant de
neige ne pénètrent dans la chaussure. vous pour découper les tranches. Com
mencez l'opération en appuyant assez for
tement avec la lam e sur la pierre, puis
continuez en relâchant la pression et finis
sez en glissant doucement pour que le fil
soit parfait (voir p. 90).
Soyez patient et gardez bien toujours le
Un couteau même angle entre le couteau et la pierre.
Choisissez un canif simple et léger, à lame Avec une lame en inox, l'aiguisage est extrê
robuste de forme classique, en acier au car mement long, alors mieux vaut le pratiquer
bone et non en inox, qui s'aiguise difficile souvent que d'attendre que le fil se soit
ment. L'idéal est sans doute encore le bon émoussé. Tandis qu'avec l'acier au carbone,
vieil Opinel à virole (celle-ci est utile pour le rattrapage est plus rapide.
ne pas se faire pincer les doigts...). Les
« Laguiole » sont très pratiques aussi. Les Une lampe de poche
m u ltilam es type « armée suisse » sont
lourds, encombrants et pas forcément très Le mieux est la « Maglite » de taille moyen
utiles, à part les ciseaux, la pince à épiler et ne (à deux piles AA). Elle est étanche, éco
la loupe, éventuellement la scie, que vous nomique et éclaire loin, avec un faisceau
pouvez emporter séparément. réglable. Le rapport qualité/prix est très
Les couteaux norvégiens sans garde, dont bon. Il en existe d'autres modèles : plus
la poignée rentre dans le fourreau, peuvent petit (deux piles AAA), intéressant car très
être intéressants. Portés à la ceinture, ils léger, et plus gros, qui éclairent remar
sont faciles à retrouver. Certains ont une quablement mais sont trop lourds.
lame feuilletée, en acier au carbone, à la Sinon, emportez une lampe ordinaire à pile
fois souple et facile à aiguiser. Mais évitez plate. Les boîtiers en plastique sont un peu
les couteaux de trappeur à lame en acier plus légers que ceux en métal. Les lampes
inoxydable. frontales sont très pratiques, car elles per
Il existe aussi des couteaux de survie, plu mettent de se servir des deux mains. Il en
tôt de l'ordre du gadget : ils comportent existe des modèles légers. Evitez les lampes
divers éléments (boussole, fil et aiguille, torches classiques, car elles sont très
épingles doubles, etc.) que vous emporte lourdes et leur long faisceau ne vous est pas
rez dans votre « trousse de survie ». indispensable. En revanche, les minuscules
Par rapport aux canifs, les couteaux de plus crayons-torches peuvent être utiles, vu leur
grande taille servent à couper et travailler poids et leur encombrement dérisoire.
le bois en les maniant comme une hache. Utilisez toujours des piles alcalines ou au
Vos couteaux doivent toujours être parfai lithium, plus chères mais plus durables. Il
tement aiguisés. Emportez une pierre à existe des lampes-dynamos, où la pression
aiguiser ou, mieux, un fusil à diamants sur la poignée actionne un générateur élec
démontable, particulièrem ent efficace, trique. Leur intérêt est indéniable.
L 'é q u ip e m e n t
Quoi d'autre ? Au cours de ces quelques de vingt-cinq ans, mais c'est surtout un
jours dans la nature, nous pourrons voir amoureux de la nature, qui vous fera par
comment faire du feu (même avec des allu tager sa passion. Ce n'est pas un « chef »
mettes, c'est tout un art que peu possèdent qui vous dira tout ce qu'il faut faire, ni une
et sans allumettes, on croirait de la magie !), « nounou » qui cherchera à vous sécuriser
comment tailler des couteaux de pierre, et à vous éviter les embûches du chemin,
fabriquer de la ficelle avec des fibres végé car ce sont elles qui nous font grandir. C'est
tales, com m ent s'orienter avec carte et avant tout un guide, qui vous aidera à
boussole, apprendre à lire le paysage, à découvrir les richesses de la vie au sein de
reconnaître les nuages, choisir un lieu de la nature, en vous faisant partager ses
bivouac et monter un abri, observer les connaissances.
étoiles, découvrir le chant des oiseaux... Plutôt que de diriger, il suggérera pour
arriver à un accord, à une décision de
La nourriture. Pour compléter notre groupe, même si ce processus peut
cueillette, nous emporterons un peu sembler lourd à certains, qui y verront
de farine complète, d'huile d'olive et une perte de temps. La porte est ouver
de sel. Cette base nous permettra d'aug te aux initiatives, mais si elles sont mal
menter l'éventail des plats sauvages heureuses (couper du bois vert, construire
que nous pourrons préparer. un énorme foyer, etc.), vous pourrez vous
attirer quelques remarques. Essayez de ne
Le groupe est généralement compris entre pas en prendre ombrage...
8 et 15 participants, mais il pourra nous
arriver d'accepter jusqu'à 20 personnes. Les difficultés. Nous ne les cherchons pas,
Vous vivrez une expérience de groupe enri mais, de par le fait même de l'expérience,
chissante, dans la mesure où vous accep elles viennent à nous. Et elles sont m ul
terez de vous y intégrer. tiples.
Le rythme du groupe sera déterminé par ■ La prem ière difficulté vient du chan
les plus faibles (souvenez-vous, il ne s'agit gement de nourriture : ce que vous mange
pas de faire des performances ; et qui sera rez sera très différent de votre alimentation
le plus faible dans ces circonstances telle habituelle, et peut-être votre organisme y
ment différentes ?). réagira-t-il, car les plantes sauvages sont sou
Des discussions pourront permettre une vent fortes. Vous aurez sans doute faim ! La
certaine harmonisation : si tous sont d'ac quantité sera moindre que dans votre vie de
cord, les plus m atinaux peuvent par tous les jours, mais vous savez bien que vous
exemple réveiller les autres et permettre mangez trop, car l'habitude (« il est midi ») et
de démarrer plus tôt la journée. les compensations affectives viennent se
mêler à vos besoins réels. Il est possible
Des moments de solitude existe que vous ressentiez de la faiblesse, voire
ront aussi : mettez-les à profit pour une hypoglycémie, ce qui est sans dan
réviser les plantes que vous aurez ger pour une personne en bonne santé
vues, pour écouter la nature (le matin, (rappelez-vous que vous devez l'être pour
avant que les autres ne se lèvent...), pour venir avec nous).
vous retrouver avec vous-même. Dans la Mais une fois que vous serez habitué à
mesure du possible, nous passerons une cette nouvelle nourriture, vous vous ren
demi-journée en solitaire pour que chacun, drez compte que de petites quantités suffi
après quelques jours, puisse faire le point ront à vous procurer l'énergie nécessaire :
de sa relation personnelle avec la nature, les plantes sauvages sont remarquablement
avec les autres, avec lui-même. nutritives, et l'on ne se nourrit pas que de
L 'anim ateur est u n professionnel, qui substances physiques... En plus, vous
conduit des « survies douces » depuis plus découvrirez un sentiment de légèreté, ce
Renseignements pratiques ■
jjç
qui est le seul moyen de s'accorder aux actuelle, nous sommes habitués à toujours
fines vibrations de la nature. être en train de « faire » quelque chose, dans
Pour la plupart des personnes, une transi un monde où tout doit aller vite, où des
tion de deux ou trois jours s'avérera néces in fo rm a tio ns, continuellem ent, nous
saire. Elle sera plus ou m oins difficile, assaillent de toute part. Le calme crée un
suivant l'état de l'organisme et l'adaptabi- vide. Là aussi, soyons-en conscients.
lité aux changements. Attendez-vous à ■ La faiblesse due à la faim, au manque de
perdre du poids. sommeil, le sentiment d'insécurité et les
■ Le manque de sommeil se fera peut-être autres difficultés mentionnées plus haut
sentir, à cause du confort précaire, du chan risquent de provoquer de la m auvaise
gement d'habitudes, de l'environnement humeur, voire de l'agressivité. Il ne s'agit
un peu inquiétant, du froid... C'est une ques pas de réprimer ces sentiments, jugés néga
tion d'équipement et d'habitude. tifs : s'ils se manifestent, c'est qu'ily a une
■ Les conditions atmosphériques peuvent raison. Mais il est important de les remettre
être défavorables : le froid et la pluie sur dans une juste perspective en cherchant à
tout, en plus de leurs effets physiques désa voir d'où ils proviennent et ce qu'ils im pli
gréables, peuvent saper le moral. Un bon quent.
équipement est indispensable et une habi
tude de ces difficultés s'avère précieuse. Souvenez-vous que les difficultés font par
Souvenez-vous que dans notre recherche tie intégrante de l'aventure. N'en rejetons
de lieux beaux et forts, loin de la civilisa pas systém atiquem ent la faute sur les
tion, nos pas nous conduiront souvent en circonstances, ni sur « l'autre » (le groupe,
montagne, où le climat, même en plein été, l'animateur...), car nous y avons également
peut être rude et changeant. notre propre part de responsabilités.
■ L'effort physique pourra être ressenti L'admettre, le comprendre, puis dépasser
comme intense : marche, port du sac à ces difficultés, c'est cela qui nous aide à
dos, etc. Un bon entraînement est néces grandir.
saire.
■ La vie en groupe et son rythme, ressenti Comment réagissez-vous quand quelque
parfois comme trop lent, avec des temps chose ne va pas ? Pour y réfléchir un peu,
morts, peut être difficile à supporter. Cela regardez ce dessin.
fait partie des règles du jeu, alors soyez prêt
à y faire face, en exerçant votre patience et Pour vous, la bouteille est-elle à
votre esprit d'initiative : c'est à chacun moitié pleine, ou à moitié vide ?
d'entre nous de faire avancer les choses, Lorsqu'une difficulté surgit,
n'attendez pas qu'on vienne vous chercher, quelle qu'elle soit, il est très
proposez. Rien n'est m inuté : prenez le important d'en parler dès qu'el
temps de vivre chaque instant ! le est perçue à la personne
■ L'environnement différent de votre cadre concernée (vous le lui
de vie habituel et le manque de connais devez !), si quelqu'un est en
sances pour y faire face risquent de vous jeu, et en tous cas à l'anima
désëcuriser : on se sent tout petit devant la teur, qui est là aussi pour
nature, on a peur de l'inconnu... Soyez prêt vous aider à la surmonter -
à vivre l'imprévu, car tout ne sera pas pro pas forcém ent à l'éviter.
grammé, repéré à l'avance. Tâchez de deve Lorsque vous vous sentirez
nir conscient de cet éventuel sentiment en confiance dans le groupe,
d'insécurité en vous et d'en découvrir les dès qu 'il sera assez soudé,
causes. parlez-en ouvertement avec les autres :
■ Le manque de stimulations intellectuelles nous sommes là pour vivre ensemble cette
sera peut-être un problème : dans la vie aventure !
140 V i v r e en p l e i n e nature
En fin d'après-midi, nous arrivons à notre lieu de groupe, car je n'aurais pas osé vivre seule cette
' bivouac : une pelouse entourée de buis et de aventure, et je discute encore avec quelques per
frênes, et en contrebas une source étonnamment sonnes avant de m'endormir sous les étoiles.
abondante pour ce pays sec.
Malgré la fatigue de la marche, la plupart des Les jours suivants se passent à parcourir les mon
membres du groupe sont prêts à s'activer. Cer tagnes, de crêtes ventées en vallons profonds où
tains vont chercher du bois et préparent le feu. coulent de frais torrents. Nous profitons souvent
D'autres montent un bivouac à partir de toiles de de l'occasion pour nous baigner. Ces intermèdes
tente et de carrés de plastique retenus par des tonifiants permettent aussi de relâcher un peu les
cordelettes, car de gros nuages noirs sont appa tensions qui ne manquent pas de se produire.
rus vers l'ouest. De mon côté, j'ai choisi la cui Car la vie en pleine nature ne va pas sans diffi
sine. La première opération consiste à préparer cultés. Le changement d'alimentation n'est pas
arec de la farine une pâte dont nous confec toujours bien vécu par tous. Il n'est pas évident
tionnerons des chaussons farcis d'épinards sau non plus de ne pas pouvoir compter sur la sti
vages. Pendant ce temps, nous ferons cuire la mulation du café ou de la cigarette, ni sur celle
soupe et préparerons une salade composée de des innombrables habitudes qui comblent nos
nombreuses plantes. Des groseilles sauvages et vides. Nous nous trouvons face à la nature, certes,
une infusion de thym viendront clore ce repas, mais aussi face à nous-mêmes, à nos peurs, à nos
que j'aurais pu craindre plus frugal. obsessions et ce n'est pas toujours facile à vivre !
La nuit est tombée. Le cri de la chouette hulotte Mais les problèmes qui se posent sont faits pour
résonne avec régularité. François nous apprend à être surmontés. La clé de la survie - et de la vie
distinguer le cri du mâle, plus modulé que celui en général - réside dans l'adaptabilité. Et de
de la femelle. Réunis autour du feu, je lui deman toutes façons, les difficultés ne peuvent effacer
de : « Pourquoi as-tu baptisé ces stages du nom les bons côtés de l'expérience : l'approche en
de survie douce? Je ne comprends pas bien le profondeur de la nature comme nous ne l'avions
terme.» jamais abordée, les amitiés qui se sont nouées, le
«Pour la plupart des gens, «survivre» signifie en partage quotidien, la découverte des plantes,
fait «sous-vivre», vivre douloureusement dans des l'apprentissage de techniques intéressantes...
conditions difficiles. Pour moi, vivre avec peu de Notre attitude face à la nourriture a aussi beau
choses, dans un environnement naturel, avec les coup changé : nous avons pu nous rendre comp
plantes, l'eau pure, le soleil, c'est «sur-vivre», vivre te qu'il est possible d'être plein d'énergie avec
plus intensément. J'en ai souvent fait l'expérien une quantité de nourriture bien moindre que
ce et j'ai voulu la partager. Quant à l'épithète, celle que nous ingurgitons quotidiennement. Avec
c'est pour bien me dém arquer des survies un sentiment de purification, de régénération et
«dures», de type commando, où chacun essaie de bien-être.
de sauver sa propre peau en se battant contre Cette semaine était surtout un grand bol d'air,
son environnement. Moi, je voudrais vous mon une sensation de liberté jamais vécue. D'émer
trer que la nature est une amie et que, lorsqu'on veillement envers ce qui nous entoure pour l'avoir
la connaît, on s'y sent mieux qu'ailleurs ». découvert d'une façon nouvelle. Le recul par rap
Malgré la nuit noire qui nous entoure avec une port à ma réalité quotidienne, l'impression de
force inhabituelle pour nous autres citadins, la m'être dépassée, le fait de me connaître un peu
nature ne m'apparaît pas comme hostile. D'avoir mieux m'ont permis d'acquérir une vision plus
été nourrie par elle ce soir et d'avoir appris à la claire sur certains problèmes personnels et une
connaître un peu par l'intermédiaire de ses plantes force pour mieux aller de l'avant dans ma vie.
y est sûrement pour quelque chose. Je suis
cependant contente de me trouver au sein d'un Nicole Bondu
142 V i v r e en p l e i n e nature
Plantes sauvages
comestibles
D a n s les pages qui suivent vous sont présentées 96 plantes parmi les plus fré
quentes dans nos régions. Afin de faciliter leur découverte, elles ont été classées
suivant le type d'environnement où elles poussent :
■Bords des chemins, champs, décombres................... 146
■Prairies......................................................................... 176
■Bois et ha ie s................................................................. 188
■Bords des eaux ............................................................ 215
■Midi et région méditerranéenne.................................221
■Montagnes ...................................................................227
■Littoral ......................................................................... 239
Á l'intérieur de chaque catégorie, les végétaux sont rangés par ordre d'impor
tance, en commençant par les plantes de base (nutritives, abondantes, particu
lièrement savoureuses, etc.) pour terminer par les condiments et les plantes de
moindre intérêt.
Chaque plante est décrite de façon précise et illustrée par un dessin au trait ou
par une photographie en couleurs. Son habitat est précisé et les utilisations de ses
différentes parties sont indiquées en détail. Pour passer à la pratique culinaire,
on se reportera au chapitre Cuisiner en pleine nature où figurent les recettes pour
accommoder toutes ces « bonnes herbes » - ainsi que celles de la liste complé
mentaire placée à la suite de l'herbier des plantes comestibles.
Pour faciliter l'emploi de ce guide, les plantes sont ensuite classées suivant les
parties que l'on utilise : racines, feuilles (salades, légumes cuits), jeunes pousses
et tiges, parties condimentaires (feuilles, graines, etc.), fleurs, fruits et graines.
Le symbole ® indique les préparations culinaires auxquelles se prête la plante.
Le symbole §sg indique les parties comestibles de la plante.
L'herbier des pages qui suivent ne saurait se substituer à un ouvrage de déter
mination spécialisé ou à un guide d'identification qui seuls permettront d'iden
tifier avec certitude les végétaux rencontrés.
Bonne cueillette.
Bords de chemins, champs, décombres
Stellaire
Stellaria media (Caryophyllacées)
Salade, légume
?Toutela plante.
Toute l'année.
Habitat
Jardins, bois, pieds des murs, etc., lieux
frais.
Utilisations
La Stellaire est certainem ent notre
meilleure plante à salade. Elle est extrê
m em ent tendre et possède u n délicieux
goût de noisette, elle pousse en abondance
et se rencontre presque partout.
Lorsqu'avec l'âge les tiges deviennent
filandreuses, il ne faudra cueillir que le
sommet des plantes, avec les doigts ou un
couteau. Il serait dommage de ne pas man
ger la Stellaire crue, m ais si l'o n en a
découvert tout un champ, pourquoi ne pas
la faire cuire en légume ou en fourrer des
chaussons ? Ah ! la succulente Stellaire.
Description
Petite plante à tiges étalées ou
dressées de 10 à 50 cm, carac
térisées par une ligne de poils
blanchâtres courant le long
de la tige entre chaque
groupe de feuilles. Celles-ci
sont opposées, longues
d'environ 1 cm, ovales et
pointues. Les petites fleurs
blanches ont cinq pétales
profondém ent divisés en
deux. La plante couvre gé
néralement le sol d'un épais
tapis vert.
1
Plantes sauvages comestibles 14 7
Chénopode blanc
Chenopodium album (Chénopodiacées)
Habitat
Jardins, champs, décombres, lieux incultes,
etc.
Utilisations
Ce légume antique (consommé depuis au
moins 10 000 ans) est souvent notre pro
vidence, car il est délicieux, nutritif et abon
dant. Les feuilles sont savoureuses en
salade ou cuites comme légume, en soupe,
en chausson, etc. Elles sont très riches en
protéines, en vitamines A et C, en calcium.
Lorsque les inflorescences sont encore
assez tendres pour être cueillies entre le
pouce et l'index, on les consomme comme
les asperges. Les graines peuvent être cuites
en céréales ou moulues en farine. Mais at
tention aux herbicides !
Description
Une des « mauvaises herbes » les plus (in
justement) haïes, à tiges de 20 cm à 1,20 m,
qui portent des feuilles ovales à contour for
tement sinueux, rappelant un peu une patte
d'oie, vert foncé en dessus et blanchâtres
en dessous : la face inférieure des feuilles
est recouverte d'une couche farineuse qui
permet de reconnaître facilement la plante
au toucher. Les longues grappes terminales
sont formées de minuscules fleurs ver
dâtres q u i don nent de petites graines
noires, luisantes.
148 Bord
Ortie
Urtìca dioica (Urticacées)
Habitat
Décombres, pieds des murs, jardins, lieux
fumés.
Utilisations
Contrairement à ce que pourraient croire
les non-initiés, l'Ortie a tout pour elle : facile
à identifier, disponible en quantité, savou
reuse et extrêmement riche en protéines
(8 % en poids frais, soit 40 % en poids sec :
autant que le soja ! et elles sont complètes)
ainsi qu'en vitamines A et C. Il est toujours
préférable de ramasser les pousses de l'Or
tie avec quelques feuilles terminales. Leur
goût est plus fin que celui des feuilles dé
veloppées. On les ajoute aux salades (mê
lées aux autres plantes, elles ne piquent
plus), on en fait d'in im ita b le s soupes,
bouillies, légumes, chapatis, chaussons...
S'il ne fallait garder qu'une plante, ce
serait l'O rtie ! Contre les piqûres :
le Plantain. La petite Ortie (Urtica urens)
est tout aussi comestible que la
grande Ortie décrite ci-dessous.
Description
Est-il utile de décrire l'Ortie, peut-
être la seule plante de notre flore
que l'o n peut reconnaître sans
hésiter par la nuit la plus noire ?
Avant tout, elle pique, et cela suffit
à la distinguer de toute plante qui lui
ressemble.
P la n te s sau vag e s co m estib les 149
Amaranthe
Amaranthus retroflexus (Amaranthacées)
Habitat
Jardins, champs, décombres, lieux incultes
(originaire d'Amérique du Nord).
Utilisations
La fréquence et les qualités de l'Amaranthe
en font l'un de nos meilleurs légumes sau
vages. Le goût des feuilles est peu pro
noncé, agréable, et celles-ci sont tendres :
elles servent à préparer de bonnes salades ;
mais l'Amaranthe est aussi un excellent lé
gume cuit. Les feuilles sont très riches en
protéines (plus que le soja), en vitamines
A et C et en sels m inéraux. Le som met
tendre des tiges avec les inflorescences se
déguste comme l'asperge. Les graines sont
bouillies comme céréale, ou moulues en
farine (les Aztèques en raffolaient !). Une
fois moulues, vous pouvez les ajouter à de
la farine pour faire des chapatis.
Description
Une de nos bonnes « mauvaises herbes »,
à tige de 20 à 90 cm, souvent rougeâtre,
portant des feuilles pétiolées à contour
ovale ou en forme de losange. Les minus
cules fleurs verdâtres sont groupées en
courts épis à l'aisselle des feuilles, et en
une longue grappe terminant la tige. Elles
donnent de petites graines aplaties, noires
et luisantes.
150
Mauve
Ma/va sylvestris (Malvacées)
Habitat
Bords des chemins, décombres, friches,
prairies.
Utilisations
Les feuilles de Mauve sont tendres et
agréables, de saveur très douce. Même
âgées, elles font d'excellentes bases de sa
lades. On peut aussi les faire cuire, en par
ticulier dans les soupes qu'elles épaississent
grâce à leur mucilage. C'est lui qui confère
à la Mauve ses propriétés adoucissantes et
laxatives, utiles en cas de constipation. Les
fleurs décorent m agnifiquem ent - et sa
voureusement -les salades. Les tout jeunes
fruits peuvent se manger crus ou cuits lors
qu'ils sont encore assez tendres. Les autres
espèces de Mauves (six dans nos régions)
se consomment de la même façon que
la Mauve sylvestre.
Description
Grande plante dépassant par
fois 1 m, à feuilles longue
ment pétiolées, incisées en
cinq lobes arrondis, vert
foncé, fréquemment tachées de
pourpre à la base. Les grandes
fleurs, groupées à l'aisselle des
feuilles au sommet des rameaux, pos
sèdent cinq pétales mauves à stries
plus foncées. Elles donnent de curieux
fruits circulaires que l'on nomme parfois
« fromages » - à cause de leur forme, non de
leur goût...
Plantes sauvages comestibles 151
Laiteron
Sonchus oleraceus (Composées)
Salade, légume
Feuilles.
Mars-octobre.
Habitat
Lieux incultes, jardins.
Utilisations
Les feuilles de Laiteron sont d'excellents
légumes sauvages. On les consomme crues
en salade lorsqu'elles sont jeunes et
tendres. Par la suite, il vaudra mieux les
faire cuire. Elles sont rarement amères,
mais si c'était le cas, il suffirait de les faire
bouillir à l'eau. Les petites capitules, en bou
tons ou en fleurs, s'ajoutent aux salades.
En plus du Laiteron maraîcher décrit ci-
dessous, on utilise de la même façon le Lai
teron des champs (Sonchus arvensis) et le
Laiteron âpre (Sonchus asper), très sem
blables. Mais avec l'âge, le Laiteron âpre
devient presque aussi piquant qu'un Char
don.
Description
Plante annuelle de 30 à 60 cm, à feuilles
divisées en nombreux segments bordés de
petites dents aiguës. Le segment terminal
est triangulaire. Les feuilles, de consistance
caoutchouteuse, embrassent la tige par
deux lobes. Les petites fleurs jaunes, toutes
en languette, sont groupées en capitules
terminaux qui ressemblent en petit à ceux
du Pissenlit. Les fruits surmontés d'une ai
grette forment comme chez ce dernier une
boule duveteuse caractéristique. Toute la
plante renferme un suc laiteux.
152 Bords de chemins, champs, décom bres
Rumex crépu
Rumex crispus (Polygonacées)
Habitat
Bords des chemins, talus, prairies.
Utilisations
Contrairement à celles des autres espèces
de Rumex, les feuilles du Rumex crépu sont
généralement peu amères et peuvent être
directement cuites comme légume sans
qu'il soit nécessaire de les faire bouillir à
plusieurs eaux pour en éliminer le tanin.
On peut même ajouter quelques jeunes
feuilles crues aux salades. Celles d'une
autre espèce, le Rumex pulcher, sont encore
moins amères. Et ce sont bien sûr d'excel
lents légumes cuits. La teneur en vitamines
A (plus que la carotte) et C (2 fois 1/2 plus
que le citron) du Rumex crépu est remar
quable. Il existe de nombreuses autres
espèces de Rumex mais - à part les
Oseilles -la plupart sont beaucoup
trop amères pour qu'on puisse
les manger sans préparation
(ébullition à plusieurs eaux).
Description
Grande plante pouvant
dépasser le m ètre,à
feuilles épaisses, vert
foncé, allongées et for
tement ondulées. Les
feuilles basales sont
munies d'un fort pétiole.
Les petites fleurs ver
dâtres sont rassemblées en
longues grappes lâches, au
sommet des tiges. Les fruits
sont tétraédriques, à angles vifs.
La plante possède une forte racine
pivotante, jaune à l'intérieur.
Plantes s a uv ag es c o m e s tib le s 153
Plantain lancéolé
Plantago lanceolata (Plantaginacées)
Habitat
Bords des chemins, prés, champs, jardins,
décombres.
Utilisations
Les jeunes feuilles sont assez tendres et,
coupées finement, s'ajoutent aux sa
lades. Crues, les feuilles de Plantain
ont une étrange saveur de cham pi
gnons, avec une légère amertume.
Toute l'année, elles servent à prépa
rer soupes, légumes, chapatis et chaus
sons. Deux autres espèces proches du
Plantain lancéolé, également très com
munes, s'utilisent de même : le grand Plan
tain (Plantago major) et le Plantain moyen
(Plantago media). Tous trois font partie de
la pharmacie d'urgence de la nature : leurs
feuilles sont remarquables en cas de piqûre
ou de blessure.
Description
Plante de 10 à 60 cm, aux feuilles toutes ré
unies à la base en une rosette dressée et
non pas étalée. Les feuilles sont allongées,
étroites, graduellement rétrécies à la base
et pointues au sommet. Elles sont parcou
rues par trois ou cinq nervures parallèles.
Les minuscules fleurs sont groupées en pe
tits épis serrés terminant les tiges grêles.
154 a
I Lamier
Lamium sp. (Labiées)
Utilisations
Les feuilles des Lamiers sont de bons lé
gumes. Les jeunes pousses tendres sont
ajoutées aux salades. On fera cuire les
feuilles plus âgées en soupe, en bouillies,
dans les chapatis ou les chaussons. Les
fleurs décorent joliment les salades. En plus
du Lamier blanc, on utilise de mêm e le
Lamier tacheté (Lamium maculatum), le
Lamier pourpre (L. purpureum ; prairies),
le Lamier jaune (L. galeobdolon ; bois) et le
Lamier amplexicaule (L. amplexicaule ; lieux
cultivés et incultes). Le Lamier blanc est
souvent nommé « Ortie blanche » ou « Ortie
morte », mais la ressemblance n'est que su
perficielle : l'Ortie appartient à une tout
autre famille.
Description
Il existe plusieurs espèces de Lamiers,
toutes comestibles. Le Lam ier blanc
(Lamium album) est très c o m m u n et
typique. C'est une plante à tige carrée de
20 à 60 cm, portant des feuilles opposées,
ovales, en cœur à la base et pointues au
sommet, fortement dentées, qui ressem
blent à celles de l'Ortie. De grandes fleurs
blanches à deux lèvres sont groupées à l'ais
selle des feuilles. Le Lamier blanc vit en co
lonies.
Plantes sauvages comestibles 155
Carotte sauvage
Daucus carota (Ombellifères)
Habitat
Champs, lieux incultes, bords des chemins.
Utilisations
La racine de la Carotte sauvage peut être
plus grosse que le pouce, charnue, tendre
et sucrée, mais il faut la ramasser de l'au
tomne de la première année de la vie de la
plante au printemps de la seconde, avant
que la hampe florale ne se développe. On la
consomme crue ou cuite. Les feuilles sont
ajoutées aux salades que décorent les fleurs.
Les fruits dégagent au froissement une
délicieuse odeur (de poire) et forment un
excellent condiment.
Description
Plante de 10 à 80 cm, velue, à rameaux
rudes au toucher. Les feuilles de la base
sont deux fois complètement divisées en
lobes plus ou moins dentés et découpés.
Les petites fleurs blanches s'épanouissent
de mai à octobre. Elles sont réunies en om
belles qui portent à leur base des bractées
divisées et souvent, en leur centre, une
grande fleur stérile rouge foncé. Les fruits
sont couverts d'aiguillons. La racine pivo
tante est généralement blanche et dégage
l'odeur bien connue de carotte. Les poils
hirsutes de la plante et son odeur caracté
ristique permettent d'éviter toute confu
sion avec la Ciguë.
156 Bord
Bardane
Arctium lappa (Composées)
Salade, légume
’ Racines, pétioles, jeunes tiges.
Racines : automne-printemps ; pétioles et
tiges : avril-juin.
Habitat
Lieux incultes, décombres, bords des che-
Utilisations
La racine de la Bardane est excellente, tant
au goût (légèrement sucré) que pour la
santé (effet dépuratif), et très nutritive grâce
à ses glucides. Mais pour éviter qu'elle ne
soit ligneuse, il faut la ramasser avant que
ne se développe la hampe florale, c'est-à-
dire de l'automne de la première année au
printemps suivant. On peut la manger crue,
cuite à l'eau ou sautée dans un peu d'huile.
S'ils ne sont pas trop amers, les pétioles,
coupés et pelés, se préparent de même.
Enfin, la tige encore tendre, coupée et pelée,
se déguste crue ou cuite comme un fond
d'artichaut, dont elle possède - en plus fin
- la saveur.
Description
Plante bisannuelle à
grandes feuilles ovales,
longuem ent pétiolées, b la n
châtres en dessous, en cœur à la
base. La tige ne se développe que la
seconde année de la vie de la
plante et peut atteindre 1,50 m ;
elle est fortement striée. Les pe
tites fleurs violacées sont réunies en capi
tules munis de crochets qui s'accrochent aux
vêtements et aux cheveux.
P la n tes sau vag e s co m estib les 157
Panais
Pastinaca sativa (Ombellifères)
Habitat
Bords des chemins, friches, prairies.
Utilisations
Les racines sont tendres de l'automne de
la première année de la vie de la plante au
printemps de la seconde, avant que la
hampe florale n'apparaisse. Ensuite,
elles deviennent ligneuses. Elles
sont riches en glucides, donc très
nutritives, et possèdent une sa
veur aromatique un peu sucrée
des plus agréables. On les
coupe crues dans les salades,
ou on les fait cuire en ragoût
avec d'autres plantes. Elles sont
particulièrement délicieuses sau
tées dans un peu d'huile. Les jeunes
feuilles peuvent être ajoutées aux sa
lades, les autres sont cuites en soupe, en lé
gume, en chapatis, en chausson. Les fruits,
aromatiques et piquants, sont un bon condi
ment - à employer avec modération !
Description
Ombellifère bisannuelle atteignant 1 m, à
feuilles divisées en 5-11 segments ovales
ou lobés. Feuilles et tiges sont velues. Les
fleurs jaunâtres sont groupées en ombelles
ayant de quatre à dix rayons assez inégaux.
Fruits ailés. Racine pivotante développée.
Toute la plante dégage au froissement une
odeur marquée.
158 Bords de chemins, champs, d éco m b res
Tussilage
Tussilago farfara (Composées)
Habitat
Terres remuées, bords des chem ins,
décombres.
Utilisations
Les fleurs avec leur tige se mangent crues,
dans les salades qu'elles décorent joliment.
Elles sont juteuses et aromatiques. On peut
aussi les faire cuire ou en fourrer des chaus
sons. Les toutes jeunes feuilles sont bonnes
en salades, m ais elles deviennent vite
caoutchouteuses, ce qui peut être évité en
retirant, en le roulant, le duvet de la face
intérieure -travail fastidieux. Elles font un
très bon légume cuit. Pour les chaussons,
il faut les précuire. La meilleure façon de
les accommoder est sans doute d'en faire
des beignets... Un vrai plat de fête !
Description
Le Tussilage présente la particularité de
montrer ses fleurs avant ses feuilles, dès
la fin de l'hiver. Les petites fleurs
jaune d'or sont groupées en ca
pitules solitaires portés par des
tiges rougeâtres, de 8 à 20 cm,
couvertes d'écailles. Les
feuilles, de taille variable,
sortent directement du sol.
Aussi larges que longues,
bordées de larges dents peu
saillantes, elles sont vert clair
en dessus, cotonneuses en
dessous.
Plantes sauvages co mestibles 159
Laitue sauvage
Lactuca semola (Composées)
i Salade, légume
^Jeunes pousses, feuilles.
Mars-octobre.
Habitat
Lieux incultes, bords des chemins, talus.
Utilisations
Les jeunes pousses sont tendres et
peuvent être ajoutées aux sa
lades, mais la Laitue sauvage
est amère ! Pour la consommer
en quantité, il faut la faire cuire
à l'eau pour en éliminer l'amer
tume. On pourra utiliser ainsi les
feuilles développées... si elles ne
sont pas trop coriaces. Une espèce voi
sine, la Laitue vivace (Lactuca perennis),
à fleurs bleues, n'est pas amère : c'est l'une
des meilleures salades sauvages !
Description
Plante de 50 cm à 1,2 0 m, à tiges dressées,
rameuses, m inces, portant quelques
feuilles, profondément divisées au bas de
la plante, entières vers le haut et de plus en
plus réduites. Toutes sont embrassantes et
bordées de dents piquantes. La nervure cen
trale porte en dessous une ligne d'épines
raides. Les petites fleurs jaunes, toutes en
languettes, sont réunies en capitules m i
niatures à l'extrémité des rameaux. Toute
la plante contient un latex blanc très amer.
160 Bords de chemins, champs, d éco m b res
Pourpier
Portulaca oleráceo (Portulacacées)
Habitat
Champs, jardins, lieux incultes.
Utilisations
Le Pourpier est avant tout une excellente sa
lade (c'est à ce titre qu'on l'a apprécié pen
dant des siècles). Feuilles, tiges, fleurs, tout
y est tendre, charnu, juteux, légèrement aci
dulé, succulent. On peut aussi le faire cuire
comme légume, en fourrer des chaussons,
ou préparer avec lui de délicieuses quenelles
(voir p. 32). Grâce à son mucilage, le pour
pier permet aussi d'épaissir les soupes.
Il est adoucissant et peut s'avérer laxatif en
grande quantité. Quelques variétés de Pour
pier sont cultivées comme légume pour
salade.
Description
Petite plante annuelle à
tiges et feuilles charnues,
dépourvues de poils. Ses tiges
rougeâtres rampent sur le sol,
atteignant 20-40 cm de lon
gueur. Les petites feuilles sont
opposées au bas des tiges,
alors que vers le haut elles
sont alternes ou groupées au
som met des rameaux. Elles Itillft
sont ovales, progressivement iïÿÇSil
amincies vers la base et comme
tronquées au sommet. Les fleurs
jaunes s'épanouissent de m ai à
octobre. Elles donnent de petits fruits
sphériques qui s'ouvrent par un
couvercle, libérant ainsi de nombreuses
graines noires et luisantes.
Plantes sauvages comestibles 161
Chicorée
Cichorium intybus (Composées)
Habitat
Bords des chemins, prés, friches.
Utilisations
Les racines de chicorée sont célèbres pour
leur em ploi comme succédané du café,
mais, pour qu'elles ne soient pas ligneuses,
il faut les récolter entre l'automne de la
première année de la vie de la plante et le
printemps suivant, avant que la hampe flo
rale n'apparaisse. On les coupe en rondelles
que l'on fait griller à sec dans une poêle en
remuant, pour en préparer ensuite une dé
coction. Les toutes jeunes feuilles sont
bonnes en salade, mais elles deviennent
vite amères et, pour les consommer par la
suite, il faut les faire bouillir dans plusieurs
eaux. On les m élangera avec d'autres
plantes pour préparer des légumes en
sauce, des chaussons fourrés, etc.
Description
Plante à feuilles disposées en rosette, pro
fondément divisées en lobes aigus - elles
ressem blent aux feuilles de Pissenlit.
La tige, qui peut atteindre 1 m, porte des
feuilles entières, de taille réduite. Ses nom
breux rameaux sont garnis de jolis capi
tules de fleurs bleues, toutes en languettes.
162 B o r d s de c h e m i n s
Lampsane
Lapsana communis (Composées)
Habitat
Jardins, lieux incultes.
Utilisations
Les jeunes rosettes de la Lampsane peu
vent se consommer en salade. Mais les
feuilles deviennent rap id e m e n t trop
amères, et il vaudra mieux les faire
cuire, en légume, en soupe, dans
des chapatis aux herbes ou des
chaussons fourrés. Dès que la
hampe florale se développe,
l'amertume devient intense,
et il est généralement néces
saire de faire b o u illir les
feuilles dans une ou deux eaux
avant de les consommer.
Description
Plante de 20 à 80 cm, dont les
feuilles de la base forment
une rosette. Ces feuilles sont
profondément divisées en
lobes de taille variable, avec
un lobe terminal très grand,
denté sur les bords, comme
coupé, ou en cœur à la base.
Presque toutes les feuilles sont
m unies d'un pétiole. Les feuilles
moyennes sont simples et dentées. Les pe
tites fleurs jaunes, toutes en languettes, sont
groupées par 8-12 à l'extrémité de rameaux
grêles, et forment une grappe composée au
sommet de la plante. Elles s'épanouissent
de mai à août.
P la n te s sau vag e s co m estib les 163
Brocoli sauvage
Cardaría draba (Crucifères)
Habitat
Bords des chemins, champs, lieux incultes.
Utilisations
Avant que les fleurs ne se développent (de
mars à ju in suivant les régions), les bou
tons floraux densément groupés au som
m et de la tig e ont l'a s p e c t de p etits
brocolis. On cueille alors tout le sommet
tendre de la plante, avec les feuilles su
périeures. Ces « Brocolis sauvages » se
mangent crus, ils sont assez piquants, ou
légèrem ent cuits dans très peu d'eau et
servis sim plem en t avec un file t d'huile
d'olive. Plus tard, on peut consommer les
feuilles, les fleurs (dans les salades) et les
graines (comme condiment).
Description
Plante de 30 à 70 cm, à tige dressée por
tant de nombreuses feuilles ovales, larges
(parfois plus de 2 cm), irrégulièrement den
tées, qui embrassent la tige par deux lobes
aigus et sont couvertes de petits poils. Les
petites fleurs blanches s'épanou issent
d 'a v ril à ju illet. Elles sont groupées en
masses aplaties au som m et de la plante.
Les fruits qui leur succèdent sont petits,
plus larges que longs, et ne contiennent que
deux graines.
164 Bûi décombres
Moutarde noire
Brassica nigra (Crucifères)
Habitat
Décombres, champs, bords des chemins.
Utilisations
Les feuilles de la Moutarde noire atteignent
souvent de grandes dimensions et une seule
plante peut suffire à nourrir plusieurs per
sonnes. On peut les ajouter crues aux sa
lades, q u 'e lle s re lè v e n t de leu r note
piquante, ou les faire cuire comme légume,
en soupe, etc. Leur saveur est ex
cellente. Les jeunes in flo res
cences, quand toutes les
fleurs sont encore en bou
tons, ressem b len t à des
B rocolis et s 'u tilisen t
comme tels. Les fleurs dé
coren t les salades. Les
graines écrasées servent
de condiment.
Description
Plante de 50 cm à 1,20 m, dressée,
à rameaux étalés portant des feuilles mu
nies d'un pétiole. Les feuilles inférieures
sont profondém ent divisées en plusieurs
segments un peu dentés, le terminal étant
beaucoup plus grand que les autres. Les
feuilles supérieures sont étroites et allon
gées, plus ou moins entières. Les fleurs ou
vren t de ju in à septem bre leurs quatre
pétales jaunes d'assez grande taille. Elles
sont rassemblées en grappes à l'extrémité
des rameaux. Sous les fleurs se dévelop
pent les fruits, courts et étroits, appliqués
le long de la tige. Ils renferm ent plusieurs
petites graines rondes, noires.
P la n tes sau vag e s co m estib les 165
Navet sauvage
Brassica cùmpestris (Crucifères)
Habitat
Lieux incultes, jardins.
Utilisations
Avant l'apparition de la hampe flo
rale, les racines sont ren flées et
charnues. On les consomme crues,
râpées ou coupées en morceaux, ou
b ien cuites. Leu r saveu r est p i
quante. Les feuilles form ent d'ex
cellents légumes cuits, soupes, etc.
L orsqu 'elles sont jeunes, on peut
aussi les manger en salade. Les inflo
rescences ressemblent à des brocolis,
plan tes très p roch es, et p eu ven t se
consom m er com m e tels, mais les fleurs
sont parfois amères. Les graines écrasées
s'em ploient comme épice à la façon de la
moutarde.
Description
Plante de 30 à 80 cm dont les feuilles à la
base sont réunies en rosette avant que la
hampe florale ne se développe. Ces feuilles
sont profondément découpées et allongés
- le te rm in a l beaucoup plus gran d et
arrondi -, plus ou moins dentés, et hérissés
de poils raides. Les feuilles supérieures,
gla b res et glauques, sont la rg e m e n t
em brassantes. Les fleurs épanouissent
leurs quatre pétales jaunes d'or d'avril à
juin. Elles sont groupées à l'extrémité des
rameaux au-dessus des fruits, étroits et
allongés, dirigés vers le haut.
166 Bords de chemins, champs, d éco m b res
Bourse-à-pasteur
Capsella bursa-pastoris (Crucifères)
Habitat
Bords des chemins, champs, décombres,
jardins.
Utilisations
Les racines se ramassent avec la rosette de
feuilles, avant que les tiges ne
se développent. Elles ont
une saveur de radis, et » s í.
on les con som m e
crues ou cuites. Les
meilleures feuilles, ;
et les plus abon- ;•
dantes, sont celles * »-
de la rosette. Elles ;
sont excellentes en
salade, où l'o n sent
bien leur goût de chou,
ou comme légume cuit, en
soupe, en chapatis, en chaus
sons. Le som m et tendre des in flo
rescences (boutons, fleurs et jeu n es
fruits) s'ajoute aux salades. Les graines,
très piquantes, s'emploient en condiment,
écrasées, comme celles de la Moutarde.
Description
« Mauvaise herbe » à tiges dressées, fili
form es, de 20 à 50 cm. Les feuilles infé
rieures form ent une rosette à la base de la
plante ; elles sont allongées et divisées en
nombreux segments. Les feuilles de la tige
sont simplement dentées et de plus en plus
petites vers le haut de la plante. Les petites
fleurs blanches sont disposées en grappes
allongées et donnent des fruits triangulaires
caractéristiques, remplis de petites graines
jaunes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 167
Sureau noir
Sambucus nigra (Caprifoliacées)
Habitat
Décombres, haies.
Utilisations
Les fleurs dégagent un agréable parfum.
On peut les ajouter aux salades, aux com
potes de fruits, préparer avec elles de déli
cieux beignets et en fourrer des chaussons.
Elles peuvent aussi parfumer l'eau des
gourdes ou faire une bonne infusion.
Il est possible de consommer quelques
fruits crus, m ais ils ne sont guère
agréables et peuvent m êm e devenir
vom itifs. Faites-les plutôt cuire en
compote ou en bouillie avec d'autres
fruits. Crevés à la chaleur, puis pressés
à travers un linge, ils donnent un ex
cellent jus de fruit qui peut être cuit en
« rob » (voir p. 38). Attention à la confusion
avec le Sureau hièble.
Description
Arbrisseau de quelques mètres de hauteur,
devenant parfois un petit arbre jusqu'à
10 m. L'écorce est couverte de lenticelles
liégeuses caractéristiques, et les rameaux
sont remplis de moëlle. Les feuilles, oppo
sées, sont composées de cinq à sept folioles
ovales, aiguës et dentées, dégageant au
froissem ent une odeur désagréable. Les
fleurs blanc crème, odorantes, sont réunies
en inflorescences aplaties et donnent de
petites baies noires, sphériques, remplies
d'un jus violacé.
168 Bor s. c h a m p s , d é c o m b r e s
Renoncule bulbeuse
Ranunculus bulbosus (Renonculacées)
Légume cuit
[ Renflement basai de la tige.
Mars-juin.
Habitat
Champs, prés, lieux incultes, bords des che
mins.
Utilisations
Toutes les renoncules (les boutons-d'or sont
des renoncules à fleurs jaunes) sont âcres
et irritantes à l'état frais. Elles sont donc
im m angeables ainsi, et m êm e toxiques,
mais une cuisson à l'eau perm et d'élim i
ner les substances nocives. Cela est parti
culièrement intéressant en ce qui concerne
la Renoncule bulbeuse, dont la tige renflée
contient des réserves de substances nutri
tives. Longuement trempé dans l'eau, puis
bouilli, ce faux « bulbe » peut se consom
m er salé ou sucré. Sa saveur rappelle celle
de la châtaigne, en plus fade. Ainsi préparé,
il n'est pas âcre du tout.
Description
« Bouton-d'or » commun de 5 à 60 cm, à
tige principale dressée, velue, renflée en
bulbe à la base. Les feuilles de la base sont
divisées en trois lobes profondém ent inci
sés ; le lobe du sommet est très aminci à la
base, com m e porté par un pétiole se
condaire. Les fleurs jaunes, isolées au
sommet des rameaux, s'ouvrent d'avril
à septembre, parfois jusqu'en octobre.
Les nombreux carpelles form ent une
masse arrondie au centre de la fleur.
P la n te s sau vag e s co m estib les 169
Coquelicot
Papaver rhœas (Papavéracées)
Habitat
Champs, bords des chemins.
Utilisations
Les jeunes pousses font de bons légumes,
sim plem ent cuits à l'eau ou préparés en
soupe, en chapatis ou en chaussons four
rés. Les pétales décorent magnifiquement
les salades de leur rouge éclatant. On peut
croquer les jeunes fruits encore verts et
tendres. Les graines sont riches en huile et
ont une agréable saveur de noisette. On
peut en saupoudrer les plats - elles sont en
core meilleures grillées - ou les écraser et
les mélanger à de la farine pour faire des
chapatis.
Description
Le Coquelicot est bien connu de tous, du
moins lorsqu'il est en fleur. Mais les jeunes
pousses se ramassent avant que la plante ne
fleurisse, et il faut donc savoir reconnaître
les feuilles. Elles sont généralem ent dé
coupées en segments allongés, aigus, inci
sés ou dentés. Chaque dent est term inée
par un p o il ra id e - toute la plan te est
d'ailleurs fortem ent velue. Les fleurs ou
vrent leurs pétales d'un rouge v if de mai
à juillet. Le fruit renflé en urne contient
de nom breuses petites grain es rondes
brunâtres.
170 fia
i Pariétaire
Parietaria officinalis (Urticacées)
Habitat
Murs, décombres, lieux riches en nitre.
Utilisations
Quel que soit son âge, la P a riéta ire est
tendre et peut s'ajouter aux salades. Sa sa
veur est peu prononcée. Elle fournit aussi
de très bons légumes cuits, peut-être un peu
fades - mais ce n'est pas toujours un dé
faut, car nombre de plantes sauvages ont
un goût très accentué que la Pariétaire adou
cit La plante entière se consomme : feuilles
et tiges - ces dernières se cassent comme du
verre. On en fait aussi d'excellents chaus
sons et chapatis. La Pariétaire est adoucis
sante grâce à son mucilage, et diurétique
du fait de sa teneur exceptionnelle en ni
trate de potassium. La Pariétaire appartient
à la même famille que l'Ortie mais, contrai
rement à sa cousine, elle ne pique pas.
Description
Petite plante de 20 à 60 cm, aux
tiges velues, rougeâtres, fra
giles, portant des feuilles op
posées, pétiolées, lancéolées,
d'un vert sombre mat. Elles
peuvent se coller aux vête
ments par leurs poils. Les
petites fleurs verdâtres, pré
sentes de ju in à octobre, îSf
sont réunies à l'aisselle des
feuilles.
o m estib ie 171
Silène enflé
Silene inflata (Caryophyllacées)
Légume
I
Savon
| ^ J e u n e s pousses.
Mars-mai.
Habitat
Bords des chemins, lieux incultes, prés, ro
chers.
Utilisations
Les jeunes pousses se ramassent au prin
temps. Elles ont une saveur sucrée très
agréable, rappelant le petit pois et l'asperge.
Elles sont excellentes simplement cuites à
l'eau puis égouttées et servies avec un filet
d'huile d'olive et un grain de sel. On peut en
ajouter quelques-unes crues dans les sa
lades, mais il est préférable de les cuire (à
l'eau) pour élim iner la saponine qu'elles
contiennent. La saponine est toxique si on
l'ingère ; en revanche, elle perm et de net
toyer comme le savon, et les racines du Si
lène enflé ont été employées de la même
manière que la Saponaire.
Description
Plante glabre et glauque de 10 à 90 cm, à
feuilles opposées, dém unies de pétiole,
ovales et allongées, aiguës au sommet, en
tières, un peu épaisses et charnues. Les
fleurs montrent de mai à septembre leurs
cinq pétales blancs ou rosés, profondément
échancrés. Le calice gonflé en forme d'outre
est terminé par cinq dents plus larges que
longues et orné de nervures en réseau. Les
enfants s'amusent à le faire claquer sur le
revers de leur main. Le fruit sec renferme
de petites graines noires.
172 &û s. d é c o m b r e s
Sédum
Sedum reflexum (Crassulacées)
Salade, légume
’ Feuilles.
Presque toute l'année.
Habitat
Rochers, murs, bois clairs et secs.
Utilisations
Les feuilles charnues et juteuses de la plu
part des sédums sont rafraîchissantes et
bonnes à ajouter aux salades, ou à grigno
ter telles quelles. On peut aussi les cuire
comme légume. Le sommet des tiges et les
jeunes pousses sont tendres, mais les tiges
elles-m êm es sont trop dures, et il faut
prendre soin d'en débarrasser les feuilles.
D'autres espèces de Sédum sont
excellentes mais, si elles sont
peu fréquentes, il ne fau
dra les ramasser qu'avec
parcimonie. Attention au
« poivre des m urailles »
(Sedum acre), dont la sa
veu r est extrêm em en t p i
quante, v o ire irritan te. C 'est un
sédum à fleurs jaune v if et à petites feuilles
rapprochées les unes des autres le long
de la tige.
Description
Petite plante de 15 à 40 cm, glabre dans
toutes ses parties, à feuilles cylindriques
caractéristiques, charnues et renflées, rem
plies d'un jus acidulé. Elles sont, suivant
les plantes, d'un vert jaunâtre ou bleuté.
Les jolies fleurs épanouissent leurs 6-8 pé
tales jaunes, aigus, de juin à août. Elles sont
groupées en inflorescences globuleuses à
l'extrémité des tiges.
sau vag e s co m estib les 173
Origan
Origanum vulgare (Labiées)
Habitat
Bords des chemins, talus, lieux secs.
Utilisations
Les sommités fleuries de l'Origan, et éven
tuellement les feuilles, form ent un condi
ment intéressant, à la saveur aromatique
très agréable, mais peu marquée. Il sent en
fait davantage qu'il n'a de goût, sauf par
fois dans le Midi. Il est donc toujours pré
férable de l'ajouter cru aux plats qu'il doit
parfumer : salades, soupes, légumes, etc.
Il ne faut pas craindre de l'em p loyer en
quantité. On peut par exemple en fourrer
exclusivement des chaussons. Les infusions
d'Origan sont très bonnes, mais le thé so
la ire (v o ir p. 3 7) qu 'on prépare avec la
p lan te est en core m e ille u r, car il en
conserve tout l'arôme. On nomme parfois
la plante « Marjolaine sauvage ».
Description
Plante vivant en petites colonies, à tiges
rougeâtres dressées, jusqu'à 80 cm, por
tant des feuilles opposées, ovales, briève
ment pétiolées. Tiges effeuilles sont velues.
Les petites fleurs rosées à deux lèvres sont
groupées au sommet de la plante en inflo
rescences denses, parsemées de bractées
ovales d'un beau rouge violacé. La plante
dégage au froissement une odeur agréable.
174
i Serpolet
Thymus serpyllum (Labiées)
Habitat
Talus, bords des chemins, bois clairs, lieux
secs.
Utilisations
Le Serpolet est un de nos meilleurs condi
ments en raison de la finesse de son par
fum. Mais celui-ci disparaît rapidement dès
que la plante est chauffée, car l'huile es
sentielle qu'elle contient est très volatile.
Aussi est-il préférable d'ajouter le serpolet
cru, à la fin de la cuisson, ou, bien sûr, dans
les salades. L 'in fu sion et surtout le thé
so la ire de S erp o let sont d élicieu x ; ils
p ossèd en t en outre la p ro p rié té d 'a g ir
fa vo ra b lem en t sur le systèm e nerveux
et de faciliter la digestion. Le parfum de
la plante varie selon les lieux. Il est souvent
à la fois plus fin et plus accentué en mon
tagne.
Description
Petite plante rampante à tiges ligneuses
formant des coussinets lâches plus ou
m oins étendus. Les feuilles sont très
petites, opposées, velues et démunies de
p é tio le s . Les fleu rs roses à étam in es
saillantes sont groupées en globuleuses à
l'extrémité des rameaux. Elles s'ouvrent de
juin à septembre. Toute la plante dégage
au froissement une odeur aromatique bien
marquée.
P la n te s sau vag e s co m estib les 175
Gratteron
Galium aparine (Rubiacées)
Habitat
Jardins, champs, taillis, haies.
Utilisations
Quand elles sont encore bien tendres, les
jeunes pousses peuvent être ajoutées, ha
chées, aux salades ou cuites en légume.
Leurs fruits fournissent un succédané du
café qui en a tout à fait l'odeur : ils sont
cueillis encore un peu verts, grillés à sec
dans une g a m elle, écrasés en tre deux
pierres et mis à bouillir dans de l'eau (voir
p. 38). Les amateurs de café se laisseront-
ils convaincre ? Remarquons d'ailleurs que
le café et le Gratteron appartiennent tous
deux à la m ême famille, ce qui pourrait ex
pliquer la saveur de ce dernier.
Description
Plante grimpant sur la végétation environ
nante grâce à ses longues tiges molles (jus-
qu'à 1,50 m), m unies sur leurs angles
d'aiguillons renversés. Les feuilles sont at
tachées par 6-8 sur la tige. Allongées et
étroites, rétrécies à la base, elles sont éga
lem ent bordées d'aiguillons. Les petites
fleurs blanches à quatre pétales pointus
sont réunies en petites grappes et donnent
des fruits presque sphériques couverts de
poils crochus qui leur permettent de voya
ger sur les animaux... ou les vêtements.
Prairies
Pissenlit
Taraxacum officinale (Composées)
Salade, légume
Racines, feuilles, capitules.
Racines et feuilles : presque toute l'année ;
capitules : avril-septembre.
Habitat
Prairies, friches, bois clairs.
Utilisations
Manger les pissenlits par la racine ? Déli
cieux et... très bon pour la santé. Coupez-les
en rondelles et faites-les sauter dans un peu
d'huile. Les jeunes feuilles : en salade, bien
sûr ; plus développées, ce sont d'excellents
légumes cuits, bourrés de protéines et de
vitam ines A et C. Et puis, décorez vos sa
lades avec les splendides capitules. Aucune
plan te ressem b la n t au P is s e n lit n 'est
toxique, mais certaines sont fort amères !
Description
Petite plante à racine charnue et profonde.
Les feuilles, toutes rassemblées en une
rosette dense, sont souvent profon
dém ent divisées en lobes aigus,
ou parfois presqu'entières. Les
tiges florales creuses portent
les célèbres capitules aux
fleurs jaune d'or toutes en
languette, puis les boules
de du vet c a ra c té ris
tiques. Toutes les par
ties renferment un latex
blanc. Feuilles et tiges
sont glabres, ce qui per
met d'éviter des confu
sions avec des plantes
voisines.
1
Plantes sauvages comestibles 177
Berce
Heradeum sphondylium (Ombellifères)
Habitat
Prairies, bords des chemins.
Utilisations
Les jeunes feuilles font de très bonnes sa
lades. D éveloppées, elles sont cuites en
soupe ou en légume ou préparées en cha
patis et en chaussons. Les jeunes tiges en
core ten d res sont ju teu ses, su crées et
aromatiques (avec un surprenant parfum
de mandarine). Elles se situent entre le lé
gume et le bonbon végétal, et l'on se doit
de les manger crues, coupées en morceaux
et pelées. Les inflorescences encore cachées
dans la gaine du pétiole sont coupées dans
les salades ou cuites à l'eau. Leur saveur
est très fine. Les fruits form ent un condi
m ent puissant. Il vaut mieux les écraser
pour bien les répartir. La Berce est tonique
et digestive.
Description
Grande Ombellifère dépassant souvent 1 m,
à feuilles très grandes, pétiolées, découpées
en segments larges et anguleux. Tiges can
nelées, couvertes de poils raides, comme
les pétioles largement engainants à la base.
Les fleurs blanches forment de grandes om
belles aplaties, aux pétales du pourtour plus
longs. Fruits ailés.
178 Prairies
Salsifis
Tragopogon pratensis (Composées)
Habitat
Prairies, bords des chemins.
Utilisations
La racine se ramasse de l'autom ne de la
prem ière année de la vie de la plante au
printemps de la seconde, avant que ne se
développe la tige et qu'elle ne devienne li
gneuse. On n'a donc que les feuilles pour
identifier le Salsifis. La racine est tendre et
légèrement sucrée. On peut la couper dans
les salades ou la faire cuire, à l'eau ou dans
un peu d'huile. C'est un légume savoureux
et très n u tritif grâce à ses glucides. Les
jeunes feuilles sont tendres et très bonnes
en salade. Il en est de m êm e des boutons
floraux, que l'on peut simplement grigno
ter au passage. Bien que riche en latex, la
plante n'est pas amère.
Description
Plante bisannuelle de 30 à 80 cm, à feuilles
très étroites, allongées et pointues,
embrassant la tige par leur base.
Tiges et feuilles sont glabres et
exsudent un latex blanc à la
coupure. Les fleurs d'un jaune
v if sont groupées en gros ca
pitules term inaux ressem
b lan t à des P issen lits peu
fournis. Comme ces derniers,
les Salsifis en fruits présentent
une grosse boule duveteuse. La
racine pivotante est développée.
P la n te s sau vag e s co m estib les 179
Marguerite
Leucanthemum vulgare (Composées)
Salade, légume
Feuilles et capitules.
Mars-août.
Habitat
Prés, champs, talus.
Utilisations
Auriez-vous songé à consommer les Mar
gu erites ? Ce sont surtout leurs jeu n es
pousses que l'on prendra plaisir à dégus
ter, crues dans les salades ou cuites comme
légume, brièvem ent dans un peu d'eau (la
cuisson à la vapeur serait l'idéal, mais elle
est difficile à mettre en œuvre en pleine na
ture). Les feuilles développées sont égale
m ent bonnes, mais elles sont longues à
ramasser. Quant aux capitules, ils décorent
jolim ent les salades et sont agréables à cro
quer. Feuilles et fleurs de la Marguerite ont
une saveur aromatique rappelant celle des
Chrysanthèmes, ses cousins, légume fort
apprécié en Extrême-Orient.
Description
Cette jolie plante de 10 cm à 1 m possède
des feuilles dentées ou divisées, élargies
vers le sommet et amincies vers la base, lé
gèrement charnues. Les tiges sont dépour
vues de feu illes sur une plus ou m oins
grande longueur au-dessous du capitule.
Celui-ci est une « marguerite » typique, com
posée de fleurs blanches en languette en
tourant de petites fleurs jaunes en tube. Il
s'épanouit de mai à septembre.
180 B o r d s d es c h e m i n s
Trèfle
Trifolium sp. (Légumineuses)
Salade, légume
’ Feuilles, inflorescences.
Avril-octobre.
Habitat
Prairies, bords des champs.
Utilisations
Les feuilles sont bonnes en salade, ou cuites
comme légume. Leur goût est agréable et
elles sont riches en protéines. Pour en fa
ciliter la préparation, il faut prendre soin de
ne ramasser que les folioles, sans le pétiole.
Les fleurs contiennent un nectar sucré que
les enfants aiment sucer. On ajoute les in
florescences entières aux salades - comme
décoration, mais aussi par plaisir et pour se
nourrir. Les petites graines pourraient être
récoltées et m ises à germ er ultérieure
ment.
Description
Tout le monde sait reconnaître les
trèfles à leurs feuilles composées
de trois folioles (parfois quatre,
voire cinq...), ovales ou allongées,
et à leurs inflorescences denses,
généralement globuleuses (parfois
a llo n g ées), com p osées de n o m
breuses petites fleurs roses, blanches
ou jaunes. Il existe près de soixante
espèces de trèfle dans nos régions,
toutes comestibles, mais les plus
intéressantes et les plus ré
pandues sont le trèfle des prés
ou trèfle rouge [Trifolium pra-
tense) et le Trèfle rampant ou
Trèfle blanc (T. repens).
Plantes sa uv ages comestibles 181
Pâquerette
BelUs perennis (Composées) j
(®) Salade, légume, chaussons, thé
Feuilles, capitules.
Feuilles : presque toute l'année ; fleurs :
printemps-automne.
Habitat
Prairies grasses et pelouses.
Utilisations
Les feuilles sont tendres, croquantes et lé
g è re m e n t arom atiqu es. On peut les
consommer crues en salade, à condition
d'y m êler d'autres plantes, car, seules,
elles ont généralem ent un arrière-
goût un peu âcre et tendent à irri
ter la go rge. Ce d ésa grém en t
disparaît après mélange ou à la
cuisson, et les Pâquerettes four
nissent un bon légume. Pour les
chaussons, il vaudra m ieux les
précuire. Leur avantage est d'être
présentes en toute saison. Les jolis
capitules servent à décorer les sa
lades et peuvent se consommer. Vous
pouvez aussi en préparer un thé so
laire léger ou les laisser macérer dans l'eau
de votre gourde qui sera, très légèrement,
parfumée.
Description
Petite plante à feuilles en forme de spatule,
toutes disposées en rosette à la base de la
tige florale, qui ne dépasse guère 10 cm.
Les capitules terminaux, solitaires, sont for
m és d'une couronne de fleurs ligu lées
blanches, souvent rosées, entourant un
« cœur » de minuscules fleurs jaunes en
tube. Qui ne connaît pas la Pâquerette ?
182 Prairies
Pimprenelle
Sanguisorba minor (Rosacées)
Habitat
Prés, pelouses, bois clairs, bords des che
mins.
Utilisations
Les jeunes feuilles sont très tendres et peu
vent s'ajouter en quantité aux salades. Plus
tard, le pétiole devient coriace, et il faudra
en retirer les folioles en faisant glisser la
feuille entre ses doigts. La Pimprenelle est
un délicieux condiment pour les salades,
les soupes, les légumes, etc., à utiliser crue
si l'on veut percevoir au mieux sa délicate
saveu r qui ra p p e lle éto n n a m m en t le
Concombre. La plante est légèrem ent as
tringente, et passe pour faciliter la diges
tion. Une espèce v o is in e , la Grande
Pimprenelle (Sanguisorba officinalis) peut
s'employer de même.
Description
Plante à tige dressée de 15 à 40 cm,
à feuilles composées de petites fo
lioles ovales, arrondies au som
m et et bordées de dents bien
m arquées. De nom breuses
feuilles form ent une rosette
dense à la base de la plante ;
quelques-unes se dévelop
p en t le lon g de la tige : le
nombre des folioles diminue
alors que leu r fo rm e s 'a l
longe. Les petites fleurs, d'un
vert pourpré, sont groupées en
épis denses au sommet des tiges.
P la n tes sau vag e s co m estib les 183
Alchémille
Alchemilla vulgaris (Rosacées)
Habitat
Prés, lieux humides.
Utilisations
Les feuilles peuvent être ajoutées aux sa
lades. Il est préférable de les ramasser
lorsqu'elles sont jeunes, car elles sont
plus tendres. Pour les consom m er
en légume, il faut les cuire à l'eau
afin d'en élim iner les tanins qui
les rendent astringentes. Cette
propriété fait de l'Alchém ille une
plante utile en cas de diarrhée,
mais les personnes constipées de
vront éviter de la consommer. En
montagne, deux cousines (Alchemilla
alpina, A. hoppeanà], aux feuilles pro
fondém ent découpées et soyeuses en
dessous, peuvent être ajoutées, avec parci
monie, aux salades.
Description
Plante de 10 à 40 cm, à feuilles au contour
presque circulaire, divisées en 7-11 lobes
réguliers, peu profonds, généralement den
tées en scie sur tout le pourtour, échancrées
à la base. Sur le bord des feuilles, de m i
nuscules ouvertures exsudent des goutte
lettes d'une eau végétale qui se rassemblent
dans la dépression centrale. Cette eau était,
paraît-il, employée pour leurs travaux par
les alchimistes, d'où le nom de la plante.
Les petites fleurs d'un vert jaunâtre, pré
sentes de mai à septembre, sont groupées
en inflorescences assez lâches au sommet
de la plante.
184 Prairies
Vesce
Vicia sativa (Papilionacées)
i Salade, légume
^Jeunes pousses, fleurs, graines.
Avril-juillet.
Habitat
Prés, champs, lieux incultes.
Utilisations
Les jeunes pousses peuvent être ajoutées
crues aux salades ou cuites comme légume.
Leur saveur est agréable. Les fleurs déco
rent les plats et se consomment. Les graines
encore vertes et tendres sont cuites à l'eau
pour en éliminer d'éventuelles substances
in d ésira b les, puis con som m ées
com m e les p etits pois. L o rs
qu'elles sont mûres et dures, il
faut les faire longuem ent
tre m p e r avant de les
mettre à cuire (plusieurs
heures) jusqu'à ce qu'elles
soient assez tendres. Elles
sont bonnes et nutritives.
Description
Plante grimpante de 30 à 80 cm, à feuilles
composées de 3-7 paires de folioles allon
gées, assez larges, atténuées à la base,
échancrées au som m et avec une petite
pointe très fine dans l'échancrure, entières.
Les feuilles sont terminées par plusieurs
vrilles qui s'accrochent sur la végétation
environnante. Les fleurs violettes sont
grandes (2-3 cm), groupées par deux - mais
parfois solitaires - à l'aisselle des feuilles.
Elles fleurissent de mai à juillet, puis pro
duisent des gousses allongées de 4 à 6 cm
de long, remplies de graines assez grosses.
Plantes sauvages comestibles 185
Chardons
(Composées)
Salade, légume
I
^Jeunes tiges, feuilles, réceptacles.
Avril-août.
Habitat
Champs, lieux incultes, bords des chemins,
etc.
Utilisations
Bien qu'épineux, la plupart des Chardons
sont com estibles - et parfois excellents.
Lorsqu'elles sont encore jeunes et tendres,
leurs tiges peuvent être coupées au cou
teau, délicatement débarrassées des feuilles
épin eu ses, p e lé e s et dégu stées telles
quelles : elles sont juteuses et plus ou moins
sucrées ou salées, souvent très savoureuses
et nutritives. Chez certaines espèces, les
épines bordant les feuilles peuvent être en
levées avec un couteau (ou des ciseaux) ; les
feuilles sont alors mangées en salade ou
comme légume. Avant que les capitules ne
s'ouvrent, leur « fond » (réceptacle) peut
être consommé à la façon des artichauts.
Description
Les chardons sont des plantes épineuses
appartenant à plusieurs genres de la famille
des Composées (Carduus, Cirsium, Silybum,
Galactites, etc.). Leur taille et leur aspect
sont variables, mais tous possèdent des
feuilles bordées d'épines piquantes (sauf
chez certains cirses ; voir p. 191 ) et des ca
pitules composés de petites fleurs généra
lem ent purpurines, toutes en tube.
186 Prairies
I Millefeuille
Achillea millefolium (Composées)
Habitat
Prés, bois clairs, talus, bords des chemins.
Utilisations
Les jeunes feuilles tendres peuvent être
coupées dans les salades, qu'elles parfu
m ent agréablem ent. Plus tard, elles de
v ie n n e n t un peu dures m ais, une fois
hachées, forment un bon condiment, aro
matique et plus ou moins amer. On pourrait
éventuellement les consommer en légume
après les avoir fait bouillir pour les rendre
moins fortes. L'infusion des capitules a une
saveur trop prononcée. Ils sont en revanche
délicieux en thé solaire ou dans l'eau de la
gourde.
Description
Plante à tiges dressées de 10 à 80 cm,
à feuilles allongées, divisées en nom
breux segments très étroits disposés
dans des plans différents, ce qui leur donne
un aspect un peu touffu. Plusieurs feuilles
form ent une rosette à la base de la plante.
Les inflorescences ne sont pas des om
belles, mais des corymbes de petits ca
pitules composés de quelques fleurs
blanc crème en tube à l'intérieur et en
languette sur le pourtour. Toute la plante
dégage au froissem ent un agréable
arôme.
I
Plantes sau v ages comestibles 187
Ail sauvage
Allium scorodoprasum (Liliacées Amaryllidacées)
Habitat
Champs, terrains sableux.
Utilisations
Les feuilles sont un excellent condiment.
On les hache fraîches dans les salades, les
soupes, les légumes. Elles sont mélangées
à la pâte des chapatis aux herbes, ou aux lé
gumes servant à fourrer des chaussons.
Bulbes et bulbilles s'emploient comme l'ail,
mais les bulbes sont généralem ent d iffi
ciles à déterrer. Les fleurs décorent et par
fu m en t les plats. De n om b reu ses
espèces d 'A il sauvage peuvent être
employées. Toutes se reconnaissent
facilement à leur odeur. Attention
à ne pas les confondre avec des nar
cisses (voir p. 260).
Description
Plante à tiges de 40 à 80 cm, naissant
d'un bulbe p rofon d ém en t enfoncé. Les
feuilles, très allongées, sont aplaties, en
gainantes à la base, entourant la tige jusque
vers la m oitié de sa hauteur, étroites et al
longées, pointues au sommet et bordées de
très petites dents. Les petites fleurs roses
ou pourpres sont groupées en une ombelle
terminale, et mêlées de nombreux bulbilles
rougeâtres. Toute la plante répand une forte
odeur d'ail.
Bois et haies
Hêtre
Fagus silvático (Fagacées)
Habitat
Bois et forêts en climat frais.
Utilisations
Lorsqu'elles sont encore translucides, les
jeunes feuilles sont assez tendres pour être
mangées en salade, dont elles peuvent for
m er la base car leur saveur est très douce.
Mais elles deviennent vite coriaces. Les
faînes, riches en protides, en glucides et en
lipides (on en extrayait de l'huile), sont très
nutritives. On peut les grignoter comme les
noisettes, ou les faire griller et les ajouter à
la nourriture : elles sont excellentes ainsi.
Il est conseillé de ne pas trop en manger
crues, car elles pourraient provoquer des
maux de tête.
Description
Grand arbre au tronc généralement élancé,
à écorce gris clair, lisse même quand l'arbre
est âgé. Feuilles ovales, ondulées et bordées
de cils blancs. Issues de bourgeons en fu
seau étroit, brun, elles sont d'abord très
tendres, puis comme plastifiées. Les
minuscules fleurs femelles donnent
des fru its tria n g u la ires, les
« faînes », enferm ées dans une
coque hérissée de pointes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 189
Consoude
Symphytum officinale (Boraginacées)
Habitat
Fossés, prairies humides.
Utilisations
Les feuilles sont particulièrement intéres
santes par leur taille, leur abondance et
leurs qualités nutritionnelles - elles sont
riches en protéines et en vitam ine B 12.
Comme elles contiennent beaucoup de mu
cilage, elles p e rm e tte n t d 'é p a is s ir les
soupes ou les légumes. Chapatis ou chaus
sons à la Consoude sont très bons, mais les
beignets qu'on prépare avec la plante (col
lez deux feuilles avant de les tremper dans
la pâte) sont encore meilleurs : ils ressem
blent un peu à des filets de sole... Les par
ties so u terra in es son t e x trêm em en t
mucilagineuses mais peuvent se consom
m er cuites sous la cendre par exemple.
La con sou de re n fe rm e des a lca lo ïd es
toxiques pour le foie. Mais sa consomma
tion ne serait dangereuse qu'en excès.
Description
Plante vivant en colonies, couverte de poils
raides, à grandes feu illes (jusqu'à 40 x
15 cm), allongées et pointues, se prolon
gean t très lo n gu em en t sur la tige. Les
hampes florales, pouvant dépasser 1 m,
portent à leur sommet des groupes de fleurs
en form e de tube renflé en cloche vers son
extrémité, blanchâtres, jaunâtres, rosées
ou pourpres. La tige souterraine est épaisse
et charnue.
190 B o is et ha ie s
Chêne
Quercus sp. (Fagacées)
Légume, bouillie
’ Amande des glands.
Septembre-octobre.
Habitat
Bois, forêts.
Utilisations
Les glands sont riches en glucides, ainsi
qu'en protides ; ils peuvent donc jouer le
rôle de base alimentaire, comme ils le fai
saient souvent chez nos ancêtres du néoli
thique. M ais ils contiennent de grandes
quantités de tanin qui les rend amers et as
trin gen ts et p o u rra ien t p ro vo q u er des
troubles digestifs. Heureusement, le tanin
s 'élim in e facilem en t à l'ea u bouillante
(voire à l'eau froide par trempage prolongé)
et les glands cuits p eu ven t alors être
consommés entiers ou en bouillie, salée ou
sucrée (v o ir recette p. 35).
Bien préparés, ils form ent
un m ets n u tritif et savou
reux. Les glands de certains
Chênes verts sont doux, dépour
vus de tanin, et se consomment crus
ou cuits à la façon des châtaignes.
Description
Les glands des d iffé re n ts
Chênes sont comestibles. Ces
arbres se d ivisen t en deux
grands groupes dans nos ré
gion s : les Chênes à fe u ille s ca
duques, dont les feuilles lobées sont
caractéristiques ; les Chênes à feuilles
persistantes de la région m éditerra
néenne, com m e le Chêne vert ou le
Chêne-liège. Les glands sont de toute
façon reco n n a issa b les par eux-
mêmes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 191
Cirse potager
Cirsium oleraceum (Composées)
Habitat
Bois humides, bords des eaux.
Utilisations
Les racines se mangent crues ou
cuites lorsqu'elles sont encore
tendres. Les feuilles sont bonnes
dans les salades, ou cuites en lé
gume, en chapatis ou en chaus
sons. Leur saveur est agréable,
assez peu prononcée. Le pétiole
et la nervure centrale peuvent
être utilisés com m e les bettes à
carde. Les jeunes tiges tendres sont
excellentes telles quelles, après avoir
été coupées et pelées : elles sont ju
teuses et croquantes. Les réceptacles sont
de minuscules fonds d'artichaut, mais il
faut s'armer de patience pour les déguster.
Description
Grand chardon non épineux, à feuilles ba-
sales pétiolées, largement lancéolées et plus
ou moins incisées en segments aigus, for
mant une rosette développée. Les feuilles
supérieures n'ont pas de pétiole. Toutes
sont d'un vert clair, molles et bordées de
cils non épineux. Les tiges, atteignant jus
qu'à 1,20 m, portent des capitules de fleurs
jaune pâle, toutes en tube, entourées de
feuilles en forme de coupe.
192 Bo is et h a ie s
Tilleul
Tilia cordata (Tiliacées)
Habitat
Bois, forêts, parcs.
Utilisations
Lorsqu'elles sont encore translucides, les
feuilles de Tilleul sont très tendres et for
ment d'excellentes bases de salades. Leur
saveur est peu prononcée (ce qui est un
avantage, car les légumes sauvages sont
souvent forts). Elles sont très mucilagi-
neuses : tout le monde n'aime pas cette
consistance, mais c'est pour cela que
les feu illes sont adoucissantes et
q u 'e lle s ép a ississen t les
soupes. Les fleurs font bien
sûr des infusions parfumées
et calmantes (à moins qu'on en
mette trop : elles deviennent exci
tantes) ; mais, fraîches, on peut aussi
les ajouter aux salades.
Description
A rbre pouvant atteindre une grande
taille, à feuilles pétiolées, larges, de
contour presque arrondi, mais en
cœur à la base et aiguës au som
met, dentées en scie. Les fleurs
verdâtres, au parfum suave, sont
groupées par 3-7, et leur pédon
cule com m u n est soudé à une
bractée caractéristique. Les petits
fruits qui leur succèdent sont globu
leux et couverts d'un fin duvet.
I
Plantes sau v ages comestibles 193
Conifères
(Pinacées)
Habitat
Bois, forêts, parcs.
Utilisations
Les jeunes pousses des Conifères se déta
chent sur le vert foncé du feuillage adulte.
Elles sont tendres et délicieuses, coupées
dans les salades, où elles rem placent le
vinaigre grâce à leur saveur acidulée rap
pelant incroyablement le citron. De même
que ce fruit exotique, elles sont très riches
en vitamine C. Leur goût varie bien sûr sui
vant les espèces et m ême parfois suivant
les arbres, et il arrive qu'elles soient un peu
amères, mais toujours acidulées en même
temps. Les pousses donnent aussi d'excel
lentes infusions. Sous le nom de « bour
geons de sapin » on en préparait autrefois
un sirop expectorant... et délicieux.
Description
À l'exception de l'If, qui est toxique (voir
p. 265) les jeunes pousses des différents
Conifères de nos régions sont comestibles,
qu'ils soient natifs ou introduits. Parmi les
prem iers, il s'agit du Sapin (Abies albà],
de l'Epicéa (Picea abies), du M élèze (Larix
decidua) et des Pins (Pinus spp.) ; parm i
les seconds, des Cèdres (Cedrus spp.), du
Douglas (Pseudotsuga m enziesii) et de
divers Pins, Sapins et Épicéas.
194 Bois et ha ie s
Églantier
Rosa sp. (Rosacées)
Habitat
Haies, lisières, coteaux, talus.
Utilisations
Les pétales décorent agréablement les sa
lades ; leur astringence les fait recomman
der en cas de diarrhée. Les cynorrhodons
sont une mine de vitam ine C (de 10 à 50
fo is plus rich es que le citro n ).
Lorsque les gelées les ont ramollis,
on peut en consom m er la pulpe
telle quelle en la pressant délica
tement entre les doigts - attention
au « poil à gratter ! » Au printemps
dans le Midi, la pulpe sèche est
délicieuse. Si les cynorrho
dons sont encore durs, il faut
les couper en deux, en reti
re r les « grain es », et les
faire cuire dans un peu d'eau : c'est
une remarquable sauce tomate.
On en prépare aussi d'excellents desserts.
Description
Il existe de nombreuses espèces d'Églan-
tiers ou Rosiers sauvages, que l'on recon
naît aisément : ce sont des arbrisseaux à
tiges souples armées d'aiguillons crochus
ou droits, à feuilles alternes divisées en
cinq à neuf folioles dentées. Les fleurs sont
de jolies petites roses simples à cinq pé
tales blancs, roses ou rouges, qui tombent
rapidement. Les faux fruits, ou cynor
rhodons, sont formés par le bout de la
tige qui devient rouge et charnu.
P la n te s sau vag e s co m estib les 195
Aubépine
Cratœgus lœ vigata (Rosacées)
Habitat
Haies, bois.
Utilisations
Les fruits sont fades et farineux, dou
ceâtres et légèrem ent astringents. Ils ne
sont pas excellents à consommer tels quels,
mais ils présentent le gros avantage d'être
à la fois abondants, faciles à ramasser et
très nutritifs. Ils peuvent servir à prépa
rer une purée, que l'o n relèvera avec
d'autres fruits, comme les cynorrho-
dons (voir p. 194) ou les prunelles
(voir p . 19 6 ), et un peu de m iel ou de
sucre. Les fruits, frais ou séchés et dé
barrassés de leurs noyaux, peuvent
être mélangés à de la farine pour faire
des chapatis. Les jeunes feuilles tendres
sont bonnes en salade.
Description
Arbrisseau épineux de taille variable, par
fois petit arbre de 4 m ou plus, à écorce gris
clair, longtemps lisse. Les feuilles sont mu
nies d'un pétiole, largem ent ovales, divi
sées en 3-5 lobes principau x, aigus au
sommet et profondément dentés. Elles sont
d'un jo li vert luisant. Les fleurs blanches
ou rosées sont groupées en grand nombre
à l'extrémité des rameaux. Leur splendide
floraison a lieu d'avril à juin suivant les ré
gions. Les fruits sont rouge v if ou sombre,
ovoïdes ou globuleux.
196 Bois et h a ies
Prunellier
Prunus spinosa (Rosacées)
Vinaigre, compote
amandes toxiques à dose élevée
l Fruits.
Septembre-décembre.
Habitat
Haies, lisières, coteaux, friches.
Utilisations
Avant que les gelées ne les adoucissent, les
prunelles sont généralement âpres, acides
et astringentes. Elles sont très désagréables
à consommer telles quelles, sauf sur cer
tains arbres. On peut les écra
ser et en extraire le jus à
travers un linge : c'est un ex
ce lle n t v in a ig re p ou r les
salades. Si l'on veut les cuire, en
compote, il faut avoir du m iel ou du
sucre, sinon le résultat est extrêmement
acide. L'amande contenue dans les noyaux
peut être consommée en petite quan
tité. Elle est nutritive, mais amère
et riche en acide cyanhydrique -
inoffensif à faible dose, toxique
et mortel à dose élevée.
Description
Arbrisseau de 50 cm à 2-3 m, à rameaux
très épineux, à écorce brun-noir ou gris
foncé, luisante. Les feuilles sont munies
d'un court pétiole, ovales, allongées, plus
larges vers le sommet, finem ent dentées
en scie sur les bords. Les petites fleurs
blanches décorent en grand nombre les ra
meaux en avril-mai ; elles sont isolées ou
groupées par deux. Des fruits globuleux de
petite taille ( 7-20 mm de diamètre) leur suc
cèdent ; ils sont d'un bleu noirâtre, recou
verts d'une pruine blanchâtre.
Pla n tes sau vag e s co m estib les 197
Tamier
Tamus communis (Dioscoréacées)
®) Légume
^ J e u n e s pousses.
Avril-mai.
Habitat
Haies, bois.
Utilisations
Les jeunes pousses se développent au prin
temps. On peut les ramasser sur la végéta
tion environnante alors que les tiges ont
déjà 1 m ou plus. Elles se cassent facile
ment entre le pouce et l'index. On les fait
cuire légèrem en t à l'eau pour les servir
avec un simple filet d'huile d'olive. Elles
sont souvent un peu amères. La plante dé
veloppée passe pour être plus ou moins
toxique et ses baies rouges sont dange
reuses à cause des saponines q u 'elles
contiennent. Les racines coupées et frot
tées sur un « bleu » le font disparaître.
Description
Plante grimpante à tiges grêles pouvant at
teindre 3 m de long, portant des feuilles
munies d'un long pétiole, en forme de cœur
renversé, larges, rétrécies en pointe aiguë
au som m et et dessinant à la base deux
larges oreillettes arrondies écartées l'une
de l'autre. Les feuilles sont luisantes en des
sus. Les petites fleurs verdâtres sont ré
unies en grappes lâches à l'aisselle des
feuilles. Elles sont toutes mâles ou toutes
femelles, et portées sur des pieds différents.
Les pieds fem elles portent des fruits glo
buleux et charnus, rouge vif.
198 Bo is et ha ie s
Houblon
Humulus lupulus (Cannabacées)
Habitat
Haies, lisières des bois, bords des rivières,
lieux frais.
Utilisations
L'extrémité des tiges reste longtemps assez
tendre pour être cueillie entre le pouce et
l'in d e x . Les jeu n es pousses sont alors
bonnes crues (croquantes, juteuses, aro
matiques et légèrement amères) ou cuites,
par exemple à l'eau avec une sauce blanche.
Les cônes renferm ent une poudre jaune
amère et parfumée, le lupulin. On peut s'en
servir pour préparer une tisane calmante,
mais il ne faut pas trop en mettre. Glisser
les cônes dans un sac en toile que l'on
glissera sous son oreiller aide à lutter
contre les insomnies.
Description
Plante de plusieurs mètres de long,
aux tiges molles grim pant sur la vé
gétation avoisinante au moyen de petits
crochets. Les feuilles, opposées, pétio-
lées, en cœur à la base, sont profondé
ment divisées en trois ou cinq lobes ovales
et pointus et ressemblent à des feuilles de
vigne. Elles sont très rugueuses au toucher.
Les fleurs mâles et fem elles sont portées
par des pieds différents. Les fleurs femelles
sont réunies en « cônes » caractéristiques
formés d'écailles jaune-verdâtre.
Plantes sau v ages comestibles 199
r
Egopode
Ægopodium podagraria (Ombellifères)
Habitat
Bois frais, haies, jardins.
Utilisations
Les jeunes feuilles qui se développent au
printemps sont très tendres et possèdent
une fine saveur aromatique. On peut en
faire de grandes salades, d'autant plus fa
cile m e n t que la plante, pou ssant en
groupes, est localem ent abondante. Jus
qu'en automne, les feuilles développées
peuvent être cuites en soupe ou en légume,
et servir à confectionner des chapatis aux
herbes ou des chaussons. On en retirera le
pétiole s'il est devenu trop dur. L'Égopode,
surtout dans sa jeu n esse, est l'u n des
meilleurs légumes sauvages.
Description
Belle plante de 30 à 90 cm, à feuilles infé
rieures munies d'un long pétiole de section
triangulaire, creusé en gouttière sur sa par
tie supérieure. Les feuilles sont composées
de plusieurs folioles, elles-mêmes divisées
en trois parties allongées, aux bords den
tés en scie. Les feuilles moyennes sont sim
plement divisées en trois. Les petites fleurs
blanches, groupées en ombelles composées
hémisphériques, s'ouvrent de mai à août.
Les fruits, allongés, sont glabres. La plante
se propage par sa tige souterraine ramifiée
et form e souvent d'importantes colonies.
200 Bois et ha ie s
Cormier
Sorbus domestica (Rosacées)
Fruit, compote
Fruits.
Septembre-octobre.
Habitat
Bois, haies, arbres isolés autrefois cultivés.
Utilisations
À la fin de l'été, les cormes sont vertes, sou
vent rouges sur une face, dures, amères,
astringentes et acides - on ne mord dedans
qu'une fois ! Mais elles deviennent très ra
pidem ent jaune brunâtre, m olles et cré
m euses, sucrées et d é lic ie u s e m e n t
parfumées : c'est alors l'un de nos meilleurs
fruits, grâce au miracle du blettissement.
Très riches en glucides facilem ent diges
tibles, les cormes sont extrêmement nutri
tives. Elles favorisent l'augmentation de la
vitamine B 12, ce qui est particulièrement
appréciable lorsqu'on ne consomme pas
de produits animaux.
Description
Arbre pouvant atteindre
de 15 à 20 m, à éco rce
grise, fissurée, portant
des feuilles composées de
13-17 folioles disposées sy
m étriqu em en t, allon gées et
dentées dans les deux tiers supérieurs
Les je u n e s fo lio le s sont cou vertes
en dessous de poils cotonneux qui
tom b en t avec l'â g e . Les fleu rs
blanches, groupées en coiymbes
composés à l'extrémité des
rameaux, s'ouvrent en mai-juin.
Elles donnent des fruits globuleux
ou en form e de poire, les cormes,
de 3-4 cm de diamètre.
Pla n tes sau vag e s co m estib les 201
Violette
Viola sp. (Violacées)
Habitat
Bois, lisières, haies.
Utilisations
Les feuilles peuvent s'utiliser pendant
la plus grande partie de l'année. Si
elles sont assez tendres, on les ajoute
aux salades, sinon on les fait cuire
en soupe, qu'elles épaississent par
leur m ucilage, en légume, en cha
patis ou en chaussons. Leur saveur
est un peu prononcée. Elles sont
quatre fois plus riches en vitamine C
que les citrons et contiennent plus de
vitamine A que les épinards. Odorantes
ou non, les fleurs s'ajoutent aux salades
qu'elles décorent joliment. Feuilles et fleurs
sont adoucissantes.
Description
Un grand nombre d'espèces de Violettes
poussent dans nos régions ; toutes sont co
mestibles. Ce sont de petites plantes por
tant des touffes de feuilles vert foncé en
form e de cœur, plus ou m oins larges et
pointues au sommet, munies de longs pé
tioles, velues. Les fleurs, violettes, mauves
ou jaunes, ra rem en t blanches, ont une
forme typique. Elles ne sont odorantes que
chez très peu d'espèces.
202 Bois et ha ie s
Cornouiller mâle
Cornus mas (Cornacées)
Fruit, conserves
|Fruits.
Septembre-octobre.
Habitat
Coteaux calcaires, haies et lisières, bois
clairs.
Utilisations
Les cornouilles sont d'excellents fruits, très
nutritifs en raison de leur teneur en glu
cides. Lorsqu'elles sont bien mûres, leur
pulpe est m olle, acidulée, sucrée et aro
matique - entre la cerise et la groseille. On
les mange crues de préférence. Avant ma
turité totale, les cornouilles sont acides. Si
elles le sont trop, il faudra les faire cuire...
à condition de pouvoir les édulcorer avec du
sucre ou du miel. On peut aussi les conser
ver dans une saumure (eau + sel), mais il
faut attendre plusieurs semaines avant
de les consommer. Le degré de ma
turité des Cornouilles se juge à leur
couleur qui passe de l'orange au rouge
vif, puis sombre, le stade le meilleur.
Description
Arbuste de 3 à 7 m, à feuilles opposées
vert clair, ovales et pointues, entières,
parcourues de nervures secondaires
co n v e rg e a n t ve rs le so m m et de la
feuille. Les petites fleurs jaunes, odorantes,
groupées en ombelles, s'épanouissent dès
l'hiver, avant les feuilles. Les fruits sont des
drupes de la forme et de la taille d'une olive,
rouge v if puis rouge foncé à maturité, ren
fermant un noyau allongé.
P la n tes sau vag e s co m estib les 203
Pulmonaire
Pulmonaria offíanalis (Boraginacées)
Habitat
Bois frais, lieux ombragés et humides.
Utilisations
La Pulmonaire est une proche parente de la
Consoude déjà étudiée et s'utilise de la
m ême manière. Les jeunes feuilles font de
bonnes salades, de préférence en mélange
avec d'autres plantes à cause de leurs poils.
Leur saveur ra p p elle un peu ce lle des
huîtres ! Les feuilles développées sont de
très bons légumes. Mucilagineuses, elles
permettent d'épaissir les soupes et se mon
trent adoucissantes, voire m ême laxatives,
propriété utile en cas de constipation. Les
fleurs décorent jolim ent les salades et peu
vent très légèrem ent parfum er l'eau des
gourdes.
Description
Jolie plante de 15 à S0 cm, à tiges couvertes
vers le sommet de poils rudes et hérissés,
de m êm e que les feuilles. Celles de la base
sont munies d'un long pétiole ; les autres
en sont dépourvues. Toutes sont ordinai
rem ent ponctuées de taches blanches ca
ractéristiques (mais pas toujours !).
À mesure qu'elles s'épanouissent, les fleurs
passent du rouge au violet puis au bleu.
Elles sont disposées en grappes courtes à
l'extrémité des rameaux.
204 Bois et ha ie s
Fraisier
Fragaria sp. (Rosacées)
Habitat
Bois, haies, talus.
Utilisations
Il sera it d om m a ge de co n so m m er les
fraises autrement que crues, mais il faudra
cependant les faire cuire si le risque d'échi-
nococcose est im portant dans la région
(voir p. 104). Ces « fruits » (il s'agit en fait de
l'extrémité renflée et charnue de la tige !)
sont parmi les meilleurs que nous propose
la nature. Moins connue pour être comes
tible et, il faut le dire, m oins bonne, la
feuille de fraisier peut s'ajouter aux salades
composées, aux soupes, aux légumes, etc.
Elle est particulièrement riche en vitamine
C et son astringence la fait recommander en
cas de diarrhée - et déconseiller en cas de
constipation.
Description
Le Fraisier est trop bien connu pour qu'il
soit utile de le décrire, d'autant qu'il ne peut
être confondu avec aucune espèce toxique.
M ais il existe en fa it trois espèces de
Fraisiers des bois (Fragaria collina, F.
elatior et F. vesca), toutes aussi déli
cieuses les unes que les autres. On
les confond parfois avec la Poten-
tille faux-fraisier (Potentilla fraga-
riastrum), mais qui ne produit pas
de fraises.
Pi an te s s a u v a g e s c o m e s tib le s 205
0
Epine-vinette
Berberís vulgaris (Berbéridacées)
Habitat
Coteaux calcaires, haies, bois clairs.
Utilisations
Lorsqu e les fe u ille s sont en core
tendres et translucides, souvent un
peu rougeâtres, on les ajoute avec
profit aux salades qu'elles relèvent
de leur saveur acidulée. On peut aussi
les grignoter telles quelles au cours de
la marche, car elles apaisent la soif.
Mais elles sont riches en acide oxalique
et il ne faudrait pas en consommer des sa
ladiers entiers. Les fruits ajoutés aux sa
lades y remplacent le vinaigre. C'est dire
s'ils sont acides ! On peut les faire cuire en
compote ou en bouillie, mais il faut les édul
corer au miel ou au sucre. On élimine les
pépins en passant la pulpe cuite à travers
un linge. Dans le passé, les gelées d'Épine-
vinette étaient réputées.
Description
Arbrisseau touffu, atteignant parfois 2 m, à
rameaux nombreux, munis de fortes épines
souvent disposées par trois. Les feuilles,
spatulées et bordées de cils effilés, sont ré
unies en touffes. Les fleurs à six pétales
jaunes, en grappes pendantes, s'ouvrent
en mai-juin, puis donnent des fruits allon
gés d'un rouge vif.
206 Bo is et ha ie s
Genévrier
Juniperus communis (Cupressacées)
Condiment, infusion
Jeunes pousses, « baies ».
Pousses : avril-mai ; « baies » : presque toute
l'année.
Habitat
Bois clairs, coteaux calcaires.
Utilisations
Les « baies de genièvre » sont d'excellents
condiments, en particulier pour aromati
ser le pâté de glands (voir p. 35). Il est pré
férable de les écraser avant de les ajouter.
Les chapatis parfumés au genièvre sont dé
licieux. Les cônes peuvent aussi être mâ
chés tels quels, ou p rép a rés en une
décoction digestive. Les jeunes pousses font
une bonne infusion et peuvent être ajou
tées aux salades lorsqu 'elles sont assez
tendres. Dans le Midi, on utilisera les cônes
du Cade (Juniperus oxycedrus). Attention : le
feuillage des autres Genévriers est toxique.
Description
A rb rissea u ou arbuste ju s q u 'à 6 m, à
feuilles étroites, allongées, coriaces, p i
quantes au sommet, portant sur leur face
supérieure une bande d'un vert bleuâtre.
Les feuilles sont réunies par trois sur les
rameaux. Les fleurs minuscules sont toutes
mâles ou toutes femelles, sur des pieds
séparés. Les plantes fem elles portent
des cônes globu leu x, charnus,
bleuâtres, communément appelés
« baies ». Les cônes m etten t
deux ans à mûrir.
Plantes sa u v a g e s comestibles 207
Génottes
Conopodium denudatum (Ombellifères)
Légum e
’ Racines, feuilles, fleurs.
Printemps.
Habitat
Bois et prés sur terrain s siliceu x dans
l'ouest, le centre et le m idi de la France.
Utilisations
Les tubercules ont une saveur agréable,
rappelant un peu la châtaigne. On peut les
consommer crus, mais ils sont meilleurs
cuits, sous la cendre, à l'eau ou dans
un peu d'huile. Riches en amidon,
ils sont très nutritifs. Il ne faut les
ramasser que là où les Génottes
sont abondantes. Feu illes et
fleurs peuvent aussi se consom
mer. La plante est parfois nom
m ée « N o ix de te rre », par
confusion avec une plante voisine
(Bunium bulbocastanum), qui s'uti
lise de même.
Description
Petite plante de 10 à 60 cm, à racine renflée
en tubercule arrondi, brunâtre. Les feuilles
inférieures sont deux-trois fois complète
ment divisées, de contour général triangu
laire, munies d'un pétiole très allongé. Les
feuilles moyennes sont divisées en lanières
linéaires. La tige grêle ne porte des feuilles
qu'à sa base et dans sa m oitié supérieure.
Elle se term ine par une om belle (parfois
plusieurs) de petites fleurs blanches qui
s'épanouissent en juin-juillet. Les fruits
sont allongés, luisants, noirs lorsqu'ils sont
mûrs.
208 Bois et ha ie s
Néflier
Mespilus germanica (Rosacées)
Fruit, compote
l Fruits.
À partir de septembre, pour consommer
en hiver.
Habitat
Bois et haies.
Utilisations
Avant d'être blettes, les nèfles, d'un brun
verdâtre, sont dures, amères et astringentes
- immangeables. En quelques semaines, le
blettissement les transforme en fruits suc
culents : crémeux, sucrés, acidulés et par
fumés, avec une saveur un peu vineuse !
Elles sont alors d'un brun rougeâtre et très
molles au toucher. Les nèfles contiennent
quelques gros noyaux durs. Grâce à leur
haute teneur en glucides très digestibles,
elles sont extrêmement nutritives. En outre,
elles régularisent les fonctions intestinales.
Description
Arbuste ou petit arbre jusqu'à 6 m, au tronc
et aux rameaux généralement tortueux, à
l'écorce brun rougeâtre, écailleuse. Les
feuilles, pétiolées, sont elliptiques et aiguës
au sommet, vert mat en dessus et couvertes
de poils cotonneux en dessous. Les fleurs,
iso lées au som m et des ram eaux, épa
nouissent en mai-juin leurs cinq pétales
blancs. Elles donnent des fruits globu
leux et tronqués, de 3-4 cm de dia
mètre, munis au som m et de cinq
longs sépales persistants.
Plantes sa u v ag es comestibles 209
Robinier (Acacia)
Robinia pseudacada (Légumineuses)
Habitat
Haies, taillis, parcs.
Utilisations
Les fleurs d '« Acacia», si parfumées, peu
vent s'ajouter aux salades, aux compotes
de fruits ; on peut en fourrer des chaussons.
Et pourquoi ne pas sacrifier à l'usage po
pulaire qui veut qu'on en fasse des beignets
p a rfu m és ? M ais il faut é v ite r de les
consommer crues en excès, car elles peu
vent donner la nausée. Surtout ne les
confondez pas avec les fleurs jaunes du
Cytise, qui sont toxiques m ême cuites. Les
boutons floraux du Robinier (c'est le véri
table nom de l'Acacia) se m angent en lé
gum e, cuits à l'e a u par exem ple. M ais
attention, les graines crues et l'écorce pas
sent pour être toxiques.
Description
Arbrisseau de quelques mètres, ou arbre
pouvant atteindre 20 m, suivant l'endroit
où il pousse, à rameaux garnis d'aiguillons
acérés disposés par deux à la base des
feuilles. Celles-ci sont composées de onze à
quinze folioles elliptiques, d'un vert un peu
bleuâtre. Les fleurs blanches de forme ty
p iq u e (p a p ilio n a c é e ) sont réu n ies en
longues grappes pendantes à la base des
feuilles. Elles répandent une odeur suave.
Les fruits sont des gousses aplaties d'un
brun foncé.
Attention à ne pas confondre l'acacia avec
le cytise (p. 262), dontles fleurs jaunes sont
très toxiques.
210 Bo is et h a ie s
Fragori
Ruscus aculeatus (Liliacées)
Habitat
Bois, haies.
Utilisations
Les jeunes pousses se développent au m i
lieu des touffes que forment les tiges. Elles
sont d'un violet foncé, luisant, et se cueillent
lorsqu'elles se cassent facilement entre les
doigts. On peut les manger crues, mais elles
sont amères. Leur saveur est par ailleurs
agréable. Elles sont généralement cuites et
servies avec un filet d'huile d'olive. Les
baies rouges sont toxiques du fait de leurs
saponines.
Description
Plante de 30 à 90 cm, à tiges dressées très
rigides, nues en bas et très rami
fié e s vers le haut, en tou ffes
denses. Les feuilles sont réduites
à de petites écailles. Des ra
meaux aplatis (cladodes), co
riaces et persistan ts, les
rem p la cen t. Ils sont
ovales-allongés, termi
nés en épine, entiers,
d'un vert sombre. Ils por
tent au centre de leur face
supérieure de petites fleurs
verdâtres, solitaires ou
par deux. Ces d ern ières
s'ép a n o u issen t de sep
tembre à avril. Toutes mâles
ou toutes fem elles, elles sont
portées sur des pieds différents.
Les pieds fem elles portent des fruits
globuleux, charnus, rouge vif, gros comme
une cerise.
Plant sauvages c estibles 211
©
Alliaire
AlUaria petiolata (Crucifères)
Habitat
Haies, taillis, lisières de bois, lieux frais.
Utilisations
L'Alliaire se consomme de préférence crue.
Ses feuilles ajoutées aux salades leur com
muniquent un appétissant parfum d'ail. On
peut aussi en faire des chapatis aux herbes
et en fourrer des chaussons mais, si l'on
veut ajouter l'Alliaire à des légumes, il vaut
mieux le faire en fin de cuisson car, en cui
sant, elle p erd son odeur d 'a il pour ne
conserver qu'une amertume peu agréable
- déjà nettem ent p erceptible lorsque la
plante est crue. Les fleurs décorent agréa
blement les salades, et les graines forment
une épice piquante, à saveur de moutarde.
On écrasera si possible les graines avant
de les utiliser.
Description
Grande plante pouvant atteindre 1 m, por
tant de larges feuilles pétiolées, largement
dentées, rappelant quelque peu l'Ortie. Les
petites fleurs blanches à quatre pétales en
croix s'ouvrent d'avril à juillet. Des fruits
alloués leur succèdent. Le plus sûr moyen
de reconnaître l'Alliaire est de froisser ses
feuilles entre les doigts : elle dégage une
odeur d'ail absolument caractéristique.
212 B ois et h a i e s
Oxalis
Oxalis acetosella (Oxalidacées)
Salade, soupe
|Feuilles et fleurs.
Presque toute l'année.
Habitat
Bois humides, lieux ombragés.
Utilisations
Toutes les parties de l'Oxalis sont acidulées
du fait de l'acide oxalique qu'elles contien
nent. Il est rafraîchissant de mâchonner
les feuilles et leurs pétioles en marchant.
On les ajoute aux salades, qu'elles relèvent
agréablement : elles y remplacent quelque
peu le vinaigre. Les fleurs font de jolies dé
corations acidulées. L'oxalis peut aussi être
cuit en soupe comme l'oseille.
Description
Petite plante de 2 à 8 cm, à feuilles munies
d'un long pétiole, partant toutes des ra
meaux souterrains. Lorsqu'ils tom
bent, les p é tio le s se ro m p en t
au-dessus de leur base, laissant de
petites aspérités sur les tiges sou
terraines. Les feuilles compor
tent trois folioles en form e de
cœur qui les font ressembler à
celles du Trèfle (sans q u 'ily ait
de rapport botanique entre ces
plantes). Les fleurs blanches vei
nées de rose se m o n tren t en
avril-mai. Elles sont isolées à l'ex
trémité de rameaux partant du som
met des tiges souterraines. Après les
fleurs printanières à corolle déve
loppée, qui ne forment que rarement
des fruits, se produisent des fleurs sans
pétale ou presque, qui fructifient toujours.
P la n te s sau vag e s co m estib les 213
Fougère aigle
Pterídium aquilinum (Polypodiacées)
© Légum e
^ ^ J e u n e s pousses.
Avril-mai.
Habitat
Bois, landes.
Utilisations
Lorsque les jeunes frondes sortent de
terre, elles sont enroulées dans le
haut, un peu comme des crosses de
violon. On les ramasse avant qu'elles
n'aient commencé à se dérouler, lors
qu'elles se cassent facilement entre les
doigts. On peut en manger un peu crues,
mais elles contiennent une substance qui
détruit la vitamine B 1. Il vaut donc mieux
les cuire, à l'eau, et les servir avec un filet
d'huile d'olive et une pincée de sel. Elles
sont gén éralem en t très bonnes. M ais il
arrive qu'elles soient amères et dégagent
à la cuisson une odeur d'amandes amères ;
dans ce cas, il ne faudra pas les consom
mer.
Description
Grande fougère pouvant atteindre 1,50 m
ou plus, à frondes munies d'un long pétiole,
robuste, brun noirâtre dans le bas, m on
trant une sorte d'aigle im périale si on le
sectionne obliquement. Les frondes déve
lop p ées sont très grandes, de contour
triangulaire allongé, deux à trois fois com
plètem ent divisées en segments triangu
laires, eux-mêmes découpés en lobes obtus.
Les parties reproductrices (sporanges) se
développent de juin à octobre sur le bord
des lobes. Les frondes naissent sur une tige
souterraine robuste.
214 Bois et ha ie s
Benoîte
Ceum urbanum (Rosacées)
Habitat
Bois, haies.
Utilisations
Les jeunes feuilles tendres peuvent être
ajoutées aux salades ou aux chapatis qu'elles
parfument légèrement. Les racines ont un
fort parfum de girofle et sont un très bon
condiment, en particulier pour les sauces
blanches ou les chapatis. On en fait aussi
d'agréables infusions. Elles
sont astringentes, ce qui, sui
vant le cas, peut être un bien
ou un mal (voir p. 98).
Description
Plante de 30 à 80 cm, à courte
tige souterraine portant des ra
cines assez épaisses qui déga
gent au froissement une nette
odeur de clou de girofle. Les
feuilles de la base sont divisées en cinq
à sept segments profonds, bordées de
dents aiguës, les deux in férieu rs
beaucoup plus petits et séparés des
autres. Les feuilles moyennes, très dé
veloppées, sont divisées en trois seg
ments et portent à leur jonction sur la tige
deux petites feuilles (stipules) à contour ar
rondi. Les fleurs montrent à l'extrémité des
rameaux leurs cinq pétales jaunes de mai
à septembre. Les fruits globuleux présen
tent de nombreuses arêtes, fortement cour
bées en S vers le sommet.
Bords des eaux
Cresson
Nasturtium officinale (Crucifères)
Habitat
Eaux claires et courantes.
Utilisations
La saveur typiquement piquante
du Cresson est toujours appré
ciée : on ajoute la plante crue
aux salades ou aux légumes,
ce qui permet de bénéficier au
mieux de son apport en vita
mine C. Mais le Cresson risque
d'être parasité par la douve du
foie (voir p. 104) : si des vaches
ou des moutons paissent à proxi
mité, il est im p ératif de le faire
cuire. On en fait bien sûr d'excel
lentes soupes, mais il est aussi très
bon en bouillie, en légume, en chapatis
ou en chaussons. Même cuit, le Cresson re
hausse la saveur des autres plantes.
Description
Plante aquatique à tiges molles rampant à
la surface de l'eau ou dans la vase, munies
de petites racines adventives blanches. Les
feuilles, d'un vert foncé luisant, sont divi
sées en cinq ou sept folioles arrondies, dont
la term inale est plus grande. Les petites
fleurs à quatre pétales blancs en croix ap
paraissent en été et donnent de courtes si-
liques (fruits typiques des Crucifères).
216 B o r d s d es e a u x
Valériane
Valeriana officinalis (Valérianacées)
Salade, infusion
’ Feuilles, fleurs.
Feuilles : avril-juillet; fleurs : juin-août.
Habitat
Fossés, bords des eaux, lieux humides.
Utilisations
Les feuilles s'ajoutent aux salades compo
sées, où leur légère amertume n'est pas
désagréable. Il faudra néanmoins ne pas
trop en mettre, et se conformer aux goûts de
chacun. Les petites fleurs décorent jo li
ment les salades, ou d'autres plats.
Elles aussi sont assez amères. Les
parties souterraines ont une
odeur prononcée qui est cen
sée attirer les félins. C'est un
excellent rééquilibrant du
système nerveux, efficace
contre les angoisses et les
insomnies. On peut les pré
parer en infusion ou simple
m en t les m âch er. Sait-on
jam ais?
Description
Grande plante dépassant géné
ralement le mètre, à feuilles op
posées vert sombre, profondément divisées
en nombreux segments allongés, bordés
de quelques dents peu profondes. Les pe
tites fleurs d'un blanc rosé sont groupées en
inflorescences arrondies au som m et des
tiges. Elles dégagent un léger parfum.
Les parties souterraines, brun pâle,
charnues, dégagent une forte odeur ca
ractéristique.
auvages co m estib les 217
Véronique
Veronica beccabunga (Scrophulariacées)
Salade, légum e
I
Feuilles et tiges.
Avril-septembre.
Habitat
Fossés, bords des cours d'eau, ou même
dans l'eau.
Utilisations
Feuilles et tiges de la Véronique aquatique
sont tendres et succulentes. On les ajoute
crues aux salades, qu'elles relèvent de leur
saveur légèrement piquante qui rappelle
le Cresson. C'est pour cela qu'on la nomme
parfois « cresson de cheval », le dernier
terme se référant à son amertume, rare
ment trop marquée pour être gênante. On
peut aussi faire cuire la plante, de préfé
rence avec d'autres légumes sauvages. Une
de ses cousines très proches, le Mouron
d'eau (Veronica anagallis-aquatica), se
consomme de même. Toutes deux sont
riches en vitamine C.
Description
Plante vivace de 20 à 60 cm de hauteur, à
tiges cylindriques charnues portant des
feuilles composées, brièvement pétiolées,
ovales et arrondies au sommet, bordées de
petites dents obtuses. Les feuilles sont assez
épaisses, charnues. Les jolies fleurs bleu
pâle à quatre pétales et deux étamines sont
réunies en longues grappes dressées, pre
nant naissance à l'aisselle des feuilles su
périeures. Toute la plante est glabre.
218 Bo rd s des eaux
Angélique
Angelica sylvestris (Ombellifères)
Habitat
Lieux humides, fossés, bois frais.
Utilisations
On ajoute aux salades les jeunes pousses
finement hachées, les tiges encore tendres,
coupées en morceaux et pelées, et les
jeunes inflorescences encore cachées dans
leur gaine. Elles sont trop aromatiques pour
être utilisées crues en grande quantité. Les
inflorescences peuvent être cuites à l'eau
et consommées avec un peu de sel et d'huile
d'olive. Les feuilles développées sont assez
coriaces et fortes : ce ne sont pas d'excel
lents légumes, mais elles sont bonnes dans
les chapatis ou les chaussons. Les fruits ser
vent de condiment. La plante est tonique
et digestive.
Description
Grande Ombellifère dépassant
souvent 1 m, à tige lisse, verte ou
fréquemment rougeâtre mais ja
mais tachetée. Les feuilles sont
composées de larges folioles vert
sombre, bordées de dents aiguës,
à pétioles élargis à la base, formant
une gaine renflée. Les petites fleurs
blanches ou rosées sont réunies en
larges ombelles hémisphériques. Fruits
ailés. Toute la plante dégage au froissement
une odeur aromatique.
P la n te s sau vag e s co m estib les 219
Menthe aquatique
Mentha aquatica (Labiées)
Condiment, infusion
I
Feuilles et sommités fleuries.
Presque toute l'année.
Habitat
Lieux humides.
Utilisations
La Menthe aquatique est un excellent condi
ment pour les salades, les légumes, les
soupes, les chapatis, etc. On en fait bien sûr
de délicieuses infusions et elle parfume
agréablem ent l'eau des gourdes. Les
autres espèces de Menthe que l'on ren
contrera peuvent servir aux mêmes
fins, mais toutes ne sont pas aussi plai
santes. Deux des espèces les plus cou
rantes, la Menthe à feuilles rondes
(Mentha rotundifolia) et la Menthe syl
vestre (Mentha longifolia), n'ont pas une
odeur très fine, et elles la perdent tota
lement dès qu'on les chauffe. Les deux
meilleures espèces sont la Menthe des
champs (Mentha arvensis) et la Menthe pou-
liot (Mentha pulegium).
Description
Plante de 30 à 85 cm, souvent teintée de
rougeâtre, plus ou moins velue, à tiges
dressées de section carrée portant des
feuilles opposées munies d'un pétiole, lar
gement ovales et dentées en scie sur les
bords. Les petites fleurs roses, rarement
blanches, sont réunies en masses denses,
globuleuses ou ovoïdes, terminant les tiges
et les rameaux. Toutes les parties de la
plante dégagent au froissement une forte
odeur de menthe.
220 B o r d s d es e a u x
Canneberge
Vaccinium oxycoccus (Éricacéesl
Compote
’ Fruits.
Automne-hiver.
Habitat
Tourbières.
Utilisations
Les canneberges sont agréablement aci
dulées lorsqu'elles sont bien mûres ; avant,
elles sont franchement acides et ne sont
guère agréables à manger telles quelles.
Même après les gelées, lorsque la plupart
des fruits ont disparu, on pourra encore en
trouver. Elles sont excellentes cuites en
compote avec du miel ou du sucre.
Description
Petit sous-arbrisseau
rampant, à tiges cou
chées et enracinées
dans leur partie infé
rieure, portant des rameaux
grêles s'élevant de 8 à 30 cm
au-dessus du sol. Les feuilles
sont très petites (5-7 mm de
long), persistantes, ovales, en
tières, à bords enroulés, vertes et lui
santes en dessus, blanches en
dessous. Les fleurs, d'un rose vif, sont
présentes en juin-juillet. Elles sont so
litaires ou groupées par 2-3, chacune
portée par un pédoncule presqu'aussi
fin qu'un cheveu. La corolle est formée
de quatre pétales renversés, presque sé
parés jusqu'à la base. Les fruits globuleux,
de 8 à 10 mm de diamètre, paraissent de
juillet à septembre et persistent souvent
tout l'hiver. D'un rouge vif au début, ils de
viennent foncés à maturité.
Midi et région méditerranéenne
Fenouil
Fœniculum vulgare (Ombellifères)
Habitat
Bords des chemins, lieux secs.
Utilisations
Les jeunes pousses, tendres et déli
cieusement aromatiques, sont l'une
des meilleures additions à faire aux sa
lades ou à toute autre préparation. Les
feuilles développées, débarrassées de
leur nervure centrale trop dure, s'em
ploient de même. Pousses et feuilles font
aussi de succulentes soupes, légumes,
chaussons, etc. Pour les tisanes et le « thé de
gourde », on préférera les fleurs au parfum
suave et chaleureux. Quant aux « grains »,
quel excellent condiment ! Le Fenouil est
stimulant et digestif.
Description
Plante atteignant plus d' 1 m, à feuilles trois
ou quatre fois divisées en fines lanières très
étroites et allongées, donnant au feuillage
un aspect vaporeux. Les petites fleurs
jaunes sont groupées en ombelles et don
nent des petits fruits grisâtres, allongés :
les « grains de fenouil ». Toute la plante dé
gage au froissement une forte odeur d'anis.
222 Mi d ra
Chondrille
Chondrilla juncea (Composées)
Salade
l Feuilles, extrémités des tiges, capitules.
Feuilles et tiges : printemps-été ; capitules :
juillet-septembre.
Habitat
Lieux incultes, décombres, bords des che
mins.
Utilisations
Ramassées au printemps, les rosettes de
feuilles de la Chondrille fournissent l'une
des meilleures salades sauvages. Elles sont
tendres et croquantes sans être amères.
Plus tard, elles se dessèchent, mais on peut
ramasser les extrémités des tiges lors
qu'elles sont encore tendres et les ajouter
aux salades. Le latex qui s'en écoule n'est
pas amer. Les jolis capitules décorent les
salades.
Description
Plante de 30 cm à 1 m, à tiges
dégingandées, glabres en haut,
hérissées de poils durs ro
sâtres à la base. La rosette
dense de feuilles profon
dément découpées (res
semblant à celles des
Pissenlits) disparaît à la
floraison. Les petits capi
tules de fleurs jaunes en
languette sont groupés par
2-4 à l'extrémité des tiges
Toutes les parties de la plante
renferm ent un latex blanc
caoutchouteux.
es s a u v a g e s c o m e s t i b l e s 223
Arbousier
Arbutus unedo (Éricacées)
Habitat
Bois, rochers, surtout dans le Midi.
Utilisations
Les arbouses mûres sont molles et su
crées, mais ont moins de goût que si on
les cueille un peu avant maturité, d'un
rouge encore orangé. Ce ne sont pas
les meilleurs fruits qui soient, mais
elles sont agréables à consommer
telles quelles, à condition de ne pas en
abuser car elles deviendraient écœu
rantes. On peut les faire cuire en com
pote ou éventuellement en fourrer
des chaussons.
Description
Arbrisseau ou petit arbre de 1 à 4 m, à
écorce rouge brun se détachant en écailles
minces et à jeunes rameaux velus et rou
geâtres. Les grandes feuilles coriaces, per
sistantes, sont munies d'un court pétiole.
Elles sont ovales-allongées, aiguës, et ré
gulièrement dentées en scie sur les bords,
d'un vert foncé luisant. Les fleurs en gre
lot, blanchâtres et vertes au sommet, sont
rassemblées en grappes terminales. Les
fruits globuleux rouges ont 1 ou 2 cm de
diamètre. Ils sont hérissés de petits tuber
cules en forme de pyramide. Fruits et fleurs
sont présents en même temps, d'octobre à
janvier.
224
Amélanchier
Amelanchier ovalis (Rosacées)
Habitat
Coteaux calcaires, secs et ensoleillés.
Utilisations
Malgré leurs nombreux pépins, les amé-
lanches sont délicieuses : tendres et ju
teuses lorsqu'elles sont fraîches, avec une
agréable saveur sucrée, elles prennent en
séchant le goût des raisins secs. Il est fré
quent qu'elles sèchent sur l'arbre : une au
baine à ne pas négliger. Elles sont
extrêmement riches en glucides, savou
reuses, et se conservent longtemps. On peut
éventuellement s'en servir pour édulcorer
des fruits acides que l'on veut faire cuire,
comme des prunelles ou des pommes sau
vages. Malheureusement, toutes les belles
fleurs qui couvrent l'arbre au printemps
ne se transforment pas en fruits...
Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 3 m, à rameaux
grisâtres portant des feuilles largement ellip
tiques, arrondies et dentées, d'un vert mat,
plus clair en dessous. D'avril à juin, il se
couvre de fleurs à cinq pétales longs et
étroits, qui le transformeront en une
splendide boule blanche. À la fin de l'été
apparaissent de petits fruits globuleux,
charnus, d'un bleu foncé qui ressem
blent un peu à des Myrtilles. Ils portent
à leur sommet cinq petits sépales aigus,
persistants.
P la n te s sau vag e s co m estib les 225
Pin pignon
Pinus pinea (Pinacées)
Am ande
’ Graines.
Toute l'année.
Habitat
Le long du littoral méditerranéen, par
petits massifs, et souvent planté.
Utilisations
Les amandes des graines, ou
« pignes », sont délicieuses et ex
trêmement nutritives (très riches
en lipides, en protéines et en glu
cides). C'est une véritable aubaine
que de pouvoir s'en procurer. On les
mangera telles quelles ou grillées, avec
une salade ou des légumes. Il est rare de
les trouver en suffisance sur le sol. Il faut
aller chercher les cônes encore fermés sur
l'arbre, les empiler, les entourer de bois
(assez, mais pas trop !) que l'on fait flam
ber : les écailles s'entrouvrent, et il est alors
facile d'extraire les graines qu'il ne reste
plus qu'à casser délicatement entre deux
pierres.
Description
Bel arbre pouvant atteindre de 20 à 30 m,
à large cime aplatie, très étalée, à écorce
brun-rougeâtre, crevassée, écailleuse. Les
feuilles, réunies par deux, sont vertes, co
riaces, très étroites et allongées, atteignant
de 8 à 15 cm de longueur. Gros (de 10 à
15 cm de long), presque globuleux, d'un
brun rougeâtre luisant, les cônes sont iso
lés ou groupés par 2 ou 3 sur des rameaux.
Les graines qu'ils contiennent sont aussi
très grosses (de 1,5 à 2 cm de long).
226 Bo rd s de ch em in s, cham ps, d é c o m b re s
Asperge sauvage
Asparagus acutifolius (Liliacées)
Salade, légum e
'Jeunes pousses.
Mars-mai.
Habitat
Haies, buissons dans le Midi.
Utilisations
Les jeunes pousses de cette asperge appa
raissent au centre des touffes de tiges déjà
développées. Elles ressemblent à celles
de l'Asperge cultivée, mais sont plus minces
et d'un vert brunâtre foncé. Elles sont très
savoureuses et peuvent se grignoter crues,
s'ajouter aux salades ou se faire cuire. L'as
perge cultivée (Asparagus officinalis) se ren
contre également à l'état sauvage. Ses
courts rameaux sont souples, non
piquants, et ses fruits, rouges.
Qu'ils soient rouges ou
noirs, les fruits des As
perges sont toxiques du
fait de leurs saponines.
Description
Plante de 30 cm à 1 m, à
tiges dressées, ligneuses,
très rameuses, portant des
feuilles réduites à de petites
écailles, celles des rameaux
inférieurs étant munies d'un
court éperon épineux. À l'aisselle de
ces écailles sont groupés par cinq à douze
de très courts rameaux verts, raides et
piquants. Les petites fleurs jaunâtres, odo
rantes, s'ouvrent de juillet à septembre.
Elles sont toutes mâles ou toutes femelles,
et portées sur des pieds différents, ou par
fois hermaphrodites. Des fruits globuleux
noirs, de la taille d'un pois, leur succèdent.
Montagnes
Chénopode Bon-Henri
Chenopodium bonus-henricus (Chénopodiacées)
Habitat
Terrains fumés, surtout en montagne, en
particulier autour des chalets d'alpage.
Utilisations
Les feuilles fournissent l'un des plus abon
dants et l'un des meilleurs légumes sau
vages par leur saveur et leurs qualités
nutritionnelles. Elles sont parti
culièrement riches en protéines et
en vitamines. Les jeunes feuilles
sont mangées crues en salade, les
autres sont cuites en légume,
soupe, chapatis ou chaussons.
Leur goût est très agréable. Les
jaunes inflorescences encore
tendres sont cuites à l'eau ou sau
tées dans un peu d'huile. Les graines
peuvent se consommer sous forme de
céréale, ou écrasées en farine.
Description
Plante de 30 à 60 cm, vivant en colonies,
à larges feuilles triangulaires longuement
pétiolées, profondément échancrées à la
base. Leur face inférieure, surtout au som
met de la plante, est recouverte d'une très
fine poudre farineuse donnant une sen
sation d'humidité caractéristique. Les mi
nuscules fleurs verdâtres sont groupées en
épis terminaux assez denses et produisent
de petites graines noires luisantes.
223 Mo
Impératoire
Peucedanum ostruthium (Ombellifères)
Habitat
Prairies, bords des ruisseaux en montagne.
Utilisations
Les jeunes pousses sont très tendres et peu
vent être hachées dans les salades qu'elles
parfument. On peut aussi les consommer
en légume, de même que les feuilles, mais
il est préférable de les faire cuire à l'eau au
préalable car elles peuvent être trop aro
matiques. On peut ensuite, par exemple,
en fourrer des chaussons. Les fruits et les
racines peuvent éventuellement servir de
condiment ; ils sont toniques, stimulants
et digestifs.
Description
Belle plante de 40 à 70 cm, à tige creuse,
striée. Les feuilles inférieures sont trois fois
complètement divisées en folioles ovales
plus ou moins allongées, souvent décou
pées en lobes profonds, fortement dentées
en scie sur les bords, d'un vert vif. Le pé
tiole des feuilles supérieures est renflé en
forme de gaine. Les petites fleurs rosées,
réunies en grandes ombelles, s'ouvrent de
juin à août. Il n'y a pas de feuilles à la base
des rayons principaux. Les fruits sont
munis de deux ailes aplaties. Toutes les /
parties de la plante, surtout les fruits et [ •
les racines, dégagent au froissement l '
une odeur aromatique. \
P la n te s sau vag e s co m estib les 229
Bistorte
Polygonum bistorta (Polygonacées)
Habitat
Prairies humides en montagne.
Utilisations
Le rhizome est très riche en amidon, donc
très nutritif. Il contient malheureusement
aussi beaucoup de tanin, ce qui le rend trop
astringent pour pouvoir être consommé tel
quel. Il faut soit le laisser tremper plusieurs
jours dans de l'eau (courante si possible),
puis le cuire sous la braise, soit le faire
bouillir de longues heures en changeant
l'eau fréquemment. Malgré son grand in
térêt alimentaire, il n'est guère consom
mable. Les feuilles sont plus faciles à
utiliser : on les cuit en soupe, en bouillie, en
légume, et on en fait chapatis ou chaussons.
Elles ne sont ni coriaces, ni amères lors
qu'elles sont jeunes. Les graines de la Bis-
torte pourraient sans doute être
consommées.
Description
Plante vivant en colonies, à feuilles basales
pétiolées, larges et allongées, d'un vert mat
foncé en dessus, plus pâle en dessous. Les
feuilles supérieures n'ont pas de pétiole.
Les fleurs roses sont groupées en épis
denses, terminant des tiges dressées qui
atteignent 80 cm, et s'épanouissent de juin
à août. La tige souterraine est épaisse et
contournée, rose pâle à l'intérieur.
230 M o n ta g n e s
Habitat
Bois et prairies de montagne.
Utilisations
Les feuilles possèdent la saveur acide ca
ractéristique des Oseilles, légèrem ent
moins prononcée que chez l'Oseille com
mune. Crues, on les ajoute aux salades,
où elles remplacent le vinaigre, ou
on les grignote telles quelles car
elles sont rafraîchissantes. Cuites,
elles font d'excellentes soupes,
des légumes en sauce, des chaus
sons, etc. Il est préférable de les
m élanger à d'autres plantes.
En montagne, on utilise de même
l'Oseille en écusson (Rumex scuta-
tus) et, en plaine, l'Oseille commune
(Rumex acetosa) et la petite Oseille
(Rumex acetosellà).
Description
Plante de 30 cm à 1,20 m, à feuilles
assez grandes, allongées, ondulées
sur les bords et présentant deux
oreillettes obtuses écartées l'une
de l'autre. Les feuilles de la base
sont munies d'un long pétiole,
tandis que celles qui poussent le
long de la tige n'en ont pas. Les
petites fleurs verdâtres ou rou
geâtres sont disposées en
grappes terminales. Elles sont soit
mâles (sans pistil), soit femelles
(sans étamines), et portées par des
pieds différents.
1
comestibles. 231
Rumex alpin
Rumex alpinus (Polygonacées)
® Légume, compote
Feuilles (limbe et pétiole).
Mai-septembre.
Habitat
En grandes colonies autour des chalets
d'alpage et sur les reposoirs.
Utilisations
Par sa fréquence, son abondance et sa qua
lité, le Rumex alpin est l'une des plantes
les plus intéressantes de nos montagnes.
Le limbe de ses feuilles forme un excellent
légume, agréable au goût et nutritif. Il n'est
guère amer par rapport aux autres Rumex,
mais, si on le juge bon, on pourra le faire
bouillir dans une ou deux eaux. Les toutes
jeunes feuilles peuvent être ajoutées aux
salades. Quant aux pétioles, on les utilise
comme la Rhubarbe (la plante est parfois
nommée « rhubarbe des moines »), en com
pote, mais on peut même les manger crus :
ils sont juteux, acidulés tout en étant légè
rement sucrés, et très rafraîchissants.
Description
Grande plante de 2 5 à 90 cm, à feuilles mu
nies d'un long pétiole charnu, rougeâtre,
creusé en gouttière sur sa face supérieure.
Le limbe des feuilles est très largement
ovale, échancré en cœur à la base, obtus au
sommet, ondulé sur les bords. Il est mince,
d'un beau vert. Les petites fleurs verdâtres
paraissent de juillet à septembre. Elles sont
rassemblées en grappes serrées dont l'en
semble forme une longue inflorescence très
fournie.
232 Montagnes
Argousier
Hippophaë rhamnoides (Élaeagnacées)
V in a ig r e , j u s d e fru it
Fruits.
Septembre-mars.
Habitat
Lits caillouteux des torrents, dans l'est et
le sud-est de la France ; côtes sableuses de
la Manche et de la mer du Nord.
Utilisations
Le jus des fruits d'argousier est acide et aro
matique; sa qualité varie d'ailleurs d'un
pied à l'autre. C'est un excellent vinaigre,
qui fait merveille dans les salades. Mêlé à
de l'eau, le jus d'argousier fournit une bois
son très agréable, particulièrement rafraî
chissante. Pour l'extraire, il suffit de presser
les fruits à travers un linge, mais leur
cueillette est difficile : le mieux est de cou
per au couteau (l'idéal serait des ciseaux)
les courts rameaux qui les por
tent. Attention aux épines !
Description
Arbrisseau de 2 à
3 m, aux nombreux ra
meaux portant de solides
épines et des feuilles al
longées et étroites, dénuées
de pétiole. Les feuilles sont
vert sombre en dessus, d'un
gris argenté ponctué d'écailles
rougeâtres en dessous. Les pe
tites fleurs verdâtres sont por
tées suivant leur sexe sur des
pieds différents et les fleurs
femelles donnent des fruits
globuleux variant du jaune pâle à
l'orange foncé, remplis d'un jus
acide.
uvages comestibles 233
Myrtille
Vaccinium myrtillus (Éricacées)
Habitat
Bois et landes sur terrains siliceux, surtout
en montagne.
Utilisations
Les myrtilles, sucrées, aromatiques et ju
teuses, sont délicieuses crues, telles
quelles. Mais, en fait, leur qualité varie sui
vant les régions et leur stade de maturité :
avant d'être mûres, elles sont acidulées et
beaucoup moins parfumées. On peut aussi
en faire des compotes ou en fourrer des
chaussons, ce qui peut constituer l'un des
sommets gastronomiques de la vie en
pleine nature. Si l'on a le temps et que le so
leil est de la partie, on peut faire sécher les
Myrtilles en trop pour les consommer plus
tard.
Description
Sous-arbrisseau bien connu de 20 à 60 cm,
à rameaux anguleux portant des feuilles
non persistantes, munies d'un très court
pétiole, ovales-aiguës, finement dentées sur
le pourtour, d'un vert pâle. Les fleurs épa
nouissent leur corolle en grelot, presque
globuleuse, d'un blanc verdâtre et rosé, de
mai à juillet. Elles sont penchées, solitaires
ou groupées par deux à l'a isselle des
feuilles. De juillet à septembre, elles don
nent les fruits sphériques d'un noir bleuâtre
que tout le monde apprécie.
234 Montagnes
Épilobe
Epilobium angustifolium (CEnothéracées)
Habitat
Lisière des bois, en colonies.
Utilisations
Les jeunes pousses doivent être cueillies
lorsque la tige est encore souple et se casse
facilement entre les doigts, bien avant la
floraison. Plus tard, les feuilles sont trop
dures et la tige est ligneuse. Les
pousses sont excellentes cuites
à l'eau et servies avec une
sauce blanche. Lorsque la
tige est développée, on
peut la couper en tron
çons et en peler la partie
ligneuse pour déguster la
moelle juteuse et un peu
sucrée qu'elle contient. Les
fleurs décorent les salades,
font d'intéressantes infusions
et parfument l'eau des gourdes.
Description
Jolie plante de 50 cm à 1,50 m, à tige rou
geâtre portant des feuilles ovales-allongées,
pratiquement démunies de pétiole, poin
tues au sommet, entières, d'un vert mat
sombre en dessus, dressées. Les feuilles
entourent la tige, de façon très dense sur
les jeunes pousses. Les magnifiques fleurs
éclosent leurs pétales d'un rose pourpré de
juin à septembre. Elles sont disposées en
longues grappes terminales, effilées au
sommet. La floraison se prolonge long
temps de bas en haut sur la même grappe,
qui porte en même temps fruits, fleurs et
boutons.
P l a n t e s s a u v a g e s c o m e s t ib le 235
Sureau rameux
Sambucus racemoso (Caprifoliacées)
Sauce, desserts
Fruits.
Juillet-septembre.
Habitat
Bois des montagnes, en plaine dans le
Nord.
Utilisations
Les fruits du Sureau rameux, ou Sureau
rouge, ne doivent jamais être consommés
crus, car ils sont vomitifs si l'on en mange
plus de quelques-uns. En revanche, ils peu
vent servir à préparer de très bonnes
sauces, avec de la farine, et surtout d'ex
cellents desserts ; mais il faut disposer de
miel ou de sucre, car les fruits de ce Sureau
sont très acides. Il est préférable de les faire
crever sur le feu, puis de les passer sur un
linge pour éliminer les graines, et d'utili
ser le jus.
Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 4 m, à tiges
remplies d'une moelle blanche devenant
d'un brun-roux dès la deuxième année. Les
feuilles sont composées de 5-7 folioles
ovales, allongées, amincies en pointe au
sommet, dentées. Feuilles et tiges dégagent
au froissement une forte odeur. Les fleurs,
d'un blanc jaunâtre, sont réunies en
grappes ovoïdes. Elles s'ouvrent d'avril à
mai, avant le total développem ent des
feuilles. Les fruits sont mûrs dès le mois
de juillet, jusqu'en septembre. Ils sont d'un
beau rouge corail.
236 Montagnes
Carvi
Carum carvi (Ombellifères)
Condiment
’ Racine, feuilles, fruits.
Racine : automne-printemps ; feuilles : mai-
septembre ; fruits : juillet-octobre.
Habitat
Prairies des montagnes.
Utilisations
De la fin de la première année de vie de la
plante au printemps de la seconde, la racine
du Carvi est tendre et charnue
et se consomme crue ou cuite
comme les carottes. Sa sa
veur est agréable. Mais
on ne peut alors se fier
qu'aux feuilles pour
identifier la plante, car
la hampe florale est
encore absente. Les
feuilles peuvent se man
ger crues ou cuites, mais
n'ont rien d'extraordinaire. En
revanche, les fruits sont un condiment
remarquable, souvent connu à tort sous
le nom de « cumin » (le véritable cumin
est une épice de goût très différent). On
peut en aromatiser tous les plats salés. Es
sayez les chapatis au carvi !
Description
Plante bisannuelle de 30 à 60 cm, à
feuilles composées, divisées en la
nières très étroites. Le pétiole des
feuilles est légèrement engainant. Les
petites fleurs blanches, groupées en om
belles à rayons inégaux, s'épanouissent de
mai à juillet. De petits fruits secs très odo
rants, les « grains de Carvi », leur succèdent.
La racine pivotante ressemble à une carotte
brune.
Plantes sauvages comestibles 237
Raiponce en épi
Phyteuma spicatum (Campanulacées)
Salade, légum e
Racines, feuilles, jeunes pousses.
Racines : presque toute l'année ;
feuilles : avril-septembre ;
jeunes pousses : avril-mai.
Habitat
Bois et prairies.
Utilisations
Les racines sont tendres, croquantes
et de saveur douce (à l'exception du latex
jaune pâle de l'écorce qui est légèrement
piquant). Elles sont excellentes crues ou
coupées en morceaux dans les salades, et
encore meilleures revenues dans un peu
d'huile. On ne les ramassera que là où la
plante est très abondante. Les feuilles sont
très bonnes en salade ou comme légume
cuit. Les fleurs peuvent décorer les plats.
Les jeunes pousses se mangent à la façon
des asperges.
Description
Plante de 10 à 80 cm, à racine pivotante
renflée et charnue d'où sort une tige unique
portant des feuilles dans ses deux tiers in
férieurs. Celles de la base sont munies d'un
long pétiole, largement ovales, en cœur ren
versé et bordées de dents régulières. Elles
ressemblent beaucoup aux feuilles de Vio
lette. Les feuilles supérieures n'ont pas de
pétiole et sont étroites. Les fleurs sont grou
pées en épis cylindriques très denses. Leur
corolle, blanc jaunâtre ou bleue, est divisée
en cinq pétales très étroits, d'abord soudés
en tube au sommet puis séparés et étalés
en étoile pendant la floraison, de juin à
août.
238 Montagnes
Busserole
Arctostaphylos uva-ursi (Éricacées)
Habitat
Bois et rochers en montagne.
Utilisations
Les fruits sont farineux, acidulés, un peu
âpres, et leur peau est coriace. Sans doute
plaisent-ils fort aux ours (du moins quand
il y en avait encore...), car la plante est sou
vent nommée « raisin d'ours », mais ils ne
sont guère agréables à manger tels quels.
Ne les négligeons cependant pas, car ils
sont nutritifs. On peut les faire cuire en
compote, mais le mieux est probablement
de les écraser puis de les mélanger avec de
la farine pour confectionner des chapatis
ou des chaussons fourrés d'autres plantes.
Description
Sous-arbrisseau à tiges couchées ou pen
dantes de 50 cm à 1-2 m, à rameaux
fleuris redressés. Les feuilles sont
épaisses et coriaces, persistantes.
Elles sont ovales, atténuées en pétiole
à la base, plus larges vers le sommet
et obtuses, entières, parcourues en
dessus par un fin réseau de nervures.
Les petites fleurs rosées épanouissent
d'avril à juin leur corolle ovoïde en forme
de grelot. Elles sont groupées par 5-12 en
petites grappes serrées terminant les ra
meaux. De petits fruits rouges globuleux,
de 4 à 6 mm de diamètre, leur succèdent.
Littoral
Criste-marine
Crithmum maritimum (Ombellifères)
Habitat
Rochers et sables du littoral.
Utilisations
Les feuilles charnues sont juteuses, à la fois
salées et sucrées, et possèdent un arôme
agréable, rappelant la Carotte, mais avec
une saveur piquante. Cette combi
naison en fait une excellente plante
à salades, que l'on peut d'ailleurs
grignoter telle quelle avec plaisir.
La Criste-marine est également très bonne
cuite comme légume. Il est inutile de la
saler. Autrefois, la plante était cultivée dans
les potagers et ses feuilles étaient fré
quemment confites au vinaigre comme les
cornichons. Les fruits peuvent servir de
condiment.
Description
Plante de 20 à 50 cm, à tige en zigzag por
tant des feuilles charnues, deux-trois fois
divisées en lanières élargies vers leur mi
lieu, aiguës au sommet, de couleur glauque,
toutes dans le même plan. Les petites fleurs
blanc-verdâtre se montrent de ju illet à
octobre. Elles sont groupées en ombelles
de 10-20 rayons assez épais, entourées à la
base par de nombreuses petites feuilles ren
versées. Le fruit est ovoïde, muni de dix
côtes tranchantes, toutes égales entre elles.
240 L it t o r a l
Salicorne
Salicomia europœa (Chénopodiacées)
Habitat
Vases salées.
Utilisations
La Salicorne form e généralem ent de
grandes colonies et peut se récolter en abon
dance. On en consomme les jeunes tiges
herbacées, tendres et juteuses, que leur sa
veur salée particulière a fait surnommer
« saucisson de mer ». Crues, elles font de
bonnes salades ou se grignotent telles
quelles, mais, pour les manger en plus
grande quantité, il faudra les faire cuire -
sans ajouter de sel. Avec l'âge, le cœur des
tiges devient ligneux : on n'en consomme
alors que la partie externe - le contraire
des Asperges. Dans certaines ré
gions, les Salicornes sont conser
vées dans le vinaigre.
Description
Curieuse plante attei
gnant 40 cm de hau
teur, formée de tiges
cylindriques vertes ou
rougeâtres, gonflées » «j
d'un jus salé. D'abord ,4 ^
herbacées, composées
d'articles se détachant <>
facilement les uns des § fj.
autres, les tiges devien
nent ligneuses à la fin de
la saison. Les feuilles sont
presque inexistantes, et les
minuscules fleurs verdâtres
ne se remarquent guère.
Plantes sauvages comestibles 24i
Pourpier-de-mer
Atriplex halimus (Chénopodiacées)
Légume, salade
Feuilles.
Presque toute l'année.
Habitat
Littoral.
Utilisations
Les feuilles charnues du pourpier-de-mer
(il s'agit d'une arroche, et n'a rien à voir
avec le pourpier) forment un légume déli
cieux, naturellement salé. Il suffit de les
cuire dans très peu d'eau jusqu'à ce qu'elles
soient tendres. Un filet d'huile d'olive les
am éliore encore, mais elles sont très
bonnes telles quelles. Crues, on pourra en
ajouter quelques-unes aux salades compo
sées. D'autres espèces d'arroche sont co
mestibles.
Description
Arbrisseau buissonnant de 1 à 2 m, au
feuillage blanc-argenté très décoratif. Les
feuilles sont ovales, parfois un peu en forme
de losange, entières, atténuées à la base en
un court pétiole, obtuses au sommet qui est
terminé par une petite pointe. Elles sont
épaisses et un peu charnues. Les minus
cules fleurs jaunâtres, présentes en août-
septembre, sont réunies en petits épis
denses dont l'ensemble forme, au sommet
des rameaux, une grappe composée
presque démunie de feuilles. Le fruit est
enfermé entre deux sépales blanchâtres qui
s'agrandissent avec lui.
Autres plantes sauvages
comestibles de nos régions
.Les plantes qui suivent méritent aussi toute notre attention. N e les oublions pas
(Si ce n'est pas précisé, on les consomme crues ou cuites.)
P o u r en faciliter l'usage culinaire, les plantes sont regroupées ici suivant la (ou
les) p a rtie(s) que l'o n u tilise. C 'est surtout à une débauche de salades
et de légumes cuits que nous invite la nature, mais les fruits abondent aussi, et
ce ne sont ni les racines, ni les graines, ni les condiments qui manquent.
Les p la n tes d e l'h erbier p rin cip a l fig u ren t en lettres m ajuscules,
les autres correspon den t à la liste com plém en taire.
Racines
Asphodèle CIRSE POTAGER PANAIS
BARDANE CONSOUDE CARVI
BISTORTE Massette PISSENLIT
CAROTTE SAUVAGE Noix de terre RAIPONCE
CARVI Onagre SALSIFIS
Fleurs
Barbarée (inflorescences) (inflorescences) MAUVE
BERCE CIRSE POTAGER Ravenelle
(jeunes inflorescences) (réceptacles) ROBINIER
BON-HENRI COQUELICOT Salsifis (jeunes capitules)
(inflorescences) ÉGLANTIER SUREAU NOIR
Bourrache ÉPILOBE TILLEUL
BROCOLI SAUVAGE LAMIER TRÈFLE
(inflorescences) Luzerne TUSSILAGE
CHARDONS (réceptacles) MARGUERITE VALÉRIANE
CHÉNOPODE BLANC Massette VIOLETTE
Fruits
AMÉLANCHIER ÉGLANTIER MYRTILLE
ARBOUSIER ÉPINE-VINETTE NÉFLIER
ARGOUSIER Figuier de Barbarie Poirier sauvage
AUBÉPINE FRAISIER Pommier sauvage
BUSSEROLE Framboisier PRUNELLIER
CANNEBERGE Groseillier Ronce
CORMIER Merisier SUREAU NOIR
CORNOUILLER Mûrier SUREAU RAMEUX
Graines
AMARANTHE CHÊNE Noisetier
BON-HENRI CHÉNOPODE BLANC PIN PIGNON
Céréales COQUELICOT VESCE
Divers
BARDANE (pétioles) GRATTERON (fruit : café) MAUVE (fruit : légume)
CHICORÉE (racine : café) Massette (pollen) RUMEX ALPI (pétioles)
Plantes toxiques
D a n s les pages qui suivent sont décrites 48 plantes toxiques, classées par type
d'environnement suivant le même découpage que pour les plantes comestibles.
À l'intérieur de chaque catégorie, les végétaux sont rangés par ordre de toxicité
décroissante.
Chaque plante est décrite de façon précise et est illustrée par un dessin au trait
par une photographie en couleurs. Son habitat est indiqué et la toxicité de ses dif
férentes parties détaillée. Lorsqu'il existe des possibilités de confusion avec des
plantes comestibles, elles sont mentionnées.
À la suite figure une liste complémentaire de quelques végétaux dangereux
moins fréquents ou moins virulents.
Datura
Datura stramonium (Solanacées)
i P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. ®
Habitat
Décombres, champs, sables.
Toxicité
La Datura renferme plusieurs alcaloïdes
très toxiques. Racines, feuilles, fleurs et
graines peuvent provoquer des troubles
digestifs, nerveux (délire, hallucination),
visuels, cardiaques et respiratoires, abou
tissant à un coma dont l'issue peut être fa
tale. Les Daturas ont souvent été utilisées en
sorcellerie ou à des fins criminelles.
Dangers
Il est arrivé que les jeunes feuilles soient
confondues avec des légumes sauvages,
causant de graves intoxica
tions. Pourtant leur odeur n'a
rien d'engageant, leur saveur
encore moins.
Description
Robuste plante de 40 cm à
1 m, à grandes feuilles pé-
tiolées, ovales, pointues,
bordées de larges dents
aiguës mêlées de plus
petites. Les feuilles sont
vert sombre, glabres, et 9&M
dégagent au froisse- H
ment une forte odeur il
désagréable. Les grandes I
fleurs blanches, solitaires |
à l'aisselle des rameaux, ou- |
vrent de juillet à octobre leur |
corolle en entonnoir de 4 à
6 cm de longueur sur 6 à 12 cm
de diamètre. Les fruits, globuleux
et dressés, sont couverts d'épines
robustes.
Plantes toxiques ( R ) 247
Jusquiame
Hyoscyamus niger (Solanacées)
P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. %
Habitat
I
Décombres, bords des chemins.
Toxicité
La Jusquiame contient les
mêmes alcaloïdes toxiques
que la Datura. La racine en
est plus riche que les
feuilles, elles-mêmes plus
riches que les graines. La
plante peut entraîner les
mêmes troubles graves
que la Datura, et parfois
aussi la mort. On l'employait
en sorcellerie.
D angers
Peu de confusion possible avec des
plantes comestibles, et la Jusquiame
elle-même n'est guère engageante.
Description
Étrange plante de 25 à 80 cm, à feuilles
ovales allongées, bordées de grandes dents
aiguës ou divisées en lobes, molles et cou
vertes de fins poils visqueux, douces au tou
cher, d'odeur désagréable. Les feuilles
inférieures sont munies d'un pétiole, les
autres embrassent la tige. Les fleurs, den-
sément groupées au sommet de la plante,
ouvrent de mai à septembre leur corolle un
peu irrégulière, formée de cinq lobes jau
nâtres veinés de violet. Le fruit, renflé à la
base, est muni de cinq pointes aiguës et
s'ouvre par un couvercle.
248 Bords de chem ins, cham ps, d éco m b res
Adonis
Adonis vernalis (Renonculacées)
I P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. S
Habitat
Lieux secs ; rare.
Toxicité
La plante contient des substances agissant
sur le cœur à la façon de la Digitale. De
fortes doses peuvent être m ortelles.
D'autres espèces d'Adonis, à petites fleurs
rouge vif, en particulier l'Adonis d'été ou
« Goutte-de-sang » (Adonis aestivalis), sem
blent encore plus toxiques. Outre les sub
stances cardioactives, elles renferment des
alcaloïdes.
Dangers
Les risques d'em poisonnem ent sont
faibles, parce que les Adonis ne sont plus
guère courants. Mais attention à la
plante non fleurie qu'il ne faudrait
pas confondre avec des plantes co
mestibles à feuilles découpées
(Ombellifères ou Camomilles
par exemple).
Description
Plante de 10 à 40 cm, dont
les feuilles à la base sont
munies d'une gaine très
développée entourant la
tige, le limbe étant formé
de nombreuses lanières
très étroites. La gaine des
feuilles supérieures est plus
courte. Au sommet des jeunes
rameaux, les feuilles forment des
touffes compactes. Les grandes
fleurs jaunes solitaires, de 3 à 6 cm de
diamètre, s'ouvrent d'avril à mai. Elles
comportent de dix à quinze pétales allon
gés.
Plantes toxiques ^ 249
Petite Ciguë
Aethusa cynapium (Ombellifères)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Champs, jardins, décombres, bois.
Toxicité
La petite Ciguë renferme des al
caloïdes toxiques. Elle peut pro
voquer des troubles digestifs, mais
il ne semble pas que sa toxicité soit
très élevée. Il est possible qu'elle
varie suivant les terrains, la fumure
rendant la plante plus dangereuse.
D angers
Il peut être facile de confondre la petite
Ciguë avec du persil non frisé, surtout lors
qu'elle pousse dans les jardins. Son odeur
différente et sa couleur mate la trahiront,
mais il faut être attentif surtout avant la flo-
raison.
Description
« Mauvaise herbe » de 10 à 60 cm, à feuilles
triangulaires, deux-trois fois divisées en
segments découpés en lobes aigus, glabres,
d'un vert sombre mat. Les petites fleurs
blanches sont groupées en ombelles com
posées de 5-12 rayons inégaux. L'involucre
est nul ou ne comporte qu'une seule petite
feuille. De la base de chaque ombelle se
condaire partent 3-5 petites feuilles allon
gées, très étroites, dirigées vers le bas et
déjetées en dehors. Les fruits sont glabres,
ovoïdes, à dix côtes. L'odeur de la plante
n'est pas agréable.
250 Bords de chem ins, champs, d éc o m b res
• ••
Ciguë
Conium maculatum (Ombellifères)
Parties dangereuses
Toute la plante. ®
Habitat
Bords des chemins, haies, décombres.
Toxicité
Toute la plante renferme au moins cinq al
caloïdes toxiques, surtout dans la tige, les
feuilles et les fruits. La toxicité varie avec
le stade de développement et la zone géo
graphique. La Ciguë est plus dangereuse
fraîche que séchée. Elle provoque des
troubles nerveux et respiratoires, souvent
mortels.
Dangers
Plusieurs empoisonnements ont eu lieu par
suite de la confusion des feuilles ou des
fruits avec ceux d'Ombellifères comes
tibles. La « salade de Ciguë » tue de
temps à autre des imprudents.
Description
Grande plante glabre de 80 cm
à 1,20 m à tiges tachées de
pourpre, surtout vers le bas,
dont les feuilles à la base, de
grande taille, sont trois-cinq
fois divisées en segments tri
angulaires, eux-mêmes lobés
et dentés. Les fleurs blanches,
épanouies de juin à août, sont
groupées en petites ombelles
composées, à 10-20 rayons in
égaux. Trois-cinq petites feuilles
courtes sont situées à la base des
rayons principaux, et 3 à la base des om
belles secondaires. Les fruits sont petits,
presque lobuleux. Feuilles et fruits dégagent
au froissement une odeur désagréable.
Plantes toxiques (n)Q^ 2 51
Héliotrope
Heliotropium europæum (Boraginacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
H abitat
I
Champs, décombres, lieux pierreux.
Toxicité
L'Héliotrope renferme des al
caloïdes toxiques pour le foie,
semblables à ceux du Séne
çon, en quantité semble-t-il
importante. Il a provoqué
chez le bétail des em poi
sonnements parfois mor
tels, se déclarant de façon
très progressive, ou au
contraire très brutale.
Dangers
Relativem ent faible, la plante
n'étant guère tentante. Elle pourrait
difficilement être confondue avec une
plante comestible. Il est probable que de
toute façon de petites doses ne seraient pas
dangereuses.
Description
Petite plante de 8 à 50 cm, velue, d'aspect
grisâtre, à tiges rameuses et feuilles pétio-
lées, ovales, entières, à nervures secon
daires nettement visibles, convergentes
vers le sommet. Les feuilles sont d'un vert
blanchâtre sur les deux faces. Les petites
fleurs blanches s'épanouissent de juin à oc
tobre. Elles sont rassemblées en grappes
serrées typiques de la famille (cyme scor-
pioïde), étroites et allongées, recourbées
au sommet. Ces grappes sont réunies par 2-
3 au sommet de la plante. Le calice persiste
autour du fruit mûr.
252 Bords de chemins, cham ps, d éco m b res
Renoncule
Ranunculus sceleratus (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Lieux humides, fossés.
Toxicité
Toutes les Renoncules ou « Boutons-d'or »
sont dangereuses, à des degrés variables
suivant les espèces. Elles renferment à l'état
frais une substance très irritante qui dis
paraît au séchage. Frottées sur la peau, les
Renoncules fraîches peuvent provoquer des
cloques ou même des ulcérations. Leur sa
veur est très âcre et une feuille de Bouton-
d'or dans une salade se fera
douloureusement sentir. Il vaut donc mieux
l'éviter. Séchées ou longuement cuites à
plusieurs eaux, elles ne présentent plus de
danger (voir R. bulbeuse).
Dangers
Irritation des muqueuses buccales
si des feuilles de Bouton-d'or se
trouvent mélangées par erreur
à une salade.
Description
« Bouton-d'or » de 6 à 50 cm,
dont les feuilles à la base
sont divisées en trois lobes
principaux ayant chacun 2-
4 divisions plus ou moins
profondes. Les feuilles supé
rieures sont opposées, allon
gées et étroites, simples,
entières. Les nombreuses pe
tites fleurs, isolées au sommet de
la plante, durent de mai à sep
tembre. Leurs cinq pétales jaunes dé
passent à peine les sépales. Les nombreux
carpelles forment une masse ovoïde assez
allongée, saillant au centre de la fleur.
P l a n t e s t o x i q ue s 253
Euphorbe
Euphorbia helioscopio (Euphorbiacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Lieux cultivés, terres remuées.
Toxicité
Le latex des différentes espèces
d'Euphorbes est extrêmement
caustique. Mis en contact avec
la peau, il détermine une irrita
tion, des rougeurs, voire des
cloques. Les muqueuses sont
bien sûr particulièrement sen
sibles. L'ingestion de grandes
quantités de la plante pourrait dé
terminer une gastro-entérite et son
latex projeté dans les yeux risquerait
de produire une grave conjonctivite.
Dangers
Ils sont relativement restreints car la sa
veur piquante et irritante d'une Euphorbe
mélangée par erreur à une salade empê
cherait d'en abuser. On se méfiera de toutes
les espèces, dont plusieurs autres sont aussi
très fréquentes dans notre flore : Euphorbe
petit-Cyprès (Euphorbia cyparissias), Eu
phorbe des bois (Euphorbia silvático), etc.
Description
Plante de 10 à 30 cm à tige cylindrique, rou
geâtre, portant des feuilles en forme de spa
tule, presque entières. Les feuilles sont
densément groupées vers le sommet de la
plante, alors que le bas de la tige est nue.
Les petites fleurs verdâtres passent facile
ment inaperçues, mais un examen attentif
révèle une structure très particulière, ca
ractéristique des fleurs des Euphorbes (éta
mines en forme de croissant entourant un
ovaire globuleux pendant). Toutes les par
ties de la plante renferment un abondant
latex blanc.
254 B o r d s de c h e m i n s , c h a m p s , d é c o m b r e s
Bryone
Bryonia dioica (Cucurbitacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les baies.
Habitat
Haies, bords des chemins.
Toxicité
La racine contient des substances actives
qui la rendent vomitive, purgative et ré
vulsive, ou même vésicante. On l'utilisait
pourtant en médecine populaire (comme
diurétique, laxatif, contre les rhumatismes,
etc.), mais même de faibles doses occa
sionnent des diarrhées. Les baies renfer
ment des saponines et peuvent provoquer
des troubles digestifs et nerveux, parfois
mortels.
Dangers
Il faudra se méfier des baies, juteuses et
tentantes. Les jeunes pousses sont par
fois consommées au printemps à
la manière des jets de Houblon,
mais elles doivent être cuites
à l'eau pour éviter de désa
gréables effets.
Description
Plante grimpante attei
gnant 5 m de longueur,
munie de vrilles. Les
feuilles sont molles, pé-
tiolées, divisées en plu
sieurs lobes en éventail,
irrégulièrement bordées de
dents peu profondes. Les pe
tites fleurs verdâtres s'épa
nouissent de mai à août. Toutes
mâles ou toutes femelles, portées
sur des pieds différents, elles sont
groupées au sommet de rameaux par
tant de l'aisselle des feuilles. Les pieds
femelles portent des baies globuleuses,
d'un rouge mat lorsqu'elles sont mûres.
Pl antes t o x iq u e s (R )^ ^ 255
Sureau hièble
Sambucus ebulus (Caprifoliacées)
Parties dangereuses
Surtout les baies.
Habitat
Bords des chemins, haies, fossés, talus.
Toxicité
Les fruits du Sureau hièble sont vomitifs et
purgatifs. Les substances responsables ne
sont pas connues avec précision. De fortes
doses des racines, de l'écorce ou des
feuilles ont les mêmes effets.
Dangers
Il faut faire attention à ne pas confondre
les fruits amers du Sureau hièble avec
ceux, doux, du Sureau noir, plante ligneuse
(arbuste) à folioles larges. Les ombelles en
fruits de l'Hièble sont tournées vers le ciel,
tandis que celles du Sureau noir regardent
le sol. De toute façon, leur saveur est suffi
samment désagréable pour ne pas les
consommer en quantité dangereuse.
Description
Grande plante herbacée de plus d' 1 m, dont
les tiges renferment une moelle blanche et
portent des feuilles opposées, munies de
deux stipules vertes bien développées, com
posées de 7-11 folioles allongées, étroites,
pointues et bordées de petites dents. Les
feuilles dégagent au froissement une odeur
désagréable. Les petites fleurs blanches ou
un peu rougeâtres forment de juin à août
une grande inflorescence aplatie au som
met de la tige. Les petites baies globuleuses,
à saveur amère, sont noires à maturité.
256 Bords de chemins, champs, d éco m b res
Muflier
Antirrhinum majus (Scrofulariacées)
Parties dangereuses
■
Graines.
Habitat
Rochers, lieux pierreux, vieux murs ; éga
lement planté.
Toxicité
Les graines du Muflier (ou « Gueule-de-
loup ») sont riches en saponines et renfer
ment également un glucoside. Elles passent
pour toxiques. Elles ont servi à pêcher le
poisson en empoisonnant l'eau des ruis
seaux. D'une façon générale, toutes les
plantes de la famille des Scrofulariacées
sont à considérer comme potentiellement
dangereuses.
Dangers
Peu importants.
Description
Belle plante de 30 à 80 cm, glabre en bas,
velue vers le haut, à feuilles opposées ou
alternes, ovales ou étroites et allongées, en
tières, glabres, munies d'un court pétiole.
Les fleurs, pourprées, jaunâtres ou blan
châtres, ont un aspect caractéristique : leur
corolle possède deux lèvres, dont l'in fé
rieure, à trois lobes, porte une proéminence
barbue divisée en deux, qui ferme la gorge
de la corolle ; le tube de la corolle est renflé
en bosse à la base. Les fleurs s'épanouis
sent de mai à septembre.
Elles sont rassemblées en une grappe ter
minale.
Plantes toxiques 257
Chélidoine
Chelidonium majus (Papavéracées)
Parties dangereuses
Latex, toute la plante.
Habitat
I
Murs, décombres, lieux incultes.
Toxicité
Le latex est irritant, surtout pour les mu
queuses, et son ingestion peut provoquer
de graves troubles digestifs. Il contient
aussi des alcaloïdes, responsables des
troubles nerveux et cardiaques qu'il peut
déclencher. On emploie traditionnellement
le latex de la Chélidoine en application sur
les verrues, souvent avec succès.
Dangers
Peu importants si l'on se contentait de mé
langer par erreur quelques feu illes à
d'autres plantes. De plus, la Chélidoine est
facile à id en tifier par la form e de ses
feuilles, et surtout par son latex jaune.
Description
Plante de 20 à 80 cm, à grandes feuilles
molles profondément divisées en 5-7 seg
ments ovales, lobés à la façon des feuilles de
Chêne, vert bleuâtre en dessous. Les petites
fleurs épanouissent d'avril à octobre leurs
quatre pétales jaunes, tombant rapidement,
et leurs nombreuses étamines. Elles sont
groupées en ombelles simples et donnent
des fruits étroits et allongés, bosselés par les
graines qu'ils renferment. Toute la plante
contient un latex caractéristique, variant
du jaune pâle à l'orange foncé.
Prairies
Colchique
Cokhicum autumnale (Liliacées)
Parties dangereuses
Toute la plante. *
Habitat
Prés humides.
Toxicité
Bulbe, feuilles, fleurs et graines du Col
chique contiennent des alcaloïdes extrê
mement toxiques. L'ingestion d'une des
parties de la plante peut déterminer de
graves troubles digestifs, cardiovasculaires,
nerveux et respiratoires, souvent suivis de
la mort. Le bétail est souvent victime de ces
jolies fleurs, parmi les plus dangereuses
de notre flore.
Dangers
Attention à ne pas décorer les salades avec
des fleurs de Colchique ! Leur ressem
blance avec celles des Crocus, qui ne
sont pas toxiques, pourrait créer de
mortelles confusions. Les feuilles i
ont été confondues avec l'ail jxi
des ours, entraînant parfois .1
la mort.
Description
Plante de 10 à 40 cm, à
bulbe de la taille d'une
noix, présentant d'août
à octobre (parfois au
printemps) des fleurs :
isolées ou groupées par
2-3, à six divisions allon
gées d'un rose lilas. Les
fleurs sortent du sol et sont
entourées dans le bas de
gaines membraneuses. Les
feuilles, peu nombreuses,
grandes et dressées, très allongées,
un peu charnues, n'apparaissent qu'au
printemps suivant, en même temps que le
fruit, lui aussi de la grosseur d'une noix.
Plantes toxiques 259
Séneçon jacobée
Senecio jacobæ a (Composées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Prairies, coteaux, bords des chemins.
Toxicité
Le Séneçon jacobée renferme des alca
loïdes toxiques pour le foie. Il en est de
même des nombreuses autres espèces
de Séneçons. Des intoxications, parfois
graves, ont été signalées chez l'homme
et chez les animaux, mais les doses doi
vent être importantes.
Dangers
Restreints du fait de la saveur âcre et amère
de la plante. De faibles quantités seraient
vomitives.
Description
Plante de 30 cm à 1 m, existant sous de
nombreuses formes, à feuilles inférieures
et moyennes profondément divisées en seg
ments étroits, allongés et lobés, le terminal
étant généralement plus grand que les
autres. Les feuilles inférieures sont pétio-
lées, les autres embrassent la tige par deux
oreillettes profondément découpées. Les
petites fleurs jaunes de deux sortes - en lan
guette et en tube (parfois toutes en tube) -
sont groupées en capitules réunis en inflo
rescences aplaties (coiymbes) au sommet
des tiges. Elles s'épanouissent de juin à sep
tembre.
260 Prairies
Narcisse/Jonquille
Narcissus pseudo-narcissus (Amaryllidacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout le bulbe.
Habitat
Prés, bois.
Toxicité
Toutes les espèces de Narcisses sont
toxiques, les bulbes en particulier, mais
aussi les fleurs avec lesquelles on se gar
dera bien de décorer des salades. Ils
contiennent de dangereux alcaloïdes, ainsi
que des saponines, et peuvent engendrer
de graves troubles digestifs, nerveux et car
diaques. Le simple fait de sucer une tige
suffit parfois à les déclencher. La consom
mation de bulbes de Narcisses a parfois eu
de graves conséquences.
Dangers
Les fleurs sont bien tentantes !
Description
Plante de 20 à 40 cm, célèbre
pour sa magnifique fleur. Les
feuilles, dressées, sont
étroites (4-15 mm) et très
allongées, - elles peuvent j
atteindre la longueur de la
tige florale - plates et ar
rondies au sommet. Leur
couleur est glauque. La
fleur unique est portée par
un court pédoncule au som
met de la tige. Elle épanouit
de mars à mai sa grande co
rolle toute jaune, munie d'un
tube assez long en forme d'en
tonnoir et d'une couronne tubuleuse
évasée dans le haut, à bords dente
lés ou lobés. La plante sort d'un
bulbe globuleux. Les « coucous » ont
beaucoup régressé à la suite des
cueillettes abusives que leur vaut leur
beauté.
Bois et haies
Belladone
Atropa belladona (Solanacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les baies. *
Habitat
I
Bois, haies, bords des chemins.
Toxicité
La Belladone renferme les mêmes al
caloïdes extrêmement dangereux que
la Datura. Ce sont surtout les baies
qui causent les empoisonne
ments : les troubles sont
semblables à ceux que pro
voque la Datura et se ter
m inent souvent par la
mort.
Dangers
Les baies juteuses, parfois su
crées, ressemblent un peu à des ce
rises. Attention, de dix à quinze d'entre elles
peuvent être mortelles !
Description
Plante buissonnante de 70 cm à 1,50 m, à
feuilles munies d'un pétiole, ovales, aiguës
au sommet, entières ou sinueuses sur les
bords, molles et couvertes de poils fins.
Elles dégagent au toucher une odeur désa
gréable. Les feuilles supérieures sont grou
pées par deux. Les fleurs ouvrent de juin à
août leur corolle pourpre-brunâtre en forme
de cloche non évasée. Elles sont solitaires,
ou par deux à l'aisselle des feuilles, perdues
dans le feuillage. Les fruits sont des baies
globuleuses, noires et luisantes, entourées
par le calice.
262 Bo is et ha ie s
Cytise
Laburnum anagyroides (Papilionacées)
Parties dangereuses
Habitat
Bois, haies; également planté.
Toxicité
Toutes les parties du Cytise renferment de
dangereux alcaloïdes. Leur consommation
entraîne des troubles digestifs, nerveux et
respiratoires pouvant provoquer la mort.
Fort heureusement, la plante est tout
d'abord vomitive, ce qui vide rapidement le
contenu de l'estomac.
Dangers
Il est fréquent qu'on s'em poisonne en
confectionnant des beignets de fleurs de
Cytise prises pour des fleurs d'Acacia. Pour
tant les fleurs du Cytise sont jaunes alors
que celles de l'Acacia sont blanches. D'autre
part, les feuilles de ce dernier sont divisées
en plusieurs folioles, tandis que celles du
Cytise ressemblent à de grosses feuilles de
Trèfle.
Description
Arbuste ou arbre de 5 à 10 m, à
écorce restant lisse et verte jus
qu'à un âge avancé, portant des
feuilles longuement pétiolées,
caractéristiquement divisées
en trois folioles de 2 à 5 cm de
long, allongées et entières. Les
fleurs jaune vif, typiquement
papilionacées, sont rassemblées
en longues grappes pendantes,
plus larges à la base qu'au sommet,
et dégagent un parfum suave. Les fruits
sont des gousses aplaties d'un brun clair.
P l a n t e s t o x i q u e s (R)-!-^1 2 6 3
Fusain
Euonymus europaeus (Célastracées)
Parties dangereuses
Surtout fruits et graines. %
Habitat
Haies, bois.
Toxicité
Les fruits et surtout les graines ren
ferment des substances cardio
toxiques proches de celles de la
Digitale, ainsi que des alca
loïdes. Ils sont très irritants, vo
mitifs et purgatifs, et peuvent
provoquer des troubles di
gestifs, nerveux et cardiaques
dont l'issue est parfois mor
telle. On s'en servait, pulvéri
sés, contre les poux.
Dangers
La couleur des fruits est attirante, mais
il ne faudrait pas avoir l'idée d'en déco
rer des salades ! Heureusement, ils sont
âcres et leur saveur découragera les tenta
tives imprudentes.
Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 6 m, à jeunes
rameaux verts, lisses, portant des feuilles
opposées, à court pétiole, ovales, aiguës,
très finem ent dentées, vert foncé mat,
glabres. Les petites fleurs, d'un blanc ver
dâtre, d'odeur peu agréable, sont rassem
blées par 2-5 en grappes opposées à
l'aisselle des feuilles. Elles s'ouvrent d'avril
à juin et sont suivies en septembre-octobre
par des fruits caractéristiques à quatre
angles arrondis, d'un rose vif. Les graines
sont recouvertes d'une enveloppe charnue,
orangé vif, nettement visible lorsque le fruit
s'entrouvre.
264 Bois et h a ie s
Muguet
Convallaria majalis (Liliacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les fruits. %
Habitat
Bois ; également planté.
Toxicité
Toute la plante contient des substances car
diotoxiques extrêmement actives. Mâcher
un brin de muguet ou en manger les baies
peut provoquer des troubles cardiaques
graves, entraînant parfois la mort. Cette
plante tant appréciée, et largement com
mercialisée, est pourtant l'une des plus
toxiques de notre flore. Même le parfum
de ses fleurs est entêtant et peut être la
cause de maux de tête.
Dangers
Il est peu probable que l'on ajoute
des feu illes de Muguet à une
salade, mais ses fleurs pour
raient tenter... On se méfiera
particulièrement de ses
baies rouges qui ont déjà
tué des enfants !
Description
Plante bien connue de
10 à 30 cm, dont les
deux feuilles largement
ovales, allongées, aiguës H|
au sommet, sortent du
sol. Des gaines membra- H
neuses entourent la base de
la tige et des pétioles. Les pe
tites fleurs blanches en clo
chettes, délicieusement parfumées,
s'ouvrent d'avril àjuin. Elles sont grou
pées au sommet de la tige, toutes du même
côté, en une grappe lâche et donnent des
fruits sphériques, rouge v if et charnus.
Pl antes to x iq u e s (R )^ ^ 265
If
Taxus boccata (Taxacées)
Parties dangereuses
Feuillage, graines. %
Habitat
Bois de montagne ; également planté.
Toxicité
Les feuilles et les graines de l'if ren
ferment des alcaloïdes toxiques. Leur
I ingestion entraîne divers troubles
pouvant être très graves et même en
traîner la mort. En revanche, la partie
rouge et charnue entourant la graine est
parfaitement comestible : sucrée et mu-
cilagineuse, elle est agréable à grignoter,
sans danger si l'on ne mâche pas la graine.
Dangers
Il est possible de confondre les jeunes
pousses avec celles, comestibles, du Sapin,
mais elles n'ont pas de bandes blanches en
dessous et sont amères, sans saveur ci
tronnée.
Description
Arbuste ou arbre pouvant atteindre de 10 à
15 m, à écorce brun-rougeâtre se détachant
par plaques, à feuilles très étroites et al
longées, entières, aiguës au sommet, rap
prochées et disposées sur deux rangs de
chaque côté des rameaux. Les minuscules
fleurs sont toutes mâles ou toutes femelles ;
elles sont portées sur le même pied ou, plus
souvent, sur deux pieds différents. La
graine est entourée par une petite coupe
verte qui s'accroît et devient charnue, d'un
rouge vif.
266 B o is et h a ie s
Digitale
Digitalis purpurea (Scrofulariacées)
Parties dangereuses
Toute la plante. ®
Habitat
Clairières, lieux incultes, sur terrains sili
ceux ; également planté.
Toxicité
La digitale pourpre renferme une douzaine
de substances agissant fortement sur le
cœur. Quelques feuilles ou fleurs provo
quent des troubles graves, amenant rapi
dement la mort. Les autres espèces, à fleurs
jaunes, sont tout aussi toxiques.
Dangers
Il faut particulièrement se méfier de la
plante avant l'apparition de la tige : les
feu illes ressem blent à celles de la
Consoude, mais elles sont douces au tou
cher, alors que la Consoude est rêche
dans toutes ses parties.
Description
Grande plante de 50 cm à
1,60 m à feuilles ovales al
longées, bordées de dents,
vertes et velues en dessus,
d'un blanc cotonneux en
dessous, très douces au
toucher. Avant le déve
loppement de la tige, les
feuilles inférieures, pé-
tiolées, forment une ro
sette dense. Les fleurs,
caractéristiques, sont
pourpres et ponctuées à l'in
térieur (pourpre sur blanc) de
la corolle en forme de doigt de
gant ventru. Elles s'épanouissent
de mai à septembre et sont rassem
blées, toutes du même côté, en une
longue grappe terminale.
P la n te s to x iq u e s 0% ^ 267
Parties dangereuses
Fruits.
Habitat
J
Haies, bois.
Toxicité
Les baies renferment des saponines et
d'autres substances toxiques. Elles
sont vomitives et purgatives, et peu
vent à forte dose provoquer de
graves troubles nerveux et car
diaques. Il en est de même des fruits
rouges, bleus ou noirs des autres es
pèces de Chèvrefeuille.
Dangers
Les fruits sont un peu sucrés ; il est arrivé
que des enfants se laissent tenter et s'em
poisonnent. On évitera les fruits de tous les
Chèvrefeuilles, aisément reconnaissables
à ce qu'ils sont soudés deux à deux. Suivant
les espèces, ils sont rouges, noirs ou bleus.
Description
Arbrisseau dressé de 1 à 2 m, à feuilles op
posées, munies d'un pétiole, largement
ovales, aiguës au sommet, entières, cou
vertes de poils mous, surtout en dessous.
Les petites fleurs à deux lèvres inégales,
d'un blanc jaunâtre parfois rosé et à tube
très court, s'épanouissent en mai-juin. Elles
sont groupées par deux à l'aisselle des
feuilles, leurs ovaires un peu soudés à la
base. Les fruits globuleux, d'un rouge
sombre translucide, également soudées,
apparaissent en juillet-août.
268 Bois et ha ie s
Arum
Arum maculatum (Aracées)
Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les fruits.
Habitat
Bois, haies.
Toxicité
Toute la plante contient de minuscules cris
taux en aiguille très irritants. Mâcher de
l'Arum provoque en moins d'une minute
une vive douleur suivie d'un gonflement
des tissus, qui, au niveau de la gorge, pour
rait provoquer la mort par asphyxie. Les
baies rouges contiennent des saponines et
sont de ce fait très toxiques.
Dangers
Les enfants sont facilement attirés par
les fruits, d'abord légèrement sucrés,
puis âcres.
Description
Curieuse plante de 20 à
50 cm, à feuilles munies
d'un long pétiole engai
nant à la base, en forme
de fer de flèche à deux
oreillettes triangulaires
assez écartées l'une de
l'autre, vert foncé lui
sant, souvent tachées de
brun. Au centre de la
plante s'élève une feuille
spéciale, enroulée en
form e de cornet (spathe),
d'un vert jaunâtre. A l'inté
rieur se dresse une colonne
(spadice) portant de bas en
haut les fleurs femelles, des
fleurs stériles, les fleurs mâles
et de nouveau des fleurs stériles.
Elle est renflée en massue vers le haut.
Un épi dense de fruits rouge-orange vif,
charnus, succède aux fleurs.
Plantes toxiques 0 ^ ^ 269
Parisette
Paris quadrifolia (Liliacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les fruits.
Habitat
I
Bois humides.
Toxicité
Toutes les parties de la plante
contiennent des saponines toxiques.
Feuilles et baies peuvent provoquer
des troubles digestifs, nerveux et car
diaques, souvent graves, aboutissant
parfois à la mort. Il faut moins de cinq
baies pour déclencher des symptômes in
quiétants. La plante est vomitive, ce qui
permet en général de limiter les problèmes.
Dangers
Ce sont surtout les baies qui causent des
accidents. Si l'on se cantonne aux plantes
connues, il y a peu de risques, car la Pari-
sette est caractéristique. C'est d'ailleurs une
plante à protéger : une autre bonne raison
pour ne pas la cueillir.
Description
Plante remarquable de 20 à 40 cm, dont la
tige dressée ne porte à son sommet que
quatre feuilles (parfois cinq ou six) étalées
en croix, attachées au même point. Chaque
feuille est largement ovale et rétrécie à ses
deux extrémités, pointue au sommet. La
fleur terminale unique comporte quatre sé
pales verdâtres et quatre pétales jaunâtres
très étroits (ou cinq, six : en même nombre
que les feuilles). Elle s'épanouit de mai à
juillet, puis donne son fruit arrondi et
charnu, d'un noir bleuâtre.
270 Bois et ha ie s
Bourdaine
Rhamnus frangula (Rhamnacées)
Parties dangereuses
Ecorce, fruits.
Habitat
Haies, bois, lieux humides.
Toxicité
L'écorce et les fruits contiennent des sub
stances qui leur confèrent des propriétés
laxatives douces... du moins après avoir été
séchés pendant un an à température am
biante, ou pendant une heure dans un four
à 100 °C. Fraîche, la Bourdaine est vomi
tive et purgative.
Dangers
On se méfiera des fruits frais, qui
sont juteux et plus ou moins su
crés. Si l'o n veut em ployer
l'écorce de Bourdaine comme
laxatif, il faudra la faire lon
guement sécher au-dessus du
feu, à température élevée
La décoction qu'on en
prépare doit être prise au
moins 6 h avant l'effet
désiré.
Description
Arbrisseau de 2 à 5 m, à écorce
brunâtre tachetée de gris, por
tant des feuilles à court pétiole,
ovales ou elliptiques, entières,
glabres, munies de chaque côté
de la nervure médiane de 8 à
12 nervures saillantes en
dessous, parallèles
entre elles. Les petites
fleurs, blanchâtres ou
verdâtres, s'épanouissent
d'avril à juillet. Elles sont ré
unies en faible nombre à l'ais
selle des feuilles. De petits fruits
globuleux, verts, puis rouges, puis noirs à
partir d'août, leur succèdent.
Pla n te s toxiqu es (F)%^ 271
Cornouiller sanguin
Cornus sanguinea (Cornacées)
Parties dangereuses
Fruits.
Habitat
Bois, haies.
Toxicité
Les fruits noirs du cornouiller sanguin sont
vomitifs et purgatifs. Leur pulpe renferme
une huile que l'on utilisait autrefois pour
l'éclairage et la fabrication de savon. Elle
ressemble par sa couleur et sa texture à
celle d'un avocat... mais malheureuse
ment pas par son goût.
Dangers
Les fruits, noirs et amers, du cornouiller
sanguin ne peuvent guère être pris pour
ceux, rouges et acides, du cornouiller mâle,
mais la confusion des noms peut provo
quer de désagréables expériences.
Description
Arbrisseau de 1 à 3 m, à jeunes rameaux
rougeâtres, portant des feuilles opposées,
à court pétiole, ovales, entières, brusque
ment terminées en pointe, à nervures ar
quées convergeant au sommet. Le feuillage
rougit dès la fin de l'été. Les fleurs blanches,
paraissant en mai-juin, sont groupées en
inflorescences terminales. Elles donnent
de petits fruits globuleux noirs, à pulpe
verte, grasse et amère, mûrs en octobre.
272 Bo is et ha ie s
Douce-amère
Solanum dulcam ara (Solanacées)
I
Parties dangereuses
Surtout les baies.
Habitat
Haies, bois humides, lieux frais.
Toxicité
Toute la plante renferme des substances
toxiques. Les baies mûres contiennent aussi
des saponines, et leurs graines renferme
raient des alcaloïdes semblables à ceux de
la Belladone. Leur ingestion provoque des
troubles digestifs et nerveux, respiratoires
et cardiaques, parfois mortels.
Dangers
Les baies sont tentantes, leur saveur n'est
pas désagréable, et des enfants se sont em
poisonnés. Elles ressemblent vaguement à
de petites tomates, mais on ne peut guère
les confondre avec des fruits sauvages co
mestibles.
Description
Plante grimpante de 1 à 2 m, à tiges li
gneuses et rameaux de l'année herbacés,
portant des feuilles pétiolées, ovales,
simples ou divisées en trois segments, les
deux de la base form ant comme des
oreillettes, le terminal étant beaucoup plus
grand. Les petites fleurs ouvrent de juin à
septembre leurs cinq lobes violets tachés
de vert, allongés, aigus, et un peu renver
sés. Elles sont réunies en grappes irrégu
lières. Les fruits sont de petites baies
ovoïdes, d'abord vertes, puis rouges.
Pla n te s toxiques 273
Troène
Ligustrum vulgare (Oléacées)
Parties dangereuses
Fruits.
Habitat
Bois, haies ; également planté.
Toxicité
Les fruits sont riches en saponines. Ils peu
vent provoquer des troubles digestifs, ré
naux et nerveux. La mort pourrait
s'ensuivre, mais des doses relativement
importantes seraient nécessaires. Des en
fants se sont empoisonnés en goûtant les
fruits. Les feuilles et l'écorce contiennent
des glucosides et des alcaloïdes, mais ne
sont pas dangereuses.
Dangers
Les risques de confusion avec des plantes
comestibles sont minimes, et les fruits sont
amers, ce qui découragerait d'en goûter
plus de quelques-uns. Quant aux feuilles,
elles sont trop coriaces pour songer à les
utiliser.
Description
Arbrisseau de 2 à 3 m, à écorce gris-bru
nâtre, portant des feuilles ovales ou ellip
tiques un peu coriaces, entières, glabres et
d'un beau vert, munies d'un court pétiole.
Les petites fleurs blanches odorantes s'épa
nouissent de mai à juin. Elles sont réunies
en petites grappes denses terminant les
rameaux. Les fruits, mûrs à partir de
septembre, sont globuleux, d'environ 3 mm
de diamètre, noirs à l'extérieur, avec une
pulpe un peu rougeâtre au goût amer. Ils
persistent jusqu'au printemps.
274 Bo is et h a ie s
Viorne obier
Viburnum oputus (Caprifoliacées)
Parties dangereuses
Fruits.
Habitat
Haies, bois humides ; également planté.
Toxicité
Les fruits sont amers et acides. Crus, ils
sont vomitifs et purgatifs et pourraient oc
casionner de graves troubles digestifs.
Cuits, ils sont inoffensifs, mais leur goût
reste amer et un peu nauséeux. On en fait
parfois des compotes, en mélange avec
d'autres fruits.
Dangers
Les fruits ne peuvent guère être confondus
avec d'autres, et leur goût est désagréable.
Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 5 m,
portant des feuilles à pétiole al
longé, largement ovales, divi
sées en éventail en 3-5 lobes,
irrégulièrement dentées, ai
guës, minces, et couvertes
de petits poils en dessous.
Le pétiole porte à sa base
deux stipules très étroites
et allongées. Les inflores
cences caractéristiques
sont formées de fleurs
blanches, celles du pourtour
étant beaucoup plus grandes
que les autres, rayonnantes,
irrégulières et dépour
vues d'étamines et de pis
til. Elles s'épanouissent en
mai et juin. Les baies globu
leuses, rouge vif, translucides,
sont mûres en septembre.
P l a n t e s t o x i q u e s (P ò % ^ 275
Houx
llex aquifolium (Aquifoliacées)
Parties dangereuses
Fruits.
Habitat
I
Bois, haies ; également planté.
Toxicité
Les fruits sont vomitifs et purgatifs. Ils peu
vent provoquer des troubles nerveux sans
gravité. Les feuilles ont parfois été em
ployées en tisane comme diurétique,
expectorant et fébrifuge, mais il arrive
que cet usage provoque des malaises.
Le Houx n'est pas une plante très toxique.
Dangers
Peu importants ; la couleur des fruits peut
les rendre attirants, mais leur goût désa
gréable empêchera d'en abuser. Le houx
est suffisamment caractéristique pour
qu'aucune confusion ne puisse se produire
avec une plante comestible.
Description
Arbuste ou petit arbre pouvant atteindre
une douzaine de mètres, à écorce grise et
lisse, portant des feuilles caractéristiques,
à court pétiole, très coriaces, ovales, gon
dolées et bordées de dents épineuses, par
fois plates et entières, avec une seule épine
terminale, sur les pieds âgés. Les feuilles
sont vert foncé, luisantes. Les petites fleurs
blanches, présentes de mai à août, sont
groupées aux aisselles des feuilles. En sep-
tembre-octobre, elles donnent de petits
fruits globuleux, charnus, d'un rouge vif.
276 Bois et h a ie s
Lierre
Hederá helix (Araliacées)
Parties dangereuses
Surtout les fruits.
Habitat
Sur les murs, les arbres, le sol des bois.
Toxicité
Les fruits contiennent des saponines et
peuvent provoquer des troubles digestifs,
nerveux et respiratoires parfois graves. Ils
sont très irritants, vomitifs et purgatifs. Les
feuilles ont occasionné des intoxications
chez l'homme et chez le bétail.
Dangers
Limités, car ni les feuilles coriaces, ni les
fruits, amers, ne sont tentants. Attention,
ne confondez pas la plante avec le
« Lierre terrestre » (Glechoma hedera-
cea), une Labiée rampante aux feuilles
odorantes que l'on emploie en infu
sions expectorantes ou comme condi
ment.
Description
Plante grimpante ou rampante à tiges
ligneuses munies de crampons, pou
vant atteindre plus de 50 m de lon
gueur. Les feuilles coriaces, vert sombre en
dessus, sont munies d'un long pétiole. Les
feuilles des rameaux sans fleurs sont divi
sées en 3-5 lobes plus ou moins profonds ;
celles des rameaux fleuris sont ovales ou
en forme de losange, pointues au
sommet. Les petites fleurs jaune-
verdâtre, épanouies en septembre-
octobre, sont groupées en ombelles
terminales sur les pieds grimpants.
Les fruits lobuleux, noirs, leur succèdent
de mars à mai.
Pla ntes t ox i q ues L\
r 277
Hellébore
Helleborus fœtidus (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Bois, coteaux.
Toxicité
Toute la plante contient des gluco-
sides et des alcaloïdes toxiques,
ainsi que, lorsqu'elle est fraîche,
une substance irritante. Elle est vo
mitive et purgative (on l'employait
autrefois à ce titre), mais son in
gestion peut provoquer de graves
troubles cardiaques. Il existe plu
sieurs autres espèces d'Hellébore,
de toxicité semblable.
Dangers
Peu importants ; la plante n'est guère en
gageante. Ses feuilles sont coriaces et leur
odeur plutôt repoussante : la salade d'Hel
lébore ne sera sûrement jamais au menu.
Description
Curieuse plante de 30 à 70 cm, à feuilles
basales munies d'un long pétiole, divisées
en 7-11 segments étroits et allongés, forte
ment dentés sur les bords, coriaces, vert
sombre. La taille des feuilles diminue vers
le sommet, jusqu'à être réduite à une gaine
élargie. Les fleurs, dont on voit surtout les
sépales verts souvent bordés de pourpre,
s'ouvrent de janvier à mai. Elles sont grou
pées au sommet de la plante. Les feuilles
dégagent au froissement une odeur désa
gréable.
278 Bois et haies
Clématite
Clematis vitalba (Renonculacées)
Parties dangereuses
La plante fraîche.
Habitat
Haies, bords des chemins.
Toxicité
Comme beaucoup d'autres plantes de la
même famille, la Clématite renferme, lors
qu'elle est fraîche, une substance très
irritante. Son suc peut provoquer des rou
geurs, voire même des cloques ; mâcher la
plante fraîche est évidemment désagréable,
sinon dangereux. On consommait néan
moins ses jeunes pousses après les avoir
fait bouillir. La plante sèche est inoffensive.
Il existe plusieurs autres espèces, toutes
aussi caustiques.
Dangers
Peu importants, car l'irritation est rapide
ment sensible et incitera vite à vérifier ce
que l'on mange.
Description
Liane ligneuse à tiges souvent très
longues, à écorce grise se détachant
en longues lanières, portant des
feuilles opposées, munies d'un
pétiole, divisées en 3-9 folioles
pétiolées, entières, en forme
de cœur renversé, ovales et
pointues. Les petites fleurs
blanches, à étamines nom
breuses, sont groupées à
l'aisselle des feuilles supé
rieures et s'épanouissent
de juin à août. Les fruits
sont remarquables par
leurs longs styles plumeux qui
persistent souventjusqu'à l'hiver.
Bords des eaux
Œnanthe
CEnanthe crocata (Ombellifères)
Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les tuber
cules. ^
Habitat
I
Bords des cours d'eau, prairies humides,
dans l'Ouest de la France.
Toxicité
L'Œnanthe renferme une substance
très vénéneuse et provoque des
troubles digestifs, respiratoires, ner
veux et circulatoires, souvent mor
tels. La plante séchée est moins
dangereuse.
Dangers
Des accidents mortels sont survenus
par suite de la consommation des
tubercules, qui semblent bien ten
tants quand on a faim, ou par
confusion des feuilles avec
celles d'Ombellifères co
mestibles. Les fruits d'une
espèce voisine, l'Œnanthe
aquatique ou Phellandrie
(Œnanthe aquatica), peu
vent provoquer des trou
bles nerveux.
Description
Grande plante d'environ
lm, à feuilles deux-trois
fois divisées en seg
ments ovales en coin
à la base. Les fleurs,
blanches ou rosées,
s'épanouissent en
juin-juillet. Elles sont
groupées en ombelles
composées, à 15-30 rayons
assez grêles, avec ou sans petites feuilles à
la base. L'Œnanthe comporte plusieurs gros
tubercules renflés, allongés en fuseau, ren
fermant un suc jaunâtre devenant brun-
orange.
280 Bords des eaux
Populage
Caltha palustris (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Bords des ruisseaux, prairies humides.
Toxicité
Comme la plupart des plantes de cette fa
mille (Renoncule, Clématite, etc.), le Popu
lage renferme, lorsqu'il est frais, une
substance irritante, accompagnée de sa-
ponines toxiques. Il est sans danger après
dessication, ou après avoir été cuit à plu
sieurs eaux. Il est parfois consommé
comme légume cuit.
Dangers
L'utilisation des feuilles crues en salade a
provoqué des troubles digestifs et nerveux
sans gravité.
Description
Plante de 20 à 60 cm, glabre
dans toutes ses parties, à
feuilles inférieures mu
nies d'un long pétiole
engainant, épaisses,
à contour arrondi,
échancrées en cœur
à la base, bordées de i
larges dents obtuses,
vert sombre, lu i
santes. Les feuilles
supérieures n'ont pas
de pétiole. Les grandes
fleurs comportent cinq
sépales jaune d'or, faisant
fonction de pétales, et de
nombreuses étamines. Elles
sont solitaires au sommet des
tiges et s'épanouissent d'avril à juin.
Pla n te s toxiqu es (R )^ 1
^ 281
Ciguë vireuse
Cicuta virosa (Ombelliféres)
Parties dangereuses
Toute la plante. %
Habitat
Marais tourbeux, fossés.
I
Toxicité
La plante contient des substances extrê
mement toxiques, en particulier la ra
cine. Son ingestion provoque des
troubles digestifs et nerveux très
graves, pouvant entraîner la mort par
paralysie respiratoire.
Dangers
On a parfois confondu la racine et les
feuilles de la ciguë vireuse avec celles
d'Ombellifères comestibles comme la
carotte sauvage - la confusion étant
mortelle ! Il conviendra de se méfier de
toutes les Ombellifères des lieux humides.
Description
Grande plante de 60 cm à 1,20 m dont les
feuilles inférieures, munies d'un long pé
tiole cylindrique, sont deux-trois fois com
plètement divisées en segments ovales, très
allongés et très aigus, bordés de dents ai
guës dirigées vers le sommet. Les petites
fleurs blanches, ouvertes en juillet-août,
sont groupées en ombelles composées de 8-
25 rayons égaux, sans involucre. Chaque
petite ombelle secondaire porte à sa base 3-
5 feuilles très étroites. Les fruits sont ar
rondis, plus larges que longs. La grosse
racine blanche, d'odeur désagréable, est
creuse, divisée en cloisons.
Midi et région méditerranéenne
Laurier-rose
Nerium oleander (Apocynacées)
i
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Bords des cours d'eau dans le Var, les Alpes-
Maritimes et la Corse ; très fréquemment
planté.
Toxicité
Le Laurier-rose renferme des substances
agissant fortement sur le cœur, à la façon de
la Digitale. Une feuille peut suffire à en
traîner des troubles digestifs et cardiaques ;
quelques-unes peuvent être fatales. Feuilles,
fleurs, écorce et bois sont potentiellement
mortels.
Dangers
Le nom commun de la plante peut inciter
à employer ses feuilles comme celles du
laurier sauce (Laurus nobilis). Mé-
fiez-vous toujours des confusions
que peuvent créer les similitudes
de noms.
Description
Arbuste jusqu'à 2-3 m, à
écorce grisâtre, à feuilles per
sistantes dressées, coriaces,
lancéolées, aiguës au som
met, entières, munies de 40-
70 paires de fines nervures
secondaires serrées, paral
lèles entre elles, partant de la
nervure principale. Les grandes
fleurs odorantes roses (parfois
blanches) s'épanouissent de juin à
octobre. Leur diamètre atteint 4-5 cm ;
elles sont groupées en inflorescences à
l'extrémité des rameaux. Le fruit, ligneux
à maturité, est environ dix fois plus long
que large.
P l a n t e s t o x i q u e s ( p ) ^ 1^ 283
Genêt d'Espagne
Spartium junœum (Papilionacées)
Parties dangereuses
Surtout les fleurs.
Habitat
Coteaux arides ; également planté.
Toxicité
Les fleurs contiennent un alcaloïde agis
sant sur le cœur, toxique à fortes doses.
Leur consommation, épanouies ou en bou
tons, provoque des troubles digestifs et car
diovasculaires. Les rameaux renferment
un autre alcaloïde, très toxique.
Dangers
Des empoisonnements ont eu lieu par suite
de la confusion des boutons floraux avec
ceux du genêt à balai (Cytisus scoparius),
dont on fait des « câpres ». Et les belles
grandes fleurs jaunes sont très attirantes,
mais fort dangereuses.
Description
Arbrisseau décoratif de 1 à 4 m à rameaux
allongés, cylindriques, glabre, d'un vert
bleuâtre, portant très peu de feuilles. Ces
dernières sont petites, allongées, entières,
velues en dessous. Les grandes fleurs
jaunes, odorantes, présentent la forme
typique des fleurs de cette famille, avec un
étendard beaucoup plus grand que les
autres pétales. Elles s'ouvrent de mai à sep
tembre et sont rassemblées en grappes ter
minales. Les fruits qui leur succèdent sont
des gousses noires.
284 Mi di et r é g i o n m é d i t e r r a n é e n n e
Ricin
Ricinus communis (Euphorbiacées)
Parties dangereuses
Graines. ^
Habitat
Décombres, bords des chemins dans les ré
gions les plus chaudes ; parfois planté.
Toxicité
Les graines de ricin contiennent une huile
bien connue, fortement laxative, mais non
toxique. Elles renferment aussi une sub
stance très dangereuse qui ne passe pas
dans l'huile à l'extraction. Quelques graines
de Ricin provoquent de graves troubles di
gestifs, nerveux et cardiovasculaires sou
vent mortels : il peut suffire de 2 à 5 graines
pour tuer un adulte.
Dangers
L'aspect particulier des graines les rend
attirantes, et leur saveur n'est pas désa
gréable.
Description
Grande plante herbacée de 2 à 3 m, an
nuelle dans nos régions, à tige
épaisse, glabre, souvent mar
brée de rouge, portant de très
grandes feuilles luisantes, palmées,
découpées en 8-10 lobes allongés, aigus,
bordés de dents. Les petites fleurs ver
dâtres, toutes mâles ou toutes femelles, sont
groupées en épis denses au sommet des ra
meaux. Les fleurs mâles se trouvent en bas
de l'épi, les femelles en haut. Ces dernières
donnent des fruits secs épineux contenant
trois graines fines d'environ 2 cm de lon
gueur, brunes, joliment marbrées.
Montagnes
Actée
Actœ a spicata (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les baies. %
Habitat
Bois humides.
I
Toxicité
L'Actée contient une substance irri
tante et d'autres principes toxiques
mal connus. Ce sont surtout les baies
qui sont en cause. Elles sont âcres
et amères, et pourraient provoquer
des troubles digestifs, nerveux et
cardiovasculaires graves, voire mor
tels. Une dizaine de baies serait fa
tale.
Dangers
Les baies sont attirantes, mais elles ne
ressemblent à aucun fruit comestible et
sont désagréables au goût.
Description
Plante de 30 à 80 cm, à très grandes feuilles
munies d'un long pétiole, composées de
plusieurs folioles, elles-mêmes divisées en
folioles secondaires, ovales, pointues et
bordées de dents aiguës. Les folioles ter
minales sont découpées en trois lobes. Les
feuilles sont minces, vert clair en dessus,
plus pâles en dessous. Les petites fleurs
blanchâtres, épanouies en juin-juillet, sont
réunies en grappes terminales denses. Les
fruits sont des baies, d'abord vertes puis
noires et luisantes à maturité, en août et
septembre.
286 M ontagnes
Aconit
Aconitum napellus (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante. ^
Habitat
Lieux humides ; également planté.
Toxicité
Les aconits sont parmi les plantes les plus
toxiques de nos régions. Ils contiennent,
en particulier dans la racine, des alcaloïdes
extrêmement toxiques, qui provoquent des
troubles nerveux, visuels et cardiaques pou
vant entraîner la mort. Le simple fait de
cueillir la plante peut être dangereux si les
doigts sont écorchés. Il existe d'autres es
pèces d'Aconit, également toxiques, à fleurs
bleues ou jaunes.
Dangers
Des accidents mortels sont survenus par
confusion des racines ou des jeunes
pousses avec celles d'espèces comestibles.
Description
Grande et belle plante de 30 cm à
près de 2 m, vivant souvent en
colonies. Les feuilles sont pro- ||
fondément découpées en
éventail en segments très
étroits et allongés, eux-
mêmes divisés. Les fleurs,
bleu foncé parfois violacé,
s'ouvrent de juillet à sep- jj
tembre. Leur aspect ty- H
pique est dû au sépale B
supérieur en forme de ||
casque. Les fleurs sont ras- |
semblées en grappes ter- H
minales allongées. La racine *
porte des tubercules renflés, H
ovales et allongés, présentant un
bourgeon au sommet.
Pla n te s toxiques 287
Daphné
Daphne mezereum (Thyméléacées)
Parties dangereuses
Surtout écorce et baies. &
Habitat
Bois, pâturages ; également planté.
Toxicité
La plante contient une résine et un
glucoside âcre. Elle est très irri
tante. L'écorce provoque des rou
geurs et des cloques, et l'ingestion
des fruits peut déterminer des
troubles digestifs, urinaires, car
diaques et respiratoires entraînant
parfois la mort. Une dizaine de fruits,
voire moins, peut suffire. Les autres
Daphnés, à baies rouges ou noires, sont
tout aussi toxiques.
Dangers
Ils proviennent surtout des fruits, qui peu
vent être tentants. Il est toutefois peu pro
bable qu'on les confonde avec ceux d'une
plante comestible : ils sont fixés directe
ment sur une tige, juste sous la touffe
terminale de feuilles, ce qui est caractéris
tique du Daphné.
Description
Arbrisseau de 40 cm à 1 m, à tiges très
souples portant de grandes feuilles minces,
oblongues, étroites, entières, aiguës, atté
nuées en un court pétiole. Elles viennent
après les fleurs et sont groupées en rosette
au sommet des rameaux. Les petites fleurs
roses, en forme d'entonnoir, à quatre lobes,
répandent de février à mai une odeur très
suave. Elles sont disposées par 2-4 le long
des rameaux. Les baies ovoïdes sont d'un
beau rouge vif à maturité.
288 Montagnes
Rhododendron
Rhododendron ferrugineum (Éricacées)
Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les fleurs.
Habitat
Pâturages, bois, rocailles en haute mon
tagne.
Toxicité
Les rhododendrons renferment une sub
stance irritante et toxique, et ils sont connus
pour avoir occasionné des troubles diges
tifs, nerveux, cardiovasculaires et respira
toires parfois très graves. Fleurs et feuilles
sont dangereuses.
Dangers
Les magnifiques fleurs sont bien tentantes
pour décorer les salades montagnardes en
été, mais il faudra les laisser là où elles sont.
Dans les Alpes centrales et orientales
(Haute-Savoie), on rencontre une autre es
pèce, le Rhododendron hirsute (Rhodo
dendron hirsutum), également toxique.
Description
Sous-arbrisseau de 30 à 80 cm, à
tiges tortueuses et rameuses dès la
base, formant un buisson. Les
feuilles, munies d'un court pé
tiole, sont coriaces, persistantes,
glabres, ovales-allongées, ai
guës au sommet, vertes et lui
santés en dessus, de couleur
brun-rouille sur toute la face in- |J
férieure. Les grandes fleurs îj
rouges, en forme d'entonnoir à
cinq lobes, sont rassemblées par
4-8 au sommet des rameaux. La flo
raison des Rhododendrons éclate de
juin à août suivant les lieux.
Pla n te s toxiques 289
Ancolie
Aquilegia vulgaris (Renonculacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Bois, prés, rochers ; également plan
tée.
Toxicité
Bien qu'elle ne contienne que des
substances apparemment peu ac
tives, l'Ancolie passe pour suspecte,
du moins ses graines. D'autres es
pèces renferment des alcaloïdes et
sont sans doute plus toxiques. Les
Dauphinelles (Delphinium spp.),
plantes voisines, poussant dans les
prairies des hautes montagnes ou dans
les champs des plaines, sont dangereuses,
surtout les graines.
Dangers
Peu importants, mais on évitera de se ser
vir des fleurs pour décorer les salades.
Description
Très jolie plante de 10 cm à 1 m, à feuilles
pétiolées, composées de trois folioles, elles-
mêmes divisées en trois segments profon
dément lobés au sommet, de couleur
glauque. Les fleurs, caractéristiques, sont
formées de cinq sépales colorés et de cinq
pétales en cornet ; elles sont bleues ou vio
lettes, portées par de longs pédoncules au
sommet des tiges, et s'épanouissent de mai
à juillet. Les étamines jaunes sont saillantes
entre les pétales.
290 Montagnes
Vératre
Veratrum album (Liliacées)
I
Parties dangereuses
Toute la plante. ^
Habitat
Prairies et pâturages de montagne.
Toxicité
Le Vératre renferme de nombreux alca
loïdes toxiques particulièrement abondants
dans le rhizome et les racines. Il peut pro
voquer des troubles digestifs, nerveux,
cardiaques et respiratoires allant jusqu'à
la mort.
Dangers
La plupart des accidents proviennent de la
confusion de ses racines avec celles de la
grande Gentiane (Gentiana luteà], utilisée
pour faire tisanes et liqueurs. La racine de
la Gentiane est unique, épaisse et aroma
tique, et les feuilles de la plante, d'un vert
un peu bleuté, sont opposées.
Description
Grande plante de 50 cm à
1,50 m, à feuilles alternes, en
gainantes à la base, fortement
plissées en long suivant les
nervures parallèles entre
elles de la base au sommet.
Les feuilles inférieures sont
larges, ovales et plus ou
moins obtuses ; les supé
rieures sont plus étroites, al
longées et aiguës. Les fleurs
blanchâtres ou d'un jaune ver
dâtre s'épanouissent en juillet-
août. Elles sont rassemblées en une
longue grappe peu ramifiée. La tige
souterraine, courte, est formée de trois
renflements portant de nombreuses ra
cines minces.
Plantes toxiques 291
Pédiculaire
Pedicularis verticlllata (Scrofulariacées)
Parties dangereuses
Toute la plante.
Habitat
Pâturages humides de la zone alpine dans
les Alpes et les Pyrénées.
Toxicité
Les différentes espèces de Pédiculaire, fa
cilement reconnaissables à la forme ca
ractéristique de leurs fleurs et à leurs
feuilles découpées, sont dangereuses. Elles
contiennent un glucoside toxique. Leurs
propriétés insecticides étaient mises à pro
fit autrefois pour lutter contre les parasites
de l'homme et des animaux.
Dangers
Faibles, car la Pédiculaire ne ressemble à
aucune plante comestible.
Description
Petite plante de 5 à 20 cm, à tiges parcou
rues en longueur par quatre lignes de poils,
portant des feuilles verticillées par 3-4, plus
rarement par 5-6. Les feuilles, allongées,
sont profondément découpées en segments
obtus. Les belles fleurs pourprées s'épa
nouissent de juin à septembre. Elles sont
disposées en grappes terminales serrées
qui s'allongent un peu au cours de la flo
raison. Le calice, renflé en forme d'outre,
est couvert de petits poils raides. La corolle
est glabre ; sa lèvre supérieure, un peu cour
bée, est obtuse à son sommet. De petites
feuilles sont mélangées aux fleurs dans les
grappes, les inférieures dépassant les
fleurs. Le fruit mûr a deux ou trois fois la
longueur du calice.
292 M o n t a g nes
Arnica
Arnica montana (Composées)
Parties dangereuses
Fleurs.
Habitat
Prairies, bois clairs, landes.
Toxicité
Les fleurs d'Arnica contiennent de l'huile
essentielle, des glucosides et diverses sub
stances. Leur saveur est aromatique et pi
quante. Elles stimulent le système
circulatoire et nerveux, mais de trop fortes
doses peuvent provoquer des troubles di
gestifs, nerveux et cardiaques. On a signalé
qu'une poignée seulement pouvait entraî
ner la mort. L'Arnica est surtout employée
en usage externe, sous forme de teinture
notamment contre les entorses, les fou
lures, etc.
Dangers
Peu importants. M eus il faudra éviter de dé
corer les salades avec les splendides capi
tules de l'arnica et s'abstenir de mâchonner
les fleurs en grande quantité.
Description
Belle plante de 20 à 70 cm, à feuilles ovales
allongées, aiguës au sommet, fermes,
épaisses, parsemées de poils courts. Les
feuilles de la base sont étalées en rosette ;
la tige porte 1-2 paires de petites feuilles
opposées. Les fleurs jaune orangé, de deux
sortes, en languette et en tube, sont grou
pées en grands capitules solitaires ou ré
unis par 3-5 à l'extrémité de rameaux
opposés.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1
P l a n t e s t o x i q u e s (q ) % ^ 293
Fritillaire
Fritillaria meleagris (Liliacées)
i
Parties dangereuses
Toute la plante, surtout le bulbe.
Habitat
Prairies humides, pâturages.
Toxicité
La Fritillaire contient, surtout dans son
bulbe, un alcaloïde très toxique possédant
une action déprimante sur le cœur. Elle est
donc potentiellement dangereuse, ainsi que
les autres espèces du genre, localement fré
quentes en montagne.
Dangers
Il faudra éviter de décorer les salades avec
des fleurs de Fritillaire et se méfier de
confusions possibles en déterrant des
bulbes comestibles (d'Ail sauvage par
exemple). De toute façon, la plante ne de
vrait pas être cueillie, car elle est devenue
rare, de même que ses cousines monta
gnardes, bien qu'en quelques stations ces
dernières forment parfois de véritables
champs.
Description
Plante bulbeuse de 20 à S0 cm, portant
4-5 feuilles espacées le long de la tige, très
étroites et allongées, aiguës, un peu en gout
tière en dessus, glabres et un peu glauques.
La tige grêle et élancée se termine par une
grande fleur en cloche ouverte, formée de
six divisions ovales, libres entre elles jus
qu'à leur base, panachées en damier de car
reaux pourpres et blanchâtres. Elle
s'épanouit d'avril à juin et donne un fruit
globuleux à trois valves.
Autres plantes sauvages
toxiques de nos régions
Amanite phalloïde
Amanite tue-mouche
Bolet satan
Amanite rubescente
Coulemelle
Lactaire délicieux
Morille Morillon
Russules Vesse-de-loup géante
O n trouvera la description des algues représentées sur cette planche en p. 308.
V ous trouverez dans les pages qui suivent les champignons de nos régions dont
l'ingestion risque de provoquer des troubles graves, voire mortels. N'oubliez pas
que, par ailleurs, les champignons sont connus pour concentrer les substances
polluantes tels qu'engrais, herbicides et pesticides, métaux lourds et matières
radioactives. Prudence, prudence...
Entolome livide
Rhodophyllus lividus
Gros champignon à chapeau gris, pied Hypholome en touffe
blanc, lamelles jaune très pâle, puis rosées, Hypholoma fasciculare
chair blanche à odeur de farine, ne se pro En touffes sur souches, chapeau jaune clair
longeant pas sur le pied. orangé au centre, cortine jaunâtre, lamelles
-Très toxique (troubles digestifs). jaunes puis grises.
D'autres entolomes, plus petits, sont -Toxique, mais immangeable (saveur
toxiques, quoiqu'à un moindre degré. amère).
302 C h am p ig n o n s toxiques
Mycène pure
Mycena pura
Petit champignon variant du violacé au rose
et au jaunâtre, strié sur les bords, pied grêle,
odeur de radis.
Champignons
fer"
comestibles
11!
V oici quelques-uns des Champignons les plus savoureux, les plus faciles à iden
tifier et les plus communs de nos régions. Il en existe beaucoup d'autres ! Utili
sez un manuel d'identification détaillé afin d'être toujours absolument certain de
l'espèce précise que vous souhaitez consommer.
Souvenez-vous qu'il y a chaque année des accidents graves voire mortels avec
les champignons.
Amanites
Ce genre compte parmi les plus savou
reux... et les plus dangereux (voir p. 300) !
Principales espèces
Amanite des Césars (Amonita caesarea) ou
oronge : chapeau orange vif sans écaille,
pied et lamelles jaune d'or, ample anneau
membraneux, ample volve blanche persis
tante. Excellent.
Attention
Ne pas confondre avec l'am anite tue-
mouche, toxique (voir p. 300).
■Amanite rubescente ou golmotte (A. ru-
bescens) : chapeau brun parsemé d'écailles,
Cueillette d'une coulemelle lamelles blanches, pied renflé en bulbe à
304 C h am p ignons com estibles
la base, anneau membraneux, chair deve Attention : le bolet à beau pied (Boletus ca-
nant rougeâtre à l'air -très visible là où le lopus) est amer. Son pied, renflé, est jaune,
pied ou le chapeau ont été rongés. Excel recouvert d'un réseau de veines rouges.
lent, mais toxique cru. ■ Pores rouges : bolet à pied rouge
Attention (B. erythropus). Pied rouge, sans réseau, chair
Ne pas confondre avec l'Amanite panthère, jaune. Attention : ne pas confondre avec le
toxique (voir p. 300). Bolet satan ou le Bolet blafard, toxiques
■Amanite vaginée (Amanita vaginata) : cha (voir p. 300).
peau brun sans écaille, à marge striée, la ■ Bolets non bleuissants : bolet rude
melles blanches, long pied sans anneau (B. scaber) : chapeau brun, pied moucheté,
sortant d'une ample volve persistante. fibreux, pores blanchâtres ; bolet orangé
Attention (B. aurantiacus) : chapeau roux, pied blanc, fi
Ne pas confondre avec ¡'Amanite phalloïde, breux, pores blanchâtres ; bolet jaune
mortelle, dont le pied possède un anneau, (Suillus luteus) : chapeau visqueux, pied muni
qui peut être plus ou moins détruit. S'il y a d'un anneau, pores jaunes.
le moindre doute, abstenez-vous !
Chanterelle ou girolle
Bolets Cantharellus cibarius
Ils sont caractérisés par les tubes qui ta Caractéristiques
pissent la face inférieure du chapeau. Cer Entièrement jaune plus ou moins orangé,
tains bolets comptent parmi les meilleurs lamelles réduites, a des plis longuement
comestibles. On peut souvent les manger prolongés sur le pied court. Excellent.
crus. Mais d'autres sont toxiques, parfois Espèce voisine : chanterelle en tube (C. tu-
violemment. On se méfiera des bolets à biformis) : brun grisâtre à pied jaune, creux,
pores rouges. chair élastique.
Principales espèces
Cèpes : cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) ;
cèpe d'été (B. reticulatus) ; tête de nègre (B.
aereus). Excellents crus ou cuits.
Caractéristiques
Pied clair ou brunâtre, renflé ; pores blancs,
puis jaunes.
Attention
Le bolet amer (B. felleus) a des pores blancs,
puis roses. Sa saveur permet de le recon
naître aisément.
■Bolets bleuissants : la chair et les pores
deviennent bleus à la cassure ou au frois
sement. L'intensité et la rapidité de la co
loration varient suivant les espèces. Ce n'est
pas en soi un signe de toxicité.
■Pores blancs : bolet bleuissant (Gyropo- Clavaire chou-fleur
rus cyanescens) ; bolet bai (Xerocomus badius). Ram aria botrytis
Excellents. Caractéristiques
■Pores jaunes : bolet à chair jaune (Xero Grosse touffe blanche à pied épais, rami
comus chrysenteron). Chair rouge sous le re fiée en nombreux rameaux très divisés, ir
vêtement du chapeau. réguliers, fins et rosés au sommât.
C h am p ig n o n s co m estib les 305
Attention Lactaires
La davaire jolie (R. formosa) est purgative. Caractéristiques
Elle est blanche ou rosée, avec la pointe des Chapeau en entonnoir, pied court, chair
rameaux jaune citron ; sa saveur est un peu cassante, laissant écouler à la coupure un
amère. lait blanc, jaune, orangé ou rouge.
D'une façon générale, les lactaires dont le
lait est doux sont comestibles, ceux dont il
est âcre doivent être rejetés, ils sont vomi
Clitocybe nébuleux tifs à l'état cru. Attention : le lait peut ne de
Clitocybe nebularis venir âcre qu'au bout de quelque temps ;
Caractéristiques n'en goûtez que très peu.
Gros champignon grisâtre à chapeau souvent Principales espèces
bosselé au centre, lamelles crème sale puis Lactaire délicieux (Lactarius deliciosus) :
jaunâtres, chair odorante se prolongeant un orangé, taché de verdâtre, lait couleur de
peu sur le pied ; pousse en groupes. jus de carotte.
Attention Lactaire sanguin (L. sanguifiuus) : lait rouge
Ne pas confondre avec l'entolome livide brique ; excellent sur le gril.
(voir p. 301 ). Les clitocybes blancs ou oran
gés sont toxiques (voir p. 301).
Lépiotes
C'est avant tout le champignon parasol, la
Coprins coulemelle. Mais certaines petites lépiotes
Caractéristiques sont mortelles !
Chapeau et pied facilement séparables, Coulemelle (Lepiota procera) : chapeau très
chair très fragile ; les lamelles deviennent large, aplati, à écailles non séparables, pied
noires et se liquéfient. très grand et mince, moucheté, muni d'un
Principale espèce anneau coulissant. Excellent.
Coprin chevelu (Coprinus comatus) - blanc Espèce voisine
crème, chapeau ovoïde, long et étroit, puis Lépiote déguenillée (L. rhacodes) : écailles
en cloche, parsemé de grosses mèches, pied plus grandes et moins nombreuses, pied
à anneau mobile, lamelles blanches, puis non moucheté ; anneau coulissant.
roses, enfin noires. Excellent cru, à condi Excellent.
tion de ramasser les jeunes spécimens et Attention
de les consommer rapidement. Certaines lépiotes sont indigestes, d'autres,
de petite taille, sont mortelles (voir p. 302).
On ne ramassera que les grandes espèces
à anneau coulissant.
Laccaire améthyste
Laccaria amethystina
Caractéristiques Marasme des oréades
Petit champignon violet dans toutes ses par ou mousseron d'autom ne
ties. Marasmius oreades
Espèce voisine Caractéristiques
Laccaire laqué (Laccaria laccata) - : chapeau Souvent en « ronds de sorcière » dans
et pied roux, lamelles roses. l'herbe, chapeau chamois clair, bossu au
Attention centre, pied élastique, coriace, chair odo
Ne pas confondre avec les Mycènes rante. Excellent (éliminer le pied) ; sèche
toxiques (voir p. 302). très facilement.
306 C h am pignons com estibles
Morilles Russules
Ces champignons très réputés, en forme Caractéristiques
d'éponge creuse, doivent être consommés Chapeau déprimé au centre, pied court,
cuits ou séchés, car ils sont toxiques crus. chair cassante, friable ; ressemblent aux
Principales espèces lactaires, mais n'ont pas de lait.
Morille vulgaire (Morchella vulgaris) ; morille D'une façon générale, les russules dont la
conique (M. conica). Excellents ; très aroma chair est douce sont comestibles, celles dont
tiques une fois séchés. elle est âcre doivent être rejetées : elles sont
Attention vomitives à l'état cru (l'une d'elles se
Ne pas confondre avec la gyromitre, par nomme d'ailleurs « russule émétique »).
fois toxique (voir p. 301). Attention : la chair peut être d'abord douce
et mettre quelque temps avant de devenir
âcre ; n'en mâchez que très peu pour goû
ter et n'avalez pas !
Pied-de-mouton Principales espèces
Hydnum repandum Russule charbonnière (Russula cyanoxantha) :
Caractéristiques chapeau noirâtre-violet ; russule comes
Chapeau chamois ou orangé, recouvert en tible (R. vesca) : chapeau brun rougeâtre, va
dessous d'aiguillons de couleur claire, sa riable ; russule verdoyante ou palomet (R.
veur acidulée. virescens) : chapeau verdâtre ; etc.
Tricholomes
Plusieurs tricholomes sont d'excellents
Polypores comestibles, mais d'autres sont imman
Caractéristiques geables, voire toxiques.
En touffes sur les troncs et les souches, cha Caractéristiques
peaux munis de tubes en dessous, chair de Souvent gras et charnus, lamelles échan
venant généralement coriace avec l'âge, gées près du pied.
comestibles jeunes. Principales espèces
Principales espèces ■Tricholome nu (Rhodopaxillus nudus) : cha
Poule de bois (Polyporus umbellatus, P. frondo- peau, pied et lamelles violets, chair parfu
sus) : chapeaux grisâtres, pores blancs ; mée.
polypore soufré (P. sulfureus) : chapeaux ■Tricholome de la Saint-Georges ou mous
orange, pores jaune citron, saveur acide; seron du printemps (Lyophyllum georgii) : blan
fistuline hépatique (Fistulina hepático) : cha châtre partout, chair à odeur de farine.
peau et chair rouges, pores rosés, saveur Attention : ne pas confondre avec l'inocybe
acidulée, peut se manger cru. de Patouillard (voir p. 302).
C h am p ig n o n s co m estib les 307
oici quelques-unes des Algues les plus communes sur nos côtes, avec leurs uti
lisations. Munissez-vous d'un bon guide pour les identifier.
Habitat
Rochers découverts par la marée.
Utilisations
Hachée dans les salades ; séchée et pulvé Habitat
risée. Rochers découverts par la marée.
Utilisations
■ L a itu e d e m e r (Ulva lactuca) Légume cuit ; séché et pulvérisé comme
Description condiment (très employé aux États-Unis :
Vert vif ou sombre, translucide, semblable kelp).
à une feuille aussi large que longue, très
mince, ondulée. ■ A la ria (Alaria esculenta)
Description
Brun olive, en forme de
feuille étroite et allongée, à
nervure médiane aplatie,
stipe portant des protubé
rances en massue.
Habitat
Rochers toujours recouverts.
Utilisations
Habitat Finement coupée fraîche en
Rochers découverts par la marée, flaques sandwich ou dans les salades,
dans les rochers. cuite en légume et en soupe.
___ 309
Algues rouges
■Dulse (Rhodymenia palmata)
Description
Rouge foncé, en forme de feuille élargie,
profondément et irrégulièrement divisée,
mince, avec quelques protubérances sur
les bords.
Habitat
Rochers en eau peu profonde.
Utilisations
Séché dans les salades, ou cuit en légume ;
encore employé dans les îles Britanniques,
en « pains » et en sauces, ainsi qu'aujapon.
Annexes
Bibliographie
Identification des plantes • Dégustez les plantes sauvages, en coll. avec Marc
• Bayer, E„ et al., Guide de la Flore m éditerra Veyrat, Sang de la Terre, Paris, 2000
néenne, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1990 • L 'H e rb ie r des montagnes, Favre, Lausanne,
• Danton, Pgilippie, et Michel Baffray, Inventaire 2000
des plantes protégées, Nathan/AFCEV,Paris/
Mulhouse, 1995 Champignons
• Fitter, Richard, et al., Guide desfleurs sauvages, • Courtecuisse, Régis, et Bernard Duhem, Guide
Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1984 des C h a m p ig n on s de F ra n ce et d 'E u rop e ,
• Gavazzi, E„ Liste des espèces végétales proté Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1994
gées, Service du Patrimoine Naturel, Paris, 1995 • Pacioni, G., Les Champignons, Nathan, Paris,
• Grey-Wilson, Chistopher, et Marjorie Blamey, 1981, 1989
Guide complet desfleurs de montagne, Delachaux • Romagnesi, Henri, Petit Guide des champignons,
et Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1984 Bordas, Paris, 1981
• Loyer, Bernard, 100 Arbres et arbustesfaciles à
voir, Nathan, Paris, 1992 Algues
• Vust, Mathias, et Pierre Galland, Les plantes • Cabioc'h, Jacqueline, et al., Guide des algues
proté gé es de Suisse, Delachaux et Niestlé, des m ers d 'E u ro p e , Delachaux et Niestlé,
Lausanne, Paris, 2001 Lausanne, Paris, 1992
>Vaquette, Philippe, Le Guide de l'éducateur na- en milieu hostile, Albin Michel, Paris, 1988
ture, Le Souffle d'Or, Barret-le-Bas, 1987 • Rivière, Bill, Comment vivre dans la nature, Les
Éditions del'Homme, Montréal, 1982
Survie • Weiss, Christian, Le Guide du robinson. Nathan,
• Le Brun, Dominique, M anuel de survie, Solar, Paris, 1993
Paris, 1987
• Maniguet, Xavier, Survivre, com m ent vaincre
Index
Noms français des plantes
Les chiffres en gras renvoient aux espèces décrites.
Les chiffres en rom ain renvoient aux espèces voisines et aux listes complémentaires,
E J
Ecballium elaterium 294 Juniperus communis 206
Enteromorpha intestinalis 308 —oxycedrus 206
Epilobium angustifolium 234
Eiysimum cheiranthoides 294 L
Euonymus europseus 263 Laburnum anagyroides 262
Euphorbia cyparissias 253 Laccaria amethystina 305
—helioscopia 253 —laccata 305
— silvatica 253 Lactarius deliciosus 305
—sanguifluus 305
F Lactuca perennis 159
Fagus silvatica 188 —serriola 159
Fistulina hepatica 306 Laminaria digitata 309
Fceniculum vulgare 221 —saccharina 309
Fragaria collina 204 Lamium sp. 154
—elatior 204 Lamium album 154
—sp. 204 — amplexicaule 154
Fritillaria meleagris 293 —galeobdolon 154
Fucus vesiculosus 308 —maculatum 154
—purpureum 154
G Lapsana communis 162
Galanthus nivalis 294 Laurus nobilis 282
Annexes 317
o Q
Quercus sp. 190
(Enanthe aquatica 279
—crocata 279 R
CEnothera biennis 242 Ramaria botrytis 304
Omphalotus olearius 301 —formosa 305
Opuntia ficus-indica 242 Ranunculus bulbosus 168
Origanum vulgare 173 —ficaria 242
Ornithogalum umbellatum 294 — sceleratus 252
Oxalis acetosella 212 Raphanus raphanistrum 242
Oxyria digyna 242 Reynoutria japónica 242
Rhamnus cathartica 294
—frangula 270
318 V i v r e en p l e i n e n a t u r e
Collection
Connaissance de la nature
La Tortue sauvage, Bernard Devaux
Les Rapaces nocturnes, collectif
Le Chant des oiseaux, A. Bossus et F. Charron
Guide de l'ornithologue et du birdwatcheur. Collectif
Découvrez lesfruits sauvages, Éric Varlet
La Passion des tortues, Bernard Devaux
Les Tortues en 100 questions, Bernard Devaux
Les Énergies de la planète, François Barruel
Collection
Écologie urbaine
Aménager la ville, Pascal Reysset
L'arbre dans la ville, Didier Larue
Les eaux pluviales, Jérôme Chaïb
Les études d'impact, Jérôme Chaïb
Collection
Guides pratiques
Guide des métiers verts, Françoise Chirot et Anne Galey
Guide écologique de la famille, collectif
La Bio de la terre à l'assiette, Pascale Solana
Internet et environnement, Michel Giran
Écocitoyen au quotidien, Jérôme Chaïb etJean-Paul Thorez
Le Paysage urbain, collectif
Gaïa, une médecine pour la planète, James Lovelock
Le Guide des chevaux de trait, Association Traits de génie
Quitter la ville, Mode d'emploi, Bernard Farinelli
)dod
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ie il Direction éditoriale : Dominique BIGOURDAN
nbi Corrections : Documentech (01 61 08 40 97)
lun
hus Conception graphique Pierre Léotard
n si M ise en pages Luc Borgel
3er avec Suze Jaouen et Fabienne Clautiaux
rbu
ass Achevé d 'im p rim er pour le compte des éditions Sang de la terre
tiui Sur les presses de l'im p rim erie IME
iys 25112 Baumes-les-Dames
iris N° d'im pression : 15892
>ha Dépôt légal :Juin 2002
la 1
us
)hc
Rubriques Santé et Nutrition
Soins p. 97
Plantes médicinales p. 111 à 113
Le rythme p. 68
Les pieds p. 68
Blessures p. 99
Brûlures p. 100
Ampoules p. 100
Entorses p. 101
Dermites (irritations) p. 101
Maux de tête, Maux d'yeux p. 102
Insomnie, Hypotension, Hypoglycémie p. 101
Insolation p. 102
Coup de soleil p. 100
Froid p. 102
Montagne p. 103
Nutrition p. 18 à 27
Diététique p. 46 à 50
Problèmes digestifs p. 97