Vivre en Pleine Nature

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Rubriques utiles

durant votre séjour en pleine nature

Eau potable p 14 à 17
Eau fraîche p. 17

Recettes culinaires p. 29
Menus p. 40
Cuisson p. 41
Fabrication d'ustensiles p. 89 à 91

Feu et foyer p. 51 à 58 et p. 64 à
Bois de chauffage p. 54
Feu par temps humide p. 56 et 58
Feu sans allumette p. 59 à 64

Météo p. 75
Orientation p. 69 à 74
Heure solaire p. 76

Installation du bivouac p. 77 et 79
Confection de l'abri p. 79 à 84
Toilette p. 115, p. 118 et 119
Lessive p. 119
Couchage et sommeil p. 77, p. 78, p. 88 et 125

Végétaux comestibles : indices verts


Végétaux toxiques : indices rouges
sur la tranche de votre livre.

Index des plantes p. 312


Rubriques Santé sur le rabat de fin d'ouvrase
François Couplan

Vivre
en pleine
^ knature
LE GUIDE DE LA SURVIE DOUCE

ang de la terre
Remerciements de l'auteur
Je voudrais remercier ici les personnes qui m 'ont aidé à réaliser ce livre,
en particulier le docteur Romain Brun qui m 'a fa it profiter de ses conseils médicaux,
Scott van den Bergh qui m 'a initié aux techniques de vie primitive,
Roland Küng, maître du feu,
et Dominique Bigourdan, mon éditeur,
ainsi que les nombreux participants à mes « survies douces »
de qui j'a i certainement autant appris qu'eux de moi.

Copyright © 2002 Sang de la terre, Paris


ÉDITIONS Sang de la terre, 62 rue Blanche 75009 PARIS

ISBN: 2-86985-147-2
Toute représentatio n ou reproduction, intégrale ou partielle, p a r quelque procédé que ce soit, des pages publiées
dans le p ré sen t ouvrage, faite san s l'au to risatio n de l'éd iteu r, est illicite. Seules so nt autorisées, d 'u n e part, les re ­
productions strictem en t réservées à l'usage privé du copiste et n o n destinées à une utilisation collective et, d'au tre
part, les analyses et courtes citations justifiées p a rle caractère scientifique ou d 'in form ation de l'œ uvre à laquelle
elles sont incorporées (Loi du 1er ju illet 1992 - art. L122-4 et L122-5 e t Code p én al - art.425).
6 V i v r e en p l e i n e n a t u r e _______

Sommaire

Introduction P- 9 Les vitamines P- 49


Vivre en pleine nature P- 9 Les sels minéraux
Un livre pour vous P- 9 et les oligo-éléments P- 50
Un livre pour nos régions P- 11
Retrouver nos vrais besoins P- 11 Se chauffer/cuisiner : le feu P- 51
La survie douce P- 12 Précautions P- 51
Préparer le feu P- 53
Choisir l'emplacement P- 53
Se désaltérer P- 14 Établir le foyer 53
P-
Comment se procurer de l'eau P- 14
Ramasser le bois P- 53
Précautions à prendre P- 15
Monter le feu P- 55
Avoir de l'eau fraîche P- 17
Allumer le feu P- 58
Faire du feu sans allumettes P- 59
Se nourrir P- 18 Les types de feux P- 64
Une base végétale P- 18
Tenir le feu P- 65
Aurez-vous asssez à manger ? P- 20
Éteindre et nettoyer P- 66
Plantes sauvages comestibles P- 21
Réchauds P- 66
Plantes toxiques P- 21
Champignons P- 23
Se déplacer/s'o rienter P 67
Algues P- 24 Comment se déplacer? P- 67
Lichens P- 24 Les difficultés P- 67
Le rythme P- 68
Cuisiner P- 25 Les pieds P- 68
L'indispensable P- 25
La carte P- 69
Le confortable P- 26
S'orienter P- 69
Partir sans rien P- 27
S'orienter sans boussole P- 71
À laisser P- 28
Perdu en pleine nature ! P- 73
Ustensiles P- 28
Prévoir le temps P- 75
Recettes P- 29
Trouver l'heure P- 76
Exemple de menu pour une semaine P- 40
Méthodes et trucs P- 40
S'arrêter/s'ab riter P- 77
Choix de l'emplacement P- 77
Anim aux P- 4 4 Dormir sans abri P- 77
Interdictions et protection P- 44 Types d'abris 79
P-
Coquillages P- 45 Les noeuds 84
P-
Fabriquer de la ficelle P- 86
L'alimentation Éloigner les insectes P- 87
en pleine nature P- 4 6 Dormir P- 88
Les protides P- 46
Les glucides P- 47 Se débrouiller dans la nature P- 89
Les lipides P- 48 Techniques de vie primitive P- 89
Sommaire 7

Se divertir P- 94 Moustiquaire P- 125


Des jeux en pleine nature P- 94 Chaussures P- 125
Avec des plantes P- 94 Chaussettes P- 126
Autres jeux P- 96 Vêtements P- 127
En cas de pluie P- 129
Se soigner P- 97 Qu'emporter d'autre ? P- 130
Troubles éventuels P- 97 Contenu du sac à dos P- 132
Problèmes digestifs P- 97 Poids moyens du matériel P- 133
Problèmes cutanés P- 98
Ligaments P- 101 La préparation P- 134
Troubles généraux P- 101
Soleil, chaleur P- 102 Renseignem ents pratiques P- 137
Froid P- 102 La «survie douce»
En montagne P- 103 avec François Couplan : P- 137
Parasitoses P- 104 Une semaine en pleine nature P- 140
Morsures et piqûres venimeuses P- 105
Scorpions P- 107 Plantes sauvages comestibles p. 145
La pierre noire des Pères blancs P- 108
Araignées P- 109 Plantes toxiques P- 24 5
Guêpes, frelons, abeilles P- 110
Autres dangers P- 110 Cham pignons toxiques P- 3 0 0
Premiers soins, quelques conseils P- 110 Photos P- 295
La pharmacie P- 111
La trousse à pharmacie P- 112 Cham pignons com estibles P- 303
Photos P- 296
L'hygiène P- 115
Se laver P- 115 Algues P- 308
Le sweat lodge P- 115 Photos P- 299
L'expérience du sweat lodge P- 116
Se laver les dents P- 118 A nnexes P- 310
Se soulager P- 118 Bibliographie P- 310
La trousse de toilette P- 119 Où pratiquer la «survie douce» P- 311
Laver son linge P- 119 Index P- 312
Noms français des plantes P- 312
L'équipement P- 121 Noms latins des plantes P- 315
Sac à dos P- 121
Sac de couchage ou duvet P- 122
Sac à viande P- 124
Matelas P- 124
Oreiller P- 125
Tente P- 125
8 V i v r e en p l e i n e nature
citadins, la nature renferm e des merveilles
et p o ssède san s doute la clé de b ie n des
m ystères...

V ivre d a n s la n a tu re ? V oilà q u i p e u t Serions-nous en train d 'assister à l'ém er­


sem b ler éloigné des p réo c cu p atio n s de gence d 'u n nouvel a rt de vivre ? D ans l'im ­
l'hom m e m oderne, dont le souci principal m édiat, c'est u n nouveau type de vacances
se ra it p lu tô t d 'a p p re n d re à su rv iv re au qui se développe : p artir léger loin des sou­
m ilieu du béton. Mais plus il vit en ville, cis q u o tid ien s, la isse r d e rriè re soi - ne
plus u n grand besoin de respirer l'envahit. serait-ce que p o u r q u elq u es jo u rs - ses
La sécurité d 'u n q uotidien où l'im p rév u habitudes, oublier le stress qui nous dévore,
n 'a plus aucune place lui donne envie de d écouvrir la gén éro sité de la n a tu re qui
conquérir de nouveaux horizons, de vivre n o u s e n to u re , v iv re d a n s le ca lm e , la
un peu l'aventure... Ne som m es-nous pas beauté, la sim plicité, l'h arm o n ie... Quel
un peu tous dans ce cas ? program m e !
M ais ne rêvons pas, car la n atu re sait se
U ne vie m o d ern e tro p facile, où le goût m ontrer aussi violente qu'apaisante, aussi
de l'effort v rai s 'e st p erdu, p eu t nous in ­ m eu rtrière que nourricière...
citer à re tro u v e r l'ex e rc ic e p hysique, à En fait, c'e st su rto u t no tre ignorance qui
com m encer p ar la m arche, qui convient est dangereuse : si vous savez reconnaître
à tous. Trop de gadgets et d'objets censés u n e plante toxique, les risq u es d 'em p o i­
ren d re notre existence m eilleure ne nous so n n e m en t sont faibles ; si vous avez ap­
poussent-ils pas p arfo is à nous en d éta­ p r is à lir e le te m p s , v o u s s a u re z vo u s
cher... du m oins quelque tem ps, et peut- ab riter avant la pluie ; si vous connaissez
être p o u r m ieux en jo u ir au reto u r, et à la m ontagne, vous n 'ire z pas vous aven­
r e c h e r c h e r l 'e s s e n t i e l ? U n d é s ir de turer sur des roches pourries... La connais­
p ren d re du recul p a r rap p o rt à la vie, de sance est indispensable. Et elle n 'e st pas
retrouver nos racines finit souvent p a r se innée.
faire jour.

C 'est que n o tre sé p a ra tio n p ro g re ssiv e


d'avec la nature nous a tellem ent éloignés
de n o s so u rc e s q u 'u n n o u v el é q u ilib re
s'avère au jo u rd 'h u i nécessaire. P en d an t Vous d onner envie de découvrir la n atu re
longtem ps, les deux pôles « civilisé/sau­ est la raiso n d 'être de ce livre : à travers
vage » ont été ressentis com m e contradic­ lui, je voudrais vous faire p artag er l'expé­
toires, le sauvage, le p rim itif étan t alors rience que j'a i réu n ie au cours du demi-
considéré comme inférieur. Je pense qu'ils siè c le où j 'a i p a r c o u r u le s b o is e t les
sont en fait com plém entaires, et indispen­ m ontagnes. Vous pourrez y trouver tout ce
sab les to u s le s deux. P o u r n o u s a u tre s que vous devez savoir pour vivre en pleine
10 V i v r e en p i e i n e nature

natu re, et ce sera à vous d 'aller y p u iser ainsi (ça dem ande de l'énergie !). Un coup
se lo n les b e s o in s c o r r e s p o n d a n t à vos de briquet, ou quelques étincelles arrachées
objectifs. Entre une sortie d'u n e jo u rn ée à u n m orceau d'acier par u n silex (p. 62),
avec des en fa n ts en bas âge et u n m ois suffiront. Mais si vous êtes avec d 'au tres
de « survie » totale avec u n groupe d'am is personnes, en particulier avec des enfants,
p assionnés p a r la vie sauvage, il y a place vous serez ravi de leur dévoiler la magie
p o u r tous les cas de figure. qu'il y a à se servir uniquem ent d'élém ents
de la nature pour se chauffer et cuire ses
V ous aim ez ran d o n n e r? Excellente idée. alim ents I
La m a rc h e d a n s la n a tu r e e s t l'u n d es
m eilleurs exercices qui soient car elle sol­ Allez-y p ro g re ssiv e m en t. P our débuter,
lic ite de faç o n h a r m o n ie u s e to u s le s partez toute un e jo u rn é e dans la nature,
muscles du corps en perm ettant de respirer e t c o m m e n c e z p a r d e s c h o s e s to u te s
à fond un air pur - à condition de s'éloigner sim p les : cueillez des p lan tes, p rép arez
des routes... Mais il m 'a toujours sem blé des ch a p atis et cuisez-les su r la b raise,
u n peu dom m age de foncer à travers des te n te z de v o u s ta ille r u n c o u te a u de
lieux m agnifiques sans p ren d re le tem ps p ierre, etc.
de s 'a r r ê t e r de te m p s e n te m p s et de Puis faites l'expérience d 'u n week-end en­
contem pler les petites m erveilles qui com­ tie r et p assez u n e n u it d eh o rs, d 'ab o rd
p o s e n t le m o n d e n a tu re l. La m o y e n n e sous tente puis, si le tem ps le perm et, à la
baisse sans doute u n peu, m ais quelles joies belle étoile.
inattendues !
Pour moi, ran d o n n er n 'a pas de but : c'est Partez en famille, en groupe ou seul : l'aven­
u n e fin en soi, la m a rc h e fait p a rtie du ture est chaque fois différente. Même si elle
plaisir d'être dans l'environnem ent est brève, tirez-en le m axim um ! Et si
qui m e convient le mieux. Je vais tout cela vous plaît, profitez de vos
essayer de vous m ontrer au fil vacances pour vous im m erger une
de ces pages q u 'en ralentis- H L sem aine ou deux en pleine nature.
san t votre allure pour obser- Vous en reviendrez changé...
ver, sentir, cueillir, vous serez
W U n e fois r e n tr é de v acan c es,
gardez le contact avec la vie sau-
V ous avez l'h a b itu d e de vous \ vage en récoltant de temps en temps
p r o m e n e r ch a q u e se m a in e en des p la n tes com estibles que vous
famille, avec vos enfants ? Vous savez donc pourrez conserver quelques jo u rs et
qu'ils aim en t explorer, fureter dans tous cuisiner chez vous p o u r vos repas - sans
les coins, observer ce qui bouge, grignoter doute d 'a ille u rs de façon plus g astro n o ­
les m yrtilles et les fraises des bois... Vous m ique que dans les bois, avec plus d 'in ­
trouverez ici m ille idées à p arta g er avec grédients à leur ajouter et de moyens pour
eux. La vie dans la n atu re est ludique en les p réparer.
soi, et en plus c'est l'occasion rêvée de se
livrer à des jeux à la fois distrayants et ins­ M a is peut-être cherchez-vous l'av en tu re
tru ctifs, d o n t vous tro u v e re z u n é c h a n ­ dans la nature. Dans ce cas, vous possédez
tillonnage p. 94. probablem ent déjà des connaissances tech­
niques et vous avez certainem ent surmonté
Peut-être partez-vous souvent seul. Dans certaines peurs. Je voudrais vous m ontrer
ce cas, vous n'au rez pas forcém ent envie que la n a tu re e s t u n e am ie re m p lie de
de passer du tem ps à réunir tout le matériel choses passionnantes, que ce n 'est pas seu­
nécessaire pour allum er du feu sans allu­ lem ent un m ilieu plus ou m oins hostile au­
m ette (p. 59) ni de vous fatiguer à le faire quel vous devez vous confronter. Avec elle,
In tro d u ctio n \\

pas besoin de com pétition, sim plem ent de Il est donc logique que p ratiq u em en t tous
connaissances et de spontanéité, les deux les livres publiés à ce jo u r sur la « survie »
ensemble. a ie n t ch o isi de tr a ite r de situ a tio n s ex­
trêm es se déroulant dans les régions arc­
E t si jam ais vous deviez véritablem ent sur­ tiques, les déserts ou les jungles tropicales.
vivre dans la nature, lutter pour votre vie, Et pourtant, bien que civilisées de longue
que vous soyez par exemple perdu dans le date, nos rég io n s p o ssè d e n t en co re des
brouillard en m ontagne alors que la n uit lieux où l'on peut laisser s'exprim er ce côté
tombe et que le froid se fait sentir, sachez « sauvage » qui som m eille en ch acu n de
que plus vous aurez d'expérience, plus vous nous. Il y existe de (plus ou moins) vastes
serez à m êm e de vous sauver. Pas tant grâce territoires presque inhabités à explorer en
à des techniques, bien qu'elles aident aussi, se n o u rrissan t des centaines de végétaux
m ais surtout parce que le facteur de survie que la nature nous y offre.
num éro un consiste à garder son sang-froid
et à ne pas succomber à la panique, qui peut Il sem blait donc im p o rtan t de réaliser un
s'avérer m ortelle ! Si vous avez l'habitude ouvrage pratique perm ettant à chacun d'ac­
de la vie dans la nature, vous serez prêt, sans quérir quelques techniques sim ples pour
crainte, et vous réussirez à vous en tirer. aller vivre l'aven tu re qui l'atten d au coin
du bois... m êm e si, hélas, il n 'y a plus de
loup ! Puisse ce livre vous d onner envie de
vous plonger dans la nature !

E n Europe occidentale, il n'y a pas de jungle


ni de déserts. Notre environnem ent est sim­
plem ent la m ontagne, la cam pagne ou le
bord de m er et les risques ne sont pas aussi Vivre en pleine nature im plique de se re­
grands que dans d'autres régions du globe, tro u v e r co n fro n té à n o s b e s o in s fo n d a­
où il est possible de se perdre pour de bon ou m entaux. Dans la vie civilisée m oderne, ce
de contracter de graves maladies transm ises s o n t g é n é r a le m e n t d 'a u tr e s q ue n ous-
par l'eau, par les moustiques ou par d'autres m êm es qui y subviennent, sans d'ailleurs
vecteurs. Chez nous, les anim aux ne sont toujours très bien les satisfaire en ce qui
guère dangereux, m êm e les vipères, tandis concerne la qualité. Nous pouvons en tous
qu'ailleurs il peu ty avoir des risques réels. cas y consacrer une p artie de notre tem ps
à la satisfaction de besoins secondaires, qui
M a is savez-vous, en fin de com pte, qui ne sont pas forcém ent sans intérêt. Mais
r e p r é s e n te le p lu s g ra n d d a n g e r p o u r nous oublions facilem ent ainsi les bases de
l'hom m e ? C'est l'hom m e, bien sûr ! Heu­ l'existence.
reusem ent, en pleine nature, il y a norm a­ En pleine nature, il en va autrem ent. C'est
lem ent m oins de risques qu 'en ville. à nous de nous débrouiller.

L 'h o m m e v eu t to u jo u rs a lle r c h e rc h e r Q uels sont donc nos besoins de base ? Il


ailleurs ce qu'il a ici mêm e. Cette tendance est im portant de les garder présents à l'es­
l'a conduit à de passionnantes découvertes, prit. Tout d 'ab o rd re sp ire r ! C 'est m êm e
c'est certain, m ais elle l'a également am ené plus facile à faire dans la nature qu'en ville,
à négliger ce qui l'entoure. À com m encer pas de problèm e. Puis boire, ce qui est déjà
par les plantes comestibles présentées dans plus délicat, so it que l'e a u m anque, soit
la seconde partie de cet ouvrage, qui for­ qu'il soit risqué de l'utiliser. Ensuite m an­
m aient l'essentiel de la n ourriture de nos ger, point ô com bien complexe, car dans
ancêtres... pas si lointains. notre vie quotidienne ce n 'e st plus seule­
12 V i v r e en p l e i n e nature

m en t de nous n o u rrir qu'il s'agit m ais de


s a tis f a ire n o s h a b itu d e s e t n o s d é s irs
culturels ou sociaux.
C om m ent allons-nous donc nous alim en­
te r d an s ces circo n stan ces d ifféren tes ? Ce p laisir de la vie en pleine nature, voici
Nous trouverons toutes sortes de bonnes p lus de vingt an s que je le p artag e avec
plantes - m ais il y en a d'autres m oins bien­ d'autres, su r le terrain , en organisant des
veillantes à éviter soigneusem ent. Et n'ou­ so rties d 'u n e ou deux sem ain es où nous
blions pas les champignons, ni les algues si p a rto n s en g ro u p e d a n s des lieux sa u ­
la m er est proche. Il faudra savoir accom­ vages, en n 'e m p o rta n t que le strict néces­
m oder ces étranges végétaux : attendons- sa ire : p re sq u e to u t ce d o n t no u s avons
nous à ce que les recettes sortent aussi de besoin est fourni p ar les p lantes qui nous
l'ordinaire ! Mangerons-nous des anim aux? entourent. Les jo u rn é e s se p assen t à ex­
Il faudrait déjà pouvoir les attraper... et en plorer notre territoire (nous m archons en­
avoir le droit ! v iro n 10 km p a r jo u r d a n s les espaces
inhabités, p rése rv é s a u ta n t que faire se
P o u r cuisiner, nous devrons faire du feu. p eut de l'influence hum aine, que recèlent
En m êm e tem ps, il nous réchauffera, nous encore nos régions), à ram a sse r les végé­
sé ch era s'il le faut et nous re m o n te ra le taux in téressan ts, à vivre libre... Le soir,
m oral lorsque le b esoin s 'e n fera sentir. tout le m onde p articip e à la p rép aratio n
Que s e rio n s -n o u s s a n s le feu, d o n t le de la n o u rritu re (ch au sso n s ou galettes
« foyer » rassem b le l'h o m m e depuis des aux h erb e s, p âté de glands, soupe d 'o r­
tem ps im m ém oriaux ? Il faudra aussi son­ tie, etc.) et se ra sse m b le au to u r du feu,
ger à nous abriter, de la pluie en particu­ Puis, suivant le tem ps, nous dorm ons à la
lie r, ce q u i n e d e m a n d e q u 'u n p e u de belle étoile ou sous u n bivouac improvisé,
technique et d'ingéniosité. Allons-nous res­ C 'est la « survie douce ».
te r su r place, ou b ien nous déplacerons-
n o u s ? Vous avez des fo u rm is d a n s les A vant d'aller plus loin, je tiens à établir clai­
jambes, je le comprends. Quelles merveilles rem en t la différence entre les expéditions
nous attendent de l'autre côté de la colline ? que j'o rg an ise et les opérations survie de
Alors allons-y, m ais tâchons de ne pas nous type « com mando », qui consistent à placer
perdre ! S'orienter n 'est pas toujours chose l'individu dans des circonstances particu­
aisée. lièrem ent difficiles, au milieu desquelles il
devra user de techniques diverses pour sau­
P o u r éviter les ennuis de santé, il im porte ver sa vie. Les valeurs m ises en avant sont
de p ren d re certaines précautions avant le p rin c ip a le m e n t le goût de l'e ffo rt et du
d ép a rt. Et si m alg ré to u t quelque chose risque ; les participants cherchent à atteindre
devait arriver, soyons préparés. La nature leurs limites, puis, par la force, à les dépas­
n o u s f o u rn ir a de n o m b re u x re m è d e s ser. L'environnem ent est généralem ent res­
naturels, m ais il sera p ru d en t d 'em porter senti comme hostile et l'hom m e doit, selon
u n c o m p lé m e n t, d o n t n o u s p o u r ro n s ces conceptions, apprendre à se battre contre
d'ailleurs réaliser une partie nous-m êm es la nature. La cueillette n 'est considérée que
à la m aison. comme un pis-aller - par manque de connais­
sances et p ar influence des habitudes ali­
Q uel program m e ! Ne vous effrayez pas, il m entaires actuelles ; la chasse est pratiquée,
n 'e s t pas question de l'ép u iser d 'u n seul ou du m oins tentée... Il s'agit surtout d'une
coup : il faut du temps. Mais ce n 'est qu'avec expérience individuelle, bien que dans les
u n m inim um de connaissances, et surtout survivalgames (jeux de survie) - de véritables
de p ratiq u e, que vivre en p lein e n a tu re petites guerres - on assiste à l'affrontement
deviendra un plaisir. de groupes armés.
Introduction 13

a survie « dure » a généralem ent une ten­ plus sû r m oyen d'y p arv en ir, m ais aussi
dance n ettem ent param ilitaire, avec sou­ pour la découverte de centaines de saveurs
vent une direction politique assez claire, nouvelles : pour beaucoup, la survie douce
bien que rarem ent affichée. L'équipement, est aussi une expérience de « gastronom ie
la technique et l'exploit physique y tiennent sauvage ».
une grande place. La p eur (peur de la « ca­ Les p a rtic ip a n ts s 'in itie n t ég a le m e n t à
tastrophe », d 'u n e agression possible, in­ quelques techniques sim ples et utiles afin
q u ié tu d e m a l d é fin ie d e v a n t l'a v e n ir , de vivre au mieux dans leur environnem ent
symptôme individuel d 'u n m alaise de so­ n atu re l et d 'e n découvrir la richesse. Au
ciété) joue souvent u n rôle dans la m otiva­ cours d'u n e survie douce, l'h o m m e ou la
tion des p articipants - c'est en tout cas un fem m e fait l'expérience de sa relation face
point sur lequel certaines publicités pour à la nature, face aux autres (car le contact
ce type de survie ne se privent pas de mettre hum ain au sein du groupe tient une place
fortem ent l'accent. O ny rencontre une m a­ trè s im p o rta n te : c 'e s t en se s e rr a n t les
jo rité d 'h o m m e s, je u n e s, p lu tô t de type coudes que l'o n p arv ie n t le m ieux à su r­
sportif. m onter les difficultés qui se présentent), et
face à lui ou elle-même (des m om ents de
La survie douce est bien différente. Si les solitude sont ménagés pour pouvoir faire le
p e rso n n e s qui y p a rtic ip e n t se tro u v en t point).
confrontées à des difficultés, c 'e st parce T o u t le m o n d e e s t le b ie n v e n u : si la
qu'il n 'est pas facile de se détacher de ses m oyenne d'âge to u rn e au tour de la tre n ­
habitudes, de s'éloigner, ne fût-ce que pour taine, les participants, hom m es et femmes,
quelques jours, de sa vie routinière, de quit­ peuvent avoir de 10 à 65 ans ! Leurs pro­
te r so n co n fort in te lle ctu el et m a térie l. fessions sont égalem ent très variées ; leurs
Même si l'on ne cherche pas à dépasser ses m otivations prem ières : attirance pour la
lim ites - parce qu'on n 'a rien à se prouver n atu re, goût de l'av e n tu re, d ésir de re n ­
à soi-même -, il arrive q u'on les atteigne, contres, curiosité, etc. La survie douce peut
Il ne s'agit pourtant pas de conquérir ni de sem bler proche de la sim ple randonnée,
dom iner ce qui nous entoure, m ais de dé­ m ais l'expérience va n ettem en t plus loin
couvrir la place que nous occupons au sein sur de nom breux plans, car la m arche n 'est
des processus naturels. pas l'essentiel. Il s'agit surtout d'observer,
Le vent, la neige, la pluie, le froid, la cha­ de découvrir, de partager : beaucoup la res­
leur, les insectes... font souvent percevoir la sentent com m e une véritable « initiation »,
nature comme hostile, m ais on se rend vite dont ils gardent quelque chose dans leur
com pte qu'elle est avant tout notre m ère vie quotidienne - une fraîcheur, u n équi­
nourricière et une source de joies chaque libre, une force nouvelle, une joie de vivre
jo u r re n o u v e lé e s. T out se p a s s e que seule p erm et une union intim e avec la
beau co u p m ieux si, au lie u de se nature, en ayant vaincu ses peurs.
battre contre elle, on s'e n fait une Au-delà du m atériel, de la pratique, c'est
amie en apprenant à la connaître. La une ouverture qui aide l'in d i­
c u e ille tte e s t l'u n des p r e m ie r s vidu à développer une vision
ce n tres d 'in té rê t au co u rs de globale des lien s u niversels.
cette aventure, non seulem ent P lu tô t qu e de su rv iv re , n e
parce qu'il est nécessaire de se s'a g it-il p a s en fa it de v iv re
n o u rrir et que les plantes sont le mieux, de « sur-vivre » ?
A près l'air pur, avant toute nourriture, il tu re lle m e n t nos p as no u s m è n e ro n t re­
nous faut de l'eau. Si l'on dispose de suffi­ trouver la nature. Mais en été dans le Midi,
sam m ent d'eau, il est tout à fait possible de ou en tous tem ps dans les régions calcaires,
vivre pen dant plusieurs sem aines sans ab­ il sera plus difficile de trouver de l'eau.
sorber le m oindre alim ent. Certaines per­
so n n es p ra tiq u e n t des je û n e s de longue O n p o u rra rechercher des sources ou des
durée qui peuvent atteindre un mois. Sans suintem ents à la base des falaises ou de cer­
eau par contre, on ne p eut guère tenir que tains rochers. Une végétation plus dense et
quelques jo u rs : on p eu t se p asser d 'eau plus verte, des joncs, des saules et des peu­
p en d an t environ 10 jours à 10 °C de tem ­ pliers indiquent leu r présence. En prêtant
pérature ambiante, 7 jours à 32 °C et 2 jours l'oreille, on en ten d ra parfois l'eau couler
à 50 °C. avant de la voir : elle p eu t être cachée par
Il est bon de boire plusieurs litres d'eau par les plantes ou par u n éboulis caillouteux.
jour, surtout dans les régions sèches ou en Pour boire dans les suintem ents, vous pou­
h a u te m o n ta g n e e t p e n d a n t la s a is o n vez utiliser la tige creuse d'une plante, d'un
chaude. roseau p ar exemple, qui pousse les pieds
dans l'eau, ou un tuyau en plastique souple
R é g io n R é g io n de faible diam ètre.
et p é rio d e (ou p ério d e)
te m p é ré e chaude Les lits à secs des rivières tem poraires pré­
Minimum 1,5 1 21 sentent souvent des zones humides, en par­
A ctivité norm ale 2-4 1 3-5 1 ticulier dans l'extérieur des coudes (bord
concave), où l'eau stagne en profondeur :
A ctivité intense 4-10 1 10 1et plus
il suffit de creuser et de patienter pour ob­
Une partie importante des besoins en eau estfourm e tenir une eau plus ou m oins claire. Si l'on
par les légumes, les soupes, les fruits, etc.
ne peut récupérer que de la boue, on pourra
la p re sse r à trav ers u n linge p o u r en re­
cueillir l'eau, que l'o n clarifiera en la lais­
san t reposer.
Un bâton et une pierre plate suffisent pour
creuser dans une terre meuble.
D an s la p lu p a rt de nos régions, l'ea u est
abondante, m ais lorsqu'elle coule en sur­ S 'il pleut, sortez les gam elles et tous les ré­
face, il est fréquent qu'elle soit contaminée. cipients imaginables, en particulier les pon­
On se désaltérera aux sources de préférence chos (nouez le capuchon) et des carrés de
aux ruisseaux. Q uant aux riv ières et aux plastique servant pour le bivouac, les cou­
lacs, ils so n t g é n é ra le m e n t tro p pollués v e rtu re s de survie : ten d ez ces d ern iers
p o u r être utilisés directem ent. Les m o n ­ entre quatre arbres, piquets, etc., pour ré­
tagnes sont particulièrem ent riches en eaux cupérer l'eau en leur centre, puis faites-la
pures, et c'est bien souvent là que tout na­ couler dans une gamelle. Longtemps après
Se d é s a l t é r e r 15

la pluie, vous trouverez de l'eau dans des La neige ré d u it co n sid érab lem en t de vo­
trous de rochers. lume en se transform ant en eau. Si l'on peut
La rosée m atinale est souvent abondante : s'e n procurer, la glace donne de m eilleurs
on peut obtenir une quantité d 'eau relati­ résultats : il faut 50 % m oins de tem ps et
vement importante en tram ant dans l'herbe de combustible pour faire fondre de la glace
hum ide u n linge (T-shirt, chem ise, m ou­ que pour faire fondre de la neige.
choir, serviette...), que l'on essorera au-des­ M anger de la neige est sans danger, mais,
sus d 'u n récipient. Un « sac à viande » en telle quelle, elle a tendance à déshydrater
coton (voir p. 124) est p artic u liè re m e n t plutôt qu'à assouvir la soif. Il vaut mieux la
efficace. Un poncho ou une toile de plas­ p resser entre les doigts pour en faire une
tique posée sur le sol p endant la nuit p er­ boule de glace que l'o n sucera lentem ent.
m ettront aussi de recueillir un peu de rosée. Ne broyez pas de glace entre les dents, car
vous pourriez vous couper les lèvres ou la
langue.
Pluie, rosée, neige et glace p eu v en t être
g é n é ra le m e n t c o n s id é ré e s co m m e des
eaux p u res car elles n e co n tie n n e n t pas
d 'o rg an ism es pathogènes. M ais il arrive
qu'elles soient contam inées p ar des p a r­
ticules radioactives ou p ar des com posés
chim iques toxiques.

Récupération de l'eau du sol

L'eau contenue dans l'atm osphère interne A u bord de la m er, on peut obtenir une eau
du sol p eu t être récupérée p a r condensa­ saum âtre en creu san t dans le sable en ar­
tion com me indiqué sur la figure. Mais ce rière des plages : les eaux d'infiltration for­
procédé (indispensable dans tout « bon » m ent une nappe qui surnage au-dessus de
m anuel de survie) réclam e une im portante l'eau salée de la m er. S'il y a des falaises,
dépense d'énergie (trou à creuser - il faut o n tro u v e ra so u v e n t d es so u rc e s d 'e a u
de préférence une pelle) et une grande pa­ douce à leur pied. Dans les dunes, creusez
tience ! au point le plus bas.
La prem ière précaution à prendre dans nos
n haute montagne, il arrivera qu'on doive régions est d'éviter de boire de l'ea u pol­
recourir à la neige. Le m ieux est de la lais­ luée ou contam inée par des organism es pa­
ser fondre lentem ent dans un récipient (au thogènes. Une eau très lim pide et de goût
soleil, p rès du feu, à la chaleur du corps agréable p eu t con ten ir des élém ents m i­
pendant la m arche, dans une gourde...). Il c ro sc o p iq u es d an g e reu x p o u r la sa n té,
est p référab le d 'u tilise r de la neige p ro ­ cause potentielle de dysenterie, typhoïde,
fonde, qui est plus compacte et dont le ren ­ paratyphoïde, etc. Il y a moins de problèmes
dem ent en eau est meilleur. Pour aller plus en m ontagne.
vite, on peut la faire fondre sur le feu, en la Si elle est trouble, com m ençons par la cla­
m ettant petit à petit dans une gam elle pro­ rifier en la laissan t reposer (décantation)
fonde - pas trop à la fois pour éviter qu'elle ou en la p assant à travers un filtre. Si l'eau
ne forme une m asse fixée sur les bords du p ossède u n e odeur désagréable, on p eu t
récip ien t tan d is que la p artie en contact ajouter au filtre une couche de charbon de
avec le fond s'évapore, ce qui risquerait de bois. L 'eau obten u e est claire, m ais elle
brûler la gamelle. n 'est pas bactériologiquem ent pure. Si l'on
16 V i v r e en p l e i n e nature

a des doutes, il faut encore recourir à l'une p o res ne d é p a sse n t pas 0,2 m icron. Ces
des m éthodes qui suivent. filtres (type C ham berland) o n t la form e
d'u n e bougie creuse. Il faut régulièrem ent
Ébullition les brosser et les stériliser à l'eau bouillante
C'est une m éthode sim ple et efficace. Il suf­ environ 20 min. Ils sont fragiles.
fit de faire bouillir l'eau p en d an t 5-10 m i­ Dans u n type voisin (Katadyn), le filtre est
nutes (davantage en montagne où l'eau bout im prégné de sels d 'arg en t qui stérilisent
à m oins de 100 °C), puis de la battre pour l'eau et assurent l'auto-désinfection du filtre
l'aérer (ce qui la rend plus digeste) une fois - il est inutile de le faire bouillir, mais il suf­
qu'elle est refroidie. Du charbon de bois fit de le brosser de tem ps en temps. Il existe
bouilli avec l'eau élim ine les odeurs. Mais u n filtre de poche à pom pe incorporée qui
cette m éthode est longue et peu pratique. pèse 650 g et fournit environ 3/4 de litre
d'eau potable par minute. Au cours d'essais
Stérilisation chim ique comparatifs, seul le filtre Katadyn s'est mon­
Après avoir ajouté l'agent actif et agité l'eau, tré capable d'élim iner de façon satisfaisante
il faut attendre environ 1 h avant de boire les bactéries d'eaux fortement contaminées,
pour le laisser agir. On utilise les substances m êm e après plus de 1001. Par contre, il est
suivantes : très cher ! De plus, il n'élim ine pas les ni­
■ eau de javel ( 1 goutte pour 21) - goût désa­ trates, ni les polluants chimiques.
gréable de chlore ;
■ hydroclonazone ( 1 com prim é dosé pour A ttention à la déshydratation ! Il faut boire
1 1) - goût de chlore, u n p eu m o in s p ro ­ régulièrement, m ême si l'on n 'a pas soif, car
noncé ; la perte d'eau n 'est pas toujours ressentie.
■ teinture d'iode (10 gouttes p ar 1) - l'eau En climat très sec et chaud, la sueur s'éva­
se colore en brun, puis redevient claire au pore sans que l'on ait la sensation de trans­
bout d'une demi-heure. Une dose trop forte pirer. Il peut alors y avoir des pertes de
d'iode est toxique (2-4 g peuvent être m or­ m inéraux ; pour les com penser, on
tels). Les p e rso n n e s atteintes de p ro ­ k jfck consom m era davantage de sel
b lèm es thyroïdiens ne dev raien t pas M (la sueur est salée - à 3,5 g/l),
utiliser d'iode sans avis m édical ; ™ ajouté à la nourriture, voire à
■ perm anganate de potassium l'eau de boisson. Préférez le sel
(solution saturée : 4-5 gouttes p ar 1) de m er gris, n o n raffiné, plus
- l'eau p rend une coloration violette, équilibré en minéraux.
qui disparaît en m oins d'une demi-heure; i La désh y d ratatio n lim ite considé­
■ sels d'argent (M icropur : 1 com prim é rablem en t l'effort m usculaire : une
dosé pour 11, 5 1, 201, etc.) - contrairem ent p erte d 'e a u de 2 % ré d u it la capacité
aux procédés précédents, les sels d'argent physique de 20 % ; une perte de 4 % la ré­
ne com m uniquent à l'eau aucun goût, ne duit de 40 % !
sont pas toxiques m êm e si une dose exces­
sive a été employée et protègent l'eau contre Si vous n'avez pas assez d'eau, buvez une
toute réinfection p en d a n t plusieurs m ois bonne partie de votre ration en dehors des
(avec les autres m éthodes, la stérilisation heures chaudes de la jo u rn ée et, pendant
ne dure que quelques jours). Le sim ple fait le reste du jour, buvez lentem ent de petites
de la isse r tre m p e r u n e ch aîn e d 'a rg e n t g o rg é e s d 'e a u , e n les g a r d a n t d a n s la
d an s de l'e a u est d 'a ille u rs co n n u p o u r bouche avant de les avaler.
avoir des effets purificateurs.
Si vous devez m archer ou faire des efforts,
Filtration fine choisissez le p etit m atin, le soir ou la nuit ;
Les m icro-organism es les plus petits sont le reste du tem ps, reposez-vous. Évitez de
retenus par u n filtre de porcelaine dont les m anger des alim ents p o uvant dessécher
les m uqueuses, m ais m âchonnez des vé­
gétaux acides ou charnus : feuilles d'oseille,
d'oxalis, d'épine-vinette, de sedum , tiges
de berce, etc.
A u cours des jo u rn é e s chaudes de l'été,
N e buvez pas p en d a n t u n effort qui vous l'ea u contenue dans des gourdes devient
essouffle, comme lors d'une m ontée raide. rapidem ent tiède et désagréable à boire (à
Là aussi, mâchez des feuilles acides ou des m oins d 'en faire une infusion désaltérante
tiges juteuses qui apaiseront efficacem ent g râce à l'a d jo n c tio n de p la n te s a ro m a ­
votre soif. Ne vous précipitez pas sur de tiques).
l'eau froide juste après un Pour la rafraîchir, on peut entourer chaque
tel effort, car votre esto- gourde d 'u n linge mouillé et la suspendre
m ac ris q u e ra it de réa g ir à u n arbre dans u n courant d'air. S'il n'y
douloureusem ent. Reprenez a pas la m oindre brise, lancez la gourde
d 'a b o rd h alein e , p u is ne p o u r lui im p rim e r u n m o u v em en t de
buvez p o u r c o m m e n c e r balancier. L'eau du linge en s'évaporant
que quelques gorgées. refroidit la gourde : c'est le principe du
réfrigérateur.
Si vous êtes au bord de la m er, Une autre solution consiste à entasser au
vous pouvez boire occasionnellem ent un fo n d d 'u n tro u d es a ig u ille s de p in ou
peu d 'eau de m er (à condition qu'elle ne d'au tres feuilles d 'arb res pour form er un
soit pas polluée...), m ais elle n 'éta n ch e ra épais m atelas que l'o n g ard era constam ­
pas votre soif car elle est trop salée. A haute m en t hum ecté d 'eau. Les gourdes dispo­
dose, sa c o n c e n tra tio n excessive en sel sées par-dessus restero n t fraîches, m êm e
pourrait provoquer u n déséquilibre cellu­ p en d an t les heures les plus torrides de la
la ire. N 'u tilise z donc p as l'e a u de m e r journée. C'est le « trou landais ».
comme boisson régulière. En revanche, si
vous avez assez d'eau douce à boire, l'eau Gourde
de m er est excellente pour les soupes ou
pour la cuisson des légum es. Une eau un
peu saum âtre (moitié m oins salée que l'eau Aiguilles de pin
constamment
de mer) peut être bue sans danger. humectées

Four souterrain
Une fois désaltérés, il faudra songer à nous m oins d'en consommer trop peu). Algues et
sustenter. Puisque nous vivons en pleine Cham pignons ren ferm en t égalem ent d'in­
nature, dem andons-lui de nous nourrir, du té re s s a n te s q u a n tité s de p ro té in e s , de
m oins partiellem ent. Savoir trouver nos m êm e que les racines.
alim ents dans notre environnem ent nous Les feuilles sont rich es en vitam ines, en
en rap p ro ch e in fin im e n t plus que toute sels m inéraux et en oligo-éléments, ainsi
étude, m êm e approfondie, ne p o u rra it le que les au tre s p a rtie s des végétaux sau­
faire : il n 'y a bientôt plus ni sujet, ni objet vages, tels certains fruits pour la vitamine C.
m ais un e véritable com m union. C 'est en Les glucides sero n t fournis suivant les sai­
tout cas m on expérience. sons p a r les racines, les je u n es tiges, les
Plus prosaïquem ent, se rendre compte que fruits et les graines. Mais il n 'e st pas tou­
la n a tu re est u n véritable garde-m anger jours recom m andé de déterrer une plante :
n o u s p e rm e t de la isse r à la m a iso n une u n re p a s de ra c in e s p o u r 15 p erso n n es
grande partie des victuailles habituellement p o u rra it im p liq u er u n e razzia en règle !
nécessaires en randonnée, telles les lourdes Je u n es pousses et fruits ne so n t pas tou­
boîtes de conserves d ont to u t m a rc h eu r jours abondants, et il est souvent bien long
p en se devoir se charger. Nous p o u rro n s de ram asser, puis de préparer des graines.
n'em porter qu'une base alimentaire simple Aussi serons-nous parfois heureux de trou­
et nutritive et en serons d'autant plus légers. ver u n com plém ent glucidique dans la fa­
Et puis, se n o u rrir dans la nature, c'est un rine com plète que nous aurons prise avec
p eu revivre les découvertes surprenantes n o u s, et qui a p p o rte ra p a r aille u rs une
de nos ancêtres cueilleurs. Il y a là un côté quantité non négligeable de protéines, de
ludique qui devrait plaire à tous. vitam ines et de sels minéraux.
P o u r p r é v e n ir u n e év e n tu e lle crise de
pseudo-hypoglycémie (voir p. 101), il sera
bon d'avoir avec soi quelques fruits secs,
véritables concentrés de sucres rapides.
Q uant aux lip id es, on en tro u v era suffi­
C o n trairem en t à ce que l'o n pense habi­ s a m m e n t d a n s le s n o is e tte s , d a n s les
tuellem ent, il sem ble qu'une alim entation g ra in e s de coquelicot... ou d an s l'h u ile
à base de plantes puisse apporter à notre d'olive que nous em porterons.
corps les différents élém ents qu'il lui faut.
L 'expérience prouve en tout cas que cha­ P as d'anim aux donc ? Soyons réalistes : il
cun p eu t se passer sans problèm e de pro­ est beaucoup plus facile de se procurer des
duits animaux, au m oins pendant le tem ps plantes que des animaux. Attraper ces der­
où nous vivrons en pleine nature. Elle nous niers nécessite des connaissances qu'il se­
procure une abondance de feuilles conte­ rait illusoire d'espérer acquérir en quelques
n an t (voir p. 46) des protéines complètes, jours... D 'autre part, la chasse est une acti­
équilibrées en acides am inés, en quantité vité réglem entée, et l'o n p o u rra difficile­
s u ffisa n te p o u r é v ite r to u te c a re n c e (à m en t plaider le cas de force m ajeure pour
19

Les pétioles charnus du ru m es alpin sont agréablem ent rafraîchissants.


20 V i v r e en p l e i n e nature

poser ses collets ! Ce devrait être aussi une d a n t p lu sie u rs jo u rs san s p ro b lèm e, au
question de conscience : la faune sauvage contraire. D 'ailleurs, cette expérience ne
est déjà beaucoup trop m alm enée p ar la se ra p as u n je û n e car, vu la rich esse de
d estru ctio n et l'em p o iso n n em en t de son no tre flore, nous p o u rro n s nous assu rer
habitat, et trop souvent par une chasse abu­ plusieurs repas quotidiens, plus les petites
sive (sans parler de la cruauté du piège, par pousses, les tendres tiges, les fruits variés
exemple), pour que l'on puisse se perm ettre que nous pourrons grappiller au long de la
de contribuer - m êm e tant soit peu - à son m arche et grignoter toute la jo u rn ée. Ce
appauvrissem ent. Le braconnage n 'a plus d ern ier point est d 'ailleurs une des habi­
son petit côté sympathique d'antan ! tudes typiques des peuples vivant près de
Vu la médiocre rentabilité de sa production, la nature... au m épris des lois de notre dié­
la viande représente u n gaspillage qui ne tétique m oderne qui y voit généralem ent
laisse pas tout le m onde indifférent, et il une fatigue pour l'estom ac (elle a d'ailleurs
semble dém ontré que sa consom m ation ex­ raison lorsqu'il s'agit de pâtisseries et de
cessive est loin d 'être u n bienfait pour la bonbons, m ais là il s'agit de plantes).
santé. Comme on peut fort bien s'en passer Il est vrai que l'alim entation que vous allez
(l'expérience le prouve), il sem ble raison­ découvrir est bien différente de celle dont
nable d'économiser son énergie et de se can­ vous avez l'habitude. Il faudra faire en sorte
tonner aux plaisirs de la cuisine à base de que la transition soit la plus douce possible,
plantes sauvages. car tout le m onde ne supporte pas les chan­
gem ents brutaux. Des troubles digestifs ris­
O n pense habituellem ent que les peuples queraien t de s'ensuivre, ce qui gâcherait
qui vivaient co n tinuellem ent d ans la na­ de bo n s m om en ts. Une alim e n tatio n de
tu re é ta ie n t avant to u t des ch a sse u rs se base de plantes sauvages a de toute façon
n o u r ris s a n t p re s q u e ex c lu siv em e n t de des effets dépuratifs - voire purificateurs -,
viande. Tout de suite vient à l'esprit l'image que nos ancêtres savaient m ettre à profit.
de nos ancêtres « vêtus de peaux de bêtes »
dévorant des quartiers d'ours des cavernes
à m oitié crus...
N'oublions pas que tous ces peuples étaient
en fait des chasseurs-cueilleurs, et l'on de­
v rait plutôt dire des cueilleurs-chasseurs
car, d 'ap rès les études que l'on a pu faire, P robablem ent, surtout si vous vous appli­
l'alim entation végétale de cueillette rep ré­ quez à bien m astiquer votre nou rritu re : il
sentait dans de nombreux cas environ 80 % est certain qu'elle est ainsi mieux assim i­
d u to ta l. Et e n c o re les 20 % r e s ta n ts lée, et donc qu'une plus faible quantité vous
n 'étaient-ils pas toujours le gibier le plus n o u rrira mieux (avec m oins de déchets et
noble : vers, insectes et charognes étaient de fatigue pour l'intestin). D 'ailleurs, les
aussi au m enu... La base de l'alim entation plantes sauvages sont particulièrem ent nu­
des In d ien s de Californie était le gland - tritives et, m algré la m arch e et la vie en
que nos ancêtres néolithiques ne donnaient plein air, vous vous sentirez probablem ent
pas aux cochons : ils les m angeaient aux- rassasié puis, une fois la tran sitio n faite,
mêm es. Pour les anciens Mexicains des dé­ étonnam m ent plein d'énergie. Allez-vous
se rts, la n o u r ritu re fo n d a m e n ta le é tait m aigrir ? Tout dépend du heu et de la saison
l'agave, et m êm e les Esquim aux m angent (de l'a b o n d a n c e de la n o u rritu re ), et de
de la verdure en été. Vivre en pleine nature votre état actuel : qui n 'a pas u n peu d'em ­
ne veut certes pas dire être carnivore. bonpoint à p erd re ? Alors, soyez heureux,
Si vous avez encore peu r de carences pos­ vous y laisserez sûrem ent un ou deux kilos.
sibles au cours de votre « survie », sachez Si ce régime, que nous ne pourrons de toute
que de nom breuses personnes jeûnent pen­ façon adopter que p en d an t la durée lim i­
nouri 21

tée de notre séjour en pleine nature, vous p erges et « épin ard s » sauvages, « baies »
paraît trop draconien, n'hésitez pas à em ­ (myrtilles, fraises, m ûres et framboises), et
porter davantage de nourriture « civilisée » : cham pignons bien sûr. Ce que je vous pro­
vous trouverez des conseils pages 25 à 28. pose ici n 'e st donc que l'extension d 'u n e
Mais sachez que, plus vous vous n ourrirez activité q u'un grand nom bre de personnes
des plantes qui vous entourent, plus l'ex­ aime à pratiquer. C'est en m êm e temps l'oc­
périence sera profonde. D 'ailleurs, « végé­ casion de retrouver les connaissances ou­
tal » vient du latin vegetus, qui signifie « fort, bliées de nos ancêtres - pour qui les plantes
en bonne santé ». Et à notre époque, la santé ne constituaient pas seulem ent u n décor -
se conquiert. et de renouer u n peu avec eux en p ren an t
Bon courage ! la vie là où ils la prenaient.
Restons pragm atiques ! Ces plantes sont nu­
tritives, nous l'avons vu plus haut. Elles ap­
porteront à notre organism e tout ce dont il
aura besoin pendant notre séjour en pleine
nature. Mais que vont dire nos papilles de
Il ne s'agit pas de présen ter ce type d'ali­ ces « plantes de disette » dont on se méfie
m entation com me u n régim e m iracle, un u n peu ? Il im porte avant tout de les abor­
idéal à conserver tel quel d ans sa vie de der l'esp rit libre : si l'o n retrouve - en plus
tous les jours. Ce ne serait pas réaliste, pour fin - le goût de l'épin ard chez le chénopode
d iv e rse s r a is o n s : le te m p s p a s s é à la blanc, c'est dans la plupart des cas à des sa­
cueillette et à sa préparation, l'affaiblisse­ veurs nouvelles, souvent surprenantes, que
m en t au d é p a rt de ce rtain s o rg an ism es nous aurons affaire. C'est vrai, la laitue sau­
pour qui un e telle n o u rritu re se ra it trop vage e s t a m è re (à p e in e lo rs q u 'e lle e s t
forte, etc. Mais, après la transition néces­ jeune), m ais on apprécie bien la chicorée et
saire, il p erm et à l'organism e tout entier les endives. Les glands aussi sont am ers,
de respirer un peu, soulagé de la surcharge im m angeables, m ais une préparation adé­
alimentaire que lui im posent nos habitudes quate perm et d'en faire un délicieux pâté. La
et nos problèm es ém otionnels. stellaire a u n petit goût de noisette qui sé­
Il n'y a pas que notre état physique qui s'en duit les plus difficiles. Et la corme, véritable
trouve am élioré. Alors pourquoi ne pas en fru it tropical, crém eux et p arfu m é ! Que
garder quelque chose au retour ? puis-je vous dire de plus ? Essayez.

L es 96 m e ille u re s p la n te s sauvages co­


m estibles de nos régions sont présentées
p . 146 à 241, ain si q u 'u n e liste d 'a u tre s
plantes dont la cueillette est intéressante.

Se n o u rrir dans la nature, c'est avant tout


m ettre à p ro fit les ce n ta in es de p la n tes
qu'elle nous offre, suivant les lieux et les
saisons. Certaines de ces plantes vous sont
sans doute connues (ce sont des « fleurs », Q ui n 'a pas eu un peu peur, lors de sa p re­
des bois ou des cham ps, des « m auvaises m ière cueillette, de ram a sse r une plante
herbes », etc.), d 'a u tre s n on (vous les dé­ dangereuse ? Tout le m onde passe p ar là,
co u v rirez d a n s la seco n d e p a rtie de ce et la m éfiance est une saine précaution, à
livre) ; toutes faisaient partie de la vie quo­ condition toutefois de ne pas exagérer. Car
tidienne de nos ancêtres, il n'y a pas si long­ en fait, peu de plantes sont toxiques dans
tem ps. La cueillette est d 'ailleu rs restée nos régions, et le nom bre de végétaux m or­
vivace d an s ce rtain s cas : p issen lits, as­ tels est restreint.
22 V i v r e en p l e i n e nature

N 'allez pas croire d'ailleurs que toutes les que d 'a u tr e s . Ce n 'e s t to u te fo is p as la
p lantes vénéneuses m e ttraie n t fin à votre peine de tester le vôtre. Le danger, m êm e
vie te rre s tre si vous en avaliez u n e p in ­ faible, existe : c'e st pou rq u o i il est indis­
cée. Si c e rta in e s d 'e n tr e elles r e n d e n t p en sab le de co n n aître avec p récisio n ce
v io le m m e n t m a la d e q u ic o n q u e en q u 'il ne faut pas ram asser.
consom m e m êm e très peu, la p lu p a rt ne
p ro v o q u eraien t que v o m issem ents et co­ Q uarante-huit plantes sauvages toxiques à
liq u e s - ce que m ê m e d 'e x c e lle n ts a li­ connaître dans nos régions sont présentées
m en ts p eu v en t faire si l'o n en abuse. Et p .245 à 2 9 4 , ain si q u 'u n e liste d 'a u tre s
certain s o rganism es so n t plus résistan ts plantes dangereuses.

—I

Quelques conseils
e récoltez que les plantes que vous vent venir se fixer sur des végétaux. Si
N avez identifiées avec certitude et
triez soigneusement votre récolte avant
l'homme les ingère, les œufs donnent nais­
sance à un grand nombre de larves qui se
de les déguster. Il existe relativement peu développent dans divers organes, le foie
de plantes toxiques dans nos régions (et en particulier, et y déterminent des kystes
quelques-unes seulement sont mortelles), dont le développement peut entraîner de
mais il faut bien les connaître : voyez la graves troubles. La seule solution réside
section qui leur est consacrée. généralement dans l'ablation chirurgicale.
Méfiez-vous des pollutions : engrais, pes­ Le lavage, même soigneux, n'est pas suf­
ticides, désherbants, métaux lourds, etc. fisant pour éliminer les œufs, qui adhèrent
Ne ramassez jamais à proximité d'une aux végétaux. Seule la cuisson réussit à les
route, d'une usine, dans un champ ou un détruire.
verger traité, etc. Eliminez les plantes ma­ Ne ramassez jamais une plante rare, ou
lades, flétries ou simplement trop vieilles. simplement peu abondante à l'endroit où
Et lavez toujours très soigneusement votre vous êtes.
cueillette. Identifiez avec précision la plante que vous
Attention aux parasites. Les plantes aqua­ voulez ramasser pour être certain qu'il ne
tiques peuvent porter la douve du foie, s'agit pas d'une espèce protégée*. Evitez
transmise par les ruminants. Les plantes de cueillir en haute montagne, dans les
basses peuvent provoquer l'échinococ- tourbières, dans les zones à végétation
cose, maladie parasitaire, parfois gravis- spéciale.
sime, transmise par les canidés. Les chiens
et les renards sont parfois parasités par un N'arrachez pas une plante pour n'en uti­
minuscule ver, un ténia échinocoque que liser que les feuilles ou les jeunes pousses.
leur transmettent certains rongeurs comme Et ne récoltez que ce qui vous est néces­
les campagnols. Les œufs du parasite, ex­ saire. La nature nous nourrit, elle mérite
pulsés avec les excréments du chien, peu­ notre respect.

r La liste d es plantes protégées en France, en Belgique et en Suisse figure


dans le Régal végétal du même auteur aux éditions Equilibres Aujourd'hui.
Voyez aussi la bibliographie.

WÊÊBSBBSÊÊSSÊBÊSBÊÊBÊSSBBè
Se n o u r r i r 23

nos régions, il n'y en a guère qu'une tren ­


taine qui présente de sérieux dangers. En­
core faut-il savoir les reconnaître.
Sachez tout d 'abo rd que les divers procé­
D ans nos pays, les cham pignons jouissent dés em piriques que l'on a pu prôner sont in­
d'une bonne presse (ce qui n 'e st pas tou­ efficaces, et donc d an g ereu x : l'a m a n ite
jours le cas ailleurs), et nom breux en sont phalloïde ne fait pas noircir la cuillère d 'ar­
les connaisseurs. Au cours de nos randon­ gent que l'on y plonge à la cuisson ; certains
nées en pleine nature, il sera bien rare de cham pignons dont la couleur change à la
ne pas rencontrer quelques espèces qui per­ cassure p euvent être excellents ; m ais ce
m e ttro n t d 'a m é lio re r l'o rd in a ire . M ais n 'e s t pas no n plus parce q u 'ils dégagent
attention, avec les cham pignons, il ne faut une odeur agréable qu'ils seront bons ; et
jam ais se co n tenter d 'u n e identification les lim aces ro n g e n t in d iffé re m m e n t les
approximative : quelques espèces sont m or­ cham pignons com estibles et les toxiques.
telles, et d 'au tres risq u era ien t de gâcher Seule une identification précise grâce à un
pendant quelque tem ps tout votre plaisir. m anuel détaillé et com plet peut perm ettre
A vant to u te c u e ille tte , a p p r e n e z à les u n degré de certitude suffisant. Et il sera
reconnaître avec certitude dans u n guide toujours souhaitable d 'e n ob ten ir confir­
spécialisé. m ation de la p art d 'u n mycologue local.
De toute façon, n 'a b u se z p as des ch am ­ Les cham pignons toxiques ont tous des la­
p ig n o n s, ca r ils s o n t s o u v e n t lo u rd s à m elles, à p a rt le bolet satan et le bolet bla­
digérer. C onsom m ez rap id e m en t, après fard, à pores rouges, ainsi que la gyromitre,
l'avoir so ig n eusem ent trié, le fru it de p ro c h e d es m o rille s . Si v o u s n e
votre cueillette, car les cham pignons consom m ez que des ch a m p i­
se d éco m p o sen t vite, et m êm e les gnons p o rtan t sous leu r cha­
m e illeu rs d 'e n tre eux d ev ie n n e n t p e a u d es p o re s b la n c s ou
indigestes s'ils sont trop âgés. Ne les jaunes, des aiguillons, des plis
ram assez d'ailleurs que lorsqu'ils épais, ou ayant la form e d'une
sont assez jeu nes pour être identi­ éponge (il faut les faire cuire
fiés avec exactitude, m ais to u t en lo n g u e m e n t ou les séch e r),
étant assez développés. Ne les laissez au c u n ris q u e sé rie u x n 'e s t à
pas traîner dans des sacs en plastique ; et ne craindre.
les m ettez pas dans les m êm es récipients Un autre danger, qui p eu t atteindre toutes
que des espèces com estibles parfaitem ent les espèces, est celui des pollutions. Les
identifiées. cham pignons, davantage encore que les
D éb arrassez chaque ch a m p ig n o n de la p la n tes à fleurs accu m u len t p arfo is des
terre et des débris de feuilles dès que vous doses toxiques d'engrais, d 'h erb icid es et
l'aurez cueilli, et donc avant de le m ettre de pesticides (à proxim ité des cham ps et
dans votre sac : le nettoyage en sera gran­ des cultures), de métaux lourds (le long des
dem ent facilité. Evitez de laver les cham ­ routes) ou d'au tres substances chim iques
pignons, car ils s'im prégnent rapidem ent (aux abords des usines). Après l'accident
d'eau et ne sont alors bons qu'à faire de la de Tchernobyl, une alerte a été lancée, car
soupe. les champignons avaient absorbé des doses
La menace des champignons toxiques n'est inquiétante de substances radioactives...
pas à sous-estimer : chaque année des per­
sonnes en m eurent. Il s'agit d'ailleurs dans L es ch am pignons toxiques les plus cou­
90 % des cas de l'am anite phalloïde et de r a n ts d a n s n o s ré g io n s s o n t p ré s e n té s
ses deux cousines, l'amanite vireuse etl'ama- p. 295 et 300 à 302, les com estibles p .296
nite printanière. Parm i les quelque 3 000 à 298 et 303 à 307.
espèces de champignons qui poussent dans
24 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

algues sont constamment submergées. Il


faut alors plonger... ou attendre que les
tempêtes les arrachent et les déposent sur
la grève - ramassez-les rapidement, car les
Le long des côtes, nous rencontrerons toute algues se décomposent très vite. Ne récol­
l'année une grande variété d'Algues, par­ tez jam ais d'algues m anifestem ent trop
fois en abondance. Autrefois, elles ne ser­ vieilles. Et prenez garde, bien sûr, aux pol­
vaient pas qu'à fumer les champs : il était lu tion s locales, m alh eu reu sem en t fré ­
usuel de les consom m er sous form e de quentes.
bouillies, de gelées, de pains, etc., ce qui se
fa it en core cou ram m en t au Japon par Les algues les plus courantes de nos côtes
exem ple. L'un des intérêts m ajeurs des sont présentées p. 299, 308 et 309.
algues marines de nos régions, c'est qu'il
n'en existe pas de toxiques, si l'on excepte,
toutefois, certaines algues unicellulaires.
Elles sont donc potentiellement toutes co­
m estib les, de façon a p p ro p rié e à leu r
con sistan ce - certain es sont coriaces, Les Lichens pourraient éventuellement être
d'autres très fines mais caoutchouteuses à consommés, après qu'on les ait fait lon­
l'état frais, etc. De nombreuses recettes sont guement bouillir à l'eau pour éliminer leur
données p. 36. forte amertume. Aucun n'est connu pour
La plupart des algues poussent sur les ro­ être toxique - aucun n'est excellent non
chers. Ceux-ci sont parfois découverts à plus. Et n'oublions pas qu'ils ont mis très
marée basse, ce qui perm et une récolte fa­ lo n gtem p s à pousser... M ieu x vaut les
cile, m ais, dans de n om b reu x cas, les laisser où ils sont. •
Pour vivre au maximum l'expérience que je Nous choisirons une farine provenant de
vous propose, il importe d'utiliser le plus blés de culture biologique, par principe et
possible les ressources que vous offre la na­ pour éviter, autant que possible, l'accu­
ture, et d'y ajouter le moins possible d'élé­ mulation des résidus de pesticides. Il est
ments extérieurs. Mais encore une fois, c'est devenu très facile de s'en procurer, et à des
la « douceur » que nous cherchons à prati­ prix raisonnables. La farine de seigle pour­
quer et il importe de ménager une transi­ rait convenir, mais d'autres farines (orge,
tion entre notre alimentation habituelle et avoine, sarrasin, châtaignes...) ne permet
une nourriture exclusivem ent à base de traient pas d'obtenir une pâte suffisam ­
plantes sauvages. ment cohérente pour les galettes à moins
Comme il faudrait généralement, suivant les d'être mélangées à de la farine de blé - elles
saisons, les régions et surtout les individus, au conviendraient néanmoins pour les soupes
moins plusieurs semaines pour pouvoir mo­ et les bouillies.
difier radicalement ses habitudes alimen­
taires et d even ir capable de se nou rrir Huile d'olive
exclusivement de sa cueillette, nous opterons
pour un compromis. Le minimum que nous Vierge et obtenue par prem ière pression à
emporterons a donc pour but de rendre plus froid, elle sem ble préférable aux autres
agréables et plus digestibles les végétaux que huiles du com m erce courant qui sont ex­
nous cuisinerons. traites à l'aide de solvants, à chaud, et raf­
Ces ingrédients permettent aussi de varier finées. Ces deux opérations ne sont pas
les recettes, de stimuler l'intérêt gustatif et souhaitables car elles dénaturent l'huile. Il
de soutenir l'effort par un apport régulier existe des huiles biologiques extraites sans
et facile de glucides et de lipides, auquel solvant et non raffinées. Mais elles possè­
nous sommes habitués. dent une saveur très forte et ne supportent
pas d'être chauffée. Une huile aussi déli­
cieuse que l'huile de noix ne saurait être
envisagée, et uniquement com m e condi­
ment, que si elle vient juste d'être pressée,
car elle rancit très rapidement.
La base à emporter consiste en farine com­ Si certains trouvent que l'huile d 'olive a
plète, huile d'olive et sel pour compléter un goût prononcé, du moins convient-elle
notre cueillette. parfaitem ent à la cuisson. Ce n'est pas le
cas des huiles riches en acides gras poly-
Farine complète insaturés (tournesol, carthame, etc.). Ces
dernières présentent certains avantages
On la préférera à la farine blanche qui est nutritionnels (réduction du taux de cho­
moins nutritive, possède moins de saveur lestérol en particulier), mais pour de nom­
et se prête nettement moins bien à la confec­ breux d iététicien s, leu r em p lo i abu sif
tion des chapatis et chaussons divers. n 'est pas sans danger. Il n 'est pas rare
26 V i v r e en p l e i n e nature

que l'h u ile d 'o liv e re m p o r te en fin de n'oubliez pas que plus vous m ontez en al­
c o m p te le u r s s u f fr a g e s e n v u e d 'u n e titude, plus le tem ps de cuisson augmente.
co n so m m ation régulière. Les b arres de céréales du com m erce peu­
vent donner u n coup de fouet utile lorsqu'il
Sel fait froid ou en m ontagne, m ais elles sont
trop sucrées et ne s'accordent pas avec les
Il sert avant tout à relever la n ourriture et plantes sauvages.
à rassu rer nos papilles qui y sont accoutu­
mées. Beaucoup de personnes peuvent s'en Légumineuses
passer : tan t m ieux ! De toute façon, on en
prép are facilem ent un succédané intéres­ Pour ces m êm es raisons, les seuls légumi­
sant (voir recettes). Choisissez du sel m arin n e u se s env isag eab les so n t les lentilles.
gris non raffiné, plus savoureux et riche en C on trairem en t aux au tres légum ineuses
oligo-éléments. (haricots secs, pois chiches, fèves, soja, etc.^,
la p lu p a rt des variétés de lentilles ne né­
cessitent pas de trem page et cuisent rela­
tivem ent vite.
ïmSSéSzuù.-iS A /jti. 1 1 f i■fsl51 ¡51L
Oléagineux
D 'a u tre s in grédients sont in té ressa n ts à
em porter parce qu'ils perm ettent de varier Ces graines, riches en lipides, perm ettent
davantage le nom bre des p rép aratio n s à de soutenir u n effort et de résister plus fa­
base de n o tre cueillette, qu'ils offrent ce cilem ent au froid ou à la pluie. Leur gros
petit plaisir qui fait tant de b ien après l'ef­ avantage est d'être, en général, im m édia­
fort ou qu'ils apportent im m édiatem ent le tem ent consom m ables : tout au plus faut-il
su rcro ît d 'énergie nécessaire dans le cas casser la coque qui les protège. Noix, noi­
d 'u n p assage difficile, voire d 'u n e crise settes, am andes et pignons sont les plus in­
d'hypoglycém ie. Il s'agit p rin cip alem en t té r e s s a n ts . A joutons-y le s g ra in e s de
de céréales, de légumineuses, d'oléagineux tournesol, de préférence décortiquées...
et de fruits secs. Par contre, sésam e et graines de lin sont
m al assim ilés p a r l'o rg an ism e, à m oins
Céréales d 'ê tre broyés ou très b ien m âchés. Et at­
tention : la combinaison oléagineux/fruits sé-
À m oins de vouloir écraser les grains nous- chés ou m iel p ro d u it g én é rale m en t des
m êm e entre deux pierres, ce qui nous rap­ ferm entations intestinales facilem ent dé­
p ro c h e ra it u n peu de nos an c être s et de ce la b les p a r l'o d o ra t... C 'est dom m ag e
peuples pas si lointains, on choisira de pré­ quand l'air est si p u r !
férence des céréales cuisant rapidem ent,
car, à l'étape, tout le m onde souhaite que le Fruits séchés
repas soit vite préparé. Sont idéaux dans ce
but : les flocons d'avoine, d'orge ou de millet, Ils présentent les m êm es avantages que les
la sem oule de m aïs (pour la « polenta ») ou oléagineux. Du fait de leurs sucres rapides,
de blé, le couscous et le « boulghour », tous le « coup de fouet » qu'ils d o nnent est en­
deux précuits. Le sarrasin et le m illet cui­ core plus m arq u é ; en outre, ils sont tou­
sen t rap id em en t eux aussi, de m êm e que jo u r s c o n s o m m a b le s te ls q u els, sa n s
les pâtes. préparation. Les fruits séchés les plus cou­
En revanche, le riz complet, l'épeautre et ra n ts sont les pruneaux, les raisin s secs,
l'en g rain (com m ercialisé en France sous les fig u es e t les d a tte s , m a is p o m m es,
le n om d'« épeautre »), le seigle, l'orge et poires, abricots, pêches et cerises séchés
su rto u t le blé sont b ien longs à cuire - et sont égalem ent excellents. Les bananes et
les ananas séchés, ainsi d'ailleurs que les L'ail est u n condim ent d ont j'a i du m al à
dattes, sont a p rio ri m oins conseillés du m e passer. On trouve de l'ail sauvage dans
fait de leur origine exotique*. Préférez aux la nature, m ais ce n 'e st quand m êm e pas
abricots soufrés, d 'u n joli orangé clair, les la m êm e chose que les gousses parfum ées
abricots séchés sans additifs, d 'u n b ru n de l'a il cultivé... Et u n o ig n o n au ssi, ou
moins appétissant. Évitez les ananas confits quelques échalotes, relève rem arq u ab le­
au sucre et méfiez-vous des pruneaux ré ­ m en t les soupes et les légum es sauvages.
hydratés, qui nécessitent p our se conser­
ver la présence d'additifs chimiques. Fromage
Emportez oléagineux et fruits séchés en cas
de froid, de pluie ou de traversées en haute Le from age p eu t être in té ressa n t com m e
montagne. apport protéique, nutritif aussi par ses m a­
* De nombreuses traditions anciennes en­ tières grasses. Il p erm et surtout de relever
seignent que, pour être en équilibre avec ce agréablem ent toute prép aratio n salée. Les
qui nous entoure, nous sentir à notre place, from ages à pâte d u re so n t plus faciles à
il importe de consom m er de préférence ce transporter que ceux à pâte molle.
qui pousse en saison autour de l'endroit où
nous vivons et d'éviter ce qui vient de loin. Divers
À y réfléchir un peu, ce n'est pas absolument
illogique - et cela pourrait bien expliquer en Vous pourriez aussi envisager d 'em p o rter
partie l'effet des plantes sauvages... du pollen, alim ent très énergétique et in­
téressan t p ar son apport diététique.
Miel Pensez égalem ent aux graines à faire ger­
m er : après les avoir fait trem per (dans une
Le miel p erm e t aussi de donner u n coup gam elle p ar exemple), vous les rincerez et
de fouet quand c'est nécessaire. Il sera par­ les transporterez aisém ent (à l'extérieur de
ticulièrem ent in té re ssa n t pour p ré p a re r votre sac à dos) en les m ettant dans u n sa­
des com potes de fruits acides qui, sinon, chet en m ousseline. À éviter p a r gran d e
seraient im m angeables. Il est préférable chaleur ou froid intense. Les graines ger-
au sucre car il est p rincipalem ent consti­ mées, alim ent vivant, se m arien t très bien
tué de lévulose et renferm e des m inéraux aux plantes sauvages.
ainsi que des oligo-éléments et des traces de Comme je l'ai exprim é plus h au t à propos
vitamines. de la farine complète, il m e semble toujours
préférable, d'une façon générale, d'utiliser
Légumes séèhés des produits issus de culture biologique,
de plus en plus faciles à tro u v er d an s le
Leur intérêt est nettem ent m oindre, vu la com merce.
variété de ce qui p ourra être ram assé dans
la nature, et qui sera frais. Mais les carottes,
les oignons, les tom ates, voire les cham pi­
gnons et les algues peuvent valoir la peine
d'être séchés.
D ans le fond, rie n de tout cela n 'e st indis­
Condiments p e n s a b le : à p a r tir du m o m e n t où l'o n
connaît bien ce que nous offre la nature, il
Il en va de m êm e pour les épices. La nature y aura toujours quelque chose à m anger où
pourvoit aussi à tous nos besoins en aro­ et quand que ce soit (ne serait-ce que les
mates, m ais le paprika, le coriandre ou le bourgeons des arbres lorsque le sol est cou­
cum in ont quand m êm e quelque chose à vert de neige...). Et il est des lieux et des sai­
part... sons privilégiés. Il nous est p ar exem ple
28 V i v r e en p l e i n e nature

arriv é de re n c o n tre r d a n s le M idi de la substances ne prédisposent pas à (re) trou­


France, en autom ne, une telle abondance ver le calme et la tranquillité d'une vie en
de glands, de corm es et de poires sauvages pleine nature.
que no u s rev e n io n s san s avoir touché à
notre farine ni presque à notre huile (juste C o m m e n o u s v o u lo n s n o u s c h a rg e r le
u n peu pour le pâté de glands). D'ailleurs, m oins possible, nous em portons avec nous
il faut bien le dire, l'huile et le sel que nous le m inim um de vaisselle : une gamelle pro­
incluons dans le « m inim um » sont avant fonde en alum in iu m p o u r la soupe et les
tout de la gourm andise. bouillies, u n au tre réc ip ien t p o u r les sa­
Alors, s'il vous arrive de vous sentir l'âm e lades (il peut être également en aluminium,
d 'u n « p u r et dur », essayez une fois de p ar­ si ce n 'e st pas le m étal le plus sain qui soit,
tir sans em porter de nourriture - dans une il a le m érite d 'être le plus léger !), et c'est
région et à une époque où vous savez pou­ tout ce qu'il nous faut ! Les gamelles indi­
voir trouver ce qu'il vous faut - et faites l'ex­ viduelles ne sont pas ab so lu m en t néces­
périence de tout recevoir de la nature. Ce s a ire s aux sau v ag es qu e n o u s so m m es
sera peut-être difficile, il se passera en tout redevenus - mais, s'il y en a, personne ne
cas quelque chose de fort ! s'e n plaindra.
Quant aux cuillères et spatules, un bâton fait
généralem entl'affaire, quoique les artistes
se révèlent nombreux pour sculpter au canif
leur cuillère à soupe ou à « glouchis » (une
bouillie épaisse à base de plantes) ! D'autres
Ce que je vous conseillerai avant tout de ne u s te n sile s trè s à l'h o n n e u r so n t les b a­
p as e m p o rte r, c 'e s t la n o u rritu re tr a d i­ guettes : une fois la technique de leur utili­
tio n n e lle d u c a m p e u r : le s b o îte s de sa tio n m a îtris é e ; elles ra llie n t to u s les
conserve p èsen t in u tilem en t lourd (elles suffrages pour la facilité de leur fabrication,
contiennent beaucoup d'eau !), tiennent de puisqu'il suffit de tailler à la m ême longueur
la place, et il faut les rapporter ; le saucisson deux branches fines d'à peu près m ême dia­
du com m erce n 'a plus le goût du vrai, les m ètre et d 'en égaliser la surface si c'est né­
« petits gâteaux » et le chocolat sont trop su­ cessaire. Quelques quarts sont les bienvenus
crés. De plus, ces produits, très tran sfo r­ pour boire les tisanes ou la soupe, m ais on
m é s, s a n s vie, s 'in c o r p o r e n t m a l aux peut aussi s'en passer...
plantes sauvages que l'o n ram a sse ra et à
l'ensem ble de l'expérience.
P our cette m êm e ra iso n , je n 'u tilis e j a ­
m ais les produits lyophylisés que l'on peut
a c h e te r d a n s les m a g a sin s sp é c ia lisé s
pour la m ontagne et la randonnée. Ils sont Com m e vous le voyez, c'est presque le dé­
p e u t-ê tre lé g e rs et p r a tiq u e s , m a is ils n u e m e n t to tal : on l'a p p ré c ie q u an d on
n 'o n t pas de goût et so n t b ie n chers ! Je pense à toute la vaisselle qu'il aurait fallu
vous déconseille au ssi tous les p ro d u its p orter sur son dos !
qui ne so n t pas secs, car il vous fau d rait
p o rter l'eau qu'ils contiennent. Donc, pas
de p a in (m êm e du b on p ain com plet au
levain, etc. —vous ferez des galettes), pas
de légum es ni de fruits frais... Q uant aux
œ ufs d u rs, ils ne se c o n se rv e ra ie n t pas M algré le peu d'ustensiles et d'ingrédients
longtem ps. (nous ne consid érero n s ici que le « m ini­
À éviter aussi : le sucre blanc et les excitants m um » cité plus haut) et les conditions p ri­
com m e le café, le thé et le chocolat, car ces m itives de cuisson, les p rép aratio n s que
Cu is in e r 29

nous pouvons réa lise r ne m a n q u en t pas C 'est p ourquoi je ne d o n n era i ici, à p a rt


de variété. Il faut d ire que nous avons à deux ou trois, que des recettes générales :
notre disposition, suivant les saisons et les le résultat final différera dans chaque cas en
régions, plusieurs centaines de bulbes, de fonction des plan tes qui a u ro n t été u tili­
racines, de tubercules, de je u n es pousses, sées. Personnellem ent, j'aim e presque tou­
de tiges, de feuilles, de fleurs, de fruits et jo u rs em ployer les végétaux en m élange
de g ra in e s de to u te s sa v eu rs. E x p lo rer plutôt que seuls, et en grand nom bre si pos­
toutes les com binaisons qu'elles nous of­ sible. Mais cela p eu t se discuter car il est
frent, en plus de leur goût et de leu r tex­ ain si plus difficile de d éceler le goût de
tu re p r o p re s , d e m a n d e r a it p lu s ie u r s chaque aliment. Alors, agissez selon vos pa­
années. pilles... et suivant votre cueillette.

Recettes sauvages
Légumes Cham pignons ...........................35
Salades........................................... 30
Sauce à salade................................. 30 Algues
Soupe............................................ 30 Algues «Crackers d'algues» ..............35
Soupe légère .................................. 30 Gelée d'algues ................................35
Soupe onctueuse............................. 30 Condiment d'algues......................... 36
«Glouchis» ou bouillie dë légumes .... 30
Bouillie légère.................................. 30 Fruits
Bouillie grillée.................................. 30 Compote de fruits............................ 36
Légumes en sauce............................ 31 Bouillies de fruits.............................. 36
Légumes sautés................................31 Chaussons aux fruits......................... 36
Papet de tussilage ............................ 31 Compote de rumex alpin..................36
Chapatis ou galettes......................... 31
Chapatis à l'indienne ........................ 31 Boissons
Chapatis aux herbes......................... 31 Tisanes.............................................36
Chapatis de luxe.............................. 32 Thé solaire ..................................... .36
Chaussons aux herbes ......................32 Thé de gourde ................................37
Tarte au cirse....................................32 Café sauvage .................................. 37
Tourte au chénopode.......................32 Jus de fruits ..................................... 37
Beignets..........................................32 « Rob » .............................................37
Quenelles vertes.............................. 32
Nouilles aux orties............................ 32 Condiments
Vinaigre .......................................... 37
Graines Succédané du sel............................. 37
Glands ........................................... 35 Succédané du sucre......................... 37
Dessert de glands ............................35 Gomasio de coquelicot.................... 38
Châtaignes...................................... 35 Moutarde....................................... 38
Faînes..............................................35
Céréales sauvages............................ 35 Plantes à consom m er
Farine de céréales ............................ 35 telles quelles
«Tsampa»....................................... 35 Salées .............................................38
Pâte fermentée ................................36 Sucrées........................................... 38
Légumineuses.................................. 36
mmmsm— ■— — — — — — m m b m — i
30 V i v r e en p i e i n e nature

Salades d'autres, trop fortes ou trop coriaces pour


être m angées crues.
Coupez les plantes en m orceaux et assai­
sonnez-les d'huile d'olive, d 'u n peu de sel Soupe légère
- éventuellem ent de vinaigre (voir p. 38) -
et de condim ents sauvages. Procédez comme ci-dessus, mais sans farine.
Toutes les plantes ne conviennent pas à la
confection de salades : il faut les sélection­ Soupe onctueuse
ner suivant leur saveur et leur texture. Cer­
tains végétaux doivent être cuits parce qu'ils Faites cuire les plantes à grande eau salée.
sont trop forts, souvent trop am ers, ou trop Délayez de la farine dans de l'eau en une
durs. On p eut em ployer feuilles, pousses, pâte liquide sans grumeaux. Versez lorsque
je u n e s tiges et fleurs de n o m b reu se s es­ les plantes sont cuites, rem uez et laissez
pèces. Pour éviter les problèm es digestifs m ijoter encore quelques m inutes.
dus à une mauvaise mastication, coupez les Les soupes p euvent être arom atisées avec
plantes en petits morceaux, surtout si elles les nom breux condim ents sauvages. Vous
sont coriaces. La toute m eilleure salade? allez voir que la vraie « soupe aux herbes
Sans aucun doute la stellaire, suivie de près sauvages » est autre chose que la classique
p ar la laitue vivace, le laiteron et le tilleul. soupe d'orties.

Sauce à salade « Glouchis »


Faites griller à sec de la farine dans le cou­
ou bouillie de légumes
vercle d 'u n e gam elle avec u n peu de sel. Coupez les plantes finem ent et faites-les re­
Mélangez cette farine grillée avec de l'huile venir dans u n peu d'huile, puis versez da­
d'olive etle jus d'un fruit acide, par exemple vantage de fa rin e que p o u r la soupe, et
l'argouse ou la prunelle. ajoutez-y m oins d'eau. La consistance dé­
Vous pouvez rem placer le ju s acide p ar de pend de ce que vous désirez mais, pour des
petites pom m es sauvages coupées en m or­ raisons de facilité, il est bon que les glou­
ceaux ou de l'oseille. Des feuilles ou des chis soient assez épais pour être m angés
bulbes d 'ail sauvage, du thym ou de la sar­ avec des baguettes.
riette viendront relever cette sauce. Cette bouillie épaisse et nutritive convient
Il est égalem ent très agréable de sim ple­ particulièrem ent bien au repas du matin.
m ent saupoudrer la salade de farine grillée On p eu t utiliser toutes les plantes servant
et de sel. à préparer de la soupe et arom atiser le glou­
chis de condim ents sauvages.
Soupe
Bouillie légère
Coupez finem ent les plantes et faites-les re­
venir dans u n fond d'huile, ajoutez un peu Délayez de la farine à froid dans de l'eau, et
de farine, rem uez bien et versez suffisam ­ versez dans de l'eau bouillante salée ou on
m ent d'eau pour obtenir une soupe liquide. cuit des légum es ou des fruits sauvages.
Salez et laissez cuire. Cette bouillie convient p articu liè rem e n t
Cette soupe se boit plutôt le soir. On p eut bien pour le m atin.
n e p a s fa ire r e v e n ir les lé g u m e s d a n s
l'huile, m ais cette opération p erm et de pré­ Bouillie grillée
cuire les légum es avant d'ajouter l'eau, et
donc de réduire le tem ps de cuisson. Toutes Faites griller à sec de la farine ju sq u 'à ce
les plantes p ouvant servir pour la salade qu'elle brunisse. Ajoutez une pincée de sel,
c o n v ie n n e n t, p lu s u n c e r ta in n o m b re puis de l'eau, tout en rem uant. La bouillie
se m ange telle quelle ou ad d itio n n ée de le tte s s e ro n t faciles à c o n fe c tio n n e r et
condiments, de légum es cuits, d'une com­ m eilleures elles seront. Vous pouvez lais­
pote de fruits, etc. ser reposer la pâte quelques h eu res voire
Cuite lentem ent, elle p ren d une saveur su­ une nuit, le résultat n 'e n sera que meilleur.
crée rap p elant la châtaigne. C'est le petit Prenez de petites boules de pâte, de la taille
déjeuner idéal. d'une noix, et aplatissez-les entre vos doigts
d 'a b o rd , p u is e n tre les p a u m e s de vos
m a in s, en to u rn a n t, ju s q u 'à ce q u 'elles
Légumes en sauce soient devenues les plus fines possibles.
Coupez les plantes assez g rossièrem ent et Trempez-les dans la farine d u ran t l'o p éra­
faites-les cuire à l'eau salée. Dans une ga­ tion pour éviter qu'elles ne collent. Posez
melle, préparez une sauce blanche avec un les galettes sur la braise vive et faites bien
peu d'huile d'olive et de farine, de l'eau et cuire des deux côtés en su rv eillan t bien
du sel. Versez la sauce sur les légumes, m é­ pour qu'elles ne brûlent pas. Dégustez avec
langez et dégustez. u n filet d'huile d'olive.
Au heu d'une sauce blanche, vous pouvez
vous co n ten ter d 'u n sim ple filet d 'h u ile Chapatis à l'indienne
d'olive - je dirais m êm e que vous le devriez,
dans le cas de plantes aussi fines que le ché- Avant de po ser les galettes su r la braise,
nopode ou l'am aranthe. Tous les légum es faites-les sécher des deux côtés sur une sur­
sauvages convenant aux soupes p euvent face chaude (pierre plate, ardoise ou plaque
être utilisés et arom atisés de divers condi­ m é talliq u e ) ou en les ex p o s an t s u r u n e
ments. p ie rre à la chaleur du foyer. Déposez-les
alors sur les braises où, ô surprise, elles se
Légumes sautés m ettront à gonfler !
Nature ou aux herbes (voir ci-dessous), les
Il s'agit ici de racines ou de tubercules. Je chapatis sont notre pain quotidien et leur
vous conseille en particulier les racines de p réparation est presque un rituel. Ils doi­
bardane ou de raiponce. Un délice ! Le pis­ vent être b ien cuits pour être plus digestes
senlit convient aussi, m ais il est plus am er. - quitte à ce qu'ils brûlent un peu, car la cuis­
Coupez les légumes et faites-les longuement son sur les braises est difficile à régler. Mais,
revenir à l'huile jusqu'à ce qu'ils soient bien après tout, le charbon végétal est u n excel­
cuits et caramélisés... lent désinfectant intestinal.
Ce plat, très appétissant, flatte l'odorat au­
tant que les papilles gustatives. Il peut ainsi Chapatis aux herbes
servir de base à une soupe ou à un « glou-
chis », qui p ren d ro n t ainsi sa saveur. Hachez finem ent les plantes et ajoutez-les
à la farine avant de la m ouiller pour la pé­
Papet de tussilage trir. Procédez ensuite exactem ent com me
ci-dessus.
Hachez finem ent le tussilage et faites-le lon­ Les chapatis aux h erb es sont préférables
guem ent revenir à l'huile, à feu doux et en aux précédents, car ils ont plus de goût, sont
rem uant bien. Ajouter du sel et de la farine. plus nutritifs, perm etten t d'allonger la fa­
Laissez cuire de nouveau ju sq u 'à ce que le rine et de varier les repas en changeant de
mélange soit très épais. plantes. On p o u rra u tiliser tous les végé­
taux précédem m ent cités pour soupes, glou-
« Chapatis » ou galettes chis, etc., et les divers condiments sauvages,
m a is é g a le m e n t de n o m b re u se s fleurs.
Pétrissez longuem ent une pâte de farine, Celles du sureau sont p articulièrem ent in­
sel et eau. Plus elle sera pétrie, plus les ga­ diquées.
32 V i v r e en p l e i n e nature

Chapatis de luxe vercle. Faites la pâte le plus fin possible et vé­


rifiez que les braises soient assez chaudes
Mélangez de l'huile d'olive à la farine pour en-dessous. Attention à ne pas laisser brû­
p rép arer la pâte. Les chapatis seront m er­ ler : contrôlez de tem ps en tem ps et éven­
veilleusem ent moelleux. Attention à ne pas tuellem ent rem ettez de nouvelles braises.
les laisser trop griller car l'huile brûlée n'est
pas bonne pour l'organism e. Beignets
Chaussons aux herbes Mettez u n bon fond d'huile dans la gamelle
et faites chauffer su r le feu. Trem pez les
Coupez finem ent les plantes, posez-les sur plantes dans une pâte assez liquide de fa­
une moitié de chapati fraîchem ent préparé, rine, sel et eau, et faites-les frire ju sq u 'à ce
puis repliez ce dernier sur lui-m êm e pour qu'elles soient croustillantes.
faire u n ch au sso n . Soudez les b o rd s en Cette prép aratio n n 'e st pas la plus légère
p ressan t avec les doigts et faites cuire sur qui soit, m ais il faut de tem ps en tem ps un
les braises. r e p a s de fête ! De n o m b re u s e s p la n te s
Il e s t in d is p e n sa b le de b ie n h a c h e r les conviennent. On choisira toutefois de pré­
plantes et de ne choisir que celles qui ne férence des feuilles assez épaisses ou mu-
sont pas trop épaisses, car elles cuiraient cilagineuses com m e celles du tussilage ou
m al dans le chausson. de la consoude.
Une autre m éthode consiste à précuire les Les beignets de fleurs form ent u n dessert
plantes avant de les déposer sur le chapati, que tout le m onde apprécie ; les plus inté­
ce qui p erm e t d'utiliser des feuilles aussi ressantes sont les fleurs du sureau ou du
épaisses que celles du tussilage. On pourra robinier (acacia), du fait de leur parfum - et
donc em ployer feuilles, je u n e s pousses, de leur pédoncule qui facilite leu r m an i­
condim ents et fleurs. Là encore, les fleurs pulation.
arom atiques du sureau font m erveille !
« Quenelles » vertes
Tarte au cirse
Faites cuire des légumes sauvages avec des
P réparez une pâte à tarte avec de la farine, arom ates, égouttez-les puis hachez-les. Mé-
de l'huile d'olive, du sel et de l'eau. Foncez- langez-les avec assez de farine, en ajoutant
en u n grand couvercle de gamelle. Faites u n peu d'eau chaude pour bloquer la pâte,
revenir le cirse dans un peu d'huile. Confec­ et c o n fe c tio n n e z de p e tits b o u d in s de
tionnez une sauce blanche avec de la farine, quelques centim ètres de long. Laissez-les
de l'huile d'olive, de l'eau et du sel, ajoutez sécher quelque tem ps au soleil ou auprès
le cirse et versez sur le fond de tarte. Faites du feu, si possible. Mettez les quenelles à
cu ire su r u n su p p o rt de p ie rre s plavées cuire dans de l'eau bouillante salée jusqu'à
dans les braises, à environ 3 cm au-dessus ce qu'ils rem on ten t à la surface. Égouttez
de celles-ci, en recouvrant d 'u n autre cou­ les quenelles et servez-les avec une sauce
vercle de gamelle. blanche ou revenues dans u n peu d'huile
d'olive. Ces quenelles peuvent se préparer
avec les différentes plantes utilisées pour
Tourte au chénopode salades, soupes, légum es cuits.

Préparez la tourte com m e la tarte ci-dessus Nouilles aux orties


mais foncez de la pâte une gamelle profonde
et recouvrez d'un couvercle de pâte. Fermez Faites cuire les orties, égouttez-les et ajou-
bien le couvercle de la gamelle et enfouis­ tez-les à la farine. Étalez la pâte finem ent
sez dans la braise, jusqu'au-dessus du cou­ en la roulant avec une gourde cylindrique
... qui cuiront su r la braise.
34 p i 6 1 n 6_n a t u r6
Cuisiner 35

et mettez à sécher au soleil ou près du feu Châtaignes


avant de cuire à l'eau bouillante salée. Les
pâtes séchées se gardent plusieurs jours. N'oubliez pas que vous pouvez en m anger
Divers légum es sont utilisables. crue une certaine quantité, m ais mâchez-
les bien.
Glands Q uant aux recettes à base de châtaignes,
vous c o n n a isse z d éjà les p lu s sim p les,
Entaillez les glands et mettez-les à bouillir grillées ou bouillies.
une dizaine de m inutes dans une gamelle
pour faciliter leur écorçage. Versez l'eau Faînes
chaude, remplacez-la par de l'eau froide pour
refroidir les glands, et écorcez-les. Vous pou­ Mangez-les telles quelles, crues (m odéré­
vez ensuite les faire cuire entiers, ou les écra­ m ent) ou légèrem en t grillées, ou ajoutez-
ser entre deux pierres pour les réduire en les, grillées, aux légum es et aux soupes.
farine grossière et obtenir une bouillie. Dans
les deux cas, il s'ag it d 'élim in er le tanin, Céréales sauvages
am er et astringent, par cuisson à plusieurs
eaux : faites bouillir 1/4 d'heure, puis chan­ Faites cuire les grains dans de l'eau salée
gez l'eau (en recueillant les glands dans un ju sq u 'à ce qu'elles soient ten d res. Assai­
linge s'ils ont été écrasés) jusqu'à ce qu'elle sonnez-les d 'u n filet d'huile d'olive ou de
soit claire et que les glands aient perdu leur condim ents sauvages.
amertume. Les g rain es gonflent g én é rale m en t peu,
Lorsque les glands sont prêts, entiers ou m ais elles sont très nutritives et une tasse
en bouillie, assaisonnez-les d 'u n p eu de su ffit en m o y en n e à r a s s a s ie r u n e p e r ­
sel, d'huile d'olive et de condim ents sau­ sonne. P lusieurs plantes fo u rn issen t des
vages - en p articu lier du genévrier. Tels g rain e s u tilisa b les. Les m e ille u re s so n t
quels, ils sont un peu fades, m ais il suffit celles des chénopodes, des am aranthes et
d'ajouter des arom ates pour que leur sa­ des renouées.
veur s'exalte : la truffe à l'envers !
Farine de céréales
Vous vous r e n d re z vite com pte que les
glands m éritent mieux que d'être donnés Écrasez les graines le plus fin em en t pos­
aux cochons ! Ils sont non seulem ent nutri­ sible entre deux pierres. C'est u n travail de
tifs, m ais encore très savoureux, avec un patience (une vraie m achine à rem o n ter le
goût de « protéine » bien marqué. Dans cer­ temps), puis m élangez le résultat à de la fa­
tains endroits, les glands ne sont presque rine de blé pour en p rép a re r des galettes
pas am ers et une seule cuisson suffira. Il ar­ ou u n e bouillie. Vous pouvez au ssi faire
rive même dans le Midi que les chênes verts cuire votre farine de céréales dans u n peu
p o rte n t des glands doux qui p e u v e n t se d'eau salée.
consommer comme les châtaignes. Ailleurs,
m êm e après cinq changem ents d'eau, la «Tsam pa»
bouillie pourra être encore un peu râpeuse :
mélangez-y de la farine et de l'eau et faites Faites griller votre farine sauvage, ou de la
cuire quelques minutes. farine com plète de blé, dans le couvercle
d'une gam elle avec u n peu de sel. Laissez
Dessert de glands refroidir et conservez tel quel.
Au m o m en t de vous en servir, m élangez
Mélangez un peu de miel ou de fruits secs cette poudre b run e avec de l'huile d'olive
à un e bouillie de glands très lég èrem en t et de l'eau. Formez-en de petites boulettes
salée. que vous m angerez ainsi. C'est une façon
36 V i v r e en p i e i n e nature

pratique et com pacte d'em porter avec soi tion est presque illimitée. Ne dédaignez pas
une source d'énergie facile à consommer et les cham pignons que l'o n ren co n tre p ar­
de plus très digestible. fois séchés sur pied : ils feront d'excellentes
La tsam p a se p rép a re au Tibet avec de la soupes. Un des m eilleurs condim ents est
farine d'orge. La farine d'orge grillée se re­ d'ailleurs form é p ar des cham pignons sé­
tro u v e aux C an aries (gofio), en T unisie chés et pulvérisés, qui relèvent la saveur
(psissah), en Ethiopie (basso), en Equateur de n'im p o rte quelle préparation.
et au Pérou (machica), etc. Certains cham pignons peuvent être m an­
gés crus, en salade ou en sandwich entre
Pâte fermentée deux chapatis. Les m eilleurs sont le coprin
chevelu, les vesses-de-loup et certains bo­
Mélangez de la farine et de l'eau pour obte­ lets (surtout les cèpes, bien sûr). A essayer :
n ir un e pâte légère. Conservez cette d er­ c'est sans aucun danger si l'o n se lim ite à
n iè re d a n s u n e b o îte ou u n e g am elle ces espèces et absolum ent délicieux - un
pen d an t quelques jours lors d'une période véritable p laisir gastronom ique. Mais at­
chaude. Cette pâte acidulée sert de base aux tention, d'autres champignons comestibles
bouillies m atinales et aux soupes. cuits peuvent être toxiques crus !

Légumineuses
Si elles sont vertes et tendres, cuisinez-les
r
à la façon des petits pois après les avoir fait Algues
cuire à l'eau pour éliminer d'éventuels prin­ Les algues peuvent être ajoutées, fraîches
cipes toxiques. Si elles sont sèches et dures, ou séchées, aux soupes, aux bouillies, aux
faites-les trem p er une nuit, puis cuisez-les légum es ou aux céréales sauvages. On peut
lo n g u e m e n t à l'e a u ju s q u 'à ce q u 'e lle s aussi les incorporer dans la pâte à chapatis,
soient bien tendres. m ais il faut les trem p er avant si elles sont
Com m e le u rs hom ologues cultivées, les séchées, ou en fourrer des chaussons, mais
lég u m in eu ses sauvages se co n so m m en t il faut alors les précuire.
toujours en petite quantité, car elles sont
très nutritives - et, de plus, bien longues à « Crackers d'algues »
ra m a s se r et à éc o sser ! Il y a p eu de ces
plantes dans notre flore. Si l'o n aim e leur forte saveur iodée, le plus
sim ple est de les faire griller, fraîches ou
Champignons séchées, sur une plaque de m étal ou dans
une gam elle - éventuellem ent avec un peu
Les cham pignons peuvent être préparés de d'huile au fond. Ces « crackers d'algues »
n o m b re u se s m a n iè re s, p a r exem ple en se dégustent tels quels.
soupes, en « glouchis », dans les chapatis et
les chaussons. Mais c'est sim plem ent re­ Gelée d'algues
venus dans u n peu d'huile, salés et assai­
sonnés de condim ents sauvages, que leur Lavez so igneu sem en t les algues pour en
saveur se dégage le mieux. Certains cham ­ élim in e r toute trace de sel, puis mettez-
pignons assez fermes se prêtent à la confec­ le s à b o u illir lo n g u e m e n t d a n s u n p eu
tion de délicieuses brochettes. Les lactaires, d'eau. Ajoutez alors si vous le désirez des
les chapeaux des lépiotes, etc., sont excel­ fruits, frais ou séchés. Laissez refroidir et
lents grillés sur les braises. épaissir. C 'est u n d e sse rt p o u r le m oins
Le goût et la texture des cham pignons sont inhabituel... Cette gelée p eu t aussi se pré­
ex trêm em ent variés et suggèrent une re­ p a r e r sa lé e , avec d es lé g u m e s , tu b e r ­
cette adaptée à chaque cas. Leur explora­ cules, etc.
C u isiner 37

Condiment d'algues Compote de Rumex alpin


Hachez finem ent diverses algues fraîches Coupez les pétioles en tronçons et retirez-
et saupoudrez-en la nourriture. Ou bien : en les « fils » extérieurs si nécessaire. Met-
faites sécher les algues et pulvérisez-les en tez-les à cuire dans un peu d'eau ju sq u 'à ce
une poudre fine (tamisez-la), à em ployer qu'ils soient réduits en compote. Édulcorez
comme du sel. avec un peu de miel ou quelques fruits secs.
Les algues sont une des ressources les plus Les pétioles du Rumex alpin peuvent éga­
merveilleuses de la mer. Il en existe sur nos lem ent se grignoter crus : ils sont acidulés
côtes une grande variété et toutes sont co­ et juteux, excellents contre la soif.
m estibles, si elles ne so n t pas polluées.
Quelques-unes, suffisam m ent tendres, peu­ Tisanes
vent être ajoutées crues aux salades : à vous
de voir. Les tisan e s so n t g én é rale m en t des in fu ­
sions de plantes arom atiques, feuilles ou

* fleurs, ou plus rarem e n t des décoctions de


racines, com m e dans le cas de la gentiane.

Compote de fruits Infusion


Faites cuire les fruits d ans u n p eu d 'eau
s'ils ne so n t p as su ffisa m m e n t aqueux. Faites bouillir de l'eau, retirez-la du feu et
Salez légèrem ent. placez-y les plantes.
Attention : en cuisant, de nom breux fruits
deviennent très acides et pratiquem ent im ­ Décoction
mangeables à m oins d'être sucrés (avec du
miel ou des fruits séchés) ou d 'être m élan­ M ettez de l'e a u à ch au ffer, placez-y les
gés à des fru its trè s su c ré s com m e des plantes et portez à ébullition quelques m i­
corm es ou des p o ire s sauvages b lettes. nutes. Retirez du feu et laissez encore in­
C'est, par exemple, le cas des fruits du su­ fuser quelque tem ps. La décoction est en
reau rouge ou des prunelles. Convenable­ général plus forte et plus am ère que l'in ­
m e n t é d u lc o ré s, ils s o n t e n re v a n c h e fusion.
délicieux. Il ne fau t pas o u b lier q u 'o u tre le u r rôle
de boissons désaltérantes et agréables, les
Bouillie de fruits tisanes possèdent des vertus m édicinales
certaines qui peuvent, suivant le cas, s'avé­
Faites cuire les fruits dans l'eau, édulcorez re r utiles ou néfastes : p a r exem ple, une
si nécessaire (et si possible), puis ajoutez tisane de rom arin le m atin réveille, mais,
un peu de farine, de l'eau, m élangez et cui­ le soir, risque d'em pêcher les nerveux de
sez encore quelques m inutes. tro u v er le som m eil. A ttention au ssi aux
dosages : une faible dose de tilleul calme,
Chaussons aux fruits une tisane trop forte énerve. En revanche,
en cas de rh u m e, il n e fau t pas h ésite r à
Coupez les fruits en morceaux s'ils sont trop avoir la m ain lourde su r le thym. De nom ­
gros, ou mettez-les entiers sur u n chapati, breuses plantes donnent de bonnes tisanes.
repliez et soudez bien les bords pour évi­
ter que le ju s ne s'éc h ap p e à la cuisson. Thé solaire
Faites cuire sur les braises. Un d essert ap­
précié ! Placez des plantes arom atiques dans une
De nom breux fruits sont utilisables pour gam elle pleine d 'eau, que vous laisserez
ces trois recettes. quelques h eures en plein soleil.
38 V i v r e en p l e i n e nature

L'eau chauffe m oins que dans le cas d'une la consistance souhaitée. On ne p eu t em ­


infusion et perm et de n'extraire, en les gar­ ployer p o u r p ré p a re r u n « rob », sorte de
d an t intactes, que les substances les plus confiture sans sucre, que des fruits à jus
v o la tile s d e s v ég é ta u x . Le th é s o la ire trè s doux, com m e le su re a u n o ir (le su ­
convient à des plantes qui, par infusion, de­ re a u ram eux, p a r exem ple, n e convien­
v iennent soit trop am ères, soit insipides. drait pas). C'est ainsi que l'on procède avec
la sève de l'érab le à sucre p o u r obtenir le
Thé de gourde sirop d'érable - m ais n'allez pas percer un
arb re pour autant... D ans nos régions, ça
M ettez q u e lq u e s p la n te s a ro m a tiq u e s ne m arche pas !
(de la m e n th e, de la ta n aisie, de l'angé-
lique, etc.) à m acérer dans l'eau de votre Vinaigre
gourde. Voici une boisson au goût léger bien
facile à p réparer. Les jus de certains fruits sont suffisamment
acides p a r eux-m êm es p o u r serv ir de vi­
Café sauvage naigre, p ar exemple celui des prunelles ou
des argouses. Et, si on laisse à l'air n 'im ­
Faites griller à sec les plantes dans une ga­ porte quel ju s de fruit, il deviendra rapide­
melle ju sq u 'à ce qu'elles soient totalem ent m e n t ac id e p a r tr a n s f o r m a tio n de ses
brunes - m ais pas carbonisées. Ecrasez-les sucres en alcool puis en acide acétique.
ensuite entre deux pierres et faites bouillir D 'autre part, de petites pom m es sauvages
dans l'eau la poudre grossière obtenue. ajoutées à une salade, des feuilles d'oseille
Si cette boisson n 'a pas absolum ent le goût ou d'oxalis ou m êm e des pousses de coni­
du café, elle n 'e n a pas non plus les incon­ fères, à la saveur citronnée, peuvent tenir
vénients. Les fruits du gailletgratteron et les lieu de vinaigre.
glands sont sans doute les m eilleurs suc­
cédanés du café avec les racines de pissenlit Succédané du sel
ou de chicorée.
Faites sécher les feuilles (pétiole et limbe)
Jus de fruits puis brûlez-les sur une plaque ou dans une
gam elle pour récu p érer les cendres.
Placez dans u n linge solide des fruits très ju­ Ces ce n d res « sa le ro n t » quelque peu la
teux, s'écrasant facilem ent, et pressez-les nourriture... pas tout à fait comme du sel
en to rd an t le linge - attention à ce qu'il ne de c u isin e . Il fa u t sa v o ir q u 'e lle s so n t
se déchire pas. Recueillez le ju s dans une pauvres en sodium (mais riches en potas­
grande gamelle. sium ) et n 'o n t donc pas les inconvénients
Il est possible, pour obtenir davantage de du sel ordinaire. On em ploiera particuliè­
jus, de faire crever les fruits sur le feu avant re m e n t les feuilles du tussilage ou de la
de les presser. Cela p erm e t aussi d 'e n ex­ berce. Un autre bon succédané du sel est
traire des pom m es et des poires, en les cui­ la poudre d'algues séchées.
sant avec u n peu d'eau. On récupère dans
le linge u ne très b onne p âte de fruit. De Succédané du sucre
nom breux fruits peuvent être utilisés.
Les pucerons sucent la sève de nombreuses
« Rob » espèces d 'a rb re s ou d 'a rb u ste s et en ex­
crètent une partie qui tombe sur les feuilles
Faites ré d u ire le ju s à feu trè s doux ju s ­ in férie u re s et su r la végétation en viron­
q u 'à ce qu'il épaississe - il faut plusieurs n an te. Cette sève sèche et laisse su r les
heures. P renez soin de rem u e r régulière­ feuilles ou sur les cailloux une pellicule su­
m e n t p o u r qu'il n 'attach e pas et arrêtez à crée : on peut les lécher (quel plaisir !) ou les
Cuisiner 39

iH É i
» y

Pour cuire les galettes, il im porte d'avoir un bon lit de braises.

m ettre à trem per dans très peu d'eau pour préalablem ent grillée, puis suffisam m ent
dissoudre le sucre (qui pourrait être concen­ d'eau pour en faire une pâte.
tré par ébullition). Il arrive parfois que la Cette m outarde peut être préparée avec des
couche de « m iellat » (car les abeilles le bu­ graines de m outarde noire, b ien sûr, m ais
tinent) soit assez épaisse et puisse s'utili­ aussi avec celles de nom breuses autres Cru­
ser directem ent comme édulcorant. Le goût cifères. M élangée à de l'huile d'olive, elle
rap p elle u n p eu le siro p de m a lt : c 'e s t fait de délicieuses sauces de salades.
quelque chose à goûter !
Ce sont sans doute les frênes qui, p ar de Plantes à consommer
chaudes journées d'été, p ro d u isen tle plus
de ce sucre végétal. C'est d'ailleurs ce phé­
telles quelles
nomène qui perm ettait de faire la véritable Il s'agit principalem ent des jeunes tiges de
« frênette » (boisson ferm entée à base de quelques p la n tes p a rtic u liè re m e n t d éli­
feuilles de frêne couvertes de miellat). cieuses qui sont coupées, puis pelées, et dé­
gustées sans la m o in d re adjonction. Les
Gomasio de coquelicot m eilleures sont les suivantes :

Faites légèrem ent griller une poignée de Salées : salicorne (que je surnom m e « sau­
graines de coquelicot. Broyez-les à l'aide cisson de m er »...), chardons (attention en
d'une pierre ou d 'u n pilon de bois. Mélan- les pelant...) et bard an e (délicieux goût de
gez-y quelques pincées de sel. cœ ur d'artichaut !) ;
Ce condim ent (préparé à l'origine avec des
graines de sésam e) est saupoudré com me Sucrées : berce, fenouil et cerfeuil musqué.
du sel su r la n o u rritu re , q u 'il p a rfu m e Ce sont de véritables bonbons végétaux à
agréablement. On peut également employer la saveur inoubliable - celle de la berce rap­
des graines de sauge des prés. pelle en m êm e tem ps la m a n d arin e et la
noix de coco ; p o u r les deux autres, c'est
Moutarde très net : l'anis. Il faut bien sûr les récolter
lorsqu'elles sont encore très tendres, avant
Écrasez les graines à l'aide d'une pierre ou que l'inflorescence qu'elles p o rten t n 'a it
d 'un pilon de bois. Mélangez-y de la farine com m encé à s'épanouir.
40 V i v r e en p l e i n e nature

Les chaussons aux herbes ou aux fruits sont toujours appréciés.

Exemple de menu pour une semaine


Lundi soir : céréales sauvages, légum es sautés,
m atin : bouillie de fruits, tisane fruits
m idi : salade, chapatis (cuits le m atin)
soir : soupe d'orties (pour rester en ter­ Vendredi
rain connu), chaussons aux herbes m atin : bouillie de fruits
m idi : racine de bardane sautée, salade,
Mardi tsam pa
m atin : glouchis de légum es soir : pâté de glands, petits pois sauvages,
m idi : chapatis aux herbes (cuits le matin) fruits
+ cham pignons crus
soir : « soupe aux herbes sauvages », sala­ Samedi
de, com pote de fruits m atin : chapatis, tisane et café sauvage
m idi : salade à l'oseille, chaussons aux
Mercredi herbes (cuits le m atin)
m atin : chaussons aux fruits soir : beignets de tussilage, salade, com­
m idi : légum es en sauce, salade, fruits pote de fruits, tisane
soir : soupe aux cham pignons, beignets
de fleur de sureau Dimanche
Retour à la « civilisation »
Jeudi R eprise avec céréales, légum es cuits,
m atin : glouchis de légum es, tisane salade et fruits
m idi : salade et sa sauce, chapatis aux
herbes (cuits le matin)
Cuisiner 41

Couche de terre
pour éviter
le contact direct
avec des braises
Braises
Cuisson
Si vous n'avez pas de gam elle métallique,
vous p o u rre z te n te r de faire cuire votre
soupe com me nos ancêtres. Ils confection­
naient des récipients en écorce (le bouleau Gam<
avec
est le plus souple), rendus étanches p ar de
couvercle
la résine. Comme il était im possible de les
poser d ire c te m e n t su r le feu, on faisa it
Four improvisé
bouillir la soupe en y je ta n t des p ie rre s
chauffées au rouge dans le feu (nettoyez-les
avant de les plonger dans le liquide), sans m in iu m , enveloppez la n o u rritu re dans
oublier de retirer les pierres refroidies. Le plusieurs épaisseurs de feuilles (attention :
procédé de cuisson est efficace et assez ra ­ pas de plantes toxiques !). Pour recouvrir
pide..., m ais la confection d 'u n récipient le tout, choisissez les larges feuilles de la
adéquat est une autre affaire ! Bardane ou du Pétasite (Pétasites hybridus)
et m aintenez-les avec u n m orceau de bois
Vous pouvez aussi creuser un trou dans le transperçant la feuille.
sol et l'en d u ire d'u n e épaisse couche im ­ La cuisson à l'étouffée est la plus savou­
perméable d'argile. Vous y m ettrez l'eau et reuse. Si vous avez le tem ps, p réparez un
les différents ingrédients et provoquerez four so u te rra in (ou « polynésien ») - voir
l'ébullition comme ci-dessus. La fabrication figure ci-dessous -, dans lequel vous ferez
de poterie primitive est possible si vous res­ c u ire v o tre n o u r r itu r e , e n v e lo p p é e de
tez quelque tem ps au m êm e endroit et dis­ feuilles comme précédem m ent. L'effort en
posez d'argile de bonne qualité ainsi que vaut sans doute la peine.
d'un certain savoir-faire. Mais la cuisson en Un four peut être im provisé com me indi­
est délicate et bien des pièces risquent d'écla­ qué ci-d essu s ; on p e u t y fa ire c u ire de
ter avant d'en obtenir une qui soit utilisable. délicieuses tartes aux h erbes ou aux fruits
sauvages...
La cuisson sous la cendre (en fait sous la Une m é th o d e to u te sim p le de cu isso n à
braise) est classique, et vous pourrez l'adop­ l'étouffée : entourez de glaise la nourriture
ter pour divers racines, pousses, tiges ou enveloppée comme indiqué plus haut, puis
fruits sauvages. Au lieu de p ap ier d'alu- faites cuire sous la braise.

Pierre Couche d'herbe Nourriture enveloppée


emmagasinant et de feuilles dans de larges feuilles
la chaleur entourant
la nourriture

Four souterrain
42 V i v r e en p i e i n e nature

P lu s ie u rs ty p e s de feux s o n t in d iq u é s
pages 64.
Souvenez-vous qu 'en altitude l'eau bout à
m oins de 100 °C (-1 °C tous les 300 m) et
qu 'il faut donc plus de tem p s p o u r cuire
soupes, légumes, céréales, etc., qu'en plaine
ou au bord de la mer. C'est parfois sensible :
à 2 400 m, par exemple, l'eau bout déjà à
92 °C et le tem ps de cuisson se trouve net­
tem en t allongé.

Saveur
Voulez-vous donner à votre soupe un goût Bols
de lard fumé ? Récupérez de la résine à l'ex­
trém ité d 'un bâton en grattant les blessures Vous pouvez sculpter patiem m ent des bols
d 'u n conifère. Enflammez-la, laissez brû­ d an s des m orceau x de bois de d iv erses
ler un peu, puis éteignez le bâton en le plon­ essen ces te n d re s com m e le tilleul ou le
geant dans la soupe et mélangez bien. Voilà peuplier. Mais il vous faudra du temps.
de quoi réjouir les carnivores invétérés. Le p lu s r a p id e e s t d 'u tili s e r l'é c o rc e
épaisse du saule ou du p euplier noir, un
Couverts peu spongieuse, à la fois facile à travailler
et néan m o in s résistante. Pour la creuser
Comme assiette, une large feuille (bardane, facilem ent, il fau t m a in te n ir une b raise
pétasite...) sera parfaite pour les salades, sur l'écorce, souffler dessus puis utiliser
les légum es sautés, voire en sauce blanche, u n éclat de caillou (voir p. 90 et 92) de
les racines, les tiges, etc. Pour les soupes form e arrondie pour re tire r la p artie b rû ­
et les glouchis trop liquides, la gam elle est lée et façonner u n bol (plutôt une tasse car
préférable... Comme ustensiles, il est facile il est ra re de tro u v er d 'a sse z gros m o r­
de se confectionner des baguettes, avec les­ ceaux d'écorce) ou une cuillère.
quelles on p eu t m anger presq u e tous les
alim ents - les autres peuvent être bus. On
apprendra rapidem ent à les m anier et, avec
Faire la vaisselle
u n peu d 'entraînem ent, l'efficacité des ba­ Si vous n'utilisez que des feuilles, le pro­
guettes est rem arquable ! La confection de blèm e ne se posera pas. Mais les gamelles
cuillères (voir p. 90 et 92) ou m êm e de four­ d e m a n d e n t à être nettoyées... au m oins
chettes parfois artistiquem ent sculptées est de tem ps en tem ps. Pour cela, les produits
u n passe-tem ps fort utile. à vaisselle et m êm e le savon sont inutiles.
Vous pouvez a stiq u e r p a rfa ite m e n t vos
Tenue des baguettes récipients avec du sable fin m êlé d'argile,
avec la base terreuse d'u n e touffe d'herbe
La baguette A, fixe, est coincée p a r trois arrac h ée, ou avec des p rêles, v éritab les
p o in ts d 'a p p u i en tre le pouce, l'index et tam pons à récu rer sauvages. Nettoyez-les
l'annulaire. La baguette B, mobile, est coin­ ensuite à l'eau claire. Pour les récipients
cée entre les extrémités du pouce, de l'index huileux, vous pouvez em ployer de l'ea u
et du m ajeur. Elle pivote sur le pouce, se chaude - m ettez-en à chauffer su r le feu
referm an t sur A par une pression du m a­ p e n d a n t le rep a s. Les réc ip ien ts en alu­
jeur, et se rouvrant grâce à l'index qui fait m in iu m re tro u v e n t l'é c la t du n e u f en y
ressort. faisant cuire des fruits acides, comme des
prunelles*.
1||j|^ Cuisiner 43

Le fond des gam elles que l'on a posées sur les saveurs : c'est une expérience très inté­
le feu est noir et salissant, collant m êm e si ressante car vous allez voir que vous p ar­
le bois provient de résineux. Il est inutile v ie n d re z a in si à a p p ré c ie r ce que vous
de les laver chaque fois, m ais prenez bien auriez « n orm alem en t » rejeté im m édiate­
soin d'envelopper les récipients dans un m ent. Mettez-en peu dans votre bouche à
sac de plastique avant de les m ettre dans chaque fois.
votre sac à dos ! En enduisant, lorsqu'il est ■ Prenez contact avec les p lantes avant de
propre, le fond des gam elles d 'u n m élange les m anger : touchez-les, flairez longuement
épais de cendres et d'eau, il sera facile de chaque plante.
le nettoyer après son passage dans le feu. ■ Si vous vous sentez des instincts de ru ­
Mais il faudra renouveler chaque fois la minant, mettez-vous à quatre pattes et brou­
couche p ro tectrice. N 'oubliez p as d 'e m ­ tez directem en t les plantes (par exem ple
porter dans un sac en plastique des cendres de la stellaire, de jeu n es chénopodes, etc.) !
du feu précédent pour pouvoir p rép arer la
pâte nécessaire dès l'arrivée à u n nouveau Le cercle
cam pem ent et m ettre à cuire rapidem ent
les aliments (sinon, il faudrait attendre que J'a im e beaucoup faire u n cercle avant le
le feu ait produit suffisamm ent de cendres). repas : tous les participants se m etten t au­
* D'ailleurs, il vaut m ieux éviter de consom­ tour de la nourriture et se donnent la main.
mer des fru its acides qui ont cuit dans de Puis nous ferm ons les yeux.
l'aluminium car ils absorbent une quantité C'est l'occasion de relâcher les tensions de
importante de ce métal. la journée, d'écouter les bruits de la nature
que les bavardages et les activités cam ou­
rofitez de ce que vous vous trouvez dans flaient, de se recen trer u n peu sur soi, de
des circonstances différentes pour m anger penser à la nourritu re que l'on va prendre,
différem m ent : tout sim plem ent d 'être là.
■ Prenez le tem ps de savourer chaque bou­ Certains trouvent ces cercles bizarres, voire
chée de votre nourriture. Les m acrobiotes é s o té riq u e s ou artific ie ls, et se se n te n t
préconisent de m âcher cent fois chacune, gênés d'y participer. C'est leur droit.
m ais si vous le faites tren te fois, ce sera Je pense personnellem ent que le cercle est
déjà bien : com parez avec votre habitude. un excellent m oyen de centrer le groupe et,
Vous vous rendrez bientôt compte que vous comme on dirait en franglais informatique,
serez rassasié plus rapidem ent. de « faire u n reset ». On p eu t d'ailleurs les
■ M astiq u ez lo n g u e m e n t le s p la n te s utiliser à d 'au tres m om ents : lors­
am ères pour en découvrir qu'il faut p ren d re une décision dé­
toutes licate, si l'o n se n t que le n iv eau
d'énergie baisse à cause de la fa­
tigue ou de la faim, du froid ou du
m auvais tem ps, ou au contraire
pour calm er les passions. Mais
aussi po u r le sim ple p laisir de
se sentir ensem ble.

Salade fleurie et chapatis


su r fond de prairie
C om m e nous l'avons vu p. 18, se no u rrir La situation est devenue à tel point critique
d'anim aux en pleine nature présente géné­ qu'en France apparaissent sur les listes des
ra le m e n t u n caractère anecdotique. Les espèces p rotég ées : en v iro n 25 m am m i­
techniques de capture du gibier sont loin fères, p rès de 200 oiseaux, 32 amphibiens,
d 'être aussi faciles à appliquer dans la réa­ une trentaine de reptiles et 9 mollusques*.
lité qu'elles sem blent l'ê tre dans les m a­ Q uant aux écrevisses, elles sont devenues
nuels de « survie ». Tuer un anim al avec un rarissim es en Europe occidentale. La pol­
arc et des flèches (qu'il faudrait savoir fa­ lution des cours d'eau a considérablem ent
briquer), poser correctem ent u n collet, at­ réduit le nom bre de poissons.
traper une truite à la m ain relèvent d'u n art C'est pour cela que vous ne trouverez pas
qu'il serait illusoire de prétendre m aîtriser ici les techniqu es de chasse et de pêche,
en quelques jours - il y a m ieux à faire. de trappage et d'écorchage qui form ent le
On p o u rra it bien sûr em porter u n fusil de fonds de to u t « b o n » m a n u el de survie.
chasse... m ais alo rs p o u rq u o i ne p as se M ais ne vous désolez p as to ta le m e n t si
charger plutôt de boîtes de conserve et de v o u s d é s ire z c o n s o m m e r d es p ro d u its
r a tio n s ? C ela ir a i t e n c o re p lu s vite. anim aux : dégustez com m e vos ancêtres
D'ailleurs, une alim entation carnée est loin sauterelles**, larves et v ers de terre. Ne
d 'être indispensable. Il n 'y a aucun risque faites donc p a s la g rim a ce et cessez de
à ne pas m anger de viande pendant une se­ croire que les chasseurs des tem ps anciens
m aine ou plus - cela nous fait m êm e beau­ ne consom m aient que du gibier « noble » :
coup de bien. c'est faux - et regardez en Afrique, en Amé­
riq u e du Sud, en Asie, com bien certains
p eu p les ap p ré cie n t ces ab o n d an tes b es­
tioles. Cela dit, je ne vous conseillerai pas
d 'e n faire votre ordinaire !
Il vous reste aussi les escargots, m e direz-
vous. Je veux bien, m ais sachez que le ra­
U n p o in t fondam ental : il est tout sim ple­ massage des escargots de Bourgogne (Hélix
m en t in terd it de poser des collets et de pê­ pom atia), des petits-gris (H. aspera) et des
cher à la m ain. Et toute chasse au fusil ou pesons (Zonites alginus) est sévèrem ent ré­
toute pêche à la ligne est soum ise à la dé­ glem enté : pou r l'escargot de Bourgogne,
ten tio n d 'u n p erm is (excepté la pêche de il est in terdit du 1er avril au 30 ju in et n 'est
plaisance en mer). Bien sûr, le braconnage autorisé en dehors de ces périodes que si le
avait autrefois u n petit côté sym pathique, diam ètre de la coquille dépasse 3 cm - un
im pliquant une connaissance - donc u n res­ arrêté préfectoral, p erm a n en t ou tem po­
pect - profonde de la nature. Mais de nos raire, p eut en outre l'in terd ire totalement,
jours, du fait de la réduction de leur habitat renseignez-vous !
et de leur destruction directe ou indirecte, De plus, sept espèces sont intégralem ent
trop d'anim aux ont disparu p our que l'on protégées : Escargot te rrassier (Hélix me-
puisse encore se perm ettre d 'en prélever. lanostoma), Escargot naticoïde (H. aperta),
Anim aux 45

Hélix de Corse (H. tristis), Escargot de Ras-


pail (Tacheocapmylaea raspaili), Escargot
de Nice (M acularia niciensis), Otala de Ca­
talogne (Otala apalolena) et E scargot de
Quimper (Elona quimperiana). Apprenez à Il reste un recours : le bord de mer, où l'on peut
les reconnaître pour ne pas les ram asser... encore ramasser quelques mollusques savou­
*La liste peut en être obtenue gratuitement en reux. Mais leur ramassage peut être réglementé
écrivant au ministère de l'Environnement : par des arrêtés préfectoraux, permanents ou
14, boulevard du Général-Leclerc temporaires, sur lesquels il sera impératif de
92524 Neuilly-sur-Seine Cedex. se renseigner. Une réglementation nationale
Tél. : 01 4 7 5 8 1 2 12 est en préparation.
** Le Criquet rhodanien (Prionotropis rho- Méfiez-vous aussi des pollutions locales qui
danica) et le Criquet hérisson (P. hystrix) sont ren d e n t parfois les coquillages inconsom ­
protégés. m ables, voire dangereux. Attention, on ne
les détecte pas toujours au goût. Une algue
E t les reptiles alors ? Eh bien, pas de soupe rouge unicellulaire, Dynophisis acuminata,
de to rtu e, n o n plus que de lé za rd ou de infecte certains coquillages filtreurs de nos
s e rp e n t : to u s f ig u re n t s u r la lis te d es côtes, provoquant des troubles intestinaux
espèces protégées, y com pris l'orvet, les chez les am ateurs de fruits de mer. Apparue
couleuvres et les vipères ! sur les côtes n o rm an d es et b reto n n es en
Q uant aux a m p h ib ie n s , id e m : s a la ­ 1983, elle s'est depuis propagée en d'autres
m andres, tritons, crapauds et grenouilles points du littoral. Sa p ro g ressio n est su r­
sont protégés, à l'exception de la Grenouille veillée p a r les services officiels : dès que
verte (Rana esculenta) et de la Grenouille l'algue est présente en quantité importante,
rousse (R. temporaria) - m ais il est in terdit la D irection régionale des affaires m a ri­
de m utiler, de n atu ra lise r, de v endre ou tim es fait ém ettre u n arrêté in terd isan t la
d 'a c h e te r ces d e r n iè re s . A lors p a s de pêche et le ram assage des coquillages. Ren­
cuisses de grenouilles n o nplus ! Est-ce vrai­ seignez-vous dans les m airies de la région
m ent dom m age ? ou au q u a rtie r des affaires m a ritim e s le
plus proche*.
* Il en existe 40 en France métropolitaine.
L eur liste p e u t être o b te n u e s u r sim p le
dem ande au Secrétariat d'É tat chargé de
la Mer, 3, place de Fontenoy - 75007 Paris.
Il faut m anger pour vivre. Ce peut être u n l'u tilisatio n de l'en sem b le de la p rotéine
plaisir (c'est souhaitable), m ais le rôle pre­ qui est lim itée - u n tel acide am iné est dit
m ie r de l'a lim e n ta tio n e st d 'a p p o rte r à « lim itatif ».
notre organism e tous les élém ents dont il Les protéines se trouvent dans presque tous
a besoin pour fonctionner. Ces nutrim ents les aliments, m ais elles y varient beaucoup
sont : les protides, les glucides, les lipides, en quantité et en qualité. On a généralement
les vitamines, les sels m inéraux et les oligo­ te n d a n c e à p e n s e r que la v ia n d e e st la
élém ents. Il faut donc que, lors de nos sé­ m eilleure source de p rotéines. Il est vrai
jo u rs dans la nature, nous puissions nous qu'elle contient une proportion im portante
p rocurer ces diverses substances en quan­ (environ 20 %) de p ro téin es équilibrées,
tité suffisante pour couvrir les besoins de m ais ces dernières sont accompagnées de
notre corps. Où les trouver ? beaucoup trop de graisses et de produits
toxiques (purines, etc.) ; en outre, elles sont
produites avec u n ren d em en t désastreux,
d'où un gaspillage énorme. Les produits lai­
tiers et les œufs sont en fait beaucoup plus in­
téressants en ce qui concerne l'ap p o rt en
C e sont des molécules de très grande taille protéines, accompagnées en particulier de vi­
c o n ten a n t de l'azote, qui font p a rtie des tam ines A et B.
constituants fondamentaux des êtres vivants. Q uant aux végétaux, on sait que les grains
Ils édifient et entretiennent les tissus, syn­ d es c é ré a le s et les g ra in e s des lé g u m i­
thétisent enzymes, horm ones, anticorps et neuses contien n en t d'appréciables quan­
lait, régularisent la pression osm otique et tités de protéines (respectivem ent 8-15 %
les équilibres hydriques et acido-basiques. et 20-3 5 %) m ais que ces protéines sont dé­
Ils peuvent aussi fournir de l'énergie s'ils ficientes en u n acide am iné (lysine ou tryp­
sont présents en quantité supérieure à celle tophane pour les céréales, m éthionine pour
qui est nécessaire aux synthèses, ou bien s'il les légumineuses). On estim e donc souvent
y a insuffisance de glucides et de lipides dans que les protéines végétales sont inférieures
l'organism e. Les plus connus des protides aux protéines anim ales. Mais il ne faut pas
so n t les p ro té in e s - les deux m ots é ta n t o u b lie r que, tra d itio n n e lle m e n t, les cé­
généralem ent confondus. réales so n t consom m ées avec une petite
Les protides sont form és d'acides am inés. quantité de légum ineuses au m êm e repas :
Or, h u it de ces derniers doivent im pérati­ leurs acides am inés se com plètent et l'o r­
vem ent être apportés à notre organism e de ganisme bénéficie d'une protéine complète
façon régulière ; ce sont les acides am inés et d 'u n a p p o rt e s s e n tie l en g lu cid es et
essentiels (notre corps p eu t reconstituer autres nutrim ents.
les autres acides am inés à p artir des mo­ Et les feuilles ? On n 'y avait guère p ensé
lécules de base). Qui plus est, ils doivent ju sq u 'à ces dern ières années, m ais de ré­
être p résents dans des proportions équili­ cents travaux ont m is en évidence le fait
brées, car, si l'u n d'eux est déficient, c'est qu e le s p r o té in e s d es p a r tie s v e rte s ,
t/aiimentatio n en pleine nature 47

vivantes, des végétaux sont complètes, équi­ caractéristiques des « m aladies de civilisa­
librées en acides aminés*. Les protéines fo­ tion » (problèmes cardio-vasculaires en par­
liaires ont la m êm e valeur que celles de ticulier). Dans nos pays, l'excès chronique
l'œuf! Une bom be diététique (qui n 'a pas est infinim ent plus fréquent que le manque.
encore explosé), surtout lo rsqu'on s'in té­ D 'après les d ern ières estim ations, les be­
resse aux plantes sauvages : la quantité de soins quotidiens m inim aux en p ro téin es
protéines que contiennent ces végétaux, su­ sont en m oyenne de 0,5 g par kilo de poids,
périeure à celle des légum es cultivés, est soit 30 g pour jo u r pour une p ersonne de
loin d'être négligeable. En poids sec, l'or­ 60 kg.
tie est plus riche en protéines que le soja, * Voir en particulier Cl. Costes : Protéines fo­
p o u rta n t c o n s id é ré co m m e u n e d es lia ire s et alim e n tatio n (Gauthier-Villars,
meilleures sources ! De plus, les protéines Paris 1981)
foliaires sont produites avec u n incroyable
rendem ent (4 500 kg de protéines p a r ha
et par an pour la consoude, contre 150 kg
pour la viande !) et elles sont accompagnées
de tous les sels m inéraux, oligo-éléments
et vitam ines dont nous avons besoin. Fini Ces su b stan ce s co m p o sées de carbone,
le mythe de la supériorité absolue des pro­ d'hydrogène et d'oxygène sont les p rin ci­
téines anim ales - une opinion plus liée au paux alim ents énergétiques*. Les glucides
statut social qu'à la réalité scientifique ! se divisent en sucres rapides et en sucres
Il faut savoir que, si le m anque de protéines lents.
est grave, leur excès est égalem ent très dan­ P arm i les prem iers, les plus connus sont
gereux. Les tro u b le s q u 'il e n tra în e so n t le glucose, le lévulose et le saccharose. Ils
possèdent une saveur sucrée et fournissent
rapidem ent leur énergie, mais de façon peu
es besoins énergétiques totaux de l'organisme
L varient entre 1 500 (sédentaire) et 5 000 (travailleur
de force) kcal par jour; en randonnée, comptez entre
durable. Ils sont utiles en cas d'effort in ­
ten se et bref. D ans la n atu re, on les re n ­
contre surtout dans les fruits, ainsi qu 'en
2 000 et 3 000, davantage s'il fait froid ou si vous
p etites q u an tités dans les feuilles, où ils
devez fournir de gros efforts.
sont p ro d u its grâce à la chlorophylle. Le
La répartition idéale est de 60 % d'apport calorique
sa c c h a ro se e s t p r é s e n t d a n s c e rta in e s
fourni par les glucides, 20 % par les protides et 20 %
r a c in e s (b e tte ra v e ...), les je u n e s tig e s
par les lipides (1 g de glucides ou de protides donne
sucrées (berce, fenouil, le cerfeuil m usqué
environ 4 kcal ; 1g de lipides en donne 9).
ou canne à sucre), la sève des érables, etc.
Les sucres lents ne sont pas sucrés au goût.
Leur énergie est utilisée plus lentem ent,
Teneur moyenne en protéines
m ais elle est beaucoup plus durable. C'est
de quelques végétaux en (mg/100 g)
ce qu'il faut dans un effort soutenu comme
la marche. Le type de ces glucides est l'am i­
Poids
don, que l'o n trouve p rincipalem ent dans
Frais Sec
les racines et dans les graines. Citons aussi
Chou cultivé 1,3 21 l'inuline, u n sucre caractéristique de la fa­
Pissenlit 3,5 24 mille des Composées (artichaut, topinam ­
Amaranthe 3,7 29
bour, salsifis, bardane, chardons, etc.) qui
présente la particularité d'être facilem ent
Chénopode blanc 4,2 27
assim ilable p a r les diabétiques, car il se
Ortie 8 40 décom pose en lévulose et n o n en glucose.
Faînes 22 24 Les besoins en glucides d ép e n d en t de la
p e rso n n e et de son activité. Ils so n t très
48 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

variables. Un m anque de glucides se m a­ v o q u e u n e im p o r ta n te d im in u tio n du


nifeste p ar les sym ptôm es désagréables de « bon » cholestérol. De plus, les huiles qui en
l'hypoglycémie (faiblesse, anxiété, etc.) ; un so n t ric h e s se c o n s e rv e n t m al car elles
excès chronique fait grossir, car les sucres s'oxydent rapidem ent : les acides gras po­
n o n u tilisé s so n t stockés sous form e de lyinsaturés sont fragiles et donnent facile­
graisse. m e n t n a is s a n c e à d es ra d ic a u x lib re s,
toxiques.
Teneur en glucides de quelques Certains acides gras polyinsaturés (acides
plantes sauvages (mg/100 g) linoléique, linolénique et arachidonique)
doivent être apportés régulièrem ent par la
Glands de chêne 60 (protides 5,5) nourriture. On les connaît parfois sous le
(farine après élimination nom de « vitam ine F ». Ils régularisent la
des tanins) perm éabilité des m em b ran es cellulaires,
Châtaignes fraîches 42 (protides 3) favorisent une croissance normale et contri­
Cynorrhodon
bu en t au bon état de la peau.
22 (protides 3,6)
Les lipides se ren co n tren t presque exclu­
Bardane 17 (protides 3,1)
sivem ent dans les am andes des graines et
Myrtilles 16 (protides 1) la pulpe de quelques fruits, ou encore dans
Mûres 14 (protides 1,5) les tissus anim aux (qui ne contiennent que
des acides gras saturés).
Ortie 9 (protides 8)
Les besoins en lipides de l'organism e sont
tr è s lim ité s et, d a n s n o s p ays, ils so n t
presque toujours dépassés, provoquant de
n o m b re u x p ro b lè m e s q u i v o n t ju s q u 'à
l'o b é s ité e t m ê m e aux tro u b le s c a rd io ­
vasculaires. Dans notre cas, les lipides, hau­
tem ent énergétiques, sont utiles en cas d'ef­
Ce so n t des corps insolubles d ans l'eau, fort intense, de froid ou de pluie.
constitués d'acides gras. Leur rôle est m ul­ * Protéines et lipides sont aussi des sources
tiple : ils en tre n t dans la constitution des d'énergie.
structures cellulaires, servent de réserves
énergétiques (ils libèrent 9,3 calories par Teneur en lipides de quelques
gramm e, contre 4,1 pour les glucides et 5,6 plantes sauvages (mg/100 g)
pour les protides), s'allient aux processus de particulièrement riches
régulation therm ique de l'organism e, etc.
Il existe plusieurs types d'acides gras. Les Noisettes 62
acides gras saturés (beurre, graisse de coco,
Faînes 50
g raisses anim ales) te n d en t à favoriser la
p ro d u ctio n du « m auvais » cholestérol et Glands (farine) 22
son dépôt dans les artères. Les acides gras
m ono-insaturés (huile d'olive et de colza)
perm ettent, quant à eux, de faire baisser le
taux global du cholestérol dans le sang en
au gm entant la proportion de « bon » cho­
lestérol, qui protège contre les m aladies
cardio-vasculaires. Leur consom m ation ré­ Ce te rm e reco u v re de n o m b reu se s sub­
gulière est donc souhaitable. Les acides gras sta n ce s, in d is p e n sa b le s en trè s p etite s
polyinsaturés (huile de tournesol, de car- q u an tités à la croissance et au bon fonc­
tham e, de lin, etc.) font b aisser le taux de tionnem ent de l'organism e, et que celui-ci
« m auvais » cholestérol, m ais leur abus pro­ n 'e st pas capable de synthétiser. Les vita-
l 'a l i m e n t a t i o n en p leine n a tu re 49

m ines doivent donc être appo rtées régu­ B8 ou H (biotine), B9 (acide folique) et B 12
lièrem ent par l'alim entation. Leur carence (cobalamine).
entraîne des m aladies caractéristiques. A l'exception de la dernière, toutes ces vi­
tam ines abondent dans le règne végétal et
Vitamine A au cune caren ce n 'e s t à cra in d re . En re ­
vanche, on a longtem ps pensé que la vita­
C 'est u n e v ita m in e de c ro issan c e, a n ti­ m ine B12 ne se ren c o n tra it que dans les
infectieuse. Elle possède une action sur l'équi­ alim ents anim aux car la p lu p art des végé­
libre acido-basique, la nutrition des cartilages, taux sem blent incapables de la synthétiser.
des os, etc. Elle a des effets régulateurs sur Il a pourtant été m is en évidence que cer­
le sommeil et la tension artérielle. taines plantes (la consoude p a r exemple)
La vitam ine A est présente dans le beurre, ren ferm en t des quantités appréciables de
les œufs et le foie des animaux. Elle est ab­ cette vitam ine, ou du m oins d'hom ologues
sente du règne végétal. Les plantes renfer­ de la cobalam ine. Les alim ents lacto-fer-
m ent cependant des substances colorantes m entés en contiennent également. De plus,
exerçant les m êm es effets que la vitam ine la flore bactérienne intestinale de l'hom m e
A, les « caroténoïdes », du nom de leur re­ est capable de la synthétiser. La vitam ine
présentant le plus connu, le carotène. On B 12 agit à des doses extrêm em ent faibles.
les nom m e globalem ent « provitam ine A »,
car l'organism e convertit le carotène en vi­ Vitamine C
tam ine A dans la paroi intestinale lors de
son absorption vers le courant sanguin. Cer­ Elle est anti-infectieuse et tonifiante, elle
tains légumes-feuilles, où la couleur rouge m aintient la résistance des capillaires, etc.
du carotène assom brit le vert de la chloro­ Cette v ita m in e e s t cap itale p o u r l'o rg a ­
phylle, en sont particulièrem ent riches. n ism e, car il ne p e u t la stocker, et l'a li­
m entation doit l'apporter de façon régulière
Teneur en vitamine A e t re la tiv e m e n t a b o n d a n te . Sa caren ce
de quelques plantes sauvages aboutit au scorbut.
(Unités lnternationales/100 g) Tous les végétaux frais en co n tien n en t et
certaines plantes sauvages en sont extrê­
Pissenlit 14000 m em en t riches. Mais elle est particulière­
m e n t se n sib le à la cu isso n et s u rto u t à
Rumex crépu 13-20000
l'oxydation.
Cynorrhodon 12500

Chénopode blanc 11 600 Teneur en vitamine C de quelques


Menthe verte 8600 plantes sauvages (mg/100 g)
Violette 8300
Cynorrhodon 500-4000
Moutarde noire 7 - 25 000
Argousier 450
Ortie 7000
Fraisier (feuilles) 230
(A titre de comparaison .; Carotte = 7 500 - 22 000) Violettes (feuilles) 210
La dose quotidienne nécessaire est estimée
à 5000 U. t. Cresson 150

Ortie 80

Groupe des vitamines B C hénopode blanc 80

(A titre de comparaison : oranges et citrons = 50)


Il s'agit des vitam ines B 1 (thiamine), B2 (ri­
La dose quotidienne nécessaire est variable
boflavine), B3 ou PP (amide nicotinique), suivant l'âge, l'état de l'organisme, la fatigue, etc.
B5 (acide pantothénique), B6 (pyridoxine), Elle est chez l'adulte de 75 à 200 mg par jour.
50 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Autres vitamines m ieux pourvues que les légum es cultivés.


Contenus en quantités infinitésimales dans
On connaît les vitam ines D (anti-rachitique les alim ents, les oligo-éléments sont indis­
- dans les végétaux, il s'agit de la provita­ pensables au bon fonctionnem ent de l'or­
m ine D2 ou ergostérol), E (tocophérol), F ganisme, où ils jouent le rôle de catalyseurs,
(acides gras n on saturés ; voir lipides) et K agissant plus par leur sim ple présence que
(anti-hémorragique). p a r le u r m asse. On en connaît une ving­
Toutes ces v ita m in e s so n t p ré se n te s en taine, dont l'alum inium , l'argent, l'arsenic,
quantité suffisante dans les végétaux. le bore, le brome, le cobalt, le cuivre, l'étain,
Ces d e r n ie r s r e n f e r m e n t é g a le m e n t le fluor, le lithium , le m anganèse, le nickel,
diverses substances bénéfiques pour l'o r­ l'o r , le tita n e e t le zin c (c e rta in s s o n t
ganism e, tels les flavonoïdes ou les antho- d'ailleurs violem m ent toxiques si la nour­
cyanes. Certaines d 'en tre elles possèdent ritu re en re n fe rm e p lu s que de sim ples
des vertus antioxydantes, qui leur p erm et­ traces). Les végétaux en sont une excellente
ten t de lutter contre les « radicaux libres » source.
q u i se f o rm e n t d a n s l'o rg a n is m e e t en
accélèrent le vieillissem ent.
Teneur en sels minéraux
de quelques plantes sauvages
(mg/100 g)

Calcium

C hénopode blanc 310

O n c o n n a ît d e p u is lo n g te m p s l'im p o r ­ Amaranthe 310


tance de certains élém ents m inéraux dans M auve 250
le m a in tie n ou le r é ta b lis s e m e n t de la
Potassium
santé. Il s'agit principalem ent du calcium,
du p o tassiu m , du m ag n ésiu m , du p h o s­ Brocoli sauvage 600
phore, du soufre, du fer, du sodium et de Panais 440
l'iode. C ertaines plantes sauvages en sont
Amaranthe 410
p a r tic u liè r e m e n t ric h e s (v o ir ta b le a u
Pissenlit 400
ci-contre).
Des qu an tités im p o rtan tes de sels m in é­ P h o sp h o re
raux sont élim inées avec la transp iratio n Glands 310
(1,5 g de sodium , 0,5 g de potassium par
Fer (mg/100 g)
litre de sueur). De fortes pertes en m iné­
raux entraînent des signes de fatigue et des Rumex crépu 5,6

contractures m usculaires. Le m anque de Bourse-à-pasteur 5


m agnésium est particulièrem ent sensible. M auve 4-13
Les plantes sauvages en sont généralem ent

» . *
E n apprenant à utiliser le feu, voici quelque r e m p lis s e z d 'e a u vos g o u rd e s e t vos
500 000 ans, l'hom m e a pu élargir l'éven­ gam elles et gardez-les p rès du feu.
tail de son alimentation, car la cuisson per­ ■ P rév o y ez u n e b r a n c h e fe u illu e p o u r
m et de consom m er certaines plantes qui éteindre im m édiatem ent l'herbe qui pour­
seraient toxiques ou indigestes à l'état cru. rait, m algré vos précautions, p ren d re feu.
D'autre part, elle p erm et de concentrer les ■ Ne faites jam ais de feu dans des brous­
éléments nutritifs (un m êm e volum e de lé­ sailles ou sous les b asses b ran c h es d 'u n
gumes cuits est plus nourrissant qu'une sa­ arbre.
lade), ce qui est particulièrem ent im portant ■ Choisissez de préférence u n lieu dénué
dans notre cas. Certes, elle détruit certaines de plantes : sable, rochers, etc., ou dégagez
vitamines et quelques sels m inéraux, m ais très soigneusem ent le sol de toute végéta­
on en o b tie n d ra su ffisa m m e n t en m a n ­ tio n à l'e m p la c e m e n t du foyer et u n peu
geant des crudités. autour. Utilisez un ancien foyer s'il en existe
Le feu réchauffe le corps de l'hom m e - c'est u n là où vous vous trouvez.
grâce à lui qu'il a pu conquérir les régions ■ Délimitez le foyer par un cercle de pierres
froides du globe. Mais il réchauffe égale­ serrées les unes contre les autres. Faites at­
m ent son cœ ur, élim inant la n u it la peu r tention aux pierres p rovenant du b o rd de
de l'in c o n n u q u 'a p p o rte n t les tén èb res. l'e a u ou m êm e du lit à sec d 'u n to rre n t :
C'est autour du feu que nous nous regrou­ elles contiennent des poches d'eau qui se
pons dès que tom be la n u it ou que se fait transform erait en vapeur et ferait exploser
sentir la m orsure du froid. Au campement, la p ierre ! Ne les utilisez en aucun cas : on
le feu est le centre de notre vie. peut toujours en trouver d'autres.
■ Ne creusez pas de trou pour établir votre
feu d a n s le v o isin ag e d 'a r b re s ou d 'a r ­
bustes : leurs racines p o u rraien t se consu­
m er lentem ent et provoquer u n incendie,
peut-être quelques jo u rs plus tard...
Le feu est dangereux. Chacun sait que plu­ ■ Il est préférable dans tous les cas d 'éta­
sieurs m illiers d'hectares b rûlent tous les blir u n foyer surélevé (voir ci-dessous), qui
ans. Si de nom breux incendies sont allu­ offre le m axim um de sécurité et que l'on
més volontairem ent - pour toutes sortes de peut dém onter avant de partir, en ne lais­
raisons sordides -, beaucoup trop encore san t aucune trace.
sont dus à l'im prudence des fum eurs et des ■ Faites toujours le plus petit feu possible :
campeurs. Or, un feu correctem ent établi u n énorm e b rasie r ne se rt gén éralem en t
et bien contrôlé p ar une personne expéri­ pas à grand chose, et il est dangereux ! Les
m entée ne p résente pratiq u em en t aucun débutants font toujours de trop gros feux !
d an g e r. M ais il e s t in d is p e n s a b le de Pensez-y !
pren d re les précautions qui suivent. ■ Respectez scrupuleusem ent les interdic­
■ É tablissez vo tre feu à p ro x im ité d 'u n tions ! Il est par exemple interdit d'allum er
cours d'eau, d'une m are, d 'u n lac, etc., ou du feu à m oins de 300 m des forêts ou des
52

Le feu se rt à cuisiner, à se chauffer, à se réunir..


Se c h a u f fe r / cuisin 53
bois (art. 178 du Code forestier). Dans de vira à contenir le feu, ou mieux, u n foyer
nombreux départem ents, tout feu est inter­ surélevé (p. 57).
dit en été, dans d'autres, pendant toute l'an­ De façon à poser les gam elles p o u r cuire
née. Renseignez-vous avant votre départ. les alim ents, prévoyez de d isp o ser deux
■ Vérifiez que votre assurance resp o n sa­ pierres de façon stable, à m êm e hauteur,
bilité civile couvre le cas d 'u n incendie que avec entre elles u n espace adapté à la taille
vous provoqueriez en cam pant, sinon pre­ de la gamelle à poser. Établissez, si néces­
nez une licence de cam ping auprès d 'u n saire, p lu sieu rs groupes de deux p ie rres
organism e agréé. pour plus de possibilités de cuisson. Véri­
■ Si m algré tout u n in cen d ie se déclare, fiez to u jo u rs avec so in la s ta b ilité des
combattez-le im m éd ia te m en t à l'aid e de p ie rre s et de la gam elle su r son su p p o rt
branchages et d'eau. S'il apparaît que vous avant d'allum er le feu : cela perm ettra d'évi­
ne p ourrez en venir à bout, prévenez de ter qu'une délicieuse soupe avidem ent at­
toute urgence les autorités. tendue ne se répande sur les braises... C'est
là que des b a r r e s à feu p o u r ra ie n t être
utiles. Elles perm ettent d'écarter les pierres
et d'avoir plus de feu sous la gamelle, donc
de cuire plus vite.
Pensez à orienter le foyer dans la direction
P rép arer un feu consiste à en choisir l'em ­ du vent dominant, qui attisera les flammes.
placement, à établir le foyer, à ram asser le Un gros rocher p o u rra servir de réflecteur
bois et à m ettre en tas, puis à m onter le feu de chaleur.
- en disposant convenablem ent brindilles
et branchettes -, qu'il ne restera plus qu'à
allumer.

Il faut avant tout choisir le bois suivant ses be­


soins. Pour la cuisine, souvenez-vous que ce
Préférez, lorsque c'est possible, la proxi­ ne sont pas les flammes, mais les braises qui
mité d 'u n p oint d'eau. Évitez en tous cas chauffent le mieux (elles doivent être parti­
d'être trop près d 'arb re s ou de buissons, culièrem ent durables pour cuire chapatis et
méfiez-vous des prairies couvertes d'herbes chaussons). Pour éclairer la nuit, ou pour les
sèches ou des sols jonchés d'aiguilles de cuissons rapides, il vous faudra en revanche
pins, sur lesquelles risqueraient de tom ber de belles flammes. On peut se fonder sur la
des étincelles. règle suivante :
Choisissez un lieu où l'air circule, m ais pro­ ■ bois durs : grand pouvoir de chauffage,
tégé du vent si ce dernier est trop violent. com bustion lente ;
Vous pouvez opter pour la discrétion en évi­ ■ b o is te n d r e s : p o u v o ir de ch a u ffa g e
tant par exemple de faire votre feu au som ­ moyen, com bustion rapide ;
m et d'une colline. ■ b o is résin eu x : p o u v o ir de chauffage
élevé, com bustion très rapide.
P our plus de détails, reportez-vous au ta­
bleau de la page suivante.

Évitez les bois qui pétillent, p ro jetan t de


A près avoir dégagé le sol de toute végéta­ d an g e reu se s étincelles, ou qui risq u e n t
tion aux alen to u rs du foyer, nous allons d'éclater. Plusieurs d 'en tre eux sont cités
construire un cercle de pierres (méfiez-vous dans le tableau, m ais le figuier, qui n'y fi­
des galets du lit des cours d'eau) qui ser- gure pas, est le plus dangereux.
54 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

A rb re Chaleur Flam m e Fum ée Braise Utilisations Combustion Bois

allumage,
Aulne bonne vive faible moyenne rapide tendre
éclairage

allumage,
Bouleau excellente vive, claire moyenne bonne rapide tendre
éclairage

cuisine,
Charme excellente dansante faible bonne lente dur
chauffage

pétillante,
cuisine,
Châtaignier moyenne étincelles moyenne moyenne moyenne dur
chauffage
+ éclate

cuisine,
Chêne excellente claire nulle très bonne chauffage, très lente dur
éclairage

allumage,
Epicéa moyenne vive moyenne faible rapide résineux
éclairage

cuisine,
Érable moyenne pétillante nulle bonne lente tendre
chauffage

cuisine,
Frêne très bonne vive moyenne très bonne chauffage, lente dur
éclairage

cuisine,
Hêtre très bonne vive, claire faible bonne chauffage, lente dur
éclairage
*
claire,
pétillante, allumage,
Mélèze moyenne moyenne faible rapide résineux
nombreuses éclairage
étincelles

cuisine,
Noyer moyenne courte faible bonne lente dur
si bien sec

cuisine,
Olivier excellente courte faible très bonne lente dur
chauffage

cuisine,
Orm e très bonne petite faible bonne lente dur
chauffage

allumage,
Peuplier faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage

claire, allumage,
Pin moyenne abondante faible rapide résineux
pétillante éclairage

éclate allumage,
Platane moyenne faible moyenne moyenne tendre
en brûlant éclairage

pétillante, cuisine,
Robinier bonne faible moyenne moyenne dur
éclate chauffage

allumage,
Sapin moyenne pétillante abondante faible rapide résineux
éclairage

allumage, très
Saule faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage

allumage,
Tilleul moyenne claire faible faible moyenne tendre
éclairage

allumage,
Tremble faible vive, claire faible faible rapide tendre
éclairage
55

Ramassez des branches de différentes gros­ lents petits bois et bois moyens donnant
seurs et faites-en quatre tas : une belle flamme vive et même de bonnes
■brindilles pour allumer le feu ; braises. Sapin, noisetier et troène procu­
■petit bois, qui permettra de faire prendre rent aussi d'excellentes brindilles.
le bois moyen et fournira déjà un peu de Evitez le bois vert, qui contient beaucoup
braise. Si l'on désire avoir une lumière vive d'eau, s'enflamme difficilement et brûle
la nuit, il faudra en remettre souvent sur mal. Les aiguilles des Conifères, riches en
le feu. Dans ce cas, prévoyez-en une quan­ résine, et l'écorce de bouleau peuvent néan­
tité suffisante ; moins servir à allumer le feu même lors­
■bois moyen, qui sera suffisant pour ali­ qu'elles sont fraîches.
menter un petit feu - par exemple, pour De toutes façons, ne coupez jamais de bois
chauffer une gamelle posée sur deux vif, ce qui devrait tomber sous le sens, car il
pierres entre lesquelles de grosses brûle mal et l'arbre se trouve mutilé. C'est
branches ne pourraient être glissées ; donc à la fois inutile et destructif.
■gros bois, brûlant plus lentement, qui évi­ Ramassez suffisamment de bois (aller cher­
tera d'avoir à constamment recharger le cher un complément dans la nuit noire n'est
feu. pas toujours amusant), mais pas trop non
plus : préférez encore une fois un petit feu
Dans la mesure du possible, le bois sera fait de bois chauffant bien et brûlant lente­
cassé en longueurs de 2 5 cm (brindilles) ment à un bûcher devant consommer toutes
à 60 cm (gros bois). Pour les rondins, il les branches à l'entour.
existe un fil à scier muni d'anneaux à ses
extrémités, assez efficace, mais peu du­
rable. Une scie de pierre, facile à fabriquer
(voir p. 89) peut vous aider à scier partiel­
lement les troncs jusqu'à ce qu'ils soient
assez fragilisés pour être cassés en sautant Le montage du feu est une opération déli­
dessus. cate et prim ordiale : si elle est bien
Disposez soigneusement les quatre tas à conduite, il suffira d'une allumette pour
proximité du foyer, mais suffisamment loin que le feu prenne immédiatement ; sinon,
pour éviter tout danger d'incendie : repé­ il faudra tout recommencer - un peu
rez en particulier le vent dominant et pla­ comme pour une mayonnaise.
cez la réserve de bois en conséquence. Lorsque le débutant saura monter correc­
tement un feu, il ne sera plus tout à fait un
Les arbres cités dans le tableau fournissent débutant.
petit bois, bois moyen et gros bois, parfois
des brindilles. Seuls ceux qui sont indiqués Conditions favorables
pour la cuisine et le chauffage méritent
qu'on en ramasse les grosses branches :
(sol et bois sec)
chez les autres, c'est surtout le petit bois et Roulez en boule une touffe d'herbes très
le bois moyen qui seront intéressants, pour sèches et posez-la dans le foyer, près d'un
l'allumage et l'éclairage... Mais il faudra bord. Préparez un trépied au-dessus de la
souvent se contenter de ce qu'on pourra boule, en entrecroisant par leur sommet
trouver. Peut-être en montagne faudra-t-il trois branchettes fines d'environ 30 cm de
ne faire le feu qu'avec du sapin ou de l'épi­ longueur. Disposez sur ce support les plus
céa : étincelles, fumée, peu de braises et petites et les plus sèches brindilles pos­
beaucoup de bois ! Les brindilles viendront sibles, en couche épaisse, mais aérée de
fréquemment d'arbrisseaux comme les ge­ façon à former une sorte de « tipi » ouvert
nêts ou d'arbustes comme le prunellier et sur un côté pour pouvoiry faire entrer l'al­
l'aubépine, qui fourniront aussi d'excel­ lumette ou l'herbe enflammée.
56 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

leur pourtour). Des branchettes mortes de


sapin, d'épicéa ou mieux encore de gené­
vrier peuvent jouer le même rôle. Les
pommes de pin ou les cônes d'épicéa rem­
placent avantageusement le petit bois.
Au lieu d'un tipi, vous pouvez préparer un
départ en appui simple ou double. A la place
de la boule d'herbe, vous pouvez utiliser
du papier, mais on peut généralement fort
bien s'en passer.

Conditions défavorables
Appui
double (pluie, sol et bois mouillés)
Vent
Si le sol est humide, isolez le feu du sol en
construisant une plate-forme de branchages
supportée par deux rondins ou quatre
pierres. Pour faciliter le tirage et donc aider
le feu à mieux prendre, on peut fabriquer
une claie soutenue par quatre fourches à
Allume
dans le sol feu une dizaine de centimètres du sol. Vous
n'aurez aucun de ces problèmes avec un
foyer surélevé.
Pyramide Élément S'il pleut, protégez le feu par un parapluie,
du tripode une toile tendue par deux personnes ou
fixée à quatre piquets (assez hauts pour que
les flammes ne la lèchent pas). Évitez de
vous placer sous un arbre.
Lorsque les brindilles et le bois ne sont pas
parfaitement secs, il est indispensable de
prévoir un allume-feu adéquat (vous pou­
vez en placer dans le sac à dos avant le dé­
part). En voici quelques exemples :
■ Lanières d'écorce de bouleau (elle brûle
même mouillée), d'environ 1 cm de lar­
Continuez ainsi à construire une pyramide, geur. Enroulez-les pour faire une pelote.
en augmentant progressivement le dia­ ■Résine récoltée sur un conifère (pin, sapin,
mètre des brindilles jusqu'à en arriver au épicéa, mélèze) au bout d'un bâtonnet. En­
petit bois qui fournira déjà un peu de braise, veloppez d'une feuille, puis placez plusieurs
puis terminez par quelques branches de ces petites torches dans un sac en plas­
moyennes. Il est important que les brindilles tique, si vous voulez les transporter dans
ne soient pas trop serrées pour que le feu votre sac. Une pomme de pin ou un cône
ne s'étouffe pas. d'épicéa enrobés de résine sont excellents.
Au lieu d'une boule d'herbes sèches, vous ■Vesses-de-loup séchées, renfermant à l'in­
pouvez employer des brindilles sèches de térieur une poudre impalpable de spores
plantes non ligneuses (Ombellifères, tiges brunes.
de Graminées, etc.) ou la moelle de tiges ■Poudre de bois pourri, ou produite par
desséchées (Fenouil, Bardane, Sureau, etc. des insectes sous l'écorce, très sèche.
Les tiges d'Angélique et de Berce sont ■Brindilles et tiges non ligneuses, moelle
creuses, mais présentent de la moelle sur de sureau.
___________________ 57

Isoler le feu du sol

avec
des pierres
avec
des rondins

avec
des fourches

■Morceaux de tissu déchirés en charpie.


■Morceaux de bougie, ou paraffine fondue Tortillon
dans une vieille boîte de conserve plate
(boîte de pâté) avec un lacet pour mèche.
■« Tortillons » : papier journal roulé en O C X 1y c x
long -pas trop serré -ligaturé de place en
Feuilles de journaux
place, puis trempé dans de la paraffine fon­
parafinées et ficelées
due. Laissez sécher une journée et coupez
en tronçons de 5 cm environ.
■Cherchez des morceaux de bois bien secs, ■Quelques brindilles sèches se cachent
et taillez-les avec un couteau en fines bû­ peut-être au pied d'un rocher sous une
chettes de quelques millimètres d'épais­ pierre.
seur. Vous en trouverez par exemple au ■Le feuillage de résineux, même vert et
cœur d'une vieille souche ou d'un tronc humide, peut aider le feu à démarrer à
pourri, dont l'extérieur pourra être par condition de sécher quelques secondes sur
ailleurs imbibé d'eau. Ou écorcez une la flamme d'un allume-feu.
branche épaisse et enlevez en la taillant ■Les tiges sèches de ronce sont recouvertes
toute la partie humide. Choisissez un bois d'une sorte de vernis qui les rend imper­
dur, qui sera probablement moins impré­ méables.
gné d'eau qu'un bois tendre. Vous pouvez b Ramassez du bois sur le tronc des arbres
aussi préparer un « hérisson » (voir fig. ci- plutôt qu'à terre : il sera moins mouillé. Les
dessous). nombreuses branches mortes des épicéas
et des sapins sont particulièrement inté­
Hérisson ressantes.

tilisez les mêmes modes de construction


du feu que décrit plus haut, en montant
Morceau
de bois sec l'édifice autour de l'allume-feu. Les brin­
entaillé, dilles doivent être aussi sèches que pos­
fiché en terre sibles : gardez-les à l'abri le plus longtemps
possible puis déposez-les une à une dès que
le feu a commencé à prendre.
Le petit bois aura le temps de sécher di­
rectement en place. Quant au bois moyen et
Sol petit, prévoyez de le faire présécher à
proximité (voire au-dessus) du foyer avant
de le disposer sur le feu.
58 V i v r e en p i e i n e n a t u r e

mer. Il s'agit là d'un art, dont seule l'expé­


rience apportera la maîtrise. Suivantles cas,
il faudra souffler à petits coups brefs et ra­
pides (attention à l'hyperventilation !), dans
Une fois le feu correctement monté, son d'autres de façon lente et prolongée. La
allumage ne devrait guère présenter de dif­ fumée peut rendre cet exercice éprouvant,
ficulté - à condition d'être m uni d'allu­ surtout lorsque le vent tourne. Une longue
mettes ou d'un briquet... Si vous pouvez tige creuse (roseau, angélique, berce, etc.)
vous en procurer, essayez le briquet à ama­ évite cet inconvénient et permet de concen­
dou : nettement plus qu'un simple gadget trer le souffle en un point précis. Pour atti­
passéiste, il mérite d'être réhabilité. Dès ser le feu, on peut aussi se servir d'un
qu'il est produit, appliquez le point incan­ chapeau, d'un couvercle de gamelle ou
descent de la mèche sur une boule d'herbe d'une pièce de tissu tenue à bout de bras.
sèche et soufflez doucement jusqu'à ce que
la flamme paraisse. Bois humide
Ceux qui n'ont ni allumettes ni briquet, ou
veulent s'en passer, trouveront plus loin Si le montage a été soigneux et que l'al­
quelques méthodes permettant de s'en pas­ lume-feu est suffisant, le feu devrait
ser. Rappelons qu'avant d'apprendre à prendre sans grande difficulté. Soufflez à
allumer un feu de façon plus « authentique » petits coups sur les braises dès qu'elles se
qu'avec ces vulgaires objets du commerce, forment, très doucement au début pour ne
il est indispensable de savoir monter un pas éteindre les flammes. Pour aider le dé­
feu. C'est déjà rarement le cas. part du feu, vous pouvez réaliser une
torche de brindilles sèches tenues en­
Bois sec semble dans la main, que vous promène­
rez sous le petit bois.
Allumez la touffe d'herbes sèches ou le pa­ Par temps humide, et surtout s'il pleut, les
pier ; les brindilles doivent prendre rapi­ allumettes peuvent facilement se mouiller
dement, puis le petit bois. et devenir inutilisables. Voici quelques
La combustion demande beaucoup d'oxy­ moyens d'éviter cette frustration :
gène. Pour la faciliter, soufflez sur les braises ■Conservez les allumettes dans une boîte
dès que le petit bois a commencé à en for­ de pellicule photo en plastique, parfaite­
ment étanche. N'oubliez pas d'y inclure un
grattoir, à moins de pouvoir vous procurer
Parafine des allumettes s'allumant partout, comme
celles de la régie espagnole (petites allu­
mettes en carton ciré, particulièrement
pratiques).
■Trempez entièrement les allumettes dans
de la paraffine fondue, ou versez sur elles
Allumettes de la paraffine dans leur boîte pour obte­
enrobées nir un bloc. Vous pouvez aussi tremper
de parafine la boîte entière dans de la paraffine pour
la rendre étanche.
■Il existe des allumettes imperméables qui
s'allument encore après avoir trempé dans
l'eau pendant 2 heures, et des allumettes
« tout temps » qui s'enflamment en plein
vent, même mouillées.
■Si vos allumettes (classiques) sont
; chauffer/cuisiner 59

humides, vous pourrez les sécher suffi­ Puis vous aurez besoin d'un archet, formé
samment en les passant dans vos cheveux. d'un morceau de bois un peu incurvé d'une
■Mettez des allumettes en plusieurs soixantaine de centimètres -le type de bois
endroits dans votre sac et dans vos poches. importe peu -, sous-tendu par une corde­
■Du fait que sa flamme peut être tenue lette solide de facture serrée, style cordon
longtemps, un briquet est utile si l'allume- de rideau. Les cordelettes de nylon glissent,
feu et les brindilles sont humides. Mais il ne celles de chanvre se défont et les fibres vien­
s'allume plus si sa pierre est mouillée. nent se prendre dans le foret tandis que les
lacets de cuir s'usent rapidement... Atta­
chez la cordelette par une boucle au som­
met de l'archet et à la base par un nœud
d'amarre que vous pourrez retendre si
nécessaire.

Dernier élément de votre matériel à feu,


une allumette que j'allume le feu ». Geste un galet plat, patiemment creusé en un
banal que de frotter un bâtonnet soufré sur point situé entre son centre et la périphérie
un grattoir brun et de l'approcher d'une d'un trou d'environ 1 cm de diamètre sur
feuille de journal roulée en boule. La une profondeur de 5 mm. La pierre aura
flamme jaillit immédiatement et donne
naissance au feu qui réchauffe et apaise
l'âme. Qui s'en étonne? Qui s'émerveille
devant ce miracle devenu tellement com­
mun?
Mais faire du feu sans utiliser d'allumette
ou de briquet est un acte magique. On entre
véritablement dans une autre dimension,
franchissant d'un coup plusieurs siècles
voire plusieurs millénaires. Il n'y a là pour­

!
tant rien d'extraordinaire, il suffit de le
savoir.

Feu par friction


Le matériel est simple et la méthode facile
à comprendre (fig. ci-contre).
Il vous faudra une planchette de bois d'en­
viron 40 cm de long sur 5 de large et
2 d'épaisseur. Le bois peut être du tilleul, du
saule, du peuplier ou du bouleau - ce sont
les plus faciles à mettre en œuvre, mais
bien d'autres essences peuvent convenir :
vous expérimenterez par la suite. Il s'agira
évidemment de bois mort.
Coupez ensuite une branchette bien droite,
écorcée, d'environ 25 cm de long sur 2
à 3 cm de diamètre. Nous la nommerons
le « foret ». Le bois sera choisi parmi l'une
des essences précédentes - évitez les bois
durs ou résineux.
60 V i v r e en p i e i n e n a t u r e

un grain extrêmement fin, comme par ■ Reprenez la position précédente et re­


exemple la plupart des calcaires. Certains commencez à manier l'archet. Plus vite,
le remplacent par un morceau de tuile, toujours plus vite, encore plus vite, et en
voire un coquillage... pressant de tout votre poids sur le galet (en
Par ailleurs, préparez un « nid » d'herbes poussant vers l'avant avec votre jambe
séchées, repliées et liées, dont vous garni­ gauche, vous pourrez appuyer davantage
rez le centre de matières légères et facile­ sur le foret) et en donnant de longs coups
ment combustibles : mousse très sèche, d'archet en allant soigneusement d'une ex­
duvet de roseau ou de massette comprimé, trémité à l'autre. La fumée s'intensifie et
vesse-de-loup séchée, charbon de bois d'un une fine poudre noire s'accumule dans l'en­
feu précédent, finement pulvérisé, amadou coche.
(p. 63), etc. L'écorce de séquoia, de texture Avec un peu de chance, une fine fumée
aérée, est idéale : l'arbre n'est pas indigène continue à monter timidement du petit tas
mais on en voit souvent dans les parcs et de sciure noire après que vous avez arrêté.
les jardins. Prélevez-en un peu d'écorce que Attention, doucement, il faut se montrer
vous emporterez avec vous dans la nature. déhcat ! Soulevez lentement la feuille et ver­
Ce nid a pour but d'abord de développer la sez très délicatement son précieux contenu
braise que vous aurez obtenue avec le foret dans votre nid de matière végétale bien
et la planchette puis de la transformer en sèche. Approchez-vous du foyer. Repliez le
flamme. nid sur lui-même et soufflez paisiblement
Suivez ensuite les étapes suivantes : sur la braise. À mesure que celle-ci se dé­
■ Creusez un début de trou au centre de la veloppe, augmentez la force de votre
planchette et déposez cette dernière sur souffle. Allez-y, soufflez, soufffffflez. Et sou­
une large feuille verte. dain, çay est, la flamme jaillit ! Toussant, les
■Taillez le foret en pointe aux deux extré­ yeux pleins de fujnée et vous brûlant les
mités et coincez-le dans la corde de l'arc en doigts, il ne vous reste plus qu'à allumer
lui faisant effectuer un demi-tour sur lui- votre feu en glissant le nid enflammé sous
même, ce qui l'enserrera dans une boucle le tipi. C'est quand même autre chose, non ?
-il doit se trouver à l'extérieur de l'arc. Le principe est le suivant : la fine poussière
■ Prenez le galet dans la paume de votre carbonisée que provoque la friction finit par
main gauche, placez l'extrémité du foret former une braise lorsque la chaleur est suf­
dans le trou de la planchette et mettez fisante. Il faut donc que plusieurs conditions
l'autre dans celui du galet. Posez votre pied
gauche sur la planchette, à gauche du trou
Feu par friction avec archet
et votre genou droit en arrière - faites at­
tention à ce qu'il ne gêne pas le mouvement
de l'archet, décalez-le derrière votre pied
gauche. Calez bien votre avant-bras gauche
contre votre tibia gauche.
■ Saisissant l'archet de la main droite, com­
mencez à faire tourner le foret par des mou­
vements rapides d'avant en arrière. Une
petite fumée ne tardera pas à s'élever du
trou de la planchette, sur lequel frotte le
foret. Le trou s'est approfondi.
■Arrêtez-vous, retirez le foret, pratiquez,
avec un couteau ou une pierre taillée, une
encoche sur le bord de la planchette, allant
jusqu'au centre du trou. Evasez-la à l'exté­
rieur et vers le bas (voir figure ci-contre).
62 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

soient réunies : un bois donnant de fines Silex et acier


particules qui se prennent bien les unes aux
autres, une friction intense (c'est pourquoi Un morceau de fer ou d'acier au carbone
il faut tourner rapidement et appuyer for­ frappé contre un silex sous un angle adé­
tement) afin d'atteindre la chaleur critique, quat projette des étincelles suffisantes pour
une friction régulière sans interruptions créer une braise sur un morceau d'étoupe
qui refroidiraient la poudre, un espace où la tenu avec le pouce sur le silex.
poussière peut s'accumuler en restant aérée L'acier inoxydable ne donne pas d'étin­
pour que l'oxygène y pénètre. celles parce qu'il est trop dur. Malheureu­
sement, il est devenu la norme car, par
Si être costaud est un avantage, la perfec­ définition, il ne rouille pas. On peut encore
tion de la technique l'emporte nettement. se procurer, à condition de bien chercher et
Il faut veiller à ce que le foret soit bien droit, d'avoir à faire à un vendeur compétent, des
la planchette pas trop épaisse, le trou pas canifs à lame en acier au carbone. Sinon
trop loin du bord, l'encoche suffisamment une vieille lime rouillée, soigneusement
évasée. La position doit être confortable décapée et débarrassées de ses denticules
pour pouvoir exercer toute sa force pen­ fera l'affaire. Il existe aussi dans les maga­
dant la durée nécessaire. La friction doit sins spécialisés des tiges d'acier au carbone
s'exercer en bas, sur la planchette, et non repliées sur elles-mêmes qui protègent les
pas en haut, sous le galet : pensez à graisser doigts de l'utilisateur.
le sommet du foret en le passant sur les
ailes du nez ou sur le front. Un problème
majeur survient si la corde glisse sur le
foret : dans ce cas, il faut immédiatement
arrêter, retendre la corde, se reposer et re­
prendre. Insister ne servirait à rien.

Dans l'histoire de l'humanité, la technique


de l'archet semble assez récente (une quin­
zaine de milliers d'années) et tous ne l'ont
pas adoptée. De nombreuses peuplades L'acier vient frapper contre le silex qui en détache
font encore du feu avec un foret et une plan­ de minuscules particules de métal que la violence
chette, mais sans archet, rien qu'en faisant du choc enflamme spontanément.
Il suffit qu'une étincelle vienne se déposer
tourner le foret entre la paume des mains
sur l'étoupe pour qu'une braise s'y forme.
(style « guerre du feu »).
Dans ce cas, le foret doit être très long (au
moins 60 cm). Une tige sèche de bouillon- L'étoupe peut être préparée à base de duvet
blanc ou de molène peut faire l'affaire. La de massette trempé dans de l'eau renfer­
planchette pourrait être taillée dans une mant 5 à 7 % de salpêtre en solution puis
tige épaisse de clématite ou de lierre. soigneusement séché. Le coton carbonisé
La difficulté consiste à remonter le plus ra­ convient parfaitement :
pidement possible jusqu'au sommet du ■Découpez des carrés de coton fin (mou­
foret dès que l'on est arrivé en bas car à ce choirs, chemises, T-shirts) d'environ 5 cm
moment le foret arrête de tourner, la fric­ de côté.
tion cesse et la chaleur se dissipe. Pour évi­ ■Placez-les dans une boîte de peinture vide
ter ceci, il est possible de se mettre à deux, dont le fond et le couvercle auront été per­
face à face, en se synchronisant. cés d'un trou.
En tous cas, il faut avoir de la force dans ■Mettez la boîte dans les braises d'un feu.
les épaules et ne pas craindre les ampoules. Un jet de gaz qui s'enflamme ne tarde pas
Bonne chance ! à sortir de la boîte.
Se c h a u f f e r / c u i s i n e r 63

■Dès qu'il a cessé, fermez hermétique­ particulier sur les hêtres. Il prend rapide­
ment les deux trous avec un bouchon d'ar­ ment la consistance du bois. Il se trouve ha­
gile et remettez la boîte dans les braises bituellement à plusieurs mètres du sol,
pendant une vingtaine de minutes. mais on peut avoir la chance d'en trouver
■Vous en ressortirez de fragiles morceaux sur un tronc abattu.
de coton carbonisé, à manier délicatement, C'est lorsqu'il est encore jeune qu'il faut le
que vous pourrez emporter avec vous dans détacher de son support, alors qu'il est en­
une boîte de pellicule photo étanche et core mou à l'intérieur, et le découper en
rigide. fines tranches de quelques millimètres
d'épaisseur. On retire délicatement avec
Jne fois que l'étoupe a pris, il suffit de la un couteau aiguisé l'écorce qui le recouvre
placer dans un nid que l'on aura confec­ puis on masse délicatement en étirant la
tionné comme décrit plus haut et de souf­ matière qui s'étend de façon inimaginable
fler jusqu'à ce que la flamme paraisse. sous les doigts et devient d'une finesse ex­
trême. L'amadou est d'une douceur extra­
Silex et marcassite ordinaire : c'est probablement la substance
la plus agréable qui soit au toucher. L'opé­
La marcassite est une variété de pyrite, un ration est toute volupté !
minerai de fer, que l'on trouve en divers Les morceaux d'amadou ainsi préparés
endroits, en particulier dans la Manche, en peuvent prendre l'étincelle de la marcas­
Normandie. site, mais pas celle de l'acier, qui exige une
Elle se présente sous forme de boule. Pour matière plus légère.
être utilisable, elle doit mesurer environ En Europe de l'Est, l'amadou sert, malgré
5 cm de diamètre. Il est possible de la cas­ sa fragilité, à fabriquer des napperons, des
ser en deux pour exposer l'intérieur utili­ chapeaux et divers objets.
sable mais l'opération est délicate car la
boule risque de se fragmenter. Le mieux Briquet à magnésium
est de la frapper longuement (environ 500
coups !) avec le « briquet » de silex pour re­ Il s'agit d'un mince parallélépipède de ma­
tirer la partie externe qui ne donne pas gnésium dont on détache des copeaux de
d'étincelles. métal à l'aide d'un couteau pour les en­
Le briquet consiste en une pièce de silex flammer grâce à une longue pierre à bri­
épaisse et allongée, à trois pans, obtenue à quet, incrustée dans le magnésium, que
partir de l'arête d'un bloc de silex détachée l'on frotte avec le couteau. C'est l'une des
d'un coup. techniques les plus faciles à maîtriser.
On pose sur son genou une pièce de cuir
puis un morceau d'amadou par-dessus et Loupe
enfin la marcassite. Il faut ensuite frapper
avec le silex sur la marcassite jusqu'à ce Une loupe dirigée vers le soleil peut suffi­
qu'une étincelle vienne prendre sur l'ama­ samment concentrer sa lumière pour faire
dou. Il est important de frapper aussi pa­ prendre un morceau d'étoupe (duvet de
rallèlement que possible à la surface de la massette traité au salpêtre, coton carbo­
marcassite car si l'angle est trop ouvert, on nisé) que l'on place ensuite dans un nid.
risque de casser le briquet. Une loupe de botaniste grossissant une di­
zaine de fois, facile à transporter car de pe­
tite taille, est parfaite.
L'amadou Il existe des briquets solaires formés d'un
L'amadouvier (Fomes fomentarius) est un petit miroir parabolique à diriger vers le
champignon qui pousse assez communé­ soleil, qui permettent d'allumer un mor­
ment sur le tronc des arbres en forêt, en ceau d'étoupe.
64 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Piles
Un tampon de laine
d'acier (pour récurer la
vaisselle) pris en court-cir­
cuit entre les deux pôles
d'une pile de 4,5 V (pour
lampe de poche) fournit
une braise suffisante pour
allumer des brindilles.
C'est sans doute la façon
la plus facile de faire du feu sans allumettes.

Les types de feux sont innombrables. Je ne


vous présenterai ici que les principaux.
■ Le « feu de b e rg e r » est celui que nous
avons décrit p. 53. Il est généralement sou­
haitable de pratiquer une ouverture dans
la direction d'où vient le vent dominant qui
attisera les flammes.
■ Si le vent tourne fréquemment, on peut
établir un feu en croix de petites dimen­
sions.
■ Le feu à réflecteur, construit contre un
rocher, permet d'utiliser au mieux la cha­
leur du foyer, dont une partie est réfléchie,
que ce soit pour cuire (établir le feu contre
le rocher) ou pour se chauffer (se placer
entre le feu et le rocher).
■ Le feu de trappeur ne s'emploie que si
l'on ne dispose d'aucune pierre. Il consiste
à utiliser de gros rondins pour contenir la
braise et poser les gamelles. Mais ils finis­
sent par brûler.
■Au lieu de poser les gamelles sur des
pierres, ce qui peut être délicat, certains
préfèrent les suspendre à un trépied ou à
une perche. Cette dernière permet de reti­
rer facilement le récipient du feu en la fai­
sant pivoter sur son support. Mais les
gamelles doivent être munies d'une anse
(qui peut se bricoler si elles n'en ont pas),
etl'équilibre de ces systèmes n'est pas tou­
jours très stable...
■ Le four souterrain a été décrit p. 41.
D'une façon générale, je vous conseille de
65

Branche d'arbre Perche


formant
pouvant pivoter
un crochet
de gauche à droite

Trépied

construire un foyer surélevé. La technique du moins jusqu'à ce que le tapis de braise


en est simple : soit assez épais, mais on peut aussi entre­
■Posez d'abord de grosses pierres sur le sol croiser les branches comme pour un bû­
à l'emplacement du feu, puis montez jus­ cher. L'essentiel est qu'il passe le plus d'air
qu'à une hauteur d'une soixantaine de centi­ possible pour que le feu brûle au mieux.
mètres en empilant des pierres plus petites. Puis on peut simplement poser les
■Prenez soin d'établir un rebord tout au branches en long sur les braises.
tour du foyer. La méthode de la « squaw paresseuse »
■À l'intérieur, terminez par de petits consiste à poser dans le feu l'extrémité des
cailloux et une épaisse couche de terre de bûches trop grosses pour être cassées, puis
façon à ce que les braises et les cendres ne à les pousser vers l'intérieur du foyer à me­
tombent pas sur le sol. sure qu'elles brûlent.
■ Mettez en place les pierres sur lesquelles C'est généralement la braise qu'il faut re­
vous poserez les gamelles. chercher pour cuire et se chauffer. Quand
Le feu aura un meilleur tirage qu'au sol elle est indispensable, comme pour faire
et lorsque vous partirez, vous pourrez dé­ les chapatis (voir p. 31), allumez le feu en­
monter votre foyer, après l'avoir soigneu­ viron une demi-heure à l'avance. Pour
sement éteint, et dispersé ses composants fournir régulièrement la braise nécessaire,
(utilisez des gamelles pour sortir la cendre alimentez régulièrement les flammes dans
et la terre mélangées). J'aime bien ne lais­ un coin du foyer, puis étalez les braises pro­
ser aucune trace... duites et recommencez le feu plus loin,
dans un autre coin.
Les flammes sont utiles pour cuire un plat
à feu vif, pour saisir un aliment, pour chauf­
fer alentour et pour éclairer.
Contrôlez toujours la flamme pour éviter
ne fois le feu allumé, il faut constamment les incendies, mais aussi le gaspillage de
s'en occuper pour qu'il remplisse ses fonc­ bois : ne mettez jamais plus de bois qu'il
tions sans provoquer de dégâts. On n'est strictement nécessaire. Faites toujours
construit généralement le feu en pyramide, le plus petit feu possible.

Braises étalées
provenant du second foyer
66 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Lorsque vous cuisez à l'huile, il vous faut ■ à com bustible solide, de type « meta »,
des flammes vives pour la chauffer rapi­ présenté en tablettes. Ils sont petits, légers
dement. Faites très attention à ce qu'elles ne (environ 100 g), mais ne permettent que
soient pas trop hautes, car elles risqueraient de chauffer un peu de soupe ou quelques
de communiquer le feu à l'huile de la poêle. tasses de thé. Le combustible est pratique
Pour éclairer, ou pour raviver le feu s'il à emporter, mais il est coûteux et toxique et
brûle mal, soufflez délicatement sur la base ne se trouve pas partout ;
des flammes et rajoutez, s'il le faut, du petit ■ à pâte gélifiée. Très pratique d'emploi,
bois, qui brûlera vite, mais illuminera les pour de petits en-cas ;
alentours pendant quelques minutes. ■à alcool ;
Si le bois est humide, faites-le sécher au­ ■ à essence minérale ou « essence blanche »
près du feu, mais veillez à ce qu'il ne prenne (« Primus », « Radius », « Coleman ») ;
pas feu avant que vous ne l'ayez décidé ! ■ à pétrole (« Petromax »). Ils sont écono­
Méfiez-vous des bois qui pétillent : leurs miques et chauffent bien. Mais il est impé­
étincelles sont dangereuses. ratif d'emporter leur combustible dans des
Ne cherchez pas à transporter le feu : il est récipients absolument étanches, car les
généralement plus facile et surtout moins fuites dans le sac à dos sont pour le moins
dangereux d'en rallumer un. à éviter... Il existe des modèles à plusieurs
feux pour groupe ;
■multicombustibles. Ils fonctionnent in­
différemment -suivant les modèles -à l'es­
sence, au pétrole, au gas-oil ou à l'alcool ;
■ à gaz. Ils sont très légers (environ 400 g)
Il faut toujours éteindre complètement le et leurs cartouches durent plusieurs heures
feu en le noyant (prenez soin d'avoir beau­ (il en existe différentes tailles), permettant
coup d'eau à votre disposition) jusqu'à ce de faire cuire quelques vrais repas. Rap­
que toute braise ait totalement disparu et portez toujours les bouteilles vides (cela va
que les cendres soient froides -les pierres de soi), et ne les laissez jamais exposées au
aussi si possible, malgré la chaleur qu'elles soleil. Les recharges sont très faciles à se
ont accumulée. Un foyer mal éteint est procurer.
cause possible d'incendie. Si le vent se lève, Il y a deux types de réchauds à gaz : ceux
la moindre braise peut enflammer une au butane cessent de fonctionner au-des­
forêt. Ne le risquez pas..., même si vous sous de 0 °C (le gaz ne se vaporise plus) ;
n'êtes plus là. ceux au propane peuvent descendre jus­
Éparpillez les pierres du foyer, dispersez qu'à - 42 °C. En fait, dans les réchauds les
le bois, le charbon et les cendres. Redon­ plus utilisés (« camping gaz », «jet gaz »),
nez au lieu son aspect primitif en disposant un peu de propane est mélangé au butane
des feuilles, du sable, etc., sur l'emplace­ pour un m eilleur fonctionnement par
ment du feu. temps froid (on peut ainsi descendre au-
dessous de 0 °C). Ces réchauds sont les plus
économiques et très pratiques. Ils sont par­
faits pour une personne ou un petit groupe.
Pour un groupe plus important, prévoyez-
en plusieurs.
Dans certains cas, il est interdit de faire du
feu. Dans d'autres, ce n'est pas possible -en
montagne au-dessus de la limite de la vé­
gétation, par exemple. Un réchaud portatif *
sera alors le bienvenu. Il en existe plusieurs
types :
Sitôt trouvé un bel endroit, nous pour­
rions y rester, à vivre béatement des bien­
faits de la nature, mais il est probable que,
tôt ou tard, l'envie de bouger nous pren­
dra : désir d'explorer, de découvrir ce qui aire l'inventaire de toutes les difficultés
nous attend de l'autre côté de la colline, que vous pourrez rencontrer nous mène­
recherche de notre nourriture, d'une plus rait trop loin, mais en voici quelques échan­
grande variété de plantes, simple plaisir tillons. N'oubliez pas qu'un sac à dos chargé
de marcher... peut rendre périlleuses des situations
D'ailleurs, la marche est sans doute le habituellement sans problème.
meilleur exercice qui soit : elle met en mou­ ■En montagne, méfiez-vous des pentes
vement la plupart de nos muscles et les raf­ herbeuses et raides : elles sont souvent glis­
fermit, elle oxygène nos cellules et constitue santes, surtout après la pluie, et particu­
une sorte de méditation qui nous repose l'es­ lièrement traîtres du fait de leur aspect de
prit. Et puis, il faut encore y arriver à notre beau tapis vert, car elles peuvent mener à
bel endroit. Alors, allons-y une falaise abrupte... Elles provoquent des
morts chaque année !
■Attention, bien sûr, aux éboulis et aux
chutes de pierres. N'en provoquez jamais.
■Les rochers sont toujours dangereux,
mais bien plus encore s'ils sont mouillés
A pied, bien sûr... Mais ce n'est pas exac­ ou s'ils sont constitués de « roche pourrie »
tement de la randonnée que nous faisons, -schisteuse ou calcaire -, qui s'effrite sous
aussi prendrons-nous soin de choisir de pe­ les pas.
tits chemins éloignés de tout et d'éviter les ■Attention aux passages en corniche.
sentiers de Grande Randonnée (G.R.), gé­ ■Les torrents creusent souvent des ravins
néralement trop bien balisés et trop fré­ ou des gorges inaccessibles qu'il faudrait
quentés (ce qui ne remet pas en cause leur contourner en escaladant les parois. Sui­
intérêt pour d'autres). vez plutôt les lignes de crête où la végéta­
tion est plus basse et la vue plus dégagée.
Nous cherchons avant tout le contact avec ■Un vent violent peut vous déséquilibrer
la nature, sa beauté subtile et sa tran­ au cours d'un passage sur une crête ou une
quillité... et puis aussi un peu d'aventure. pente délicate.
C'est en quittant les chemins que nos dé­ ■ Pour traverser un cours d'eau à gué, gar­
sirs seront comblés -ou plutôt dans un sa­ dez vos chaussures (enlevez vos chaussettes
vant équilibre entre sentiers et tout terrain, pour les remettre sèches) et utilisez un
car il ne faut pas sous-estimer les difficul­ bâton pour garder votre équilibre. Atten­
tés possibles du parcours. S'il est bon de tion au courant, surtout si vous vous en­
prendre un peu de risques, il est indispen­ foncez plus que jusqu'aux jambes : vous
sable de bien les doser ! n'aurez que peu de prise.
68 •-

__en p l e i n e n a t u r e

■ Lors de la fonte des neiges, traversez les compte. Lors du dégel, les avalanches se
torrents tôt le matin, avant qu'ils ne gon­ produisent à partir de la fin de la matinée.
flent lorsque la température s'élève. ■ Démarrez lentement et échauffez-vous
■ La neige profonde rend la marche diffi­ progressivement. Partir à fond de train ne
cile et dangereuse en recouvrant les irré­ sert qu'à s'écrouler quelques heures plus
gularités du terrain. On s'y perd facilement. tard, victime du « coup de pompe ». Votre
Attention aux trous, aux ponts de neige, etc. rythme doit être lent et régulier, en respi­
■En montagne, la neige persiste même en rant par le nez : si vous devez respirer par
été sous forme de névés souvent dangereu­ la bouche, c'est que vous allez trop vite.
sement pentus et glissants. Ne vous amusez ■Tout le monde n'a pas le même rythme.
pas à glisser dessus : vous risqueriez de Plutôt que de forcer les uns à ralentir et les
perdre le contrôle de votre vitesse et de vous autres à accélérer, il vaut mieux que les pre­
blesser sur les rochers à son pied. miers attendent les plus lents à intervalles
■ Ne vous aventurez jamais sur un glacier réguliers. Ne cherchez pas la compétition !
sans être équipé et encordé. ■ Prévoyez des pauses de 5 à 10 minutes
■Attention aussi au brouillard, qui tombe (ou plus) toutes les heures. Indispensables
parfois très rapidement et peut rendre la à la plupart, elles pourront casser le lythme
progression impossible. Il est particulière­ de certains, mais il faut bien trouver un
ment gênant dans les zones à faible relief, compromis. Profitez d'arrêts plus longs
mais peut se montrer très dangereux en pour aérer pieds et duvets.
montagne. Montrez-vous prévoyant ! ■ Mangez copieusement le matin avant de
partir, grignotez ce que vous rencontrez le
Une corde vous sera utile en cas de passage long du chemin et faites un bon repas le
difficile. Apprenez à vous encorder (voir soir à l'étape, où vous arriverez de bonne
page 85) et à descendre en rappel. Un bâton heure. Aux heures chaudes, prévoyez une
pourra vous aider sur les pentes raides, à longue pause où manger une salade sau­
travers les torrents, sur les névés, etc. vage et quelques chapatis confectionnés la
Des jumelles vous permettront d'observer veille.
le terrain pour y détecter les passages dif­ ■Vous pouvez aussi choisir d'établir un
ficiles, et aussi d'observer les oiseaux ou... camp de base et de rayonner au cours de la
les plantes. journée. L'un des gros avantages est que
vous pourrez marcher sans être chargés,
d'où plus de rapidité, et de souplesse dans
les horaires, moins de fatigue et de dangers.

■ Démarrez de bonne heure le matin, sur­


tout en été ou si vous devez monter. Mar­
cher dans la fraîcheur est plus agréable et
moins fatigant. Souvenez-vous qu'il faut N'oublions pas qu'ils sont indispensables à
toujours plus longtemps que prévu pour notre découverte de la nature. Nous les pro­
que tout le monde soit prêt ! tégerons par deux paires de confortables
■ La soirée, voire la nuit sont également de chaussettes et par des chaussures de cuir
bons moments. Essayez au moins une confortables, maintenant bien la cheville.
marche de nuit, par pleine lune : le monde ■Il faut avant tout éviter les ampoules,
est tout différent, la nature est plus forte - provoquées par le frottement. Mettez en
c'est une bonne occasion de vaincre ses pratique les conseils donnés page 100.
peurs... ■Taillez soigneusement les ongles de vos
■ Le temps est parfois rythmique : beau le orteils qui risqueraient de vous blesser...
matin, orageux dans l'après-midi. Tenez-en et de percer vos chaussettes.
é p l a c e r / s ' o t erst 69

■Ne marchez jamais avec les pieds hu­ tracées. Repérez les obstacles naturels pour
mides. À la pause, aérez vos pieds et faites les éviter, mais sachez que vous ne pouvez
sécher vos chaussettes, ou changez-en. pas voir sur la carte toutes les difficultés du
■Pour délasser vos pieds à l'étape, trem- terrain. Vous aurez peut-être des sur­
pez-les dans l'eau froide, puis séchez-les prises...
bien. Marchez pieds nus autant que vous Pour consulter facilement votre carte sans
le pouvez. trop l'abîmer en la sortant et en la rangeant
toutes les cinq minutes, glissez-la, soi­
gneusement pliée, dans un porte-carte
transparent. Si vous employez souvent la
même carte, ou si les averses sont fré­
quentes là où vous allez, il peut être inté­
ressant de la découper suivant ses plis et
donne une idée précise du terrain, nous de coller ces derniers côte à côte sur un
permet de repérer les lieux de bivouac et plastique transparent autocollant, puis de
la meilleure façon d'y arriver, de calculer coller un autre plastique au verso. La carte
les distances, d'éviter les obstacles... et de est ainsi parfaitement protégée des élé­
ne pas nous perdre. Grâce à elle, vous n'au­ ments : vous pourrez l'utiliser sans pro­
rez pas à suivre les balises des G.R. ! Choi­ blème sous une pluie battante.
sissez les cartes au 1/2 5 000e, les plus
détaillées : 1 cmy représente 250 m sur le
terrain. Les autres échelles courantes
(1/50 000e, 1/100 000e et 1/200 000e) sont
moins recommandables pour notre expé­
dition. Elles peuvent cependant être utiles 'est avant tout la boussole qui va nous le
pour choisir en gros l'endroit que vous sou­ permettre. Choisissez la plus simple et la
haitez explorer. moins chère, à condition que son aiguille se
Préparez avec soin votre itinéraire sur la stabilise rapidement. Un excellent modèle
carte détaillée. Apprenez bien sûr à lire une est proposé par la marque Silva, avec une
carte avant de partir, si ce n'est pas encore plaquette de Plexiglas munie d'une flèche
le cas. Avec l'habitude, vous vous promè­ directrice. Elle permet de lire la carte par
nerez déjà sur le terrain rien qu'en lisant la transparence, de l'orienter facilement et
carte. Etudiez avec soin le relief -s'il le faut, d'effectuer des visées. Pour celles-ci, un mi­
établissez le profil vertical du parcours sur roir de visée n'est pas indispensable.
papier millimétré. Cela vous permettra
d'évaluer avec plus de précision la durée our orienter la carte :
du trajet, que l'on a toujours tendance à 1) commencez par superposer le « N » de
sous-évaluer. En plus du temps mis pour la couronne mobile de la boussole avec le
parcourir la distance en plat, comptez en­ repère fixe ;
viron 1heure pour 300 m de dénivelée. La 2) posez la boussole sur la carte, l'arête N.-
durée de la descente est d'environ les deux S. de sa plaquette parallèle au bord verti­
tiers de celle de la montée. Utilisez un cur- cal de la carte ; puis
vimètre pour calculer les distances, ou la 3) tournez l'ensemble jusqu'à ce que le re­
simple méthode des épingles et du fil. père fixe de la boussole coïncide avec l'ex­
N'oubliez pas que des modifications ont pu trémité phosphorescente (ou colorée) de
avoir lieu sur le terrain depuis la dernière l'aiguille aimantée.
mise à jour de la carte : c'est ainsi que cer­
tains chemins se sont progressivement ef­ n fait, le bord de la carte indique le nord
facés par manque d'entretien, alors que des géographique, alors que la boussole indique
pistes forestières ont pu être récemment le nord magnétique. L'angle entre ces deux
70 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Carte 1/25 000e

prendre une direction

eide avec celui de l'aiguille. Il ne vous reste


plus qu'à viser dans la direction qu'indique
la flèche et à prendre un repère dans le
paysage.

Pour atteindre votre but, il vous faudra sû­


rement faire plusieurs crochets, car il est
rare de pouvoir suivre longtemps une ligne
droite. Si vous pouvez garder en vue le re­
père au cours du crochet, pas de problème.
Sinon, du moins en terrain plat, procédez
comme indiqué sur la figure, en comptant
les pas à chaque départ de la direction de
base. Sur de grandes distances, totalisez-
les par centaines, que vous symboliserez
par des cailloux mis dans votre poche pour
nords s'appelle la « déclinaison ». Celle-ci ne pas en oublier le nombre. Une fois le re­
varie dans le temps, car le nord magnétique père atteint, il faut effectuer une nouvelle
se déplace. Depuis la France, il est actuel­ visée, et ainsi de suite jusqu'au bout.
lement situé légèrement au nord-ouest du Dans une forêt touffue ou dans le
nord géographique : la déclinaison est d'en­ brouillard, on peut procéder à deux, l'un
viron 3° dans les Alpes, de 8° en Bretagne... servant de repère mobile et l'autre visant.
Dans la pratique, on pourra ne pas trop se Mais lorsque la chose est possible, il est
préoccuper de la différence. Si vous teniez bien sûr plus facile de rallier directement
à déterminer la déclinaison, vous pourriez, par des chemins le point que vous voulez at­
de nuit, prendre la direction de l'étoile Po­ teindre. Aussi cette méthode est-elle géné­
laire (nord géographique), puis celle qu'in­ ralement plus anecdotique -et didactique
dique la boussole (nord magnétique) et - qu'autre chose. Elle vous rendra en re­
mesurer l'angle qu'elles font. vanche bien service pour déterminer avec
Une fois la carte orientée, vous pouvez lire précision où vous vous trouvez sur la carte :
le paysage avec assurance. Cherchez-y des visez successivement deux repères dont
repères et situez-les sur la carte. vous avez situé l'emplacement sur la carte.
Pour aller dans une direction déterminée, Lisez sur la boussole l'angle a, puis l'angle
placez le centre de la boussole là où vous b : en les reportant sur la carte (voir fig. ci-
êtes, sur la carte orientée ; dirigez la flèche contre), vous voyez immédiatement où vous
de la boussole, sur la carte, vers le point à êtes. C'est souvent bon à savoir !
atteindre, puis faites tourner la couronne Et en cas de brouillard dense, la boussole
mobile jusqu'à ce que son nord (N) com­ peut s'avérer indispensable.
Se déplacer/s'orienter 71

AB=CD (compter les pas)

N A : 1er point de repère


pris dans le paysage,
I a : angle de la direction
\a I de « A » par rapport au nord, Il importe avant tout de posséder ce fameux
v"l
\l mesuré à la boussole « sens de l'orientation » qu'en fait presque
A s et reporté sur la carte. chacun peut acquérir avec l'habitude et l'en­
I
I traînement. La carte est l'essentiel, et l'on
peut fort bien l'utiliser sans boussole en y
repérant des éléments caractéristiques du
paysage (c'est presque toujours ainsi que
je procède). Si, en revanche, vous n'avez
pas de carte, trouver le nord avec précision
sera d'une grande aide.
Carte ■Le « truc » le plus connu est celui de la
montre, mais vous l'aurez sans doute lais­
B :2e point de repère sée avant de partir - et puis, c'était peut-
N pris dans le paysage. être une montre « digitale »...
I S : angle de la direction
Enfin, le voici quand même : dirigez la
a I de « B » par rapport au nord.
V, N
petite aiguille vers le soleil ; le sud est donné
par la bissectrice de l'angle formé par la
I 13 petite aiguille et 1 h, si vous êtes en heure
ÌY d'hiver, ou 2 h en heure d'été.
I
'c ° ' I
Allumette Soleil
placée voilé
\
Le point «C», N\ verticalement
Carte où l'on se trouve, N au bord
est à l'intersection de la montre
des deux directions.

Petite aiguille,
Comment déterminer recouverte
où l'on se trouve sur une carte Grande par l'ombre
aiguille de l'allumette
72 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

12h ih

Heure
d'été

■Si le soleil est caché, mais qu'une ombre


est encore visible, placez une allumette à
la pointe de la petite aiguille et tournez la
montre jusqu'à ce que l'ombre de l'allu­
mette coïncide avec la petite aiguille.
■ Dans le même cas, vous trouverez
facilement la direction du soleil en faisant
pivoter sur votre ongle un couteau jusqu'à
ce que l'ombre de sa lame soit la plus petite
Heure solaire possible.
(ajoutez 1 h pour l'heure d'hiver, 2 h pour l'heure d'été)
■ Si vous avez l'heure, sachez d'ailleurs
qu'à 6 h (heure solaire bien sûr...) le soleil
est toujours exactement à l'est, etc. Utilisez
le même principe, mais à l'envers, pour
trouver l'heure avec une boussole.
■Avec la technique suivante, vous n'aurez
pas besoin de montre,... mais de beaucoup
Soleil voilé de temps : placez un bâton dans le sol et,
dans la matinée, notez sur le sol le sommet
de l'ombre qu'il projette ; tracez un cercle
ayant pour centre le bâton et pour rayon la
longueur de son ombre ; dans l'après-midi,

- Q -

Bâton

Le matin

XA-XB
---------------- ^ s*< éplacer/s'orienter 73

notez le point où le sommet de l'ombre du reconnaissez-en les environs immédiats.


bâton recoupe le cercle ; joignez les deux Et si, malgré tout, vous êtes perdu, pas de
points, la ligne indique la direction est- panique !
ouest. Le nord est situé sur la perpendicu­
laire à cette ligne ; sa direction est indiquée
aussi par l'ombre la plus courte.
■Une solution plus rapide consiste à noter
le sommet de l'ombre tous les quarts
d'heure. Au bout d'une heure, on a quatre Cherchez à atteindre un point élevé pour
points qui se trouvent approximativement avoir une vue d'ensemble, puis cheminez
situés sur une ligne est-ouest (voir fig. ci- de préférence sur les crêtes. Il est d'ailleurs
dessus). Mais cette méthode est moins pré­ souvent plus facile de se situer en mon­
cise que la précédente. tagne, du fait du relief... mais parfois plus
■De nuit, le nord est indiqué de façon difficile d'aller d'un point à un autre.
exacte par l'étoile Polaire, que l'on trouve Essayez bien sûr de rejoindre un chemin.
facilement grâce à la Grande Ourse. Si cette Si vous n'avez pas de carte, dressez-en une
dernière est trop basse ou cachée par la sommaire du haut de votre promontoire elle
végétation, ayez recours à Cassiopée (en vous sera utile (vous pouvez vous y entraî­
forme de W -voir fig. page suivante). ner auparavant : c'est un excellent exercice).
La lune peut aussi être utile : lors du pre­ En forêt, en plaine, suivez une ligne droite
mier quartier (phase croissante), les cornes à la boussole ou descendez le fil d'un cours
du croissant indiquent l'est ; lors du der­ d'eau : vous finirez par atteindre une ri­
nier quartier (phase décroissante), elles vière longée par un chemin.
indiquent l'ouest. La pleine lune est à l'est Signalez-vous : siffler porte plus loin que
à 18 h (heure solaire), au sud à minuit et à crier et essouffle beaucoup moins. Si vous
l'ouest à 6 h, à l'opposé du soleil. Les étoiles ne savez pas siffler fort (en retournant la
sont alors peu visibles. langue avec les doigts), emportez un sifflet.
■Ne vous fiez pas à la tradition qui veut Vous pouvez en confectionner un avec un
que la mousse pousse de préférence sur la fruit sec de Silène, une tige creuse, etc.
partie du tronc des arbres exposée au nord :
c'est loin d'être toujours vrai.
Observez toujours le paysage autour de
vous et prenez des repères. Pensez à
regarder de temps en temps derrière vous :
si vous vous perdiez, il vous serait plus
facile de rebrousser chemin. Pour plus de
sûreté, n'hésitez pas à jalonner votre Position de la bouche pour siffler à l'aide
itinéraire de tas de pierres (cairns), d'as­ d'une tige creuse fermée à une extrémité
ou d'un fruit de silène. Plus la tige est courte
semblages de branches, de traces de plus le son sera aigu et portera loin.
charbon de bois sur les pierres, etc. -, mais Étirez la bouche dans la position des flèches
ne gravez pas de signes sur les arbres au et dirigez un mince filet d'air sur le bord
couteau et ne cassez pas de branches vives. du tuyau marqué par une flèche double.

Tâchez toujours de noter (approximati­


vement) votre temps de marche pour
faciliter un éventuel retour.
Avant de quitter un camp de base pour en
explorer les environs ou pour vous
retrouver seul dans la nature, cherchez
autour du camp le plus grand nombre Débarassez le fruit de silène
de ses cinq dents pour en faire un sifflet
possible de repères visibles de loin, et
74 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Sens de rotation des étoiles


autour de l'axe polaire

Petite ours

V
Étoile polaire
(Polaris)
\
Cassiopèe

Trouver le Nord
dans la nuit

3h
ernier quartier
Heure indiquée par la pleine lune
(ajoutez 1 h pour l'heure d'hiver
et 2 h pour l'heure d'été)
léplacer/s'orienter 75

Il serait bien utile que vous et les membres Les bulletins météorologiques ne donnent
de votre groupe partis à votre recherche des indications fiables qu'à court terme.
ayez des notions de morse, ce qui vous per­ Elles ne sont pas toujours justes, mais il est
mettrait de communiquer. bon d'en tenir compte avant le départ.
De jour, vous pourrez aussi signaler votre D'ailleurs, en montagne le temps change
position avec de la fumée (herbes humides souvent avec une rapidité impression­
sur le feu) ou une glace de visée (avec un nante : dans certains massifs, il peut s'écou­
trou au centre du miroir pour pouvoir viser, ler moins de 2 heures (parfois à peine plus
le rayon solaire réfléchi peut se voir à d'une heure et demie dans le Canigou)
15 km !). De nuit, outre le sifflet, allumez entre le ciel bleu et le fort de l'orage ! En
un feu ou faites des signaux à l'aide d'une une heure à peine, la température peut tom­
lampe électrique. ber de 30 °C à 10 °C. Prévoir le temps si­
Et n'oubliez pas que se perdre apprend gnifie aussi de penser à s'équiper en
à se connaître. C'est une expérience ines­ fonction de la possibilité d'un changement
timable ! rapide des conditions climatiques.
Voici, à titre indicatif, quelques signes à ob­
server (voir tableau ci-dessous).
Le changement de temps est indiqué par
une modification de la pression atmo­
La météo revêt une importance cruciale sphérique : mauvais temps, baisse (une
dans le déroulement d'une randonnée : le baisse brutale indique un orage) ; beau
même parcours, si agréable par beau temps, hausse. Vous n'emporterez sûre­
temps, peut devenir un calvaire sous la ment pas de baromètre en tant que tel, mais
pluie, voire dangereux dans le brouillard. peut-être un altimètre : les deux appareils
Et le moral s'en ressent. Si l'on ne peut fonctionnent sur le même principe et un
modifier le temps, on peut en tout cas le altimètre vous indiquera aussi les baisses
prévoir - dans une certaine mesure - et de pression. Il est donc doublement utile
agir en conséquence. en montagne (connaître son altitude exacte

B eau tem ps R isq u e d e p lu ie

Rosée Présence Absence


Brouillard Nuit et matin Après-midi
Blancs, plus ou moins isolés (cumulus).
Gris, denses, en couches (stratus),
Fin d'un front en filaments
en bourrelets (nimbostratus),
Nuages très hauts dans le ciel (cirrus).
ou en masses élevées
Début d'un front :
(cumulonimbus) - Orage.
pluie possible par la suite.
Ciel Rougeoyant le soir Rougeoyant le matin
Pression Haute pression Basse pression
Fumée S'élève tout droit À tendance à stagner
Son Habituel Porte plus loin, vient souvent
Particulièrement fort de l'ouest
Vue Habituelle Les objets éloignés se rapprochent
Odeurs Habituelles Exaltées
Insectes divers très actifs,
Insectes Abeilles actives
comme excités
76 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

est bien pratique), mais son prix est prohi­ Si vous avez une boussole, il vous sera facile
bitif... et vous incitera à vous en passer. de repérer l'heure d'après la position du
La direction du vent donne également des soleil ou de la pleine lune en utilisant à l'en­
indications : venant du nord, il est généra­ vers les méthodes indiquées plus haut.
lement sec ; de l'ouest ou du sud-ouest, il ap­ Un bâton fiché en terre projettera l'ombre
porte la pluie, etc. Il est bon d'étudier les la plus courte à midi, heure solaire.
vents locaux avant de partir en randonnée. Il existe des montres solaires en métal, fonc­
Dans l'observation de ces différents facteurs, tionnant sur le principe du cadran du
soyez avant tout sensible à leurs change­ même nom (avec possibilité d'ajustement
ments. Et si l'averse vous surprend, courage, suivant le mois de l'année). Elles sont jo­
ce n'est qu'un mauvais moment à passer -et lies, légères et suffisamment précises pour
cela fait parfois du bien... après coup ! être intéressantes.
Souvenez-vous que vous obtenez ainsi
l'heure solaire. Pour obtenir l'heure légale
à laquelle nous sommes habitués, il faut y
ajouter 1 h en hiver, 2 h en été, et tenir
Lorsqu'on vit en pleine nature, connaître compte de la longitude du lieu où l'on se
l'heure exacte est rarement indispensable, trouve : l'heure légale est rapportée au mé­
mais en avoir une idée approximative est ridien de Greenwich, qui passe par une
souvent utile. C'est ce qui permettra par ligne Le Mans-Angoulême (où aucune cor­
exemple d'arriver à l'étape pour pouvoir rection n'est nécessaire) ; à titre d'exemple,
monter le bivouac et préparer le repas il faudra retrancher 31 mn de l'heure so­
avant l'obscurité. laire (après avoir ajouté 1 ou 2 h suivant la
saison) à Strasbourg, alors qu'à Brest il fau­
Une main = une heure dra en ajouter 18.

Pour calculer le temps qui vous reste avant


que le soleil ne disparaisse à l'horizon,
comptez le nombre de mains (à l'horizon­
tale) entre l'astre et la ligne d'horizon une
distance d'une main correspond à peu près
à une heure de la course du soleil. En mon­
Horizon
tagne, il faudra grimper sur une crête ou
un sommet.
Après avoir marché toute une journée, il ■proche d'arbres quand même s'il faut
faut songer à s'arrêter. C'est parfois tout monter des abris ;
simple : nous voici dans le lieu idéal, nous ■proche d'un point d'eau (mais il est inter­
avons tout notre temps et il fait beau I Un dit de camper à moins de 200 m d'une sour­
bon repas (sauvage) ethop, dans les duvets. ce captée pour la consommation) ;
Mais le scénario peut être tout autre : une ■tranquille, loin d'une route ou d'habita­
pente sans le moindre replat, la nuit qui tions, intime ;
tombe, la pluie, le vent, le froid qui semblent ■joli, bien sûr.
s'être donné le mot... Qu'allez-vous faire ? Soyez toujours très discret pour vous ins­
taller et, chaque fois que c'est possible,
demandez-en l'autorisation, à la fois par
mM > rai » Suif«! RTSalirai» üfc politesse et par précaution.

Autant que possible, il faut le prévoir : repé­


rez sur la carte les endroits plats, non maré­
cageux. Avec un peu d'habitude, vous
trouverez à coup (presque) sûr l'endroit qu'il Peut-on prétendre avoir vécu dans la nature
vous faut. Et calculez le temps nécessaire si l'on n'a jamais dormi à la belle étoile ? C'est
pour y arriver assez tôt, bien avant la nuit : sans conteste la façon la plus agréable de pas­
songez qu'il vous faudra préparer le feu et ser la nuit... du moins quand il fait beau.
la nourriture, peut-être monter des abris - Pour bien dormir, un bon duvet est généra­
ou parfois aller plus loin... Tâchez d'être à lement indispensable. Un matelas isolant en
votre heu de bivouac en milieu d'après-midi. mousse à cellules fermées évite l'humidité
Le camp doit être une détente et non pas et assure le confort, même sur les cailloux.
une cause de mauvaise humeur.
Pour bien faire, l'emplacement de votre Si vous n'avez pas de duvet
camp devra être :
■plat, avec un sol aussi égal que possible, ■Improvisez un sac de couchage avec une
pas trop caillouteux ; couverture de laine (voir figure page sui­
■bien sec et à l'abri d'éventuels ruisselle­ vante), ou enroulez-vous simplement
ments, crues ou inondations. Évitez le bord dedans ;
des cours d'eau, souvent humide, voire bru­ ■ Enroulez-vous dans une couverture de
meux, parfois dangereux (surtout s'il y a un survie ou un poncho contre la pluie, mais
barrage en amont) ; la transpiration les rend inconfortables ;
■abrité du vent et de la pluie (par un repli ■ Ramassez en abondance feuilles mortes,
de terrain, un bosquet, etc.) ; fougères, bruyère, etc., et formez en deux
■éloigné du pied des falaises ou d'éboulis murs que vous rabattrez sur vous pour la
possibles ; nuit;
■éloigné de grands arbres isolés en cas ■Fabriquez un sac de couchage avec deux
d'orage; matelas d'herbe ;
78

Après avoir marché toute une journée, la halte est bienvenue.


___S ' a r r ê t e r / s ' a b r i t e 79

-i Épingles
doubles , 1
1
y\

À
i
i

Sac de couchage improvisé avec une couverture

■Recherchez au maximum les abris natu­ poncho ou d'un plastique imperméable,


rels pour vous protéger du vent et du froid : votre duvet serait encore plus mouillé. Pon­
taillis, hautes fougères, haie, arbre abattu, cho, toile de plastique ou double-toit posé
talus, etc. ; sur le duvet sont en revanche d'efficaces
■S'il fait vraiment froid, creusez légère­ coupe-vent, fort utiles si l'on n'a pu trouver
ment le sol pour préparer un feu de la taille d'endroit abrité.
d'un homme allongé. Formez un épais Fabriquez un matelas d'herbe :
matelas de braises, puis recouvrez d'une ■Posez sur le sol trois grandes longueurs
couche de terre tassée de 5 à 10 cm. Si vous de ficelle côte à côte ;
n'avez pas de feuilles pour vous recouvrir, ■ Coupez de longues herbes et disposez-les
placez-vous entre un feu et un réflecteur, en une botte allongée en travers des trois
par exemple un rocher (voir p. 64 ) ; ficelles ;
■Lorsque la lune s'y prête, vous pourrez ■Liez solidement la botte à l'aide des trois
vous réchauffer en marchant de nuit, et ficelles ;
vous vous reposerez le jour. ■Continuez ainsi à disposer et à lier des
bottes d'herbe jusqu'à avoir atteint la lon­
gueur désirée (normalement, de vos
Si vous n'avez pas de matelas épaules à vos fesses suffisent comme mate­
las), en serrant le plus possible les bottes
■Isolez-vous de l'humidité du sol par un les unes contre les autres ;
poncho ou une couverture de survie ; ■ Égalisez les bords en les coupant à l'aide
■Assurez votre confort en élim inant d'un couteau.
cailloux, pommes de pin, bogues de châ­ ■Pour fabriquer un sac de couchage,
taignes, etc. Attention aux chardons, aux confectionnez deux matelas, posez-les l'un
tiges de fougère coupées en biseau, etc. sur l'autre et liez-les ensemble sur les côtés
Choisissez soigneusement votre emplace­ et aux pieds : il ne vous reste plus qu'à vous
ment (sous les bouleaux, le sol est souvent glisser entre les deux...
sableux, moelleux sous les résineux, etc.).
Etalez vos vêtements (y compris les
rechanges) pour dormir dessus, ou fabri­
quez un matelas d'herbes, de feuilles, de
fougères ou de brindilles de pin. Mais évi­
tez toujours d'abîmer la végétation, et ne Si la pluie menace, pas d'hésitation,
ramassez ces matériaux que si c'est abso­ construisez un abri avant que les premières
lument nécessaire et s'ils sont présents en gouttes ne tombent. Le reste de votre aven­
abondance. ture risque d'en dépendre.
■En cas de rosée, ne vous couvrez pas d'un
80 V i v r e en p i e i n e n a t u r e

Toile de plastique
Cordes servant 'est l'abri le plus simple. Tendez-la sur
une cordelette fixée à deux arbres ou à des
branches. Suivant le lieu, servez-vous de
cordes tendues formant haubans, de
pierres, de la végétation basse, de piquets
taillés dans une branche morte, fabriquez
un trépied, etc. Ne coupez pas de bois vif.
Pour un abri individuel, un arbre abattu
peut servir de base.
Plusieurs toiles peuvent être combinées
pour faire un abri collectif de forme
variable : utilisez votre imagination et les
possibilités du site.
Il existe des tunnels de plastique (une toile
soudée en forme de tube). Elles sont pra­
tiques à monter (il suffit de tendre une corde
à travers), mais elles sont mal aérées et la
condensation les rend vite désagréables.
S'arrêter/s^abriter 81

La toile doit entourer le tronc d'arbre pour éviter

Un double-toit protège parfaitement de la


pluie, même d'un violent orage, et coupe
le vent -faites attention à bien le fixer. Mais
si vos pas vous mènent en haute montagne,
au-dessus de la limite des arbres, empor­
tez de préférence une tente, plus stable et
plus chaude.
Par sa forme, le double-toit se combine mal
à d'autres pour former un abri collectif.
Fixation d'un double-toit Généralement en nylon, il est en revanche
plus léger et moins volumineux qu'une toile
de plastique de mêmes dimensions.
Double-toit de tente
L'idéal pour tout concilier est en fait un
Il se monte comme la toile de plastique, en simple rectangle de nylon enduit muni
glissant une cordelette dans les deux trous d'œillets. Il est facile d'en fabriquer pour
du sommet ou en utilisant deux branches une personne avec du nylon pour double-
comme mâts. Il présente sur une tente toit de 160 cm de large et d'œillets en plas­
l'avantage d'être beaucoup plus léger (sur­ tique que l'on fixe en les frappant à l'aide
tout si vous n'emportez ni piquets de mâts, d'un maillet. En disposant les œillets
ni sardines) et de ne pas vous couper comme sur la figure p. 83-haut, on pourra
d'avec la nature - on étouffe toujours un juxtaposer efficacement deux ou plus de
peu sous une tente. ces abris légers et bon marché.

A. Position haute B. Position basse


Nœuds Branche, hauban ou
de tension trépied Plus long qu'en A

Point
d'ancrage

Réglage en hauteur d'un abri Plus court qu'en A


82

Le repas du soir est un m om ent de détente.

L'abri est form é d'une toile tendue sur la végétation et fixée au sol par de lourdes pierres.
S'arrêter/s'abriter 83

Fabrication d'un abri individuel :en toile de nylon

(ou x 300 cm pour plus de protection) On peut ainsi juxtaposer jusqu'à quatre toiles
1 et 2 : Anneaux pour juxtaposition d'une autre avec un recouvrement deux à deux de 30 cm,
toile dans la longueur. soit un abri de 290 x 470 cm.
3 et 4 : Anneaux pour juxtaposition d'une autre Schéma de juxtaposition de quatre toiles 1,2,3
toile dans la largeur et 4 (2 et 3 sont à l'envers par rapport à 1 et 4).

D'une façon générale, n'oubliez pas : ■ d'établir votre feu assez loin de la toile
■d'orienter votre abri et de faire descendre de plastique ou de nylon... ;
la toile assez bas pour éviter que la pluie n'y ■ de laisser en partant le terrain comme
pénètre avec le vent. Pensez aussi ày abriter vous l'avez trouvé, sans trace (ou le moins
votre sac à dos et vos chaussures ; possible...) de votre passage.
■de prévoir la possibilité de régler en hau­
teur votre abri, par un simple jeu de cordes ; Abris de branchages
cela vous sera d'une grande utilité si, au
cours de la nuit, le vent se met à souffler On ne peut les construire que si l'on ren­
avec violence (voir fig. p. 8 1-bas) ; contre une quantité importante de bois fraî­
■de creuser des rigoles si la pluie risque chement abattu, dans une coupe forestière
de ruisseler sous votre abri (improvisez un récente par exemple, car il est hors de ques­
outil avec une pierre ou un bâton) ; tion de mutiler la végétation. Un tel abri est
avant tout folklorique, car, pour qu'il résiste
Le second rang recouvre
à autre chose qu'un crachin, il faut énor­
mément de temps et de soins pour le cons­
truire. Mais il peut être valable si l'on décide
rester quelque temps au même endroit. Et
puis, on se sent une âme de trappeur...
La forme la plus simple est l'appentis ou
lean-to.
Une pente à 45° représente le meilleur com­
Abri de branchages
promis entre l'espace intérieur etl'écoule-
84 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

ment de l'eau. Utilisez si possible du sapin


(du vrai, pas de l'épicéa), dont les feuilles, Nœud de cabestan ou de chaise
denses, sont toutes dans un même plan.
Pour rendre votre abri parfaitement
étanche, il faudrait le recouvrir de terre ou,
mieux, d'argile... ou bien d'une toile im ­
perméable. L'écorce détachée en grandes
bandes d'arbres morts, en particulier de
conifères, peut tenir lieu de tuiles très effi­
P
Le puits Le serpent Passe autour de
caces. sort du puits l'arbre et rentre
S'il fait froid, construisez un feu devant dans le puits
l'abri, qui servira de réflecteur.
Peut-être pourrez-vous dormir dans une grot­ Nœud d'amarre
te pas trop humide et régresser de quelques
milliers d'années -ou profiter d'un abri déjà
construit (cabane, chalet d'alpage, etc. -, mais
n'en forcez pas la porte si elle estfermée...).

Dans la neige
Dormir dans la neige, ce n'est plus de la
1re technique
« survie douce », à moins d'être très bien
équipé - mais en ce cas vous aurez une
tente.
La solution qui fait rêver, c'est bien sûr
l'igloo..., mais il faut une neige adéquate (pro­
fonde et compacte, ce qui n'est pas toujours
le cas), de quoi la découper (couteau-scie ou
pelle) et une technique précise. 2e technique Faites passer
(support ouvert) les deux boucles
Si vous vous trouvez obligé de passer la nuit l'une sur l'autre
dans la neige, souvenez-vous qu'elle offre
une excellente isolation contre le froid. Glisser
Cherchez refuge sous les branches d'un épi­ ücîeTN
les deux boucles
sur le support
céa, au pied du tronc ou « enneigez-vous »
en creusant un trou. Vous serez mouillé,
mais vous éviterez de mourir de froid. Y

Nœud de pêcheur
Voici quelques noeuds simples qui vous ser­
viront à monter plus efficacement votre
bivouac, et vous seront utiles dans bien
^ "y p o f
d'autres cas :
■Pour attacher une corde à un arbre sans
que le nœud glisse : le nœud de chaise (ou
de cabestan).
■Plus rapide, mais moins durable : le V> v>V
nœud d'amarre.
S'arrêter/ ■
? : __ 85

Nœud de tisserand

Terminer par un nœud plat ’

Nœud de tension — mËÊiirn


Faire
nœud Nœud de harnais
avec
brins

Formez une grande boucle


et passez-en l'extrémité
suivant la flèche

(adapter comme boucle terminale à un


nœud de chaise, de tension ou à un brêlage)

■Pour tendre une corde fixée à ses deux


extrémités : le nœud de tension.
■Pour nouer deux cordes bout à bout : le
Tirer nœud de pêcheur ; même mouillé, il est
pour régler
facile à défaire.
la tension
et nouer ■Pour nouer des cordes de grosseurs dif­
férentes : le nœud de tisserand. Le petit
brin entoure toujours la boucle faite avec
le gros.
Nœud de charpentier ■Pour fixer deux bâtons bout à bout : le
brêlage long.
■Pour fixer deux bâtons en croix : le brê­
lage carré.
■Pour faire un trépied : le brêlage diago­
nal.
■ Pour lier des fagots de bois : le nœud de
charpentier.
86 V i v r e en p l e i n e natu e

■ Pour s'encorder lors d'un passage véritables cordes, comme avec l'écorce de
dangereux : le nœud de harnais. la clématite par exemple, mais elles sont pro­
portionnellement moins solides. L'épilobe
i our démonter facilement votre abri, pen­ en épi ou la tige de la mauve donnent éga­
sez à terminer vos nœuds de chaise ou de lement des fibres de bonne qualité, pour ne
tension par une boucle, maintenue par une parler que des plantes de nos régions. Car
branchette (voir figure p. 85). Il suffit de dans les pays chauds, certains végétaux sont
retirer ou de casser cette dernière et de tirer cultivés industriellement pour leurs fibres,
sur l'extrémité de la corde pour défaire le tels le jute, la ramie ou le sisal. Et c'est pour
nœud même avec les doigts gelés (vous cela que l'on plantait jadis du chanvre dans
n'auriez alors d'autre alternative que de nos régions.
couper vos cordes...). Cela s'applique aussi Traditionnellement, les plantes sont cou­
aux brêlages des trépieds. pées lorsqu'elles sont vivantes, puis mises
pendant plusieurs mois à « rouir », c'est-à-
dire à pourrir dans l'eau jusqu'à ce que
seules restent les fibres, que l'on doit ensui­
te laver puis peigner. En ce qui nous
concerne, nous utiliserons les tiges des
O n ne se rend pas toujours bien compte à plantes mortes, qui restent après l'hiver. Il
quel point les liens sont utiles. Dans la vie faudra les casser délicatement et en retirer
courante, si vous n'aviez pas de ficelle, vous les fibres en gardant ces dernières aussi
seriez bien ennuyé et en pleine nature, longues que possible.
encore davantage ! Il ne reste plus qu'à transformer les fibres
Eh bien, ce n'est pas difficile : nous en fabri­ en ficelle :
querons avec des fibres végétales. L'ortie en ■ Roulez les fibres entre vos mains puis
possède de longues et fines, qui permettent séparez-les entre vos doigts pour en briser
de faire de véritables fils, solides et durables. les parties d'écorce morte inutiles et les en
Avec le liber (écorce interne) du tilleul, vous faire tomber ;
irez beaucoup plus vite et pourrez faire de ■ Prenez une épaisseur de fibres d'environ

Fabrication de ficelle à partir de fibre d'ortie.


S ' a r r ê t e r / s" a b r i t e r 87

2 mm et roulez-la entre les doigts pour obte­


nir un fil grossier ;
■Tenez ce dernier au milieu, entre le pouce
et l'index de la main gauche et repliez-en
les deux brins vers la droite, l'un au-dessus Dans nos régions, les insectes sont prati­
de l'autre ; quement les seuls animaux « menaçants »
■Mouillez légèrement le pouce et l'index ou du moins désagréables. Il s'agit avant
de la main droite et prenez entre eux le brin tout des moustiques.
supérieur, le plus près possible des doigts
de la main gauche ; ■Campez loin des eaux dormantes et des
■Roulez-le fermement dans le sens des broussailles.
aiguilles d'une montre, en accompagnant ■Une fumée intense (bois vert, herbe
le mouvement du poignet; fraîche, écorce mouillée...) décourage les
■En même temps, allez chercher avec le visiteurs... mais aussi les hôtes !
majeur droit le brin inférieur, coincez-le ■Il existe des insecticides au pyrèthre, à
entre le majeur et l'index (sans que ce der­ faire brûler, et dont la fumée tue les mous­
nier et le pouce ne lâchent le premier brin) tiques, mais ils fonctionnent mal en plein
et tournez le poignet droit en sens contrai­ air.
re des aiguilles d'une montre jusqu'à sa ■Barbouillez-vous le visage, les bras, etc.,
position de départ, en gardant la main de boue épaisse (c'est excellent pour la
gauche parfaitement immobile. peau !), surtout avant de dormir -attention
■Le brin inférieur est devenu le supérieur, au duvet !
et vice-versa. ■Enduisez-vous d'essence de citronnelle
■Vous pouvez lâcher les deux brins de la ou de lavande, mais vous risquez d'être plus
main droite (qu'une double-torsion main­ incommodés que les moustiques... Les anti­
tient en place) et recommencer le proces­ moustiques synthétiques en crèmes ou en
sus. bâtons sont efficaces, mais leur odeur est,
■Dès que le fil devient trop mince, il faut à mes sens, souvent très désagréable -choi­
ajouter de nouvelles fibres entre le pouce sissez-en qui ne sentent pas.
et l'index de la main gauche (qui avancent ■Portez une double épaisseur de vête­
d'ailleurs régulièrement, au fur et à mesu­ ments et rentrez le pantalon dans les chaus­
re de la confection de la ficelle) et les settes. Fixez un voile de gaze au bord d'un
tordre avec ceux qui étaient déjà en place. chapeau pour protéger votre visage. Met­
On peut continuer ainsi indéfiniment... tez des gants. Les vêtements clairs sont sup­
posés moins attirer les moustiques que les
La technique pour fabriquer de la ficelle habits sombres.
s'apprend vite. Il faut trouver le mouve­ ■Dormez sous une moustiquaire, facile à
ment qui permet avec les deux brins de confectionner vous-même avec cinq pièces
créer une double torsion les maintenant de gaze souple très fine cousues ensemble
mutuellement en place. Il devient rapide­ et des boucles aux quatre coins où glisser
ment automatique et la production de corde des ficelles.
se fait aussi spontanément que le tricot ou,
dans le temps, le filage de la laine. Lorsque
vous en aurez confectionné quelques
mètres, vous pourrez vous servir de votre
ficelle végétale pour fabriquer le confor­
table matelas d'herbe dont nous avons
parlé plus haut, voire un sac de couchage
absolument naturel qui vous permettra de
passer une nuit douillette.
88 en p l e i n e n a t u r e

■Si vous avez du mal à vous endormir


parce que vous avez froid aux pieds, faites
chauffer une pierre de bonne taille au bord
du feu (pas trop !), puis enveloppez-la d'un
Bivouaquer doit permettre de se reposer, vêtement pour glisser cette bouillotte au
de dormir. Un bon sommeil est primordial : fond de votre duvet. Une gourde bien her­
il vous permettra de vivre pleinement votre métique remplie d'eau chaude peut jouer le
aventure et de supporter avec plus de séré­ même rôle agréable. C'est encore plus effi­
nité les difficultés que vous ne manquerez cace que des chaussons thermophiles ;
pas de rencontrer. Inversement, une nuit ■ Si vous n'avez pu fermer l'œil de la nuit à
blanche peut transformer la plus belle jour­ cause du froid ou de toute autre raison,
née en un long calvaire. Avec toutes les pré­ récupérez en faisant une sieste, même
cautions que vous venez de prendre, vous brève, dans lajournée. Tout ira mieux après.
devriez jouir d'un confort suffisant pour D'ailleurs la sieste quotidienne devrait être
que votre sommeil soit réparateur à sou­ systématique : la coupure qu'elle entraîne
hait. Écoutez toutefois ces quelques est bénéfique pour l'organisme ;
conseils : ■En cas d'insomnie, voir page 101.
■Évitez de dormir avec vos vêtements,
chaussettes et linge de corps compris. À i vous avez du mal à trouver le sommeil,
moins que votre duvet ne puisse résister tâchez de vous relaxer au maximum en
au froid nocturne (c'est vers le lever du cherchant la position la plus confortable,
jour qu'il est le plus intense), il sera beau­ en orientant votre pensée sur des sujets
coup plus agréable de dormir nu(e) dans agréables, et surtout en respirant profon­
la douceur d'un « sac à viande » en coton dément (de l'abdomen), lentement et régu­
extensible ; lièrement. Le contrôle de la respiration
■Les sujets nerveux sont souvent affectés apaise et calme l'esprit.
par la pleine lune : abritez-vous-en soi­
gneusement comme vous le feriez du soleil.
N'oubliez pas qu'elle tourne au cours de la
nuit;

:
ancêtres. Si le silex est l'idéal pour fabri­
quer des couteaux tranchants comme des
rasoirs, toute pierre à grain suffisamment
fin, comme le calcaire oolithique, permet de
Partout à travers la planète, les peuples fabriquer aisément des grattoirs, des
vivant près de la nature ont mis au point racloirs ou des scies, qui peuvent servir à de
pour subvenir à leurs besoins fondamen­ multiples usages pratiques.
taux diverses techniques utilisant les maté­ Cette technique est relativement facile à
riaux bruts qu'ils se procuraient facilement mettre en œuvre et elle s'apprend rapide­
autour d'eux. Il s'agit bien sûr des Indiens ment. Il suffit de comprendre comment frap­
d'Amérique, mais également des abori­ per au bon endroit avec le bon angle et la
gènes d'Australie, des Inuits (Esquimaux), force suffisante (voir figure). L'angle de l'arê­
des tribus africaines ainsi que de nos an­ te entre les deux faces à tailler du galet doit
cêtres paléo- et néolithiques en Europe. être inférieur à 90 ° et celui entre la direction
C'est en fait un patrimoine commun à toute du coup et la ligne de détachage de l'éclat
l'humanité. sera toujours de 120 °. On frappe avec un
galet facile à tenir dans la main juste en arriè­
Les pierres permettent de fabriquer des re de l'arête. Suivant ses besoins, on peut uti­
outils utiles. Ce sont d'ailleurs pratique­ liser soit le galet taillé lui-même, soit les éclats
ment les seules traces qu'ont laissées nos que l'on en a détachés.

Vue d'ensem ble Coupe

Direction
du coup Point
d'impact

Silex
ou pierre à grain fin
Retournez le silex
et donnez un 2e coup
pour avoir un bon tranchant.
Taille des silex Les éclats peuvent servir
et des cailloux à couper ou à tailler
homogènes des cuillères
à grain fin 2e éclat - 2e ligne de cassure
90 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Fabrication d'un récipient en écorce.

Si ces pierres taillées ne peuvent pas tou­


jours remplacer un bon couteau (sauf s'il
s'agit de silex ou d'obsidienne, extrême­
ment tranchants), elles lui sont parfois
supérieures. Par exemple, pour creuser une
cuillère en bois ou en écorce, on commen­
ce par brûler avec une braise le bois à enle­
ver puis on gratte la partie carbonisée avec
Traits de pliage Trous
au poinçon un éclat de pierre dont la courbure corres­
gravés au couteau
pond à celle que l'on veut donner au fond
de la cuillère.
Un galet sera facilement transformé par
quelques coups les uns à la suite des autres
le long d'une arête, puis dans l'autre sens
pour obtenir un tranchant, en une scie gros­
sière qui permettra d'entailler des rondins
jusqu'à ce qu'il soit possible de les briser
en les calant en porte-à-faux et en sautant
dessus.
Des morceaux d'os brisé peuvent servir de
poinçon et, en les affûtant, de couteau.
Récipient en écorce
Pour fabriquer des récipients, l'écorce est
91

idéale. Cela nécessite bien sûr de couper


un arbre, mais on a parfois besoin d'éclair- Aiguiser un couteau
cir un peu certains coins de bois -c'est bien
Mouvement Pierre
le seul cas où nous devrons employer du
bois vert !
Choisissez un jeune frêne bien droit, en
pleine sève, d'une douzaine de centimètres
de diamètre. Abattez-le et sciez-en un tron­
çon d'environ 60 cm de long. Pratiquez une
entaille sur toute la longueur et décollez
délicatement l'écorce à l'aide d'une spatu­
le de bois. Au centre du large morceau Mouvement

d'écorce ainsi retiré, gravez au couteau une


sorte d'ovale aigu, touchant les deux bords,
qui formera le fond du récipient. Repliez
l'écorce sur cette forme de façon à obtenir
un cylindre de 30 cm de hauteur. Percez
de trous, au poinçon, les bords en vis-à-vis
et liez ces derniers avec une ficelle végéta­
le. Remplissez le récipient d'herbes et de
Lame
pierres de façon à ce qu'il conserve sa
forme en séchant.
L'une des techniques les plus utiles consis­
te à fabriquer de la ficelle avec des fibres
végétales. Elle est décrite en détail p. 86,
au chapitre des nœuds. Pierre
Vous avez eu l'occasion d'en découvrir bien
d'autres au fil de ces pages, par exemple

Collection (le cuillères en écorce de peuplier


92 V i v r e en p i e i n e n a t u r e
i S e d é b r o u i l l e r d a n s la n a t u r e

les diverses manières de faire du feu sans


Confection d un matelas d herbe allumettes (p. 59) ou de fabriquer des mate­
las d'herbe (p. 79).

Toutes ces techniques de vie primitive


demandent à être apprises et pratiquées
quelque temps avant de pouvoir être maî­
trisées. Mais tout le monde peut le faire :
apprendre à conduire une voiture est beau­
coup plus compliqué. Les enfants, en par­
Longues
ticulier, sont parfaitement capables de faire
herbes de la ficelle ou de creuser des cuillères.
Tailler les pierres et faire du feu leur est
plus difficile. Ils seront cependant sensibles
à la magie qui se dégage de ces actes utiles,
vieux comme l'homme mais totalement
Nœud
oubliés par nos contemporains.
Il ne s'agit d'ailleurs pas que de simples
techniques. C'est surtout un moyen de
mieux percevoir le monde en entrant pro­
fondément en contact avec la nature. Vous
verrez avec étonnement que les pierres, les
morceaux de bois, les vieilles tiges sèches
des plantes représentent bien davantage
que ce que vous pensiez... Vous retirerez
Égaliser
aussi de ces expériences un véritable émer­

/ veillement et un plus grand respect pour


ce qui existe.

Matelas d'herbe enroulé sur lui-même.


Vivre en pleine nature représente un état Jeu du mètre carré vivant
bien différent de ce que vous pouvez
connaître dans la vie « normale ». Mille Il s'agit d'observer la vie végétale, animale
découvertes retiennent votre attention et et minérale sur un petit territoire donné.
vous trouverez presque constamment de Tracez sur le sol des carrés d'un, deux
quoi stimuler votre curiosité. Quelques peurs ou trois grands pas de côté, suivant la
parfois, ou du moins un peu d'appréhen­ richesse du lieu. Chaque participant doit
sion, ne doivent pas vous étonner : tout est relever toutes les espèces qu'il distingue
tellement nouveau ! Mais je suis sûr que vous en les notant sur un papier. Il n'a pas
n'aurez pas le temps de vous ennuyer. besoin d'en donner le nom, il suffit de les
Pourtant, je pense qu'il est intéressant d'or­ décrire et d'être capable de les montrer
ganiser de temps en temps des jeux dans aux autres.
et avec la nature. Avec des enfants, la chose
tombe sous le sens, mais les adultes appré­ Les plantes les yeux bandés
cieront aussi.
Ces jeux ont plusieurs fonctions. Ils sont On établit deux groupes, les meneurs et les
tout d'abord distrayants, ce qui n'est pas menés. Les menés ont les yeux bandés. Les
sans importance. Ils ont également, dans meneurs les amènent (en cherchant à les
la plupart des cas, une valeur instructive dérouter) devant une plante, qu'ils doivent
puisqu'ils vous feront certainement décou­ examiner par le toucher, l'odorat, le
vrir des facettes de la nature que vous igno­ goût, etc. Puis ils sont ramenés à leur point
riez. Ils permettent également de souder le de départ (avec des détours). Ils décrivent
groupe en mettant ses membres en contact alors leur plante aux autres, sans néces­
proche, souvent deux à deux. Enfin, ils aide­ sairement devoir en donner le nom, puis
ront à relâcher la tension provenant de l'in­ doivent chercher à la retrouver. On peut les
tensité des situations vécues dans le cadre aider : « Tu chauffes, tu refroidis... ».
de la nature (peurs, difficultés d'adaptation,
pression du groupe, etc.). Botanique de nuit
Jouez donc et soyez heureux !
Le jeu consiste à identifier ou du moins à
décrire des plantes, comme dans le précé­
dent, mais il a lieu la nuit : il est inutile de
bander les yeux des participants et ce jeu
peut se jouer en groupe, chacun donnant à
son tour des éléments d'identification en
utilisant le toucher, l'odorat, le goût...
95

Sentir la nature tour doit dire quelque chose de plus sur cette
plante, qui soit vérifiable par les autres. On
Chacun doit aller à la recherche de cinq peut utiliser tous les sens, il ne s'agit pas
plantes (ou d'autres substances naturelles que d'une description visuelle : pensez à la
comme par exemple de la résine) dont toucher, à la sentir, à la goûter si elle est
l'odeur lui plaît particulièrement. Il les rap­ comestible. Si quelqu'un ne trouve plus rien
porte, les décrit, en parle au reste du groupe. à dire, il passe son tour. Lorsque plus per­
sonne ne réussit à ajouter quoi que ce soit,
Jeu des odeurs on passe à une nouvelle plante.

Les participants se mettent en cercle ou en Les types de végétation


ligne et ferment les yeux. Le meneur est
allé cueillir à leur insu dix plantes plus ou Sur un parcours varié au cours d'une jour­
moins odorantes (mais pas forcément née (milieux secs ou humides, au soleil ou
toutes considérées comme des aroma­ à l'ombre...), chacun doit noter les types de
tiques). Il les présente une à une sous le nez végétation rencontrés et les plantes qui en
des participants pendant environ trente sont caractéristiques. On compare les notes
secondes et chacun doit les reconnaître à l'arrivée.
sans dire la moindre chose : chaque per­
sonne écrit le nom de la plante, ou du moins La magie des plantes
sa description olfactive, sur une feuille de
papier. A la fin, le meneur donne les bonnes Asseyez-vous à côté d'une plante, contem­
réponses... Cejeu est très instructif, mais il plez-la ou fermez les yeux, et tentez d'en­
demande de l'entraînement. trer en contact avec elle. Vous verrez :
peut-être ne se passera-t-il rien du tout, mais
Jeu des couleurs il n'est pas impossible qu'elle vous « parle »
de ses vertus, de ses saveurs, de son his­
Les participants vont chercher des plantes, toire... Sera-ce vrai ou faux ? Tant que vous
des pierres, du bois, etc. de différentes cou­ n'avez pas essayé, vous n'en saurez rien !
leurs, pas forcément vives. Le but est d'ob­ En tous cas, il faudra sans doute passer plu­
server les subtiles nuances des couleurs de sieurs heures en sa compagnie.
la nature.
Quand chaque personne revient, elle étale Embrassez un arbre !
ses trouvailles sur un linge. Le groupe les
observe et en parle : chacun explique à son Avez-vous déjà essayé de prendre un arbre
tour quels objets il préfère et pourquoi. dans vos bras ? Faites-en l'expérience : per­
sonnellement, je trouve que c'est très
Test des connaissances agréable et que ça me remplit d'énergie.
Un bon gros chêne à l'écorce rugueuse, un
Chaque participant doit retrouver dans la hêtre lisse et dodu, un pin odorant aux
nature dix plantes différentes qu'il connaît grosses écailles, un charme au tronc
déjà. Puis il les présente au groupe et noueux... Rencontrez vos amis !
indique leur nom, leurs caractères d'iden­
tification, leurs utilisations, etc. Seul dans la nature !
« Qui dit plus ? » La nature en groupe, c'est bien, mais il est
important de pouvoir vivre aussi une rela­
Les participants s'asseyent en cercle. Quel­ tion directe avec elle. Comme bien souvent
qu'un va cueillir une plante. Il en décrit un les gens ont un peu peur de se retrouver
caractère puis la fait passer : chacun à son seuls dans la nature, faites-en un jeu.
96 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

■Avant le départ, mettez-vous tous en Le cercle assis


cercle et abaissez le « voile du silence » :
une fois le cercle rompu, plus personne ne Formez un cercle. Chaque personne se tour­
parle. C'est important et il n'y a rien d'éso- ne ensuite vers la droite (ou la gauche), de
térique là-dedans : on a toujours tendance façon à voir le dos de son voisin. Il s'agit ensui­
à cacher ses peurs derrière le bavardage. te pour chacun de s'asseoir de façon stable
À présent, il s'agit de les affronter ! sur les genoux de celui qui le précède.
■ Chacun part dans une direction et Si l'un des participants tombe, le cercle
marche jusqu'à ce qu'il trouve son « coin s'écroule comme un château de cartes...
magique », un endroit où il se sente parti­
culièrement bien. Le renard et le lièvre
■Là, il peut rester et observer ce qui se
passe autour de lui et en lui puis, au bout Deux personnes, les yeux bandés, se pour­
d'un certain temps, continuer à explorer suivent à l'intérieur d'un cercle assez large
son territoire. formé par les autres personnes.
■ Il pourra cueillir des plantes qui l'attirent
particulièrement, par leur forme, leur cou­ L'ange gardien
leur, leur odeur, etc., qu'il les connaisse ou
non. On écrit le nom de chaque personne sur un
■Lorsque chacun est revenu, au bout d'un papier qui est mis dans un chapeau. Puis
temps déterminé (quelques heures, une chacun en tire un au hasard. Il devient alors
demi-journée, voire davantage), on remon­ 1'« ange gardien » de la personne dont il a
te le voile du silence, et chacun partage son tiré le nom (ce peut d'ailleurs être lui-
expérience avec le reste du groupe. même !). On établit alors pendant toute la
■Voici une occasion d'explorer son rapport durée de la randonnée une relation inté­
à la nature - et à soi-même. Peut-être sera- rieure avec cette personne sans le lui dire. On
ce très fort, peut-être ne se passera-t-il rien... peut lui envoyer des pensées d'accompa­
en apparence. gnement, regarder ce qu'elle évoque pour
nous (une qualité, une image...), voir ce qu'el­
le remet en cause en nous, comment elle est
notre miroir, rechercher ce qu'elle nous fait
travailler. A la fin de la semaine, chacun révè­
le de qui il était l'ange gardien et exprime ce
Jeu des cailloux
qu'il a ressenti. Ce jeu permet de favoriser
Chaque personne choisit un caillou et l'ob­ des relations proches entre les personnes.
serve longuement, en particulier par le
toucher. Le meneur les prend tous et les Le caillou (o u le b â t o n ) qui parle
fait passer un par un dans le désordre aux
participants, assis en cercle les yeux fer­ Dans une discussion de groupe, tout le
més jusqu'à ce que chacun ait retrouvé le monde est assis en cercle. On choisit un
sien. Il peut rajouter de faux cailloux... caillou ou un bâton qui confère la parole à
celui qui le tient dans sa main : lui seul peut
Jeu de l'emmêlement s'exprimer, tandis que les autres l'écoutent
sans l'interrompre. Cette méthode est
Tout le monde se met en cercle, puis chacun remarquable pour permettre à chacun de
ferme les yeux et attrape deux mains. Il faut s'exprimer et favoriser la prise de décisions
ensuite réussir à démêler le nœud consensuelles en groupe. Il importe de la
humain... faire respecter fermement, tout en fixant
La chose est plus facile si chaque main un temps de parole maximal pour éviter
gauche attrape une main droite. les abus contraires.
ous n'avons plus l'habitude de vivre en simples dont il suffit de connaître l'exis­
pleine nature, aussi faut-il s'attendre à être tence pour les maîtriser. La confiance en
parfois confronté à des situations difficiles soi que procure la certitude de savoir faire
provenant de changements par rapport au face aux problèmes éventuels est par elle-
quotidien ou d'éléments potentiellement même un facteur de sécurité. Ajoutez-y une
dangereux de l'environnement. Mieux vaut trousse à pharmacie bien constituée, et
prévenir que guérir. Il ne tient qu'à nous vous voici prêt pour l'aventure.
d'appliquer cette sage parole en prenant
toutes les précautions nécessaires pour évi­ Un dernier mot pour vous rassurer : en
ter d'avoir à nous soigner. Ne vous laissez vingt-cinq ans de pratique, nous avons rare­
pas dépasser, car c'est alors que le danger ment eu à nous servir des conseils prodi­
survient. gués dans les pages qui suivent.
Tout commence par la préparation et
par l'équipement. Reportez-vous aux
pages 121 à 135, où vous sont donnés les
conseils nécessaires. Ce n'est pas seulement
d'une préparation physique qu'il s'agit, c'est
aussi d'une prise de conscience. Il s'agit le plus souvent de petits incidents
■Soyez conscient des changements qui pour lesquels il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
vont se produire dans votre alimentation, Dans de nombreux cas, ce sont des pro­
votre lythme de vie, votre confort, dans tout blèmes d'ajustement à des conditions dif­
votre être (vie de groupe ou solitude, férentes, et tout rentre dans l'ordre au bout
manque de stimulations intellectuelles ou de quelques jours ou au retour. Il n'est pas
d'excitants - café, thé, cigarettes -, etc.). toujours nécessaire de traiter, mais ne
■Soyez conscient des éléments potentielle­ négligez pas l'effet psychologique rassurant
ment dangereux de la vie dans la nature de soins même très simples chez une per­
(froid, humidité, soleil, chaleur, sécheresse, sonne souffrante : il est important d'être à
marche, etc.) et des problèmes divers qu'ils son écoute et de la tranquilliser.
peuvent poser (hypothermie, insolation,
déshydratation, fatigue, ampoules, etc.).
■Soyez conscient de vos limites. Ne forcez
pas, dans aucun domaine. Dès que vous
sentez que vous arrivez au bout de ce que
vous pouvez faire, parlez-en aux autres : ils Maux de ventre
vous aideront. N'attendez pas de craquer,
ce qui poserait à tout le monde de bien plus Cause : mauvaise digestion.
gros problèmes ! Remèdes : infusion de fenouil, d'angélique,
■Apprenez avant le départ à soigner les de menthe, de mélisse, de thym, de lavande,
troubles qui peuvent se présenter. Dans la de germandrée ou d'autres plantes aroma­
plupart des cas, il existe des techniques tiques. Le charbon de bois (de même que
98 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

les chapatis brûlés...) combat les fermenta­ la personne allongée, au repos et au chaud
tions intestinales. -à l'ombre et au frais s'il s'agit d'une inso­
Prévention : mâchez bien... ! lation. Frottez de la lavande (plante ou huile
essentielle) sur son front. En cas d'insola­
tion, voir page 102.
Constipation
Causes : changement de régime alimen­ Intoxications
taire et d'habitudes (en particulier, manque
de toilettes conventionnelles !), déshydra­ Elles se manifestent généralement tout
tation due à la transpiration. d'abord par des nausées ou des vomisse­
Remèdes : buvez beaucoup, si possible des ments. Si nécessaire, aidez la personne à
soupes et des infusions de mauve, de vio­ vomir afin de vider au plus vite le contenu
lette, de feuilles de tilleul et d'autres plantes de son estomac (doigt au fond de la gorge,
mucilagineuses, ainsi que de stimulants ingestion de grandes quantités d'eau ou
biliaires : pissenlit, chicorée, etc. Les sup­ d'eau salée, etc.). Allongez-la et gardez-la
positoires à la glycérine sont efficaces. au repos, au chaud. Essayez de déterminer
Prévention : évitez de consommer sans la plante responsable.
préparation des plantes astringentes, riches Si d'autres troubles se déclarent ou si la
en tanin (rumex, plantain, Rosacées -benoî­ plante est connue pour être très toxique,
te, alchémille, pimprenelle, etc.). recherchez rapidement un traitement
Il n'est pas dramatique de rester constipé médical. La personne peut réagir violem­
quelques jours, voire une semaine. ment et se trouver en état de choc : prenez
le pouls de la personne toutes les 5 minutes.
Diarrhée Il y a danger quand il dépasse 150 avec
transpiration et pâleur. N'attendez pas d'en
Causes : changement de régime, mauvaise arriver là et, en cas de doute, évacuez le
mastication, élimination, etc. malade rapidement vers un centre hospi­
Remèdes : décoction ou consommation de talier. En cas d'empoisonnement par des
plantes astringentes (rumex, plantain, amanites mortelles (groupe de la phalloï­
feuilles de ronce, de fraisier, potentille, de), les symptômes peuvent n'apparaître
alchémille, géranium, érodium, etc.). Buvez que longtemps après l'ingestion des cham­
beaucoup pour remplacer le liquide perdu. pignons. Lorsqu'ils se déclarent, il est impé­
Il est possible que la diarrhée provienne ratif de faire hospitaliser immédiatement
d'une contamination par l'eau (campylo- la personne au centre anti-poison le plus
bacter, salmonelles -les amibes pathogènes proche.
sont inexistantes sous nos latitudes). Dans
ce cas, un traitement médical s'impose.
Prévention : n'oubliez pas de bien mâcher
votre nourriture : les plantes sauvages sont
souvent plus consistantes ou plus fibreuses
que celles dont vous avez l'habitude. Il est Piqûres
normal que leur mauvaise mastication
entraîne des problèmes digestifs. Orties : écrasez entre les doigts une feuille
de plantain et frottez-la sur la piqûre. La
Nausées, vomissements douleur disparaît instantanément, mais
une démangeaison persiste quelque temps.
Causes : plante toxique ou trop forte pour Les rumex et d'autres plantes peuvent éga­
l'organisme, insolation, troubles nerveux. lement se montrer efficaces.
Soins : tant que l'estomac n'est pas vide, Insectes : procédez de même, avec du plan­
n'empêchez pas les vomissements. Gardez tain (il détruit le venin), de la lavande ou
Se s o i g n e r 99

du rurnex. Efficace contre les piqûres de de se produire vous débarrassera du man­


moustique, d'abeille, de guêpe, etc. La dou­ chon qu'a sécrété la tique dans votre peau
leur disparaît en moins d'une minute. Une pour se nourrir et qui, sinon, y resterait.
fine épingle de sûreté chauffée 3 secondes Attention, les tiques peuvent transmettre
sur une flamme (d'un briquet pour éviter la certaines maladies : maladie de Lyme (bor-
suie) et plantée sur le site de la piqûre effa­ réliose), fièvre boutonneuse (région médi­
ce également la douleur. Vous pouvez aussi terranéenne), encéphalomyélite (Europe
appliquer de la boue ou de l'argile humide. centrale), etc. Au retour, consultez un méde­
En cas de piqûre d'abeille, n'oubliez pas de cin afin de prévenir tout risque.
retirer le dard, qui risquerait de provoquer
une infection. Piqûres venimeuses : voir page 105.
Si la personne piquée est allergique, vous
pouvez éviter la réaction en chauffant le Coupures, blessures
point de piqûre à environ 60 °C, donc sans
brûler, avec un tison ou un « moxa » (cône Bénignes : nettoyez soigneusement la par­
de feuilles d'arm oise séchées et pulvéri­ tie atteinte, mâchez une feuille de plantain
sées, que les allergiques feront bien d'em ­ et appliquez-la sur la coupure ou la blessu­
porter dans un tube d'aspirine en plus de re, en la maintenant à l'aide d'un spara­
leur médicament habituel). drap. Le plantain contient un antiseptique
Pour vérifier s'il y a choc, prenez le pouls de n atu rel, la sa live aussi. Vous pou vez
la personne toutes les 5 minutes. I ly a dan­ employer de m ême l'achillée millefeuille,
ger quand il dépasse 150 (avec transpira­ les rumex ou la lavande.
tion et pâleur). Donnez immédiatement de Si vous marchez pieds nus et que vous vous
la cortisone ou en homéopathie : blessez au pied, appliquez de la résine sur
Urtica urens 5 CH la blessure : elle évitera, provisoirement,
Apis mellifica 5 CH toute infection.
Trois granules de chaque tous les quarts Profondes : en cas d'hémorragie, trempez
d'heure. la blessure dans de l'eau froide, appliquez
En cas de choc anaphylactique, l'aide d'un un point de pression uniquement au site
m édecin sera nécessaire. Soyez sûr de de la blessure (en amont, on risquerait de
savoir avant de partir si vous souffrez d'une compresser la veine et donc d'augmenter
allergie. l'hémorragie) et gardez le membre élevé. La
bourse-à-pasteur (plante fraîche écrasée
Attention aux tiques : elles sont suffisam­ puis appliquée sur la blessure) ou l'in té­
ment petites pour passer inaperçues avant rieur des vesses-de-loup séchées forme un
de s'être fixées sous la peau par la tête et bon hémostatique.
d'avoir com m encé à se gonfler de sang. N ettoyez soign eu sem en t la b lessu re à
Lorsque vous m archez dans les hautes l'eau, puis désinfectez à l'aid e de Boros-
herbes, les fougères ou les broussailles, tyrol ou d'une teinture alcoolique (voir
vérifiez de temps en temps si vous en avez page 100). Plantain, ail sauvage, alliaire,
récolté : ne laissez pas la douleur vous l'ap­ crucifères piquantes, etc., peuvent servir
prendre. Si une tique s'est fixée, détachez- de désinfectant. A ppliquez ensuite une
la en approchant un tison de son corps plante astringente (rumex, achillée m il­
jusqu'à ce qu'elle retire sa tête. Vous pouvez lefeuille, alchémille... ou bien sûr du plan-
em ployer une pince à épiler ou des bru­ tâMi ] bien mastiquée. M aintenez à l'aide
celles, en tirant sans effectuer de mouve­ d.'un pansement, et changez le tout une
ment de rotation. L'alcool, l'eau très chaude ou deax fois par jour. Laissez cicatriser à
ou une fumée dense peuvent aussi cümvs- l'a ir dès que la blessure a bonne allure.
nir. Si, en tentant de l'arracher, la tête reste, Les plaies importantes, ou contenant des
ce n'est pas bien grave : l'abcès qui risque corps étrangers, doivent être montrées à
100 V i v r e en p l e i n e natu

un médecin aussi rapidement que pos­ ra aussi être utile aux peaux blanches. Pen­
sible. N'oubliez pas non plus les risques dant la marche, gardez une chemise légè­
de tétanos. re, ou au moins un T-shirt. Méfiez-vous
En cas d'infection : nettoyer à fond la particulièrement des premiers soleils de
plaie avec du Borostyrol ou de la teintu­ l'année (manque d'habitude) et de la mon­
re de souci (Calendula) diluée dans de tagne (l'air est frais et l'on ne sent pas tou­
l'eau bouillie tiède. Empêchez que la plaie jours la puissance des rayons solaires).
ne se referme (au besoin, rouvrez-la) et La meilleure prévention consiste à ne pas
drainez-la avec un morceau de gaze, voire vous exposer au soleil ou à porter manches
de chemise (évitez le coton hydrophile qui longues et pantalons : le hâle est peut-être
s'effiloche). Nettoyez régulièrement la très sexy, mais ce n'est pas la peine d'abî­
plaie. En cas de fièvre, de développement mer sa peau pour autant, voire de risquer
des ganglions ou d'infection au visage, des complications (les cancers de la peau
consultez rapidement un médecin. sont en progression constante), d'autant
plus que l'appauvrissement de la couche
Brûlures d'ozone rend les rayons solaires plus agres­
sifs. La mode reviendra peut-être prochai­
Soins : calmez immédiatement la douleur nement aux peaux blanches : soyez à
avec de l'eau froide pendant au moins trois l'avant-garde !
minutes. Lorsque la chaleur a diminué,
appliquez de l'huile de millepertuis (voir Ampoules
page 111 ). Si vous en avez, du miel ou du
vinaigre sont efficaces aussi. Ne percez Elles représentent le problème n" 1 pour
jamais les cloques afin d'éviter une éven­ les randonneurs ! Les ampoules sont créées
tuelle infection. par la friction du pied contre la chausset­
te. La douleur qu'elles provoquent vient de
Coups de soleil leur liquide qui transmet aux nerfs les effets
de la pression.
Il s'agit de brûlures dues à l'exposition pro­ Soins : lavez ou désinfectez la zone entou­
longée d'une peau insuffisamment pig­ rant l'ampoule. Flambez une aiguille et
mentée. trempez un court morceau de fil dans du
Soins : appliquez de l'huile de millepertuis désinfectant (Borostyrol, par exemple). Per­
(voir page 111) sur les parties atteintes. Des cez l'ampoule et glissez-y le fil qui servira de
coups de soleil graves ou étendus peuvent drain, afin d'éviter que l'ampoule ne se
provoquer fièvre, insomnies, fatigue et reforme. Épongez le liquide à l'aide d'un
maux de tête. Le repos s'impose et il fau­ mouchoir propre et placez un pansement
dra boire fréquemment. En cas de fièvre, adhésif pour éviter l'infection et les frotte­
appliquez des compresses froides. ments. Les pansements spéciaux (de colo-
Prévention : il faut faire très attention plast) pour ampoules se montrent très
lorsqu'on s'expose au soleil, car la sen­ efficaces et permettent au « blessé » de
sation de brûlure n'apparaît qu'après l'ex­ continuer à marcher.
position. Une bonne préparation exige Prévention : ne portez que des chaussures
une accoutumance progressive aux adaptées à votre pied, « cassées » de longue
rayons du soleil qui créent un bronzage date, dans lesquelles vous vous sentez
protecteur. comme dans des pantoufles. Mettez de
Si vous avez la peau sensible, étendez de bonnes chaussettes (voir p. 127). La meil­
l'argile diluée en une pâte semi-liquide. leure prévention consiste en des morceaux
Laissez sécher, puis enlevez le plus gros à la de toile adhésive appliqués sur la peau du
main pour ne laisser qu'une très fine couche pied, là où se produiront les frottements.
poudreuse. Une crème solaire filtrante pour­ Il existe contre ceux-ci des « plaques
Se soigner 101

dermiques » à couper à la forme désirée.


Pour certains, il est essentiel de ne pas laver
ses chaussettes tant que dure la marche...
Gare aux odorats sensibles.
N'oubliez pas qu'une seule ampoule dou­ Insomnies
loureuse peut pratiquement vous empê­
cher de marcher ! Causes : environnement différent, manque
de confort, nervosité, etc.
Dermites Remèdes : infusions de valériane (partie
souterraine), lavande, thym, mélisse, hou­
Certaines plantes provoquent par contact blon (cônes), etc. Enveloppez des cônes de
des irritations de la peau chez les personnes houblon dans un morceau de tissu et endor-
sensibles (euphorbes, rue, berce du Cau­ mez-vous sur cet oreiller odorant qui a la
case, etc.). Le panais urticant (Pastinaca vertu d'aider à trouver le sommeil.
sativa ssp. urens) et la berce du Caucase Homéopathie
(Heracleum mantegazzianum) peuvent Coffea cruda 9 CH
même causer des brûlures au second degré, Trois granules au coucher, à répéter en cas
parfois justifiables de l'hospitalisation des de réveil nocturne.
victimes. Prévention : il importe avant tout d'avoir
Soins : dans les cas bénins, appliquez de le confort essentiel et de se sentir en sécu­
l'argile ou de l'huile de millepertuis ; dans rité là où l'on dort.
les cas graves, voir « brûlures » p. 100.
Hypotension
La tête tourne, en particulier lorsqu'on se
lève (ce peut être aussi l'un des symptômes
d'une insolation).
Cause : chaleur, vasodilatation des vais­
Entorse seaux sanguins cutanés et déshydratation,
mauvaise digestion.
Il s'agit de l'élongation ou de la rupture d'un Soins : allongez la personne et donnez-lui
ou plusieurs ligaments suite à un faux mou­ des fruits secs, des galettes, de la bouillie,
vement. La douleur est vive sur le coup, puis des racines, des fruits frais ou tout autre
s'estompe. L'articulation gonfle. aliment riche en glucides. Faites-la boire
Soins : badigeonnez de teinture d'arnica abondamment. Gardez-la au repos pendant
(voir page 112) diluée dans un peu d'eau quelque temps.
(pure, elle risquerait de brûler la peau).
Entourez d'un bandage bien serré et lais­ Hypoglycémie
sez la personne au repos jusqu'à ce
qu'elle puisse de nouveau marcher sans Très rare hormis chez les diabétiques trai­
douleur. Si cette dernière persiste, consi­ tés à l'insuline ou aux sulfamidés hypogly-
dérez qu'il peuty avoir fracture et consul­ cémiants, elle donne des symptômes
tez un médecin. semblables, mais ils ne passent pas en posi­
Prévention : pour éviter les entorses, tion couchée.
il importe de se chausser de souliers mon­ Elle se soigne comme l'hypotension.
tants, dont la tige rigide m aintient la Le célèbre « creux de onze heures » est une
cheville. pseudo-hypoglycémie due à la faim. L'es­
Homéopathie tomac vide est pris de crampes et une bais­
Arnica montana 5 CH se brutale de la pression s'ensuit par choc
Trois granules toutes les deux heures. vagal. La prévention est simple : plutôt que
102 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

des sucres rapides au petit déjeuner (style


baguette-beurre-confiture et café sucré),
mangez des sucres lents (porridge,
bouillies, soupes, pain complet, etc.)
Insolation
Maux de tête (céphalées)
Cause : exposition prolongée au soleil,
Causes : exposition excessive au soleil, entraînant maux de tête, fatigue, nausées,
manque d'habitude du port du sac à dos, vomissements, etc.
mauvaises digestion ou élim ination, Soins : allongez la personne à l'ombre, au
altitude. frais, et appliquez sur sa nuque et son front
Soins : allongez la personne et frictionnez- des compresses froides additionnées si pos­
lui doucement le front et les tempes d'es­ sible d'essence de lavande vraie (ou fric­
sence de lavande, ou de la plante fraîche. tionnez avec la plante fraîche). Vous pouvez
Appliquez sur son front et sa nuque, en également y étendre des cataplasmes froids
alternance, des compresses froides ou d'argile. Faites boire abondamment
d'épais cataplasmes froids d'argile. Cou­ Homéopathie (insolation avec rougeur,
vrez-lui les yeux. Vous pouvez masser déli­ soif, fièvre, agitation) :
catement la tête, la nuque et le visage. Une Belladona 5 CH
connaissance du « do-in » ou du « shiatsu » Trois granules toutes les cinq minutes.
(massages réflexes) s'avérerait utile. Des Prévention : ne vous exposez pas au soleil
infusions de reine-des-prés, de camomille sans vous couvrir la tête et la nuque ; voir
ou de plantes calmantes (voir « insomnies ») « coup de soleil » page 100.
seront utiles. Attention : la pleine lune peut provoquer
Homéopathie : le Cephyl comprend une des « coups de lune » dont les symptômes
faible dose d'aspirine associée à un com­ sont les mêmes que les insolations, mais
plexe homéopathique. Il est généralement sans dégagement de chaleur. Procédez de
bien toléré. même.

Maux d'yeux (ophtalmies)


Causes : soleil trop violent, ou filtré à
travers les nuages, réflexion sur la Il n'y a pas que la température (mesurée par
neige, etc. un thermomètre à l'abri) qui joue un rôle
Soins : mettez la personne à l'ombre et dans le refroidissement du corps : le vent
appliquez sur ses yeux une compresse tiède participe aussi de façon importante à la
imbibée d'une infusion de plantain, de déperdition de calories, comme le montre
camomille ou d'euphraise. Il faut éviter de le tableau ci-dessous. Il est donc essentiel de
se frotter les yeux. toujours bien se protéger du vent, en parti­
Prévention : dans les cas énoncés ci-des­ culier aux basses températures. L'humidité
sus, prenez toujours soin de mettre des est également un facteur impressionnant de
lunettes de soleil à verres filtrants : atten­ refroidissement, qu'il s'agisse d'un vêtement
tion en particulier au soleil voilé et à la mouillé ou simplement d'un taux d'hygro­
neige. métrie élevé. Comme chacun a pu en faire
Si vous n'avez pas de lunettes de soleil, l'expérience en élevant un doigt mouillé pour
un morceau de carton percé de deux chercher d'où vient le vent, la combinaison
fentes, voire quelques brins d'herbe de ce dernier et de l'humidité est redoutable.
devant les yeux comme protection ocu­ Pour avoir moins froid la nuit, faites de
laire peuvent éviter de douloureux pro­ l'exercice et prenez une boisson chaude
blèmes. avant d'aller dormir.
Se s o i g n e r 103

La chaleur se perd : froide, plutôt que de rechercher une source


■par convection : courant d'air au contact de chaleur.
de la peau, d'où vêtements, coupe-vent,
couche grasse sur l'épiderme (on recom­ Gerçures et engelures
mande de ne pas se laver par grand froid) ;
■par conduction : par le toucher, d'où Elles atteignent particulièrement les lèvres.
isolation ; En dehors du froid, un vent desséchant,
■par rayonnement : écart entre la tempé­ courant en montagne, peut les provoquer.
rature du corps et celle de l'air ambiant. Ce Les engelures atteignent surtout les doigts
facteur représente environ la moitié de la (« crevasses ») ou les oreilles.
perte de chaleur du corps, en grande partie Soins : passez une pommade grasse
par la tête, d'où l'intérêt de la protéger cicatrisante (voir page 112).
par un bonnet de laine (« si vous avez froid Prévention : enduisez de cette pommade
aux pieds, mettez un ch ap eau»!); les parties exposées avant le départ.
■par évaporation : par transpiration,
même insensible (au minimum, perte d'en­
viron trois quarts de litre par jour).

Outre les couvertures de survie, qui réflé­ La montagne est l'un des environnements
chissent la chaleur du corps et évitent les les plus « naturels » qui nous restent. Si l'on
pertes de chaleur par rayonnement et ne veut pas s'y trouver confronté trop bru­
convection, il existe des « carrés chauf­ talement, il est indispensable d'être bien
fants », légers, bon marché et réutilisables, préparé, équipé, et de faire preuve d'une
qui atteignent 40 à 50 °C en quelques certaine humilité, qui ne vient peut-être
minutes. Il suffit de les sortir de leur hous­ qu'avec l'expérience. Divers dangers déjà
se et de les agiter quelques instants. À noter évoqués se combinent en montagne, en
aussi un petit « réchauffeur » à combustion toute saison, suivant l'altitude (insolation,
qui se glisse dans la poche ou sous les vête­ ophtalmies dues à la neige, gelures, hypo­
ments. glycémie, etc.). S'y ajoutent des risques spé­
cifiques à l'altitude et au relief.
Onglée ■Au-dessus de 2 500-3 000 m, le « moteur
humain » fonctionne moins bien. Certaines
Elle est due à la vasodilatation qui suit une personnes ont plus de mal à respirer.
forte vasoconstriction des capillaires sous ■ Il y a de grosses différences de tempéra­
les ongles. ture entre le jour et la nuit. D'autre part, la
Soins : trempez les mains dans de l'eau température moyenne baisse de 0,5 °C

Facteur vent/température en ° C
V itesse du ve n t (km/h) In d ices o b serva b les Tem pératures en °C

0 Rien ne bouge 10 5 0 -5 -10

15 Brise sentie sur la peau 5 -2 -8 -14 -20

23 Brise modérée 2 -6 -10 -18 -25

30 Les petites branches remuent 0 -8 -13 -20 -27

40 Forte brise -1 -9 -15 -24 -32

50 Les grosses branches remuent -2 -10 -17 -26 -35

65 Bourrasque -4 -12 -19 -28 -39


104 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

quand on monte de 100 m. de vie complexe passant par un escargot


■ Par ailleurs, plus on monte, plus la nour­ d'eau douce, la limnée, d'où sort une forme
riture et le combustible se raréfient. enkystée invisible à l'œil nu (métacercai-
■ Le temps peut changer très rapidement : re), qui se fixe sur les végétaux aquatiques.
il est facile de se laisser prendre dans un Toutes les plantes poussant dans l'eau ou en
orage ou dans le brouillard. Redescendez des lieux inondés (pas seulement le cres­
ou cherchez un abri dès que vous vous aper­ son !) peuvent être infestées si des rumi­
cevez que le temps va changer. nants paissent ou sont passés à proximité.
■ La foudre est particulièrement dange­ Chez l'homme, l'infestation peut provoquer
reuse en haute montagne. Les surplombs une altération des canaux biliaires et une
rocheux forment un abri très risqué, tan­ atteinte du foie, parfois mortelle. Mais il
dis que les ravins représentent une bonne arrive que des personnes hébergent toute
protection. N'emportez surtout jamais de leur vie des vers sans inconvénient.
matériel en fer, qui attire la foudre. L'échinococcose est provoquée par des para­
■ Les rochers et les glaciers présentent des sites habituels du chien et du renard, de
dangers évidents... et encore davantage. minuscules ténias échinocoques, que leur
Evitez-les de façon absolue. transmettent certains campagnols. L'hom­
■Lorsque vous cheminez le long d'une me s'infeste en consommant des végétaux
pente, soyez toujours conscient de ce qui souillés par les excréments de ces canidés.
pourrait arriver si vous glissiez... Il existe deux types d'atteinte :
■Attention à la neige, qui masque des trous ■Echinococcusgranulosus produit un kyste
éventuels (ponts de neige, corniches, etc.), hydatique, volumineux (jusqu'à 20 cm de
est glissante (névés pentus) et entrave la diamètre), siégeant le plus souvent sur le
marche (fatigue, froid, etc.). foie. Cette forme est particulièrement
■Attention aux avalanches : elles sont par­ répandue dans la région méditerranéenne.
ticulièrement à redouter vers la fin de l'hi­ ■Echinococcus multilocularis provoque éga­
ver et à partir de la fin de la matinée. lement des kystes dans d'autres organes,
■Attention aux baignades dans les torrents ce qui peut être extrêmement dangereux.
ou les lacs glacés, l'hydrocution est pos­ Il est limité à l'Est de la France, à une par­
sible. Entrez lentement dans l'eau et n'in­ tie de l'Auvergne, à la Suisse et à l'Europe
sistez pas si elle est trop froide. centrale (foyer bavaro-tyrolien).
■Attention au vertige, surtout en cas de L'évolution de la parasitose est d'abord très
passage difficile ou dangereux. Asseyez la lente : plusieurs mois s'écoulent avant que
personne et calmez-la. les premiers symptômes puissent être
Homéopathie reconnus. Et ils sont généralement peu spé­
Coca 9 CH cifiques. Le traitement est presque toujours
Trois granules à la demande. chirurgical. La mort peut survenir par suite
du développement excessif des kystes, ou
lorsqu'ils se rompent.
Le kyste hydatique peut s'atrophier spon­
tanément, et il existe des organismes
résistants à l'infestation : des études épidé-
La consommation sans précautions de miologiques dans l'Est de la France ont
plantes sauvages peut, dans certaines révélé un nombre important de porteurs
conditions, occasionner l'ingestion de vers sains.
parasites capables de provoquer de graves Prévention : évitez de consommer crus les
troubles chez l'homme. végétaux poussant dans les cours d'eaux et
Le plus connu est la douve du foie (Fascio- les prairies humides que fréquentent
la hepatica). Hôte habituel des ruminants vaches et moutons. En forêt, méfiez-vous
(pas seulement des moutons), elle a un cycle des plantes poussant près du sol (y com-
105

pris myrtilles etfraises...) que des renards en régression du fait de la réduction de leur
auraient pu contaminer, et renseignez-vous habitat, de leur destruction par les prome­
sur le développement éventuel dans la neurs et de leur capture pour la production
région de l'échinococcose multiloculaire, de sérum. Mais ce sont des animaux utiles
maladie jusqu'ici très localisée. Un trem­ (ils consomment une grande quantité de ron­
page prolongé des végétaux dans de l'eau geurs), protégés par la loi (24 avril 1979). Il
vinaigrée n'est pas suffisant pour détacher est donc interdit de les tuer.
les formes infestantes : la seule solution Les serpents que vous rencontrerez seront
réside dans la cuisson. S'il y a le moindre bien souvent des couleuvres. Bien qu'elles
doute de contamination, la prudence exige puissent vous mordre si vous les manipu­
de faire cuire les plantes suspectes, ce qui lez, elles sont absolument inoffensives. Il
éliminera tout danger. n'est pas toujours facile de les distinguer
N'exagérez pas le problème des parasitoses. des vipères, surtout lorsqu'elles se faufi­
Elles sont relativement rares et pas tou­ lent rapidement dans la végétation.
jours graves. L'échinococcose peut être Voici quelques caractères distinctifs (voir
transmise par les chiens : vous pouvez donc tableau page suivante).
vous contaminer en dégustant les salades Et bien sûr, les vipères possèdent deux cro­
de votre potager ou en caressant un gentil chets venimeux vers l'avant de la mâchoi­
toutou qui n'aurait pas été déparasité puis re supérieure. Mais n'attendez pas d'en
en omettant de vous laver les mains avant faire l'expérience ! L'aspic possède une tête
de manger... de forme nettement triangulaire, mais celle
de la péliade est plus ovale que chez cer­
taines couleuvres. Quant au « V » en arriè­
re de la tête des vipères, il manque bien
^ a»
souvent. La coloration des unes et des
autres est également très voisine.

Serpents
Dans nos régions, il s'agit exclusivement
des vipères, surtout de l'aspic (Vipera aspis)
et de la péliade (V. berus). Deux autres
espèces sont extrêmement localisées : la
vipère d'Orsini (V. ursinii), une petite espè­ Aspic
ce peu venimeuse, dans le Vaucluse et les
Alpes de Haute-Provence, et la vipère des
Pyrénées (V. seoanei) dans les Pyrénées-
Atlantiques (voir carte p. 107).
Les vipères fréquentent généralement les
endroits broussailleux en lisière de bois,
les haies, les éboulis rocheux parsemés de
buissons, en plaine et en montagne (jus­
qu'à 3000 m). La péliade affectionne sou­
vent des lieux plus humides que l'aspic
(prairies incultes, tourbières, landes, forêts
claires), bien que cette dernière se ren­
contre parfois au bord de l'eau. La vipère
d'Orsini est inféodée aux prairies subal­
pines ( 1400-2 400 m) à genévrier nain.
Dans la plupart des régions, les vipères sont
1 0 6 _______________

V ip è re Couleuvre

Corps trapu, queue courte Corps fin, queue longue


Longueur souvent supérieure au mètre
Longueur normalement inférieure au metre , . , . ,
3 (mais pas toujours...)
. . . e t si vous pouvez regarder le serpent de très près :
Plusieurs rangs d'écailles entre la bouche et l'œil Un seul rang d'écailles entre la bouche et l'œil

Plusieurs rangs d'écailles entre les yeux Trois rangs d'écailles entre les yeux

Pupille allongée verticalement Pupille ronde

Précautions à prendre : les vipères ne sont Œdème, peau rouge marbrée de blanc ;
pas agressives. Menacées, elles s'enfuient Tendance à la syncope, vertiges ;
ou se camouflent et n'attaquent que lors­ Divers : nausée, douleurs, angoisses, diffi­
qu'elles sont surprises. Dans les lieux cultés respiratoires, pouls ralenti.
qu'elles fréquentent (éboulis, buissons,
hautes herbes, etc.), n'hésitez pas à faire du Soins
bruit pour prévenir de votre approche, voire ■Évitez d'accélérer le rythme circulatoire et
à battre d'un bâton le sol ou les plantes. la diffusion du venin : couchez la personne
Regardez toujours où vous mettez les pieds en mettant la partie mordue le plus bas pos­
ou les mains, en particulier lorsque vous sible par rapport au reste du corps ; il faut
retournez ou enjambez un tronc ou une pier­ éviter qu'elle marche ou fasse des efforts.
re. En début de saison, ou de matinée, les Rassurez-la, calmez-la : c'est primordial !
vipères, engourdies, sont moins rapides à Sachez d'ailleurs que les venins de serpent
fuir, donc plus dangereuses. Portez de pré­ créent un sentiment d'anxiété. Le fait de
férence des chaussures de cuir et de grosses vous occuper d'elle, en l'apaisant, modére­
chaussettes de laine retournées sur le bas ra l'accélération du rythme cardiaque de la
du mollet, voire des guêtres. Si vous ren­ personne mordue et n'est donc pas sans
contrez un serpent, n'ayez pas peur, vous effet thérapeutique. Donnez-lui à boire si
ne risquez rien en restant calme. elle a soif, mais rien à manger.
Il faut savoir que la morsure de nos vipères ■Puis éventuellement, surtout si cela peut
n'est pas mortelle en elle-même, sauf chez rassurer la personne : frottez sur la bles­
les jeunes enfants : les cas mortels signa­ sure une plante détruisant le venin (genêt,
lés semblent toujours pouvoir être impu­ lavande ou marrube), et laissez-en une
tés à la peur et à l'affolement, ou à des application en place ; si vous n'en avez pas,
efforts physiques, qui font parvenir rapi­ placez une compresse froide.
dement le venin au cœur. Des réactions ■Transportez tranquillement la personne
allergiques mortelles au sérum antiveni­ mordue à l'hôpital le plus proche pour la
meux ont pu également se produire. On cite faire mettre en observation.
également le cas d'un champignonneur Homéopathie
tombé, c'est le cas de le dire, dans un nid de Ledum palustre 7 CH
vipères, qui succomba à une vingtaine de Cedron 7 CH
morsures... Arnica montant 9 CH (contre l'anxiété).
Trois granules toutes les cinq minutes.
Symptômes d'une morsure de vipère
Sensation douloureuse à la morsure, dimi­ 'utilisez pas de garrot -on a toujours ten­
nuant ensuite ; dance à trop le serrer, ce qui est plus dan­
Trace des crochets : deux trous distants de gereux que la morsure elle-même, ni de
6à 8mm; sérum antivenimeux. Un nombre impor­
Se soigner 107

tant d'accidents sont dus à ce dernier (choc


anaphylactique en particulier) entre des
mains inexpertes, il peut être mortel !
D'autre part, il ne reste efficace que si on le
conserve à 4 °C, ce qui est bien difficile à
réaliser en pleine nature.
Le sérum est d'ailleurs de moins en moins
utilisé. Il y a déjà plusieurs années que les
centre^ de réanimation en France ne l'em­
ploient plus.
On lui préfère généralement le système
d'élimination du venin par aspiration. En
France, 1'« aspi-venin » est vendu en phar­
macie. Une firme suisse commercialise un
ensemble (« Venomex ») comprenant un
scarificateur réglable suivant l'épaisseur
de la peau et une pompe à venin, plus un - Péliade (Vipera berus)

calmant, un antiallergique (cortisone) et du | | [ j j Aspic (V. aspis)


calcium comme reconstituant. / / / / Vipère des Pyrénées (V. secanel)
Encore une fois, nos vipères européennes \\\ Vipère d'Orsini (V. ursini)
ne sont habituellement pas mortelles. Ce -~ Vipère de La tasta (V. latastel)
qui suit s'applique en fait davantage aux
morsures de serpents venimeux des
régions chaudes : tout de rester calme !
■Éliminez une partie du venin, en agissant ■De toutes façons, dès que la chose est pos­
rapidement : nettoyez la morsure et prati­ sible, transportez la victime allongée, dans
quez quelques incisions en quadrillage juste le calme, au centre hospitalier le plus
sous la peau ( 1 à 2 mm au plus), avec une proche où elle sera prise en charge.
lame stérilisée (ou système « Venomex »).
Il ne s'agit pas d'aller en profondeur, mais Reste encore une méthode, la fameuse
d'atteindre le système lymphatique, super­ « pierre noire » des Pères blancs, si célèbre
ficiel, où circule une grande partie du venin. en Afrique, où on l'utilise contre les mor­
Attention à ne sectionner ni nerfs, ni ten­ sures de serpents ou de scorpions, les empoi­
dons, ni vaisseau important. sonnements et les infections. Le nombre de
■Aspirez le plus de liquide possible grâce vies qu'elle a sauvées ne se compte plus,
à une seringue aspirante (« aspi-venin », mais elle reste auréolée de mystère... (voir
vendu en pharmacie), dont il est bon d'être encadré pages 108 et 109).
toujours muni ; on peut retirer ainsi un
pourcentage important du venin ! N'aspi­
rez jamais avec la bouche, car il est pro­
bable que vous y avez de petites coupures
par où le venin pénétrerait rapidement
dans votre organisme. La formation d'un Il existe dans nos régions six espèces de
œdème permet l'élimination spontanée par scorpions, principalement dans le Midi. Le
les coupures de lymphe contenant du venin. scorpion jaune (Buthus occitanus) est le plus
La seringue aspirante y aide. grand de tous (de 6 à 8 cm) ; il se rencontre
■Si l'on est démuni de seringue aspiran­ des Ityrénées-Orientales au Vaucluse et aux
te, on peut scarifier la peau et tenter de pres­ Bouches-du-Rhône, sous les pierres plates
ser à l'extérieur le plus de liquide possible. des garrigues, mais il se raréfie. Sa piqûre
Ici encore plus qu'ailleurs, il convient avant est très douloureuse et provoque souvent
108 V i v r e en p l e i n e n a t u i e

un œdème, parfois de la fièvre. Le meilleur contre dans l'ouest de la Provence et en


traitement consiste à appliquer des com­ Languedoc, à l'intérieur des maisons
presses froides pour calmer la douleur. Au (éviers, etc.), dans les décombres, sous les
bout d'un ou deux jours, tout rentre spon­ pierres des jardins, etc. Sa piqûre peut être
tanément dans l'ordre. Ce scorpion est douloureuse, mais elle est inoffensive,
potentiellement dangereux pour les enfants. comme l'est celle des espèces suivantes.
Si vous campez dans la garrigue, secouez Euscorpius carpathicus remplace le précé­
avant de vous y glisser vos vêtements, vos dent plus à l'Est (Alpes de Haute-Provence,
chaussures et votre sac de couchage pour Hautes-Alpes, Var, Alpes-Mariümes...) et en
vous assurer qu'aucun scorpion n'est venu altitude (jusqu'à 2 000 m) ; il est plus cam­
y élire domicile. pagnard et vit rarement dans les maisons.
Le scorpion noir (Euscorpius fla.vicaud.is) Euscorpius italicus ne se rencontre en Fran­
est de petite taille (environ 3 cm) ; il se ren­ ce qu'aux environs de Nice et de Monaco.

La pierre noire des Pères blancs


élèbre en Afrique depuis plus de cent On peut aussi s'en servir en cas de piqûre de
ans, la «pierre noire» est créditée de ver­ scorpions, dont il existe quelques espèces mor­
tus extraordinaires. Et entourée d'une aura de telles en Afrique, ou lors d'une infection. Par
mystère. Écoutez l'histoire suivante, une parmi contre, la pierre noire ne marche pas contre la
tant d'autres... rage ou le tétanos, provoqués par un virus.
L'utilisation en est simple. Il suffit d'inciser l'en'
Dans un petit village au fond de la brousse, droit de la morsure pour faire saigner, puis de
en Ouganda, un cultivateur vient de se faire poser la pierre sur la plaie. Dès qu'elle est en
mordre par un cobra noir. Le reptile gît à terre, contact avec le sang, elle se fixe du fait de son
tué par les villageois : près de trois mètres de extraordinaire pouvoir d'absorption. Elle se
long, de la grosseur d'un bras... Au centre du détachera d'elle-même dès que tout le sang
cercle formé par les hommes, les femmes et possible, mêlé de poison, aura été absorbé.
les enfants, la victime est allongée. Quelques Normalement, une quantité suffisante de venin
minutes plus tard, un homme fend la foule et a été ainsi éliminée de l'organisme du blessé
s'accroupit auprès de lui. Il entaille légèrement pour qu'il retrouve rapidement l'usage de ses
la jambe autour de la morsure puis sort d'un forces et une vie normale.
morceau de tissu un petit rectangle noir qu'il
pose délicatement sur la plaie. Par un phéno­ La pierre peut de nouveau servir après usage.
mène étrange, la pierre noire y reste collée. Il faut la mettre dans de l'eau chaude pendant
L'homme entoure la jambe d'un linge et fait une demi-heure environ. Des pétillements appa­
porter le malade jusqu'à sa case pour qu'il se raissent. Dès qu'ils ont cessé, la pierre est immer­
repose. Il n'y a plus qu'à attendre. gée durant deux heures dans une soucoupe
L'intervenant est le dépositaire d'une des contenant du lait, puis lavée à l'eau fraîche. Après
pierres noires que les Pères Blancs utilisent eux- séchage à l'air, la voici prête à resservir.
mêmes et confient à certaines personnes dans
de nombreux villages africains pour venir en Mais à quoi ressemble donc cette fameuse
aide à la communauté. La pierre est efficace pierre noire? À l'œil, ¡I s'agit d'un rectangle
contre les morsures de serpents venimeux, par­ noir d'environ six centimètres sur deux,
ticulièrement répandus sur le continent noir. forme un peu irrégulière. Si vous la prenez
_ soigner 109

Euscorpius germanicus vit en Suisse. proche parente de la fameuse « veuve


Belisarius xambeui est un scorpion aveugle noire » d'Amérique. On la rencontre en
des Pyrénées-Orientales et de Catalogne, Corse surtout, en Provence, en Languedoc
vivant dans le sol ou les grottes. et en Roussillon. On l'a également signalée
le long du littoral atlantique, en particulier
dans le Morbihan. Elle fréquente les lieux
secs cultivés -vignes, bordures des champs
(à la base des plantes, sous les pierres), ainsi
que les hangars et les granges. Son abdo­
La morsure d'une de nos nombreuses men sphérique noir porte treize taches
espèces d'araignées peut être très dange­ rouge vif bien visibles.
reuse. Il s'agit de la malmignatte (Latro- Malgré la petite taille (de 12 à 16 mm) de
dectus mactans tredecimguttatus), une cette araignée, sa morsure peut entraîner

W)

dans votre main, vous constaterez qu'elle est d'ailleurs problém atique, puisqu'une tem pé­
bien légère pour une pierre... L'objet est dur, rature supérieure à quelques degrés les détruit
on ne peut pas le rayer avec l'ongle. Ses faces, rapidem ent. Et les réactions allergiques aux
lisses au toucher, semblent avoir été limées, ou vaccins sont souvent violentes, causant plus
finement sciées. Curieux, mais la suite l'est enco­ de d égâts que le venin lui-m êm e, ce qui
re davantage. Posez la pierre sur la partie inter­ explique leur abandon progressif en Europe.
ne de votre lèvre : elle y adhère fortement et La pierre noire pourrait bien nous intéresser
se décolle difficilement - et douloureusement. nous aussi.
Ses propriétés absorbantes sont donc bien
réelles, et l'on comprend qu'elle puisse absor­ L'origine de la pierre noire se perd dans la
ber le venin, agissant en quelque sorte comme lég en d e. Un Père Blanc vivan t au C o n g o
une puissante éponge. belge dans les années vingt y aurait rencon­
En fait, la « pierre noire» n'est pas du tout une tré un comm erçant indien installé en Afrique
pierre. Il s'agit d'un morceau d'os taillé qui a depuis longtem ps, qui détenait une recette
été trempé pendant plusieurs mois dans une à base de plantes contre les em poisonne­
décoction de plantes. C'est ce procédé qui lui ments. C e dernier aurait accepté de la révé­
confère sa propriété d'absorber les poisons et ler au Père pour lui perm ettre de soulager
sa couleur noire intense. Les pierres noires sont les populations locales, qui connaissaient de
fabriquées à l'Africanum des Pères Blancs à gros problèm es avec les serpents. Peut-être
Anvers où sont importées les plantes néces­ l'orig in e de la pierre noire se trouve-t-elle
saires à l'im prégnation des os. Le secret est dans la m édecine ayurvédique, ce système
bien gardé et seules quelques personnes le de soins des anciens habitants de l'Inde, vieux
connaîtraient et pourraient préparer ces fameux de quelque trois milliers d'années. Il faut noter
- et utiles - objets. que les charmeurs de serpents indiens se ser­
ven t dans le même but de petites pierres
Utiles? O n pourrait presque dire indispen­ noires qu'ils prétendent provenir de calculs
sables dans les pays tropicaux. Car contre les de grenouilles... Le mystère plane toujours.
différents serpents venimeux, il n'existe pas là-
bas de vaccins, dont la conservation serait
110 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

de vives douleurs abdominales, muscu­


laires (jambes et plante des pieds), une rigi­
dité créant une gêne respiratoire, des
sueurs, de l'angoisse, etc. Elle est même
parfois mortelle (dans environ 3 % des cas Ce sont d'abord les chiens : munissez-vous
estime-t-on, bien que la m ortalité soit d'un solide bâton ou de pierres, s'ils vous
actuellement nulle en Europe) et, de toute menacent, mais évitez toute attitude agres­
façon, le malade met longtemps à se réta­ sive ; dans la plupart des cas, ils se conten­
blir. Il faut rechercher les soins d'un méde­ tent d'aboyer et de vous flairer. Le problème
cin qui traitera les symptômes et injectera de la rage existe dans une grande partie de
du calcium par voie intraveineuse. Dans la France, en Suisse et en Belgique, mais il
certaines régions (en Corse par exemple), n'y a en fait que peu de danger de la part
les accidents ne sont pas rares. La morsu­ des chiens ou des renards ; il est trop sou­
re présente deux trous et n'enfle pas. La vent exagéré. Cependant, si vous êtes
douleur n'est pas immédiate. mordu et qu'il y a une plaie, recherchez le
propriétaire de l'anim al et consultez un
La morsure de quelques autres araignées, médecin.
de plus grande taille que la malmignatte, Ce sont ensuite leurs maîtres armés d'un
peut provoquer douleurs, œdèmes, rou­ fusil : renseignez-vous sur les dates d'ou­
geurs et démangeaisons. Il s'agit principa­ verture de la chasse ; en période de chasse,
lement de la lycose de Narbonne (Lycosa portez des vêtements de couleur vive et
tarentula) - lieux secs en région méditer­ faites-vous entendre de loin ; dans la mesu­
ranéenne, au sol -, du Chiracanthium punc- re du possible, éloignez-vous des groupes
torium - prairies hum ides au sud de la de chasseurs, surtout lors de battues. Atten­
Loire, au sommet des graminées - et de la tion, le danger qu'ils présentent est loin
ségestrie florentine (Segestria florentina) - d'être négligeable : les accidents de chasse
presque toute la France, vieux murs. sont nombreux chaque année !

Lorsqu'elles sont nombreuses (plus d'une Les pages précédentes ne prétendent pas
quarantaine) ou mal situées (dans la bouche se substituer à un manuel de secourisme,
ou la gorge, par exemple), les piqûres qu'il sera indispensable de consulter pour
d'hyménoptères peuvent s'avérer dange­ les premiers soins à donner en cas de brû­
reuses, du fait de leur venin ou de l'œdè­ lures graves, de luxation, de fracture, de
me qui risque de provoquer l'asphyxie coup de chaleur, de gelures, d'hypother­
(dans ce dernier cas, gargarisez-vous avec mie, etc. Initiez-vous au secourisme avant
de l'eau fortement salée). Un choc anaphy­ le départ (il existe des cours de formation).
lactique (pâleur, œdèmes, affaiblissement Dans tous les cas, restez calme, rassurez
du pouls, syncope...) peut résulter d'une la personne concernée et son entourage.
allergie (voir p. 99). Utilisez votre bon sens. Si la situation
Les feuilles de plantain écrasées et frottées dépasse votre compétence, prévenez d'ur­
sur les piqûres, après avoir retiré le dard gence les services de secours. Un télépho­
si c'est le cas, détruisent le venin et soula­ ne mobile peut être utile dans ce cas.
gent la douleur.
111

foré (Hypericum perforatum) pour remplir


un bocal en verre transparent.
■ Couvrez totalement les fleurs d'huile
d'olive et exposez-les au soleil pendant une
Emportez avec vous une petite trousse à semaine ou plus, jusqu'à ce que le liquide
pharmacie qui vous permettra d'agir effi­ soit devenu rouge sombre.
cacement lorsqu'il le faudra. Vous pourrez ■ Passez-les à travers un linge et exprimez
d'ailleurs fabriquer vous-même un grand fortement.
nombre de ses éléments. Et n'oubliez pas ■ Conservez l'huile bien à l'abri de la lumiè­
que la nature vous offre un choix presque re et, pour vos randonnées, remplissez-en
infini de plantes médicinales, et de l'argile de petites bouteilles à fermeture hermé­
à profusion. tique (certains flacons de médicaments en
verre sont idéaux).
Attention : seul le millepertuis perforé peut
produire cette huile. Il existe d'autres
espèces, d'aspect voisin, qui ne transmet­
tront aucune couleur à l'huile. Pour éviter
tout déboire, pressez entre vos doigts une
Plantes médicinales des belles fleurs jaunes de la plante que
Plusieurs ont été indiquées dans les pages vous désirez ramasser : si une goutte d'un
précédentes, pour soigner les affections rouge vineux se forme et que vos doigts sont
signalées. Reportez-vous-y. tachés de pourpre, vous êtes en présence
de l'espèce recherchée. Dans le cas contrai­
re, il est inutile de cueillir ces fleurs.
L'argile Propriétés : cicatrisante, antidouleurs.
Ramassez-en au bord des rivières et des tor­ Utilisations : coups de soleil, brûlures, dou­
rents, en particulier après leurs crues. leurs, massages, etc.
Choisissez-la aussi pure que possible,
exempte de sable ou de graviers. Elle peut Huile composée
êtrejuste de la bonne consistance pour faire
des cataplasmes (crémeuse...), ou plus Aux fleurs de millepertuis, ajoutez des capi­
sèche : délayez-la alors avec un peu d'eau tules de cam om ille (d'une des diverses
(tiède si possible, c'est plus agréable) avant espèces) et de millefeuille, des fleurs de
de l'utiliser. Quelques emplois sont donnés souci et de lavande, des sommités fleuries
dans les pages précédentes. ou des feuilles de thym et de romarin. Cette
huile parfumée se prépare et s'emploie
Certains composants de votre trousse à comme l'huile de millepertuis.
pharmacie, et non des moins importants,
peuvent être préparés par vous-même Teinture de souci
avant le départ.
(ou de « Caléndula »)
Préparation :
■ Ramassez des capitules de souci (Calén­
dula officinalis) et détachez-en les fleurs
orange que vous disposerez dans un bocal
en verre sans les tasser.
Huile de millepertuis ■ Recouvrez les fleurs d'alcool à 90° non
Préparation : dénaturé et laissez macérer pendant 15
■Ramassez en juin-juillet suffisamment jours en secouant environ une fois par jour.
de sommités fleuries de millepertuis per­ ■ Passez-les et exprimez. Conservez et
112 V i v re e n p l e i n e n at im ;

transportez en randonnée comme l'huile Vinaigre d'ail


de millepertuis (voir ci-dessus). Préparation :
Propriétés : désinfectant, cicatrisant. ■ Ecrasez plusieurs gousses d'ail et recou­
Utilisations : coupures, blessures. vrez-les de bon vinaigre.
■ Laissez macérer une semaine, puis fil­
Teinture de lis trez et conservez en flacons hermétiques.
Propriétés : antiparasitaire, désinfectant.
Remplacez les fleurs de souci par des Utilisations : parasites intestinaux (à titre
pétales de lis blanc (Lilium candidum). La préventif et curatif).
préparation, les propriétés et les utilisa­
tions sont les mêmes que pour la précé­
dente.

Teinture d'arnica
Voici une liste des principaux objets qui
Ramassez quelques capitules d'arnica (Arni­ vous permettront de faire face à d'éven­
ca montana) - pas trop, car la plante s'est tuels incidents. Liquides et pommades
raréfiée du fait de ramassages trop abon­ pourront être emportés dans des flacons
dants. Vérifiez d'ailleurs préalablement si sa étanches en verre (médicaments) ; d'autres
cueillette est autorisée là où vous vous trou­ objets trouveront leur place dans des boîtes
vez. Préparez-la comme la teinture de souci. de films en plastique noir ou transparent.
Propriétés : anti-ecchymo tique. Placez le tout dans une boîte en plastique
Utilisations : entorses, contusions - sans rigide de taille adéquate (genre « Tupper-
plaie. ware », par exemple). Une telle trousse est
à la fois légère et efficace.
Baume à lèvres ■ sparadrap en rouleau ;
■ pansements tout préparés, genre « Tri-
Préparation : costéril » ;
■ Faites fondre au bain-marie dans une cas­ ■ coton hydrophile ;
serole de la cire d'abeille purifiée. ■ gaze stérile ;
■ Ajoutez peu à peu, en mélangeant bien, de ■bande élastique (entorses) ;
l'huile d'olive jusqu'à obtention de la consis­ ■ « Borostyrol » (liquide ou pommade) ou
tance désirée : assez fondante, mais pas trop teinture de souci ou de lis (désinfec­
grasse. Pour vérifier, prenez un peu du tant/ cicatrisant ; p. 111);
mélange dans une cuillère, laissez refroidir ■ huile de millepertuis ou composée (brû­
(trempez dans de l'eau froide) et testez. lures, coups de soleil, etc. ; p. 111) ;
■ Retirez le mélange du bain-marie et ajou­ ■ pommade ou teinture d'arnica (entorses ;
tez quelques gouttes d'huile essentielle de voir ci-contre) ;
romarin ou de lavande, remuez bien puis ■ baume à lèvres (gerçures ; voir ci-contre) ;
versez dans de petits pots de verre ou de ■ pompe à venin (Venomex ou aspi-venin;
plastique. p. 107);
Propriétés : cicatrisant. ■ lames de rasoir ;
Utilisations : sécheresse des lèvres, ger­ ■ épingles de sûreté ;
çures. ■ aiguille et fil (contre les ampoules) ;
■ pince à épiler.
Se s o i g n e r 113

Complément éventuel : Il ne vous sera certainement pas possible


■ petits ciseaux pliants ; d'em porter tous les remèdes hom éopa­
■ « Stéristrip » (en cas de coupure ou de thiques cités dans les pages précédentes.
plaie importante, remplace les points de Un m inim u m pourrait être constitué des
suture) ; quatre suivants :
■ boules « Quiès » ou (mieux) « E.A.R. » Arnica montana 5 CH
(lavables) ; (traumatismes physiques)
■ huile essentielle de lavande (blessures, Arnica montana 9 CH
maux de tête, etc.) ; (traumatismes psychiques)
■ antimoustique ou huile essentielle de Apis mellifica 5 CH
citronnelle ; (inflammations, réactions allergiques)
■ suppositoires à la glycérine (constipa­ Belladona 5 CH (congestions).
tion) ; À compléter éventuellement par :
■ plantes médicinales (voir dans le texte, Phosphorus 5 CH (état de choc)
p. 97 à 103); China 5 CH (état de choc)
■ feuilles séchées d'arm oise (pour Ledum palustre 7 CH (morsure de vipère)
« moxas » ; p. 99) ; Cedrón 7 CH (morsure de vipère)
■ cortisone (allergies) ;
■ médicaments homéopathiques (voir dans E n espérant que vous n'aurez pas à sortir
le texte, p. 97 à 107). cette trousse de votre sac à dos...
11A V i v r e en p i e i n e natu r

Le feu qui chauffe les pierres au rouge, achève de se consumer.


Une bonne hygiène est à la base de tout mode de même si vous employez du shampooing.
de vie sain et équilibré. Elle est possible jour­ On aurait d'ailleurs trop tendance à se
nellement, même en pleine nature ! savonner à l'heure actuelle : n'oublions pas
que la peau sécrète une m ince couche
de graisse protectrice qui contient des
substances de défense de l'organism e
(im m unoglobulines). Se laver de façon
excessive avec du savon la détériore.
Vous aurez moins besoin de vous laver
qu'en ville, mais n'hésitez pas à vous trem­
per dans l'eau chaque fois que vous le pou­
vez. En plus d'élim iner la transpiration,
c'est agréable, défatigant et revitalisant, en
particulier, l'eau blanche des torrents, char­ C'est la « hutte à sudation », le bain de vapeur
gée en ions négatifs. traditionnel des Indiens d'Amérique du Nord.
Le savon est généralement inutile, mais, Pour le réaliser, il vous faudra être en place
s'il vous en faut, choisissez du savon de quelque temps et vous trouver impérative­
Marseille de préférence aux savonnettes ment dans une zone et en une saison où le
parfumées. Faites très attention à ne pas feu est autorisé.
polluer l'eau : ne vous savonnez jam ais ■ Choisissez un lieu près d'un cours d'eau
dans le cours d'eau, mais à côté, et rincez- pour pouvoir vous baigner en sortant de la
vous avec l'eau d'une grande gamelle, voire « hutte à sudation ».
d'une gourde, suffisamment loin pour que ■ Au centre d'un cercle d'environ 2 m de
l'eau savonneuse ne s'écoule pas dans le diamètre, creusez un trou de 40 à 50 cm
torrent, le lac ou la rivière ; il en va bien sûr de diamètre sur 50 à 60 cm de profondeur.

Construction d'un sweat lodge

Perches flexibles
liées deux à deux

Pierres

Trou creusé au centre


Début du foyer
116 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

L expérience du sweat lodge


'est aux Etats-Unis, au cours de l'été 1975, envahit l'espace restreint et je me sens entouré
C que j'ai fait l'expérience de mon premier d'une vague de chaleur humide qui rend ma res­
sweat lodge. Ce terme, qui signifie « hutte à suda­ piration difficile.
tion», est assez explicite. Il désigne une structure
en branchages flexibles, généralement recouver­ Mais ce n'est qu'un début. À plusieurs reprises, î
te d'une bâche - ou traditionnellement de terre le meneur, d'un rythme régulier, asperge d'eau les
argileuse - de façon à la rendre totalem ent pierres. L'air se fait plus dense. J'ai chaud, mon :
étanche à l'air et à la lumière. corps ruisselle d'un mélange de sueur et d'eau qui
On la nomme inipi dans la langue des Lakota, les se condense... Pour nous donner du courageJ
plus célèbres des Indiens d'Amérique, générale­ le meneur entame un chant dont je ne comprenm

\
ment connus sous le nom de Sioux et célèbres pas les paroles, sans doute dans une langue
pour leurs tipis et leurs chasses au bison. Ces lieux indienne. Plusieurs personnes s'y joignent et, à
étaient sacrés pour les natifs (en américain poli­ force de l'entendre, je m'y mets également, repro-|
tiquement correct, on ne dit plus iridian, mais duisant aussi fidèlement que possible les sons que ,
native) car, comme les sources chaudes, ils repré­ j'entends. Le fait de chanter m'aide à oublier ¡'in­
sentent la jonction des quatre éléments. Voici confort de la situation. Et les sonorités de ce chant ï
comment je l'ai vécu. sont empreintes d'une force extraordinaire. Leur ;
signification m'apparaît sans que j'aie besoin de
Au centre de la structure, dans le sol, a été creu­ les déchiffrer. C'est un peu comme s'il s'agissait!
sé un trou profond de quelques dizaines de cen­ d'un langage universel qui remonterait aux ori-;
timètres qui recevra des pierres volcaniques gines de l'humanité.
chauffées au rouge dans un brasier dressé à dis­ Puis le chant s'arrête et le meneur cesse ses aspeM
tance respectueuse, en face de l'ouverture de la sions. Il est temps. Je m'étais aplati le plus possible, ]
hutte. Lorsque les pierres, soigneusement brossées amenant ma tête au ras du sol, là où l'air est le!
pour éliminer toute cendre qui fumerait et rendrait moins brûlant, car la chaleur monte. Je voudrais
irrespirable l'atmosphère, ont été délicatement sortir, mais je résiste. Le meneur nous explique
déposées dans le trou, les participants, nus, alors :
entrent à la queue leu leu, dans le sens des - La hutte où nous nous trouvons représente le1
aiguilles d'une montre, et s'asseyent autour du ventre de la Terre-mère, la matrice d'où nous
trou brûlant. Le dernier referme la porte, consti­ venons tous. Les quatre éléments sont réunis ici.
tuée d'un pan de la bâche, et l'assemblée se trou­ La Terre est représentée par les pierres déposées
ve plongée dans une obscurité que parvient à dans ce trou, le feu les a chauffées, l'eau a été ver­
peine à percer la lueur rouge des pierres. Nous sée sur elles et l'air est la vapeur ainsi produite. Le
sommes douze, serrés les uns contre les autres. Ce sweat lodge est un lieu d'énergie, de pouvoir.
n'est pas vraiment le grand confort. Nous pouvons le mettre à profit pour l'évolution
de notre vie : demander quelque chose dont nous
Le maître de cérémonie jette, en offrande, un avons besoin ou abandonner ce qui nous gêne,
fragment d'une plante odorante sur les pierres qui ne nous appartient pas mais que nous traînons
incandescentes. A l'odeur, je reconnais de la avec nous. Dans le sweat lodge nous sommes nus,
sauge blanche. Puis il trempe dans une bassine dans le noir, comme dans le ventre de notre mère.
pleine d'eau un bouquet de feuilles liées ensemble Nous sommes dans le ventre de notre mère la
pour former un goupillon. Il le secoue au-dessus Terre, et lorsque nous en ressortirons, ce sera une
des pierres, sur lesquelles l'eau s'évapore immé­ nouvelle naissance. Mais ceci ne se fera pas sans
diatement dans un brusque sifflement. La vapeur difficultés : on n'a rien sans rien I
: il insiste sur le respect de l'ambiance très parti- bruyamment, nos corps ruissellent abondamment.
\ culière qui règne dans cet endroit spécial et nous La chaleur devient intenable. Enfin, la porte
demande d'éviter tout bavardage. Puis il propo- s'ouvre. Nous sortons l'un après l'autre, comme
, se de faire le tour du cercle et de laisser chacun nous sommes entrés.
s'exprimer de vive voix ou, s'il le préfère, en silen-
¡1 ce. Parler demande du courage car on s'ouvre En contrebas du sweat lodge coule un ruisseau
ainsi aux autres, mais cela permet de profiter du dont le cours a été barré pour former un bassin
! groupe pour obtenir l'énergie nécessaire à la réa­ qui n'est ni large ni bien profond. Nous y plon­
lisation de sa demande. Chaque personne à son geons avec délice. L'eau fraîche apporte à nos
: tour émet un vœu personnel : lâcher, abandon­ corps bouillants un soulagement infini. Au sortir
ner quelque chose qui le gêne et l'em pêche du bain, je me sens envahi par une sensation nou­
d'avancer, pour laisser place à l'ouverture, à la velle de bien-être comme je n'en ai encore jamais
nouveauté, à la vie toujours changeante. Person­ connu. J'ai l'impression de flotter dans la douce
ne ne lui coupe jamais la parole. Après chaque tiédeur dont m'enveloppe la nuit. Mon corps est

; voeu, celui qui vient de parler dit : «J'ai fini» ou souple et reposé, mon esprit serein. Je souhaite
«J'ai parlé» et le groupe conforte cette affirma­ que cet état béni dure pour l'éternité.
tion par le son « om ». Le meneur verse alors de
i. l'eau sur les pierres et la chaleur nous envahit. Il est usuel de faire plusieurs sessions, ou «portes».
Traditionnellement, les Indiens Lakota en font
Il est étonnant, émouvant d'entendre ces hommes quatre, qui correspondent chacune à un élé­
; et ces femmes, dont la plupart ne se connaissent ment. La première concerne le feu, qui repré­
i pas, exprimer des sentiments personnels et pro­ sente le pouvoir ; la seconde a trait à l'eau, reliée
fonds. On pourrait penser à une sorte d'exhibi­ à nos émotions ; la troisième s'adresse à l'air, sym­
tionnisme tant notre culture occidentale, en bole de notre mental ; enfin la quatrième est en
particulier dans notre vieille Europe, nous a tou- rapport avec la terre, que l'on rattache à notre
; jours appris à soigneusement cacher nos émo­ corps. À chaque fois, on remet de nouvelles
tions, à dissimuler aux autres notre monde pierres chauffées au rouge dans le trou au centre
intérieur. Mais ici, c'est avec une grande pudeur de la hutte.
que chacun s'ouvre au groupe, et avec un grand
,, respect que ses mots sont reçus. Je ressens beau­ J'en redemande : je rentre pour faire la seconde
coup de tendresse pour ces gens, qui osent expri­ tournée. Ouf, elle est encore plus chaude que la
mer ainsi, ouvertement et sans crainte, le fond de première, si la chose est possible. Quand j'en
leur sensibilité. sors, l'eau du ruisseau me fait un bien fou. J'y
Bien avant que ce ne soit à moi, je prépare dans demeurerais des heures I En tous cas, je vais en
ma tête ce que je vais dire. Mon coeur bat, je suis rester là. Il doit être près d'une heure du matin.
mai à l'aise : je n'ai jamais exprimé des choses Nous étions entrés dans la hutte peu avant la
intimes devant d'autres personnes. J'en ai peur. tombée de la nuit - calculez donc le temps que
. Lorsque mon tour arrive, je reste quelques minutes nous y sommes déjà restés I
sans rien dire, la gorge nouée. Personne ne mani­
feste d'impatience. Je parviens à énoncer : « Ce Pour pouvoir faire cette expérience dans de
que j'aimerais, c'est pouvoir me relier à la natu­ bonnes conditions, il est indispensable d'avoir
re, n'être qu'un avec toute la création. Voilà mon l'estomac vide et l'esprit léger. Nous avons donc
peu le plus cher. » jeûné depuis le matin. Mais, curieusement, je n'ai
jamais senti la faim. L'excitation sans doute, ou
Après que chacun s'est exprimé, nous chantons peut-être une forme d'énergie plus subtile m'a-
de nouveau, tandis que le meneur verse à tour t-elle nourri... Quoiqu'il en soit, je passe l'une
de bras de l'eau sur les pierres. La vapeur jaillit des meilleures nuits de mon existence.
118 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

■ Sur le pourtour du cercle, plantez en avec respect. J'ai souhaité vous raconter la
terre douze perches flexibles et liez-les au première expérience que j'en ai fait car elle
sommet, à une hauteur d'environ 1,20 m m 'a profondément marquée (voir p. 116).
du sol.
■ Recouvrez hermétiquement la demi-sphè-
re de toiles et de couvertures, de duvets et
d'habits (pour leur éviter d'être trempés,
disposez d'abord, en dessous, des mor­
ceaux de plastique) ou bien de branchages Si vous n'avez pas de brosse à dents, frot-
tressés et recouverts de terre. N'oubliez pas tez-vous les gencives avec le doigt et rincez-
de ménager pour l'entrée une ouverture vous la bouche à l'eau salée. Vous pouvez
que l'on pourra clore. fabriquer une brosse à dents en écrasant
■ Construisez un grand feu (contrairement l'extrémité d'une branchette - comme il est
à notre habitude...) en prenant toutes les courant en Afrique ou en Asie. Le noyer est
précautions nécessaires (p. 51) en interca­ particulièrement prisé en Afrique du Nord
lant avec le bois de grosses pierres qui mais de nombreux bois conviennent.
chaufferont au rouge. N'employez jamais Un bon dentifrice consiste à délayer à la
de pierres de bord de rivière, car elles ris­ consistance désirée de l'argile très pure
quent d'exploser ; les meilleures sont les avec un peu d'eau, puis d'y ajouter du sel
pierres volcaniques. ainsi que quelques gouttes d'essence de
■ Quand les pierres sont à point, sortez-les menthe, de thym ou de romarin et de bien
délicatement du foyer, balayez-les pour en mélanger le tout. Préparez-le avant le départ
retirer la cendre qui rendrait irrespirable et emportez ce qu'il vous faut dans un tube
l'atmosphère du sweat lodge, puis trans­ de médicaments en plastique ou dans un
portez-les à l'aide de solides bâtons four­ tube de dentifrice déjà utilisé, que vous rem­
chus dans le trou central. Faites très plirez par le fond.
attention à ne pas vous en faire tomber une
sur le pied !
■ Entrez u n par un et disposez-vous en
cercle autour du trou. À l'aide d'une bran-
chette feuillue, aspergez d'eau les pierres
brûlantes et commencez à mijoter... Le manque d'intimité, le changement d'ha­
■ Ne restez pas trop longtemps : les mêmes bitudes, l'absence de confort peuvent être
précautions sont à prendre que dans un gênants et provoquer la constipation. Effor­
sauna, avec le danger supplémentaire des cez-vous d'aller régulièrement à la selle et
pierres brûlantes et du noir absolu. Atten­ reportez-vous le cas échéant à la page 98.
tion ! Effectuez l'opération loin de toute source
■ Au sortir de la fournaise, plongez-vous - ou cours d'eau, et loin du campement bien
avec délice - dans l'eau glacée. Bien-être sûr. Creusez un trou dans la mesure du pos­
suprême... sible ou, en tout cas, recouvrez avec des
■ Le sweat lodge est déconseillé aux per­ pierres et de la terre.
sonnes cardiaques ou atteintes de claus­ Si vous n'avez pas de papier, employez les
trophobie, aux femmes enceintes et aux grandes feuilles douces de la bardane, du
enfants de moins de dix ans. Si vous sen­ bouillon blanc, de la digitale (pas de dan­
tez la moindre réticence à y pénétrer, n'in­ ger...), ou d'autres plantes (noisetier, tilleul,
sistez pas. érable, pétasite, tussilage, etc., conviennent
aussi très bien). Attention seulement aux
Le sweat lodge est un lieu très fort, où se feuilles râpeuses. Evitez l'ortie et la feuille
rejoignent les quatre éléments. Il ne net­ de ronce... Des galets arrondis peuvent éga­
toie pas que le corps, à condition de le vivre lement faire l'affaire.
-- »/ hygi ène JJÇ

Mais la meilleure solution est sans contes­ Sont inutiles :


te l'eau : c'est en fait la seule qui permette ■ rasoir (laissez donc pousser votre barbe,
de se nettoyer correctem ent. Elle est c'est naturel !) ;
d'ailleurs presque universellement adop­ ■ déodorants, nécessaire de m a q u illa ­
tée : il est curieux de constater qu'il n'y a ge, etc. (ce n'est pas inutile de le dire : j'ai
qu'en Occident que l'on préfère le papier déjà vu quelqu'un venir en « survie » avec
à l'eau. Il est pourtant bien peu efficace un fer à friser à gaz !).
dans ce domaine... et pas très décoratif
quand il reste sur place ! Emportez plutôt
une gourde avec vous.

Vous n'avez pas forcém ent besoin de


savon : utilisez plutôt de la cendre. C'est
ainsi que procédaient nos aïeux. La terre
Les objets suivants vous rendront service : et l'eau pure nettoient bien aussi. Si vous
■brosse à dents et dentifrice (voir page ci- employez du savon, faites attention à ne
contre) ; pas polluer le cours d'eau (voir p. 115).
■ morceau de savon de Marseille ; Le savon de Marseille est de loin préfé­
■ serviette (mais on peut se laisser sécher rable aux détergents en poudre, fortement
au soleil...) ; polluants. Votre lessive pourra sécher sur
■ peigne ; votre sac à dos, pendant la marche, ce qui
■ tampons hygiéniques ou éponge de mer, est à la fois pratique et... décoratif.
pour les femmes.
120 V i v r e en p i e i n e n a tu r e
Bien s'équiper est à la fois primordial et Votre sac doit être m uni d'une armature
délicat : être sous-équipé peut transformer (en S, épousant mieux le dos qu'une arma­
votre séjour dans la nature en un cauche­ ture rectiligne), interne ou externe.
mar parfois dangereux; être suréquipé Les sacs à armature interne, semi-rigide,
implique un sac à dos trop lourd pour être préférés en Europe, sont compacts et faciles
agréable et tend à empêcher un bon contact à transporter en voiture ou en train. Il faut
avec ce qui vous entoure. Il faut avant tout généralement tasser le duvet à l'intérieur
bien dormir, bien marcher, ne pas avoir du sac, ce qui prend beaucoup de place.
froid et ne pas être mouillé, le reste est sub­ Pour une bonne ventilation dans le dos, la
sidiaire. sangle transversale doit être bien tendue.
En remplissant votre sac, soupesez chaque Certains sacs emploient comme armature
objet et posez-vous la question : « En ai-je une plaque de mousse amovible pouvant
vraiment besoin ? »... Pour vous en assu­ servir comme matelas de bivouac.
rer, tentez cette expérience : en revenant de Les sacs à armature externe ou à claie, les
votre randonnée, disposez tout votre maté­ plus appréciés en Amérique, permettent
riel en trois tas suivant que vous vous en de bien répartir une charge plus lourde,
êtes servi tous les jours ( 1), occasionnelle­ portée plus haut : le corps reste droit et se
ment (2) ou pas du tout (3). Quand vous fatigue moins, mais il y a risque de désé­
repartirez, vous saurez quoi prendre (le quilibre sur terrain irrégulier. Ils sont très
tas 1 et éventuellement le tas 2, plus de logeables et assurent une bonne ventilation
toute façon la trousse de pharmacie) et quoi dans le dos. Le duvet s'accroche facilement
laisser. sur l'armature, mais il est à l'extérieur et
Une fois rempli, pesez votre sac à dos : si le doit être protégé efficacement contre la
rapport de son poids au vôtre est de 1 à 6, pluie et les branches qui risqueraient de le
il est léger; de 1 à 5, il convient encore ; de déchirer.
1 à 4, il est trop lourd. Souvenez-vous qu'on Un sac à dos n'estjamais vraiment étanche,
est (presque) toujours trop chargé ! même s'il est fabriqué en nylon enduit : les
coutures fuient toujours. On peutles imper­
méabiliser avec un produit spécial, mais
prenez soin d'emballer vos affaires dans
des sacs en plastique (non troués...), que
vous placerez dans de grands sacs pou­
Choisissez un sac de « randonnée cam­ belles si la pluie risque d'être votre com­
ping » (à poches extérieures) ou de « mon­ pagne fidèle.
tagne » (haut et étroit, généralement sans Pour accéder facilement aux différents
poches), d'une contenance de 50 à 100 1. objets, votre sac devrait posséder plusieurs
Les sacs « promenade » sont trop petits ; les compartiments et des poches extérieures
sacs « escalade », inutilement spécialisés. (sur les côtés, par devant et au-dessus sur le
Le choix est grand. Appréciez avant tout la rabat). Pour le remplir, deux critères : la
forme, le confort, la capacité et les réglages. répartition de la charge (placez les objets
122 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

lourds le plus près possible du dos, assez


haut - sauf en terrain accidenté où il faut Couture
abaisser au m axim um le centre de gra­
vité -; équilibrez à gauche et à droite) et la
fréquence d'utilisation (placez les vête­
ments de rechange au fond, ficelle, bous­
Capitonnage
sole et allumettes dans une poche, etc.).
Enfin, n'oubliez pas de régler les bretelles
et d'utiliser la ceinture qui évite que le sac
ne brinquebale et transfère une partie du
poids des épaules aux hanches. Pour les
plus petits objets, il existe éventuellement Semi cloisonnement En carré

des poches qui se fixent à la ceinture ou aux


bretelles du sac.

Bien reposé, vous pouvez tout affronter


alors qu'une nuit blanche rend difficile la
moindre chose : un bon sac de couchage
est indispensable. Choisissez-le en fonction
du lieu et de la saison : en montagne ou en
hiver, il doit être le plus chaud possible,
mais, dans les régions chaudes en été, il
faut éviter de transpirer toute la nuit. Il vaut Cloisonnement
quand m êm e mieux avoir un peu trop
chaud plutôt que trop froid...
Un sac léger plus un sac moyen permettent même capacité d'isolation, un sac de cou­
trois combinaisons pratiques : léger et chage en duvet est donc généralement moins
moyen, en les utilisant séparément, ainsi lourd qu'un sac en synthétique. Mais, s'il est
que très chaud lorsqu'on glisse le sac léger mouillé, il perd 80 % de son pouvoir isolant
dans le moyen. et met très longtemps à sécher. Il ne faut
jam ais le laver avec un détergent, qui
Garnissage dépouille le duvet de ses huiles, à la base de
ses qualités.
À poids égal, les meilleures qualités de duvet Outre son poids, un sac de couchage garni
sont plus chaudes que les fibres synthétiques de fibres synthétiques est beaucoup plus
(polyester, thinsulate, hollofil, etc.). Pour une encombrant qu'un sac en duvet, ces maté­

Épaisseur du garnissage en fonction de la température extérieure


Pour bien dormir
5 °C 0 °C - 5 °C - 10 °C
par une température de *

La couche de gonflant
4-5 cm 4,5-5,5 cm 5-6 cm 6-6,5 cm
doit être de

* Diminuez de 2 °C si le sac est muni d'une cagoule, 5 °C si vous dormez sous tente.
L 'é q u ip e m e n t ] 2.3

riaux étant peu compressibles. Sa capacité faudrait pas utiliser de tissu imperméable,
d'isolation diminue avec le temps, surtout sous peine de transformer le sac de cou­
si on l'expose à la chaleur (soleil, séchoir). chage en bain de vapeur - même le Gore
Il reste par contre isolant une fois mouillé Tex est à proscrire, car l'eau se condense à
et sèche rapidement. On peut le laver en l'intérieur du sac du fait du froid extérieur.
machine. E nfin - ce n'est pas le moins
important -il est nettement moins cher que Forme
le duvet.
Une solution intéressante consiste en un Il existe deux grands types de sacs.
sac garni d'une couche épaisse de duvet Les sacs rectangulaires, ou « couvertures »,
sur le dessus et d'une mince couche de s'ouvrant sur deux côtés, peuvent être
fibres synthétiques en dessous : tel quel, il ouverts pour servir de couverture à la mai­
est chaud et confortable (la fibre synthé­ son. Ils ne sont jam ais très chauds et sont
tique, peu compressible, formant matelas, à réserver pour l'été en plaine. La chaleur
contrairem ent au duvet qui s'écrase) ; du sac peut être réglée par la fermeture
retourné (la couche de synthétique en des­ éclair s'ouvrant depuis le haut ou le bas
sus), il convient pour l'été, et demeure iso­ du sac.
lant même mouillé. Les « sarcophages », plus ajustés, donc plus
La chaleur d'un sac de couchage dépend de légers, sont plus chauds (l'air ne circule pas
la couche du garnissage. autour du corps et ils sont m unis d'une
Le poids du duvet d'un sac est une bonne cagoule) mais aussi plus encombrants. La
indication des températures qu'il permet fermeture éclair ne prend généralement
d'affronter. qu'un seul côté. Il est souhaitable qu'elle
soit doublée à l'intérieur par une bande de
Confection tissu évitant les courants d'air et le contact
avec la glissière ; cette dernière sera de pré­
Pour être réparti équitablement sur toute la férence en nylon, à spirale (elle ne s'ac­
surface du sac, le duvet doit être maintenu croche pas et est plus fiable qu'une glissière
en place par des coutures ou des cloisons. en métal). Le sac devrait posséder un
On emploie les techniques suivantes : emplacement pour les pieds, pour éviter
■ capitonnage : la déperdition de chaleur
au niveau des coutures est importante ;
n semi-cloisonnement : la forme en « V »
est préférable ;
■ cloisonnement : il s'agit pratiquement de
deux sacs capitonnés emboîtés l'un dans
l'autre. C'est la formule la plus efficace
contre le froid. éclair
Les fibres synthétiques peuvent être fixées Sac rectangulaire
par capitonnage (avec déperdition de cha­ (forme couverture)
leur aux coutures) ou sous forme de plaques
Fermeture
rivées en place.

Tissu
Le sac peut être fait de coton ou de nylon. Si
le premier est plus agréable au toucher, il
est de 50 % plus lourd que le nylon et absor­
be facilement l'eau. Le nylon résiste mieux Sac sarcophage
à l'eau tout en laissant passer l'air : il ne
124 V i v re en p i e i n e nature

qu'ils ne compriment l'isolant en l'étirant. sez-le en coton extensible (très doux et


Il existe aussi des « pieds d'éléphant », sacs agréable) ou en soie (léger, peu encom­
très courts dans lesquels on ne rentre que brant, très chaud... et cher). On peut facile­
jusqu'à la taille, le haut du corps étant pro­ ment le fabriquer soi-même, mais pensez
tégé par une veste de duvet. ày adapter une cagoule. Il prolongera la vie
Les duvets rectangulaires et certains sar­ de votre sac de couchage car vous n'aurez
cophages peuvent être transform és en plus à nettoyer que très rarem ent ce
biplaces par jumelage de deux sacs dont les dernier.
glissières correspondent.

Utilisation et entretien
Sortez le sac de son enveloppe quelques Si vous n'avez rien d'autre, vous pouvez
heures avant de vous coucher pour qu'il ait étaler vos vêtements sur le sol, y compris
repris tout son gonflant. Isolez-le du sol par vos rechanges. C'est la formule la plus légè­
une feuille de plastique, un poncho ou un re, et elle peut être suffisante. À l'autre
matelas en mousse. Enveloppez-le dans de extrême, les matelas pneumatiques, dont
grands sacs poubelles pendant la marche les plus légers dépassent les deux kilos, sont
pour l'isoler d'une pluie éventuelle. à proscrire. L'équilibre est réalisé par les
Le matin, il est humide à cause de la trans­ matelas en mousse (polyéthylène, polyvi-
piration et parfois de la rosée, aérez-le et nyle) à cellules fermées, dont le poids est
ne le roulez qu'au dernier moment. Lors tout à fait acceptable.
des pauses, exposez-le au soleil s'il n'est Les pieds n'ont pas besoin de reposer sur
pas parfaitement sec. Chez vous, sortez-le le matelas, ce qui dim inue d'autant son
de son enveloppe et suspendez-le : il s'abî­ encombrement et son poids, qui devrait se
me à force d'être comprimé. situer aux alentours de 400 g. Ils isolent
Un sac de duvet peut se laver à l'eau tiède, efficacement du froid du sol (même de la
de préférence sans savon. Ne l'essorez pas neige), de l'hum idité, des cailloux et des
et laissez-le sécher plusieurs jours. Un sac brindilles. Le polyvinyle est plus lourd, plus
en fibres synthétiques peut se laver en durable et plus facile à rouler. Le polyéthy­
machine à l'eau tiède. Ne faites jamais net­ lène est plus léger, plus fragile et moins
toyer à sec votre sac de couchage, à moins cher.
de le confier à un spécialiste. Il existe aussi de petits matelas en mousse
On peut éventuellement utiliser un sac de à cellules ouvertes, plus épais (environ
couchage formé de deux couvertures de 3 cm), creusés en dessous en forme de com­
survie en nylon aluminisé doublé de tissu partiment à œufs. Ils ne sont guère plus
absorbant (bleu). Ces sacs ont l'avantage lourds que les précédents (pour une taille
d'être ultralégers et de ne pas prendre de plus courte) et offrent davantage de confort.
place, mais ils condensent désagréable­ On trouve encore de mini-matelas auto-
ment. Pour mieux laisser passer l'air, on gonflants très confortables, mais assez
peut y percer des trous. Ce type de sac lourds et chers.
n'offre qu'une solution provisoire. Chose importante : un matelas protège le
sac de couchage contre la poussière, l'hu­
midité et l'abrasion. Comme du sac à vian­
de, il devient difficile de s'en passer.
Transportez-le roulé, serré à l'extérieur de
votre sac, ou roulez-le très large à l'inté­
'est un drap en forme de sac que l'on glis­ rieur, le long des parois et entassez vos
se à l'intérieur du duvet pour le protéger affaires dans ce tube. L'armature souple de
et augmenter chaleur et confort. Choisis­ certains sacs à dos peut servir de matelas.
é q u i p e me m 125

modèles pour pouvoir en discuter ici. Consul­


tez un catalogue spécialisé.
Si vous partez seul, une tente-tube en nylon
peut rendre service, mais elle condense
Le plus simple est d'en fabriquer un en h o rriblem e nt, ne tient guère dans les
plaçant soigneusement quelques habits de grosses pluies et se mouille à l'intérieur
rechange dans un T-shirt en coton. lorsqu'on la replie sans avoir pu la faire
sécher. Et il faut pouvoir l'accrocher à deux
supports. Une tente individuelle en Gore-
Tex est nettement supérieure (elle n'est pas
censée condenser et se monte partout),
mais son prix l'est aussi.
S'il fait beau, nous dormons à la belle étoi­ Une solution satisfaisante : le sac-bivouac en
le ; s'il pleut, nous nous protégeons d'une Gore-Tex enveloppant le sac de couchage
toile de plastique ou de nylon ou d'un double- pour le protéger de la pluie, sans conden­
toit de tente, plus léger et moins étouffant sation intérieure. Il n'est pas donné, et il
qu'une tente fermée (voir p. 80 à 83). Mais faut imperméabiliser les coutures (avant
si vous comptez partir en haute montagne usage, puis au moins une fois par an) - ce
au-dessus de la limite des arbres où, même qui est d'ailleurs à conseiller aussi pour les
en plein mois d'août, il gèle parfois et où de tentes.
violents orages sont à craindre, une tente
peut s'imposer. Il en existe de trop nombreux

Confection d'une moustiquaire


Il n'y a pas toujours besoin d'aller sous les
Cousez ensemble les trois lais
Tropiques pour passer une nuit blanche à
suivant les flèches ; cousez un lien
à chacun des quatre sommets. cause de ces suceurs de sang. Et une mous­
tiquaire est suffisamment légère et facile à
fabriquer pour pouvoir regretter de ne pas
en avoir emporté !
Procédez comme sur la figure, avec une
toile à moustique, à mailles très fines. Choi­
sissez des dimensions assez importantes -
peut-être accueillerez-vous quelqu'un sous
votre moustiquaire -, le poids n'en souffri­
ra guère. Souvenez-vous que le bas doit traî­
ner au sol pour qu'aucun insecte volant ne
puisse y pénétrer. Suspendez la mousti­
quaire aux quatre coins, en la manipulant
avec précaution pour ne pas la déchirer
(attention aux brindilles et aux ronces), et
bonne nuit !

Ce sont l'u n des éléments essentiels de


l'équipement. Pour marcher longtemps et
sûrement, les chaussures doivent tenir le
pied, la cheville en particulier, et y être
126 V i v r e en p l e i n e nature

p arfaitem ent adaptées, sans être trop En ce qui concerne le prix, mieux vaut payer
lourdes. Il faut aussi qu'elles soient imper­ deux fois plus cher des chaussures qui dure­
méables... tout en laissant passer l'air, ront 5-6 ans qu'une autre paire qui n'en
sous peine d'offrir à l'utilisateur un bain durerait que deux. Les chaussures bon mar­
de pieds perpétuel. ché sont rarement de bonnes affaires. Quant
Choisissez des chaussures en cuir de bonne au poids, comptez environ deux kilos.
qualité : la « fleur », partie extérieure de la Pour plus de confort, pensez à mettre une
peau, est plus résistante et plus étanche que semelle intérieure en mousse et, pour choi­
la « croûte », partie intérieure, de moindre sir la taille, n'oubliez pas que vous utiliserez
valeur, qui a tendance à se déformer et s'im- de grosses chaussettes de laine. Pensez à
perméabilise difficilement (dans un « cuir emporter une paire de lacets de rechange.
sur chair », la fleur est à l'intérieur pour
résister à l'abrasion ; ne confondez pas avec Entretien
une « croûte », même si l'aspect extérieur
est semblable). Les chaussures demandent à être réguliè­
La tige doit monter au-dessus des malléoles, rement enduites d'une graisse adéquate
pour maintenir la cheville dans les descentes qui nourrit le cuir et l'imperméabilise. Mais
ou les éboulis et éviter les entorses. Elle se des graissages trop fréquents amollissent le
terminera au sommet par un col à coussinet, cuir, de même que l'utilisation d'huile (des
rembourré, pour ne pas blesser la cheville et chaussures trop souples tiennent mal le
empêcher de petits cailloux d'entrer. pied). Ne saturez pas le cuir et essuyez l'ex­
La semelle, en caoutchouc, de type cès. Graissez les coutures avec une brosse
« Vibram », doit être semi-rigide (proscri­ à dents (ou étanchéifiez-les avec un produit
vez pour la marche les chaussures d'esca­ spécial).
lade à semelle armée rigide), durable et Lorsque les chaussures sont sales, nettoyez-
posséder un relief bien marqué, les ren­ les avec un chiffon humide (voire en les
dant antidérapantes. Elle peut être cousue brossant sous le robinet si elles sont ter­
à la partie supérieure (empeigne) de cuir reuses) et faites-les sécher lentement, loin
ou moulée et collée, ce qui élimine les pro­ de toute source de chaleur directe.
blèmes d'étanchéité au niveau des cou­ S'il risque de pleuvoir fréquemment, ou si
tures, m ais empêche le ressemelage - la rosée est forte, emportez une boîte de
d'ailleurs, les coutures peuvent être étan- graisse, un chiffon et une brosse à dents
chéifiées avec un produit spécial. Une nou­ (les chaussures doivent être graissées de
velle technique : la chaussure sans couture frais pour résister à une matinée de marche
avec chausson amovible matelassé anti- dans de l'herbe mouillée).
transpirant, parfaitement étanche, mais En cas de transpiration excessive des pieds
lourd et cher. ou si vous avez les chaussures mouillées,
Choisissez vos chaussures p a rm i les bourrez-les d'herbes sèches (ou de papier
modèles « marche randonnée » ou « gran­ journal) quand vous les retirez.
de randonnée ». Les chaussures « montagne, S'il gèle fort, mettez vos chaussures dans
glace, escalade » sont trop rigides. Pour une votre duvet pendant la nuit pour éviter
randonnée tous terrains, évitez les bottines qu'elles ne vous blessent les pieds le len­
de toile ou de nylon, très légères mais trop demain.
souples et trempées à la moindre averse.
En Gore-Tex, elles sont imperméables, mais
ne tiennent pas non plus la cheville. Évitez
aussi les « rangers », à tige très haute : ils
tiennent remarquablement la cheville, mais
sont gênants en terrain accidenté. À réser­
ver pour le sentier en plaine.
L'équipement

lies doivent assurer le confort du pied en Le corps nu est à l'aise entre 22 et 3 7 °C. Au-
l'isolant de la chaussure, en lu i tenant dessus, il doit éliminer de la chaleur, par
chaud lorsqu'il fait froid et en absorbant sa la transpiration ; au-dessous, les vêtements
transpiration. Une paire ou deux ? Cela sont nécessaires pour le réchauffer. Portez
dépend surtout de votre préférence. Avec de préférence plusieurs épaisseurs minces
deux paires, une partie des frottements, qui permettront facilement de trouver la
générateurs d'ampoules, est éliminée, le tenue adaptée aux conditions du moment,
confort est accru et la chaleur aussi (c'est tout en créant entre chacune une couche
un avantage en hiver, et pas forcément d'air isolante.
désagréable en été, tant que la transpira­ Parmi les tissus, le coton est idéal par temps
tion est convenablement absorbée). chaud car il est agréablement rafraîchis­
Mais il est indispensable que la chaussure sant, mais il faut l'éviter par temps froid,
soit assez large afin d'éviter que le pied ne ou si le vêtement risque d'être mouillé, à

*
se trouve comprimé. La chaussette inté­ moins de pouvoir en changer rapide­
rieure, fine (socquette), sera en laine ment. La laine est chaude et isolante,
mélangée (30 % de synthétique : la laine même lorsqu'elle est mouillée, mais
seule rétrécit au lavage). Pour l'hiver, la elle laisse passer le vent. Elle absorbe
soie est très chaude et peu épaisse (on rapidement, puis dissipe l'hum idité et la
en fait de fines socquettes), mais chère ; transpiration. Elle doit être mélangée avec
pour l'été, l'oléfine, une fibre synthétique, une fibre synthétique sous peine de rétré­
transfère la condensation à la chaussette cir au lavage. La laine peignée est plus
extérieure. Pour celle-ci, pas d'hésitation, dense et plus fine. La soie est excellente
une grosse laine (non désuintée si pos­ (fine, absorbante, isolante, chaude, etc.),
sible), mélangée de synthétique pour éviter mais elle est chère et peu durable.
qu'elle ne rétrécisse. Si vous optez pour Les vêtements en synthétique sont à pros­
une seule paire de chaussettes, il existe un crire : ils sont généralement désagréables,
mélange laine +soie extrêmement confor­ voire irritants s'il s'agit de sous-vêtements.
table et chaud, mais qui s'use rapidement En revanche, ils sèchent rapidement, sont
au frottement. durables et légers. Mélangées aux fibres
À proscrire : les chaussettes en nylon ou à naturelles, les fibres synthétiques (nylon,
dessin fantaisie pouvant irriter le pied. S'il polyester, rayonne, aciylique, oléfine, etc.)
y a des coutures à l'intérieur, retournez les leur confèrent un peu de ces qualités. Choi­
chaussettes à l'envers. sissez si possible des couleurs s'accordant
Choisissez des mi-bas (25-35 cm), bien ajus­ avec votre environnement (évitez le vert
tés à votre pied (trop petites, les chaussettes acide ou le rouge fluorescent...).
compriment le pied ; trop grandes, elles
font des replis qui peuvent blesser). Repliez- Suivant le temps, vous porterez :
les sur les chaussures par beau temps, ■ u n T-shirt (coton), éventuellem ent à
dépliez-les s'il fait froid ou s'il pleut. mailles s'il fait chaud. Faites-le sécher au
soleil pend ant les pauses si vous avez
Lors d'arrêts prolongés, faites sécher vos transpiré au cours de la marche ;
chaussettes au soleil. Lavez-les fréquem­ ■ une chemise (coton, flanelle, laine) ou
ment, puis séchez-les soigneusement, pour une chemisette à manches courtes (atten­
éviter irritations et ampoules. Ne portez tion aux coups de soleil) ; une chemise légè­
jamais de chaussettes mouillées, Ayez tou­ re, à manches longues, portée seule et
jours un nombre suffisant de rechanges. ouverte peut être idéale par temps chaud ;
128 V i v r e en p l e i n e nature

■ un chandail léger (laine) s'il fait frais. Atta­ Par temps très froid, portez ou emportez :
chez autour de votre taille chemise et chan­ ■ des sous-vêtements de laine (+ synthé­
dail pendant la marche si vous avez trop tique). S'il vous irritent, mettez du coton
chaud ; contre la peau et par-dessus un T-shirt à
■ un slip (coton). Pour plus d'aisance, choi manches longues en laine et un collant
sissez slips et T-shirts légèrement trop (laine + soie). Mais attention à la transpi­
grands et lavez-les de préférence au savon ration : au cours d'un effort prolongé, n'at­
de Marseille qui ne risque pas d'irriter ; tendez pas pour retirer des couches ! ;
■ un chapeau léger en coton, genre « bob », ■ une chemise de laine, et plusieurs chan­
ou un foulard noué sur la tête vous servi­ dails pas trop gros. N'oubliez pas : plusieurs
ront à atténuer l'ardeur du soleil ; couches minces sont plus chaudes qu'une
■ dans les poches, vous aurez mouchoir, seule épaisse. Les vêtements en « fibre
allumettes et canif ; polaire », aussi chaude et deux fois plus
■ un pantalon ou short (coton), suivant légère que la laine, sont agréables au
la température et le terrain traversé. * toucher (on peut les porter à même la
Vous fabriquerez un short à peu de frais peau). Ils ont l'avantage d'éliminer la
dans un vieux pantalon, ou bien utilisez un transpiration vers l'extérieur et de sécher
flottant d'athlétisme. rapidement. Portés seuls, ils protègent jus­
Evitez les jeans, trop serrés, trop raides et qu'à 0 °C ;
horriblement désagréables lorsqu'ils sont ■ un pantalon de laine, plus ou moins épais
mouillés. Les pantalons en velours côtelé suivant le froid, ou des knickers de laine ;
sont plus souples et généralement solides, ■ de grosses chaussettes de laine (attention
mais ils sèchent lentement. Les tissus exten­ à ne pas comprimer vos pieds : vous obtien­
sibles sont confortables et sèchent rapide­ driez le contraire de l'effet désiré !) et, si
ment. Choisissez vos pantalons larges : ici, possible, des socquettes de soie à l'intérieur
le confort prime sur l'élégance. Les knic­ (ou des chaussettes laine +soie). Vous pou­
kers peuvent être pratiques, mais ils ne doi­ vez glisser dans vos chaussures une semel­
vent être ni trop courts, ni trop longs pour le isolante en feutre ;
ne pas gêner aux genoux et jamais trop ser­ ■ une veste de duvet (« doudoune ») ou de
rés (gare aux varices). S'il fait chaud, les fibres synthétiques (hollofil, thinsulate).
chaussettes rabattues sur les chaussures Ces dernières sont beaucoup moins fragiles
laissent les jambes nues. et surtout ne craignent pas l'humidité. La
veste de duvet est lourde, chère et encom­
À emporter, rangés dans des sacs en plas­ brante, mais si agréable... ;
tique (non troués...), au cas où il pleuvrait : ■ éventuellement, un foulard de soie ;
■ rechange d'un T-shirt, une chemise, deux ■ un bonnet de laine ou une cagoule (ou le
slips, un pantalon ou un short, deux paires capuchon de la veste de duvet) ;
de chaussettes, deux mouchoirs, un ou deux ■ des gants de laine (avec peut-être des
chandails de laine (un fin et un épais). Un sous-gants en soie, très fins, à l'intérieur) ou
maillot de bain n'est pas nécessaire, car, des moufles -les doigts s'y réchauffent les
en pleine nature, le naturisme est généra­ uns les autres, ce qui n'est pas le cas avec
lement spontané ; les gants.
■ éventuellement, une paire de chaussures
très légères pour reposer vos pieds pen­ A in si équipés, vous pourriez (presque)
dant le bivouac du soir : « tongs » en plas­ affronter l'hiver dans l'Himalaya ! Comme
tique, espadrilles ou m ocassins, ces ce ne sera sûrement pas le cas, prenez soin
derniers étant pratiques et faciles à faire de ne pas trop vous couvrir, du moins pen­
soi-même. dant la marche : vous risquez d'être vite en
sueur et de désirer vous découvrir à la pre­
y
%
mière halte, une excellente solution pour
L'équipement 129

vous enrhumer ! Gardez donc les vêtements attention aux coutures), la cape de pluie
les plus chauds pour l'arrêt, en particulier connaît un succès justifié, en particulier les
pour le bivouac du soir. Rappelez-vous modèles permettant de couvrir le sac à dos.
qu'en montagne tous les types de temps Mais, si elle est trop courte, l'eau s'écoule
peuvent se rencontrer au cours de la même sur le pantalon, qu'elle trempe rapidement ;
journée : même en plein été, il est judicieux trop longue, elle gêne la marche..., et l'on
d'emporter des vêtements d'hiver. passe de l'un à l'autre sans transition vrai­
S'il vous arrive d'être pris par un froid ment acceptable.
intense sans avoir d'équipement adéquat, Choisissez une cape munie d'une ceinture
intercalez plusieurs épaisseurs de papier pour minimiser l'action du vent. Attention
journal entre chemise et chandail. C'est un à la végétation dense. Il existe de petites
excellent isolant... m ais encore faut-il capes permettant juste de recouvrir le sac
emporter un journal. à dos. Cette formule peut être intéressante
avec un parapluie.

Vous pouvez aussi porter une veste en


Gore-Tex. Le Gore-Tex est un tissu à pores
d'environ 0,2 micron, laissant passer l'air
Abritez-vous sous un parapluie ! Ce digne mais non l'eau. Parfaitement étanches tout
instrument soulève en général l'hilarité... en permettant d'évacuer la transpiration,
jusqu'à ce qu'il pleuve et qu'en marchant, ces vestes semblent proches de l'idéal. Mais
les modernes porteurs de capes ou autres elles sont fragiles et vraiment très chères.
cirés aient suffisamment transpiré à l'inté­ Il existe également des pantalons en Gore-
rieur de leurs vêtements étanches (à l'air Tex possédant les mêmes avantages.
autant qu'à l'eau...) pour être aussi trempés
que s'ils n'avaient rien mis ! Le parapluie Evitez :
présente l'immense avantage de laisser res­ ■ les K-way, qui ne résistent guère qu'à une
pirer tout le corps, un point sur lequel on pluie fine de brève durée : le moindre orage
n'insistera jamais assez. Pendant la marche, les transperce. Il ne faut les employer que
il est possible de le caler sur le sac à dos comme coupe-vent ;
pour avoir les mains libres. Pour traverser ■ les cirés, beaucoup trop lourds et dans
des broussailles, il vaut mieux le refermer..., lesquels on transpire excessivement dès
ce qui est tout de même plus facile à faire qu'on marche ;
que de retirer ses vêtements de pluie pour ■ les anoraks, qui s'imprégnent d'eau ;
éviter de les déchirer. S'il pleut vraiment ■ les vestes militaires, qui ne protègent ni
trop, on peut s'asseoir sous son parapluie de la pluie, ni du froid ; leur seul intérêt est
et attendre que la pluie cesse... Je vous l'af­ d'être solides et d'avo ir de grandes
firme : l'essayer, c'est l'adopter. poches...
Choisissez le parapluie à la fois le plus léger ■ Les vêtements antifroid, qui ne sont pas
et le plus large possible. Les parapluies à étanches, sauf s'ils sont en Gore-Tex. Ne
manche repliable sont généralement trop mouillez jamais une veste en duvet. Un en-
lourds, mais certains sont très légers. Seuls cas léger et bon marché consiste en une
inconvénients du parapluie, les rafales vio­ feuille de polyéthylène soudée, munie d'une
lentes de vent qui risquent de le retourner capuche et de larges manches.
-mais les capes donnent aussi prise au vent Pour protéger le bas de vos pantalons,
-, et son encombrement... S'il est en coton, remontez vos grosses chaussettes de laine
pensez à l'imperméabiliser de temps en - non désuintée si possible - par-dessus :
temps. la laine absorbe moins l'eau que le coton
Protégez-vous avec une cape ou un poncho. du pantalon dont le bas devient vite une
Légère, facile à transporter, étanche (mais éponge ! Des guêtres en nylon se montre­
130 Y .ivr e en p l e i n e n a t u r e

ront fort utiles : elles protègent aussi la que l'on peut porter à la ceinture dans sa
chaussure et permettent même de marcher housse de cuir.
quelque temps dans de la neige fondante. Pour affûter un couteau, tenez-le à un angle
Si vous préférez plus léger, utilisez des d'environ 30 ° par rapport à la pierre et glis­
« stop-tout », petits manchons en nylon ou sez la lame transversalement, en tirant vers
en coton d'en viron 10 cm de hauteur, vous comme pour découper une mince
enserrant jambes et chaussures par des tranche. Répétez le mouvement cinq ou six
élastiques (attention à la circulation). Mais fois, puis retournez le couteau et procédez
la protection qu'ils offrent est bien moindre. de façon semblable le même nombre de
Ils évitent en tout cas que cailloux, pluie ou fois mais en sens inverse, en éloignant de
neige ne pénètrent dans la chaussure. vous pour découper les tranches. Com­
mencez l'opération en appuyant assez for­
tement avec la lam e sur la pierre, puis
continuez en relâchant la pression et finis­
sez en glissant doucement pour que le fil
soit parfait (voir p. 90).
Soyez patient et gardez bien toujours le
Un couteau même angle entre le couteau et la pierre.
Choisissez un canif simple et léger, à lame Avec une lame en inox, l'aiguisage est extrê­
robuste de forme classique, en acier au car­ mement long, alors mieux vaut le pratiquer
bone et non en inox, qui s'aiguise difficile­ souvent que d'attendre que le fil se soit
ment. L'idéal est sans doute encore le bon émoussé. Tandis qu'avec l'acier au carbone,
vieil Opinel à virole (celle-ci est utile pour le rattrapage est plus rapide.
ne pas se faire pincer les doigts...). Les
« Laguiole » sont très pratiques aussi. Les Une lampe de poche
m u ltilam es type « armée suisse » sont
lourds, encombrants et pas forcément très Le mieux est la « Maglite » de taille moyen­
utiles, à part les ciseaux, la pince à épiler et ne (à deux piles AA). Elle est étanche, éco­
la loupe, éventuellement la scie, que vous nomique et éclaire loin, avec un faisceau
pouvez emporter séparément. réglable. Le rapport qualité/prix est très
Les couteaux norvégiens sans garde, dont bon. Il en existe d'autres modèles : plus
la poignée rentre dans le fourreau, peuvent petit (deux piles AAA), intéressant car très
être intéressants. Portés à la ceinture, ils léger, et plus gros, qui éclairent remar­
sont faciles à retrouver. Certains ont une quablement mais sont trop lourds.
lame feuilletée, en acier au carbone, à la Sinon, emportez une lampe ordinaire à pile
fois souple et facile à aiguiser. Mais évitez plate. Les boîtiers en plastique sont un peu
les couteaux de trappeur à lame en acier plus légers que ceux en métal. Les lampes
inoxydable. frontales sont très pratiques, car elles per­
Il existe aussi des couteaux de survie, plu­ mettent de se servir des deux mains. Il en
tôt de l'ordre du gadget : ils comportent existe des modèles légers. Evitez les lampes
divers éléments (boussole, fil et aiguille, torches classiques, car elles sont très
épingles doubles, etc.) que vous emporte­ lourdes et leur long faisceau ne vous est pas
rez dans votre « trousse de survie ». indispensable. En revanche, les minuscules
Par rapport aux canifs, les couteaux de plus crayons-torches peuvent être utiles, vu leur
grande taille servent à couper et travailler poids et leur encombrement dérisoire.
le bois en les maniant comme une hache. Utilisez toujours des piles alcalines ou au
Vos couteaux doivent toujours être parfai­ lithium, plus chères mais plus durables. Il
tement aiguisés. Emportez une pierre à existe des lampes-dynamos, où la pression
aiguiser ou, mieux, un fusil à diamants sur la poignée actionne un générateur élec­
démontable, particulièrem ent efficace, trique. Leur intérêt est indéniable.
L 'é q u ip e m e n t

Une gourde d'autres contenus (bouchons d'oreilles,


pansements adhésifs, sel, aromates...).
En métal d'au moins un litre ( 1 litre 1/3 ou Il peut être bon d'avoir toujours cette
1 litre 1/2 est préférable). Évitez le plas­ trousse de survie dans vos poches quand
tique, où l'eau prend vite un mauvais goût. vous vous promenez (avec couteau, ficel­
Les gourdes munies d'une enveloppe de le, cartes et boussole). On ne sait jamais.
feutre gardent l'eau au frais m êm e en
pleine chaleur : il suffit de les mouiller et de Votre trousse à pharmacie
les suspendre dans un courant d'air.
(Voir p. 112).
De la ficelle
Une couverture de survie
En grande quantité, pour monter le bivouac,
et pour toutes sortes d'autres usages. Choi­ C'est une mince feuille de polyester métal­
sissez une cordelette de 2-3 m m de dia­ lisée sous vide, douée d'un pouvoir réflé­
mètre. Pas de nylon, qui glisse. chissant exceptionnel et parfaitem ent
imperméable. Comme elle ne pèse que 60 g
Une boussole et qu'elle ne tient pas plus de place qu'un
foulard, il serait dommage de ne pas en
(Voir p. 69). prendre une avec soi, vu les services qu'el­
le peut rendre en cas de froid intense ou
Les cartes nécessaires d'accident. Une fois dépliée, il est impos­
sible de la ranger dans le peu d'espace
(Voir p. 69). qu'elle tenait, mais on pourra la tasser au
fond d'une poche. Attention, elle est fragi­
Une « trousse de survie » le et se déchire facilement. Il existe des
modèles robustes, collés sur un tissu plus
comportant : épais, mais le poids et l'encombrement s'en
■ fil et aiguilles, ressentent grandement.
■ lames de rasoir, Évitez de vous enrouler dans une couver­
■ épingles de sûreté, ture de survie pour dorm ir : vous aurez
■ morceaux de bougie (éventuellement des chaud, certes (sauf au contact du sol, dont
bougies de survie, brûlant beaucoup plus elle n'isole pas), mais vous serez trempé
lentement), de sueur. Contentez-vous d'en envelopper
■ élastiques, vos pieds, particulièrement sensibles au
■ allume-feu (voir p. 56), froid.
■ allumettes rendues étanches (voir p. 58)
et/ou briquet, Une paire de lunettes de soleil
■ sifflet (au cas où vous vous perdriez),
■ lacets (pour chaussures et autres usages
de bonne qualité
éventuels), (Voir p. 102).
■ stylo à bille et carnet.
Des sacs en toile
Rangez soigneusem ent tout cela dans
une boîte en plastique de petite dim en­
ou en plastique
sion. Les étuis de film 35 m m , parfaite­ Pour ramasser les plantes
ment étanches, sont très pratiques. Deux
ou trois seront suffisants pour tout caser
(sauf le briquet, le stylo à bille et le car­
net...) et vous leur trouverez sûrem ent
132 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

De nombreux sacs ■ Un peu de nourriture de base (voir p. 2 5).


■ Éventuellement, une corde de 20 m en
en plastique de toutes tailles
7 mm.
Pour envelopper votre équipement.
Évitez d'emporter :
Éventuellement, emportez aussi : ■ Cigarettes, tabac, alcool, excitants...;
■ des jumelles (voir p. 68), ■ produits de beauté, déodorants, par­
■ une loupe de botaniste (pour vous aider fums... ;
à identifier les plantes et vous émerveiller ■ savonnettes, dentifrices chim iques,
encore plus devant la beauté de la nature), shampoings, crèmes solaires parfumées
■ un porte-cartes (voir p. 69), synthétiquement... (pour les remplacer,
■ des comprimés pour purifier l'eau ou une voir p. 115).
pompe à m ain (voir p. 16), Ces différents objets émoussent l'un ou
■ de la graisse à chaussures, l'autre de vos sens et risquent par là-même
■ une pochette chauffante en cas de froid de nuire à la qualité de votre expérience
intense, avec la nature. Et n'oubliez pas qu'ils gêne­
■ un fil à scier qui vous permettra d'utiliser ront, voire agresseront, certainement les
des rondins trop gros pour être cassés - à personnes du groupe à l'odorat plus déve­
n'employer que sur du bois mort ! loppé (la fréquentation de la nature et l'uti­
■ un bâton ferré (voir p. 67). lisation des plantes aiguisent tous les sens,
en particulier le toucher, le goût et l'odorat).
Matériel commun Pour l'harmonie du groupe, évitez les pro­
visions personnelles, même si vous ne
■ Des gamelles légères en aluminium (voir comptez vous en servir qu'en cas extrême...
p. 28) en nombre et taille suffisants pour Laissez aussi votre montre : le temps de
le groupe. Les gamelles, quarts et couverts vivre ne se mesure pas !
individuels ne sont pas indispensables
(taillez vous-même baguettes et cuillères),
ou peuvent être partagés : à vous de juger !
N'oubliez pas de prendre des poignées adé­
quates pour retirer les gamelles du feu !
■ Des toiles plastiques pour m onter le
bivouac (voir p. 80).

Contenu du sac à dos


□ sac de couchage □ K-way □ toile plastique □ couteau
□ matelas □ lampe de poche □ slips □ gourde
□ T-shirt □ ficelle □ pantalon □ boussole
□ chemise □ cartes □ chandails □ trousse à pharmacie
□ short □ «trousse de survie » □ mouchoirs □ couverture de survie
□ chaussettes □ lunettes de soleil □ parapluie □ sacs en plastique
□ foulard ou bob □ sac à viande ou/et cape de pluie

Liste com plém entaire


□ moustiquaire □ loupe de botaniste □ graisse à chaussures □ jumelles
□ veste de duvet □ comprimés pour eau □ gants de laine □ corde
□ guêtres ou pompe à main □ mocassins □ porte-cartes
Poids moyens du matériel
(en grammes)
Sac à d o s....................................... 500-2 500 Bougies de survie (par 2 ) .................80/bougie
Poches de ceinture....................................130 Allumettes imperméables
Duvet couverture.......................... 1000-3 000 (4 boîtes)........................................... 10/boîte
Duvet sarcophage......................... 1500-2 000 Allumettes tous temps
Drap de duvet (sac à viande) ............. 130-470 (2 boîtes) .......................................... 20/boîte
Matelas à cellules fermées................... 400-700 Briquet à amadou ...................................... 40
Matelas mousse (grande taille) 1600-2 800 10 recharges amadou................................. 20
Mini-matelas autogonflant.................500-1 000 Briquet à magnésium ................................. 50
Tente pour une personne Briquet solaire............................................ 15
(abri de b ivo u a c).............................900-2 600 Sifflet ........................................................ 30
Tente pour deux personnes............2 100-6000 Couverture de survie........................... 60-250
Housse de bivouac (sac bivouac)........ 250-530 Lunettes de soleil...................................30-60
Toile imperméable pour bivouac Jumelles légère 60 (monoculaire)............... 650
(largeur 160 cm )....................................80/m2 Loupe de botaniste............................... 20-80
Πillets........................................................ 5 Porte-cartes.........................................55-230
Toile pour moustiquaire Curvimètre................................................. 30
(largeur 75 c m )..................................... 35/m2 Comprimés pour purifier l'eau ............... 30-80
(largeur 120 cm ).................................... 35/m2 Filtre à eau par siphonnage :
Moustiquaire.......................................... 1200 Esser (0,4 'j) 1,5 l / h ...................................280
Chaussures....................................1 100-2 200 Katadyn (0,2 ;),• 2. ¡ / h ................................ 550
Semelles.....................................................30 Filtre à eau à piston :
Guêtres...............................................50-400 Katadyn (0,2 (V 0,75 l/mn ......................... 650
Cire hydrofuge........................................... 10 Glace de visée en plastique
Socquettes .........................................40-100 (miroir de signalisation)............................... 35
Mi-bas...............................................150-300 Altimètre..............................................60-180
Knickers................................................... 800 Aspi-venin ................................................. 80
Bob......................................................... 150 Pochette chauffante............................... 50-60
Collants................................................... 150 Chaufferette à combustion......................... 120
Veste chaude et «doudoune»......... 700- 1300 Ciseaux pliants télescopiques..................20-30
Cagoule .................................................. 100 Fil à scier....................................................15
Moufles et gants................................ 100-250 Réchauds
Cape et poncho................................ 250-400 — à combustible solide.............................. 170
Coupe-vent/pluie fine.......................... 95-250 — 20 tablettes............................................ 80
Veste en Gore-Tex..............................450-600 — à pâte gélifiée ...................................... 100
En-cas en polyéthylène..............................150 — à alcool................................................970
Couteau pliant..................................... 30-200 — à essence minérale......................... 550-800
Couteau de survie..............................250-600 — à pétrole ........................................... 1200
Lampe de poche................... 20-160 plus piles — multicombustibles......................... 300-1 500
Lampe frontale ....................................75-150 — à butane........................................280-450
Lampe-dynamo.........................................150 — cartouche.........................................90-190
Gourde en m étal............................... 300-500 — à propane............................................ 350
Boussole............................................. 10-270 — cartouche..............................................160
Cartes I.G.N. au 1725000e .......................... 90
Bien équipé, bien préparé, tout est possible. Porter le sac à dos
Pour vous sentir à l'aise en pleine nature,
pas de mystère : entraînez-vous avant le Chargez-le progressivement et augmentez
départ. La préparation dépendra bien la distance jusqu'à quelques randonnées
entendu de vos capacités physiques et de « grandeur nature ».
votre vie quotidienne. Un sédentaire d'un
certain âge devra se préparer plus longue­ Chaussures
m ent (attention, pas plus intensément)
qu'un jeune randonneur. Mais n'oubliez Commencez par les graisser soigneuse­
pas que la préparation doit également avoir ment pour les assouplir, puis faites-les à
lieu dans la tête. Qui peut se vanter d'être votre pied en les portant (chez vous, en ville,
psychologiquement prêt à vivre avec ce qui en week-end...) une demi-heure, une heure,
nous entoure ? puis progressivement toute la journée. Vous
y serez « comme dans des pantoufles » !
Pensez en tout cas aux points suivants :
Soleil
Marcher
Exposez-vous peu à peu, pas plus d'un quart
Profitez de vos week-ends pour aller ran- d'heure par jo u r au départ, sans rester
donner ; cessez de prendre votre voiture ou immobile, puis augmentez la durée. Tout
les transports en commun pour vous dépla­ dépend bien sûr de votre type de peau.
cer en ville : marchez ou prenez un vélo
(vous irez d'ailleurs peut-être plus vite Froid
ainsi...) ; faites dujogging sans forcer. C'est
la résistance qui compte ; ne prenez plus Évitez de vivre en hiver dans des locaux
l'ascenseur ; etc. surchauffés et de vous couvrir à l'excès
Pour s'assouplir, rien de tel que le yoga, lorsque vous sortez.
école de détente et de relaxation. Mais
n'omettez pas la bonne vieille gymnastique Pluie
sous ses diverses formes.
N'ayez pas peur de vous faire mouiller à
S'orienter l'occasion, dans la mesure où vous pour­
rez assez rapidement vous sécher et chan­
Pour apprendre à vous orienter en maniant ger de vêtements.
la boussole, pourquoi ne pas vous essayer
à quelques courses d'orientation?
La p r é p a r a t i o n 135

Dormir dehors Être seul


Commencez par laisser vos fenêtres grandes Même si vous partez en groupe, il est bon
ouvertes la nuit, quel que soit le temps... ou de faire l'expérience de la solitude, qui
presque ! Entraînez-vous à dormir dans votre seule permet vraiment d'observer ce qui
jardin ou dans celui d'un ami, puis à bivoua­ nous entoure et d'être en contact avec soi-
quer au cours de vos week-ends. même. Vous apprendrez ainsi à voir en
face certaines de vos peurs. C'est le pre­
Se nourrir différemment m ier pas pour vous en affranchir : les
réprimer et les juger ne sert à rien ; vivez
Un point très important vu tout ce qui est lié avec elles, discutez-en avec vos amis et,
à la nourriture (affectif, culturel, psycholo­ lorsque vous serez prêt, elles auront dis­
gique...). paru.
Essayez de réduire progressivement la
viande en c onso m m ant davantage de Vous n'arrivez pas à trouver le temps ?
légumes, des céréales complètes et des M éditez cette parole : « Qui veut faire
légumineuses, de qualité biologique si pos­ quelque chose trouve un moyen, qui ne veut
sible. Supprimez de temps en temps les pas trouve un prétexte... ».
produits laitiers et le vin et tâchez d'éli­
miner les stimulants que vous savez être Il est facile de se prendre au jeu : ce qui
néfastes : café, tabac, alcool. Ce n'est pas n'était qu'une simple préparation à des
si draconien que cela : vos papilles risquent vacances un peu différentes peut fort bien
même de retrouver une deuxième je u ­ devenir une habitude de vie. Pas si désa­
nesse... et vous avec. gréable que certains voudraient le faire croi­
re, confondant vie saine et ascèse. Vivere
Diminuer la quantité de nourriture ne vous parvo ne s'est jam ais traduit par « Vivre
fera sûrement pas de mal, et pourquoi ne triste »... c'est plutôt, l'observation en est
pas faire l'expérience d 'u n jeûne bien facile, tout le contraire.
conduit (procédez par paliers). Attention
en particulier à la reprise alim entaire. Si vous aimez vraiment la vie en pleine
Apprenez à retrouver le vrai goût d'un ali­ nature, vous verrez qu'il est possible de
ment... et pour cela, il faut avoir vraiment retrouver un peu -beaucoup - de cet émer­
faim! veillement et de ce bien-être dans votre vie
quotidienne. Vous avez tous les atouts !
136 V i v r e en p l e i n e na tu re
de s'en faire une amie en apprenant à la
connaître.
Il ne s'agit pas de « survivalisme », de survies
de type commando, fondées sur le goût de
Pendant une semaine ou deux, voici l'oc­ l'effort et du risque, voire sur la peur de la
casion de laisser derrière vous (pour catastrophe. L'idée de nous battre, de conqué­
quelque temps...) vos habitudes, d'échap­ rir ne nous intéresse pas. La chasse non plus
per aux contraintes de la routine citadine, - il serait d'ailleurs bien illusoire d'espérer
de découvrir une relation profonde avec la apprendre à chasser en quelques jours.
nature, de vivre, libre, le moment présent. Ce n'est pas non plus une randonnée, où
Cette aventure intense vous permettra de tout est prévu et minuté. Il nous faudra cher­
retrouver un peu de vos racines - puissant cher ensemble le chemin à prendre, déci­
facteur d'équilibre - et de nouer des liens der des lieux où bivouaquer, trouver de
avec d'autres êtres humains dans un par­ l'eau... L'aventure sera notre compagne.
tage quotidien.
Des moments d'harmonie que nous pour­ La cueillette sera l'une de nos principales
rons vivre ensemble, peut-être garderons- occupations au cours de cette aventure, non
nous quelque chose dans notre vie seulement parce qu'il est nécessaire de se
quotidienne. Nous nous serons en tout cas nourrir et que les plantes sont le plus sûr
découverts un peu plus. moyen d'y parvenir, mais aussi pour la décou­
verte de préparations et de saveurs nouvelles.
La survie douce, c'est partir en groupe dans Mais attention : il ne s'agit pas d'un stage de
la nature avec un m inim um de nourriture botanique. Nous voulons avant tout vivre
et d'équipement (détaillé plus haut) pour quelque chose de global. Les plantes seront
favoriser le contact avec ce qui nous en­ bien sûr nos « interlocuteurs privilégiés »,
toure. C'est apprendre à utiliser les plantes sans que nous puissions toutefois consa­
sauvages pour se nourrir et se soigner, à se crer à leur découverte autant de temps que
débrouiller pour vivre au mieux avec ce lors d'un stage d'étude des végétaux sau­
dont on dispose. C'est explorer un territoi­ vages qui est d'ailleurs fait pour cela ! En
re inconnu et, le soir, se rassembler autour revanche, vous n'oublierez plus les plantes
du feu pour partager le repas, puis enfin que vous aurez ramassées, préparées, mijo-
dormir à la belle étoile ou sous un bivouac tées, dégustées : ce sont elles qui vous
improvisé si le temps menace... auront permis de vivre !
Le vent, la neige, la pluie, le froid, la cha­ Suivant les lieux choisis (souvent en mon­
leur, les insectes font percevoir la nature tagne), et la saison, il pourra se faire que
comme hostile, mais on se rend vite comp­ les plantes soient relativement peu abon­
te qu'elle est avant tout notre mère nourri­ dantes ou peu variées ; c'est qu'il nous faut
cière et une source de joies chaque jour des endroits forts et beaux, où la civilisa­
renouvelées, Tout se passe beaucoup mieux tion ne se fasse pas trop sentir. Ici, l'expé­
si, au lieu de se battre contre elle, on essaie rience prime sur la connaissance.
138 V i v r e en p l e i n e nature

Quoi d'autre ? Au cours de ces quelques de vingt-cinq ans, mais c'est surtout un
jours dans la nature, nous pourrons voir amoureux de la nature, qui vous fera par­
comment faire du feu (même avec des allu­ tager sa passion. Ce n'est pas un « chef »
mettes, c'est tout un art que peu possèdent qui vous dira tout ce qu'il faut faire, ni une
et sans allumettes, on croirait de la magie !), « nounou » qui cherchera à vous sécuriser
comment tailler des couteaux de pierre, et à vous éviter les embûches du chemin,
fabriquer de la ficelle avec des fibres végé­ car ce sont elles qui nous font grandir. C'est
tales, com m ent s'orienter avec carte et avant tout un guide, qui vous aidera à
boussole, apprendre à lire le paysage, à découvrir les richesses de la vie au sein de
reconnaître les nuages, choisir un lieu de la nature, en vous faisant partager ses
bivouac et monter un abri, observer les connaissances.
étoiles, découvrir le chant des oiseaux... Plutôt que de diriger, il suggérera pour
arriver à un accord, à une décision de
La nourriture. Pour compléter notre groupe, même si ce processus peut
cueillette, nous emporterons un peu sembler lourd à certains, qui y verront
de farine complète, d'huile d'olive et une perte de temps. La porte est ouver­
de sel. Cette base nous permettra d'aug te aux initiatives, mais si elles sont mal­
menter l'éventail des plats sauvages heureuses (couper du bois vert, construire
que nous pourrons préparer. un énorme foyer, etc.), vous pourrez vous
attirer quelques remarques. Essayez de ne
Le groupe est généralement compris entre pas en prendre ombrage...
8 et 15 participants, mais il pourra nous
arriver d'accepter jusqu'à 20 personnes. Les difficultés. Nous ne les cherchons pas,
Vous vivrez une expérience de groupe enri­ mais, de par le fait même de l'expérience,
chissante, dans la mesure où vous accep­ elles viennent à nous. Et elles sont m ul­
terez de vous y intégrer. tiples.
Le rythme du groupe sera déterminé par ■ La prem ière difficulté vient du chan­
les plus faibles (souvenez-vous, il ne s'agit gement de nourriture : ce que vous mange­
pas de faire des performances ; et qui sera rez sera très différent de votre alimentation
le plus faible dans ces circonstances telle­ habituelle, et peut-être votre organisme y
ment différentes ?). réagira-t-il, car les plantes sauvages sont sou­
Des discussions pourront permettre une vent fortes. Vous aurez sans doute faim ! La
certaine harmonisation : si tous sont d'ac­ quantité sera moindre que dans votre vie de
cord, les plus m atinaux peuvent par tous les jours, mais vous savez bien que vous
exemple réveiller les autres et permettre mangez trop, car l'habitude (« il est midi ») et
de démarrer plus tôt la journée. les compensations affectives viennent se
mêler à vos besoins réels. Il est possible
Des moments de solitude existe­ que vous ressentiez de la faiblesse, voire
ront aussi : mettez-les à profit pour une hypoglycémie, ce qui est sans dan­
réviser les plantes que vous aurez ger pour une personne en bonne santé
vues, pour écouter la nature (le matin, (rappelez-vous que vous devez l'être pour
avant que les autres ne se lèvent...), pour venir avec nous).
vous retrouver avec vous-même. Dans la Mais une fois que vous serez habitué à
mesure du possible, nous passerons une cette nouvelle nourriture, vous vous ren­
demi-journée en solitaire pour que chacun, drez compte que de petites quantités suffi­
après quelques jours, puisse faire le point ront à vous procurer l'énergie nécessaire :
de sa relation personnelle avec la nature, les plantes sauvages sont remarquablement
avec les autres, avec lui-même. nutritives, et l'on ne se nourrit pas que de
L 'anim ateur est u n professionnel, qui substances physiques... En plus, vous
conduit des « survies douces » depuis plus découvrirez un sentiment de légèreté, ce
Renseignements pratiques ■
jjç

qui est le seul moyen de s'accorder aux actuelle, nous sommes habitués à toujours
fines vibrations de la nature. être en train de « faire » quelque chose, dans
Pour la plupart des personnes, une transi­ un monde où tout doit aller vite, où des
tion de deux ou trois jours s'avérera néces­ in fo rm a tio ns, continuellem ent, nous
saire. Elle sera plus ou m oins difficile, assaillent de toute part. Le calme crée un
suivant l'état de l'organisme et l'adaptabi- vide. Là aussi, soyons-en conscients.
lité aux changements. Attendez-vous à ■ La faiblesse due à la faim, au manque de
perdre du poids. sommeil, le sentiment d'insécurité et les
■ Le manque de sommeil se fera peut-être autres difficultés mentionnées plus haut
sentir, à cause du confort précaire, du chan­ risquent de provoquer de la m auvaise
gement d'habitudes, de l'environnement humeur, voire de l'agressivité. Il ne s'agit
un peu inquiétant, du froid... C'est une ques­ pas de réprimer ces sentiments, jugés néga­
tion d'équipement et d'habitude. tifs : s'ils se manifestent, c'est qu'ily a une
■ Les conditions atmosphériques peuvent raison. Mais il est important de les remettre
être défavorables : le froid et la pluie sur­ dans une juste perspective en cherchant à
tout, en plus de leurs effets physiques désa­ voir d'où ils proviennent et ce qu'ils im pli­
gréables, peuvent saper le moral. Un bon quent.
équipement est indispensable et une habi­
tude de ces difficultés s'avère précieuse. Souvenez-vous que les difficultés font par­
Souvenez-vous que dans notre recherche tie intégrante de l'aventure. N'en rejetons
de lieux beaux et forts, loin de la civilisa­ pas systém atiquem ent la faute sur les
tion, nos pas nous conduiront souvent en circonstances, ni sur « l'autre » (le groupe,
montagne, où le climat, même en plein été, l'animateur...), car nous y avons également
peut être rude et changeant. notre propre part de responsabilités.
■ L'effort physique pourra être ressenti L'admettre, le comprendre, puis dépasser
comme intense : marche, port du sac à ces difficultés, c'est cela qui nous aide à
dos, etc. Un bon entraînement est néces­ grandir.
saire.
■ La vie en groupe et son rythme, ressenti Comment réagissez-vous quand quelque
parfois comme trop lent, avec des temps chose ne va pas ? Pour y réfléchir un peu,
morts, peut être difficile à supporter. Cela regardez ce dessin.
fait partie des règles du jeu, alors soyez prêt
à y faire face, en exerçant votre patience et Pour vous, la bouteille est-elle à
votre esprit d'initiative : c'est à chacun moitié pleine, ou à moitié vide ?
d'entre nous de faire avancer les choses, Lorsqu'une difficulté surgit,
n'attendez pas qu'on vienne vous chercher, quelle qu'elle soit, il est très
proposez. Rien n'est m inuté : prenez le important d'en parler dès qu'el­
temps de vivre chaque instant ! le est perçue à la personne
■ L'environnement différent de votre cadre concernée (vous le lui
de vie habituel et le manque de connais­ devez !), si quelqu'un est en
sances pour y faire face risquent de vous jeu, et en tous cas à l'anima­
désëcuriser : on se sent tout petit devant la teur, qui est là aussi pour
nature, on a peur de l'inconnu... Soyez prêt vous aider à la surmonter -
à vivre l'imprévu, car tout ne sera pas pro­ pas forcém ent à l'éviter.
grammé, repéré à l'avance. Tâchez de deve­ Lorsque vous vous sentirez
nir conscient de cet éventuel sentiment en confiance dans le groupe,
d'insécurité en vous et d'en découvrir les dès qu 'il sera assez soudé,
causes. parlez-en ouvertement avec les autres :
■ Le manque de stimulations intellectuelles nous sommes là pour vivre ensemble cette
sera peut-être un problème : dans la vie aventure !
140 V i v r e en p l e i n e nature

Une semaine en pleine nature


La « Sur-Vie » : découvrir notre relation avec la nature, avec les autres,
avec nous-mêmes.

a vie dans un environnement inhabituel, avec


L
du stress de ma vie professionnelle. Je suis déjà
un minimum d'équipem ent, peut-elle être venu plusieurs fois avec François». Vincent employé
facile, voire même agréable ? C'est ce que tente à Paris, 29 ans, vient surtout pour découvrir une
de m ontrer François Couplan en emmenant nouvelle approche de la nature, qu'il veut trans­
depuis vingt-cinq ans des groupes de personnes mettre à la troupe de scouts dont il s'occupe. C'est
faire l'expérience de la «survie douce». également la motivation de Claire, secrétaire à
Nantes, 36 ans, qui est venue avec sa fille Cécile,
C'est à deux pas des gorges du Verdon que va 10 ans - la benjamine du groupe, avec qui elle ‘
se dérouler notre randonnée, dans les montagnes veut vivre une expérience au-delà du cadre fami­
des Alpes de Haute-Provence parfumées de lavan­ lial. Quant à Roland, professeur à Strasbourg, 54
de sauvage. Un pays aux vastes horizons, où le ans, il désire se ressourcer, se retrouver face à lui-
soleil est roi. Me voici arrivée à la gare de Barrê- même loin des artifices de la vie civilisée.
me, notre lieu de rendez-vous. De là, François
nous emmène à son centre de stages, isolé en Le sentier descend maintenant en zigzagant vers
pleine nature. Après un dernier repas «civilisé», le fond de la vallée pour traverser sur un vieux
les dix stagiaires se réunissent autour de notre pont de bois, un torrent aux eaux blanches. Des
guide pour écouter ses conseils : « Nous allons arbres d'essences variées fournissent une ombre
emporter le minimum de choses : un duvet pour bienvenue et donnent une impression de calme
bien dormir, des vêtements chauds, de bonnes et de mystère. Peu après, nous remontons pour
chaussures et un canif. Nous prendrons aussi un rejoindre un sentier taillé à même le roc qui
peu de farine et d'huile d'olive pour accommo­ dom ine des gorges im pressionnantes. Par
der les plantes que nous ramasserons et pour endroits, cent cinquante mètres d'à-pic vertigi­
favoriser la transition alimentaire : il ne s'agit pas neux nous séparent des vasques d'émeraude
de jeûner, mais de trouver une forme d'alimenta­ où le torrent s'assagit entre deux cascades. Lé
tion plus simple, plus naturelle». groupe est devenu très calme. La puissance et
la beauté majestueuse de la nature nous forcent
Nous sommes bientôt prêts au départ. Première au silence.
constatation, agréable : mon sac à dos n'a jamais
été aussi léger I Suivant les conseils du livret que Mais il est temps de revenir à des considérations
nous avons reçu, j'en ai retiré le superflu, et, bien plus matérielles et de songer à la cueillette. Car
sûr, la nourriture ne pèse pas trop lourd. Le che­ au cours de cette semaine en pleine nature, nous
min surplombe une vallée profonde. Le groupe consommerons essentiellement les plantes que
est joyeux, mais les plaisanteries qui fusent sem­ nous aurons ramassées. François nous présente
blent parfois cacher une pointe d'inquiétude au fil de leur rencontre les végétaux utiles. Le
devant ce qui nous attend. La largeur du chemin sureau par exemple, qui fournit d'abord ses fleurs
permet de marcher à plusieurs de front et les pour en faire des beignets parfumés puis ses fruits
langues vont bon train. « Pourquoi es-tu venue pour les desserts ; la sarriette odorante, que l'on
ici?» Jocelyne, infirmière à Grenoble, 25 ans, m'ex­ nomme « poivre d'âne » en Provence ; le tussilage,
plique : «J'avais envie de sortir un peu du béton, dont les feuilles cuites longuement sont un excel- .
de respirer un grand coup d'air pur. Ici, je suis ser­ lent légume ; les amélanches au goût de raisins
vie». Fred, dentiste à Sisteron, 43 ans : «Moi,/avais secs, qui formeront un dessert apprécié. Et encore
vraiment besoin de décompresser, de me dégager bien d'autres plantes.
Renseignements pratiques

En fin d'après-midi, nous arrivons à notre lieu de groupe, car je n'aurais pas osé vivre seule cette
' bivouac : une pelouse entourée de buis et de aventure, et je discute encore avec quelques per­
frênes, et en contrebas une source étonnamment sonnes avant de m'endormir sous les étoiles.
abondante pour ce pays sec.
Malgré la fatigue de la marche, la plupart des Les jours suivants se passent à parcourir les mon­
membres du groupe sont prêts à s'activer. Cer­ tagnes, de crêtes ventées en vallons profonds où
tains vont chercher du bois et préparent le feu. coulent de frais torrents. Nous profitons souvent
D'autres montent un bivouac à partir de toiles de de l'occasion pour nous baigner. Ces intermèdes
tente et de carrés de plastique retenus par des tonifiants permettent aussi de relâcher un peu les
cordelettes, car de gros nuages noirs sont appa­ tensions qui ne manquent pas de se produire.
rus vers l'ouest. De mon côté, j'ai choisi la cui­ Car la vie en pleine nature ne va pas sans diffi­
sine. La première opération consiste à préparer cultés. Le changement d'alimentation n'est pas
arec de la farine une pâte dont nous confec­ toujours bien vécu par tous. Il n'est pas évident
tionnerons des chaussons farcis d'épinards sau­ non plus de ne pas pouvoir compter sur la sti­
vages. Pendant ce temps, nous ferons cuire la mulation du café ou de la cigarette, ni sur celle
soupe et préparerons une salade composée de des innombrables habitudes qui comblent nos
nombreuses plantes. Des groseilles sauvages et vides. Nous nous trouvons face à la nature, certes,
une infusion de thym viendront clore ce repas, mais aussi face à nous-mêmes, à nos peurs, à nos
que j'aurais pu craindre plus frugal. obsessions et ce n'est pas toujours facile à vivre !

La nuit est tombée. Le cri de la chouette hulotte Mais les problèmes qui se posent sont faits pour
résonne avec régularité. François nous apprend à être surmontés. La clé de la survie - et de la vie
distinguer le cri du mâle, plus modulé que celui en général - réside dans l'adaptabilité. Et de
de la femelle. Réunis autour du feu, je lui deman­ toutes façons, les difficultés ne peuvent effacer
de : « Pourquoi as-tu baptisé ces stages du nom les bons côtés de l'expérience : l'approche en
de survie douce? Je ne comprends pas bien le profondeur de la nature comme nous ne l'avions
terme.» jamais abordée, les amitiés qui se sont nouées, le
«Pour la plupart des gens, «survivre» signifie en partage quotidien, la découverte des plantes,
fait «sous-vivre», vivre douloureusement dans des l'apprentissage de techniques intéressantes...
conditions difficiles. Pour moi, vivre avec peu de Notre attitude face à la nourriture a aussi beau­
choses, dans un environnement naturel, avec les coup changé : nous avons pu nous rendre comp­
plantes, l'eau pure, le soleil, c'est «sur-vivre», vivre te qu'il est possible d'être plein d'énergie avec
plus intensément. J'en ai souvent fait l'expérien­ une quantité de nourriture bien moindre que
ce et j'ai voulu la partager. Quant à l'épithète, celle que nous ingurgitons quotidiennement. Avec
c'est pour bien me dém arquer des survies un sentiment de purification, de régénération et
«dures», de type commando, où chacun essaie de bien-être.
de sauver sa propre peau en se battant contre Cette semaine était surtout un grand bol d'air,
son environnement. Moi, je voudrais vous mon­ une sensation de liberté jamais vécue. D'émer­
trer que la nature est une amie et que, lorsqu'on veillement envers ce qui nous entoure pour l'avoir
la connaît, on s'y sent mieux qu'ailleurs ». découvert d'une façon nouvelle. Le recul par rap­
Malgré la nuit noire qui nous entoure avec une port à ma réalité quotidienne, l'impression de
force inhabituelle pour nous autres citadins, la m'être dépassée, le fait de me connaître un peu
nature ne m'apparaît pas comme hostile. D'avoir mieux m'ont permis d'acquérir une vision plus
été nourrie par elle ce soir et d'avoir appris à la claire sur certains problèmes personnels et une
connaître un peu par l'intermédiaire de ses plantes force pour mieux aller de l'avant dans ma vie.
y est sûrement pour quelque chose. Je suis
cependant contente de me trouver au sein d'un Nicole Bondu
142 V i v r e en p l e i n e nature
Plantes sauvages
comestibles

D a n s les pages qui suivent vous sont présentées 96 plantes parmi les plus fré­
quentes dans nos régions. Afin de faciliter leur découverte, elles ont été classées
suivant le type d'environnement où elles poussent :
■Bords des chemins, champs, décombres................... 146
■Prairies......................................................................... 176
■Bois et ha ie s................................................................. 188
■Bords des eaux ............................................................ 215
■Midi et région méditerranéenne.................................221
■Montagnes ...................................................................227
■Littoral ......................................................................... 239

Á l'intérieur de chaque catégorie, les végétaux sont rangés par ordre d'impor­
tance, en commençant par les plantes de base (nutritives, abondantes, particu­
lièrement savoureuses, etc.) pour terminer par les condiments et les plantes de
moindre intérêt.
Chaque plante est décrite de façon précise et illustrée par un dessin au trait ou
par une photographie en couleurs. Son habitat est précisé et les utilisations de ses
différentes parties sont indiquées en détail. Pour passer à la pratique culinaire,
on se reportera au chapitre Cuisiner en pleine nature où figurent les recettes pour
accommoder toutes ces « bonnes herbes » - ainsi que celles de la liste complé­
mentaire placée à la suite de l'herbier des plantes comestibles.
Pour faciliter l'emploi de ce guide, les plantes sont ensuite classées suivant les
parties que l'on utilise : racines, feuilles (salades, légumes cuits), jeunes pousses
et tiges, parties condimentaires (feuilles, graines, etc.), fleurs, fruits et graines.
Le symbole ® indique les préparations culinaires auxquelles se prête la plante.
Le symbole §sg indique les parties comestibles de la plante.
L'herbier des pages qui suivent ne saurait se substituer à un ouvrage de déter­
mination spécialisé ou à un guide d'identification qui seuls permettront d'iden­
tifier avec certitude les végétaux rencontrés.
Bonne cueillette.
Bords de chemins, champs, décombres
Stellaire
Stellaria media (Caryophyllacées)

Salade, légume
?Toutela plante.
Toute l'année.

Habitat
Jardins, bois, pieds des murs, etc., lieux
frais.

Utilisations
La Stellaire est certainem ent notre
meilleure plante à salade. Elle est extrê­
m em ent tendre et possède u n délicieux
goût de noisette, elle pousse en abondance
et se rencontre presque partout.
Lorsqu'avec l'âge les tiges deviennent
filandreuses, il ne faudra cueillir que le
sommet des plantes, avec les doigts ou un
couteau. Il serait dommage de ne pas man­
ger la Stellaire crue, m ais si l'o n en a
découvert tout un champ, pourquoi ne pas
la faire cuire en légume ou en fourrer des
chaussons ? Ah ! la succulente Stellaire.

Description
Petite plante à tiges étalées ou
dressées de 10 à 50 cm, carac­
térisées par une ligne de poils
blanchâtres courant le long
de la tige entre chaque
groupe de feuilles. Celles-ci
sont opposées, longues
d'environ 1 cm, ovales et
pointues. Les petites fleurs
blanches ont cinq pétales
profondém ent divisés en
deux. La plante couvre gé­
néralement le sol d'un épais
tapis vert.
1
Plantes sauvages comestibles 14 7

Chénopode blanc
Chenopodium album (Chénopodiacées)

Salade, légume, soupe, chaussons


Les graines peuvent être cuites
en céréales ou moulues en farine.
*Feuilles, inflorescences, graines.
Avril-octobre ; graines : juillet-novembre.

Habitat
Jardins, champs, décombres, lieux incultes,
etc.

Utilisations
Ce légume antique (consommé depuis au
moins 10 000 ans) est souvent notre pro­
vidence, car il est délicieux, nutritif et abon­
dant. Les feuilles sont savoureuses en
salade ou cuites comme légume, en soupe,
en chausson, etc. Elles sont très riches en
protéines, en vitamines A et C, en calcium.
Lorsque les inflorescences sont encore
assez tendres pour être cueillies entre le
pouce et l'index, on les consomme comme
les asperges. Les graines peuvent être cuites
en céréales ou moulues en farine. Mais at­
tention aux herbicides !

Description
Une des « mauvaises herbes » les plus (in­
justement) haïes, à tiges de 20 cm à 1,20 m,
qui portent des feuilles ovales à contour for­
tement sinueux, rappelant un peu une patte
d'oie, vert foncé en dessus et blanchâtres
en dessous : la face inférieure des feuilles
est recouverte d'une couche farineuse qui
permet de reconnaître facilement la plante
au toucher. Les longues grappes terminales
sont formées de minuscules fleurs ver­
dâtres q u i don nent de petites graines
noires, luisantes.
148 Bord

Ortie
Urtìca dioica (Urticacées)

.© Soupe, légume, chapatis, chaussons


I ^ J e u n e s pousses, feuilles.
Avril-octobre, voire davantage.

Habitat
Décombres, pieds des murs, jardins, lieux
fumés.

Utilisations
Contrairement à ce que pourraient croire
les non-initiés, l'Ortie a tout pour elle : facile
à identifier, disponible en quantité, savou­
reuse et extrêmement riche en protéines
(8 % en poids frais, soit 40 % en poids sec :
autant que le soja ! et elles sont complètes)
ainsi qu'en vitamines A et C. Il est toujours
préférable de ramasser les pousses de l'Or­
tie avec quelques feuilles terminales. Leur
goût est plus fin que celui des feuilles dé­
veloppées. On les ajoute aux salades (mê­
lées aux autres plantes, elles ne piquent
plus), on en fait d'in im ita b le s soupes,
bouillies, légumes, chapatis, chaussons...
S'il ne fallait garder qu'une plante, ce
serait l'O rtie ! Contre les piqûres :
le Plantain. La petite Ortie (Urtica urens)
est tout aussi comestible que la
grande Ortie décrite ci-dessous.

Description
Est-il utile de décrire l'Ortie, peut-
être la seule plante de notre flore
que l'o n peut reconnaître sans
hésiter par la nuit la plus noire ?
Avant tout, elle pique, et cela suffit
à la distinguer de toute plante qui lui
ressemble.
P la n te s sau vag e s co m estib les 149

Amaranthe
Amaranthus retroflexus (Amaranthacées)

(®) Salade, légume, chapatis


Les graines peuvent être cuites
en céréales ou moulues en farine.
Feuilles, inflorescences, graines.
Avril-octobre ; graines :juillet-novembre.

Habitat
Jardins, champs, décombres, lieux incultes
(originaire d'Amérique du Nord).

Utilisations
La fréquence et les qualités de l'Amaranthe
en font l'un de nos meilleurs légumes sau­
vages. Le goût des feuilles est peu pro­
noncé, agréable, et celles-ci sont tendres :
elles servent à préparer de bonnes salades ;
mais l'Amaranthe est aussi un excellent lé­
gume cuit. Les feuilles sont très riches en
protéines (plus que le soja), en vitamines
A et C et en sels m inéraux. Le som met
tendre des tiges avec les inflorescences se
déguste comme l'asperge. Les graines sont
bouillies comme céréale, ou moulues en
farine (les Aztèques en raffolaient !). Une
fois moulues, vous pouvez les ajouter à de
la farine pour faire des chapatis.

Description
Une de nos bonnes « mauvaises herbes »,
à tige de 20 à 90 cm, souvent rougeâtre,
portant des feuilles pétiolées à contour
ovale ou en forme de losange. Les minus­
cules fleurs verdâtres sont groupées en
courts épis à l'aisselle des feuilles, et en
une longue grappe terminant la tige. Elles
donnent de petites graines aplaties, noires
et luisantes.
150

Mauve
Ma/va sylvestris (Malvacées)

Salade, légume, fruits crus ou cuits


^Feuilles, fleurs, jeunes fruits.
Avril-octobre.

Habitat
Bords des chemins, décombres, friches,
prairies.

Utilisations
Les feuilles de Mauve sont tendres et
agréables, de saveur très douce. Même
âgées, elles font d'excellentes bases de sa­
lades. On peut aussi les faire cuire, en par­
ticulier dans les soupes qu'elles épaississent
grâce à leur mucilage. C'est lui qui confère
à la Mauve ses propriétés adoucissantes et
laxatives, utiles en cas de constipation. Les
fleurs décorent m agnifiquem ent - et sa­
voureusement -les salades. Les tout jeunes
fruits peuvent se manger crus ou cuits lors­
qu'ils sont encore assez tendres. Les autres
espèces de Mauves (six dans nos régions)
se consomment de la même façon que
la Mauve sylvestre.

Description
Grande plante dépassant par­
fois 1 m, à feuilles longue­
ment pétiolées, incisées en
cinq lobes arrondis, vert
foncé, fréquemment tachées de
pourpre à la base. Les grandes
fleurs, groupées à l'aisselle des
feuilles au sommet des rameaux, pos­
sèdent cinq pétales mauves à stries
plus foncées. Elles donnent de curieux
fruits circulaires que l'on nomme parfois
« fromages » - à cause de leur forme, non de
leur goût...
Plantes sauvages comestibles 151

Laiteron
Sonchus oleraceus (Composées)

Salade, légume
Feuilles.
Mars-octobre.

Habitat
Lieux incultes, jardins.

Utilisations
Les feuilles de Laiteron sont d'excellents
légumes sauvages. On les consomme crues
en salade lorsqu'elles sont jeunes et
tendres. Par la suite, il vaudra mieux les
faire cuire. Elles sont rarement amères,
mais si c'était le cas, il suffirait de les faire
bouillir à l'eau. Les petites capitules, en bou­
tons ou en fleurs, s'ajoutent aux salades.
En plus du Laiteron maraîcher décrit ci-
dessous, on utilise de la même façon le Lai­
teron des champs (Sonchus arvensis) et le
Laiteron âpre (Sonchus asper), très sem­
blables. Mais avec l'âge, le Laiteron âpre
devient presque aussi piquant qu'un Char­
don.

Description
Plante annuelle de 30 à 60 cm, à feuilles
divisées en nombreux segments bordés de
petites dents aiguës. Le segment terminal
est triangulaire. Les feuilles, de consistance
caoutchouteuse, embrassent la tige par
deux lobes. Les petites fleurs jaunes, toutes
en languette, sont groupées en capitules
terminaux qui ressemblent en petit à ceux
du Pissenlit. Les fruits surmontés d'une ai­
grette forment comme chez ce dernier une
boule duveteuse caractéristique. Toute la
plante renferme un suc laiteux.
152 Bords de chemins, champs, décom bres

Rumex crépu
Rumex crispus (Polygonacées)

(®) Légume cuit


Feuilles.
Mars-juin.

Habitat
Bords des chemins, talus, prairies.

Utilisations
Contrairement à celles des autres espèces
de Rumex, les feuilles du Rumex crépu sont
généralement peu amères et peuvent être
directement cuites comme légume sans
qu'il soit nécessaire de les faire bouillir à
plusieurs eaux pour en éliminer le tanin.
On peut même ajouter quelques jeunes
feuilles crues aux salades. Celles d'une
autre espèce, le Rumex pulcher, sont encore
moins amères. Et ce sont bien sûr d'excel­
lents légumes cuits. La teneur en vitamines
A (plus que la carotte) et C (2 fois 1/2 plus
que le citron) du Rumex crépu est remar­
quable. Il existe de nombreuses autres
espèces de Rumex mais - à part les
Oseilles -la plupart sont beaucoup
trop amères pour qu'on puisse
les manger sans préparation
(ébullition à plusieurs eaux).

Description
Grande plante pouvant
dépasser le m ètre,à
feuilles épaisses, vert
foncé, allongées et for­
tement ondulées. Les
feuilles basales sont
munies d'un fort pétiole.
Les petites fleurs ver­
dâtres sont rassemblées en
longues grappes lâches, au
sommet des tiges. Les fruits
sont tétraédriques, à angles vifs.
La plante possède une forte racine
pivotante, jaune à l'intérieur.
Plantes s a uv ag es c o m e s tib le s 153

Plantain lancéolé
Plantago lanceolata (Plantaginacées)

Soupe, légume, chapatis


I
Feuilles.
Toute l'année.

Habitat
Bords des chemins, prés, champs, jardins,
décombres.

Utilisations
Les jeunes feuilles sont assez tendres et,
coupées finement, s'ajoutent aux sa­
lades. Crues, les feuilles de Plantain
ont une étrange saveur de cham pi­
gnons, avec une légère amertume.
Toute l'année, elles servent à prépa­
rer soupes, légumes, chapatis et chaus­
sons. Deux autres espèces proches du
Plantain lancéolé, également très com­
munes, s'utilisent de même : le grand Plan­
tain (Plantago major) et le Plantain moyen
(Plantago media). Tous trois font partie de
la pharmacie d'urgence de la nature : leurs
feuilles sont remarquables en cas de piqûre
ou de blessure.

Description
Plante de 10 à 60 cm, aux feuilles toutes ré­
unies à la base en une rosette dressée et
non pas étalée. Les feuilles sont allongées,
étroites, graduellement rétrécies à la base
et pointues au sommet. Elles sont parcou­
rues par trois ou cinq nervures parallèles.
Les minuscules fleurs sont groupées en pe­
tits épis serrés terminant les tiges grêles.
154 a

I Lamier
Lamium sp. (Labiées)

© Salade, soupe, légume


gkg Pousses, feuilles, fleurs.
Avril-octobre.
Habitat
Bords des chemins, haies, lisières.

Utilisations
Les feuilles des Lamiers sont de bons lé­
gumes. Les jeunes pousses tendres sont
ajoutées aux salades. On fera cuire les
feuilles plus âgées en soupe, en bouillies,
dans les chapatis ou les chaussons. Les
fleurs décorent joliment les salades. En plus
du Lamier blanc, on utilise de mêm e le
Lamier tacheté (Lamium maculatum), le
Lamier pourpre (L. purpureum ; prairies),
le Lamier jaune (L. galeobdolon ; bois) et le
Lamier amplexicaule (L. amplexicaule ; lieux
cultivés et incultes). Le Lamier blanc est
souvent nommé « Ortie blanche » ou « Ortie
morte », mais la ressemblance n'est que su­
perficielle : l'Ortie appartient à une tout
autre famille.

Description
Il existe plusieurs espèces de Lamiers,
toutes comestibles. Le Lam ier blanc
(Lamium album) est très c o m m u n et
typique. C'est une plante à tige carrée de
20 à 60 cm, portant des feuilles opposées,
ovales, en cœur à la base et pointues au
sommet, fortement dentées, qui ressem­
blent à celles de l'Ortie. De grandes fleurs
blanches à deux lèvres sont groupées à l'ais­
selle des feuilles. Le Lamier blanc vit en co­
lonies.
Plantes sauvages comestibles 155

Carotte sauvage
Daucus carota (Ombellifères)

Salade, légume, condiment


Racines, feuilles, fleurs, fruits.
Racines : automne-printemps ; plante :juin-
octobre.

Habitat
Champs, lieux incultes, bords des chemins.

Utilisations
La racine de la Carotte sauvage peut être
plus grosse que le pouce, charnue, tendre
et sucrée, mais il faut la ramasser de l'au­
tomne de la première année de la vie de la
plante au printemps de la seconde, avant
que la hampe florale ne se développe. On la
consomme crue ou cuite. Les feuilles sont
ajoutées aux salades que décorent les fleurs.
Les fruits dégagent au froissement une
délicieuse odeur (de poire) et forment un
excellent condiment.

Description
Plante de 10 à 80 cm, velue, à rameaux
rudes au toucher. Les feuilles de la base
sont deux fois complètement divisées en
lobes plus ou moins dentés et découpés.
Les petites fleurs blanches s'épanouissent
de mai à octobre. Elles sont réunies en om­
belles qui portent à leur base des bractées
divisées et souvent, en leur centre, une
grande fleur stérile rouge foncé. Les fruits
sont couverts d'aiguillons. La racine pivo­
tante est généralement blanche et dégage
l'odeur bien connue de carotte. Les poils
hirsutes de la plante et son odeur caracté­
ristique permettent d'éviter toute confu­
sion avec la Ciguë.
156 Bord

Bardane
Arctium lappa (Composées)

Salade, légume
’ Racines, pétioles, jeunes tiges.
Racines : automne-printemps ; pétioles et
tiges : avril-juin.

Habitat
Lieux incultes, décombres, bords des che-

Utilisations
La racine de la Bardane est excellente, tant
au goût (légèrement sucré) que pour la
santé (effet dépuratif), et très nutritive grâce
à ses glucides. Mais pour éviter qu'elle ne
soit ligneuse, il faut la ramasser avant que
ne se développe la hampe florale, c'est-à-
dire de l'automne de la première année au
printemps suivant. On peut la manger crue,
cuite à l'eau ou sautée dans un peu d'huile.
S'ils ne sont pas trop amers, les pétioles,
coupés et pelés, se préparent de même.
Enfin, la tige encore tendre, coupée et pelée,
se déguste crue ou cuite comme un fond
d'artichaut, dont elle possède - en plus fin
- la saveur.

Description
Plante bisannuelle à
grandes feuilles ovales,
longuem ent pétiolées, b la n­
châtres en dessous, en cœur à la
base. La tige ne se développe que la
seconde année de la vie de la
plante et peut atteindre 1,50 m ;
elle est fortement striée. Les pe­
tites fleurs violacées sont réunies en capi­
tules munis de crochets qui s'accrochent aux
vêtements et aux cheveux.
P la n tes sau vag e s co m estib les 157

Panais
Pastinaca sativa (Ombellifères)

(®) Salade, légume, soupe, condiment


Racines, feuilles, fruits.
Racines : automne-printemps ; feuilles :
avril-septembre ; fruits : août-septembre.

Habitat
Bords des chemins, friches, prairies.

Utilisations
Les racines sont tendres de l'automne de
la première année de la vie de la plante au
printemps de la seconde, avant que la
hampe florale n'apparaisse. Ensuite,
elles deviennent ligneuses. Elles
sont riches en glucides, donc très
nutritives, et possèdent une sa­
veur aromatique un peu sucrée
des plus agréables. On les
coupe crues dans les salades,
ou on les fait cuire en ragoût
avec d'autres plantes. Elles sont
particulièrement délicieuses sau­
tées dans un peu d'huile. Les jeunes
feuilles peuvent être ajoutées aux sa­
lades, les autres sont cuites en soupe, en lé­
gume, en chapatis, en chausson. Les fruits,
aromatiques et piquants, sont un bon condi­
ment - à employer avec modération !

Description
Ombellifère bisannuelle atteignant 1 m, à
feuilles divisées en 5-11 segments ovales
ou lobés. Feuilles et tiges sont velues. Les
fleurs jaunâtres sont groupées en ombelles
ayant de quatre à dix rayons assez inégaux.
Fruits ailés. Racine pivotante développée.
Toute la plante dégage au froissement une
odeur marquée.
158 Bords de chemins, champs, d éco m b res

Tussilage
Tussilago farfara (Composées)

Salade, légume, beignets


’ Feuilles, fleurs.
Feuilles : avril-novembre ; fleurs : février-

Habitat
Terres remuées, bords des chem ins,
décombres.

Utilisations
Les fleurs avec leur tige se mangent crues,
dans les salades qu'elles décorent joliment.
Elles sont juteuses et aromatiques. On peut
aussi les faire cuire ou en fourrer des chaus­
sons. Les toutes jeunes feuilles sont bonnes
en salades, m ais elles deviennent vite
caoutchouteuses, ce qui peut être évité en
retirant, en le roulant, le duvet de la face
intérieure -travail fastidieux. Elles font un
très bon légume cuit. Pour les chaussons,
il faut les précuire. La meilleure façon de
les accommoder est sans doute d'en faire
des beignets... Un vrai plat de fête !

Description
Le Tussilage présente la particularité de
montrer ses fleurs avant ses feuilles, dès
la fin de l'hiver. Les petites fleurs
jaune d'or sont groupées en ca­
pitules solitaires portés par des
tiges rougeâtres, de 8 à 20 cm,
couvertes d'écailles. Les
feuilles, de taille variable,
sortent directement du sol.
Aussi larges que longues,
bordées de larges dents peu
saillantes, elles sont vert clair
en dessus, cotonneuses en
dessous.
Plantes sauvages co mestibles 159

Laitue sauvage
Lactuca semola (Composées)

i Salade, légume
^Jeunes pousses, feuilles.
Mars-octobre.

Habitat
Lieux incultes, bords des chemins, talus.

Utilisations
Les jeunes pousses sont tendres et
peuvent être ajoutées aux sa­
lades, mais la Laitue sauvage
est amère ! Pour la consommer
en quantité, il faut la faire cuire
à l'eau pour en éliminer l'amer­
tume. On pourra utiliser ainsi les
feuilles développées... si elles ne
sont pas trop coriaces. Une espèce voi­
sine, la Laitue vivace (Lactuca perennis),
à fleurs bleues, n'est pas amère : c'est l'une
des meilleures salades sauvages !

Description
Plante de 50 cm à 1,2 0 m, à tiges dressées,
rameuses, m inces, portant quelques
feuilles, profondément divisées au bas de
la plante, entières vers le haut et de plus en
plus réduites. Toutes sont embrassantes et
bordées de dents piquantes. La nervure cen­
trale porte en dessous une ligne d'épines
raides. Les petites fleurs jaunes, toutes en
languettes, sont réunies en capitules m i­
niatures à l'extrémité des rameaux. Toute
la plante contient un latex blanc très amer.
160 Bords de chemins, champs, d éco m b res

Pourpier
Portulaca oleráceo (Portulacacées)

Salade, légume, quenelles


'Toute la plante.
Juin-octobre.

Habitat
Champs, jardins, lieux incultes.

Utilisations
Le Pourpier est avant tout une excellente sa­
lade (c'est à ce titre qu'on l'a apprécié pen­
dant des siècles). Feuilles, tiges, fleurs, tout
y est tendre, charnu, juteux, légèrement aci­
dulé, succulent. On peut aussi le faire cuire
comme légume, en fourrer des chaussons,
ou préparer avec lui de délicieuses quenelles
(voir p. 32). Grâce à son mucilage, le pour­
pier permet aussi d'épaissir les soupes.
Il est adoucissant et peut s'avérer laxatif en
grande quantité. Quelques variétés de Pour­
pier sont cultivées comme légume pour
salade.

Description
Petite plante annuelle à
tiges et feuilles charnues,
dépourvues de poils. Ses tiges
rougeâtres rampent sur le sol,
atteignant 20-40 cm de lon­
gueur. Les petites feuilles sont
opposées au bas des tiges,
alors que vers le haut elles
sont alternes ou groupées au
som met des rameaux. Elles Itillft
sont ovales, progressivement iïÿÇSil
amincies vers la base et comme
tronquées au sommet. Les fleurs
jaunes s'épanouissent de m ai à
octobre. Elles donnent de petits fruits
sphériques qui s'ouvrent par un
couvercle, libérant ainsi de nombreuses
graines noires et luisantes.
Plantes sauvages comestibles 161

Chicorée
Cichorium intybus (Composées)

Salade, légume, succédané de café


I
Racine, jeunes feuilles.
Racine : automne-printemps ; feuilles :
mars-avril.

Habitat
Bords des chemins, prés, friches.

Utilisations
Les racines de chicorée sont célèbres pour
leur em ploi comme succédané du café,
mais, pour qu'elles ne soient pas ligneuses,
il faut les récolter entre l'automne de la
première année de la vie de la plante et le
printemps suivant, avant que la hampe flo­
rale n'apparaisse. On les coupe en rondelles
que l'on fait griller à sec dans une poêle en
remuant, pour en préparer ensuite une dé­
coction. Les toutes jeunes feuilles sont
bonnes en salade, mais elles deviennent
vite amères et, pour les consommer par la
suite, il faut les faire bouillir dans plusieurs
eaux. On les m élangera avec d'autres
plantes pour préparer des légumes en
sauce, des chaussons fourrés, etc.

Description
Plante à feuilles disposées en rosette, pro­
fondément divisées en lobes aigus - elles
ressem blent aux feuilles de Pissenlit.
La tige, qui peut atteindre 1 m, porte des
feuilles entières, de taille réduite. Ses nom­
breux rameaux sont garnis de jolis capi­
tules de fleurs bleues, toutes en languettes.
162 B o r d s de c h e m i n s

Lampsane
Lapsana communis (Composées)

(®) Salade, légume, soupe, chapatis


Feuilles.
Rosettes : février-mai ; feuilles développées :
jusqu'en automne.

Habitat
Jardins, lieux incultes.

Utilisations
Les jeunes rosettes de la Lampsane peu­
vent se consommer en salade. Mais les
feuilles deviennent rap id e m e n t trop
amères, et il vaudra mieux les faire
cuire, en légume, en soupe, dans
des chapatis aux herbes ou des
chaussons fourrés. Dès que la
hampe florale se développe,
l'amertume devient intense,
et il est généralement néces­
saire de faire b o u illir les
feuilles dans une ou deux eaux
avant de les consommer.

Description
Plante de 20 à 80 cm, dont les
feuilles de la base forment
une rosette. Ces feuilles sont
profondément divisées en
lobes de taille variable, avec
un lobe terminal très grand,
denté sur les bords, comme
coupé, ou en cœur à la base.
Presque toutes les feuilles sont
m unies d'un pétiole. Les feuilles
moyennes sont simples et dentées. Les pe­
tites fleurs jaunes, toutes en languettes, sont
groupées par 8-12 à l'extrémité de rameaux
grêles, et forment une grappe composée au
sommet de la plante. Elles s'épanouissent
de mai à août.
P la n te s sau vag e s co m estib les 163

Brocoli sauvage
Cardaría draba (Crucifères)

(@) Légume, salade, condiment


I ^ J e u n e s pousses, feuilles, fleurs, graines.
Pousses : m ars-m ai ; feu illes, fleurs et
graines : jusqu'en été.

Habitat
Bords des chemins, champs, lieux incultes.

Utilisations
Avant que les fleurs ne se développent (de
mars à ju in suivant les régions), les bou­
tons floraux densément groupés au som­
m et de la tig e ont l'a s p e c t de p etits
brocolis. On cueille alors tout le sommet
tendre de la plante, avec les feuilles su­
périeures. Ces « Brocolis sauvages » se
mangent crus, ils sont assez piquants, ou
légèrem ent cuits dans très peu d'eau et
servis sim plem en t avec un file t d'huile
d'olive. Plus tard, on peut consommer les
feuilles, les fleurs (dans les salades) et les
graines (comme condiment).

Description
Plante de 30 à 70 cm, à tige dressée por­
tant de nombreuses feuilles ovales, larges
(parfois plus de 2 cm), irrégulièrement den­
tées, qui embrassent la tige par deux lobes
aigus et sont couvertes de petits poils. Les
petites fleurs blanches s'épanou issent
d 'a v ril à ju illet. Elles sont groupées en
masses aplaties au som m et de la plante.
Les fruits qui leur succèdent sont petits,
plus larges que longs, et ne contiennent que
deux graines.
164 Bûi décombres

Moutarde noire
Brassica nigra (Crucifères)

Légume, soupe, condiments


’ Feuilles, inflorescences, graines.
Mars-octobre.

Habitat
Décombres, champs, bords des chemins.

Utilisations
Les feuilles de la Moutarde noire atteignent
souvent de grandes dimensions et une seule
plante peut suffire à nourrir plusieurs per­
sonnes. On peut les ajouter crues aux sa­
lades, q u 'e lle s re lè v e n t de leu r note
piquante, ou les faire cuire comme légume,
en soupe, etc. Leur saveur est ex­
cellente. Les jeunes in flo res­
cences, quand toutes les
fleurs sont encore en bou­
tons, ressem b len t à des
B rocolis et s 'u tilisen t
comme tels. Les fleurs dé­
coren t les salades. Les
graines écrasées servent
de condiment.

Description
Plante de 50 cm à 1,20 m, dressée,
à rameaux étalés portant des feuilles mu­
nies d'un pétiole. Les feuilles inférieures
sont profondém ent divisées en plusieurs
segments un peu dentés, le terminal étant
beaucoup plus grand que les autres. Les
feuilles supérieures sont étroites et allon­
gées, plus ou moins entières. Les fleurs ou­
vren t de ju in à septem bre leurs quatre
pétales jaunes d'assez grande taille. Elles
sont rassemblées en grappes à l'extrémité
des rameaux. Sous les fleurs se dévelop­
pent les fruits, courts et étroits, appliqués
le long de la tige. Ils renferm ent plusieurs
petites graines rondes, noires.
P la n tes sau vag e s co m estib les 165

Navet sauvage
Brassica cùmpestris (Crucifères)

Légume, soupe, épice


’ Racine, feuilles, inflorescences, graines.
Racine : au tom n e-prin tem ps ; plante :
jusqu'en été.

Habitat
Lieux incultes, jardins.

Utilisations
Avant l'apparition de la hampe flo­
rale, les racines sont ren flées et
charnues. On les consomme crues,
râpées ou coupées en morceaux, ou
b ien cuites. Leu r saveu r est p i­
quante. Les feuilles form ent d'ex­
cellents légumes cuits, soupes, etc.
L orsqu 'elles sont jeunes, on peut
aussi les manger en salade. Les inflo­
rescences ressemblent à des brocolis,
plan tes très p roch es, et p eu ven t se
consom m er com m e tels, mais les fleurs
sont parfois amères. Les graines écrasées
s'em ploient comme épice à la façon de la
moutarde.

Description
Plante de 30 à 80 cm dont les feuilles à la
base sont réunies en rosette avant que la
hampe florale ne se développe. Ces feuilles
sont profondément découpées et allongés
- le te rm in a l beaucoup plus gran d et
arrondi -, plus ou moins dentés, et hérissés
de poils raides. Les feuilles supérieures,
gla b res et glauques, sont la rg e m e n t
em brassantes. Les fleurs épanouissent
leurs quatre pétales jaunes d'or d'avril à
juin. Elles sont groupées à l'extrémité des
rameaux au-dessus des fruits, étroits et
allongés, dirigés vers le haut.
166 Bords de chemins, champs, d éco m b res

Bourse-à-pasteur
Capsella bursa-pastoris (Crucifères)

) Salade, légume, soupe, chapatis,


condiment
x. Racine, feuilles, inflorescences, graines.
Racine : hiver ; feuilles, inflorescences,
graines : mars-décembre.

Habitat
Bords des chemins, champs, décombres,
jardins.

Utilisations
Les racines se ramassent avec la rosette de
feuilles, avant que les tiges ne
se développent. Elles ont
une saveur de radis, et » s í.
on les con som m e
crues ou cuites. Les
meilleures feuilles, ;
et les plus abon- ;•
dantes, sont celles * »-
de la rosette. Elles ;
sont excellentes en
salade, où l'o n sent
bien leur goût de chou,
ou comme légume cuit, en
soupe, en chapatis, en chaus
sons. Le som m et tendre des in flo­
rescences (boutons, fleurs et jeu n es
fruits) s'ajoute aux salades. Les graines,
très piquantes, s'emploient en condiment,
écrasées, comme celles de la Moutarde.

Description
« Mauvaise herbe » à tiges dressées, fili­
form es, de 20 à 50 cm. Les feuilles infé­
rieures form ent une rosette à la base de la
plante ; elles sont allongées et divisées en
nombreux segments. Les feuilles de la tige
sont simplement dentées et de plus en plus
petites vers le haut de la plante. Les petites
fleurs blanches sont disposées en grappes
allongées et donnent des fruits triangulaires
caractéristiques, remplis de petites graines
jaunes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 167

Sureau noir
Sambucus nigra (Caprifoliacées)

(®) Beignets, condiment, compote, jus


Fleurs, fruits.
Fleurs : m a i-ju illet; fruits : septem bre-
octobre.

Habitat
Décombres, haies.

Utilisations
Les fleurs dégagent un agréable parfum.
On peut les ajouter aux salades, aux com­
potes de fruits, préparer avec elles de déli­
cieux beignets et en fourrer des chaussons.
Elles peuvent aussi parfumer l'eau des
gourdes ou faire une bonne infusion.
Il est possible de consommer quelques
fruits crus, m ais ils ne sont guère
agréables et peuvent m êm e devenir
vom itifs. Faites-les plutôt cuire en
compote ou en bouillie avec d'autres
fruits. Crevés à la chaleur, puis pressés
à travers un linge, ils donnent un ex­
cellent jus de fruit qui peut être cuit en
« rob » (voir p. 38). Attention à la confusion
avec le Sureau hièble.

Description
Arbrisseau de quelques mètres de hauteur,
devenant parfois un petit arbre jusqu'à
10 m. L'écorce est couverte de lenticelles
liégeuses caractéristiques, et les rameaux
sont remplis de moëlle. Les feuilles, oppo­
sées, sont composées de cinq à sept folioles
ovales, aiguës et dentées, dégageant au
froissem ent une odeur désagréable. Les
fleurs blanc crème, odorantes, sont réunies
en inflorescences aplaties et donnent de
petites baies noires, sphériques, remplies
d'un jus violacé.
168 Bor s. c h a m p s , d é c o m b r e s

Renoncule bulbeuse
Ranunculus bulbosus (Renonculacées)

Légume cuit
[ Renflement basai de la tige.
Mars-juin.

Habitat
Champs, prés, lieux incultes, bords des che­
mins.

Utilisations
Toutes les renoncules (les boutons-d'or sont
des renoncules à fleurs jaunes) sont âcres
et irritantes à l'état frais. Elles sont donc
im m angeables ainsi, et m êm e toxiques,
mais une cuisson à l'eau perm et d'élim i­
ner les substances nocives. Cela est parti­
culièrement intéressant en ce qui concerne
la Renoncule bulbeuse, dont la tige renflée
contient des réserves de substances nutri­
tives. Longuement trempé dans l'eau, puis
bouilli, ce faux « bulbe » peut se consom­
m er salé ou sucré. Sa saveur rappelle celle
de la châtaigne, en plus fade. Ainsi préparé,
il n'est pas âcre du tout.

Description
« Bouton-d'or » commun de 5 à 60 cm, à
tige principale dressée, velue, renflée en
bulbe à la base. Les feuilles de la base sont
divisées en trois lobes profondém ent inci­
sés ; le lobe du sommet est très aminci à la
base, com m e porté par un pétiole se­
condaire. Les fleurs jaunes, isolées au
sommet des rameaux, s'ouvrent d'avril
à septembre, parfois jusqu'en octobre.
Les nombreux carpelles form ent une
masse arrondie au centre de la fleur.
P la n te s sau vag e s co m estib les 169

Coquelicot
Papaver rhœas (Papavéracées)

© Légume, soupe, chapatis, chaussons


ÿ ^ J e u n e s feuilles, fleurs, graines.
Mars-août.

Habitat
Champs, bords des chemins.

Utilisations
Les jeunes pousses font de bons légumes,
sim plem ent cuits à l'eau ou préparés en
soupe, en chapatis ou en chaussons four­
rés. Les pétales décorent magnifiquement
les salades de leur rouge éclatant. On peut
croquer les jeunes fruits encore verts et
tendres. Les graines sont riches en huile et
ont une agréable saveur de noisette. On
peut en saupoudrer les plats - elles sont en­
core meilleures grillées - ou les écraser et
les mélanger à de la farine pour faire des
chapatis.

Description
Le Coquelicot est bien connu de tous, du
moins lorsqu'il est en fleur. Mais les jeunes
pousses se ramassent avant que la plante ne
fleurisse, et il faut donc savoir reconnaître
les feuilles. Elles sont généralem ent dé­
coupées en segments allongés, aigus, inci­
sés ou dentés. Chaque dent est term inée
par un p o il ra id e - toute la plan te est
d'ailleurs fortem ent velue. Les fleurs ou­
vrent leurs pétales d'un rouge v if de mai
à juillet. Le fruit renflé en urne contient
de nom breuses petites grain es rondes
brunâtres.
170 fia

i Pariétaire
Parietaria officinalis (Urticacées)

Salade, légume, chaussons


’ Toute la plante.
Avril-septembre.

Habitat
Murs, décombres, lieux riches en nitre.

Utilisations
Quel que soit son âge, la P a riéta ire est
tendre et peut s'ajouter aux salades. Sa sa­
veur est peu prononcée. Elle fournit aussi
de très bons légumes cuits, peut-être un peu
fades - mais ce n'est pas toujours un dé­
faut, car nombre de plantes sauvages ont
un goût très accentué que la Pariétaire adou­
cit La plante entière se consomme : feuilles
et tiges - ces dernières se cassent comme du
verre. On en fait aussi d'excellents chaus­
sons et chapatis. La Pariétaire est adoucis­
sante grâce à son mucilage, et diurétique
du fait de sa teneur exceptionnelle en ni­
trate de potassium. La Pariétaire appartient
à la même famille que l'Ortie mais, contrai­
rement à sa cousine, elle ne pique pas.

Description
Petite plante de 20 à 60 cm, aux
tiges velues, rougeâtres, fra­
giles, portant des feuilles op­
posées, pétiolées, lancéolées,
d'un vert sombre mat. Elles
peuvent se coller aux vête­
ments par leurs poils. Les
petites fleurs verdâtres, pré­
sentes de ju in à octobre, îSf
sont réunies à l'aisselle des
feuilles.
o m estib ie 171

Silène enflé
Silene inflata (Caryophyllacées)

Légume
I
Savon
| ^ J e u n e s pousses.
Mars-mai.

Habitat
Bords des chemins, lieux incultes, prés, ro­
chers.

Utilisations
Les jeunes pousses se ramassent au prin­
temps. Elles ont une saveur sucrée très
agréable, rappelant le petit pois et l'asperge.
Elles sont excellentes simplement cuites à
l'eau puis égouttées et servies avec un filet
d'huile d'olive et un grain de sel. On peut en
ajouter quelques-unes crues dans les sa­
lades, mais il est préférable de les cuire (à
l'eau) pour élim iner la saponine qu'elles
contiennent. La saponine est toxique si on
l'ingère ; en revanche, elle perm et de net­
toyer comme le savon, et les racines du Si­
lène enflé ont été employées de la même
manière que la Saponaire.

Description
Plante glabre et glauque de 10 à 90 cm, à
feuilles opposées, dém unies de pétiole,
ovales et allongées, aiguës au sommet, en­
tières, un peu épaisses et charnues. Les
fleurs montrent de mai à septembre leurs
cinq pétales blancs ou rosés, profondément
échancrés. Le calice gonflé en forme d'outre
est terminé par cinq dents plus larges que
longues et orné de nervures en réseau. Les
enfants s'amusent à le faire claquer sur le
revers de leur main. Le fruit sec renferme
de petites graines noires.
172 &û s. d é c o m b r e s

Sédum
Sedum reflexum (Crassulacées)

Salade, légume
’ Feuilles.
Presque toute l'année.

Habitat
Rochers, murs, bois clairs et secs.

Utilisations
Les feuilles charnues et juteuses de la plu­
part des sédums sont rafraîchissantes et
bonnes à ajouter aux salades, ou à grigno­
ter telles quelles. On peut aussi les cuire
comme légume. Le sommet des tiges et les
jeunes pousses sont tendres, mais les tiges
elles-m êm es sont trop dures, et il faut
prendre soin d'en débarrasser les feuilles.
D'autres espèces de Sédum sont
excellentes mais, si elles sont
peu fréquentes, il ne fau­
dra les ramasser qu'avec
parcimonie. Attention au
« poivre des m urailles »
(Sedum acre), dont la sa­
veu r est extrêm em en t p i­
quante, v o ire irritan te. C 'est un
sédum à fleurs jaune v if et à petites feuilles
rapprochées les unes des autres le long
de la tige.

Description
Petite plante de 15 à 40 cm, glabre dans
toutes ses parties, à feuilles cylindriques
caractéristiques, charnues et renflées, rem­
plies d'un jus acidulé. Elles sont, suivant
les plantes, d'un vert jaunâtre ou bleuté.
Les jolies fleurs épanouissent leurs 6-8 pé­
tales jaunes, aigus, de juin à août. Elles sont
groupées en inflorescences globuleuses à
l'extrémité des tiges.
sau vag e s co m estib les 173

Origan
Origanum vulgare (Labiées)

i Condiment, chausson, thé


* Sommités fleuries.
Juillet-septembre.

Habitat
Bords des chemins, talus, lieux secs.

Utilisations
Les sommités fleuries de l'Origan, et éven­
tuellement les feuilles, form ent un condi­
ment intéressant, à la saveur aromatique
très agréable, mais peu marquée. Il sent en
fait davantage qu'il n'a de goût, sauf par­
fois dans le Midi. Il est donc toujours pré­
férable de l'ajouter cru aux plats qu'il doit
parfumer : salades, soupes, légumes, etc.
Il ne faut pas craindre de l'em p loyer en
quantité. On peut par exemple en fourrer
exclusivement des chaussons. Les infusions
d'Origan sont très bonnes, mais le thé so­
la ire (v o ir p. 3 7) qu 'on prépare avec la
p lan te est en core m e ille u r, car il en
conserve tout l'arôme. On nomme parfois
la plante « Marjolaine sauvage ».

Description
Plante vivant en petites colonies, à tiges
rougeâtres dressées, jusqu'à 80 cm, por­
tant des feuilles opposées, ovales, briève­
ment pétiolées. Tiges effeuilles sont velues.
Les petites fleurs rosées à deux lèvres sont
groupées au sommet de la plante en inflo­
rescences denses, parsemées de bractées
ovales d'un beau rouge violacé. La plante
dégage au froissement une odeur agréable.
174

i Serpolet
Thymus serpyllum (Labiées)

Condiment, infusion, thé


’ Feuilles, sommités fleuries.
Mai-septembre.

Habitat
Talus, bords des chemins, bois clairs, lieux
secs.

Utilisations
Le Serpolet est un de nos meilleurs condi­
ments en raison de la finesse de son par­
fum. Mais celui-ci disparaît rapidement dès
que la plante est chauffée, car l'huile es­
sentielle qu'elle contient est très volatile.
Aussi est-il préférable d'ajouter le serpolet
cru, à la fin de la cuisson, ou, bien sûr, dans
les salades. L 'in fu sion et surtout le thé
so la ire de S erp o let sont d élicieu x ; ils
p ossèd en t en outre la p ro p rié té d 'a g ir
fa vo ra b lem en t sur le systèm e nerveux
et de faciliter la digestion. Le parfum de
la plante varie selon les lieux. Il est souvent
à la fois plus fin et plus accentué en mon­
tagne.

Description
Petite plante rampante à tiges ligneuses
formant des coussinets lâches plus ou
m oins étendus. Les feuilles sont très
petites, opposées, velues et démunies de
p é tio le s . Les fleu rs roses à étam in es
saillantes sont groupées en globuleuses à
l'extrémité des rameaux. Elles s'ouvrent de
juin à septembre. Toute la plante dégage
au froissement une odeur aromatique bien
marquée.
P la n te s sau vag e s co m estib les 175

Gratteron
Galium aparine (Rubiacées)

i Salade, légume, succédané de café


^Jeunes pousses, fruits.
Pousses : avril-juin ; fruits : août-octobre.

Habitat
Jardins, champs, taillis, haies.

Utilisations
Quand elles sont encore bien tendres, les
jeunes pousses peuvent être ajoutées, ha­
chées, aux salades ou cuites en légume.
Leurs fruits fournissent un succédané du
café qui en a tout à fait l'odeur : ils sont
cueillis encore un peu verts, grillés à sec
dans une g a m elle, écrasés en tre deux
pierres et mis à bouillir dans de l'eau (voir
p. 38). Les amateurs de café se laisseront-
ils convaincre ? Remarquons d'ailleurs que
le café et le Gratteron appartiennent tous
deux à la m ême famille, ce qui pourrait ex­
pliquer la saveur de ce dernier.

Description
Plante grimpant sur la végétation environ­
nante grâce à ses longues tiges molles (jus-
qu'à 1,50 m), m unies sur leurs angles
d'aiguillons renversés. Les feuilles sont at­
tachées par 6-8 sur la tige. Allongées et
étroites, rétrécies à la base, elles sont éga­
lem ent bordées d'aiguillons. Les petites
fleurs blanches à quatre pétales pointus
sont réunies en petites grappes et donnent
des fruits presque sphériques couverts de
poils crochus qui leur permettent de voya­
ger sur les animaux... ou les vêtements.
Prairies

Pissenlit
Taraxacum officinale (Composées)

Salade, légume
Racines, feuilles, capitules.
Racines et feuilles : presque toute l'année ;
capitules : avril-septembre.

Habitat
Prairies, friches, bois clairs.

Utilisations
Manger les pissenlits par la racine ? Déli­
cieux et... très bon pour la santé. Coupez-les
en rondelles et faites-les sauter dans un peu
d'huile. Les jeunes feuilles : en salade, bien
sûr ; plus développées, ce sont d'excellents
légumes cuits, bourrés de protéines et de
vitam ines A et C. Et puis, décorez vos sa­
lades avec les splendides capitules. Aucune
plan te ressem b la n t au P is s e n lit n 'est
toxique, mais certaines sont fort amères !

Description
Petite plante à racine charnue et profonde.
Les feuilles, toutes rassemblées en une
rosette dense, sont souvent profon­
dém ent divisées en lobes aigus,
ou parfois presqu'entières. Les
tiges florales creuses portent
les célèbres capitules aux
fleurs jaune d'or toutes en
languette, puis les boules
de du vet c a ra c té ris ­
tiques. Toutes les par­
ties renferment un latex
blanc. Feuilles et tiges
sont glabres, ce qui per­
met d'éviter des confu­
sions avec des plantes
voisines.
1
Plantes sauvages comestibles 177

Berce
Heradeum sphondylium (Ombellifères)

Salade, légume, soupe, chapatis


Feuilles, jeunes tiges, jeunes inflorescences,
fruits.
Feuilles : mars-septembre ; tiges et inflores­
cences : avril-juin ; fruits : juillet-octobre.

Habitat
Prairies, bords des chemins.

Utilisations
Les jeunes feuilles font de très bonnes sa­
lades. D éveloppées, elles sont cuites en
soupe ou en légume ou préparées en cha­
patis et en chaussons. Les jeunes tiges en­
core ten d res sont ju teu ses, su crées et
aromatiques (avec un surprenant parfum
de mandarine). Elles se situent entre le lé­
gume et le bonbon végétal, et l'on se doit
de les manger crues, coupées en morceaux
et pelées. Les inflorescences encore cachées
dans la gaine du pétiole sont coupées dans
les salades ou cuites à l'eau. Leur saveur
est très fine. Les fruits form ent un condi­
m ent puissant. Il vaut mieux les écraser
pour bien les répartir. La Berce est tonique
et digestive.

Description
Grande Ombellifère dépassant souvent 1 m,
à feuilles très grandes, pétiolées, découpées
en segments larges et anguleux. Tiges can­
nelées, couvertes de poils raides, comme
les pétioles largement engainants à la base.
Les fleurs blanches forment de grandes om­
belles aplaties, aux pétales du pourtour plus
longs. Fruits ailés.
178 Prairies

Salsifis
Tragopogon pratensis (Composées)

(©) Salade, légume


qTx - >
Racines, feuilles, boutons floraux.
Racines : automne-printemps ;
feuilles : avril-juin ; fleurs : mai-août.

Habitat
Prairies, bords des chemins.

Utilisations
La racine se ramasse de l'autom ne de la
prem ière année de la vie de la plante au
printemps de la seconde, avant que ne se
développe la tige et qu'elle ne devienne li­
gneuse. On n'a donc que les feuilles pour
identifier le Salsifis. La racine est tendre et
légèrement sucrée. On peut la couper dans
les salades ou la faire cuire, à l'eau ou dans
un peu d'huile. C'est un légume savoureux
et très n u tritif grâce à ses glucides. Les
jeunes feuilles sont tendres et très bonnes
en salade. Il en est de m êm e des boutons
floraux, que l'on peut simplement grigno­
ter au passage. Bien que riche en latex, la
plante n'est pas amère.

Description
Plante bisannuelle de 30 à 80 cm, à feuilles
très étroites, allongées et pointues,
embrassant la tige par leur base.
Tiges et feuilles sont glabres et
exsudent un latex blanc à la
coupure. Les fleurs d'un jaune
v if sont groupées en gros ca­
pitules term inaux ressem ­
b lan t à des P issen lits peu
fournis. Comme ces derniers,
les Salsifis en fruits présentent
une grosse boule duveteuse. La
racine pivotante est développée.
P la n te s sau vag e s co m estib les 179

Marguerite
Leucanthemum vulgare (Composées)

Salade, légume
Feuilles et capitules.
Mars-août.

Habitat
Prés, champs, talus.

Utilisations
Auriez-vous songé à consommer les Mar­
gu erites ? Ce sont surtout leurs jeu n es
pousses que l'on prendra plaisir à dégus­
ter, crues dans les salades ou cuites comme
légume, brièvem ent dans un peu d'eau (la
cuisson à la vapeur serait l'idéal, mais elle
est difficile à mettre en œuvre en pleine na­
ture). Les feuilles développées sont égale­
m ent bonnes, mais elles sont longues à
ramasser. Quant aux capitules, ils décorent
jolim ent les salades et sont agréables à cro­
quer. Feuilles et fleurs de la Marguerite ont
une saveur aromatique rappelant celle des
Chrysanthèmes, ses cousins, légume fort
apprécié en Extrême-Orient.

Description
Cette jolie plante de 10 cm à 1 m possède
des feuilles dentées ou divisées, élargies
vers le sommet et amincies vers la base, lé­
gèrement charnues. Les tiges sont dépour­
vues de feu illes sur une plus ou m oins
grande longueur au-dessous du capitule.
Celui-ci est une « marguerite » typique, com­
posée de fleurs blanches en languette en­
tourant de petites fleurs jaunes en tube. Il
s'épanouit de mai à septembre.
180 B o r d s d es c h e m i n s

Trèfle
Trifolium sp. (Légumineuses)

Salade, légume
’ Feuilles, inflorescences.
Avril-octobre.

Habitat
Prairies, bords des champs.

Utilisations
Les feuilles sont bonnes en salade, ou cuites
comme légume. Leur goût est agréable et
elles sont riches en protéines. Pour en fa­
ciliter la préparation, il faut prendre soin de
ne ramasser que les folioles, sans le pétiole.
Les fleurs contiennent un nectar sucré que
les enfants aiment sucer. On ajoute les in­
florescences entières aux salades - comme
décoration, mais aussi par plaisir et pour se
nourrir. Les petites graines pourraient être
récoltées et m ises à germ er ultérieure­
ment.

Description
Tout le monde sait reconnaître les
trèfles à leurs feuilles composées
de trois folioles (parfois quatre,
voire cinq...), ovales ou allongées,
et à leurs inflorescences denses,
généralement globuleuses (parfois
a llo n g ées), com p osées de n o m ­
breuses petites fleurs roses, blanches
ou jaunes. Il existe près de soixante
espèces de trèfle dans nos régions,
toutes comestibles, mais les plus
intéressantes et les plus ré ­
pandues sont le trèfle des prés
ou trèfle rouge [Trifolium pra-
tense) et le Trèfle rampant ou
Trèfle blanc (T. repens).
Plantes sa uv ages comestibles 181

Pâquerette
BelUs perennis (Composées) j
(®) Salade, légume, chaussons, thé
Feuilles, capitules.
Feuilles : presque toute l'année ; fleurs :
printemps-automne.

Habitat
Prairies grasses et pelouses.

Utilisations
Les feuilles sont tendres, croquantes et lé­
g è re m e n t arom atiqu es. On peut les
consommer crues en salade, à condition
d'y m êler d'autres plantes, car, seules,
elles ont généralem ent un arrière-
goût un peu âcre et tendent à irri­
ter la go rge. Ce d ésa grém en t
disparaît après mélange ou à la
cuisson, et les Pâquerettes four­
nissent un bon légume. Pour les
chaussons, il vaudra m ieux les
précuire. Leur avantage est d'être
présentes en toute saison. Les jolis
capitules servent à décorer les sa­
lades et peuvent se consommer. Vous
pouvez aussi en préparer un thé so­
laire léger ou les laisser macérer dans l'eau
de votre gourde qui sera, très légèrement,
parfumée.

Description
Petite plante à feuilles en forme de spatule,
toutes disposées en rosette à la base de la
tige florale, qui ne dépasse guère 10 cm.
Les capitules terminaux, solitaires, sont for­
m és d'une couronne de fleurs ligu lées
blanches, souvent rosées, entourant un
« cœur » de minuscules fleurs jaunes en
tube. Qui ne connaît pas la Pâquerette ?
182 Prairies

Pimprenelle
Sanguisorba minor (Rosacées)

(®) Salade, soupe, légume


Feuilles.
Presque toute l'année.

Habitat
Prés, pelouses, bois clairs, bords des che­
mins.

Utilisations
Les jeunes feuilles sont très tendres et peu­
vent s'ajouter en quantité aux salades. Plus
tard, le pétiole devient coriace, et il faudra
en retirer les folioles en faisant glisser la
feuille entre ses doigts. La Pimprenelle est
un délicieux condiment pour les salades,
les soupes, les légumes, etc., à utiliser crue
si l'on veut percevoir au mieux sa délicate
saveu r qui ra p p e lle éto n n a m m en t le
Concombre. La plante est légèrem ent as­
tringente, et passe pour faciliter la diges­
tion. Une espèce v o is in e , la Grande
Pimprenelle (Sanguisorba officinalis) peut
s'employer de même.

Description
Plante à tige dressée de 15 à 40 cm,
à feuilles composées de petites fo­
lioles ovales, arrondies au som­
m et et bordées de dents bien
m arquées. De nom breuses
feuilles form ent une rosette
dense à la base de la plante ;
quelques-unes se dévelop­
p en t le lon g de la tige : le
nombre des folioles diminue
alors que leu r fo rm e s 'a l­
longe. Les petites fleurs, d'un
vert pourpré, sont groupées en
épis denses au sommet des tiges.
P la n tes sau vag e s co m estib les 183

Alchémille
Alchemilla vulgaris (Rosacées)

(§)) Salade, légume


Feuilles.
A vril-o cto b re, v o ir e toute l'a n n é e en
certaines régions.

Habitat
Prés, lieux humides.

Utilisations
Les feuilles peuvent être ajoutées aux sa­
lades. Il est préférable de les ramasser
lorsqu'elles sont jeunes, car elles sont
plus tendres. Pour les consom m er
en légume, il faut les cuire à l'eau
afin d'en élim iner les tanins qui
les rendent astringentes. Cette
propriété fait de l'Alchém ille une
plante utile en cas de diarrhée,
mais les personnes constipées de­
vront éviter de la consommer. En
montagne, deux cousines (Alchemilla
alpina, A. hoppeanà], aux feuilles pro­
fondém ent découpées et soyeuses en
dessous, peuvent être ajoutées, avec parci­
monie, aux salades.

Description
Plante de 10 à 40 cm, à feuilles au contour
presque circulaire, divisées en 7-11 lobes
réguliers, peu profonds, généralement den­
tées en scie sur tout le pourtour, échancrées
à la base. Sur le bord des feuilles, de m i­
nuscules ouvertures exsudent des goutte­
lettes d'une eau végétale qui se rassemblent
dans la dépression centrale. Cette eau était,
paraît-il, employée pour leurs travaux par
les alchimistes, d'où le nom de la plante.
Les petites fleurs d'un vert jaunâtre, pré­
sentes de mai à septembre, sont groupées
en inflorescences assez lâches au sommet
de la plante.
184 Prairies

Vesce
Vicia sativa (Papilionacées)

i Salade, légume
^Jeunes pousses, fleurs, graines.
Avril-juillet.

Habitat
Prés, champs, lieux incultes.

Utilisations
Les jeunes pousses peuvent être ajoutées
crues aux salades ou cuites comme légume.
Leur saveur est agréable. Les fleurs déco­
rent les plats et se consomment. Les graines
encore vertes et tendres sont cuites à l'eau
pour en éliminer d'éventuelles substances
in d ésira b les, puis con som m ées
com m e les p etits pois. L o rs ­
qu'elles sont mûres et dures, il
faut les faire longuem ent
tre m p e r avant de les
mettre à cuire (plusieurs
heures) jusqu'à ce qu'elles
soient assez tendres. Elles
sont bonnes et nutritives.

Description
Plante grimpante de 30 à 80 cm, à feuilles
composées de 3-7 paires de folioles allon­
gées, assez larges, atténuées à la base,
échancrées au som m et avec une petite
pointe très fine dans l'échancrure, entières.
Les feuilles sont terminées par plusieurs
vrilles qui s'accrochent sur la végétation
environnante. Les fleurs violettes sont
grandes (2-3 cm), groupées par deux - mais
parfois solitaires - à l'aisselle des feuilles.
Elles fleurissent de mai à juillet, puis pro­
duisent des gousses allongées de 4 à 6 cm
de long, remplies de graines assez grosses.
Plantes sauvages comestibles 185

Chardons
(Composées)

Salade, légume
I
^Jeunes tiges, feuilles, réceptacles.
Avril-août.

Habitat
Champs, lieux incultes, bords des chemins,
etc.

Utilisations
Bien qu'épineux, la plupart des Chardons
sont com estibles - et parfois excellents.
Lorsqu'elles sont encore jeunes et tendres,
leurs tiges peuvent être coupées au cou­
teau, délicatement débarrassées des feuilles
épin eu ses, p e lé e s et dégu stées telles
quelles : elles sont juteuses et plus ou moins
sucrées ou salées, souvent très savoureuses
et nutritives. Chez certaines espèces, les
épines bordant les feuilles peuvent être en­
levées avec un couteau (ou des ciseaux) ; les
feuilles sont alors mangées en salade ou
comme légume. Avant que les capitules ne
s'ouvrent, leur « fond » (réceptacle) peut
être consommé à la façon des artichauts.

Description
Les chardons sont des plantes épineuses
appartenant à plusieurs genres de la famille
des Composées (Carduus, Cirsium, Silybum,
Galactites, etc.). Leur taille et leur aspect
sont variables, mais tous possèdent des
feuilles bordées d'épines piquantes (sauf
chez certains cirses ; voir p. 191 ) et des ca­
pitules composés de petites fleurs généra­
lem ent purpurines, toutes en tube.
186 Prairies

I Millefeuille
Achillea millefolium (Composées)

' Salade, condiment, infusion, thé


^Jeunes feuilles, inflorescences.
Presque toute l'année.

Habitat
Prés, bois clairs, talus, bords des chemins.

Utilisations
Les jeunes feuilles tendres peuvent être
coupées dans les salades, qu'elles parfu­
m ent agréablem ent. Plus tard, elles de­
v ie n n e n t un peu dures m ais, une fois
hachées, forment un bon condiment, aro­
matique et plus ou moins amer. On pourrait
éventuellement les consommer en légume
après les avoir fait bouillir pour les rendre
moins fortes. L'infusion des capitules a une
saveur trop prononcée. Ils sont en revanche
délicieux en thé solaire ou dans l'eau de la
gourde.

Description
Plante à tiges dressées de 10 à 80 cm,
à feuilles allongées, divisées en nom­
breux segments très étroits disposés
dans des plans différents, ce qui leur donne
un aspect un peu touffu. Plusieurs feuilles
form ent une rosette à la base de la plante.
Les inflorescences ne sont pas des om ­
belles, mais des corymbes de petits ca­
pitules composés de quelques fleurs
blanc crème en tube à l'intérieur et en
languette sur le pourtour. Toute la plante
dégage au froissem ent un agréable
arôme.
I
Plantes sau v ages comestibles 187

Ail sauvage
Allium scorodoprasum (Liliacées Amaryllidacées)

(®) Condiment, salade, légume


I
Bulbes, feuilles, fleurs, bulbilles.
Bulbes : toute l'a n n é e ; fe u ille s : avril-
octobre.

Habitat
Champs, terrains sableux.

Utilisations
Les feuilles sont un excellent condiment.
On les hache fraîches dans les salades, les
soupes, les légumes. Elles sont mélangées
à la pâte des chapatis aux herbes, ou aux lé­
gumes servant à fourrer des chaussons.
Bulbes et bulbilles s'emploient comme l'ail,
mais les bulbes sont généralem ent d iffi­
ciles à déterrer. Les fleurs décorent et par­
fu m en t les plats. De n om b reu ses
espèces d 'A il sauvage peuvent être
employées. Toutes se reconnaissent
facilement à leur odeur. Attention
à ne pas les confondre avec des nar­
cisses (voir p. 260).

Description
Plante à tiges de 40 à 80 cm, naissant
d'un bulbe p rofon d ém en t enfoncé. Les
feuilles, très allongées, sont aplaties, en­
gainantes à la base, entourant la tige jusque
vers la m oitié de sa hauteur, étroites et al­
longées, pointues au sommet et bordées de
très petites dents. Les petites fleurs roses
ou pourpres sont groupées en une ombelle
terminale, et mêlées de nombreux bulbilles
rougeâtres. Toute la plante répand une forte
odeur d'ail.
Bois et haies

Hêtre
Fagus silvático (Fagacées)

Salade, fruit sec


’ Feuilles, amandes des graines.
Feuilles : avril-mai ; graines : septembre-
octobre.

Habitat
Bois et forêts en climat frais.

Utilisations
Lorsqu'elles sont encore translucides, les
jeunes feuilles sont assez tendres pour être
mangées en salade, dont elles peuvent for­
m er la base car leur saveur est très douce.
Mais elles deviennent vite coriaces. Les
faînes, riches en protides, en glucides et en
lipides (on en extrayait de l'huile), sont très
nutritives. On peut les grignoter comme les
noisettes, ou les faire griller et les ajouter à
la nourriture : elles sont excellentes ainsi.
Il est conseillé de ne pas trop en manger
crues, car elles pourraient provoquer des
maux de tête.

Description
Grand arbre au tronc généralement élancé,
à écorce gris clair, lisse même quand l'arbre
est âgé. Feuilles ovales, ondulées et bordées
de cils blancs. Issues de bourgeons en fu­
seau étroit, brun, elles sont d'abord très
tendres, puis comme plastifiées. Les
minuscules fleurs femelles donnent
des fru its tria n g u la ires, les
« faînes », enferm ées dans une
coque hérissée de pointes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 189

Consoude
Symphytum officinale (Boraginacées)

Soupe, légume, chapatis, beignets


Partie souterraine, feuilles.
Avril-septembre.

Habitat
Fossés, prairies humides.

Utilisations
Les feuilles sont particulièrement intéres­
santes par leur taille, leur abondance et
leurs qualités nutritionnelles - elles sont
riches en protéines et en vitam ine B 12.
Comme elles contiennent beaucoup de mu­
cilage, elles p e rm e tte n t d 'é p a is s ir les
soupes ou les légumes. Chapatis ou chaus­
sons à la Consoude sont très bons, mais les
beignets qu'on prépare avec la plante (col­
lez deux feuilles avant de les tremper dans
la pâte) sont encore meilleurs : ils ressem­
blent un peu à des filets de sole... Les par­
ties so u terra in es son t e x trêm em en t
mucilagineuses mais peuvent se consom­
m er cuites sous la cendre par exemple.
La con sou de re n fe rm e des a lca lo ïd es
toxiques pour le foie. Mais sa consomma­
tion ne serait dangereuse qu'en excès.

Description
Plante vivant en colonies, couverte de poils
raides, à grandes feu illes (jusqu'à 40 x
15 cm), allongées et pointues, se prolon­
gean t très lo n gu em en t sur la tige. Les
hampes florales, pouvant dépasser 1 m,
portent à leur sommet des groupes de fleurs
en form e de tube renflé en cloche vers son
extrémité, blanchâtres, jaunâtres, rosées
ou pourpres. La tige souterraine est épaisse
et charnue.
190 B o is et ha ie s

Chêne
Quercus sp. (Fagacées)

Légume, bouillie
’ Amande des glands.
Septembre-octobre.

Habitat
Bois, forêts.

Utilisations
Les glands sont riches en glucides, ainsi
qu'en protides ; ils peuvent donc jouer le
rôle de base alimentaire, comme ils le fai­
saient souvent chez nos ancêtres du néoli­
thique. M ais ils contiennent de grandes
quantités de tanin qui les rend amers et as­
trin gen ts et p o u rra ien t p ro vo q u er des
troubles digestifs. Heureusement, le tanin
s 'élim in e facilem en t à l'ea u bouillante
(voire à l'eau froide par trempage prolongé)
et les glands cuits p eu ven t alors être
consommés entiers ou en bouillie, salée ou
sucrée (v o ir recette p. 35).
Bien préparés, ils form ent
un m ets n u tritif et savou­
reux. Les glands de certains
Chênes verts sont doux, dépour­
vus de tanin, et se consomment crus
ou cuits à la façon des châtaignes.

Description
Les glands des d iffé re n ts
Chênes sont comestibles. Ces
arbres se d ivisen t en deux
grands groupes dans nos ré­
gion s : les Chênes à fe u ille s ca­
duques, dont les feuilles lobées sont
caractéristiques ; les Chênes à feuilles
persistantes de la région m éditerra­
néenne, com m e le Chêne vert ou le
Chêne-liège. Les glands sont de toute
façon reco n n a issa b les par eux-
mêmes.
P la n te s sau vag e s co m estib les 191

Cirse potager
Cirsium oleraceum (Composées)

(©) Salade, légume, chapatis, chaussons


Racines, feuilles, jeunes tiges, réceptacles.
Racines : jusqu'en mars ; feuilles : avril-
septembre ; tiges : juin-juillet.

Habitat
Bois humides, bords des eaux.

Utilisations
Les racines se mangent crues ou
cuites lorsqu'elles sont encore
tendres. Les feuilles sont bonnes
dans les salades, ou cuites en lé­
gume, en chapatis ou en chaus­
sons. Leur saveur est agréable,
assez peu prononcée. Le pétiole
et la nervure centrale peuvent
être utilisés com m e les bettes à
carde. Les jeunes tiges tendres sont
excellentes telles quelles, après avoir
été coupées et pelées : elles sont ju ­
teuses et croquantes. Les réceptacles sont
de minuscules fonds d'artichaut, mais il
faut s'armer de patience pour les déguster.

Description
Grand chardon non épineux, à feuilles ba-
sales pétiolées, largement lancéolées et plus
ou moins incisées en segments aigus, for­
mant une rosette développée. Les feuilles
supérieures n'ont pas de pétiole. Toutes
sont d'un vert clair, molles et bordées de
cils non épineux. Les tiges, atteignant jus­
qu'à 1,20 m, portent des capitules de fleurs
jaune pâle, toutes en tube, entourées de
feuilles en forme de coupe.
192 Bo is et h a ie s

Tilleul
Tilia cordata (Tiliacées)

i Salade, légume, soupe, infusion


^Jeunes feuilles, fleurs.
Feuilles : avril-mai ; fleurs : juin-juillet.

Habitat
Bois, forêts, parcs.

Utilisations
Lorsqu'elles sont encore translucides, les
feuilles de Tilleul sont très tendres et for­
ment d'excellentes bases de salades. Leur
saveur est peu prononcée (ce qui est un
avantage, car les légumes sauvages sont
souvent forts). Elles sont très mucilagi-
neuses : tout le monde n'aime pas cette
consistance, mais c'est pour cela que
les feu illes sont adoucissantes et
q u 'e lle s ép a ississen t les
soupes. Les fleurs font bien
sûr des infusions parfumées
et calmantes (à moins qu'on en
mette trop : elles deviennent exci­
tantes) ; mais, fraîches, on peut aussi
les ajouter aux salades.

Description
A rbre pouvant atteindre une grande
taille, à feuilles pétiolées, larges, de
contour presque arrondi, mais en
cœur à la base et aiguës au som­
met, dentées en scie. Les fleurs
verdâtres, au parfum suave, sont
groupées par 3-7, et leur pédon­
cule com m u n est soudé à une
bractée caractéristique. Les petits
fruits qui leur succèdent sont globu­
leux et couverts d'un fin duvet.
I
Plantes sau v ages comestibles 193

Conifères
(Pinacées)

> Salade, infusion, condiment


M
riche en vitamine C
^Jeunes pousses.
Mars-juin.

Habitat
Bois, forêts, parcs.

Utilisations
Les jeunes pousses des Conifères se déta­
chent sur le vert foncé du feuillage adulte.
Elles sont tendres et délicieuses, coupées
dans les salades, où elles rem placent le
vinaigre grâce à leur saveur acidulée rap­
pelant incroyablement le citron. De même
que ce fruit exotique, elles sont très riches
en vitamine C. Leur goût varie bien sûr sui­
vant les espèces et m ême parfois suivant
les arbres, et il arrive qu'elles soient un peu
amères, mais toujours acidulées en même
temps. Les pousses donnent aussi d'excel­
lentes infusions. Sous le nom de « bour­
geons de sapin » on en préparait autrefois
un sirop expectorant... et délicieux.

Description
À l'exception de l'If, qui est toxique (voir
p. 265) les jeunes pousses des différents
Conifères de nos régions sont comestibles,
qu'ils soient natifs ou introduits. Parmi les
prem iers, il s'agit du Sapin (Abies albà],
de l'Epicéa (Picea abies), du M élèze (Larix
decidua) et des Pins (Pinus spp.) ; parm i
les seconds, des Cèdres (Cedrus spp.), du
Douglas (Pseudotsuga m enziesii) et de
divers Pins, Sapins et Épicéas.
194 Bois et ha ie s

Églantier
Rosa sp. (Rosacées)

Salade, sauce, desserts


riche en vitamine C
’ Fleurs, « fruits ».
Fleurs : mai-juin ; « fruits » : septembre-
mars.

Habitat
Haies, lisières, coteaux, talus.

Utilisations
Les pétales décorent agréablement les sa­
lades ; leur astringence les fait recomman­
der en cas de diarrhée. Les cynorrhodons
sont une mine de vitam ine C (de 10 à 50
fo is plus rich es que le citro n ).
Lorsque les gelées les ont ramollis,
on peut en consom m er la pulpe
telle quelle en la pressant délica­
tement entre les doigts - attention
au « poil à gratter ! » Au printemps
dans le Midi, la pulpe sèche est
délicieuse. Si les cynorrho­
dons sont encore durs, il faut
les couper en deux, en reti­
re r les « grain es », et les
faire cuire dans un peu d'eau : c'est
une remarquable sauce tomate.
On en prépare aussi d'excellents desserts.

Description
Il existe de nombreuses espèces d'Églan-
tiers ou Rosiers sauvages, que l'on recon­
naît aisément : ce sont des arbrisseaux à
tiges souples armées d'aiguillons crochus
ou droits, à feuilles alternes divisées en
cinq à neuf folioles dentées. Les fleurs sont
de jolies petites roses simples à cinq pé­
tales blancs, roses ou rouges, qui tombent
rapidement. Les faux fruits, ou cynor­
rhodons, sont formés par le bout de la
tige qui devient rouge et charnu.
P la n te s sau vag e s co m estib les 195

Aubépine
Cratœgus lœ vigata (Rosacées)

(©) Purée, chapatis, salade


Je u n e s feuilles, fruits.
Feuilles : mars-mai ; fruits : septembre-
novembre.

Habitat
Haies, bois.

Utilisations
Les fruits sont fades et farineux, dou­
ceâtres et légèrem ent astringents. Ils ne
sont pas excellents à consommer tels quels,
mais ils présentent le gros avantage d'être
à la fois abondants, faciles à ramasser et
très nutritifs. Ils peuvent servir à prépa­
rer une purée, que l'o n relèvera avec
d'autres fruits, comme les cynorrho-
dons (voir p. 194) ou les prunelles
(voir p . 19 6 ), et un peu de m iel ou de
sucre. Les fruits, frais ou séchés et dé­
barrassés de leurs noyaux, peuvent
être mélangés à de la farine pour faire
des chapatis. Les jeunes feuilles tendres
sont bonnes en salade.

Description
Arbrisseau épineux de taille variable, par­
fois petit arbre de 4 m ou plus, à écorce gris
clair, longtemps lisse. Les feuilles sont mu­
nies d'un pétiole, largem ent ovales, divi­
sées en 3-5 lobes principau x, aigus au
sommet et profondément dentés. Elles sont
d'un jo li vert luisant. Les fleurs blanches
ou rosées sont groupées en grand nombre
à l'extrémité des rameaux. Leur splendide
floraison a lieu d'avril à juin suivant les ré­
gions. Les fruits sont rouge v if ou sombre,
ovoïdes ou globuleux.
196 Bois et h a ies

Prunellier
Prunus spinosa (Rosacées)

Vinaigre, compote
amandes toxiques à dose élevée
l Fruits.
Septembre-décembre.

Habitat
Haies, lisières, coteaux, friches.

Utilisations
Avant que les gelées ne les adoucissent, les
prunelles sont généralement âpres, acides
et astringentes. Elles sont très désagréables
à consommer telles quelles, sauf sur cer­
tains arbres. On peut les écra­
ser et en extraire le jus à
travers un linge : c'est un ex­
ce lle n t v in a ig re p ou r les
salades. Si l'on veut les cuire, en
compote, il faut avoir du m iel ou du
sucre, sinon le résultat est extrêmement
acide. L'amande contenue dans les noyaux
peut être consommée en petite quan­
tité. Elle est nutritive, mais amère
et riche en acide cyanhydrique -
inoffensif à faible dose, toxique
et mortel à dose élevée.

Description
Arbrisseau de 50 cm à 2-3 m, à rameaux
très épineux, à écorce brun-noir ou gris
foncé, luisante. Les feuilles sont munies
d'un court pétiole, ovales, allongées, plus
larges vers le sommet, finem ent dentées
en scie sur les bords. Les petites fleurs
blanches décorent en grand nombre les ra­
meaux en avril-mai ; elles sont isolées ou
groupées par deux. Des fruits globuleux de
petite taille ( 7-20 mm de diamètre) leur suc­
cèdent ; ils sont d'un bleu noirâtre, recou­
verts d'une pruine blanchâtre.
Pla n tes sau vag e s co m estib les 197

Tamier
Tamus communis (Dioscoréacées)

®) Légume
^ J e u n e s pousses.
Avril-mai.

Habitat
Haies, bois.

Utilisations
Les jeunes pousses se développent au prin­
temps. On peut les ramasser sur la végéta­
tion environnante alors que les tiges ont
déjà 1 m ou plus. Elles se cassent facile­
ment entre le pouce et l'index. On les fait
cuire légèrem en t à l'eau pour les servir
avec un simple filet d'huile d'olive. Elles
sont souvent un peu amères. La plante dé­
veloppée passe pour être plus ou moins
toxique et ses baies rouges sont dange­
reuses à cause des saponines q u 'elles
contiennent. Les racines coupées et frot­
tées sur un « bleu » le font disparaître.

Description
Plante grimpante à tiges grêles pouvant at­
teindre 3 m de long, portant des feuilles
munies d'un long pétiole, en forme de cœur
renversé, larges, rétrécies en pointe aiguë
au som m et et dessinant à la base deux
larges oreillettes arrondies écartées l'une
de l'autre. Les feuilles sont luisantes en des­
sus. Les petites fleurs verdâtres sont ré­
unies en grappes lâches à l'aisselle des
feuilles. Elles sont toutes mâles ou toutes
femelles, et portées sur des pieds différents.
Les pieds fem elles portent des fruits glo­
buleux et charnus, rouge vif.
198 Bo is et ha ie s

Houblon
Humulus lupulus (Cannabacées)

Salade, légume, tisane


Jeunes pousses, cônes.
Jeunes pousses : avril-mai ; cônes août-
octobre.

Habitat
Haies, lisières des bois, bords des rivières,
lieux frais.

Utilisations
L'extrémité des tiges reste longtemps assez
tendre pour être cueillie entre le pouce et
l'in d e x . Les jeu n es pousses sont alors
bonnes crues (croquantes, juteuses, aro­
matiques et légèrement amères) ou cuites,
par exemple à l'eau avec une sauce blanche.
Les cônes renferm ent une poudre jaune
amère et parfumée, le lupulin. On peut s'en
servir pour préparer une tisane calmante,
mais il ne faut pas trop en mettre. Glisser
les cônes dans un sac en toile que l'on
glissera sous son oreiller aide à lutter
contre les insomnies.

Description
Plante de plusieurs mètres de long,
aux tiges molles grim pant sur la vé­
gétation avoisinante au moyen de petits
crochets. Les feuilles, opposées, pétio-
lées, en cœur à la base, sont profondé­
ment divisées en trois ou cinq lobes ovales
et pointus et ressemblent à des feuilles de
vigne. Elles sont très rugueuses au toucher.
Les fleurs mâles et fem elles sont portées
par des pieds différents. Les fleurs femelles
sont réunies en « cônes » caractéristiques
formés d'écailles jaune-verdâtre.
Plantes sau v ages comestibles 199

r
Egopode
Ægopodium podagraria (Ombellifères)

Salade, soupe, légume, chapatis


Feuilles.
Avril-octobre.

Habitat
Bois frais, haies, jardins.

Utilisations
Les jeunes feuilles qui se développent au
printemps sont très tendres et possèdent
une fine saveur aromatique. On peut en
faire de grandes salades, d'autant plus fa­
cile m e n t que la plante, pou ssant en
groupes, est localem ent abondante. Jus­
qu'en automne, les feuilles développées
peuvent être cuites en soupe ou en légume,
et servir à confectionner des chapatis aux
herbes ou des chaussons. On en retirera le
pétiole s'il est devenu trop dur. L'Égopode,
surtout dans sa jeu n esse, est l'u n des
meilleurs légumes sauvages.

Description
Belle plante de 30 à 90 cm, à feuilles infé­
rieures munies d'un long pétiole de section
triangulaire, creusé en gouttière sur sa par­
tie supérieure. Les feuilles sont composées
de plusieurs folioles, elles-mêmes divisées
en trois parties allongées, aux bords den­
tés en scie. Les feuilles moyennes sont sim­
plement divisées en trois. Les petites fleurs
blanches, groupées en ombelles composées
hémisphériques, s'ouvrent de mai à août.
Les fruits, allongés, sont glabres. La plante
se propage par sa tige souterraine ramifiée
et form e souvent d'importantes colonies.
200 Bois et ha ie s

Cormier
Sorbus domestica (Rosacées)

Fruit, compote
Fruits.
Septembre-octobre.

Habitat
Bois, haies, arbres isolés autrefois cultivés.

Utilisations
À la fin de l'été, les cormes sont vertes, sou­
vent rouges sur une face, dures, amères,
astringentes et acides - on ne mord dedans
qu'une fois ! Mais elles deviennent très ra­
pidem ent jaune brunâtre, m olles et cré­
m euses, sucrées et d é lic ie u s e m e n t
parfumées : c'est alors l'un de nos meilleurs
fruits, grâce au miracle du blettissement.
Très riches en glucides facilem ent diges­
tibles, les cormes sont extrêmement nutri­
tives. Elles favorisent l'augmentation de la
vitamine B 12, ce qui est particulièrement
appréciable lorsqu'on ne consomme pas
de produits animaux.

Description
Arbre pouvant atteindre
de 15 à 20 m, à éco rce
grise, fissurée, portant
des feuilles composées de
13-17 folioles disposées sy­
m étriqu em en t, allon gées et
dentées dans les deux tiers supérieurs
Les je u n e s fo lio le s sont cou vertes
en dessous de poils cotonneux qui
tom b en t avec l'â g e . Les fleu rs
blanches, groupées en coiymbes
composés à l'extrémité des
rameaux, s'ouvrent en mai-juin.
Elles donnent des fruits globuleux
ou en form e de poire, les cormes,
de 3-4 cm de diamètre.
Pla n tes sau vag e s co m estib les 201

Violette
Viola sp. (Violacées)

(§) Salade, soupe, chapatis, chaussons


Riche en vitamine C
Feuilles et fleurs.
Feuilles : presque toute l'année ; fleurs :
février-juin.

Habitat
Bois, lisières, haies.

Utilisations
Les feuilles peuvent s'utiliser pendant
la plus grande partie de l'année. Si
elles sont assez tendres, on les ajoute
aux salades, sinon on les fait cuire
en soupe, qu'elles épaississent par
leur m ucilage, en légume, en cha­
patis ou en chaussons. Leur saveur
est un peu prononcée. Elles sont
quatre fois plus riches en vitamine C
que les citrons et contiennent plus de
vitamine A que les épinards. Odorantes
ou non, les fleurs s'ajoutent aux salades
qu'elles décorent joliment. Feuilles et fleurs
sont adoucissantes.

Description
Un grand nombre d'espèces de Violettes
poussent dans nos régions ; toutes sont co­
mestibles. Ce sont de petites plantes por­
tant des touffes de feuilles vert foncé en
form e de cœur, plus ou m oins larges et
pointues au sommet, munies de longs pé­
tioles, velues. Les fleurs, violettes, mauves
ou jaunes, ra rem en t blanches, ont une
forme typique. Elles ne sont odorantes que
chez très peu d'espèces.
202 Bois et ha ie s

Cornouiller mâle
Cornus mas (Cornacées)

Fruit, conserves
|Fruits.
Septembre-octobre.

Habitat
Coteaux calcaires, haies et lisières, bois
clairs.

Utilisations
Les cornouilles sont d'excellents fruits, très
nutritifs en raison de leur teneur en glu­
cides. Lorsqu'elles sont bien mûres, leur
pulpe est m olle, acidulée, sucrée et aro­
matique - entre la cerise et la groseille. On
les mange crues de préférence. Avant ma­
turité totale, les cornouilles sont acides. Si
elles le sont trop, il faudra les faire cuire...
à condition de pouvoir les édulcorer avec du
sucre ou du miel. On peut aussi les conser­
ver dans une saumure (eau + sel), mais il
faut attendre plusieurs semaines avant
de les consommer. Le degré de ma­
turité des Cornouilles se juge à leur
couleur qui passe de l'orange au rouge
vif, puis sombre, le stade le meilleur.

Description
Arbuste de 3 à 7 m, à feuilles opposées
vert clair, ovales et pointues, entières,
parcourues de nervures secondaires
co n v e rg e a n t ve rs le so m m et de la
feuille. Les petites fleurs jaunes, odorantes,
groupées en ombelles, s'épanouissent dès
l'hiver, avant les feuilles. Les fruits sont des
drupes de la forme et de la taille d'une olive,
rouge v if puis rouge foncé à maturité, ren­
fermant un noyau allongé.
P la n tes sau vag e s co m estib les 203

Pulmonaire
Pulmonaria offíanalis (Boraginacées)

Salade, légume, soupe


’ Feuilles, fleurs.
Feuilles : mars-octobre ; fleurs : avril-juin.

Habitat
Bois frais, lieux ombragés et humides.

Utilisations
La Pulmonaire est une proche parente de la
Consoude déjà étudiée et s'utilise de la
m ême manière. Les jeunes feuilles font de
bonnes salades, de préférence en mélange
avec d'autres plantes à cause de leurs poils.
Leur saveur ra p p elle un peu ce lle des
huîtres ! Les feuilles développées sont de
très bons légumes. Mucilagineuses, elles
permettent d'épaissir les soupes et se mon­
trent adoucissantes, voire m ême laxatives,
propriété utile en cas de constipation. Les
fleurs décorent jolim ent les salades et peu­
vent très légèrem ent parfum er l'eau des
gourdes.

Description
Jolie plante de 15 à S0 cm, à tiges couvertes
vers le sommet de poils rudes et hérissés,
de m êm e que les feuilles. Celles de la base
sont munies d'un long pétiole ; les autres
en sont dépourvues. Toutes sont ordinai­
rem ent ponctuées de taches blanches ca­
ractéristiques (mais pas toujours !).
À mesure qu'elles s'épanouissent, les fleurs
passent du rouge au violet puis au bleu.
Elles sont disposées en grappes courtes à
l'extrémité des rameaux.
204 Bois et ha ie s

Fraisier
Fragaria sp. (Rosacées)

Fruit, salade, soupe


Riche en vitamine C
’ Feuilles et « fruits ».
Feuilles : avril-juin ; « fruits » : juillet-août.

Habitat
Bois, haies, talus.

Utilisations
Il sera it d om m a ge de co n so m m er les
fraises autrement que crues, mais il faudra
cependant les faire cuire si le risque d'échi-
nococcose est im portant dans la région
(voir p. 104). Ces « fruits » (il s'agit en fait de
l'extrémité renflée et charnue de la tige !)
sont parmi les meilleurs que nous propose
la nature. Moins connue pour être comes­
tible et, il faut le dire, m oins bonne, la
feuille de fraisier peut s'ajouter aux salades
composées, aux soupes, aux légumes, etc.
Elle est particulièrement riche en vitamine
C et son astringence la fait recommander en
cas de diarrhée - et déconseiller en cas de
constipation.

Description
Le Fraisier est trop bien connu pour qu'il
soit utile de le décrire, d'autant qu'il ne peut
être confondu avec aucune espèce toxique.
M ais il existe en fa it trois espèces de
Fraisiers des bois (Fragaria collina, F.
elatior et F. vesca), toutes aussi déli­
cieuses les unes que les autres. On
les confond parfois avec la Poten-
tille faux-fraisier (Potentilla fraga-
riastrum), mais qui ne produit pas
de fraises.
Pi an te s s a u v a g e s c o m e s tib le s 205

0
Epine-vinette
Berberís vulgaris (Berbéridacées)

(§) Salade, compote, bouillie


Jeunes feuilles, fruits.
Feuilles : m ai-juin ; fruits : septem bre-
octobre.

Habitat
Coteaux calcaires, haies, bois clairs.

Utilisations
Lorsqu e les fe u ille s sont en core
tendres et translucides, souvent un
peu rougeâtres, on les ajoute avec
profit aux salades qu'elles relèvent
de leur saveur acidulée. On peut aussi
les grignoter telles quelles au cours de
la marche, car elles apaisent la soif.
Mais elles sont riches en acide oxalique
et il ne faudrait pas en consommer des sa­
ladiers entiers. Les fruits ajoutés aux sa­
lades y remplacent le vinaigre. C'est dire
s'ils sont acides ! On peut les faire cuire en
compote ou en bouillie, mais il faut les édul­
corer au miel ou au sucre. On élimine les
pépins en passant la pulpe cuite à travers
un linge. Dans le passé, les gelées d'Épine-
vinette étaient réputées.

Description
Arbrisseau touffu, atteignant parfois 2 m, à
rameaux nombreux, munis de fortes épines
souvent disposées par trois. Les feuilles,
spatulées et bordées de cils effilés, sont ré­
unies en touffes. Les fleurs à six pétales
jaunes, en grappes pendantes, s'ouvrent
en mai-juin, puis donnent des fruits allon­
gés d'un rouge vif.
206 Bo is et ha ie s

Genévrier
Juniperus communis (Cupressacées)

Condiment, infusion
Jeunes pousses, « baies ».
Pousses : avril-mai ; « baies » : presque toute
l'année.

Habitat
Bois clairs, coteaux calcaires.

Utilisations
Les « baies de genièvre » sont d'excellents
condiments, en particulier pour aromati­
ser le pâté de glands (voir p. 35). Il est pré­
férable de les écraser avant de les ajouter.
Les chapatis parfumés au genièvre sont dé­
licieux. Les cônes peuvent aussi être mâ­
chés tels quels, ou p rép a rés en une
décoction digestive. Les jeunes pousses font
une bonne infusion et peuvent être ajou­
tées aux salades lorsqu 'elles sont assez
tendres. Dans le Midi, on utilisera les cônes
du Cade (Juniperus oxycedrus). Attention : le
feuillage des autres Genévriers est toxique.

Description
A rb rissea u ou arbuste ju s q u 'à 6 m, à
feuilles étroites, allongées, coriaces, p i­
quantes au sommet, portant sur leur face
supérieure une bande d'un vert bleuâtre.
Les feuilles sont réunies par trois sur les
rameaux. Les fleurs minuscules sont toutes
mâles ou toutes femelles, sur des pieds
séparés. Les plantes fem elles portent
des cônes globu leu x, charnus,
bleuâtres, communément appelés
« baies ». Les cônes m etten t
deux ans à mûrir.
Plantes sa u v a g e s comestibles 207

Génottes
Conopodium denudatum (Ombellifères)

Légum e
’ Racines, feuilles, fleurs.
Printemps.

Habitat
Bois et prés sur terrain s siliceu x dans
l'ouest, le centre et le m idi de la France.

Utilisations
Les tubercules ont une saveur agréable,
rappelant un peu la châtaigne. On peut les
consommer crus, mais ils sont meilleurs
cuits, sous la cendre, à l'eau ou dans
un peu d'huile. Riches en amidon,
ils sont très nutritifs. Il ne faut les
ramasser que là où les Génottes
sont abondantes. Feu illes et
fleurs peuvent aussi se consom­
mer. La plante est parfois nom­
m ée « N o ix de te rre », par
confusion avec une plante voisine
(Bunium bulbocastanum), qui s'uti­
lise de même.

Description
Petite plante de 10 à 60 cm, à racine renflée
en tubercule arrondi, brunâtre. Les feuilles
inférieures sont deux-trois fois complète­
ment divisées, de contour général triangu­
laire, munies d'un pétiole très allongé. Les
feuilles moyennes sont divisées en lanières
linéaires. La tige grêle ne porte des feuilles
qu'à sa base et dans sa m oitié supérieure.
Elle se term ine par une om belle (parfois
plusieurs) de petites fleurs blanches qui
s'épanouissent en juin-juillet. Les fruits
sont allongés, luisants, noirs lorsqu'ils sont
mûrs.
208 Bois et ha ie s

Néflier
Mespilus germanica (Rosacées)

Fruit, compote
l Fruits.
À partir de septembre, pour consommer
en hiver.

Habitat
Bois et haies.

Utilisations
Avant d'être blettes, les nèfles, d'un brun
verdâtre, sont dures, amères et astringentes
- immangeables. En quelques semaines, le
blettissement les transforme en fruits suc­
culents : crémeux, sucrés, acidulés et par­
fumés, avec une saveur un peu vineuse !
Elles sont alors d'un brun rougeâtre et très
molles au toucher. Les nèfles contiennent
quelques gros noyaux durs. Grâce à leur
haute teneur en glucides très digestibles,
elles sont extrêmement nutritives. En outre,
elles régularisent les fonctions intestinales.

Description
Arbuste ou petit arbre jusqu'à 6 m, au tronc
et aux rameaux généralement tortueux, à
l'écorce brun rougeâtre, écailleuse. Les
feuilles, pétiolées, sont elliptiques et aiguës
au sommet, vert mat en dessus et couvertes
de poils cotonneux en dessous. Les fleurs,
iso lées au som m et des ram eaux, épa­
nouissent en mai-juin leurs cinq pétales
blancs. Elles donnent des fruits globu­
leux et tronqués, de 3-4 cm de dia­
mètre, munis au som m et de cinq
longs sépales persistants.
Plantes sa u v ag es comestibles 209

Robinier (Acacia)
Robinia pseudacada (Légumineuses)

Salade, compote, chaussons


Fleurs et boutons floraux.
Mai-juin.

Habitat
Haies, taillis, parcs.

Utilisations
Les fleurs d '« Acacia», si parfumées, peu­
vent s'ajouter aux salades, aux compotes
de fruits ; on peut en fourrer des chaussons.
Et pourquoi ne pas sacrifier à l'usage po­
pulaire qui veut qu'on en fasse des beignets
p a rfu m és ? M ais il faut é v ite r de les
consommer crues en excès, car elles peu­
vent donner la nausée. Surtout ne les
confondez pas avec les fleurs jaunes du
Cytise, qui sont toxiques m ême cuites. Les
boutons floraux du Robinier (c'est le véri­
table nom de l'Acacia) se m angent en lé­
gum e, cuits à l'e a u par exem ple. M ais
attention, les graines crues et l'écorce pas­
sent pour être toxiques.

Description
Arbrisseau de quelques mètres, ou arbre
pouvant atteindre 20 m, suivant l'endroit
où il pousse, à rameaux garnis d'aiguillons
acérés disposés par deux à la base des
feuilles. Celles-ci sont composées de onze à
quinze folioles elliptiques, d'un vert un peu
bleuâtre. Les fleurs blanches de forme ty­
p iq u e (p a p ilio n a c é e ) sont réu n ies en
longues grappes pendantes à la base des
feuilles. Elles répandent une odeur suave.
Les fruits sont des gousses aplaties d'un
brun foncé.
Attention à ne pas confondre l'acacia avec
le cytise (p. 262), dontles fleurs jaunes sont
très toxiques.
210 Bo is et h a ie s

Fragori
Ruscus aculeatus (Liliacées)

(®) Salade, légume


| ^ J e u n e s pousses.
Avril-mai.

Habitat
Bois, haies.

Utilisations
Les jeunes pousses se développent au m i­
lieu des touffes que forment les tiges. Elles
sont d'un violet foncé, luisant, et se cueillent
lorsqu'elles se cassent facilement entre les
doigts. On peut les manger crues, mais elles
sont amères. Leur saveur est par ailleurs
agréable. Elles sont généralement cuites et
servies avec un filet d'huile d'olive. Les
baies rouges sont toxiques du fait de leurs
saponines.

Description
Plante de 30 à 90 cm, à tiges dressées très
rigides, nues en bas et très rami­
fié e s vers le haut, en tou ffes
denses. Les feuilles sont réduites
à de petites écailles. Des ra­
meaux aplatis (cladodes), co­
riaces et persistan ts, les
rem p la cen t. Ils sont
ovales-allongés, termi­
nés en épine, entiers,
d'un vert sombre. Ils por­
tent au centre de leur face
supérieure de petites fleurs
verdâtres, solitaires ou
par deux. Ces d ern ières
s'ép a n o u issen t de sep­
tembre à avril. Toutes mâles
ou toutes fem elles, elles sont
portées sur des pieds différents.
Les pieds fem elles portent des fruits
globuleux, charnus, rouge vif, gros comme
une cerise.
Plant sauvages c estibles 211

©
Alliaire
AlUaria petiolata (Crucifères)

Salade, chapatis, chaussons


I
=k<^Jeunes pousses, feuilles, inflorescences,
graines.
Avril-septembre.

Habitat
Haies, taillis, lisières de bois, lieux frais.

Utilisations
L'Alliaire se consomme de préférence crue.
Ses feuilles ajoutées aux salades leur com­
muniquent un appétissant parfum d'ail. On
peut aussi en faire des chapatis aux herbes
et en fourrer des chaussons mais, si l'on
veut ajouter l'Alliaire à des légumes, il vaut
mieux le faire en fin de cuisson car, en cui­
sant, elle p erd son odeur d 'a il pour ne
conserver qu'une amertume peu agréable
- déjà nettem ent p erceptible lorsque la
plante est crue. Les fleurs décorent agréa­
blement les salades, et les graines forment
une épice piquante, à saveur de moutarde.
On écrasera si possible les graines avant
de les utiliser.

Description
Grande plante pouvant atteindre 1 m, por­
tant de larges feuilles pétiolées, largement
dentées, rappelant quelque peu l'Ortie. Les
petites fleurs blanches à quatre pétales en
croix s'ouvrent d'avril à juillet. Des fruits
alloués leur succèdent. Le plus sûr moyen
de reconnaître l'Alliaire est de froisser ses
feuilles entre les doigts : elle dégage une
odeur d'ail absolument caractéristique.
212 B ois et h a i e s

Oxalis
Oxalis acetosella (Oxalidacées)

Salade, soupe
|Feuilles et fleurs.
Presque toute l'année.

Habitat
Bois humides, lieux ombragés.

Utilisations
Toutes les parties de l'Oxalis sont acidulées
du fait de l'acide oxalique qu'elles contien­
nent. Il est rafraîchissant de mâchonner
les feuilles et leurs pétioles en marchant.
On les ajoute aux salades, qu'elles relèvent
agréablement : elles y remplacent quelque
peu le vinaigre. Les fleurs font de jolies dé­
corations acidulées. L'oxalis peut aussi être
cuit en soupe comme l'oseille.

Description
Petite plante de 2 à 8 cm, à feuilles munies
d'un long pétiole, partant toutes des ra­
meaux souterrains. Lorsqu'ils tom­
bent, les p é tio le s se ro m p en t
au-dessus de leur base, laissant de
petites aspérités sur les tiges sou­
terraines. Les feuilles compor­
tent trois folioles en form e de
cœur qui les font ressembler à
celles du Trèfle (sans q u 'ily ait
de rapport botanique entre ces
plantes). Les fleurs blanches vei­
nées de rose se m o n tren t en
avril-mai. Elles sont isolées à l'ex­
trémité de rameaux partant du som­
met des tiges souterraines. Après les
fleurs printanières à corolle déve­
loppée, qui ne forment que rarement
des fruits, se produisent des fleurs sans
pétale ou presque, qui fructifient toujours.
P la n te s sau vag e s co m estib les 213

Fougère aigle
Pterídium aquilinum (Polypodiacées)

© Légum e
^ ^ J e u n e s pousses.
Avril-mai.

Habitat
Bois, landes.

Utilisations
Lorsque les jeunes frondes sortent de
terre, elles sont enroulées dans le
haut, un peu comme des crosses de
violon. On les ramasse avant qu'elles
n'aient commencé à se dérouler, lors­
qu'elles se cassent facilement entre les
doigts. On peut en manger un peu crues,
mais elles contiennent une substance qui
détruit la vitamine B 1. Il vaut donc mieux
les cuire, à l'eau, et les servir avec un filet
d'huile d'olive et une pincée de sel. Elles
sont gén éralem en t très bonnes. M ais il
arrive qu'elles soient amères et dégagent
à la cuisson une odeur d'amandes amères ;
dans ce cas, il ne faudra pas les consom­
mer.

Description
Grande fougère pouvant atteindre 1,50 m
ou plus, à frondes munies d'un long pétiole,
robuste, brun noirâtre dans le bas, m on­
trant une sorte d'aigle im périale si on le
sectionne obliquement. Les frondes déve­
lop p ées sont très grandes, de contour
triangulaire allongé, deux à trois fois com­
plètem ent divisées en segments triangu­
laires, eux-mêmes découpés en lobes obtus.
Les parties reproductrices (sporanges) se
développent de juin à octobre sur le bord
des lobes. Les frondes naissent sur une tige
souterraine robuste.
214 Bois et ha ie s

Benoîte
Ceum urbanum (Rosacées)

i Condiment, chapatis, infusion


^Jeunes feuilles, racines.
Racines : toute l'année ; feuilles : au prin­
temps.

Habitat
Bois, haies.

Utilisations
Les jeunes feuilles tendres peuvent être
ajoutées aux salades ou aux chapatis qu'elles
parfument légèrement. Les racines ont un
fort parfum de girofle et sont un très bon
condiment, en particulier pour les sauces
blanches ou les chapatis. On en fait aussi
d'agréables infusions. Elles
sont astringentes, ce qui, sui­
vant le cas, peut être un bien
ou un mal (voir p. 98).

Description
Plante de 30 à 80 cm, à courte
tige souterraine portant des ra­
cines assez épaisses qui déga­
gent au froissement une nette
odeur de clou de girofle. Les
feuilles de la base sont divisées en cinq
à sept segments profonds, bordées de
dents aiguës, les deux in férieu rs
beaucoup plus petits et séparés des
autres. Les feuilles moyennes, très dé­
veloppées, sont divisées en trois seg­
ments et portent à leur jonction sur la tige
deux petites feuilles (stipules) à contour ar­
rondi. Les fleurs montrent à l'extrémité des
rameaux leurs cinq pétales jaunes de mai
à septembre. Les fruits globuleux présen­
tent de nombreuses arêtes, fortement cour­
bées en S vers le sommet.
Bords des eaux

Cresson
Nasturtium officinale (Crucifères)

Salade, soupe, chapatis


’ Toute la plante.
Avril-septembre.

Habitat
Eaux claires et courantes.

Utilisations
La saveur typiquement piquante
du Cresson est toujours appré­
ciée : on ajoute la plante crue
aux salades ou aux légumes,
ce qui permet de bénéficier au
mieux de son apport en vita­
mine C. Mais le Cresson risque
d'être parasité par la douve du
foie (voir p. 104) : si des vaches
ou des moutons paissent à proxi­
mité, il est im p ératif de le faire
cuire. On en fait bien sûr d'excel­
lentes soupes, mais il est aussi très
bon en bouillie, en légume, en chapatis
ou en chaussons. Même cuit, le Cresson re­
hausse la saveur des autres plantes.

Description
Plante aquatique à tiges molles rampant à
la surface de l'eau ou dans la vase, munies
de petites racines adventives blanches. Les
feuilles, d'un vert foncé luisant, sont divi­
sées en cinq ou sept folioles arrondies, dont
la term inale est plus grande. Les petites
fleurs à quatre pétales blancs en croix ap­
paraissent en été et donnent de courtes si-
liques (fruits typiques des Crucifères).
216 B o r d s d es e a u x

Valériane
Valeriana officinalis (Valérianacées)

Salade, infusion
’ Feuilles, fleurs.
Feuilles : avril-juillet; fleurs : juin-août.

Habitat
Fossés, bords des eaux, lieux humides.

Utilisations
Les feuilles s'ajoutent aux salades compo­
sées, où leur légère amertume n'est pas
désagréable. Il faudra néanmoins ne pas
trop en mettre, et se conformer aux goûts de
chacun. Les petites fleurs décorent jo li­
ment les salades, ou d'autres plats.
Elles aussi sont assez amères. Les
parties souterraines ont une
odeur prononcée qui est cen­
sée attirer les félins. C'est un
excellent rééquilibrant du
système nerveux, efficace
contre les angoisses et les
insomnies. On peut les pré­
parer en infusion ou simple­
m en t les m âch er. Sait-on
jam ais?

Description
Grande plante dépassant géné­
ralement le mètre, à feuilles op­
posées vert sombre, profondément divisées
en nombreux segments allongés, bordés
de quelques dents peu profondes. Les pe­
tites fleurs d'un blanc rosé sont groupées en
inflorescences arrondies au som m et des
tiges. Elles dégagent un léger parfum.
Les parties souterraines, brun pâle,
charnues, dégagent une forte odeur ca­
ractéristique.
auvages co m estib les 217

Véronique
Veronica beccabunga (Scrophulariacées)

Salade, légum e
I
Feuilles et tiges.
Avril-septembre.

Habitat
Fossés, bords des cours d'eau, ou même
dans l'eau.

Utilisations
Feuilles et tiges de la Véronique aquatique
sont tendres et succulentes. On les ajoute
crues aux salades, qu'elles relèvent de leur
saveur légèrement piquante qui rappelle
le Cresson. C'est pour cela qu'on la nomme
parfois « cresson de cheval », le dernier
terme se référant à son amertume, rare­
ment trop marquée pour être gênante. On
peut aussi faire cuire la plante, de préfé­
rence avec d'autres légumes sauvages. Une
de ses cousines très proches, le Mouron
d'eau (Veronica anagallis-aquatica), se
consomme de même. Toutes deux sont
riches en vitamine C.

Description
Plante vivace de 20 à 60 cm de hauteur, à
tiges cylindriques charnues portant des
feuilles composées, brièvement pétiolées,
ovales et arrondies au sommet, bordées de
petites dents obtuses. Les feuilles sont assez
épaisses, charnues. Les jolies fleurs bleu
pâle à quatre pétales et deux étamines sont
réunies en longues grappes dressées, pre­
nant naissance à l'aisselle des feuilles su­
périeures. Toute la plante est glabre.
218 Bo rd s des eaux

Angélique
Angelica sylvestris (Ombellifères)

Salade, chapatis, condiment


eunes pousses, jeunes tiges, feuilles,
jeunes inflorescences, fruits.
Pousses et tiges : avril-juin ; inflorescences
mai-juillet ; fruits : juillet-septembre.

Habitat
Lieux humides, fossés, bois frais.

Utilisations
On ajoute aux salades les jeunes pousses
finement hachées, les tiges encore tendres,
coupées en morceaux et pelées, et les
jeunes inflorescences encore cachées dans
leur gaine. Elles sont trop aromatiques pour
être utilisées crues en grande quantité. Les
inflorescences peuvent être cuites à l'eau
et consommées avec un peu de sel et d'huile
d'olive. Les feuilles développées sont assez
coriaces et fortes : ce ne sont pas d'excel­
lents légumes, mais elles sont bonnes dans
les chapatis ou les chaussons. Les fruits ser­
vent de condiment. La plante est tonique
et digestive.

Description
Grande Ombellifère dépassant
souvent 1 m, à tige lisse, verte ou
fréquemment rougeâtre mais ja­
mais tachetée. Les feuilles sont
composées de larges folioles vert
sombre, bordées de dents aiguës,
à pétioles élargis à la base, formant
une gaine renflée. Les petites fleurs
blanches ou rosées sont réunies en
larges ombelles hémisphériques. Fruits
ailés. Toute la plante dégage au froissement
une odeur aromatique.
P la n te s sau vag e s co m estib les 219

Menthe aquatique
Mentha aquatica (Labiées)

Condiment, infusion
I
Feuilles et sommités fleuries.
Presque toute l'année.

Habitat
Lieux humides.

Utilisations
La Menthe aquatique est un excellent condi­
ment pour les salades, les légumes, les
soupes, les chapatis, etc. On en fait bien sûr
de délicieuses infusions et elle parfume
agréablem ent l'eau des gourdes. Les
autres espèces de Menthe que l'on ren­
contrera peuvent servir aux mêmes
fins, mais toutes ne sont pas aussi plai­
santes. Deux des espèces les plus cou­
rantes, la Menthe à feuilles rondes
(Mentha rotundifolia) et la Menthe syl­
vestre (Mentha longifolia), n'ont pas une
odeur très fine, et elles la perdent tota­
lement dès qu'on les chauffe. Les deux
meilleures espèces sont la Menthe des
champs (Mentha arvensis) et la Menthe pou-
liot (Mentha pulegium).

Description
Plante de 30 à 85 cm, souvent teintée de
rougeâtre, plus ou moins velue, à tiges
dressées de section carrée portant des
feuilles opposées munies d'un pétiole, lar­
gement ovales et dentées en scie sur les
bords. Les petites fleurs roses, rarement
blanches, sont réunies en masses denses,
globuleuses ou ovoïdes, terminant les tiges
et les rameaux. Toutes les parties de la
plante dégagent au froissement une forte
odeur de menthe.
220 B o r d s d es e a u x

Canneberge
Vaccinium oxycoccus (Éricacéesl

Compote
’ Fruits.
Automne-hiver.

Habitat
Tourbières.

Utilisations
Les canneberges sont agréablement aci­
dulées lorsqu'elles sont bien mûres ; avant,
elles sont franchement acides et ne sont
guère agréables à manger telles quelles.
Même après les gelées, lorsque la plupart
des fruits ont disparu, on pourra encore en
trouver. Elles sont excellentes cuites en
compote avec du miel ou du sucre.

Description
Petit sous-arbrisseau
rampant, à tiges cou­
chées et enracinées
dans leur partie infé­
rieure, portant des rameaux
grêles s'élevant de 8 à 30 cm
au-dessus du sol. Les feuilles
sont très petites (5-7 mm de
long), persistantes, ovales, en­
tières, à bords enroulés, vertes et lui­
santes en dessus, blanches en
dessous. Les fleurs, d'un rose vif, sont
présentes en juin-juillet. Elles sont so­
litaires ou groupées par 2-3, chacune
portée par un pédoncule presqu'aussi
fin qu'un cheveu. La corolle est formée
de quatre pétales renversés, presque sé­
parés jusqu'à la base. Les fruits globuleux,
de 8 à 10 mm de diamètre, paraissent de
juillet à septembre et persistent souvent
tout l'hiver. D'un rouge vif au début, ils de­
viennent foncés à maturité.
Midi et région méditerranéenne

Fenouil
Fœniculum vulgare (Ombellifères)

(®) Salade, soupe, tisane, condiment


I
Jeunes pousses, feuilles, fleurs et fruits.
Pousses : avril-juin ; feuilles : mai-sep-
tembre ; fleurs : juillet-septembre ; fruits :
août-octobre.

Habitat
Bords des chemins, lieux secs.

Utilisations
Les jeunes pousses, tendres et déli­
cieusement aromatiques, sont l'une
des meilleures additions à faire aux sa­
lades ou à toute autre préparation. Les
feuilles développées, débarrassées de
leur nervure centrale trop dure, s'em ­
ploient de même. Pousses et feuilles font
aussi de succulentes soupes, légumes,
chaussons, etc. Pour les tisanes et le « thé de
gourde », on préférera les fleurs au parfum
suave et chaleureux. Quant aux « grains »,
quel excellent condiment ! Le Fenouil est
stimulant et digestif.

Description
Plante atteignant plus d' 1 m, à feuilles trois
ou quatre fois divisées en fines lanières très
étroites et allongées, donnant au feuillage
un aspect vaporeux. Les petites fleurs
jaunes sont groupées en ombelles et don­
nent des petits fruits grisâtres, allongés :
les « grains de fenouil ». Toute la plante dé­
gage au froissement une forte odeur d'anis.
222 Mi d ra

Chondrille
Chondrilla juncea (Composées)

Salade
l Feuilles, extrémités des tiges, capitules.
Feuilles et tiges : printemps-été ; capitules :
juillet-septembre.

Habitat
Lieux incultes, décombres, bords des che­
mins.

Utilisations
Ramassées au printemps, les rosettes de
feuilles de la Chondrille fournissent l'une
des meilleures salades sauvages. Elles sont
tendres et croquantes sans être amères.
Plus tard, elles se dessèchent, mais on peut
ramasser les extrémités des tiges lors­
qu'elles sont encore tendres et les ajouter
aux salades. Le latex qui s'en écoule n'est
pas amer. Les jolis capitules décorent les
salades.

Description
Plante de 30 cm à 1 m, à tiges
dégingandées, glabres en haut,
hérissées de poils durs ro­
sâtres à la base. La rosette
dense de feuilles profon­
dément découpées (res­
semblant à celles des
Pissenlits) disparaît à la
floraison. Les petits capi­
tules de fleurs jaunes en
languette sont groupés par
2-4 à l'extrémité des tiges
Toutes les parties de la plante
renferm ent un latex blanc
caoutchouteux.
es s a u v a g e s c o m e s t i b l e s 223

Arbousier
Arbutus unedo (Éricacées)

Fruit, compote, chaussons


|Fruits.
Octobre-janvier.

Habitat
Bois, rochers, surtout dans le Midi.

Utilisations
Les arbouses mûres sont molles et su­
crées, mais ont moins de goût que si on
les cueille un peu avant maturité, d'un
rouge encore orangé. Ce ne sont pas
les meilleurs fruits qui soient, mais
elles sont agréables à consommer
telles quelles, à condition de ne pas en
abuser car elles deviendraient écœu­
rantes. On peut les faire cuire en com­
pote ou éventuellement en fourrer
des chaussons.

Description
Arbrisseau ou petit arbre de 1 à 4 m, à
écorce rouge brun se détachant en écailles
minces et à jeunes rameaux velus et rou­
geâtres. Les grandes feuilles coriaces, per­
sistantes, sont munies d'un court pétiole.
Elles sont ovales-allongées, aiguës, et ré­
gulièrement dentées en scie sur les bords,
d'un vert foncé luisant. Les fleurs en gre­
lot, blanchâtres et vertes au sommet, sont
rassemblées en grappes terminales. Les
fruits globuleux rouges ont 1 ou 2 cm de
diamètre. Ils sont hérissés de petits tuber­
cules en forme de pyramide. Fruits et fleurs
sont présents en même temps, d'octobre à
janvier.
224

Amélanchier
Amelanchier ovalis (Rosacées)

Fruit, fruit sec


’ Fruits.
Août-octobre.

Habitat
Coteaux calcaires, secs et ensoleillés.

Utilisations
Malgré leurs nombreux pépins, les amé-
lanches sont délicieuses : tendres et ju­
teuses lorsqu'elles sont fraîches, avec une
agréable saveur sucrée, elles prennent en
séchant le goût des raisins secs. Il est fré­
quent qu'elles sèchent sur l'arbre : une au­
baine à ne pas négliger. Elles sont
extrêmement riches en glucides, savou­
reuses, et se conservent longtemps. On peut
éventuellement s'en servir pour édulcorer
des fruits acides que l'on veut faire cuire,
comme des prunelles ou des pommes sau­
vages. Malheureusement, toutes les belles
fleurs qui couvrent l'arbre au printemps
ne se transforment pas en fruits...

Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 3 m, à rameaux
grisâtres portant des feuilles largement ellip­
tiques, arrondies et dentées, d'un vert mat,
plus clair en dessous. D'avril à juin, il se
couvre de fleurs à cinq pétales longs et
étroits, qui le transformeront en une
splendide boule blanche. À la fin de l'été
apparaissent de petits fruits globuleux,
charnus, d'un bleu foncé qui ressem­
blent un peu à des Myrtilles. Ils portent
à leur sommet cinq petits sépales aigus,
persistants.
P la n te s sau vag e s co m estib les 225

Pin pignon
Pinus pinea (Pinacées)

Am ande
’ Graines.
Toute l'année.

Habitat
Le long du littoral méditerranéen, par
petits massifs, et souvent planté.

Utilisations
Les amandes des graines, ou
« pignes », sont délicieuses et ex­
trêmement nutritives (très riches
en lipides, en protéines et en glu­
cides). C'est une véritable aubaine
que de pouvoir s'en procurer. On les
mangera telles quelles ou grillées, avec
une salade ou des légumes. Il est rare de
les trouver en suffisance sur le sol. Il faut
aller chercher les cônes encore fermés sur
l'arbre, les empiler, les entourer de bois
(assez, mais pas trop !) que l'on fait flam­
ber : les écailles s'entrouvrent, et il est alors
facile d'extraire les graines qu'il ne reste
plus qu'à casser délicatement entre deux
pierres.

Description
Bel arbre pouvant atteindre de 20 à 30 m,
à large cime aplatie, très étalée, à écorce
brun-rougeâtre, crevassée, écailleuse. Les
feuilles, réunies par deux, sont vertes, co­
riaces, très étroites et allongées, atteignant
de 8 à 15 cm de longueur. Gros (de 10 à
15 cm de long), presque globuleux, d'un
brun rougeâtre luisant, les cônes sont iso­
lés ou groupés par 2 ou 3 sur des rameaux.
Les graines qu'ils contiennent sont aussi
très grosses (de 1,5 à 2 cm de long).
226 Bo rd s de ch em in s, cham ps, d é c o m b re s

Asperge sauvage
Asparagus acutifolius (Liliacées)

Salade, légum e
'Jeunes pousses.
Mars-mai.

Habitat
Haies, buissons dans le Midi.

Utilisations
Les jeunes pousses de cette asperge appa­
raissent au centre des touffes de tiges déjà
développées. Elles ressemblent à celles
de l'Asperge cultivée, mais sont plus minces
et d'un vert brunâtre foncé. Elles sont très
savoureuses et peuvent se grignoter crues,
s'ajouter aux salades ou se faire cuire. L'as­
perge cultivée (Asparagus officinalis) se ren­
contre également à l'état sauvage. Ses
courts rameaux sont souples, non
piquants, et ses fruits, rouges.
Qu'ils soient rouges ou
noirs, les fruits des As­
perges sont toxiques du
fait de leurs saponines.

Description
Plante de 30 cm à 1 m, à
tiges dressées, ligneuses,
très rameuses, portant des
feuilles réduites à de petites
écailles, celles des rameaux
inférieurs étant munies d'un
court éperon épineux. À l'aisselle de
ces écailles sont groupés par cinq à douze
de très courts rameaux verts, raides et
piquants. Les petites fleurs jaunâtres, odo­
rantes, s'ouvrent de juillet à septembre.
Elles sont toutes mâles ou toutes femelles,
et portées sur des pieds différents, ou par­
fois hermaphrodites. Des fruits globuleux
noirs, de la taille d'un pois, leur succèdent.
Montagnes
Chénopode Bon-Henri
Chenopodium bonus-henricus (Chénopodiacées)

i Légume, céréale, farine


l Feuilles, inflorescences, graines.
Juin-octobre.

Habitat
Terrains fumés, surtout en montagne, en
particulier autour des chalets d'alpage.

Utilisations
Les feuilles fournissent l'un des plus abon­
dants et l'un des meilleurs légumes sau­
vages par leur saveur et leurs qualités
nutritionnelles. Elles sont parti­
culièrement riches en protéines et
en vitamines. Les jeunes feuilles
sont mangées crues en salade, les
autres sont cuites en légume,
soupe, chapatis ou chaussons.
Leur goût est très agréable. Les
jaunes inflorescences encore
tendres sont cuites à l'eau ou sau­
tées dans un peu d'huile. Les graines
peuvent se consommer sous forme de
céréale, ou écrasées en farine.

Description
Plante de 30 à 60 cm, vivant en colonies,
à larges feuilles triangulaires longuement
pétiolées, profondément échancrées à la
base. Leur face inférieure, surtout au som­
met de la plante, est recouverte d'une très
fine poudre farineuse donnant une sen­
sation d'humidité caractéristique. Les mi­
nuscules fleurs verdâtres sont groupées en
épis terminaux assez denses et produisent
de petites graines noires luisantes.
223 Mo

Impératoire
Peucedanum ostruthium (Ombellifères)

) Salade, chaussons, condiment


^Feuilles.
Mai-septembre.

Habitat
Prairies, bords des ruisseaux en montagne.

Utilisations
Les jeunes pousses sont très tendres et peu­
vent être hachées dans les salades qu'elles
parfument. On peut aussi les consommer
en légume, de même que les feuilles, mais
il est préférable de les faire cuire à l'eau au
préalable car elles peuvent être trop aro­
matiques. On peut ensuite, par exemple,
en fourrer des chaussons. Les fruits et les
racines peuvent éventuellement servir de
condiment ; ils sont toniques, stimulants
et digestifs.

Description
Belle plante de 40 à 70 cm, à tige creuse,
striée. Les feuilles inférieures sont trois fois
complètement divisées en folioles ovales
plus ou moins allongées, souvent décou­
pées en lobes profonds, fortement dentées
en scie sur les bords, d'un vert vif. Le pé­
tiole des feuilles supérieures est renflé en
forme de gaine. Les petites fleurs rosées,
réunies en grandes ombelles, s'ouvrent de
juin à août. Il n'y a pas de feuilles à la base
des rayons principaux. Les fruits sont
munis de deux ailes aplaties. Toutes les /
parties de la plante, surtout les fruits et [ •
les racines, dégagent au froissement l '
une odeur aromatique. \
P la n te s sau vag e s co m estib les 229

Bistorte
Polygonum bistorta (Polygonacées)

(@) Légume, soupe, bouillie, chapatis,


chaussons
Rhizome, feuilles.
Rhizome : toute l'année ; feuilles : mai-
octobre.

Habitat
Prairies humides en montagne.

Utilisations
Le rhizome est très riche en amidon, donc
très nutritif. Il contient malheureusement
aussi beaucoup de tanin, ce qui le rend trop
astringent pour pouvoir être consommé tel
quel. Il faut soit le laisser tremper plusieurs
jours dans de l'eau (courante si possible),
puis le cuire sous la braise, soit le faire
bouillir de longues heures en changeant
l'eau fréquemment. Malgré son grand in­
térêt alimentaire, il n'est guère consom­
mable. Les feuilles sont plus faciles à
utiliser : on les cuit en soupe, en bouillie, en
légume, et on en fait chapatis ou chaussons.
Elles ne sont ni coriaces, ni amères lors­
qu'elles sont jeunes. Les graines de la Bis-
torte pourraient sans doute être
consommées.

Description
Plante vivant en colonies, à feuilles basales
pétiolées, larges et allongées, d'un vert mat
foncé en dessus, plus pâle en dessous. Les
feuilles supérieures n'ont pas de pétiole.
Les fleurs roses sont groupées en épis
denses, terminant des tiges dressées qui
atteignent 80 cm, et s'épanouissent de juin
à août. La tige souterraine est épaisse et
contournée, rose pâle à l'intérieur.
230 M o n ta g n e s

Oseille des montagnes


Rumex arifolius (Polygonacées)

Salade, soupe, légume, chaussons


Feuilles.
Mai-octobre.

Habitat
Bois et prairies de montagne.

Utilisations
Les feuilles possèdent la saveur acide ca­
ractéristique des Oseilles, légèrem ent
moins prononcée que chez l'Oseille com­
mune. Crues, on les ajoute aux salades,
où elles remplacent le vinaigre, ou
on les grignote telles quelles car
elles sont rafraîchissantes. Cuites,
elles font d'excellentes soupes,
des légumes en sauce, des chaus­
sons, etc. Il est préférable de les
m élanger à d'autres plantes.
En montagne, on utilise de même
l'Oseille en écusson (Rumex scuta-
tus) et, en plaine, l'Oseille commune
(Rumex acetosa) et la petite Oseille
(Rumex acetosellà).

Description
Plante de 30 cm à 1,20 m, à feuilles
assez grandes, allongées, ondulées
sur les bords et présentant deux
oreillettes obtuses écartées l'une
de l'autre. Les feuilles de la base
sont munies d'un long pétiole,
tandis que celles qui poussent le
long de la tige n'en ont pas. Les
petites fleurs verdâtres ou rou­
geâtres sont disposées en
grappes terminales. Elles sont soit
mâles (sans pistil), soit femelles
(sans étamines), et portées par des
pieds différents.
1
comestibles. 231

Rumex alpin
Rumex alpinus (Polygonacées)

® Légume, compote
Feuilles (limbe et pétiole).
Mai-septembre.

Habitat
En grandes colonies autour des chalets
d'alpage et sur les reposoirs.

Utilisations
Par sa fréquence, son abondance et sa qua­
lité, le Rumex alpin est l'une des plantes
les plus intéressantes de nos montagnes.
Le limbe de ses feuilles forme un excellent
légume, agréable au goût et nutritif. Il n'est
guère amer par rapport aux autres Rumex,
mais, si on le juge bon, on pourra le faire
bouillir dans une ou deux eaux. Les toutes
jeunes feuilles peuvent être ajoutées aux
salades. Quant aux pétioles, on les utilise
comme la Rhubarbe (la plante est parfois
nommée « rhubarbe des moines »), en com­
pote, mais on peut même les manger crus :
ils sont juteux, acidulés tout en étant légè­
rement sucrés, et très rafraîchissants.

Description
Grande plante de 2 5 à 90 cm, à feuilles mu­
nies d'un long pétiole charnu, rougeâtre,
creusé en gouttière sur sa face supérieure.
Le limbe des feuilles est très largement
ovale, échancré en cœur à la base, obtus au
sommet, ondulé sur les bords. Il est mince,
d'un beau vert. Les petites fleurs verdâtres
paraissent de juillet à septembre. Elles sont
rassemblées en grappes serrées dont l'en­
semble forme une longue inflorescence très
fournie.
232 Montagnes

Argousier
Hippophaë rhamnoides (Élaeagnacées)

V in a ig r e , j u s d e fru it
Fruits.
Septembre-mars.

Habitat
Lits caillouteux des torrents, dans l'est et
le sud-est de la France ; côtes sableuses de
la Manche et de la mer du Nord.

Utilisations
Le jus des fruits d'argousier est acide et aro­
matique; sa qualité varie d'ailleurs d'un
pied à l'autre. C'est un excellent vinaigre,
qui fait merveille dans les salades. Mêlé à
de l'eau, le jus d'argousier fournit une bois­
son très agréable, particulièrement rafraî­
chissante. Pour l'extraire, il suffit de presser
les fruits à travers un linge, mais leur
cueillette est difficile : le mieux est de cou­
per au couteau (l'idéal serait des ciseaux)
les courts rameaux qui les por­
tent. Attention aux épines !

Description
Arbrisseau de 2 à
3 m, aux nombreux ra
meaux portant de solides
épines et des feuilles al­
longées et étroites, dénuées
de pétiole. Les feuilles sont
vert sombre en dessus, d'un
gris argenté ponctué d'écailles
rougeâtres en dessous. Les pe­
tites fleurs verdâtres sont por­
tées suivant leur sexe sur des
pieds différents et les fleurs
femelles donnent des fruits
globuleux variant du jaune pâle à
l'orange foncé, remplis d'un jus
acide.
uvages comestibles 233

Myrtille
Vaccinium myrtillus (Éricacées)

i Fruit, compote, chaussons


^Fruits.
Juillet-septembre.

Habitat
Bois et landes sur terrains siliceux, surtout
en montagne.

Utilisations
Les myrtilles, sucrées, aromatiques et ju­
teuses, sont délicieuses crues, telles
quelles. Mais, en fait, leur qualité varie sui­
vant les régions et leur stade de maturité :
avant d'être mûres, elles sont acidulées et
beaucoup moins parfumées. On peut aussi
en faire des compotes ou en fourrer des
chaussons, ce qui peut constituer l'un des
sommets gastronomiques de la vie en
pleine nature. Si l'on a le temps et que le so­
leil est de la partie, on peut faire sécher les
Myrtilles en trop pour les consommer plus
tard.

Description
Sous-arbrisseau bien connu de 20 à 60 cm,
à rameaux anguleux portant des feuilles
non persistantes, munies d'un très court
pétiole, ovales-aiguës, finement dentées sur
le pourtour, d'un vert pâle. Les fleurs épa­
nouissent leur corolle en grelot, presque
globuleuse, d'un blanc verdâtre et rosé, de
mai à juillet. Elles sont penchées, solitaires
ou groupées par deux à l'a isselle des
feuilles. De juillet à septembre, elles don­
nent les fruits sphériques d'un noir bleuâtre
que tout le monde apprécie.
234 Montagnes

Épilobe
Epilobium angustifolium (CEnothéracées)

(©) Légum e, infusion


»^ J e u n e s pousses, moelle des tiges, fleurs.
Pousses : mai-juin ; tiges, fleurs : juillet-
septembre.

Habitat
Lisière des bois, en colonies.

Utilisations
Les jeunes pousses doivent être cueillies
lorsque la tige est encore souple et se casse
facilement entre les doigts, bien avant la
floraison. Plus tard, les feuilles sont trop
dures et la tige est ligneuse. Les
pousses sont excellentes cuites
à l'eau et servies avec une
sauce blanche. Lorsque la
tige est développée, on
peut la couper en tron­
çons et en peler la partie
ligneuse pour déguster la
moelle juteuse et un peu
sucrée qu'elle contient. Les
fleurs décorent les salades,
font d'intéressantes infusions
et parfument l'eau des gourdes.

Description
Jolie plante de 50 cm à 1,50 m, à tige rou­
geâtre portant des feuilles ovales-allongées,
pratiquement démunies de pétiole, poin­
tues au sommet, entières, d'un vert mat
sombre en dessus, dressées. Les feuilles
entourent la tige, de façon très dense sur
les jeunes pousses. Les magnifiques fleurs
éclosent leurs pétales d'un rose pourpré de
juin à septembre. Elles sont disposées en
longues grappes terminales, effilées au
sommet. La floraison se prolonge long­
temps de bas en haut sur la même grappe,
qui porte en même temps fruits, fleurs et
boutons.
P l a n t e s s a u v a g e s c o m e s t ib le 235

Sureau rameux
Sambucus racemoso (Caprifoliacées)

Sauce, desserts
Fruits.
Juillet-septembre.

Habitat
Bois des montagnes, en plaine dans le
Nord.

Utilisations
Les fruits du Sureau rameux, ou Sureau
rouge, ne doivent jamais être consommés
crus, car ils sont vomitifs si l'on en mange
plus de quelques-uns. En revanche, ils peu­
vent servir à préparer de très bonnes
sauces, avec de la farine, et surtout d'ex­
cellents desserts ; mais il faut disposer de
miel ou de sucre, car les fruits de ce Sureau
sont très acides. Il est préférable de les faire
crever sur le feu, puis de les passer sur un
linge pour éliminer les graines, et d'utili­
ser le jus.

Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 4 m, à tiges
remplies d'une moelle blanche devenant
d'un brun-roux dès la deuxième année. Les
feuilles sont composées de 5-7 folioles
ovales, allongées, amincies en pointe au
sommet, dentées. Feuilles et tiges dégagent
au froissement une forte odeur. Les fleurs,
d'un blanc jaunâtre, sont réunies en
grappes ovoïdes. Elles s'ouvrent d'avril à
mai, avant le total développem ent des
feuilles. Les fruits sont mûrs dès le mois
de juillet, jusqu'en septembre. Ils sont d'un
beau rouge corail.
236 Montagnes

Carvi
Carum carvi (Ombellifères)

Condiment
’ Racine, feuilles, fruits.
Racine : automne-printemps ; feuilles : mai-
septembre ; fruits : juillet-octobre.

Habitat
Prairies des montagnes.

Utilisations
De la fin de la première année de vie de la
plante au printemps de la seconde, la racine
du Carvi est tendre et charnue
et se consomme crue ou cuite
comme les carottes. Sa sa­
veur est agréable. Mais
on ne peut alors se fier
qu'aux feuilles pour
identifier la plante, car
la hampe florale est
encore absente. Les
feuilles peuvent se man­
ger crues ou cuites, mais
n'ont rien d'extraordinaire. En
revanche, les fruits sont un condiment
remarquable, souvent connu à tort sous
le nom de « cumin » (le véritable cumin
est une épice de goût très différent). On
peut en aromatiser tous les plats salés. Es
sayez les chapatis au carvi !

Description
Plante bisannuelle de 30 à 60 cm, à
feuilles composées, divisées en la­
nières très étroites. Le pétiole des
feuilles est légèrement engainant. Les
petites fleurs blanches, groupées en om­
belles à rayons inégaux, s'épanouissent de
mai à juillet. De petits fruits secs très odo­
rants, les « grains de Carvi », leur succèdent.
La racine pivotante ressemble à une carotte
brune.
Plantes sauvages comestibles 237

Raiponce en épi
Phyteuma spicatum (Campanulacées)

Salade, légum e
Racines, feuilles, jeunes pousses.
Racines : presque toute l'année ;
feuilles : avril-septembre ;
jeunes pousses : avril-mai.

Habitat
Bois et prairies.

Utilisations
Les racines sont tendres, croquantes
et de saveur douce (à l'exception du latex
jaune pâle de l'écorce qui est légèrement
piquant). Elles sont excellentes crues ou
coupées en morceaux dans les salades, et
encore meilleures revenues dans un peu
d'huile. On ne les ramassera que là où la
plante est très abondante. Les feuilles sont
très bonnes en salade ou comme légume
cuit. Les fleurs peuvent décorer les plats.
Les jeunes pousses se mangent à la façon
des asperges.

Description
Plante de 10 à 80 cm, à racine pivotante
renflée et charnue d'où sort une tige unique
portant des feuilles dans ses deux tiers in­
férieurs. Celles de la base sont munies d'un
long pétiole, largement ovales, en cœur ren­
versé et bordées de dents régulières. Elles
ressemblent beaucoup aux feuilles de Vio­
lette. Les feuilles supérieures n'ont pas de
pétiole et sont étroites. Les fleurs sont grou­
pées en épis cylindriques très denses. Leur
corolle, blanc jaunâtre ou bleue, est divisée
en cinq pétales très étroits, d'abord soudés
en tube au sommet puis séparés et étalés
en étoile pendant la floraison, de juin à
août.
238 Montagnes

Busserole
Arctostaphylos uva-ursi (Éricacées)

Compote, chapatis, chaussons


Fruits.
Août-septembre.

Habitat
Bois et rochers en montagne.

Utilisations
Les fruits sont farineux, acidulés, un peu
âpres, et leur peau est coriace. Sans doute
plaisent-ils fort aux ours (du moins quand
il y en avait encore...), car la plante est sou­
vent nommée « raisin d'ours », mais ils ne
sont guère agréables à manger tels quels.
Ne les négligeons cependant pas, car ils
sont nutritifs. On peut les faire cuire en
compote, mais le mieux est probablement
de les écraser puis de les mélanger avec de
la farine pour confectionner des chapatis
ou des chaussons fourrés d'autres plantes.

Description
Sous-arbrisseau à tiges couchées ou pen­
dantes de 50 cm à 1-2 m, à rameaux
fleuris redressés. Les feuilles sont
épaisses et coriaces, persistantes.
Elles sont ovales, atténuées en pétiole
à la base, plus larges vers le sommet
et obtuses, entières, parcourues en
dessus par un fin réseau de nervures.
Les petites fleurs rosées épanouissent
d'avril à juin leur corolle ovoïde en forme
de grelot. Elles sont groupées par 5-12 en
petites grappes serrées terminant les ra­
meaux. De petits fruits rouges globuleux,
de 4 à 6 mm de diamètre, leur succèdent.
Littoral
Criste-marine
Crithmum maritimum (Ombellifères)

Salade, légume, condiment


[ Feuilles, fruits.
Toute l'année.

Habitat
Rochers et sables du littoral.

Utilisations
Les feuilles charnues sont juteuses, à la fois
salées et sucrées, et possèdent un arôme
agréable, rappelant la Carotte, mais avec
une saveur piquante. Cette combi­
naison en fait une excellente plante
à salades, que l'on peut d'ailleurs
grignoter telle quelle avec plaisir.
La Criste-marine est également très bonne
cuite comme légume. Il est inutile de la
saler. Autrefois, la plante était cultivée dans
les potagers et ses feuilles étaient fré­
quemment confites au vinaigre comme les
cornichons. Les fruits peuvent servir de
condiment.

Description
Plante de 20 à 50 cm, à tige en zigzag por­
tant des feuilles charnues, deux-trois fois
divisées en lanières élargies vers leur mi­
lieu, aiguës au sommet, de couleur glauque,
toutes dans le même plan. Les petites fleurs
blanc-verdâtre se montrent de ju illet à
octobre. Elles sont groupées en ombelles
de 10-20 rayons assez épais, entourées à la
base par de nombreuses petites feuilles ren­
versées. Le fruit est ovoïde, muni de dix
côtes tranchantes, toutes égales entre elles.
240 L it t o r a l

Salicorne
Salicomia europœa (Chénopodiacées)

Salade, légume, conserve


Tiges.
Presque toute l'année.

Habitat
Vases salées.

Utilisations
La Salicorne form e généralem ent de
grandes colonies et peut se récolter en abon­
dance. On en consomme les jeunes tiges
herbacées, tendres et juteuses, que leur sa­
veur salée particulière a fait surnommer
« saucisson de mer ». Crues, elles font de
bonnes salades ou se grignotent telles
quelles, mais, pour les manger en plus
grande quantité, il faudra les faire cuire -
sans ajouter de sel. Avec l'âge, le cœur des
tiges devient ligneux : on n'en consomme
alors que la partie externe - le contraire
des Asperges. Dans certaines ré­
gions, les Salicornes sont conser­
vées dans le vinaigre.

Description
Curieuse plante attei­
gnant 40 cm de hau­
teur, formée de tiges
cylindriques vertes ou
rougeâtres, gonflées » «j
d'un jus salé. D'abord ,4 ^
herbacées, composées
d'articles se détachant <>
facilement les uns des § fj.
autres, les tiges devien­
nent ligneuses à la fin de
la saison. Les feuilles sont
presque inexistantes, et les
minuscules fleurs verdâtres
ne se remarquent guère.
Plantes sauvages comestibles 24i

Pourpier-de-mer
Atriplex halimus (Chénopodiacées)

Légume, salade
Feuilles.
Presque toute l'année.

Habitat
Littoral.

Utilisations
Les feuilles charnues du pourpier-de-mer
(il s'agit d'une arroche, et n'a rien à voir
avec le pourpier) forment un légume déli­
cieux, naturellement salé. Il suffit de les
cuire dans très peu d'eau jusqu'à ce qu'elles
soient tendres. Un filet d'huile d'olive les
am éliore encore, mais elles sont très
bonnes telles quelles. Crues, on pourra en
ajouter quelques-unes aux salades compo­
sées. D'autres espèces d'arroche sont co­
mestibles.

Description
Arbrisseau buissonnant de 1 à 2 m, au
feuillage blanc-argenté très décoratif. Les
feuilles sont ovales, parfois un peu en forme
de losange, entières, atténuées à la base en
un court pétiole, obtuses au sommet qui est
terminé par une petite pointe. Elles sont
épaisses et un peu charnues. Les minus­
cules fleurs jaunâtres, présentes en août-
septembre, sont réunies en petits épis
denses dont l'ensemble forme, au sommet
des rameaux, une grappe composée
presque démunie de feuilles. Le fruit est
enfermé entre deux sépales blanchâtres qui
s'agrandissent avec lui.
Autres plantes sauvages
comestibles de nos régions

.Les plantes qui suivent méritent aussi toute notre attention. N e les oublions pas
(Si ce n'est pas précisé, on les consomme crues ou cuites.)

Bords de chemins, champs, Primevère (Primula vulgaris, etcj :


décombres feuilles, cuites.
Armoise (Artemisia vulgaris) :
jeunes pousses et tiges tendres, crues. Bords des eaux
Barbarée (Barbarea verna) : Massette (Typha latifolia) :
feuilles et inflorescences. rhizome, pousses, inflorescences, pollen.
Camomille (Chamomilla suaveolens) :
capitules comme condiment. Midi
Mâche (Valerianella olitoria) : feuilles, crues. et région méditerranéenne
Onagre (CEnothera biennis) : Asphodèle (Asphodelus albus) : tubercules,
racines et feuilles, cuites. jeunes pousses.
Ravenelle (Raphanus raphanistrum) : Bourrache (Borago officinalis) : feuilles,
feuilles et inflorescences. fleurs.
Renouée du Japon (Reynoutria japonica) : Calament (Calamintha nepeta) : condiment.
jeunes pousses. Figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica) :
Ronce (Rubus spp.) : fruits. fruits.
Sisymbre (Sisymbrium officinale) : feuilles. Mélisse (Melissa officinalis) :
feuilles, condiment.
Prairies Mûrier (Morus alba, M. nigra) : fruits.
Graminées : Népéta (Nepeta nepetella, etc.J :
grains en céréales ou en farine. condiment.
Luzerne (Medicago sativa, etc.J : Romarin (Rosmarinus officinalis) : condiment.
feuilles, fleurs. Sarriette (Satureja montana) : condiment.
Mélilot (Melilotus officinalis, etc.J : Thym (Thymus vulgaris) : condiment.
feuilles, inflorescences séchées en tisane.
Montagnes
Bois et haies Cerfeuil musqué (Myrrhis odorata) :
Bouleau (Betula pendula) : feuilles, fruits comme condiment.
toutes jeunes feuilles. Framboisier (Rubus idœus) : fruits.
Epiaire (Stachys silvatica, etc.J : feuilles. Groseillier (Ribes rubrum, etc.J : fruits.
Erable (Acer pseudoplatanus, etc.J : feuilles. O xyria (Oxyria digyna) : feuilles.
Ficaire (Ranunculus ficaria) : feuilles.
Lierre terrestre (Glechoma hederacea) : Littoral
feuilles comme condiment. Bette maritime (Beta marítima) : feuilles.
Merisier (Prunus avium, etc,) : fruits. Cakilier (Cakile marítima) : feuilles.
Noisetier (Corylus avellana) : graines. Halimione (Halimione portulacoides) :
Poirier (Pyrus communis, etc.j : fruits. feuilles.
Pommier (Malus sylvestris, etc.j : fruits. Soude (Suœda marítima) : feuilles.
Classement
par partie utilisée

P o u r en faciliter l'usage culinaire, les plantes sont regroupées ici suivant la (ou
les) p a rtie(s) que l'o n u tilise. C 'est surtout à une débauche de salades
et de légumes cuits que nous invite la nature, mais les fruits abondent aussi, et
ce ne sont ni les racines, ni les graines, ni les condiments qui manquent.
Les p la n tes d e l'h erbier p rin cip a l fig u ren t en lettres m ajuscules,
les autres correspon den t à la liste com plém en taire.

Racines
Asphodèle CIRSE POTAGER PANAIS
BARDANE CONSOUDE CARVI
BISTORTE Massette PISSENLIT
CAROTTE SAUVAGE Noix de terre RAIPONCE
CARVI Onagre SALSIFIS

Feuilles (salades et légumes cuits)


ALCHÉMILLE (crues) Épiaire PANAIS
ALLIAIRE (crues) Érable PÂQUERETTE
AMARANTHE FENOUIL PARIÉTAIRE
ANGÉLIQUE Ficaire PIMPRENELLE (crues)
Barbarée FRAISIER PISSENLIT
BERCE Halimione PLANTAIN
Bette maritime HÊTRE POURPIER
BISTORTE IMPÉRATOIRE POURPIER-DE-MER
BON-HENRI LAITERON Primevère
Bouleau (crues) LAITUE PULMONAIRE
Bourrache LAMIER RAIPONCE
BOURSE-À-PASTEUR LAMPSANE Ravenelle
BROCOLI SAUVAGE Luzerne RUMEX ALPIN
Cakilier Mâche (crues) RUMEX CRÉPU
CAROTTE SAUVAGE MARGUERITE SALSIFIS
CARVI MAUVE SEDUM
Cerfeuil musqué Mélilot SILÈNE ENFLÉ
CHÉNOPODE BLANC Mélisse Sisymbre
CHICORÉE MENTHE (crues) Soude
CHONDRILLE MILLEFEUILLE STELLAIRE
CIRSE POTAGER MOUTARDE TILLEUL
CONSOUDE Onagre TRÈFLE
COQUELICOT ORTIE TUSSILAGE
CRESSON OSEILLE VALÉRIANE
CRISTE-MARINE OXALIS (crues) VÉRONIQUE
ÉGOPODE Oxyria VIOLETTE
244 C l a s s e m e n t p a r p a r t i e s u t i l is é e s

Jeunes pousses et tiges


Armoise CIRSE POTAGER Massette
ASPERGE CONIFÈRES Renouée dujapon
Asphodèle ÉPILOBE SALICORNE
BARDANE FOUGÈRE TAMIER
BERCE FRAGON VESCE
CHARDONS HOUBLON

Condiments (feuilles, fleurs, fruits, graines, etc.)


AIL SAUVAGE CAROTTE SAUVAGE (fruits) MENTHE
ALLIAIRE CARVI (fruits) MOUTARDE (graines)
ANGÉLIQUE Cerfeuil musqué Népéta
BENOITE (racines) FENOUIL ORIGAN
BERCE (fruits) GENÉVRIER (cônes) PANAIS
BOURSE-À- PASTEUR IMPÉRATOIRE Romarin
(graines) Lierre terrestre Sarriette
Calament Mélilot SERPOLET
Camomille (capitules) Mélisse Thym

Fleurs
Barbarée (inflorescences) (inflorescences) MAUVE
BERCE CIRSE POTAGER Ravenelle
(jeunes inflorescences) (réceptacles) ROBINIER
BON-HENRI COQUELICOT Salsifis (jeunes capitules)
(inflorescences) ÉGLANTIER SUREAU NOIR
Bourrache ÉPILOBE TILLEUL
BROCOLI SAUVAGE LAMIER TRÈFLE
(inflorescences) Luzerne TUSSILAGE
CHARDONS (réceptacles) MARGUERITE VALÉRIANE
CHÉNOPODE BLANC Massette VIOLETTE

Fruits
AMÉLANCHIER ÉGLANTIER MYRTILLE
ARBOUSIER ÉPINE-VINETTE NÉFLIER
ARGOUSIER Figuier de Barbarie Poirier sauvage
AUBÉPINE FRAISIER Pommier sauvage
BUSSEROLE Framboisier PRUNELLIER
CANNEBERGE Groseillier Ronce
CORMIER Merisier SUREAU NOIR
CORNOUILLER Mûrier SUREAU RAMEUX

Graines
AMARANTHE CHÊNE Noisetier
BON-HENRI CHÉNOPODE BLANC PIN PIGNON
Céréales COQUELICOT VESCE

Divers
BARDANE (pétioles) GRATTERON (fruit : café) MAUVE (fruit : légume)
CHICORÉE (racine : café) Massette (pollen) RUMEX ALPI (pétioles)
Plantes toxiques

D a n s les pages qui suivent sont décrites 48 plantes toxiques, classées par type
d'environnement suivant le même découpage que pour les plantes comestibles.
À l'intérieur de chaque catégorie, les végétaux sont rangés par ordre de toxicité
décroissante.

■ Bords de chemins, champs, décom bres.................... 246


■ Prairies.......................................................................258
■ Bois et h a ie s ...............................................................261
■ Bords des eaux .......................................................... 279
■ Midi et région m éditerranéenne............................... 282
■ Montagnes ................................................................ 285

Chaque plante est décrite de façon précise et est illustrée par un dessin au trait
par une photographie en couleurs. Son habitat est indiqué et la toxicité de ses dif­
férentes parties détaillée. Lorsqu'il existe des possibilités de confusion avec des
plantes comestibles, elles sont mentionnées.
À la suite figure une liste complémentaire de quelques végétaux dangereux
moins fréquents ou moins virulents.

Le symbole ^ signifie que la plante peut être mortelle à faible dose.


Bords de chemins, champs, décombres

Datura
Datura stramonium (Solanacées)

i P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. ®

Habitat
Décombres, champs, sables.

Toxicité
La Datura renferme plusieurs alcaloïdes
très toxiques. Racines, feuilles, fleurs et
graines peuvent provoquer des troubles
digestifs, nerveux (délire, hallucination),
visuels, cardiaques et respiratoires, abou­
tissant à un coma dont l'issue peut être fa­
tale. Les Daturas ont souvent été utilisées en
sorcellerie ou à des fins criminelles.

Dangers
Il est arrivé que les jeunes feuilles soient
confondues avec des légumes sauvages,
causant de graves intoxica­
tions. Pourtant leur odeur n'a
rien d'engageant, leur saveur
encore moins.

Description
Robuste plante de 40 cm à
1 m, à grandes feuilles pé-
tiolées, ovales, pointues,
bordées de larges dents
aiguës mêlées de plus
petites. Les feuilles sont
vert sombre, glabres, et 9&M
dégagent au froisse- H
ment une forte odeur il
désagréable. Les grandes I
fleurs blanches, solitaires |
à l'aisselle des rameaux, ou- |
vrent de juillet à octobre leur |
corolle en entonnoir de 4 à
6 cm de longueur sur 6 à 12 cm
de diamètre. Les fruits, globuleux
et dressés, sont couverts d'épines
robustes.
Plantes toxiques ( R ) 247

Jusquiame
Hyoscyamus niger (Solanacées)

P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. %

Habitat
I
Décombres, bords des chemins.

Toxicité
La Jusquiame contient les
mêmes alcaloïdes toxiques
que la Datura. La racine en
est plus riche que les
feuilles, elles-mêmes plus
riches que les graines. La
plante peut entraîner les
mêmes troubles graves
que la Datura, et parfois
aussi la mort. On l'employait
en sorcellerie.

D angers
Peu de confusion possible avec des
plantes comestibles, et la Jusquiame
elle-même n'est guère engageante.

Description
Étrange plante de 25 à 80 cm, à feuilles
ovales allongées, bordées de grandes dents
aiguës ou divisées en lobes, molles et cou­
vertes de fins poils visqueux, douces au tou­
cher, d'odeur désagréable. Les feuilles
inférieures sont munies d'un pétiole, les
autres embrassent la tige. Les fleurs, den-
sément groupées au sommet de la plante,
ouvrent de mai à septembre leur corolle un
peu irrégulière, formée de cinq lobes jau­
nâtres veinés de violet. Le fruit, renflé à la
base, est muni de cinq pointes aiguës et
s'ouvre par un couvercle.
248 Bords de chem ins, cham ps, d éco m b res

Adonis
Adonis vernalis (Renonculacées)

I P a rtie s d a n g e re u s e s
Toute la plante. S

Habitat
Lieux secs ; rare.

Toxicité
La plante contient des substances agissant
sur le cœur à la façon de la Digitale. De
fortes doses peuvent être m ortelles.
D'autres espèces d'Adonis, à petites fleurs
rouge vif, en particulier l'Adonis d'été ou
« Goutte-de-sang » (Adonis aestivalis), sem­
blent encore plus toxiques. Outre les sub­
stances cardioactives, elles renferment des
alcaloïdes.

Dangers
Les risques d'em poisonnem ent sont
faibles, parce que les Adonis ne sont plus
guère courants. Mais attention à la
plante non fleurie qu'il ne faudrait
pas confondre avec des plantes co­
mestibles à feuilles découpées
(Ombellifères ou Camomilles
par exemple).

Description
Plante de 10 à 40 cm, dont
les feuilles à la base sont
munies d'une gaine très
développée entourant la
tige, le limbe étant formé
de nombreuses lanières
très étroites. La gaine des
feuilles supérieures est plus
courte. Au sommet des jeunes
rameaux, les feuilles forment des
touffes compactes. Les grandes
fleurs jaunes solitaires, de 3 à 6 cm de
diamètre, s'ouvrent d'avril à mai. Elles
comportent de dix à quinze pétales allon­
gés.
Plantes toxiques ^ 249

Petite Ciguë
Aethusa cynapium (Ombellifères)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Champs, jardins, décombres, bois.

Toxicité
La petite Ciguë renferme des al­
caloïdes toxiques. Elle peut pro­
voquer des troubles digestifs, mais
il ne semble pas que sa toxicité soit
très élevée. Il est possible qu'elle
varie suivant les terrains, la fumure
rendant la plante plus dangereuse.

D angers
Il peut être facile de confondre la petite
Ciguë avec du persil non frisé, surtout lors­
qu'elle pousse dans les jardins. Son odeur
différente et sa couleur mate la trahiront,
mais il faut être attentif surtout avant la flo-
raison.

Description
« Mauvaise herbe » de 10 à 60 cm, à feuilles
triangulaires, deux-trois fois divisées en
segments découpés en lobes aigus, glabres,
d'un vert sombre mat. Les petites fleurs
blanches sont groupées en ombelles com­
posées de 5-12 rayons inégaux. L'involucre
est nul ou ne comporte qu'une seule petite
feuille. De la base de chaque ombelle se­
condaire partent 3-5 petites feuilles allon­
gées, très étroites, dirigées vers le bas et
déjetées en dehors. Les fruits sont glabres,
ovoïdes, à dix côtes. L'odeur de la plante
n'est pas agréable.
250 Bords de chem ins, champs, d éc o m b res

• ••
Ciguë
Conium maculatum (Ombellifères)

Parties dangereuses
Toute la plante. ®

Habitat
Bords des chemins, haies, décombres.

Toxicité
Toute la plante renferme au moins cinq al­
caloïdes toxiques, surtout dans la tige, les
feuilles et les fruits. La toxicité varie avec
le stade de développement et la zone géo­
graphique. La Ciguë est plus dangereuse
fraîche que séchée. Elle provoque des
troubles nerveux et respiratoires, souvent
mortels.

Dangers
Plusieurs empoisonnements ont eu lieu par
suite de la confusion des feuilles ou des
fruits avec ceux d'Ombellifères comes­
tibles. La « salade de Ciguë » tue de
temps à autre des imprudents.

Description
Grande plante glabre de 80 cm
à 1,20 m à tiges tachées de
pourpre, surtout vers le bas,
dont les feuilles à la base, de
grande taille, sont trois-cinq
fois divisées en segments tri­
angulaires, eux-mêmes lobés
et dentés. Les fleurs blanches,
épanouies de juin à août, sont
groupées en petites ombelles
composées, à 10-20 rayons in­
égaux. Trois-cinq petites feuilles
courtes sont situées à la base des
rayons principaux, et 3 à la base des om­
belles secondaires. Les fruits sont petits,
presque lobuleux. Feuilles et fruits dégagent
au froissement une odeur désagréable.
Plantes toxiques (n)Q^ 2 51

Héliotrope
Heliotropium europæum (Boraginacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

H abitat
I
Champs, décombres, lieux pierreux.

Toxicité
L'Héliotrope renferme des al­
caloïdes toxiques pour le foie,
semblables à ceux du Séne­
çon, en quantité semble-t-il
importante. Il a provoqué
chez le bétail des em poi­
sonnements parfois mor­
tels, se déclarant de façon
très progressive, ou au
contraire très brutale.

Dangers
Relativem ent faible, la plante
n'étant guère tentante. Elle pourrait
difficilement être confondue avec une
plante comestible. Il est probable que de
toute façon de petites doses ne seraient pas
dangereuses.

Description
Petite plante de 8 à 50 cm, velue, d'aspect
grisâtre, à tiges rameuses et feuilles pétio-
lées, ovales, entières, à nervures secon­
daires nettement visibles, convergentes
vers le sommet. Les feuilles sont d'un vert
blanchâtre sur les deux faces. Les petites
fleurs blanches s'épanouissent de juin à oc­
tobre. Elles sont rassemblées en grappes
serrées typiques de la famille (cyme scor-
pioïde), étroites et allongées, recourbées
au sommet. Ces grappes sont réunies par 2-
3 au sommet de la plante. Le calice persiste
autour du fruit mûr.
252 Bords de chemins, cham ps, d éco m b res

Renoncule
Ranunculus sceleratus (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Lieux humides, fossés.

Toxicité
Toutes les Renoncules ou « Boutons-d'or »
sont dangereuses, à des degrés variables
suivant les espèces. Elles renferment à l'état
frais une substance très irritante qui dis­
paraît au séchage. Frottées sur la peau, les
Renoncules fraîches peuvent provoquer des
cloques ou même des ulcérations. Leur sa­
veur est très âcre et une feuille de Bouton-
d'or dans une salade se fera
douloureusement sentir. Il vaut donc mieux
l'éviter. Séchées ou longuement cuites à
plusieurs eaux, elles ne présentent plus de
danger (voir R. bulbeuse).

Dangers
Irritation des muqueuses buccales
si des feuilles de Bouton-d'or se
trouvent mélangées par erreur
à une salade.

Description
« Bouton-d'or » de 6 à 50 cm,
dont les feuilles à la base
sont divisées en trois lobes
principaux ayant chacun 2-
4 divisions plus ou moins
profondes. Les feuilles supé­
rieures sont opposées, allon­
gées et étroites, simples,
entières. Les nombreuses pe­
tites fleurs, isolées au sommet de
la plante, durent de mai à sep­
tembre. Leurs cinq pétales jaunes dé­
passent à peine les sépales. Les nombreux
carpelles forment une masse ovoïde assez
allongée, saillant au centre de la fleur.
P l a n t e s t o x i q ue s 253

Euphorbe
Euphorbia helioscopio (Euphorbiacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Lieux cultivés, terres remuées.

Toxicité
Le latex des différentes espèces
d'Euphorbes est extrêmement
caustique. Mis en contact avec
la peau, il détermine une irrita­
tion, des rougeurs, voire des
cloques. Les muqueuses sont
bien sûr particulièrement sen­
sibles. L'ingestion de grandes
quantités de la plante pourrait dé­
terminer une gastro-entérite et son
latex projeté dans les yeux risquerait
de produire une grave conjonctivite.

Dangers
Ils sont relativement restreints car la sa­
veur piquante et irritante d'une Euphorbe
mélangée par erreur à une salade empê­
cherait d'en abuser. On se méfiera de toutes
les espèces, dont plusieurs autres sont aussi
très fréquentes dans notre flore : Euphorbe
petit-Cyprès (Euphorbia cyparissias), Eu­
phorbe des bois (Euphorbia silvático), etc.

Description
Plante de 10 à 30 cm à tige cylindrique, rou­
geâtre, portant des feuilles en forme de spa­
tule, presque entières. Les feuilles sont
densément groupées vers le sommet de la
plante, alors que le bas de la tige est nue.
Les petites fleurs verdâtres passent facile­
ment inaperçues, mais un examen attentif
révèle une structure très particulière, ca­
ractéristique des fleurs des Euphorbes (éta­
mines en forme de croissant entourant un
ovaire globuleux pendant). Toutes les par­
ties de la plante renferment un abondant
latex blanc.
254 B o r d s de c h e m i n s , c h a m p s , d é c o m b r e s

Bryone
Bryonia dioica (Cucurbitacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les baies.

Habitat
Haies, bords des chemins.

Toxicité
La racine contient des substances actives
qui la rendent vomitive, purgative et ré­
vulsive, ou même vésicante. On l'utilisait
pourtant en médecine populaire (comme
diurétique, laxatif, contre les rhumatismes,
etc.), mais même de faibles doses occa­
sionnent des diarrhées. Les baies renfer­
ment des saponines et peuvent provoquer
des troubles digestifs et nerveux, parfois
mortels.

Dangers
Il faudra se méfier des baies, juteuses et
tentantes. Les jeunes pousses sont par­
fois consommées au printemps à
la manière des jets de Houblon,
mais elles doivent être cuites
à l'eau pour éviter de désa­
gréables effets.

Description
Plante grimpante attei­
gnant 5 m de longueur,
munie de vrilles. Les
feuilles sont molles, pé-
tiolées, divisées en plu­
sieurs lobes en éventail,
irrégulièrement bordées de
dents peu profondes. Les pe­
tites fleurs verdâtres s'épa­
nouissent de mai à août. Toutes
mâles ou toutes femelles, portées
sur des pieds différents, elles sont
groupées au sommet de rameaux par­
tant de l'aisselle des feuilles. Les pieds
femelles portent des baies globuleuses,
d'un rouge mat lorsqu'elles sont mûres.
Pl antes t o x iq u e s (R )^ ^ 255

Sureau hièble
Sambucus ebulus (Caprifoliacées)

Parties dangereuses
Surtout les baies.

Habitat
Bords des chemins, haies, fossés, talus.

Toxicité
Les fruits du Sureau hièble sont vomitifs et
purgatifs. Les substances responsables ne
sont pas connues avec précision. De fortes
doses des racines, de l'écorce ou des
feuilles ont les mêmes effets.

Dangers
Il faut faire attention à ne pas confondre
les fruits amers du Sureau hièble avec
ceux, doux, du Sureau noir, plante ligneuse
(arbuste) à folioles larges. Les ombelles en
fruits de l'Hièble sont tournées vers le ciel,
tandis que celles du Sureau noir regardent
le sol. De toute façon, leur saveur est suffi­
samment désagréable pour ne pas les
consommer en quantité dangereuse.

Description
Grande plante herbacée de plus d' 1 m, dont
les tiges renferment une moelle blanche et
portent des feuilles opposées, munies de
deux stipules vertes bien développées, com­
posées de 7-11 folioles allongées, étroites,
pointues et bordées de petites dents. Les
feuilles dégagent au froissement une odeur
désagréable. Les petites fleurs blanches ou
un peu rougeâtres forment de juin à août
une grande inflorescence aplatie au som­
met de la tige. Les petites baies globuleuses,
à saveur amère, sont noires à maturité.
256 Bords de chemins, champs, d éco m b res

Muflier
Antirrhinum majus (Scrofulariacées)

Parties dangereuses


Graines.

Habitat
Rochers, lieux pierreux, vieux murs ; éga­
lement planté.

Toxicité
Les graines du Muflier (ou « Gueule-de-
loup ») sont riches en saponines et renfer­
ment également un glucoside. Elles passent
pour toxiques. Elles ont servi à pêcher le
poisson en empoisonnant l'eau des ruis­
seaux. D'une façon générale, toutes les
plantes de la famille des Scrofulariacées
sont à considérer comme potentiellement
dangereuses.

Dangers
Peu importants.

Description
Belle plante de 30 à 80 cm, glabre en bas,
velue vers le haut, à feuilles opposées ou
alternes, ovales ou étroites et allongées, en­
tières, glabres, munies d'un court pétiole.
Les fleurs, pourprées, jaunâtres ou blan­
châtres, ont un aspect caractéristique : leur
corolle possède deux lèvres, dont l'in fé­
rieure, à trois lobes, porte une proéminence
barbue divisée en deux, qui ferme la gorge
de la corolle ; le tube de la corolle est renflé
en bosse à la base. Les fleurs s'épanouis­
sent de mai à septembre.
Elles sont rassemblées en une grappe ter­
minale.
Plantes toxiques 257

Chélidoine
Chelidonium majus (Papavéracées)

Parties dangereuses
Latex, toute la plante.

Habitat
I
Murs, décombres, lieux incultes.

Toxicité
Le latex est irritant, surtout pour les mu­
queuses, et son ingestion peut provoquer
de graves troubles digestifs. Il contient
aussi des alcaloïdes, responsables des
troubles nerveux et cardiaques qu'il peut
déclencher. On emploie traditionnellement
le latex de la Chélidoine en application sur
les verrues, souvent avec succès.

Dangers
Peu importants si l'on se contentait de mé­
langer par erreur quelques feu illes à
d'autres plantes. De plus, la Chélidoine est
facile à id en tifier par la form e de ses
feuilles, et surtout par son latex jaune.

Description
Plante de 20 à 80 cm, à grandes feuilles
molles profondément divisées en 5-7 seg­
ments ovales, lobés à la façon des feuilles de
Chêne, vert bleuâtre en dessous. Les petites
fleurs épanouissent d'avril à octobre leurs
quatre pétales jaunes, tombant rapidement,
et leurs nombreuses étamines. Elles sont
groupées en ombelles simples et donnent
des fruits étroits et allongés, bosselés par les
graines qu'ils renferment. Toute la plante
contient un latex caractéristique, variant
du jaune pâle à l'orange foncé.
Prairies

Colchique
Cokhicum autumnale (Liliacées)

Parties dangereuses
Toute la plante. *

Habitat
Prés humides.

Toxicité
Bulbe, feuilles, fleurs et graines du Col­
chique contiennent des alcaloïdes extrê­
mement toxiques. L'ingestion d'une des
parties de la plante peut déterminer de
graves troubles digestifs, cardiovasculaires,
nerveux et respiratoires, souvent suivis de
la mort. Le bétail est souvent victime de ces
jolies fleurs, parmi les plus dangereuses
de notre flore.

Dangers
Attention à ne pas décorer les salades avec
des fleurs de Colchique ! Leur ressem­
blance avec celles des Crocus, qui ne
sont pas toxiques, pourrait créer de
mortelles confusions. Les feuilles i
ont été confondues avec l'ail jxi
des ours, entraînant parfois .1
la mort.

Description
Plante de 10 à 40 cm, à
bulbe de la taille d'une
noix, présentant d'août
à octobre (parfois au
printemps) des fleurs :
isolées ou groupées par
2-3, à six divisions allon­
gées d'un rose lilas. Les
fleurs sortent du sol et sont
entourées dans le bas de
gaines membraneuses. Les
feuilles, peu nombreuses,
grandes et dressées, très allongées,
un peu charnues, n'apparaissent qu'au
printemps suivant, en même temps que le
fruit, lui aussi de la grosseur d'une noix.
Plantes toxiques 259

Séneçon jacobée
Senecio jacobæ a (Composées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Prairies, coteaux, bords des chemins.

Toxicité
Le Séneçon jacobée renferme des alca­
loïdes toxiques pour le foie. Il en est de
même des nombreuses autres espèces
de Séneçons. Des intoxications, parfois
graves, ont été signalées chez l'homme
et chez les animaux, mais les doses doi­
vent être importantes.

Dangers
Restreints du fait de la saveur âcre et amère
de la plante. De faibles quantités seraient
vomitives.

Description
Plante de 30 cm à 1 m, existant sous de
nombreuses formes, à feuilles inférieures
et moyennes profondément divisées en seg­
ments étroits, allongés et lobés, le terminal
étant généralement plus grand que les
autres. Les feuilles inférieures sont pétio-
lées, les autres embrassent la tige par deux
oreillettes profondément découpées. Les
petites fleurs jaunes de deux sortes - en lan­
guette et en tube (parfois toutes en tube) -
sont groupées en capitules réunis en inflo­
rescences aplaties (coiymbes) au sommet
des tiges. Elles s'épanouissent de juin à sep­
tembre.
260 Prairies

Narcisse/Jonquille
Narcissus pseudo-narcissus (Amaryllidacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout le bulbe.

Habitat
Prés, bois.

Toxicité
Toutes les espèces de Narcisses sont
toxiques, les bulbes en particulier, mais
aussi les fleurs avec lesquelles on se gar­
dera bien de décorer des salades. Ils
contiennent de dangereux alcaloïdes, ainsi
que des saponines, et peuvent engendrer
de graves troubles digestifs, nerveux et car­
diaques. Le simple fait de sucer une tige
suffit parfois à les déclencher. La consom­
mation de bulbes de Narcisses a parfois eu
de graves conséquences.

Dangers
Les fleurs sont bien tentantes !

Description
Plante de 20 à 40 cm, célèbre
pour sa magnifique fleur. Les
feuilles, dressées, sont
étroites (4-15 mm) et très
allongées, - elles peuvent j
atteindre la longueur de la
tige florale - plates et ar­
rondies au sommet. Leur
couleur est glauque. La
fleur unique est portée par
un court pédoncule au som­
met de la tige. Elle épanouit
de mars à mai sa grande co­
rolle toute jaune, munie d'un
tube assez long en forme d'en­
tonnoir et d'une couronne tubuleuse
évasée dans le haut, à bords dente­
lés ou lobés. La plante sort d'un
bulbe globuleux. Les « coucous » ont
beaucoup régressé à la suite des
cueillettes abusives que leur vaut leur
beauté.
Bois et haies
Belladone
Atropa belladona (Solanacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les baies. *

Habitat
I
Bois, haies, bords des chemins.

Toxicité
La Belladone renferme les mêmes al­
caloïdes extrêmement dangereux que
la Datura. Ce sont surtout les baies
qui causent les empoisonne­
ments : les troubles sont
semblables à ceux que pro­
voque la Datura et se ter­
m inent souvent par la
mort.

Dangers
Les baies juteuses, parfois su­
crées, ressemblent un peu à des ce­
rises. Attention, de dix à quinze d'entre elles
peuvent être mortelles !

Description
Plante buissonnante de 70 cm à 1,50 m, à
feuilles munies d'un pétiole, ovales, aiguës
au sommet, entières ou sinueuses sur les
bords, molles et couvertes de poils fins.
Elles dégagent au toucher une odeur désa­
gréable. Les feuilles supérieures sont grou­
pées par deux. Les fleurs ouvrent de juin à
août leur corolle pourpre-brunâtre en forme
de cloche non évasée. Elles sont solitaires,
ou par deux à l'aisselle des feuilles, perdues
dans le feuillage. Les fruits sont des baies
globuleuses, noires et luisantes, entourées
par le calice.
262 Bo is et ha ie s

Cytise
Laburnum anagyroides (Papilionacées)

Parties dangereuses

I Toute la plante, surtout les fleurs. %

Habitat
Bois, haies; également planté.

Toxicité
Toutes les parties du Cytise renferment de
dangereux alcaloïdes. Leur consommation
entraîne des troubles digestifs, nerveux et
respiratoires pouvant provoquer la mort.
Fort heureusement, la plante est tout
d'abord vomitive, ce qui vide rapidement le
contenu de l'estomac.

Dangers
Il est fréquent qu'on s'em poisonne en
confectionnant des beignets de fleurs de
Cytise prises pour des fleurs d'Acacia. Pour­
tant les fleurs du Cytise sont jaunes alors
que celles de l'Acacia sont blanches. D'autre
part, les feuilles de ce dernier sont divisées
en plusieurs folioles, tandis que celles du
Cytise ressemblent à de grosses feuilles de
Trèfle.

Description
Arbuste ou arbre de 5 à 10 m, à
écorce restant lisse et verte jus­
qu'à un âge avancé, portant des
feuilles longuement pétiolées,
caractéristiquement divisées
en trois folioles de 2 à 5 cm de
long, allongées et entières. Les
fleurs jaune vif, typiquement
papilionacées, sont rassemblées
en longues grappes pendantes,
plus larges à la base qu'au sommet,
et dégagent un parfum suave. Les fruits
sont des gousses aplaties d'un brun clair.
P l a n t e s t o x i q u e s (R)-!-^1 2 6 3

Fusain
Euonymus europaeus (Célastracées)

Parties dangereuses
Surtout fruits et graines. %

Habitat
Haies, bois.

Toxicité
Les fruits et surtout les graines ren­
ferment des substances cardio­
toxiques proches de celles de la
Digitale, ainsi que des alca­
loïdes. Ils sont très irritants, vo­
mitifs et purgatifs, et peuvent
provoquer des troubles di­
gestifs, nerveux et cardiaques
dont l'issue est parfois mor­
telle. On s'en servait, pulvéri­
sés, contre les poux.

Dangers
La couleur des fruits est attirante, mais
il ne faudrait pas avoir l'idée d'en déco­
rer des salades ! Heureusement, ils sont
âcres et leur saveur découragera les tenta­
tives imprudentes.

Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 6 m, à jeunes
rameaux verts, lisses, portant des feuilles
opposées, à court pétiole, ovales, aiguës,
très finem ent dentées, vert foncé mat,
glabres. Les petites fleurs, d'un blanc ver­
dâtre, d'odeur peu agréable, sont rassem­
blées par 2-5 en grappes opposées à
l'aisselle des feuilles. Elles s'ouvrent d'avril
à juin et sont suivies en septembre-octobre
par des fruits caractéristiques à quatre
angles arrondis, d'un rose vif. Les graines
sont recouvertes d'une enveloppe charnue,
orangé vif, nettement visible lorsque le fruit
s'entrouvre.
264 Bois et h a ie s

Muguet
Convallaria majalis (Liliacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les fruits. %

Habitat
Bois ; également planté.

Toxicité
Toute la plante contient des substances car­
diotoxiques extrêmement actives. Mâcher
un brin de muguet ou en manger les baies
peut provoquer des troubles cardiaques
graves, entraînant parfois la mort. Cette
plante tant appréciée, et largement com­
mercialisée, est pourtant l'une des plus
toxiques de notre flore. Même le parfum
de ses fleurs est entêtant et peut être la
cause de maux de tête.

Dangers
Il est peu probable que l'on ajoute
des feu illes de Muguet à une
salade, mais ses fleurs pour­
raient tenter... On se méfiera
particulièrement de ses
baies rouges qui ont déjà
tué des enfants !

Description
Plante bien connue de
10 à 30 cm, dont les
deux feuilles largement
ovales, allongées, aiguës H|
au sommet, sortent du
sol. Des gaines membra- H
neuses entourent la base de
la tige et des pétioles. Les pe­
tites fleurs blanches en clo­
chettes, délicieusement parfumées,
s'ouvrent d'avril àjuin. Elles sont grou­
pées au sommet de la tige, toutes du même
côté, en une grappe lâche et donnent des
fruits sphériques, rouge v if et charnus.
Pl antes to x iq u e s (R )^ ^ 265

If
Taxus boccata (Taxacées)

Parties dangereuses
Feuillage, graines. %

Habitat
Bois de montagne ; également planté.

Toxicité
Les feuilles et les graines de l'if ren­
ferment des alcaloïdes toxiques. Leur
I ingestion entraîne divers troubles
pouvant être très graves et même en­
traîner la mort. En revanche, la partie
rouge et charnue entourant la graine est
parfaitement comestible : sucrée et mu-
cilagineuse, elle est agréable à grignoter,
sans danger si l'on ne mâche pas la graine.

Dangers
Il est possible de confondre les jeunes
pousses avec celles, comestibles, du Sapin,
mais elles n'ont pas de bandes blanches en
dessous et sont amères, sans saveur ci­
tronnée.

Description
Arbuste ou arbre pouvant atteindre de 10 à
15 m, à écorce brun-rougeâtre se détachant
par plaques, à feuilles très étroites et al­
longées, entières, aiguës au sommet, rap­
prochées et disposées sur deux rangs de
chaque côté des rameaux. Les minuscules
fleurs sont toutes mâles ou toutes femelles ;
elles sont portées sur le même pied ou, plus
souvent, sur deux pieds différents. La
graine est entourée par une petite coupe
verte qui s'accroît et devient charnue, d'un
rouge vif.
266 B o is et h a ie s

Digitale
Digitalis purpurea (Scrofulariacées)

Parties dangereuses
Toute la plante. ®

Habitat
Clairières, lieux incultes, sur terrains sili­
ceux ; également planté.

Toxicité
La digitale pourpre renferme une douzaine
de substances agissant fortement sur le
cœur. Quelques feuilles ou fleurs provo­
quent des troubles graves, amenant rapi­
dement la mort. Les autres espèces, à fleurs
jaunes, sont tout aussi toxiques.

Dangers
Il faut particulièrement se méfier de la
plante avant l'apparition de la tige : les
feu illes ressem blent à celles de la
Consoude, mais elles sont douces au tou­
cher, alors que la Consoude est rêche
dans toutes ses parties.

Description
Grande plante de 50 cm à
1,60 m à feuilles ovales al­
longées, bordées de dents,
vertes et velues en dessus,
d'un blanc cotonneux en
dessous, très douces au
toucher. Avant le déve­
loppement de la tige, les
feuilles inférieures, pé-
tiolées, forment une ro­
sette dense. Les fleurs,
caractéristiques, sont
pourpres et ponctuées à l'in­
térieur (pourpre sur blanc) de
la corolle en forme de doigt de
gant ventru. Elles s'épanouissent
de mai à septembre et sont rassem­
blées, toutes du même côté, en une
longue grappe terminale.
P la n te s to x iq u e s 0% ^ 267

Chèvrefeuille des haies


Lonicera xylosteum (Caprifoliacées)

Parties dangereuses
Fruits.

Habitat
J
Haies, bois.

Toxicité
Les baies renferment des saponines et
d'autres substances toxiques. Elles
sont vomitives et purgatives, et peu­
vent à forte dose provoquer de
graves troubles nerveux et car­
diaques. Il en est de même des fruits
rouges, bleus ou noirs des autres es­
pèces de Chèvrefeuille.

Dangers
Les fruits sont un peu sucrés ; il est arrivé
que des enfants se laissent tenter et s'em­
poisonnent. On évitera les fruits de tous les
Chèvrefeuilles, aisément reconnaissables
à ce qu'ils sont soudés deux à deux. Suivant
les espèces, ils sont rouges, noirs ou bleus.

Description
Arbrisseau dressé de 1 à 2 m, à feuilles op­
posées, munies d'un pétiole, largement
ovales, aiguës au sommet, entières, cou­
vertes de poils mous, surtout en dessous.
Les petites fleurs à deux lèvres inégales,
d'un blanc jaunâtre parfois rosé et à tube
très court, s'épanouissent en mai-juin. Elles
sont groupées par deux à l'aisselle des
feuilles, leurs ovaires un peu soudés à la
base. Les fruits globuleux, d'un rouge
sombre translucide, également soudées,
apparaissent en juillet-août.
268 Bois et ha ie s

Arum
Arum maculatum (Aracées)

Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les fruits.

Habitat
Bois, haies.

Toxicité
Toute la plante contient de minuscules cris­
taux en aiguille très irritants. Mâcher de
l'Arum provoque en moins d'une minute
une vive douleur suivie d'un gonflement
des tissus, qui, au niveau de la gorge, pour­
rait provoquer la mort par asphyxie. Les
baies rouges contiennent des saponines et
sont de ce fait très toxiques.

Dangers
Les enfants sont facilement attirés par
les fruits, d'abord légèrement sucrés,
puis âcres.

Description
Curieuse plante de 20 à
50 cm, à feuilles munies
d'un long pétiole engai­
nant à la base, en forme
de fer de flèche à deux
oreillettes triangulaires
assez écartées l'une de
l'autre, vert foncé lui­
sant, souvent tachées de
brun. Au centre de la
plante s'élève une feuille
spéciale, enroulée en
form e de cornet (spathe),
d'un vert jaunâtre. A l'inté­
rieur se dresse une colonne
(spadice) portant de bas en
haut les fleurs femelles, des
fleurs stériles, les fleurs mâles
et de nouveau des fleurs stériles.
Elle est renflée en massue vers le haut.
Un épi dense de fruits rouge-orange vif,
charnus, succède aux fleurs.
Plantes toxiques 0 ^ ^ 269

Parisette
Paris quadrifolia (Liliacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les fruits.

Habitat
I
Bois humides.

Toxicité
Toutes les parties de la plante
contiennent des saponines toxiques.
Feuilles et baies peuvent provoquer
des troubles digestifs, nerveux et car­
diaques, souvent graves, aboutissant
parfois à la mort. Il faut moins de cinq
baies pour déclencher des symptômes in­
quiétants. La plante est vomitive, ce qui
permet en général de limiter les problèmes.

Dangers
Ce sont surtout les baies qui causent des
accidents. Si l'on se cantonne aux plantes
connues, il y a peu de risques, car la Pari-
sette est caractéristique. C'est d'ailleurs une
plante à protéger : une autre bonne raison
pour ne pas la cueillir.

Description
Plante remarquable de 20 à 40 cm, dont la
tige dressée ne porte à son sommet que
quatre feuilles (parfois cinq ou six) étalées
en croix, attachées au même point. Chaque
feuille est largement ovale et rétrécie à ses
deux extrémités, pointue au sommet. La
fleur terminale unique comporte quatre sé­
pales verdâtres et quatre pétales jaunâtres
très étroits (ou cinq, six : en même nombre
que les feuilles). Elle s'épanouit de mai à
juillet, puis donne son fruit arrondi et
charnu, d'un noir bleuâtre.
270 Bois et ha ie s

Bourdaine
Rhamnus frangula (Rhamnacées)

Parties dangereuses
Ecorce, fruits.

Habitat
Haies, bois, lieux humides.

Toxicité
L'écorce et les fruits contiennent des sub­
stances qui leur confèrent des propriétés
laxatives douces... du moins après avoir été
séchés pendant un an à température am­
biante, ou pendant une heure dans un four
à 100 °C. Fraîche, la Bourdaine est vomi­
tive et purgative.

Dangers
On se méfiera des fruits frais, qui
sont juteux et plus ou moins su­
crés. Si l'o n veut em ployer
l'écorce de Bourdaine comme
laxatif, il faudra la faire lon­
guement sécher au-dessus du
feu, à température élevée
La décoction qu'on en
prépare doit être prise au
moins 6 h avant l'effet
désiré.

Description
Arbrisseau de 2 à 5 m, à écorce
brunâtre tachetée de gris, por­
tant des feuilles à court pétiole,
ovales ou elliptiques, entières,
glabres, munies de chaque côté
de la nervure médiane de 8 à
12 nervures saillantes en
dessous, parallèles
entre elles. Les petites
fleurs, blanchâtres ou
verdâtres, s'épanouissent
d'avril à juillet. Elles sont ré­
unies en faible nombre à l'ais
selle des feuilles. De petits fruits
globuleux, verts, puis rouges, puis noirs à
partir d'août, leur succèdent.
Pla n te s toxiqu es (F)%^ 271

Cornouiller sanguin
Cornus sanguinea (Cornacées)

Parties dangereuses
Fruits.

Habitat
Bois, haies.

Toxicité
Les fruits noirs du cornouiller sanguin sont
vomitifs et purgatifs. Leur pulpe renferme
une huile que l'on utilisait autrefois pour
l'éclairage et la fabrication de savon. Elle
ressemble par sa couleur et sa texture à
celle d'un avocat... mais malheureuse­
ment pas par son goût.

Dangers
Les fruits, noirs et amers, du cornouiller
sanguin ne peuvent guère être pris pour
ceux, rouges et acides, du cornouiller mâle,
mais la confusion des noms peut provo­
quer de désagréables expériences.

Description
Arbrisseau de 1 à 3 m, à jeunes rameaux
rougeâtres, portant des feuilles opposées,
à court pétiole, ovales, entières, brusque­
ment terminées en pointe, à nervures ar­
quées convergeant au sommet. Le feuillage
rougit dès la fin de l'été. Les fleurs blanches,
paraissant en mai-juin, sont groupées en
inflorescences terminales. Elles donnent
de petits fruits globuleux noirs, à pulpe
verte, grasse et amère, mûrs en octobre.
272 Bo is et ha ie s

Douce-amère
Solanum dulcam ara (Solanacées)

I
Parties dangereuses
Surtout les baies.

Habitat
Haies, bois humides, lieux frais.

Toxicité
Toute la plante renferme des substances
toxiques. Les baies mûres contiennent aussi
des saponines, et leurs graines renferme­
raient des alcaloïdes semblables à ceux de
la Belladone. Leur ingestion provoque des
troubles digestifs et nerveux, respiratoires
et cardiaques, parfois mortels.

Dangers
Les baies sont tentantes, leur saveur n'est
pas désagréable, et des enfants se sont em­
poisonnés. Elles ressemblent vaguement à
de petites tomates, mais on ne peut guère
les confondre avec des fruits sauvages co­
mestibles.

Description
Plante grimpante de 1 à 2 m, à tiges li­
gneuses et rameaux de l'année herbacés,
portant des feuilles pétiolées, ovales,
simples ou divisées en trois segments, les
deux de la base form ant comme des
oreillettes, le terminal étant beaucoup plus
grand. Les petites fleurs ouvrent de juin à
septembre leurs cinq lobes violets tachés
de vert, allongés, aigus, et un peu renver­
sés. Elles sont réunies en grappes irrégu­
lières. Les fruits sont de petites baies
ovoïdes, d'abord vertes, puis rouges.
Pla n te s toxiques 273

Troène
Ligustrum vulgare (Oléacées)

Parties dangereuses
Fruits.

Habitat
Bois, haies ; également planté.

Toxicité
Les fruits sont riches en saponines. Ils peu­
vent provoquer des troubles digestifs, ré­
naux et nerveux. La mort pourrait
s'ensuivre, mais des doses relativement
importantes seraient nécessaires. Des en­
fants se sont empoisonnés en goûtant les
fruits. Les feuilles et l'écorce contiennent
des glucosides et des alcaloïdes, mais ne
sont pas dangereuses.

Dangers
Les risques de confusion avec des plantes
comestibles sont minimes, et les fruits sont
amers, ce qui découragerait d'en goûter
plus de quelques-uns. Quant aux feuilles,
elles sont trop coriaces pour songer à les
utiliser.

Description
Arbrisseau de 2 à 3 m, à écorce gris-bru­
nâtre, portant des feuilles ovales ou ellip­
tiques un peu coriaces, entières, glabres et
d'un beau vert, munies d'un court pétiole.
Les petites fleurs blanches odorantes s'épa­
nouissent de mai à juin. Elles sont réunies
en petites grappes denses terminant les
rameaux. Les fruits, mûrs à partir de
septembre, sont globuleux, d'environ 3 mm
de diamètre, noirs à l'extérieur, avec une
pulpe un peu rougeâtre au goût amer. Ils
persistent jusqu'au printemps.
274 Bo is et h a ie s

Viorne obier
Viburnum oputus (Caprifoliacées)

Parties dangereuses
Fruits.

Habitat
Haies, bois humides ; également planté.

Toxicité
Les fruits sont amers et acides. Crus, ils
sont vomitifs et purgatifs et pourraient oc­
casionner de graves troubles digestifs.
Cuits, ils sont inoffensifs, mais leur goût
reste amer et un peu nauséeux. On en fait
parfois des compotes, en mélange avec
d'autres fruits.

Dangers
Les fruits ne peuvent guère être confondus
avec d'autres, et leur goût est désagréable.

Description
Arbrisseau ou arbuste de 2 à 5 m,
portant des feuilles à pétiole al­
longé, largement ovales, divi­
sées en éventail en 3-5 lobes,
irrégulièrement dentées, ai­
guës, minces, et couvertes
de petits poils en dessous.
Le pétiole porte à sa base
deux stipules très étroites
et allongées. Les inflores­
cences caractéristiques
sont formées de fleurs
blanches, celles du pourtour
étant beaucoup plus grandes
que les autres, rayonnantes,
irrégulières et dépour
vues d'étamines et de pis­
til. Elles s'épanouissent en
mai et juin. Les baies globu
leuses, rouge vif, translucides,
sont mûres en septembre.
P l a n t e s t o x i q u e s (P ò % ^ 275

Houx
llex aquifolium (Aquifoliacées)

Parties dangereuses
Fruits.

Habitat
I
Bois, haies ; également planté.

Toxicité
Les fruits sont vomitifs et purgatifs. Ils peu­
vent provoquer des troubles nerveux sans
gravité. Les feuilles ont parfois été em­
ployées en tisane comme diurétique,
expectorant et fébrifuge, mais il arrive
que cet usage provoque des malaises.
Le Houx n'est pas une plante très toxique.

Dangers
Peu importants ; la couleur des fruits peut
les rendre attirants, mais leur goût désa­
gréable empêchera d'en abuser. Le houx
est suffisamment caractéristique pour
qu'aucune confusion ne puisse se produire
avec une plante comestible.

Description
Arbuste ou petit arbre pouvant atteindre
une douzaine de mètres, à écorce grise et
lisse, portant des feuilles caractéristiques,
à court pétiole, très coriaces, ovales, gon­
dolées et bordées de dents épineuses, par­
fois plates et entières, avec une seule épine
terminale, sur les pieds âgés. Les feuilles
sont vert foncé, luisantes. Les petites fleurs
blanches, présentes de mai à août, sont
groupées aux aisselles des feuilles. En sep-
tembre-octobre, elles donnent de petits
fruits globuleux, charnus, d'un rouge vif.
276 Bois et h a ie s

Lierre
Hederá helix (Araliacées)

Parties dangereuses
Surtout les fruits.

Habitat
Sur les murs, les arbres, le sol des bois.

Toxicité
Les fruits contiennent des saponines et
peuvent provoquer des troubles digestifs,
nerveux et respiratoires parfois graves. Ils
sont très irritants, vomitifs et purgatifs. Les
feuilles ont occasionné des intoxications
chez l'homme et chez le bétail.

Dangers
Limités, car ni les feuilles coriaces, ni les
fruits, amers, ne sont tentants. Attention,
ne confondez pas la plante avec le
« Lierre terrestre » (Glechoma hedera-
cea), une Labiée rampante aux feuilles
odorantes que l'on emploie en infu­
sions expectorantes ou comme condi­
ment.

Description
Plante grimpante ou rampante à tiges
ligneuses munies de crampons, pou­
vant atteindre plus de 50 m de lon­
gueur. Les feuilles coriaces, vert sombre en
dessus, sont munies d'un long pétiole. Les
feuilles des rameaux sans fleurs sont divi­
sées en 3-5 lobes plus ou moins profonds ;
celles des rameaux fleuris sont ovales ou
en forme de losange, pointues au
sommet. Les petites fleurs jaune-
verdâtre, épanouies en septembre-
octobre, sont groupées en ombelles
terminales sur les pieds grimpants.
Les fruits lobuleux, noirs, leur succèdent
de mars à mai.
Pla ntes t ox i q ues L\
r 277

Hellébore
Helleborus fœtidus (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Bois, coteaux.

Toxicité
Toute la plante contient des gluco-
sides et des alcaloïdes toxiques,
ainsi que, lorsqu'elle est fraîche,
une substance irritante. Elle est vo­
mitive et purgative (on l'employait
autrefois à ce titre), mais son in­
gestion peut provoquer de graves
troubles cardiaques. Il existe plu­
sieurs autres espèces d'Hellébore,
de toxicité semblable.

Dangers
Peu importants ; la plante n'est guère en­
gageante. Ses feuilles sont coriaces et leur
odeur plutôt repoussante : la salade d'Hel­
lébore ne sera sûrement jamais au menu.

Description
Curieuse plante de 30 à 70 cm, à feuilles
basales munies d'un long pétiole, divisées
en 7-11 segments étroits et allongés, forte­
ment dentés sur les bords, coriaces, vert
sombre. La taille des feuilles diminue vers
le sommet, jusqu'à être réduite à une gaine
élargie. Les fleurs, dont on voit surtout les
sépales verts souvent bordés de pourpre,
s'ouvrent de janvier à mai. Elles sont grou­
pées au sommet de la plante. Les feuilles
dégagent au froissement une odeur désa­
gréable.
278 Bois et haies

Clématite
Clematis vitalba (Renonculacées)

Parties dangereuses
La plante fraîche.

Habitat
Haies, bords des chemins.

Toxicité
Comme beaucoup d'autres plantes de la
même famille, la Clématite renferme, lors­
qu'elle est fraîche, une substance très
irritante. Son suc peut provoquer des rou­
geurs, voire même des cloques ; mâcher la
plante fraîche est évidemment désagréable,
sinon dangereux. On consommait néan­
moins ses jeunes pousses après les avoir
fait bouillir. La plante sèche est inoffensive.
Il existe plusieurs autres espèces, toutes
aussi caustiques.

Dangers
Peu importants, car l'irritation est rapide­
ment sensible et incitera vite à vérifier ce
que l'on mange.

Description
Liane ligneuse à tiges souvent très
longues, à écorce grise se détachant
en longues lanières, portant des
feuilles opposées, munies d'un
pétiole, divisées en 3-9 folioles
pétiolées, entières, en forme
de cœur renversé, ovales et
pointues. Les petites fleurs
blanches, à étamines nom­
breuses, sont groupées à
l'aisselle des feuilles supé­
rieures et s'épanouissent
de juin à août. Les fruits
sont remarquables par
leurs longs styles plumeux qui
persistent souventjusqu'à l'hiver.
Bords des eaux

Œnanthe
CEnanthe crocata (Ombellifères)

Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les tuber­
cules. ^

Habitat
I
Bords des cours d'eau, prairies humides,
dans l'Ouest de la France.

Toxicité
L'Œnanthe renferme une substance
très vénéneuse et provoque des
troubles digestifs, respiratoires, ner­
veux et circulatoires, souvent mor­
tels. La plante séchée est moins
dangereuse.

Dangers
Des accidents mortels sont survenus
par suite de la consommation des
tubercules, qui semblent bien ten­
tants quand on a faim, ou par
confusion des feuilles avec
celles d'Ombellifères co­
mestibles. Les fruits d'une
espèce voisine, l'Œnanthe
aquatique ou Phellandrie
(Œnanthe aquatica), peu­
vent provoquer des trou­
bles nerveux.

Description
Grande plante d'environ
lm, à feuilles deux-trois
fois divisées en seg­
ments ovales en coin
à la base. Les fleurs,
blanches ou rosées,
s'épanouissent en
juin-juillet. Elles sont
groupées en ombelles
composées, à 15-30 rayons
assez grêles, avec ou sans petites feuilles à
la base. L'Œnanthe comporte plusieurs gros
tubercules renflés, allongés en fuseau, ren­
fermant un suc jaunâtre devenant brun-
orange.
280 Bords des eaux

Populage
Caltha palustris (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Bords des ruisseaux, prairies humides.

Toxicité
Comme la plupart des plantes de cette fa­
mille (Renoncule, Clématite, etc.), le Popu­
lage renferme, lorsqu'il est frais, une
substance irritante, accompagnée de sa-
ponines toxiques. Il est sans danger après
dessication, ou après avoir été cuit à plu­
sieurs eaux. Il est parfois consommé
comme légume cuit.

Dangers
L'utilisation des feuilles crues en salade a
provoqué des troubles digestifs et nerveux
sans gravité.

Description
Plante de 20 à 60 cm, glabre
dans toutes ses parties, à
feuilles inférieures mu­
nies d'un long pétiole
engainant, épaisses,
à contour arrondi,
échancrées en cœur
à la base, bordées de i
larges dents obtuses,
vert sombre, lu i­
santes. Les feuilles
supérieures n'ont pas
de pétiole. Les grandes
fleurs comportent cinq
sépales jaune d'or, faisant
fonction de pétales, et de
nombreuses étamines. Elles
sont solitaires au sommet des
tiges et s'épanouissent d'avril à juin.
Pla n te s toxiqu es (R )^ 1
^ 281

Ciguë vireuse
Cicuta virosa (Ombelliféres)

Parties dangereuses
Toute la plante. %

Habitat
Marais tourbeux, fossés.
I
Toxicité
La plante contient des substances extrê­
mement toxiques, en particulier la ra­
cine. Son ingestion provoque des
troubles digestifs et nerveux très
graves, pouvant entraîner la mort par
paralysie respiratoire.

Dangers
On a parfois confondu la racine et les
feuilles de la ciguë vireuse avec celles
d'Ombellifères comestibles comme la
carotte sauvage - la confusion étant
mortelle ! Il conviendra de se méfier de
toutes les Ombellifères des lieux humides.

Description
Grande plante de 60 cm à 1,20 m dont les
feuilles inférieures, munies d'un long pé­
tiole cylindrique, sont deux-trois fois com­
plètement divisées en segments ovales, très
allongés et très aigus, bordés de dents ai­
guës dirigées vers le sommet. Les petites
fleurs blanches, ouvertes en juillet-août,
sont groupées en ombelles composées de 8-
25 rayons égaux, sans involucre. Chaque
petite ombelle secondaire porte à sa base 3-
5 feuilles très étroites. Les fruits sont ar­
rondis, plus larges que longs. La grosse
racine blanche, d'odeur désagréable, est
creuse, divisée en cloisons.
Midi et région méditerranéenne

Laurier-rose
Nerium oleander (Apocynacées)

i
Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Bords des cours d'eau dans le Var, les Alpes-
Maritimes et la Corse ; très fréquemment
planté.

Toxicité
Le Laurier-rose renferme des substances
agissant fortement sur le cœur, à la façon de
la Digitale. Une feuille peut suffire à en­
traîner des troubles digestifs et cardiaques ;
quelques-unes peuvent être fatales. Feuilles,
fleurs, écorce et bois sont potentiellement
mortels.

Dangers
Le nom commun de la plante peut inciter
à employer ses feuilles comme celles du
laurier sauce (Laurus nobilis). Mé-
fiez-vous toujours des confusions
que peuvent créer les similitudes
de noms.

Description
Arbuste jusqu'à 2-3 m, à
écorce grisâtre, à feuilles per­
sistantes dressées, coriaces,
lancéolées, aiguës au som­
met, entières, munies de 40-
70 paires de fines nervures
secondaires serrées, paral­
lèles entre elles, partant de la
nervure principale. Les grandes
fleurs odorantes roses (parfois
blanches) s'épanouissent de juin à
octobre. Leur diamètre atteint 4-5 cm ;
elles sont groupées en inflorescences à
l'extrémité des rameaux. Le fruit, ligneux
à maturité, est environ dix fois plus long
que large.
P l a n t e s t o x i q u e s ( p ) ^ 1^ 283

Genêt d'Espagne
Spartium junœum (Papilionacées)

Parties dangereuses
Surtout les fleurs.

Habitat
Coteaux arides ; également planté.

Toxicité
Les fleurs contiennent un alcaloïde agis­
sant sur le cœur, toxique à fortes doses.
Leur consommation, épanouies ou en bou­
tons, provoque des troubles digestifs et car­
diovasculaires. Les rameaux renferment
un autre alcaloïde, très toxique.

Dangers
Des empoisonnements ont eu lieu par suite
de la confusion des boutons floraux avec
ceux du genêt à balai (Cytisus scoparius),
dont on fait des « câpres ». Et les belles
grandes fleurs jaunes sont très attirantes,
mais fort dangereuses.

Description
Arbrisseau décoratif de 1 à 4 m à rameaux
allongés, cylindriques, glabre, d'un vert
bleuâtre, portant très peu de feuilles. Ces
dernières sont petites, allongées, entières,
velues en dessous. Les grandes fleurs
jaunes, odorantes, présentent la forme
typique des fleurs de cette famille, avec un
étendard beaucoup plus grand que les
autres pétales. Elles s'ouvrent de mai à sep­
tembre et sont rassemblées en grappes ter­
minales. Les fruits qui leur succèdent sont
des gousses noires.
284 Mi di et r é g i o n m é d i t e r r a n é e n n e

Ricin
Ricinus communis (Euphorbiacées)

Parties dangereuses
Graines. ^

Habitat
Décombres, bords des chemins dans les ré­
gions les plus chaudes ; parfois planté.

Toxicité
Les graines de ricin contiennent une huile
bien connue, fortement laxative, mais non
toxique. Elles renferment aussi une sub­
stance très dangereuse qui ne passe pas
dans l'huile à l'extraction. Quelques graines
de Ricin provoquent de graves troubles di­
gestifs, nerveux et cardiovasculaires sou­
vent mortels : il peut suffire de 2 à 5 graines
pour tuer un adulte.

Dangers
L'aspect particulier des graines les rend
attirantes, et leur saveur n'est pas désa­
gréable.

Description
Grande plante herbacée de 2 à 3 m, an­
nuelle dans nos régions, à tige
épaisse, glabre, souvent mar­
brée de rouge, portant de très
grandes feuilles luisantes, palmées,
découpées en 8-10 lobes allongés, aigus,
bordés de dents. Les petites fleurs ver­
dâtres, toutes mâles ou toutes femelles, sont
groupées en épis denses au sommet des ra­
meaux. Les fleurs mâles se trouvent en bas
de l'épi, les femelles en haut. Ces dernières
donnent des fruits secs épineux contenant
trois graines fines d'environ 2 cm de lon­
gueur, brunes, joliment marbrées.
Montagnes

Actée
Actœ a spicata (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout les baies. %

Habitat
Bois humides.
I
Toxicité
L'Actée contient une substance irri­
tante et d'autres principes toxiques
mal connus. Ce sont surtout les baies
qui sont en cause. Elles sont âcres
et amères, et pourraient provoquer
des troubles digestifs, nerveux et
cardiovasculaires graves, voire mor­
tels. Une dizaine de baies serait fa­
tale.

Dangers
Les baies sont attirantes, mais elles ne
ressemblent à aucun fruit comestible et
sont désagréables au goût.

Description
Plante de 30 à 80 cm, à très grandes feuilles
munies d'un long pétiole, composées de
plusieurs folioles, elles-mêmes divisées en
folioles secondaires, ovales, pointues et
bordées de dents aiguës. Les folioles ter­
minales sont découpées en trois lobes. Les
feuilles sont minces, vert clair en dessus,
plus pâles en dessous. Les petites fleurs
blanchâtres, épanouies en juin-juillet, sont
réunies en grappes terminales denses. Les
fruits sont des baies, d'abord vertes puis
noires et luisantes à maturité, en août et
septembre.
286 M ontagnes

Aconit
Aconitum napellus (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante. ^

Habitat
Lieux humides ; également planté.

Toxicité
Les aconits sont parmi les plantes les plus
toxiques de nos régions. Ils contiennent,
en particulier dans la racine, des alcaloïdes
extrêmement toxiques, qui provoquent des
troubles nerveux, visuels et cardiaques pou­
vant entraîner la mort. Le simple fait de
cueillir la plante peut être dangereux si les
doigts sont écorchés. Il existe d'autres es­
pèces d'Aconit, également toxiques, à fleurs
bleues ou jaunes.

Dangers
Des accidents mortels sont survenus par
confusion des racines ou des jeunes
pousses avec celles d'espèces comestibles.

Description
Grande et belle plante de 30 cm à
près de 2 m, vivant souvent en
colonies. Les feuilles sont pro- ||
fondément découpées en
éventail en segments très
étroits et allongés, eux-
mêmes divisés. Les fleurs,
bleu foncé parfois violacé,
s'ouvrent de juillet à sep- jj
tembre. Leur aspect ty- H
pique est dû au sépale B
supérieur en forme de ||
casque. Les fleurs sont ras- |
semblées en grappes ter- H
minales allongées. La racine *
porte des tubercules renflés, H
ovales et allongés, présentant un
bourgeon au sommet.
Pla n te s toxiques 287

Daphné
Daphne mezereum (Thyméléacées)

Parties dangereuses
Surtout écorce et baies. &

Habitat
Bois, pâturages ; également planté.

Toxicité
La plante contient une résine et un
glucoside âcre. Elle est très irri­
tante. L'écorce provoque des rou­
geurs et des cloques, et l'ingestion
des fruits peut déterminer des
troubles digestifs, urinaires, car­
diaques et respiratoires entraînant
parfois la mort. Une dizaine de fruits,
voire moins, peut suffire. Les autres
Daphnés, à baies rouges ou noires, sont
tout aussi toxiques.

Dangers
Ils proviennent surtout des fruits, qui peu­
vent être tentants. Il est toutefois peu pro­
bable qu'on les confonde avec ceux d'une
plante comestible : ils sont fixés directe­
ment sur une tige, juste sous la touffe
terminale de feuilles, ce qui est caractéris­
tique du Daphné.

Description
Arbrisseau de 40 cm à 1 m, à tiges très
souples portant de grandes feuilles minces,
oblongues, étroites, entières, aiguës, atté­
nuées en un court pétiole. Elles viennent
après les fleurs et sont groupées en rosette
au sommet des rameaux. Les petites fleurs
roses, en forme d'entonnoir, à quatre lobes,
répandent de février à mai une odeur très
suave. Elles sont disposées par 2-4 le long
des rameaux. Les baies ovoïdes sont d'un
beau rouge vif à maturité.
288 Montagnes

Rhododendron
Rhododendron ferrugineum (Éricacées)

Parties dangereuses
Toute la plante, en particulier les fleurs.

Habitat
Pâturages, bois, rocailles en haute mon­
tagne.

Toxicité
Les rhododendrons renferment une sub­
stance irritante et toxique, et ils sont connus
pour avoir occasionné des troubles diges­
tifs, nerveux, cardiovasculaires et respira­
toires parfois très graves. Fleurs et feuilles
sont dangereuses.

Dangers
Les magnifiques fleurs sont bien tentantes
pour décorer les salades montagnardes en
été, mais il faudra les laisser là où elles sont.
Dans les Alpes centrales et orientales
(Haute-Savoie), on rencontre une autre es­
pèce, le Rhododendron hirsute (Rhodo­
dendron hirsutum), également toxique.

Description
Sous-arbrisseau de 30 à 80 cm, à
tiges tortueuses et rameuses dès la
base, formant un buisson. Les
feuilles, munies d'un court pé­
tiole, sont coriaces, persistantes,
glabres, ovales-allongées, ai
guës au sommet, vertes et lui
santés en dessus, de couleur
brun-rouille sur toute la face in- |J
férieure. Les grandes fleurs îj
rouges, en forme d'entonnoir à
cinq lobes, sont rassemblées par
4-8 au sommet des rameaux. La flo­
raison des Rhododendrons éclate de
juin à août suivant les lieux.
Pla n te s toxiques 289

Ancolie
Aquilegia vulgaris (Renonculacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Bois, prés, rochers ; également plan­
tée.

Toxicité
Bien qu'elle ne contienne que des
substances apparemment peu ac­
tives, l'Ancolie passe pour suspecte,
du moins ses graines. D'autres es­
pèces renferment des alcaloïdes et
sont sans doute plus toxiques. Les
Dauphinelles (Delphinium spp.),
plantes voisines, poussant dans les
prairies des hautes montagnes ou dans
les champs des plaines, sont dangereuses,
surtout les graines.

Dangers
Peu importants, mais on évitera de se ser­
vir des fleurs pour décorer les salades.

Description
Très jolie plante de 10 cm à 1 m, à feuilles
pétiolées, composées de trois folioles, elles-
mêmes divisées en trois segments profon­
dément lobés au sommet, de couleur
glauque. Les fleurs, caractéristiques, sont
formées de cinq sépales colorés et de cinq
pétales en cornet ; elles sont bleues ou vio­
lettes, portées par de longs pédoncules au
sommet des tiges, et s'épanouissent de mai
à juillet. Les étamines jaunes sont saillantes
entre les pétales.
290 Montagnes

Vératre
Veratrum album (Liliacées)

I
Parties dangereuses
Toute la plante. ^

Habitat
Prairies et pâturages de montagne.

Toxicité
Le Vératre renferme de nombreux alca­
loïdes toxiques particulièrement abondants
dans le rhizome et les racines. Il peut pro­
voquer des troubles digestifs, nerveux,
cardiaques et respiratoires allant jusqu'à
la mort.

Dangers
La plupart des accidents proviennent de la
confusion de ses racines avec celles de la
grande Gentiane (Gentiana luteà], utilisée
pour faire tisanes et liqueurs. La racine de
la Gentiane est unique, épaisse et aroma­
tique, et les feuilles de la plante, d'un vert
un peu bleuté, sont opposées.

Description
Grande plante de 50 cm à
1,50 m, à feuilles alternes, en­
gainantes à la base, fortement
plissées en long suivant les
nervures parallèles entre
elles de la base au sommet.
Les feuilles inférieures sont
larges, ovales et plus ou
moins obtuses ; les supé­
rieures sont plus étroites, al­
longées et aiguës. Les fleurs
blanchâtres ou d'un jaune ver­
dâtre s'épanouissent en juillet-
août. Elles sont rassemblées en une
longue grappe peu ramifiée. La tige
souterraine, courte, est formée de trois
renflements portant de nombreuses ra
cines minces.
Plantes toxiques 291

Pédiculaire
Pedicularis verticlllata (Scrofulariacées)

Parties dangereuses
Toute la plante.

Habitat
Pâturages humides de la zone alpine dans
les Alpes et les Pyrénées.

Toxicité
Les différentes espèces de Pédiculaire, fa­
cilement reconnaissables à la forme ca­
ractéristique de leurs fleurs et à leurs
feuilles découpées, sont dangereuses. Elles
contiennent un glucoside toxique. Leurs
propriétés insecticides étaient mises à pro­
fit autrefois pour lutter contre les parasites
de l'homme et des animaux.

Dangers
Faibles, car la Pédiculaire ne ressemble à
aucune plante comestible.

Description
Petite plante de 5 à 20 cm, à tiges parcou­
rues en longueur par quatre lignes de poils,
portant des feuilles verticillées par 3-4, plus
rarement par 5-6. Les feuilles, allongées,
sont profondément découpées en segments
obtus. Les belles fleurs pourprées s'épa­
nouissent de juin à septembre. Elles sont
disposées en grappes terminales serrées
qui s'allongent un peu au cours de la flo­
raison. Le calice, renflé en forme d'outre,
est couvert de petits poils raides. La corolle
est glabre ; sa lèvre supérieure, un peu cour­
bée, est obtuse à son sommet. De petites
feuilles sont mélangées aux fleurs dans les
grappes, les inférieures dépassant les
fleurs. Le fruit mûr a deux ou trois fois la
longueur du calice.
292 M o n t a g nes

Arnica
Arnica montana (Composées)

Parties dangereuses
Fleurs.

Habitat
Prairies, bois clairs, landes.

Toxicité
Les fleurs d'Arnica contiennent de l'huile
essentielle, des glucosides et diverses sub­
stances. Leur saveur est aromatique et pi­
quante. Elles stimulent le système
circulatoire et nerveux, mais de trop fortes
doses peuvent provoquer des troubles di­
gestifs, nerveux et cardiaques. On a signalé
qu'une poignée seulement pouvait entraî­
ner la mort. L'Arnica est surtout employée
en usage externe, sous forme de teinture
notamment contre les entorses, les fou­
lures, etc.

Dangers
Peu importants. M eus il faudra éviter de dé­
corer les salades avec les splendides capi­
tules de l'arnica et s'abstenir de mâchonner
les fleurs en grande quantité.

Description
Belle plante de 20 à 70 cm, à feuilles ovales
allongées, aiguës au sommet, fermes,
épaisses, parsemées de poils courts. Les
feuilles de la base sont étalées en rosette ;
la tige porte 1-2 paires de petites feuilles
opposées. Les fleurs jaune orangé, de deux
sortes, en languette et en tube, sont grou­
pées en grands capitules solitaires ou ré­
unis par 3-5 à l'extrémité de rameaux
opposés.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1

P l a n t e s t o x i q u e s (q ) % ^ 293

Fritillaire
Fritillaria meleagris (Liliacées)
i

Parties dangereuses
Toute la plante, surtout le bulbe.

Habitat
Prairies humides, pâturages.

Toxicité
La Fritillaire contient, surtout dans son
bulbe, un alcaloïde très toxique possédant
une action déprimante sur le cœur. Elle est
donc potentiellement dangereuse, ainsi que
les autres espèces du genre, localement fré­
quentes en montagne.

Dangers
Il faudra éviter de décorer les salades avec
des fleurs de Fritillaire et se méfier de
confusions possibles en déterrant des
bulbes comestibles (d'Ail sauvage par
exemple). De toute façon, la plante ne de­
vrait pas être cueillie, car elle est devenue
rare, de même que ses cousines monta­
gnardes, bien qu'en quelques stations ces
dernières forment parfois de véritables
champs.

Description
Plante bulbeuse de 20 à S0 cm, portant
4-5 feuilles espacées le long de la tige, très
étroites et allongées, aiguës, un peu en gout­
tière en dessus, glabres et un peu glauques.
La tige grêle et élancée se termine par une
grande fleur en cloche ouverte, formée de
six divisions ovales, libres entre elles jus­
qu'à leur base, panachées en damier de car­
reaux pourpres et blanchâtres. Elle
s'épanouit d'avril à juin et donne un fruit
globuleux à trois valves.
Autres plantes sauvages
toxiques de nos régions

Faites également attention aux plantes suivantes :

Bords des chemins, champs, Bords des eaux


décombres Calla (Calla palustris) : toute la plante.
Corydale (Corydalis lutea) : toute la plante. Gratiole (Gratiola officinalis) :
Dauphinelles (Delphinium consolida, etc.,) : toute la plante. %
toute la plante. Iris (Iris pseudacorus) : surtout le rhizome.
Dompte-venin (Vincetoxicum officinale) :
toute la plante. Midi
Lampourde (Xanthium strumarium, etc.J : et région méditerranéenne
graines. Arisarum (Arisarum vulgare) :
toute la plante.
Prairies Corroyère (Coriaria myrtifolia) : fruits. %
Coronille (Coronilla varia,etc.) : Giroflée (Cheiranthus cheiri) : toute la plante.
surtout les graines. Globulaire (Globularia alypum) :
Nivéole (Leucojum vernum, etc.) : toute la plante.
surtout le bulbe. Lupin (Lupinus angustifolius) : graines.
Perce-neige (Galanthus nivalis) : Momordique (Ecballium elaterium) : fruits.
surtout le bulbe. Ornithogale (Ornithogalum umbellatum) :
surtout le bulbe.
Bois et haies Tabac (Nicotiana glauca,etc.J :
Anémone (Anemone nemorosa) : toute la plante, x;
toute la plante.
Bois-puant (Anagyris fcetida) : Montagnes
surtout les graines. Pulsatille (Pulsatilla alpina, etc.J :
Cyclamen (Cyclamen europaeum) : toute la plante.
tubercules. Trolle (Trollius europaeus) : toute la plante.
Gui (Viscum album) : fruits. Vélar (Erysimum cheiranthoides, etc.J :
Laurier-cerise (Prunus laurocerasus) : toute la plante.
feuilles.
Maianthème (Maianthemum bifollum) : Littoral
fruits. Pancrace (Pancratium maritimum) :
Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica) : toute la plante. %
fruits. SciIle (Urginea maritima) :
Sceau de Salomon (Potygonatum odoratum, surtout le bulbe. ^
etc.J : fruits.
Symphorine (Symphoricarpos rivularis) : fruits.
Champignons
toxiques
O n trouvera la description des champignons représentés ci-dessous en p. 300
et suivantes.

Amanite phalloïde

Amanite tue-mouche

Bolet satan

Amanite panthère Amanite printanière


Champignons
comestibles
O n trouvera la description des champignons représentés ci-après en p. 303 et
suivantes.

Amanite rubescente

Bolet tête-de-nègre Chanterelle

Clavaire chou-fleur Laccaire améthyste


C h am p ig n o n s co m estib les 297

Coulemelle

Marasme des Oréades

Lactaire délicieux

Morille Morillon
Russules Vesse-de-loup géante
O n trouvera la description des algues représentées sur cette planche en p. 308.

Laitue de m er Dulse (au centre)


Champignons
toxiques

V ous trouverez dans les pages qui suivent les champignons de nos régions dont
l'ingestion risque de provoquer des troubles graves, voire mortels. N'oubliez pas
que, par ailleurs, les champignons sont connus pour concentrer les substances
polluantes tels qu'engrais, herbicides et pesticides, métaux lourds et matières
radioactives. Prudence, prudence...

Amanites mAmanite panthère (A. pantherina) : cha­


■Amanite phalloïde (Am anita phalloides) : peau brun parsemé d'écailles blanches,
chapeau verdâtre ou brun olive, variable, pied blanc à anneau membraneux, bulbeux
pied blanchâtre, muni d'un ample anneau à la base, lamelles blanches, chair blanche
membraneux, sortant d'une grande volve ne rougissant pas. %
blanche, lamelles blanches. % - Toxique, mais rarement mortelle (troubles
-L'Amanite phalloïde provoque environ digestifs, nerveux et cérébraux).
90 % des morts dues à l'absorption de
champignons. Les symptômes ne se décla­
rent parfois qu'au bout d'un ou deuxjours
(troubles digestifs, hépatiques, nerveux, Bolets
hypoglycémie, etc.) ■ Bolet satan (Boletus satanas) : gros bolet
mAmanite printanière (A. verna) : semblable trapu à chapeau hémisphérique blanchâtre,
à la phalloïde, mais toute blanche. ^ puis brunâtre avec l'âge, pied jaune et rou­
-Souvent mortelle (mêmes symptômes que geâtre, à fin réseau, chair blanche, bleuis­
ceux de la phalloïde). sant légèrement, pores jaunes puis rouges.
mAmanite vireuse (A. virosa) : entièrement - Vomitifà l'état cru, toxique même cuit (gas-
blanche, chapeau conique, puis mame­ tro-entérites).
lonné, anneau mince, souvent affaissé, m Bolet blafard (Boletus luridus) : chapeau
grande volve. % brun-olive clair, parfois jaune ou rosé, pied
-Souvent mortelle (mêmes symptômes que renflé, jaune à réseau rougeâtre, chair jaune
ceux de la phalloïde). bleuissant fortement, puis reprenant une
m Amanite tue-mouche ou fausse oronge teinte plus claire, pores rougeâtres.
(A. muscaria) : chapeau rouge vif parsemé -Ce bolet est parfois consommé cuit,
d'écailles blanches (parfois absentes), pied généralement sans problème, mais cru (ou
blanc à anneau membraneux, bulbeux à la même mal cuit), il est toxique, provoquant
base qui est entourée de bandes d'écailles vomissements et violente gastro-entérite -
(débris de la volve), lamelles blanches. ^ voire la mort par baisse excessive de la
-Toxique, mais non mortelle (troubles tension (état de choc).
digestifs et nerveux).
C h am p ig n o n s to x iq u e s 301

Clitocybes Galère marginée


■Clitocybe blanchi (Clitocybe dealbata) : cha­ Galerina marginata
peau blanchâtre un peu creusé, pied court, Petit champignon à chapeau jaunâtre, lisse,
fibreux, blanc, lamelles blanches se pro­ luisant, pied mince, un peu épaissi et brun
longeant sur le pied. foncé en bas, muni d'un petit anneau mem­
- Tous les clitocybes blancs sont toxiques (ex­ braneux, lamelles brun roux, odeur et sa­
citation des sécrétions, ralentissement du veur de farine. %
rythme cardiaque, troubles intestinaux). - Très toxique, la Galère contient plusieurs
■Clitocybe de l'olivier (Omphalotus olea- des toxines de l'amanite phalloïde (troubles
rius) : en touffe sur les souches, orange dans digestifs, hépatiques, nerveux, hypogly­
toutes ses parties, chapeau à bord enroulé cémie, etc.).
au début, pied très long, lamelles phos­
phorescentes à l'obscurité.
- Troubles digestifs.
Gyromitre
Gyromitra esculenta
Chapeau brun, gonflé, irrégulièrement
Cortinaires contourné et bosselé, pied trapu, blan­
« Cortinaire des montagnes (Cortinarius orel- châtre.
lanus) : chapeau mamelonné d'un brun roux, -La gyromitre est souvent consommée sans
soyeux, pied roux clair, lamelles roux vif, problème, mais il arrive qu'elle entraîne
chair à odeur de rave. % l'apparition de graves symptômes (troubles
-Souvent mortel (destruction des cellules digestifs, hépatiques, nerveux, etc.), occa­
rénales); les symptômes peuvent mettre sionnellement mortels, du moins lorsque le
plusieursjours avant d'apparaître, champignon estfrais et mal cuit (ou cuit en
m Cortinaire resplendissant (C. splendens) : vase clos). Elle ne semble pas toxique une
entièrement d'un jaune vif, -y compris la fois séchée.
chair -cortine jaune, pied renflé en bulbe,
lamelles jaunes puis brunes. ^
-Souvent mortel (comme le cortinaire des
montagnes). Hébélome échaudé
Tous les cortinairesjaunes ou roux sont à Hebeloma crustuliniforme
considérer comme mortels. Chapeau et pied pâles, lamelles brunes, por­
tant souvent des gouttelettes laiteuses ou
aqueuses, odeur de rave, saveur amère.
- Troubles digestifs.

Entolome livide
Rhodophyllus lividus
Gros champignon à chapeau gris, pied Hypholome en touffe
blanc, lamelles jaune très pâle, puis rosées, Hypholoma fasciculare
chair blanche à odeur de farine, ne se pro­ En touffes sur souches, chapeau jaune clair
longeant pas sur le pied. orangé au centre, cortine jaunâtre, lamelles
-Très toxique (troubles digestifs). jaunes puis grises.
D'autres entolomes, plus petits, sont -Toxique, mais immangeable (saveur
toxiques, quoiqu'à un moindre degré. amère).
302 C h am p ig n o n s toxiques

Inocybe de Patouillard PaxiUe enroulé


Inocybe patouillardi Paxillus invotutus
Chapeau conique puis étalé, un peu ma­ Brun sale dans toutes ses parties, bord du
melonné, brun clair, se crevassant sur les chapeau enroulé quand il est jeune, la­
bords, radialement, pied blanc, lamelles melles se prolongeant sur le pied, facile­
pâles puis brunâtres, odeur agréable ; tend ment séparables en bloc de la chair. %
à rougir avec l'âge ou après cueillette. - Généralement consommé sans inconvé­
-La plupart des Inocybes sont toxiques (ex­ nient, mais se montre occasionnellement
citation des sécrétions, ralentissement du mortel surtout à l'état cru ou mal cuit (ou
rythme cardiaque, troubles intestinaux). cuit en vase clos).

Lépiotes Strophaire vert-de-gris


■Lépiote brune et rose (Lepiota brunneoin- Stropharia œruginosa
carnata) : chapeau brun rosé, écailleux, pied Chapeau vert-bleuâtre, visqueux, pied blanc
court, rosissant, moucheté de brun, sans verdâtre, pelucheux, lamelles grisâtres puis
anneau, lamelles blanc crème, légère odeur noirâtres.
de pomme verte. % -Suspect.
- Très toxique, la lépiote brune et rose pro­
voque les mêmes symptômes que l'amanite
phalloïde (troubles digestifs, hépatiques,
nerveux, hypoglycémie, etc.) et est souvent Tricholome tigré
mortelle. Tricholoma pardinutn
mLépiote à crêtes (L. cristata) : chapeau brun Gros Champignon gris, moucheté d'écailles
roux pâle, écailleux, à pied blanc, rosissant, foncées, pied renflé, blanchâtre, à petites
muni d'un petit anneau membraneux s'af­ mèches, lamelles blanchâtres, chair ferme.
faissant vite, odeur à la fois fruitée et désa­ - Toxique (troubles digestifs).
gréable.

Mycène pure
Mycena pura
Petit champignon variant du violacé au rose
et au jaunâtre, strié sur les bords, pied grêle,
odeur de radis.
Champignons
fer"
comestibles
11!
V oici quelques-uns des Champignons les plus savoureux, les plus faciles à iden­
tifier et les plus communs de nos régions. Il en existe beaucoup d'autres ! Utili­
sez un manuel d'identification détaillé afin d'être toujours absolument certain de
l'espèce précise que vous souhaitez consommer.
Souvenez-vous qu'il y a chaque année des accidents graves voire mortels avec
les champignons.

Agarics Principales espèces


Ce sont les « rosés », fréquents dans les prés Rosé des prés (Agaricus campester) ; boule
ou les forêts, suivant les espèces. Certains de neige (A. arvensis) ; agaric des bois
atteignent parfois une taille impression­ (A. silvático) - à chair rougissant à la cou­
nante. Ils peuvent aussi sécher sur pied pure -; etc. Excellents.
(dans le Midi) et se conserver ainsi quelque Attention
temps. L'Agaric jaunissant (A. xanthodermus) est in­
Caractéristiques : chapeau blanc ou recou­ digeste. Il se colore en jaune au frottement
vert d'écailles brunes, pied muni d'un an­ et possède une odeur et un goût désa­
neau, lamelles rosées, puis brun pourpre gréables. Attention surtout aux confusions
avec l'âge - parfois blanches lorsqu'elles possibles avec les amanites mortelles, dont
sont très jeunes. les lamelles sont blanches et qui sortent
d'une volve (mais elle peut ne pas être
visible).

Amanites
Ce genre compte parmi les plus savou­
reux... et les plus dangereux (voir p. 300) !
Principales espèces
Amanite des Césars (Amonita caesarea) ou
oronge : chapeau orange vif sans écaille,
pied et lamelles jaune d'or, ample anneau
membraneux, ample volve blanche persis­
tante. Excellent.
Attention
Ne pas confondre avec l'am anite tue-
mouche, toxique (voir p. 300).
■Amanite rubescente ou golmotte (A. ru-
bescens) : chapeau brun parsemé d'écailles,
Cueillette d'une coulemelle lamelles blanches, pied renflé en bulbe à
304 C h am p ignons com estibles

la base, anneau membraneux, chair deve­ Attention : le bolet à beau pied (Boletus ca-
nant rougeâtre à l'air -très visible là où le lopus) est amer. Son pied, renflé, est jaune,
pied ou le chapeau ont été rongés. Excel­ recouvert d'un réseau de veines rouges.
lent, mais toxique cru. ■ Pores rouges : bolet à pied rouge
Attention (B. erythropus). Pied rouge, sans réseau, chair
Ne pas confondre avec l'Amanite panthère, jaune. Attention : ne pas confondre avec le
toxique (voir p. 300). Bolet satan ou le Bolet blafard, toxiques
■Amanite vaginée (Amanita vaginata) : cha­ (voir p. 300).
peau brun sans écaille, à marge striée, la­ ■ Bolets non bleuissants : bolet rude
melles blanches, long pied sans anneau (B. scaber) : chapeau brun, pied moucheté,
sortant d'une ample volve persistante. fibreux, pores blanchâtres ; bolet orangé
Attention (B. aurantiacus) : chapeau roux, pied blanc, fi­
Ne pas confondre avec ¡'Amanite phalloïde, breux, pores blanchâtres ; bolet jaune
mortelle, dont le pied possède un anneau, (Suillus luteus) : chapeau visqueux, pied muni
qui peut être plus ou moins détruit. S'il y a d'un anneau, pores jaunes.
le moindre doute, abstenez-vous !

Chanterelle ou girolle
Bolets Cantharellus cibarius
Ils sont caractérisés par les tubes qui ta­ Caractéristiques
pissent la face inférieure du chapeau. Cer­ Entièrement jaune plus ou moins orangé,
tains bolets comptent parmi les meilleurs lamelles réduites, a des plis longuement
comestibles. On peut souvent les manger prolongés sur le pied court. Excellent.
crus. Mais d'autres sont toxiques, parfois Espèce voisine : chanterelle en tube (C. tu-
violemment. On se méfiera des bolets à biformis) : brun grisâtre à pied jaune, creux,
pores rouges. chair élastique.
Principales espèces
Cèpes : cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) ;
cèpe d'été (B. reticulatus) ; tête de nègre (B.
aereus). Excellents crus ou cuits.
Caractéristiques
Pied clair ou brunâtre, renflé ; pores blancs,
puis jaunes.
Attention
Le bolet amer (B. felleus) a des pores blancs,
puis roses. Sa saveur permet de le recon­
naître aisément.
■Bolets bleuissants : la chair et les pores
deviennent bleus à la cassure ou au frois­
sement. L'intensité et la rapidité de la co­
loration varient suivant les espèces. Ce n'est
pas en soi un signe de toxicité.
■Pores blancs : bolet bleuissant (Gyropo- Clavaire chou-fleur
rus cyanescens) ; bolet bai (Xerocomus badius). Ram aria botrytis
Excellents. Caractéristiques
■Pores jaunes : bolet à chair jaune (Xero­ Grosse touffe blanche à pied épais, rami­
comus chrysenteron). Chair rouge sous le re­ fiée en nombreux rameaux très divisés, ir­
vêtement du chapeau. réguliers, fins et rosés au sommât.
C h am p ig n o n s co m estib les 305

Attention Lactaires
La davaire jolie (R. formosa) est purgative. Caractéristiques
Elle est blanche ou rosée, avec la pointe des Chapeau en entonnoir, pied court, chair
rameaux jaune citron ; sa saveur est un peu cassante, laissant écouler à la coupure un
amère. lait blanc, jaune, orangé ou rouge.
D'une façon générale, les lactaires dont le
lait est doux sont comestibles, ceux dont il
est âcre doivent être rejetés, ils sont vomi­
Clitocybe nébuleux tifs à l'état cru. Attention : le lait peut ne de­
Clitocybe nebularis venir âcre qu'au bout de quelque temps ;
Caractéristiques n'en goûtez que très peu.
Gros champignon grisâtre à chapeau souvent Principales espèces
bosselé au centre, lamelles crème sale puis Lactaire délicieux (Lactarius deliciosus) :
jaunâtres, chair odorante se prolongeant un orangé, taché de verdâtre, lait couleur de
peu sur le pied ; pousse en groupes. jus de carotte.
Attention Lactaire sanguin (L. sanguifiuus) : lait rouge
Ne pas confondre avec l'entolome livide brique ; excellent sur le gril.
(voir p. 301 ). Les clitocybes blancs ou oran­
gés sont toxiques (voir p. 301).

Lépiotes
C'est avant tout le champignon parasol, la
Coprins coulemelle. Mais certaines petites lépiotes
Caractéristiques sont mortelles !
Chapeau et pied facilement séparables, Coulemelle (Lepiota procera) : chapeau très
chair très fragile ; les lamelles deviennent large, aplati, à écailles non séparables, pied
noires et se liquéfient. très grand et mince, moucheté, muni d'un
Principale espèce anneau coulissant. Excellent.
Coprin chevelu (Coprinus comatus) - blanc Espèce voisine
crème, chapeau ovoïde, long et étroit, puis Lépiote déguenillée (L. rhacodes) : écailles
en cloche, parsemé de grosses mèches, pied plus grandes et moins nombreuses, pied
à anneau mobile, lamelles blanches, puis non moucheté ; anneau coulissant.
roses, enfin noires. Excellent cru, à condi­ Excellent.
tion de ramasser les jeunes spécimens et Attention
de les consommer rapidement. Certaines lépiotes sont indigestes, d'autres,
de petite taille, sont mortelles (voir p. 302).
On ne ramassera que les grandes espèces
à anneau coulissant.

Laccaire améthyste
Laccaria amethystina
Caractéristiques Marasme des oréades
Petit champignon violet dans toutes ses par­ ou mousseron d'autom ne
ties. Marasmius oreades
Espèce voisine Caractéristiques
Laccaire laqué (Laccaria laccata) - : chapeau Souvent en « ronds de sorcière » dans
et pied roux, lamelles roses. l'herbe, chapeau chamois clair, bossu au
Attention centre, pied élastique, coriace, chair odo­
Ne pas confondre avec les Mycènes rante. Excellent (éliminer le pied) ; sèche
toxiques (voir p. 302). très facilement.
306 C h am pignons com estibles

Morilles Russules
Ces champignons très réputés, en forme Caractéristiques
d'éponge creuse, doivent être consommés Chapeau déprimé au centre, pied court,
cuits ou séchés, car ils sont toxiques crus. chair cassante, friable ; ressemblent aux
Principales espèces lactaires, mais n'ont pas de lait.
Morille vulgaire (Morchella vulgaris) ; morille D'une façon générale, les russules dont la
conique (M. conica). Excellents ; très aroma­ chair est douce sont comestibles, celles dont
tiques une fois séchés. elle est âcre doivent être rejetées : elles sont
Attention vomitives à l'état cru (l'une d'elles se
Ne pas confondre avec la gyromitre, par­ nomme d'ailleurs « russule émétique »).
fois toxique (voir p. 301). Attention : la chair peut être d'abord douce
et mettre quelque temps avant de devenir
âcre ; n'en mâchez que très peu pour goû­
ter et n'avalez pas !
Pied-de-mouton Principales espèces
Hydnum repandum Russule charbonnière (Russula cyanoxantha) :
Caractéristiques chapeau noirâtre-violet ; russule comes­
Chapeau chamois ou orangé, recouvert en tible (R. vesca) : chapeau brun rougeâtre, va­
dessous d'aiguillons de couleur claire, sa­ riable ; russule verdoyante ou palomet (R.
veur acidulée. virescens) : chapeau verdâtre ; etc.

Pleurotes Sparassis crépu


Caractéristiques Sparassis crispa ,
Champignons à pied très excentré pous­ Caractéristiques
sant généralement sur les souches et les Énorme touffe brun clair formée d'in­
troncs d'arbre, longues lamelles se pro­ nombrables rameaux aplatis, lobés, chair
longeant sur le pied. blanche à odeur de cannelle et saveur de
Principales espèces noisette.
Pleurote en forme d'huître (Pleurotus os-
treatus) ;pleurote corne d'abondance
(P. cornucopiae) ; etc.

Tricholomes
Plusieurs tricholomes sont d'excellents
Polypores comestibles, mais d'autres sont imman­
Caractéristiques geables, voire toxiques.
En touffes sur les troncs et les souches, cha­ Caractéristiques
peaux munis de tubes en dessous, chair de­ Souvent gras et charnus, lamelles échan­
venant généralement coriace avec l'âge, gées près du pied.
comestibles jeunes. Principales espèces
Principales espèces ■Tricholome nu (Rhodopaxillus nudus) : cha­
Poule de bois (Polyporus umbellatus, P. frondo- peau, pied et lamelles violets, chair parfu­
sus) : chapeaux grisâtres, pores blancs ; mée.
polypore soufré (P. sulfureus) : chapeaux ■Tricholome de la Saint-Georges ou mous­
orange, pores jaune citron, saveur acide; seron du printemps (Lyophyllum georgii) : blan­
fistuline hépatique (Fistulina hepático) : cha­ châtre partout, chair à odeur de farine.
peau et chair rouges, pores rosés, saveur Attention : ne pas confondre avec l'inocybe
acidulée, peut se manger cru. de Patouillard (voir p. 302).
C h am p ig n o n s co m estib les 307

■Tricholome équestre (Tricholoma equestre) : Vesse-de-loup


chapeau brun olive, pied jaunâtre, lamelles Caractéristiques
jaune citron, chair blanche. Excellent. Boules blanches sans chapeau ni pied, chair
Attention : ne pas confondre avec le corti- blanche devenant jaune-verdâtre, puis se
naire resplendissant (voir p. 000). transformant en spores brunes im pal­
■Tricholome terreux ou petit gris (T. ter- pables.
reum) : petite taille, chapeau conique puis Principales espèces
étalé, gris, écailleux, chair cassante. Lycoperdon perlé (Lycoperdon perlatum) : cou­
Attention : ne pas confondre avec le tri­ vert de petites verrues fragiles ; vesse-de-
cholome vergeté (T. virgatum), à saveur âcre, loup géante (C alvatia gigantea) : peut
ni avec le tricholome tigré, toxique (voir atteindre une taille énorme.
p. 302). Les différentes espèces, souvent négligées,
sont excellentes, crues ou cuites, lorsque
leur chair est encore blanche. Elles de­
viennent ensuite immangeables.
Trompette de la mort
Craterellus cornucopioides
Caractéristiques
En forme de trompette évasée, gris noi­
râtre, pied plus clair, chair mince, un peu
élastique. Sèche facilement, excellent condi­
ment.
Algues

oici quelques-unes des Algues les plus communes sur nos côtes, avec leurs uti­
lisations. Munissez-vous d'un bon guide pour les identifier.

Algues vertes Utilisations


■ E n té ro m o rp h e (Enteromorpha intestinalis) Fraîche en sandwich ou hachée dans les sa­
Description lades ; séchée et pulvérisée.
Vert pâle, translucide, en filaments très al­
longés, tubuleux, creux. Algues brunes
■ Fucus (Fucus vesiculosus)
Description
Brun jaunâtre, branches étroites et allon­
gées, à nervure centrale marquée, lobées
au sommet, munies de flotteurs.

Habitat
Rochers découverts par la marée.
Utilisations
Hachée dans les salades ; séchée et pulvé­ Habitat
risée. Rochers découverts par la marée.
Utilisations
■ L a itu e d e m e r (Ulva lactuca) Légume cuit ; séché et pulvérisé comme
Description condiment (très employé aux États-Unis :
Vert vif ou sombre, translucide, semblable kelp).
à une feuille aussi large que longue, très
mince, ondulée. ■ A la ria (Alaria esculenta)
Description
Brun olive, en forme de
feuille étroite et allongée, à
nervure médiane aplatie,
stipe portant des protubé­
rances en massue.
Habitat
Rochers toujours recouverts.
Utilisations
Habitat Finement coupée fraîche en
Rochers découverts par la marée, flaques sandwich ou dans les salades,
dans les rochers. cuite en légume et en soupe.
___ 309

■Laminaire ou « Kombu » Habitat


(Laminaria digitata)
Description
Brun olive
Rochers recouverts ; pousse souvent sur
d'autres Algues.
Utilisations
I
épaisse, coriace, Délicieuse crue, séchée, dans les salades
divisée en longs en sandwiches, ou comme légume cuit.
segments paral­
lèles, stipe al­ ■Mousse d'Irlande ou « Carragheen »
longé, cylindrique, (Chondrus crispus)
flexible. Description
Habitat Rouge pourpré ou brunâtre, cartilagineuse,
Rochers toujours couverts, très divisée en lobes allongés et étroits,
jusqu'à 5-7 m de profon­ aplatie.
deur.
Utilisations
Finement hachée fraîche
dans les salades ; légumes cuits, soupes.

■Laminaire (Laminaria saccharina)


Description
Brun, coriace, en forme de feuille
étroite et allongée, très fortement Habitat
ondulée sur les bords, stipe cylin­ Rochers recouverts en eau peu profonde.
drique, relativement court. Utilisations
Habitat Soupes, mais surtout la meilleure Algue
Rochers toujours couverts, jusqu'à pour faire des gelées.
20 m.
Utilisations ■Porphyra ou « Nori » (Porphyra umbilicalis)
Comme la précédente. Elle servait Description
traditionnellement à confectionner Rouge brunâtre, semblable à une large
un « pain d'algues » en Bretagne feuille, très fortement ondulée, très mince,
et en Normandie. gélatineuse.

Algues rouges
■Dulse (Rhodymenia palmata)
Description
Rouge foncé, en forme de feuille élargie,
profondément et irrégulièrement divisée,
mince, avec quelques protubérances sur
les bords.

Habitat
Rochers en eau peu profonde.
Utilisations
Séché dans les salades, ou cuit en légume ;
encore employé dans les îles Britanniques,
en « pains » et en sauces, ainsi qu'aujapon.
Annexes

Bibliographie
Identification des plantes • Dégustez les plantes sauvages, en coll. avec Marc
• Bayer, E„ et al., Guide de la Flore m éditerra­ Veyrat, Sang de la Terre, Paris, 2000
néenne, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1990 • L 'H e rb ie r des montagnes, Favre, Lausanne,
• Danton, Pgilippie, et Michel Baffray, Inventaire 2000
des plantes protégées, Nathan/AFCEV,Paris/
Mulhouse, 1995 Champignons
• Fitter, Richard, et al., Guide desfleurs sauvages, • Courtecuisse, Régis, et Bernard Duhem, Guide
Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1984 des C h a m p ig n on s de F ra n ce et d 'E u rop e ,
• Gavazzi, E„ Liste des espèces végétales proté­ Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1994
gées, Service du Patrimoine Naturel, Paris, 1995 • Pacioni, G., Les Champignons, Nathan, Paris,
• Grey-Wilson, Chistopher, et Marjorie Blamey, 1981, 1989
Guide complet desfleurs de montagne, Delachaux • Romagnesi, Henri, Petit Guide des champignons,
et Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1984 Bordas, Paris, 1981
• Loyer, Bernard, 100 Arbres et arbustesfaciles à
voir, Nathan, Paris, 1992 Algues
• Vust, Mathias, et Pierre Galland, Les plantes • Cabioc'h, Jacqueline, et al., Guide des algues
proté gé es de Suisse, Delachaux et Niestlé, des m ers d 'E u ro p e , Delachaux et Niestlé,
Lausanne, Paris, 2001 Lausanne, Paris, 1992

Plantes sauvages comestibles Nature


ou toxiques • Aas, Georges, et al., Que trouve-t-on en fo rê t ?
• Couplan, François, Encyclopédie des plantes co­ Nathan, Paris, 1999
mestibles de l'Europe, tome I : Le Régal végétal, • Que trouve-ton en montagne ? Nathan, Paris,
Debard, Paris, 1984; rééd. Équilibres aujour­ 1999
d'hui, Fiers, 1989 • Bourdial, Isabelle, et Sylviane Gangloff,
• Encyclopédie des plantes comestibles de l'Europe, 150 Activités -Jeux nature, Retz -Nathan, Paris,
tome II : La Cuisine sauvage, Debard, Paris, 1984; 1994
rééd. Équilibres aujourd'hui, Fiers 1989 • Cornell, Joseph, Vivre la nature avec les enfants,
• Encyclopédie des plantes comestibles de l'Europe, Jouvence, Genève, 1995
tome III : Les Belles Vénéneuses, Équilibres au­ • Fechter et al., Flore et faune des bords de mer,
jourd'hui, Fiers, 1990 Solar, Paris, 1986
• Guide des pla n tes sauvages com estib les et • Martin, Philippe, Les Écologistes de l'Euzière,
toxiques, en coll. avec Éva Slyner, Delachaux et La Nature méditerranéenne en France, Delachaux
Niestlé, Lausanne, Paris, 1994 et Niestlé, Lausanne, Paris, 1997
• H erbier gourmand, en coll. avec Marc Veyrat, • Terrasson, François, La peur de la Nature, Sang
Hachette, Paris, 1997 delaTerre, Paris, 1988
• Le Guide nutritionnel des plantes sauvages et du • La civilisation anti-nature, Éditions du Rocher,
ja rdin, Delachaux et Niestlé, Lausanne, Paris, Monaco, 1994
1998
311

>Vaquette, Philippe, Le Guide de l'éducateur na- en milieu hostile, Albin Michel, Paris, 1988
ture, Le Souffle d'Or, Barret-le-Bas, 1987 • Rivière, Bill, Comment vivre dans la nature, Les
Éditions del'Homme, Montréal, 1982
Survie • Weiss, Christian, Le Guide du robinson. Nathan,
• Le Brun, Dominique, M anuel de survie, Solar, Paris, 1993
Paris, 1987
• Maniguet, Xavier, Survivre, com m ent vaincre

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compte, dans la mesure du possible, lors des prochaines éditions.
312 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Index
Noms français des plantes
Les chiffres en gras renvoient aux espèces décrites.
Les chiffres en rom ain renvoient aux espèces voisines et aux listes complémentaires,

Belladone 261 Chardons 185


A Benoîte 214 Chélidoine 257
Acacia 209 Berce 177 Chêne 190
Aconit 286 Bette maritime 242 Chénopode blanc 147
Actée 285 Bistorte 229 —Bon-Henri 227
Adonis 248 Bois-puant 294 Chèvrefeuille des haies 267
Agaric des bois 303 Bolet à beau pied 304 Chicorée 161
—jaunissant 303 —à chair jaune 304 Chondrille 222
Agarics 303 —à pied rouge 304 Ciguë 250
Ail sauvage 187 —amer 304 —vireuse 281
Alaria 308 —bai 304 petite — 249
Alchémille 183 —blafard 300 Cirse potager 191
Algues 308 —bleuissant 304 Clavaire chou-fleur 304
Alliaire 211 —jaune 304 —jolie 305
Amanite des Césars 303 — orangé 304 Clématite 278
—panthère 300 —rude 304 Glitocybe blanchi 301
—phalloïde 300 —satan 300 —de l'olivier 301
—printanière 300 —nébuleux 305
—rubescente 303 Bouleau 242 Colchique 258
—vireuse 300 Boule de neige 303 Conifères 193
—tue-mouche 300 Bourdaine 270 Consoude 189
—vaginée 304 Bourrache 242 Coprin chevelu 305
Amaranthe 149 Bourse-à-pasteur 166 Coprins 305
Amélanchier 224 Brocoli sauvage 163 Coquelicot 169
Ancolie 289 Bryone 254 Cormier 200
Anémone 294 Busserole 238 Cornouiller mâle 202
Angélique 218 — sanguin 271
Arbousier 223
Argousier 232
c
Cakilier 242
Coronille 294
Corroyère 294
Armoise 242 Calament 242 Cortinaire des montagnes 301
Arnica 292 Calla 294 —resplendissant 301
Arisarum 294 Camomille 242 Coiydale 294
Arum 268 Canneberge 220 Coulemelle 305
Carotte sauvage 155 Cresson 215
Asperge sauvage 226 Carragheen 309 Criste-marine 239
Asphodèle 242 Carvi 236 Cyclamen 294
Aubépine 195 Cèpe de Bordeaux 304 Cytise 262
—d'été 304
B Cerfeuil musqué 242 D
Barbarée 242 Chanterelle 304 Daphné 287
Bardane 156 — en tube 304 Datura 246
Annexes 313

Dauphinelles 294 Houblon 198 Marasme des oréades 305


Digitale 266 Houx 275 Marguerite 179
Dompte-venin 294 Hypholome en touffe 301 Marianthème 294
Douce-amère 272 Massette 242
Dulse 309 I Mauve 150
If 265 Mélilot 242
E Impératoire 228 Mélisse 242
Églantier 194 Inocybe de Patouillard 302 Menthe aquatique 219
Égopode 199 Iris 294 — à feuilles rondes 219
Entéromorphe 308 —des champs 219
Entolome livide 301 J —pouliot 219
Épiaire 242 Jonquille 260 —sylvestre 2 19
Épilobe 234 Jusquiame 247 Merisier 242
Épine-vinette 205 Millefeuille 186
Érable 242 K Momordique 294
Euphorbe 253 Kombu 309 Morille conique 306
—vulgaire 306
F L Morilles 306
Fenouil 221 Laccaire améthyste 305 Mousse d'Irlande 309
Ficaire 242 —laqué 305 Mousseron d'automne 305
Figuier de Barbarie 242 Lactaire délicieux 305 Moutarde noire 164
Fistuline hépatique 306 —sanguin 305 Muflier 256
Fougère aigle 213 Lactaires 305 Muguet 264
Fragon 210 Laiteron 151 Mûrier 242
Fraisier 204 —âpre 151 Mycène pure 302
Framboisier 242 —des champs 151 Myrtille 233
Fritillaire 293 Laitue de mer 308
Fucus 308 —sauvage 159 N
Fusain 263 —vivace 159 Narcisse 260
Lamier 154 Navet sauvage 165
G — amplexicaule 154 Néflier 208
Galère marginée 301 —jaune 150 Népéta 242
—d'Espagne 283 —pourpre 154 Nerprun purgatif 294
Genévrier 206 —tacheté 154 Nivéole 294
Génottes 207 Laminaire 309 Noisetier 242
Giroflée 294 Lampourde 294 Nori 309
Lampsane 162
Girolle 304
Globulaire 294
Gratiole 294
Laurier-cerise 294
—rose 282
o
Œnanthe 279
Gratteron 175 Lépiote à crêtes 302 — aquatique 279
Groseillier 242 —brune et rose 302 Onagre 242
Gui 294 —déguenillée 305 Origan 173
Gyromitre 301 Lierre 276 Ornithogale 294
—terrestre 242 Ortie 148
H Lupin 294 Oseille commune 230
Halimione 242 Luzerne 242 — des montagnes 230
Hébélome échaudé 301 Lycoperdon perlé 307 — en écusson 230
Héliotrope 251 petite —230
Hellébore 277 M Oxalis 212
Hêtre 188 Mâche 242 Oxyria 242
314 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Romarin 242 —terreux 307


P Ronce 242 —tigré 302
Palomet 306 Rosé des prés 303 —vergeté 307
Panais 157 Rumex alpin 231 Tricholomes 306
Pancrace 294 —crépu 152 Troène 273
Pâquerette 181 Russule charbonnière 306 Trolle 294
Pariétaire 170 —comestible 306 Trompette de la mort 307
Parisette 269 —verdoyante 306 Tussilage 158
Paxille enroulé 302 Russules 306
Pédiculaire 291 V
Perce-neige 294 S Valériane 216
Petite Ciguë 249 Salicorne 240 Vélar 294
Pied-de-mouton 306 Salsifis 178 Vératre 290
Pimprenelle 182 Sarriette 242 Véronique Vélar 217
Pin pignon 225 Sceau de Salomon 294 Vesce 184
Pissenlit 176 Scille 294 Vesse-de-loup 307
Plantain lancéolé 153 Sédum 172 —géante 307
—grand 153 Séneçon jacobée 259 Violette 201
—moyen 153 Serpolet 174 Viorne obier 274
Pleurote en forme d'huître 306 Silène enflé 171
— corne d'abondance 306 Sisymbe 242
Pleurotes 306 Soude 242
Poirier 242 Sparassis crépu 306
Polypore soufré 306 Strophaire vert-de-gris 302
Polypores 306 Sureau hièble 255
Pommier 242 —noir 167
Populage 280 —rameux 235
Porphyra 309 Stellaire 146
Poule de bois 306 Symphorine 294
Pourpier 160
Pourpier-de-mer 241 T
Primevère 242 Tabac 294
Prunellier 196 Tamier 197
Pulmonaire 203 Tête de nègre 304
Pulsatille 294 Thym 242
Tilleul 192
R Trèfle 180
Raiponce en épi 237 —blanc 180
Ravenelle 242 —des prés 180
Renoncule 252 —rampant 180
—bulbeuse 168 —rouge 180
Renouée dujapon 242 Tricholome de la Saint-
Rhododendron 288 Georges 306
Ricin 284 —équestre 307
Robinier 209 —nu 306
Noms latins des plantes
Les chiffres en gras renvoient aux espèces décrites.
Les chiffres en rom ain renvoient aux espèces voisines et aux listes complémentaires,
Atropa belladona 261

Abies alba 193 B


Acer pseudoplatanus 242 Barbarea verna 242
Achillea millefolium 186 Beilis perennis 181
Aconitum napellus 286 Berberis vulgaris 205
Actaea spicata 285 Beta maritima 242
—vernalis 248 Betula pendula 242
/Egopodium podagraria 199 Boletus aereus 304
/Ethusa cynapium 249 —aurantiacus 304
Agaricus arvensis 303 — calopus 304
—campester 303 — edulis 304
—silvaticus 303 —erythropus 304
—xanthodermus 303 — felleus 304
Alaria esculenta 308 —luridus 300
Alchemilla alpina 183 —reticulatus 304
—hoppeana 183 —satanas 300
-vulgaris 183 —scaber 304
Alliaria petiolata 211 Borago officinalis 242
Allium scorodoprasum 187 Brassica campestris 165
Amanita caearea 303 —nigra 164
—muscaria 300 Bryonia dioica 254
—pantherina 300 Bunium bulbocastanum 207
—phalloides 300
—rubescens 303
—vaginata 304
c
Cakile maritima 242
—verna 300 Calamintha nepeta 242
—virosa 300 Caltha palustris 280, 294
Amaranthus retroflexus 149 Calvatia gigantea 307
Amelanchier ovalis 224 Cantharellus cibarius 304
Anagyris fcztida 294 —tubiformis 304
Anemone nemorosa 294 Capsella bursa-pastoris 166
Angelica sylvestris 218 Cardaria draba 163
Antirrhinum majus 256 Carum carvi 236
Aquilegia vulgaris 289 Cedrus spp. 193
Arbutus unedo 223 Chamomilla suaveolens 242
Arctium lappa 156 Cheiranthus cheiri 294
Arctostaphylos uva-ursi 238 Chelidonium majus 257
Arisarum vulgare 294 Chenopodium album 147
Arnica montana 292 —bonus-henricus 227
Artemisia vulgaris 242 Chondrilla juncea 222
Arum maculatum 268 Chondrus crispus 309
Asparagus acutifolius 226 Cichorium intybus 161
—officinalis 226 Cicuta virosa 281
Asphodelus albus 242 —oleraceum 191
Atriplex halimus 241 Clematis vitalba 278
316 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Clitocybe dealbata 301 Galerina marginata 301


—nebularis 305 Galium aparine 175
Colchicum autumnale 258 Gentiana lutea 290
Conium maculatum 250 Geum urbanum 214
Conopodium denudatum 207 Glechoma hederacea 242
Convallaria majalis 264 Globularia alypum 294
Coprinus comatus 305 Gratiola officinalis 294
Coriaria myrtifolia 294 Gyromitra esculenta 301
Cornus mas 202 Gyroporus cyanescens 304
—sanguinea 271
Coronilla varia 294 H
Cortinarius orellanus 301 Halimione portulacoides 242
—splendens 301 Hebeloma crustuliniforme 301
Coiydalis lutea 294 Hedera helix 276
Corylus avellana 242 Heliotropium europasum 251
Cratcegus levigata 195 Helleborus foetidus 277
Craterellus cornucopioides 307 Heracleum sphondylium 177
Crithmum maritimum 239 Hippophae rhamnoides 232
Cyclamen europaeum 294 Humulus lupulus 198
Cytisus scoparius 283 Hydnum repandum 306
Hyoscyamus niger 247
D Hypholoma fasciculare 301
Daphne mezereum 287
Datura stramonium 246 I
Daucus carota 155 Ilex aquifolium 275
Delphinium consolida 294 Inocybe patouillardi 302
Digitalis purpurea 266 Iris pseudacorus 294

E J
Ecballium elaterium 294 Juniperus communis 206
Enteromorpha intestinalis 308 —oxycedrus 206
Epilobium angustifolium 234
Eiysimum cheiranthoides 294 L
Euonymus europseus 263 Laburnum anagyroides 262
Euphorbia cyparissias 253 Laccaria amethystina 305
—helioscopia 253 —laccata 305
— silvatica 253 Lactarius deliciosus 305
—sanguifluus 305
F Lactuca perennis 159
Fagus silvatica 188 —serriola 159
Fistulina hepatica 306 Laminaria digitata 309
Fceniculum vulgare 221 —saccharina 309
Fragaria collina 204 Lamium sp. 154
—elatior 204 Lamium album 154
—sp. 204 — amplexicaule 154
Fritillaria meleagris 293 —galeobdolon 154
Fucus vesiculosus 308 —maculatum 154
—purpureum 154
G Lapsana communis 162
Galanthus nivalis 294 Laurus nobilis 282
Annexes 317

Lepiota bruneoincarnata 302


—cristata 302 P
—procera 305 Pancratium maritimum 294
—rhacodes 305 Papaver rhoeas 169
Leucanthemum vulgare 179 Parietaria officinalis 170
Leucojum vernum 294 Paris quadrifolia 269
Ligustrum vulgare 273 Pastinaca sativa 157
Lonicera xylosteum 267 Paxillus involutus 302
Lupinus angustifolius 294 Pedicularis verticillata 291
Lycoperdon perlatum 307 Peucedanum ostruthium 228
Lyophyllum georgii 306 Phyteuma spicatum 237
Picea abies 193
M Pinus pinea 225
Maianthemum bifolium 294 —spp. 193
Malva sylvestris 150 Plantago lanceolata 153
Marasmius oreades 305 — major 153
Medicago sativa 242 —media 15 3
Melilotus officinalis 242 Pleurotus cornucopias 306
Melissa officinalis 242 — ostreatus 306
Mentha aquatica 219 Polygonatum odoratum 294
—arvensis 219 Polygonum bistorta 229
—longifolia 219 Polyporus frondosus 306
—pulegium 2 19 —sulfureus 306
—rotundifolia 219 —umbellatus 306
Mespilus germanica 208 Porphyra umbilicalis 309
—vulgaris 306 Portulaca oleracea 160
Morus alba 242 Potentilla fragariastrum 204
—nigra 242 Primula vulgaris 242
Mycena pura 302 Prunus avium 194
Myrrhis odorata 242 —laurocerasus 294
— spinosa 196
N Pseudotsuga menziesii 193
Narcissus pseudo-narcissus 260 Pteridium aquilinum 213
Nasturtium officinale 215 Pulmonaria officinalis 203
Nepeta nepetella 242 Pulsatilla alpina 294
Nerium oleander 282 Pyrus communis 242
Nicotiana glauca 294

o Q
Quercus sp. 190
(Enanthe aquatica 279
—crocata 279 R
CEnothera biennis 242 Ramaria botrytis 304
Omphalotus olearius 301 —formosa 305
Opuntia ficus-indica 242 Ranunculus bulbosus 168
Origanum vulgare 173 —ficaria 242
Ornithogalum umbellatum 294 — sceleratus 252
Oxalis acetosella 212 Raphanus raphanistrum 242
Oxyria digyna 242 Reynoutria japónica 242
Rhamnus cathartica 294
—frangula 270
318 V i v r e en p l e i n e n a t u r e

Rhododendron ferrugineum 288 Symphytum officinale 189


—hirsutum 288
Rhodopaxillus nudus 306 T
Rhodophyllus lividus 301 Tamus communis 197
Rhodymenia palmata 309 Taraxacum officinale 176
Ribes rubrum 242 Taxus baccata 265
Ricinus communis 284 Thymus serpyllum 174
Robinia pseudacacia 209 —vulgaris 242
Rosmarinus officinalis 242 Tilia cordata 192
Rosa sp. 194 Tragopogon pratensis 178
Rubus idæus 242 Tricholoma equestre 307
—spp. 242 —pardinum 302
Rumex acetosa 230 —terreum 307
—acetosella 230 —virgatum 307
—alpinus 231 Trifolium pratense 180
— arifolius 230 — repens 180
— crispus 152 — sp. 180
—pulcher 152 Trollius europæus 294
— scutatus 230 Tussilago farfara 158
Ruscus aculeatus 210 Typha latifolia 242
Russula cyanoxantha 306
—vesca 306
—virescens 306
u
Ulva lactuca 308
Urginea maritima 294
s
Salicornia europæa 240
Urtica dioica 148
—urens 148
Sambucus ebulus 255
—nigra 167 V
—racemosa 235 Vaccinium myrtillus 233
Sanguisorba minor 182 —oxycoccus 220
—officinalis 182 Valeriana officinalis 216
Satureja montana 242 Valerianella olitoria 242
Sedum acre 172 Veratrum album 290
—reflexum 172 Veronica anagallis-aquatica 217
Senecio jacobæa 259 —beccabunga 217
Silene inflata 171 Viburnum opulus 274
Sisymbrium officinale 242 Vicia sativa 184
Solanum dulcamara 272 Vincetoxicum officinale 294
Sonchus oleraceus 151 Viola sp. 201
-arvensis 151
—asper 151
—Sorbus domestica 200 X
Sparassis crispa 306 Xanthium strumarium 294
Spartium junceum 283 Xerocomus badius 304
Stachys sylvatica 242 —chrysenteron 304
Stellaria media 146
Stropharia æruginosa 302
Suceda maritima 242
Suillius luteus 304
Symphonicarpos rivularis 294
Aux éditions Sang de la terre

Collection
Connaissance de la nature
La Tortue sauvage, Bernard Devaux
Les Rapaces nocturnes, collectif
Le Chant des oiseaux, A. Bossus et F. Charron
Guide de l'ornithologue et du birdwatcheur. Collectif
Découvrez lesfruits sauvages, Éric Varlet
La Passion des tortues, Bernard Devaux
Les Tortues en 100 questions, Bernard Devaux
Les Énergies de la planète, François Barruel

Collection
Écologie urbaine
Aménager la ville, Pascal Reysset
L'arbre dans la ville, Didier Larue
Les eaux pluviales, Jérôme Chaïb
Les études d'impact, Jérôme Chaïb

Collection
Guides pratiques
Guide des métiers verts, Françoise Chirot et Anne Galey
Guide écologique de la famille, collectif
La Bio de la terre à l'assiette, Pascale Solana
Internet et environnement, Michel Giran
Écocitoyen au quotidien, Jérôme Chaïb etJean-Paul Thorez
Le Paysage urbain, collectif
Gaïa, une médecine pour la planète, James Lovelock
Le Guide des chevaux de trait, Association Traits de génie
Quitter la ville, Mode d'emploi, Bernard Farinelli

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C rédits ico n o gra p h iq u es


;orn Toutes les photographies de cet ouvrage sont de l'auteur
à l'ex cep tio n des photos des pages 281 et 293, respectivem en t de Ph ilippe Leveque et d'E rnest Gfeller
Toutes les illustrations de cet ouvrage sont de l'auteur
gra
à l'excep tion des pages 168, 171, 180, 183 ,204, 207, 219, 228, 237, 259, 262, 271 et 289
cen dont les dessins sont extraits de la Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophei
;uis 3 volu m es, 1998, Editions A lbert Blanchard, Paris,
ficii Et des pages 59, 60, 62, 89, 90, 9 l e t 93 dont les dessins sont de Zoé Fontaine.

reja
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flex
cio
ie il Direction éditoriale : Dominique BIGOURDAN
nbi Corrections : Documentech (01 61 08 40 97)
lun
hus Conception graphique Pierre Léotard
n si M ise en pages Luc Borgel
3er avec Suze Jaouen et Fabienne Clautiaux
rbu
ass Achevé d 'im p rim er pour le compte des éditions Sang de la terre
tiui Sur les presses de l'im p rim erie IME
iys 25112 Baumes-les-Dames
iris N° d'im pression : 15892
>ha Dépôt légal :Juin 2002
la 1
us
)hc
Rubriques Santé et Nutrition
Soins p. 97
Plantes médicinales p. 111 à 113
Le rythme p. 68
Les pieds p. 68

Insectes p. 87, p. 98, p. 107, p. 109 et 1 11


Serpents p. 105
Parasites p. 104

Blessures p. 99
Brûlures p. 100
Ampoules p. 100
Entorses p. 101
Dermites (irritations) p. 101
Maux de tête, Maux d'yeux p. 102
Insomnie, Hypotension, Hypoglycémie p. 101
Insolation p. 102
Coup de soleil p. 100
Froid p. 102
Montagne p. 103

Nutrition p. 18 à 27
Diététique p. 46 à 50
Problèmes digestifs p. 97

I Végétaux comestibles : indices verts


Végétaux toxiques : indices rouges
sur la tranche de votre livre.
Vivre
en pleine nature
Vous aimez randonner ? Vous p rom en er en fam ille avec vos enfants ?
Partir léger en vacances, laisser derrière vous, ne serait-ce que pour
quelques jours, vos soucis, vos habitudes, votre stress ? Vivre dans
le calme, la beauté, la simplicité, l'h arm on ie que nous offre la nature ?
Vous souhaitez conquérir de nouveaux horizons loin de la ville, du béton,
des embouteillages et d 'u n quotidien où l'im prévu n 'a plus aucune place ?
Vivre un peu l'aventure et apprendre à vous débrouiller en pleine nature,
en retrouvant le "sauvage" qui sommeille en vous ? Et si jamais vous
deviez véritablement survivre, perdu par exemple dans le brouillard en
montagne ou en forêt alors que la nuit tombe et que le froid se fait sentir ?
Vous trouverez dans ce guide pratique tout ce que vous devez savoir pour
séjourner agréablement en pleine nature : apprendre à vous nourrir en
sachant reconnaître les plantes et champignons comestibles de ceux qui
sont toxiques, les rendre appétissants à l'aide de recettes simples, appren­
dre à faire un feu pour vous réchauffer et cuisiner, à vous procurer et à
stocker de l'eau. Savoir vous orienter, vous abriter, bivouaquer, mais aussi
vous soigner, vous laver en vous débrouillant avec les "moyens du bord".
Sélectionner l'équipement adapté en évitant les surcharges. Et aussi vous
divertir à des jeux distrayants et instructifs.
Vous potasserez cet ouvrage avant le départ pour bien préparer votre
"expédition" qui peut aller d'une sortie d'une journée avec des enfants en
bas âge ou un week-end entier en passant la nuit à la belle étoile ou sous la
tente, jusqu'à un mois de "survie" totale avec un groupe d'amis passionnés
par la vie sauvage. Selon vos goûts, vos objectifs et votre expérience, il y a
place pour tous les types de séjours possibles.
Et n'oubliez pas de glisser ce guide dans votre sac à dos, il vous sera bien
utile sur le terrain ! Initié aux techniques de la "survie douce" (à ne pas
confondre avec une opération commando !), vous pourrez goûter
les délices d'une union intime avec la nature.

Ethnobotaniste, François Couplan a parcouru le monde à la


recherche des plantes sauvages et des techniques de vie primitive:
Depuis 1975, il anime des stages de "survie douce' au cours
desquels il initie les participants à la vie en pleine nature. I l a réuni
dans ce guide le fru it de ses nombreuses années d'expérience.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les plantes et là nature,
dont Dégustez les plantes sauvages (Sang de la terre, 2000). :

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