Vous êtes sur la page 1sur 4

Chapitre 5

Séries entières (résumé de cours)


Algèbre et analyse fondamentales - Paris 7 - O. Bokanowski - Octobre 2015

5.1 Généralités, Rayon d’une série entière


Soit (an )n≥0 une suite de C.
Definition. 5.1.1. On appelle série entière toute série de la forme
X
an z n (5.1)
n≥0

où z ∈ C.
n
Lemme. 5.1.2. (Lemme P d’Abel) Soit z0 dans C. Si (an z0 )n≥0 est une suite bornée alors pour tout z
t.q. |z| < |z0 | la série n≥0 an z n est absolument convergente.
Definition. 5.1.3. On définit le rayon de convergence de la série (5.1) par :
 
 X 
R = sup |z|, an z n convergente .
 
n≥0

P R vérifie
On note en fait que
(i) |z| < R ⇒ Pan z n AC,
(ii) |z| > R ⇒ an z n DIV.
De plus si |z| > R alors (an z n ) est non bornée (par le Lemme d’Abel), et on montre aussi
 
n
R = sup ρ ≥ 0, (an ρ )n≥0 bornée .

an z n et bn z n deux séries entières de rayon R1 et


P P
Proposition. 5.1.4. (Comparaison.) Soient
R2 respectivement. Si |an | ≤ |bn | pour tout n alors R1 ≥ R2 .
p
Proposition. 5.1.5. (Formule de Cauchy-Hadamard.) On suppose que limn→∞ n |an | = ` ∈ [0, ∞].
Alors R = 1/` (avec la convention 1/0 = +∞, 1/∞ = 0).
p
On a en fait une formule plus générale toujours valable, R = 1/ lim sup n |an |.
|an+1 |
Proposition. 5.1.6. (Règle de d’Alembert.) On suppose un 6= 0 et limn→∞ |an | = `. Alors R = 1/`.

Exemple 1. Rayon et somme de la série n≥0 z n ? La règle de d’Alembert donne immédiatement R = 1.


P

Pour |z| < 1, on reconnait la série géométrique 1 + z + · · · + z n = (1 − z n+1 )/(1 − z), qui converge vers
1/(1 − z). Noter que pour toute valeur z t.q. |z| = 1, la série diverge (pour z 6= 1 et |z| = 1, la somme
partielle 1 + z + · · · + z n = (1 − z n+1 )/(1 − z) ne converge pas).

1
n
Exemple 2. Rayon de la série n≥0 zn2 ? A nouveau posant an = 1/n2 on obtient an+1 /an → 1 et donc
P
R = 1. Ici pour tout z t.q. |z| = 1 la série converge absolument.
Exemple 3. Rayon de la série n≥0 n!z n ? an+1 /an = (n + 1) → ∞ donc R = 1/∞ = 0. La série ne
P
converge en aucun point z, sauf si z = 0.

5.2 Somme, produit


Exemple (et propriétés) de ez . Voir le cours sur les séries.

an z n et bn z n deux séries entières de rayon au moins R.


P P
Proposition. 5.2.1. (Somme) Soient
n
P
Alors (an + bn )z est une série de rayon au moins R et pour tout |z| < R on peut écrire
X X X
(an + bn )z n = an z n + bn z n .
n≥0 n≥0 n≥0

an z nPet bn z n deux séries entières de rayon


P P
Proposition. 5.2.2. (Produit) Soient au moins R.
n
cn z n à un rayon
P
On considère la série produit c = a ∗ b, soit cn = k=0 ak bn−k . Alors la série entière
au moins égal à R et pour |z| < R on a
X X X
cn z n = ( an z n )( bn z n ).
n≥0 n≥0 n≥0

5.3 Continuité, dérivation, intégration


Pour une fonction f : C → C dépendante de la variable z on dira que la fonction est dérivable (par
rapport à z ∈ C) si la limite suivante

f (z + h) − f (z)
lim
h→0, h6=0 h
df
existe et on note alors f 0 (z) ou dz (z) cette limite.
On montre par exemple que z → z n est dérivable de dérivée (z n )0 = nz n−1 .
On admettra les propriétés suivantes.
n
P
Théorème. 5.3.1. Soit P n≥0 ann z une série entière de rayon R > 0.
(i) la fonction f (z) = n≥0 an z est de classe C ∞ dans la boule ouverte B(0, R).
(ii) Pour tout |z| < R, la série dérivée n≥0 nan z n−1 est de même rayon R, et
P

df X
(z) = nan z n−1 .
dz
n≥0

(iii) Pour tout |x| < R, x réel, on peut intégrer terme à terme la série :
Z x XZ x X an
f (t)dt = an tn dt = xn+1 ,
0 0 n+1
n≥0 n≥0

et la série entière obtenue est encore de rayon R.

On retiendra donc qu’à l’intérieur de la boule de rayon R, on peut dériver ou intégrer terme à terme
sans se poser de questions ! Exemples :

n+1 xn
P
• ln(1 + x) = n≥0 (−1) n pour |x| < 1.
n x2n+1
P
• arctan(x) = n≥0 (−1) 2n+1 pour |x| < 1.

2
5.4 Fonctions développables en série entière
Definition. 5.4.1. dit qu’une fonction f de la variable z à valeur dans C (ou de la variable x ∈ R et
Pvaleurs ndans R), est développable en série ∃(an )n≥ dans C, ∃α > 0, pour tout |z| < α on a f (z) =
à
n≥0 an z .
On dira de même que f est D.S.E. au voisinage de z = z0 si z → f (z0 + z) est DSE au voisinage de
V(0).

f (n) (0)
Remarque 1. Si f DSE au voisinage de 0 alors nécessairement an = n! : cela veut bien dire que f (z)
coincide avec son développement de Taylor à tout ordre.
Remarque 2. Ceci implique l’unicité du DSE, s’il existe.
Remarque 3. Si f DSE au vois de 0, avec f (z) = n≥0 an z n alors le rayon de la série vérifie au moins
P
R ≥ α.
Remarque 4. Attention il existe des fonctions régulìeres, de classe C ∞ sur R, mais non DSE. Par exemple :
2
f (x) = e−1/x pour x 6= 0 prolongé par f (0) = 0 en x = 0. On peut montrer que la fonction est C ∞
(n)
Pf (0) =
mais que 0 pour tout n (admis). Par conséquent si f était DSE en 0, on aurait an = 0 et donc
f (x) = n≥0 an xn = 0 pour tout |x| < α, ce qui est clairement faux pour x 6= 0.
1
Exemple. Le DSE de f (x) = 1+x au voisinage de x = 1 est obtenu comme suit : On pose x = 1 + y
avec y petitPet on cherche à écrire f (x) = f (1 + y) comme une série en la variable y, c’est à dire
f (1 + y) = n≥0 bn y n . On a :
1 1 1 1
= = (5.2)
1+x 2+y 2 1 + y2
1X y n
= (− ) (pour |y/2| < 1) (5.3)
2 2
n≥0
X (−1)n
= yn (pour |y| < 2) (5.4)
2n+1
n≥0

Le rayon de la série obtenue est clairement R = 2.

5.5 Quelques exemples


P (n)z n , où P ∈ C[X].
P
Exemple. 5.5.1. Calcul des séries de la forme n≥0

P est non nul alors R = 1.


La règle de d’Alembert donne que si P
1
Pour |z| < 1 on dérive f (z) = 1−z = n≥0 z n une première fois :
1 X X
= nz n−1 = nz n−1 (5.5)
(1 − z)2
n≥0 n≥1
n=p+1 X
= (p + 1)z p . (5.6)
p≥0

En utilisant à nouveau l’indice n :


1 X
= (n + 1)z n . (5.7)
(1 − z)2
n≥0

De même, en dérivant deux fois on obtient pour |z| < 1 :


2 X X
f (2) (z) = 3
= n(n − 1)z n−2 = n(n − 1)z n−2
(1 − z)
n≥0 n≥2
X
n
= (n + 2)(n + 1)z .
n≥0

3
En dérivant p fois, pour |z| < 1 :
p! X X
f (p) (z) = = n(n − 1) · · · (n − p + 1)z n−p = n(n − 1) · · · (n − p + 1)z n−p
(1 − z)p+1
n≥0 n≥p
X
= (n + p)(n + p − 1) · · · (n + 2)(n + 1)z n
n≥0

Si P (X) est un polynome de dégré p, on peut montrer qu’il se décompose dans la base des p+1 polynomes
Q0 (X) = 1, Q1 (X) = (X + 1), Q2 (X)P = (X + 1)(X + 2), . . . , Qp (X) = (X + 1)(X + 2) · · · (X + p − 1),
et obtenir ainsi un calcul simplifié de n≥0 P (n)z n .

Exemple. 5.5.2. Etude des séries de la forme n≥0 Pn! (n) n


P
z où P ∈ C[X].
n
On utilise le fait que ez = n≥0 zn! En dérivant p fois on obtient
P

X n(n − 1) . . . (n − p + 1)
ez = z n−p .
n!
n≥0

On multiplie par z p pour obtenir, pour tout p ≥ 0 et z ∈ C :


X n(n − 1) . . . (n − p + 1)
z n = z p ez
n!
n≥0

Ainsi en décomposant P (X) dans la base des p+1 polynomes R0 (X) = 1, R1 (X) = X, R2 (X) = X(X+1),
P= X(X − n1) . . . (X − p + 1) · · · (X + p − 1) (base des polynomes de degré p), on obtient un
. . . , Rp (X)
calcul de n≥0 P (n) zn! .
1
P
Exemple. 5.5.3. Calculer S = n≥ (2n)! .
On peut combiner
X 1 X 1 X 1
e1 = = + = S + S0
n! n! n!
n≥0 n=2k n=2k+1

(S 0 étant la somme sur les termes impairs), et par un raisonnement analogue e−1 = S − S 0 . D’où
x2n
S = 21 (e1 + e−1 ). On retrouve la formule du "cosinus hyperbolique" cosh(x) = 21 (ex + e−x ) = n≥0 (2n)!
P
.
Exemple. 5.5.4. Soit α ∈ R. Déterminer un DSE de f (z) = (1 + z)α au voisinage de 0.
1
On calcule f (n) (z) = α(α−1) · · · (α−n+1)z α−n . On est donc conduit à poser an := n! α(α−1) · · · (α−
n + 1). Démontrons le résultat suivant : pour tout z ∈ C avec |z| < 1, on a
X α(α − 1) · · · (α − n + 1)
(1 + z)α = zn. (5.8)
n!
n≥0

an+1
donc aan+1
α−n

Pour cela, notons g(z) le terme de droite (la série entière). Un calcul donne = →
an n+1 n

1 et le rayon de la série vaut R = 1.


Pour montrer l’égalité une méthode générale consiste à montrer que le reste dans le développement
de Taylor de f (z) au voisinage de z = 0 converge vers 0. Cela peut se faire ici en utilisant la formule de
Taylor avec reste intégral, mais c’est un peu calculatoire.
On va montrer l’égalité pour x réel en passant par les équations différentielles. On note que f 0 (x) =
α
1+x f (x) pour x ∈ (−1, 1), et f (0) = 1. On montre (après calculs et en utilisant la relation an+1 /an =
(α − n)/(n + 1)) que g est solution de la même équation différentielle. Par un résultat d’unicité des
solutions de cette équation différentielle (problème de Cauchy - cf prochain cours), on en déduit que
f (x) = g(x) pour tout x réel dans (−1, 1).
Calcul particulier (pour montrer le type de formule qu’on peut voir apparaître). Si α = − 12 , on obtient
√1 = n≥0 (−1)n 2n(2n)! n
P
1+x (n!)2 x pour tout |x| < 1.

Vous aimerez peut-être aussi