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MODECO

Ibrahim HASNAOUI

Ecosystèmes Méditerranéens
Terrestres

Master MODECO 1
01/06/2010
Chapitre 1- Notions d’écologie générale

1-1 Rappel de quelques définitions


1-1-1- Ecologie et Ecologisme :
Le terme « écologie » (du grec : oïkos : demeure ou habitat, et logos : science) a été
proposé par l’allemand « Ernest Haeckel » en 1866 pour désigner la science qui étudie les
rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent. La définition qu’il a donnée est la
suivante : « c’est la connaissance de l‘économie de la Nature, l’investigation de toutes les
relations d’un animal à la fois avec son milieu inorganique et organique, incluant par dessus
tout, ses relations amicales et antagonistes avec ceux des animaux et des plantes avec lesquels
il entre directement en contact. En un mot, l’écologie est l’étude de toutes ces interrelations
complexes considérées par « Darwin » comme les conditions de la lutte pour la vie… ». L
Actuellement, l’écologie est définie comme étant la science qui étudie les conditions
d’existence des êtres vivants et les interactions de toutes natures qui existent entre ces êtres
vivants d’une part et entre ces êtres vivants et leur milieu, d’autre part. Il s’agit donc, de la
science de l’organisation de la Nature, de ses mécanismes et de l’interaction de ses parties. Il
existe généralement trois types de rapports :
- influence des facteurs du milieu sur les êtres vivants,
- influence et activités des êtres sur le milieu,
- influence des êtres vivants entre eux.

La corrélation entre ces trois types de rapports est très étroite et il est difficile de les
séparer.
Du point de vue historique, la connaissance empirique des exigences écologiques des
êtres vivants existait déjà chez l’Homme préhistorique qui l’avait acquise au cours de ses
recherches de gibier et de plantes comestibles. On trouve des éléments de caractère
écologique chez de nombreux savants de l’Antiquité et du Moyen Age. A partir de 1850, les
travaux d’inspiration écologiques se multiplièrent et ce, surtout, après les grandes explorations
dans le monde entier et notamment les campagnes océaniques. L’écologie moderne s’est
développée à partir de 1930 aux pays anglo-saxons (désertification de grandes superficies,
abus d’utilisation des insecticides qui ont détruit l’équilibre naturel, etc.). Il y avait aussi un
abus d’élevage : surpâturage, d’où une menace pour certains végétaux et animaux sauvages.
Il est important de distinguer, actuellement, entre l’écologie qu’on vient de définir et
l’écologisme, qui regroupe toute une série d’activités, de prises de positions voire de
conceptions philosophiques qui peuvent être considérées comme des retombées lointaines de
l’écologie proprement dite. Par exemple, il convient de distinguer entre l’environnement au
sens très large de milieu ou habitat des plantes et des animaux (y compris l’Homme), et
l’environnement humain exerçant une influence sur l’Homme (on peut définir ainsi une
écologie humaine qui s’occupe des interactions entre l’Homme et son environnement).

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1-1-2- Organisation générale des êtres vivants

Le monde vivant est structuré selon des niveaux d’organisation de complexité


croissante (molécules, organites, cellules, tissus, organes, individus, populations,
communautés).
Les niveaux concernés par les études écologiques sont essentiellement : l’individu, la
population et la communauté.
- L’individu : ce niveau englobe tous les organismes individuels depuis les êtres
unicellulaires jusqu’aux arbres et aux gros mammifères. A ce niveau, les études sont
qualifiées d’auto-écologiques, par opposition à celles des niveaux supérieurs, qualifiées de
synécologiques.
- La population : une population est l’ensemble des individus de même espèce, vivant sur
une surface déterminée. Le développement d’une population et son évolution sont contrôlés
par l’environnement.
- La communauté : Une communauté est l’ensemble des populations réunies dans un même
espace et dont l’ensemble présente une certaine homogénéité vis à vis des critères retenus
pour la distinguer. La notion de communauté peut désigner :
* Les populations végétales constituant un groupement végétal ou phytocénose.
* Les populations animales ou zoocénose.
* Les microorganismes du sol ou microbiocénose.
* Elle peut désigner aussi l’ensemble des organismes ou biocénose.

Le milieu dans son sens écologique le plus large, est constitué au niveau planétaire par
la Biosphère qui est définie comme étant la région de la planète qui renferme l’ensemble des
êtres vivants et dans laquelle la vie est possible en permanence. En effet toute la surface du
globe terrestre n’est pas également favorable aux organismes. On y rencontre des territoires,
comme les calottes polaires et les hautes montagnes où la vie y est presque impossible.
* La biosphère peut être subdivisée en trois compartiments de natures physiques différentes :
* La lithosphère : limitée aux couches les plus superficielles de l’écorce terrestre. C’est le
milieu solide constitué par l’ensemble des continents émergés.
* L’hydrosphère : ou océan mondial, milieu liquide qui recouvre les 7/10 de la surface
planétaire..
* L’atmosphère : couche gazeuse homogène qui constitue la zone la plus périphérique de
notre planète et enveloppe les deux précédents milieux.
1-1-3 - Facteurs écologiques

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On appelle facteur écologique tout élément du milieu susceptible d’agir directement ou
indirectement sur les êtres vivants au moins durant une phase de leur cycle de développement
(agents climatiques, édaphiques, chimiques ou biotiques). Les facteurs écologiques agissent
sur les êtres vivants de diverses façons :
* En éliminant certaines espèces des territoires dont les caractéristiques climatiques ou
physico-chimiques ne leur conviennent pas et par conséquent en intervenant dans leur
répartition géographique.
* En modifiant les taux de fécondité et de mortalité des diverses espèces en agissant sur leur
cycle de développement et en provoquant des migrations, donc en agissant sur la densité des
populations.
* En provoquant l’apparition de modifications adaptatives : modifications quantitatives du
métabolisme et aussi modifications qualitatives telles que hibernation, estivation, réactions
photopériodiques, etc.
Ainsi, la cible fondamentale est l’individu et les premiers effets sont soit d’ordre
physiologique (écophysiologie) soit comportemental (éco-éthologie). Dans un second temps
les effets peuvent être d’ordre démographique par suite d’une répercussion sur les processus
démographiques (natalité, mortalité, émigration, immigration). Un dernier type d’effet peut
affecter la composition et la structure génétique de la population.
On distingue en écologie, des facteurs abiotiques et des facteurs biotiques. Les facteurs
abiotiques comprennent les facteurs climatiques, édaphiques, la composition chimique de
l’eau, etc. les facteurs biotiques comprennent essentiellement les facteurs de prédation, de
compétition, de parasitisme.

1-2– Notion d’écosystème

Un écosystème, ou système écologique, est un système fonctionnel qui inclut une


communauté d’êtres vivants et leur environnement. Un écosystème est une unité relativement
stable et intégrée qui repose sur des organismes photosynthétiques. Il est considéré comme
une sorte d’entité collective, faite d’individus transitoires. Certains de ces individus peuvent
vivre jusqu’à plusieurs milliers d’années (les grands arbres, par exemple), par contre certains
micro-organismes ne peuvent vivre que quelques heures, voire quelques minutes.
L’écosystème, dans son ensemble ; a tendance à rester stable, sans être, toutefois, statique.
Une fois son équilibre est atteint, il peut durer des siècles sans se modifier (sauf en cas
d’accidents naturels majeurs ou d’intervention violentes de l’Homme).

1-2-1 - Structure de l’écosystème


L’écosystème est composé de deux éléments : un biotope et une biocénose.

a –Le biotope
Le biotope est caractérisé par un certain nombre de facteurs qui sont essentiellement des
facteurs abiotiques (qui ne dépendent pas des êtres vivants), parmi lesquels on distingue des
facteurs physiques et d’autres chimiques :
– Facteurs physiques
* Facteurs climatiques :
Précipitations,

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Température,
Luminosité,
Vents,
Humidité relative,
Etc.

*Facteurs géographiques,
* Facteurs édaphiques.
– Facteurs chimiques
*Teneur en oxygène,
*Teneur en sels minéraux,
*PH, …
Certains de ces facteurs sont périodiques : (comme la luminosité, la température, la
pluviosité), d’autres ne le sont pas (comme les orages, les cyclones, les incendies, etc.).

– Facteurs abiotiques non climatiques


En milieu aquatique : l’eau va intervenir par plusieurs caractères :
* Par sa tension superficielle qui va permettre le déplacement de certains animaux.
* Par son pH près de la neutralité, mais on trouve des endroits où le pH varie de 5 à 9.
* Par ses gaz dissous : CO2, O2, H2S qui peut empoisonner certaines espèces animales.
* Par les sels minéraux : dans l’eau de mer, la moyenne des sels minéraux est de 34,48 g/kg
d’eau, mais cette moyenne est très variable : de 33 pour mille à 37 pour mille. La Mer Rouge
en contient 41 pour mille, la Mer Baltique 12 pour mille.
La salinité est due essentiellement à NaCl pour 72% et au MgCl2 pour 12%, les autres
sels sont beaucoup moins importants.
Dans le sol: les facteurs abiotiques importants sont :
* L’eau : indispensable pour la faune et la flore,
* La texture et la structure du sol : la nature du substrat et la taille des particules interviennent
dans la nutrition et l’aération des plantes,
* La salinité ou quantité de sels est très variable et est importante dans la détermination d’une
flore caractéristique (halophytes, nitrophytes, psammophytes, etc.),
* Le pH dépend de la nature du sol mais aussi de l’humus (acide humique)
b– La Biocénose
Elle est composée de trois catégories d’êtres vivants : les producteurs, les
consommateurs et les décomposeurs.

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1-2-2 – Quelques caractéristiques structurales
- Tailles d’écosystèmes
Si on considère le critère taille, on distingue trois catégories d’écosystèmes :
* Un micro-écosystème : une souche d’arbre par exemple ;
* Un méso-écosystème : une forêt ou une prairie par exemple ;
* Un macro-écosystème : océan, savane, désert, etc.
Si on considère les biocénoses :
- La synusie : correspond au micro-écosystème : biocénose temporaire et indépendante,
- La communauté : correspond au méso-écosystème : c’est une biocénose durable et
autonome,
- Le biome est la communauté d’êtres vivants spécifique à un macro-écosystème.
La productivité est la quantité de matière organique fabriquée par l’écosystème : ceci est lié
au flux d’énergie, eau, éléments minéraux, CO2, etc.
– Etendue
Dans la nature, les limites de l’écosystème sont difficile à obtenir, parce qu’il existe
un gradient entre deux écosystèmes voisins, d’où un effet de lisière ou écotone. Les écotones
sont particulièrement riches en faune dont les espèces ne se mélangent pas.
– Types d’écosystèmes actuels
Les écosystèmes actuels ne sont pas les écosystèmes originels parce qu’ils ont été
modifiés par l’Homme surtout en ce qui concerne la biocénose :

• biocénose originelle : très rare : exemple : forêts vierges ;


• biocénose potentielle : une biocénose redevient originelle ou presque, si toute action de
l’Homme cesse, elle retrouverait une espèce d’équilibre ou climax ;
• biocénose réelle : c’est celle qui existe dans son état actuel.

1-2-3- Variabilité des écosystèmes :

Les écosystèmes méditerranéens sont caractérisés par de grandes diversités physiques et


physionomiques. Ces variabilités éco-systémiques engendrent des structures et des typologies
très diversifiées résultant de la variabilité des facteurs physiques du Milieu comme le sol,
l’orographie et la topographie, des facteurs climatiques (pluviosité, température, luminosité,
vents, etc.) et de la composition spécifique de la biocénose.
L’architecture d’ensemble constitue le premier paramètre de distinction des écosystèmes
méditerranéens, cette architecture est donnée par les végétaux dominants qui restent les
meilleurs indicateurs du Milieu, (Aidoud, ).

1-2-3-1- Les types biologiques de la végétation


Les espèces végétales peuvent être classées en fonction de leur mode d’adaptation aux
rigueurs d’hiver, (Godron, 1984) :

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- Les phanérogames : ce sont les plantes les plus résistantes : les arbres dont les
bourgeons résistent suffisamment au froid pour que les jeunes feuilles soient prêtes à
s’épanouir dès les premières chaleurs du printemps. Ces plantes sont dites phanérophytes par
analogie avec les phanérogames (plantes dont le système reproducteur se développe de
manière très apparente). La hauteur est supérieure à 2 m.

- Les chaméphytes : ce sont les plantes dont les bourgeons sont moins résistants au
froid ; elles restent près du sol, abritées sous la neige (chamé = près de la terre). Ce sont de
petits ligneux.

- Les hémicryptophytes : les bourgeons sont au ras du sol.

- Les cryptophytes : plantes dont les bourgeons sont enterrés, près d’une réserve de
substances nutritives (souvent concentrée dans des tubercules, des rhizomes, des bulbes, etc.),
qui leur donnera les forces suffisantes pour percer au printemps, la couche de terre où ils sont
ensevelis.

- Les thérophytes : plantes qui échappent aux rigueurs de l’hiver en se mettant sous
forme de graines (ou plus généralement, de diaspores).

- Les épiphytes : petits organismes qui vivent sur les arbres ou les roches (exemple :
les mousses).

Le spectre biologique dépend essentiellement des conditions climatiques. Il est


exprimé en % du couvert végétal. On peut définir la végétation par son aspect : exemples :

* Pelouse : elle comprend essentiellement une végétation herbacée ; elle peut être obtenue
suite à un défrichement total d’un terrain boisé.

* Mattoral : c’est une étape de dégradation de la forêt. Il s’agit d’un maquis sur sol acide

* Garrigue : c’est un maquis sur sol calcaire.

* Fruticée : formation végétale de petits ligneux sur sol acide (exemple : formation de cistes).

1-2-3-2 - Groupes phyto-écolgiques


La végétation naturelle peut être classée par groupes selon le facteur écologique
dominant qui caractérise le plus ce groupe :
- groupes climatiques,
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- groupes édaphiques,
- groupes orographiques,
- groupes anthropozoïques (où l’Homme et l’animal interviennent pour dégrader le
milieu naturel).

1-3- Fonctionnement d’un écosystème :

Un écosystème se présente comme une unité intégrée (avec ses différentes composantes
abiotiques et biotiques) qui fonctionne et ce, malgré l’entrée en compétition d’un grand
nombre d’organismes pour les ressources. Tout être vivant, même les plus petits (bactérie,
champignons, etc.) constitue une source de nourriture pour un autre organisme vivant, ce qui
constitue ce qu’on appelle la chaîne trophique ou chaîne alimentaire et consiste en un transfert
de matière et d’énergie d’un niveau trophique à un autre.

1-3-1- circulation d’énergie :

L’énergie solaire constitue la source essentielle de la matière sur Terre. Elle est estimée à
13*1023 calories. Environ 30% de cette énergie solaire est immédiatement réfléchie vers
l’espace sous forme de lumière, 20% environ est absorbée par l’atmosphère terrestre. La plus
grande partie des 50% restants est absorbée par la terre elle-même et transformée en chaleur.
Une partie de l’énergie absorbée sert à l’évaporation des eaux des océans et à la formation des
nuages qui, à leur tour, donnent la pluie et la neige. L’énergie solaire, combinée à d’autres
facteurs est aussi responsable des mouvements de l’air et de l’eau qui participent à
l’établissement de différents types de climats sur toute la surface terrestre.

Les plantes vertes et d’autres organismes photosynthétiques captent moins de 1% d’énergie


solaire. Ces êtres transforment cette énergie en énergie chimique, électrique et mécanique
utilisée par ces mêmes organismes (dits autotrophes) et par tous les autres êtres vivants, dits
hétérotrophes, et assurant ainsi leur nutrition et donc leur survie et leurs diverses activités. Ce
flux d’énergie est l’essence de la vie.

Ainsi, pour les êtres vivants, l’énergie est la capacité d’accomplir un travail. Ce travail peut
être produit au niveau de la cellule (synthèse de molécules, déplacement des organites et des
chromosomes d’un endroit à un autre, transport de substances, etc.), du tissu, de l’organe, de
l’individu, du peuplement, de la communauté, de l’écosystème et de la Biosphère.
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Tout être vivant doit, donc, recevoir de l’énergie parce qu’il en dépense pour différentes
fonctions :
* La maintenance : entretien de l’organisme ou métabolisme basal et activités courantes
(mouvements) ;

* La croissance de l’organisme (augmentation en taille, en poids et en volume).

* La reproduction : production de gamètes et de graines ;

* L’accumulation de réserves glucidiques et lipidiques. Il y a donc un flux d’énergie d’un


niveau trophique à un autre.

L’énergie captée par les plantes vertes est, ainsi, transférée d’une manière très organisée à
travers les différents niveaux de la chaîne trophique avant de se dissiper.

La principale source d’énergie est d’origine solaire. L’Homme, à l’heure actuelle,


l’utilise peu, si ce n’est par l’intermédiaire des végétaux. Si on compare ces êtres vivants à des
machines, on peut parler donc de rendement de production et de productivité. L’énergie
d’origine solaire parvenant au sol est estimée en moyenne, pour les régions tempérées ou
tempérées chaudes à dix milliards de kcal par hectare et par an. La production annuelle d’un
champ de blé, en matière sèche, est d’environ une dizaine de tonnes par Ha, celle d’une forêt
feuillue de 5 à 6 tonnes, ce qui représente approximativement 50 millions de kcal/ha/an. Cette
valeur, comparée à celle plus haut (10 milliards de kcal) donne le rendement des végétaux (de
l’ordre de 1%). Expérimentalement, l’Homme est arrivé à améliorer ce rendement et a pu
atteindre les 5% pour certains végétaux.

La répartition de l’énergie au niveau des producteurs et des consommateurs peut être


schématisée ainsi :

chaleur

N U.2 N.U.3 N U4

1 à 5%

LT LA PB PN PS1 PS2

Source
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N.U. 1 R1 R2 R3

Réflexion- transmission

LT : Lumière totale incidente, LA : Lumière absorbée PB : productivité brute ; PN :


productivité nette ; PS : productivité secondaire.

Toute l’énergie non utilisée est reprise par décomposition ; l’énergie de respiration (R1, R2,
R3) sera perdue.

La quantité d’énergie disponible diminue, donc, tout le long de la chaîne trophique.

La plante n’absorbe que de 1 à 5% de l’énergie reçue. Les herbivores utilisent en moyenne


1% de l’énergie fixée par les aliments qu’ils ont consommés : PS1/PB =1%. Pour les
carnivores, le rendement est plus fort : PS2 / PS1 = 10%.

1-3-1-1- Dispersion de l’énergie :

L’énergie emmagasinée par les producteurs se disperse donc d’un niveau trophique à un
autre. Pour donner un aperçu général de ce phénomène, prenons par exemple le niveau
consommateur primaire. Tout organisme qui se nourrit d’une espèce végétale doit
sélectionner sa nourriture : certains végétaux ou des parties de végétaux ne sont pas utilisés,
d’où la perte d’une partie des calories emmagasinées par les plantes. Cette perte varie avec les
espèces consommatrices, c’est ainsi, par exemple que les troupeaux d’Ongulés sauvages sont
susceptibles d’utiliser la majeure partie des herbes qui poussent, ce qui n’est pas le cas pour le
cheptel introduit par l’Homme.

D’autre part, les calories ingérées par l’herbivore ne sont pas toutes transformées en matière
animale, 80 à 90% d’entre elles sont utilisées pour les phénomènes de respiration,
d’évapotranspiration, d’excrétion, etc.

Exemple : dans une prairie : 1 m² fixe 1000kcal / jour, la production de cette superficie sera
mangée par un herbivore qui va obtenir 10 kcal ; le carnivore mange l’herbivore et aura une
masse de tissu correspondant à 1 kcal ; le carnivore II consomme le carnivore I et aura
seulement 0,1 kcal.

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1-3-2--circulation de matière :

Les relations, souvent compliquées, entre les différents organismes vivants, quelque soit leur
position dans la chaîne, et entre ceux-ci et leur milieu inerte, sont à l’origine d’un cycle bien
organisé d’éléments tels que l’azote, le carbone, le phosphore, etc. ces éléments suivent un
circuit parmi les organismes, reviennent au sol où ils sont décomposés par les bactéries et les
champignons et sont recyclés par les plantes vertes, en présence de lumière, pour reconstituer
la matière organique. Ce cycle est dit cycle de la matière qui concerne trois grands ensembles
d’êtres vivants, à savoir les Producteurs, les Consommateurs et les Décomposeurs.

1-3-2-1- Les Producteurs

C’est l’ensemble des végétaux chlorophylliens qui vont fixer l’énergie de la lumière solaire
(photosynthèse).
Il y a en moyenne 1 à 5% de l’énergie solaire qui est captée par les plantes.
1-3-2-2- Les Consommateurs

Tous les végétaux et les animaux consomment de la matière organique des producteurs
pour obtenir l’énergie nécessaire à leur métabolisme. Cette production d’énergie s’effectue
essentiellement à partir de la dégradation par voie oxydative (respiration) de la matière
organique (catabolisme). Ensuite, il y aura édification de la propre matière (organique) de ces
consommateurs (anabolisme). On distingue plusieurs catégories de consommateurs selon le
régime alimentaire :
- Les herbivores : ce sont les consommateurs des végétaux : par exemple : les Cétacées
consomment les phytoplanctons ; les algues sont mangées par les gastéropodes , les tortues
marines, etc. ; les lichens constituent la nourriture des gastéropodes terrestres, les myriapodes
terrestres, etc. ; en ce qui concerne les végétaux supérieurs, tous les organes peuvent être
consommés (herbes et feuilles de ligneux, par les Vertébrés et les Insectes, les fruits et les
graines, par les Oiseaux et autres Vertébrés ; etc.)
- Les saprophages : consomment des végétaux et des animaux morts, leur rôle est en quelque
sorte de recycler la matière organique avant d’être déminéralisée par les décomposeurs. Il
existe plusieurs types de saprophages :
- Les détritivores : consomment les débris végétaux et animaux.
- Les coprophages : se nourrissent des excréments de divers animaux : ce sont surtout des
insectes.
- Les nécrophages : se nourrissent de cadavres : ce sont des oiseaux et des insectes
(charognards).
- Les carnivores : se nourrissent d’autres animaux dont ils vont digérer la matière organique ;
on les appelle aussi les prédateurs : on en distingue trois catégories :
* Prédateurs de premier ordre : qui mangent les herbivores : (chacal, lion, etc.).
* Prédateurs de 2° ordre qui mangent les prédateurs de 1° ordre (serpents, etc.).
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* Prédateurs de 3° ordre : (les rapaces qui mangent les serpents, etc.).
On constate donc un transfert d’énergie d’un niveau trophique à un autre :

photosynthèse matières organiques végétales matière organique herbivore


mat. organique carnivore I matière organique carnivore II matière
organique carnivore III. , etc.
La chaîne trophique ne va pas s’allonger indéfiniment, en principe elle va s’arrêter au niveau
du carnivore III parce qu’il y a perte d’énergie d’un niveau à un autre.
L’étude des carnivores appelle à quelques remarques :
- Il existe des êtres animaux qui sont capables de tout consommer : ils sont dits omnivores ou
diversivores (Homme, Sanglier, Hérisson, etc.).
- En ce qui concerne les parasites : il existe des parasites qui sont fixés en divers points de la
chaîne : exemple : l’olive a deux parasites : un parasite primaire (dacus) et un parasite
secondaire (opius).
Les chaînes de parasites contiennent des éléments de tailles décroissantes tandis que
les prédateurs sont, en général, de tailles croissantes.
Si on considère la chaîne trophique essentielle et qu’on veut considérer les chaînes de
parasites, de saprophages, etc., on obtient un écosystème très compliqué.

1- 3-2-3– Les Décomposeurs

Ce sont surtout des bactéries et des champignons. Ils se nourrissent de la matière


organique morte (cadavres, litières, etc.). Leur rôle est de décomposer la matière organique ou
la minéraliser (en CO2, NH3, H2S, etc.). Ces éléments minéraux seront repris par d’autres
bactéries : par exemple : bactéries nitrifiantes nitrates, bactéries sulfurantes
sulfates, etc.
Les nitrates et les sulfates sont mieux assimilés par les plantes. Le processus de
décomposition est aussi important que celui de production dans un écosystème donné. La
quantité de matière organique qui retourne au sol dans les écosystèmes terrestres, sous forme
de feuilles, de racines ou de bois mort, peut aller, chaque année, de quelques tonnes à
quelques dizaines de tonnes par hectare. Un nombre important d’espèces agissent plus ou
moins rapidement sur cette matière pour la recycler, en la fractionnant, la transformant, la
décomposant et la minéralisant. Elle redevient disponible pour les producteurs et utilisable
pour la synthèse de nouvelles molécules organiques.
En conclusion on peut dire que les décomposeurs jouent un rôle essentiel dans le cycle
biogéochimique.

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Chapitre 2: Aperçu sur le Climat méditerranéen

2-1-Les caractéristiques d’un climat méditerranéen :

La Méditerranée et ses alentours sont dotés d’un climat spécifique défini par un été sec et
chaud et une période pluvieuse et relativement froide correspondant à l’hiver. L’automne
et le printemps sont les deux saisons les plus favorables à l’écosystème naturel avec des
pluies quantitativement modérées et des températures clémentes. La sécheresse estivale
peut durer de deux à six mois voire plus, la pluviosité annuelle varie de 100mm environ
dans les zones désertiques à plus de 2000 mm dans certaines montagnes exposés aux vents
humides que ce soit au Nord ou au Sud de la Méditerranée. Ce climat constitue une
caractéristique première de tout écosystème méditerranéen.
Le climat méditerranéen est l’ensemble des écosystèmes méditerranéens définis sur la
base des grandes zonations climatiques de la biosphère, forment un des grands biomes
(Walter, 1979). La zone climatique méditerranéenne est probablement la zone la plus
limitée dans l’espace elle est aussi limitée dans le temps puisqu’elle est apparue au
Pléistocène (Axcelrod, 1973).
Cette extension limitée dans le temps et dans l’espace est sans commune mesure avec la
grande diversité des milieux, de la végétation et de la flore qui constituent les paysages et
les écosystèmes de la Méditerranée. Les formations végétales ont évolué dans des milieux
marqués par une hétérogénéité géologique et oro-topographique mais surtout par une
longue et profonde pression humaine (Aidoud).

2-2-Répartition géographique des zones à climat méditerranéen :

Une confusion entre région géographique méditerranéenne qui concerne la Mer


Méditerranée et ses alentours et le climat méditerranéen qui consiste en un type de climat
caractérisé par une saison estivale sèche et chaude et une autre hivernale pluvieuse et
relativement fraiche.
Ainsi, ce type de climat couvre des zones géographiques qui peuvent être très éloignées
les unes des autres. En effet, outre la région du bassin méditerranéen, qui a donné son nom
à ce climat, avec 2.300.000 Km2 de superficie, et toujours en Hémisphère Nord, on
rencontre ce même type de climat en Californie où il couvre 324.000 Km2. Dans
l’Hémisphère Sud, ce climat existe dans trois continents à savoir en Amérique Latine où il
est présent au Chili et couvre 140.000Km2, en Australie, avec une superficie de 112.00
Km2 et en Afrique avec 90.000 Km2 en Afrique du Sud. Le total des superficies touchées
par ce climat s’élève ainsi à 2.966.260Km2. (carte1).

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Carte1 : Distribution du Climat méditerranéen (couleur verte) à travers le Monde
(Source : Wikipedia).

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Le Houérou, 1985, propose des régions beaucoup plus étendues, géographiquement, à
travers le monde, occupées par des biomes du type méditerranéen

A lire

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2-3- Limites géographiques de la Région Méditerranéenne :

La côte méditerranéenne s’étend sur environ 46000 km avec un arrière pays montagneux à
relief plus ou moins puissant mais à fortes pentes. Les plaines côtières y sont complètements
réduites et parfois complètement absentes.
La délimitation de l’aire isoclimatique méditerranéenne est sujette à controverse entre les
auteurs. En effet, si Aschmann, 1973, la fait correspondre avec l’aire de répartition du
Chêne vert (Quercus ilex) ; Ramade,1991, Medail et Quezel, 1997, l’étendent à celle de
l’Olivier. Daget, 1977, quant à lui, l’étend beaucoup plus loin et notamment vers le Sud et
l’Est pour englober une bonne partie du Grand Sahara, et du Moyen Orient. ( cartes).

Carte 2 : Aire de répartition de l’Olivier. (Ramade, 1991 )

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Chapitre 3- Les écosystèmes méditerranéens terrestres
Les écosystèmes méditerranéens sont hétérogènes, complexes et diversifiés et ce pour
plusieurs causes majeures :

3-1- Causes de la diversité des écosystèmes méditerranéens:


3-1-1- Les facteurs physiques :
Les conditions physiques (géographie, orographie, géomorphologie, géologie, etc.) sont très
complexes en région méditerranéenne ; ainsi les sols sont très variés à cause de la diversité
des roches mères et de la topographie et notamment les pentes. Ils reposent généralement sur
un substrat géologique sédimentaire. On rencontre par endroits des terrains volcaniques
souvent anciens ou des affleurements cristallins très localisés. Ces sols sont
fondamentalement fragiles exception faite de ceux situés dans les grandes plaines alluviales.
(M’hirit).
La diversité des sols a un effet direct sur la diversité de la végétation (tout autre facteur
écologique étant le même), ainsi , et même à une échelle locale, le passage du calcaire au grès
peut s’accompagner d’un changement considérable de la composition spécifique d’un
écosystème donné ; c’est le cas par exemple de la Suberaie, qui s’installe essentiellement sur
sol acide parce que le Chêne-liège (Quercus suber) « évite » les terrains calcaires ; le même
constat peut être fait pour le Pin maritime (Pinus pinaster). Certains substrats particuliers
comme les marnes, les dolomies et les roches hyperbasiques déterminent généralement
l’apparition de structures de végétation particulières, dont un des caractères majeurs est
l’importance locale des végétaux endémiques (Quézel et Medail,2003).
3-1-2 Les facteurs climatiques :

Que l’on soit sur la Rive Septentrionale ou sur la Rive Méridionale, autour du bassin
occidental ou oriental de la Méditerranée, on constate, même à l’échelle d’une petite région,
des variations considérables des facteurs climatiques et notamment la pluviosité et la
température. Ces variations sont dues à la latitude, à la topographie et essentiellement à
l’altitude, l’exposition et à la proximité par rapport à la masse aquatique que représente la
mer. Plusieurs auteurs ont travaillé sur le climat méditerranéen et ses relations avec le sol et la
végétation naturelle en tenant compte surtout du contraste entre périodes sèches et chaudes en
été et périodes humides et assez fraiches en hiver. Emberger, en 1957, a dégagé des
corrélations entre la pluie et la température en tenant compte de ces deux périodes de l’année ;
il a ainsi élaboré un quotient dit quotient d’Emberger, dont la formule est :

Q2 = 2000P/M2- m2
Où : P est la pluviométrie annuelle moyenne d’une station donnée exprimée en mm de pluie,
20
M est la moyenne des maxima de température du mois le plus chaud de l’année,

m est la moyenne des minima de température du mois le froid de l’année,

M et m étant exprimés en degré kelvin.

A partir de ce quotient, l’auteur a défini Six étages bioclimatiques

– Le Perhumide : Q2 est supérieur à 170, la pluviométrie est supérieure à


1200mm / an ;

– L’Humide : Q2 est compris entre 110 et 170, P est comprise entre 800et 1200
mm / an ;

– Le Sub-humide : Q2 est compris entre 55 et 110, P varie de 600 à 800 mm/an ;

– Le Semi-aride : Q2 varie entre 30 et 55, alors que P se situe entre 300 et 600
mm / an ;

– L’Aride : Q2 est compris entre 10 et 30 et P entre 100 et 300 mm / an ;

– Le Saharien : Q2 est inférieur à 10 et P inférieur à 100 mm / an.

• Chacun de ces climats admet des variantes en fonction de m (moyenne des minima du
mois le plus froid).

• 7<m: variante chaude

• 5<m<7: variante tiède ou douce

• 3<m<5: variante tempérée

• 0 <m < 3 : variante fraîche

• -3 <m < 0 : variante froide

• - 5 <m < - 3 : variante très froide

• m<-5: variante extrêmement froide

• Ces variations climatiques influencent considérablement la répartition géographique des


espèces végétales et même animales.

La figure ci-dessous situe les différents types de végétations potentielles dans le climagramme
d’Emberger (étages bioclimatiques en fonction des variantes climatiques et donc en fonction
de la moyenne des minima, m, (Quezel et Médail, 2003) :

21
22
Les figures 3-2 et 3-3 montrent les répartitions dans le climagramme d’Emberger de certaines
essences feuillues et d’autres résineuses.

Fig. 3-2- Aire de répartition de quelques essences sclérophylles en fonction du coefficient


pluviothermique d’Emberger et de la moyenne des minima du mois le plus froid.
(Quezel, 1976).

23
Fig. 3-3- Aires de répartition de quelques conifères méditerranéens en fonction du quotient
pluviothermique d’Emberger et de la moyenne des minima du mois le plus froid.

(Quezel, 1976)

3-1-2- Les facteurs anthropiques :

(A consulter le chapitre 4 de ce cours).

24
3-2- Les différents types d’écosystèmes :
3-2-1- Les forêts :

Les forêts méditerranéennes se distinguent de celles d’autres régions par leurs richesses en
espèces arborescentes, par leur hétérogénéité paysagère et par leur complexité (Quezel et
Médail, 2003). Les trois caractéristiques en question sont tributaires des facteurs
géographiques, orographiques, édaphiques, climatiques et anthropiques.

Selon la FAO, 2001, sont considérés comme forêts, les peuplements dont le recouvrement
arboré dépasse 10% d’une superficie supérieure à 0,5 ha et dont les arbres sont
potentiellement capables d’atteindre une hauteur minimale de 5m. Cette définition permet
d’inclure dans la strate arborescente certaine espèces de maquis (Erica arborea, Phillyrea
latifolia, Arbutus unedo, Pistacia lentiscus, etc.) évoluant dans des stations caractérisées par
des conditions écologiques (sol et climat) particulièrement favorables.

La forêt méditerranéenne ne couvre que 1,5 % de l’ensemble des superficies boisées ; elle
occupe environ 81 millions d’hectares, soit 9,4% de la surface totale de la région (FAO,
2001). Ce taux est très faible par rapport à celui de son ancienne extension. Les causes de
cette réduction sont essentiellement d’ordre anthropique comme il est détaillé au chapitre 4
de ce cours.

Les écosystèmes forestiers sont répartis en différents groupes de végétation (Quezel, 1976) :

a) Brousse thermophile à Oléastre et Pistachier,

b) Forêts de Conifères méditerranéens de Pin d’Alep, Pin brutia, Pin maritime, Pin
pignon, Thuya de Berbéris, Genévrier de Phoenicie, etc.

c) Forêts sclérophylles de chênes à feuilles persistantes : Chêne-vert, Chêne-liège,


Chêne-kermès, etc.

d) Forêts caducifoliées de Chêne-zeen, Chêne afarès, Chêne du Liban, Chêne tauzin,


Charme, Frêne, etc. ;,

e) Forêts de montagne ou de haute altitude : de cèdre, de pins noirs et de sapins,

f) Peuplements arborés de l’étage oroméditerranéen de genévriers arborescents et de


xérophytes épineux.^

25
Tableau 3-1-Types de forêts méditerranéennes (climat, sol, végétation), (M’hirit, in
FAO,)

Type Climat et étage de végétation Sol Type de foret


Précipitations Variabilité Saison Type Processus (espèces
(mm) (%) sèche d'évolution dominantes)
(mois)
Désertique et subdésertique P<100 <100 10-12 - Sols gris, - Encroûtement - Steppes arborées à
sierozem calcaire Acacia raddiana et A
- Sols - Salinisation Seyal.
salsodiques - Steppes
subdésertiques à
euphorbes et
chénopodiacées
- Regs et Hammada
sp. à Haloxylon sp.
Aride 100<P<300 50-100% 7-9 - Sols bruns de - Isohumisme - Forêts ou brousses
(méditerranéen inférieur) steppe, - Encroûtement à arganier au Maroc
Brunizem calcaire atlantique
- Sols - Salinisation - Brousses de
salsodiques pistachier de l'Atlas
et de jujubier en
Afrique du
Nord/Proche-Orient
- Brousses à acacia
gommier au Maroc
atlantique
- Steppes d'alfa et
d'armoise
Semi-aride 300<P<00 25-50% 4-7 - Sols marron - Isohumisme - Brousses
(thermoméditerranéen) - Sols rouges - Encroûtement thermophiles à
fersiallitiques calcaire oléastre et lentistique
- Vertisols et - Forêts de pin d'Alep
planosols sur tout le pourtour
méditerranéen
- Forêts de pin Brutia
en Anatolie et au
Proche-Orient
- Forêts de thuya de
Berbérie et de
genévriers de
Phénicie en Afrique
du Nord
- Forêts de cyprès
Subhumide 600<P<800 10-25% 3-5 - Sols rouges - Rubéfaction - Forêts de pin
(méditerranéen supérieur) fersiallitiques d'Alep, de pin Brutia
- Sols bruns et de pin maritime
fersiallitiques sur tout le pourtour
méditerranéen
- Forêts de pin
pignon en Espagne et

26
en Italie
- Forêts de chênes
sclérophylles: chêne
vert, chêne-liège,
chêne Kermès
Humide P>800 10-25% 3-5 - Sols bruns - Brunifaction - Forêts de sapins sur
(supraméditerranéen et fersiallitiques - Lessivage les montagnes du
montagnard méditerranéen) - Sols bruns pourtour
tempérés méditerranéen
- Sols bruns - Forêts de pin
lessivés maritime et de pin
noir
- Forêts de chêne-
liège
- Forêts de chênes
caducifoliés: zeen,
tauzin, afarès et
chêne pubescent dans
la partie occidentale;
chêne chevelu, chêne
des teinturiers, chêne
aegilops, charme
d'Orient dans la
partie orientale
- Forêts de cèdre:
cèdre de l'Atlas en
Afrique du Nord et
cèdre du Liban en
Turquie, en
République arabe
syrienne et au Liban
Haute montagne P>500 Lithosols et - Forêts de cèdres et
(oroméditerranéen) régosols de genévriers sèches
- Forêts de
genévriers: J.
excelsa, J. thurifera,
xerophytes épineux

Comme il a été signalé plus haut, le relief (altitude, pente et exposition) influence très
significativement les facteurs climatiques et particulièrement la température et les
précipitations. Cette influence est tellement importante qu’elle a un impact direct sur la
répartition de la végétation naturelle entrainant l’existence d’une succession d’étages
constitués, à chaque niveau altitudinal, d’espèces végétales différentes adaptées aux
conditions de température et d’humidité ambiantes. La pente, par le biais de l’importance
de l’épaisseur du sol et sa capacité à retenir l’eau par infiltration, peut jouer un rôle
considérable dans la répartition de la flore. Certains auteurs ont adopté une classification
des groupements végétaux selon le critère altitude tout en essayant de dégager des
corrélations entre l’altitude et la latitude et de constater une hétérogénéité de la
physionomie et du paysage.

27
3-2-1-1- Etagement de la végétation naturelle méditerranéenne ou zonation altitudinale

La notion d’étage doit rester liée au facteur écologique qui la détermine, c’est à dire la
température, en tenant compte aussi de la latitude, en admettant qu’un degré de latitude est
alors considéré comme équivalent à 100 m d’altitude (Ozenda, 1975 ; Ozenda et al., 1975 ;
Quezel, 1976). La végétation a une physionomie différente selon l’étage qu’elle occupe :
Exemple : pour les forêts méditerranéennes :
- étage inférieur à 200 m
- étage collinéen : 200 à 800m,
- étage montagneux : 800 à 1500m
- étage alpin : 1500 à 2000m,
- étage subalpin : >2000 m.
Pour ces mêmes forêts, les écologues ont défini les étages suivants :

Etages Altitude en m. Altitude en m.

Méditerranée méridionale Méditerranée septentrionale

E. méditerranéen inférieur 0 à 300 0 à 50


ou thermo-méditerranéen

E. méditerranéen supérieur 300 à 900 50 à 300


ou eu-méditerranéen

E. méditerranéen supérieur 900 à 1500 300 à 1000


ou supra-méditerranéen

E.montagnard 1500 à 2100 1000 à 1500


méditerranéen

E. de haute montagne > 2100 > 1500

a- Etage méditerranéen
Il est caractérisé par deux types principaux types de végétations :

- Forêt sempervirentes :

28
Brousse thermophile à Olea europea, Ceratonia siliqua, Pistacia lentiscus, etc. Elle
est généralement située sur sols calcaires et éruptifs. Elle occupe les étages
bioclimatiques subhumide et semi-aride à variantes chaude et tempérée.

- La forêt sempervirente sclérophylle (espèces à feuilles épaisses et persistantes) est


représentée essentiellement par le Chêne- liège, le Chêne kermès le Chêne- vert. Le Chêne-
liège est endémique au bassin méditerranéen occidental. Il s’installe sur sol acide (flysch
numidien).

La photo 3.1. représente une chênaie mixte vers le bas (Quercus suber et Quercus
coccifera), et du chêne-liège pur dans la partie plus haute. Ce peuplement évolue sur sol
gréseux (flysch numidien) à une altitude variant de 150 m à 250 m.

29
Sur la photo 3.2. on constate la présente de Smilax aspera (plante grimpante) et de Nerium
oleander, deux espèces indicatrices de l’humidité du milieu.

- La forêt thermophile à conifères : on la trouve au Nord et au Sud de la Méditerranée.


L’aire de répartition est vaste. Les espèces principales sont :

• Pinus halepensis et Pinus brutia qui se développent sur sol marneux et calcaro-marneux.
Ils s’installent difficilement sur sol siliceux. Ils occupent les étages bioclimatiques
subhumide et semi- aride en Afrique du Nord.
• Pinus pinaster : Il est généralement associé au chêne- liège. Il pousse sur substrat
siliceux et est calcifuge.
• Les cyprès : Cupressus sempervirens var. Makthar, est une espèce noble en voie de
disparition.

30
• La Thuya de Berbérie (Callitris articulata ou Tetraclinis), ne résiste pas au froid,
préfère la variante chaude et tempérée.
• Le Genévrier : Juniperus : ce sont des formations de dégradation qui se trouvent en
Afrique du Nord et au Proche Orient.
b- Etage eu- méditerranéen
C’est l’étage le plus représentatif de la région méditerranéenne et le plus étudié. La
végétation caractéristique peut exister jusqu’à l’altitude 2000 m. on y rencontre
notamment les chênes sclérophylles :

- Quercus ilex : (chêne vert) : cette espèce ne forme pas un climax à cause de la
fréquentation anthropozoïque du milieu.
- Quercus coccifera : (chêne kermès) :joue le rôle de Quercus ilex au moyen orient.
En Tunisie, il existe sur le littoral : de Tabarka au Cap Bon ; il peut monter jusqu’à
200 m d’altitude en passant du sol alcalin (sur dunes) au sol à flysch numidien.
- Quercus suber ou chêne-liège : endémique du bassin méditerranéen occidental où
il joue un rôle économique et socio-économique important. Il est souvent
concurrencé par le Chêne vert en Europe et au Maroc.

c- Etage méditerranéen supérieur


Il est caractérisé par les essences caducifoliées. Ce type de forêt peut céder la place
aux conifères sous l’action de l’Homme.

Quercus pubescens (chêne pubescent) peut occuper cet étage à la rive septentrionale
de la Méditerranée, alors que Quercus canariensis , (chêne zeen) l’occupe à la rive
méridionale. On trouve aussi le Chêne afarès ,(Q. afares), espèce endémique entre le
Nord Ouest tunisien et le Nord Est algérien, qui est remplacé au moyen orient par
Quercus infectoria.

d- Etage montagnard
Cet étage est caractérisé par une forêt de cèdre (Cedrus), de sapin (Abies marocana)
et de Pin noir (Pinus nigra). En Afrique du Nord, il existe seulement en Algérie et au
Maroc.

- le Cèdre : Cedrus atlantica est remplacé au moyen orient par Cedrus libani, mais
les deux espèces se ressemblent beaucoup. Ils sont adaptés aux sols calcaires et
31
siliceux et occupent les étages bioclimatiques humide et subhumide et peuvent
aller jusqu’au semi- aride.
- Le Sapin : très localisé en Afrique du Nord et remplace le Cèdre en Europe. Le
Cèdre n’existe pas, à l’état naturel en Europe, mais on trouve de belles cèdraies,
issues de reboisements, en France. La croissance est très lente, le bois est noble et
régulier.
- Pinus nigra (Pin noir) : occupe de vastes superficies en Europe ...
- Pinus sylvestris (le Pin sylvestre)

- Abies alba (le Sapin blanc).


- Fagus sylvatica : (le hêtre).

3-2-1-2- Structures des forêts :


Les groupements forestiers proprement dits constituent des structures de végétations
relativement stables. Toutefois, les activités anthropiques peuvent entrainer une
dégradation sévère de ces structures pouvant entrainer le passage d’une structure arborée
à une structure arbustive et même aboutir à une pelouse (voir cap.4). le cortège
floristique est constitué essentiellement d’espèces sylvatiques qui s’intègrent
parfaitement dans des unités phytosociologiques de type forestier, à sol évolué (Quezel
et Médail, 2003).
On rencontre aussi des groupements dits préforestiers qui évoluent dans des ambiances
bioclimatiques perhumide, humide et subhumide. Ces formations végétales naturelles
sont fortement anthropisées (pastoralisme, prélèvement de bois, etc.). Le sol est
relativement bien conservé .les structures sont généralement du type mattoral arboré ou
maquis et peuvent évoluer vers des structures forestières ;
Les groupements présteppiques sont des formations arborées clairsemées dont la sous
strate ne possède pratiquement plus d’espèces se rapportant aux unités ou séries
phytosociologiques classiques forestières ou préforestières (Abi Salah et al., 1976). Ces
groupements sont très répandus au Sud et à l’Est de la Méditerranée.

3-2-2- les steppes


Les steppes sont des écosystèmes dont les formations végétales constituent
l’aboutissement de la dégradation de lécosystème forestier sous l’action des conditions
climatiques et de l’anthropisation (action de l’Homme et de son cheptel). Elles
32
appartiennent aux étages bioclimatiques semi-arides et arides, et leurs végétations peuvent
constituer une transition vers l’écosystème désertique.

Elles correspondent, en région méditerranéenne à des pluviosités comprises entre 100 et


400 mm. Les paysages caractéristiques et correspondant aux bioclimats indiqués ci-haut
sont (M’hirit, FAO) :

- Forêt ou brousse à Arganier,

- Brousse à pistachier atlantique et jujubier,

- Brousse à acacia,

- Steppes à Graminée (Alfa : Stipa tenacissima), à sulfrutex (Armoise et


Salsolacées) ; ces steppes couvrent de très vastes superficies en Afrique du Nord.
Elles sont essentiellement utilisées pour le pâturage ovin.

D’une manière générale, et en milieu aride, la végétation naturelle est généralement courte
(strate herbacée ou arbustive basse) et éparpillée (clairsemée) à cause de l’insuffisance et
de l’irrégularité des pluies, de la faiblesse.de l’humidité relative et de l’intervention
humaine (pastoralisme, activité économique comme la récolte de l’alfa en vue de la
transformer en pâte à papier.

.le mot steppe peut désigner selon les régions, une prairie, une savane ou des broussailles
tempérées.

La photo 3.3. montre un paysage de steppe à alfa sur les plateaux de la Tunisie centrale.

33
Chapitre 4 : Impacts anthropiques, Biodiversité et Conservation
des écosystèmes :
4-1- Impacts anthropiques

4-1-1- La déforestation
La déforestation s’effectue actuellement à un rythme très accéléré, de telle manière
qu’elle prend les dimensions d’une catastrophe écologique globale (mondiale).

La vitesse de disparition des forêts excède de loin, dans la plupart des régions du globe, le
taux de renouvellement de ces ressources naturelles (reboisement, régénération naturelle,
etc.).

Cette destruction des forêts provoque des perturbations très graves des écosystèmes naturels,
induisant ainsi l’augmentation incessante de la fréquence de certains désastres réputés naturels
comme les inondations, les avalanches, les glissements de terrains, les comblements accélérés
des lits des fleuves, des zones deltaïques et des retenues de barrages consécutifs de l’érosion
des bassins versants, etc.

4-1-1-1- Les causes de la déforestation :


Les effets de l’Homme sur les écosystèmes forestiers, étaient, et continuent à être très
grands. L’Homme progresse du point de vue civilisationnel au détriment des ressources et
réserves naturelles qu’il détruit ; de ce fait, des régions entières du monde ont été
complètement dénudées de forêts.
Beaucoup de misère humaine, au fil des siècles, a été attribuée à l’élimination de
grandes ressources forestières du bassin méditerranéen à la fin de l’Antiquité et de l’Europe
centrale au cours des 12ème et 13ème siècles. Aujourd’hui, il est possible de constater
l’existence de ruines de cités urbaines au milieu des déserts. Certaines régions étaient très
fertiles et capables de nourrir et d’abriter des populations importantes (c’est le cas des
bordures de L’Euphrate et Tigre en Irak), actuellement, elles ne peuvent supporter que peu de
gens.

D’après une carte faite en 1540, les limites Sud du Sahara étaient à 400 Km plus au nord que
ses frontières actuelles.

Il est légitime de se demander alors : Pourquoi cette déforestation ?

34
En région méditerranéenne comme partout dans le monde, on constate l’existence de
plusieurs causes de déforestation qui peuvent agir simultanément ou chacune à part. Les
principales sont l’exploitation du bois en tant que matière première et comme combustible, la
défriche des forêts (afin d’obtenir de nouvelles terres pour l’agriculture, l’élevage, le
développement des infrastructures, le développement du tourisme de masse, etc.), le
surpâturage, les incendies et les pollutions.
– Les coupes de forêts
Compte tenu de la croissance démographique qui entraîne l’augmentation des besoins en
infrastructure (autoroutes et routes, aéroports, chemins de fer, construction diverses), en
produits énergétiques (bois de chauffage et de cuisson), en terre de culture et de pâturage, en
matière première pour les industries du bois, etc. ; l’Homme se rabat sur la forêt en la
coupant, de manière anarchique, afin de subvenir à ces besoins.
Cette coupe des forêts constitue une des principales causes de déforestation et elle va
en s’accentuant vue l’augmentation des besoins mondiaux en bois pour les usages industriels
et énergétiques.
La consommation mondiale croît de façon ininterrompue depuis la fin de la 2ème guerre
mondiale. Entre 1950 et 1985, elle a augmenté de 100 %.
Dans les pays en voie de développement la coupe des forêts sert à l’obtention du bois de
chauffage ou de cuisson, soit directement soit après transformation de celui-ci en charbon ;
80% de la totalité des abattages sont destinés à cet usage.

– La défriche des forêts

Dans les pays de la Rive méridionale de la Méditerranée, la défriche des forêts, en vue, de les
convertir en terres de culture ou de pâturage, constitue une des causes majeures de la
déforestation ; par contre, dans certains pays de la Rive septentrionale, où l’agriculture est
modernisée, on assiste au phénomène inverse à savoir le retour des forêts sur les terres
marginales, autrefois cultivables.

En Tunisie, par exemple, durant l’époque coloniale, la colonisation des terres agricoles
s’est étendue aux formations forestières les plus faciles à défricher et dont les conditions du
milieu sont plus propices aux cultures ; de très grandes superficies furent déclassées du
domaine forestier entre 1920 et 1932 (environ 250.000ha). Cette extension des fermes de
colons, a encore repoussé les habitants autochtones dans les massifs forestiers où ils ont
35
adopté un train de vie, qui subsiste encore de nos jours. Les défrichements sont encore
pratiqués à cause de la dépendance des populations de certains pays méditerranéens du bois
en tant que source d’énergie pour leur vie quotidienne.

Photo 4-1 - Conversion, par défrichement, du milieu forestier en terrain de


construction et d’infrastructure routière : changement de vocation pour des raisons
économiques.

Le défrichement peut aussi être pratiqué par l’Administration forestière en vue de


reboiser (souvent des reboisements de substitution dont la réussite est souvent compromise
par l’absence de mise en défens stricte ce qui contribue à la dégradation du domaine
forestier).

– L’incendie en forêts
L’incendie constitue l’une des causes prépondérantes du déboisement du globe par
l’Homme. En effet, depuis sa découverte du feu, il y a de cela plus d’un million d’années,
l’Homme a disposé d’un moyen très efficace pour agir sur les autres être vivants (faune et
flore : usage du feu pour traquer ou faire fuir le gibier qui peut entraîner des bouleversements
très importants de la végétation environnante).
Au fil du temps, l’Homme augmente en effectifs, progresse en civilisation, il découvre
l’agriculture et il a eu toujours besoin davantage de superficies où domine la strate herbacée
36
afin de pouvoir pratiquer l’élevage et le labour, il a eu le plus souvent recours au feu pour
détruire la végétation ligneuse.

Ainsi, ces incendies volontaires du couvert forestier, ont provoqué sa disparition et son
remplacement, sur des millions de Km², par des savanes dans les régions tropicales du globe.
Ces pratiques sont encore en vigueur dans plusieurs régions du monde.

Les écosystèmes forestiers méditerranéens ont très souffert de ce phénomène et ont été
dégradés depuis de longues dates par les usages anthropiques du feu en vue de convertir les
forêts en terre de culture et de pâturage. Actuellement, la fréquentation touristique exagérée,
constitue une cause importante d’incendie dans les forêts méditerranéennes (jets de cigarettes,
pique-niques, etc.).

On estime, au cours de la décennie (1980 – 1990) à plus de 200.000 ha la surface


forestière détruite chaque année par les feux dans l’ensemble du bassin méditerranéen et,
malheureusement, la tendance est à la hausse.

Dans le bassin méditerranéen, caractérisé par son climat marqué par une coïncidence
de l’élévation de la température avec la saison sèche (en été), l’incendie est favorisé par cette
coïncidence et entraîne des modifications très importantes de facteurs physico-chimiques des
biotopes où il se propage. Il constitue pour les forêts méditerranéennes une véritable
catastrophe écologique car il appauvrit les sols et altère leur structure. Il se propage, à
l’époque estivale, de sorte que les températures atteintes dans les couches superficielles sont
très élevées.

Il en résulte une combustion totale non seulement de la litière mais de l’humus même en
profondeur. Les éléments minéraux nutritifs libérés par l’incendie sont le plus souvent
entraînés par les vents et lessivés par les premières pluies d’automne et ne contribuent, donc,
que très peu à l’enrichissement de ce sol.

Dans toutes les régions méditerranéennes les forêts primitives n’existent plus et ont été
remplacées au cours de l’histoire, sous l’effet des usages anthropiques du feu, par des
boisements constitués par des espèces arbustives résistantes à l’incendie et dont la repousse
et/ou la germination des graines est favorisée par le passage du feu.

Les causes des incendies sont portées sur le tableau suivant :

37
– Le pâturage en forêts :
Le pâturage constitue aussi une cause importante de déforestation. Cette pratique est
répandue dans la plupart des régions d’anciennes civilisations, elle a joué un rôle déterminant
au même titre que l’incendie, dans la régression des forêts climaciques méditerranéennes par
exemple.

Le pâturage en forêt entraîne une dégradation progressive de la végétation arborée.


Tous les animaux se nourrissent essentiellement en forêts, de jeunes pousses, empêchant ainsi
toute régénération.

Photo 4-2- En premier plan nous sommes en présence d’un maquis arboré. Il est à souligner
ici la coupe, par l’Homme, des branches des arbres (il s’agit d’arbres de Quercus canariensis)
et ce dans deux objectifs : nourrir les animaux par les feuilles et obtenir le bois pour le
chauffage ou pour la carbonisation.

38
Photo 4-3- Quoique la chèvre est dite la vache du pauvre, les caprins constituent, lorsque leurs
effectifs dépassent de loin l’offre nutritive du Milieu, un facteur de destruction par excellence
de l’écosystème.

Les chèvres montent aux arbres pour en dévorer le feuillage, ce qui entraîne
l’affaiblissement de ces derniers, la diminution de leur croissance et l’augmentation de leurs
sensibilités aux attaques des maladies cryptogamiques et des insectes xylophages.

39
Photo 4-4 – Dégradation de la végétation naturelle par défrichement et surpâturage : le
résultat est un ravinement intense qui commence à s’installer.

4-1-1-2 – Importance de la Déforestation :


Le phénomène de déforestation est général dans le monde mais à des degrés différents.
Les forêts les plus menacées sont les forêts tropicales, les forêts d’altitude d’Asie et
d’Amérique latine et les vestiges qui subsistent des forêts méditerranéennes existant dans le
bassin méditerranéen et dans les zones écologiquement homologues d’Amérique et
d’Australie.

En Tunisie, par exemple, à l’époque romaine, environ 3 millions d’ha étaient couverts de
forêts, il n’en restait, au cours des années cinquante que 300.000 ha donc le 1/10.
Actuellement, la superficie boisée, toujours en Tunisie, est de 600.000 ha, soit 4% du
territoire (suite surtout aux efforts de reboisement des années soixante).Mais la végétation
autochtone composée d’essences comme les chênes, le Pin d’Alep, etc. ; continue à régresser
d’environ 1 à 2 % par an (en effet, la chênaie-liège, par exemple, est passée de 127.000 ha au
début des années cinquante à environ 70000 ha actuellement.

40
Photo 4-5- stade très avancé de dégradation d’une suberaie (foêt à Chêne-liège) : la pression
humaine par le cheptel et la coupe des arbres et du maquis a abouti à une sorte de brousse
arborée à chêne-liège.

Photo 4-6- outre les actions précédentes on assiste ici à l’installation de l’habitat sur les
vestiges de la forêt à chêne-liège. La disparition de la couverture végétale a entrainé le départ
d’une érosion dynamique du sol se traduisant par l’apparition de ravinement qui va plus tard,
nature du sol aidant, menacer l’existence même des maisons.
41
Photo 4-7- L’existence des clairières forestières s’explique par l’histoire des populations
humaines et leurs besoins à avoir une économie de survie.

42
D’après Hasnaoui, 2001.schéma montrant l’impact des conditions du milieu et de l’Homme
sur la régénération du Chêne-liège ou du Chêne-zeen dans un écosystème forestier de la Rive
Sud de la Méditerranée ;
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4-1-1-3- Conséquences écologiques de la déforestation :

La déforestation représente, en soi, une catastrophe écologique de grande ampleur si


l’on considère les énormes pertes de ressources naturelles vivantes qui en découlent (ces
ressources sont normalement renouvelables à condition qu’elles soient gérées
rationnellement).

En plus, la déforestation peut influencer la fréquence et l’ampleur d’un grand nombre


de catastrophes réputées, à tort, naturelles. Ces dernières résultent des dérèglements de l’eau
consécutifs au déboisement.

En milieu continental, le cycle de l’eau est conditionné essentiellement, par la nature


du sol et la végétation ; ces deux facteurs interfèrent de plusieurs manières pour régler ce
cycle par l’action combinée de l’évapotranspiration et de l’infiltration qui approvisionne les
nappes phréatiques. D’autre part, l’eau constitue un agent puissant d’érosion des sols à partir
du moment où la couverture végétale est dégradée.

La conservation de l’eau et du sol dépend donc, en premier, lieu de la protection de la


végétation des bassins versants.

La disparition de la forêt entraîne la réduction de l’évapotranspiration et de


l’infiltration et l’augmentation très importante du ruissellement.

La végétation ligneuse intervient de manière efficace pour diminuer l’énergie


cinétique de chute des gouttes d’eau interceptées et amorties par le feuillage. La surface des
forêts couverte par la strate muscinale, la litière et l’humus joue le rôle d’éponge, se gorgeant
d’eau lors des précipitations et la restituant ensuite lentement au sol.

Parmi les conséquences néfastes de la déforestation on peut citer : les inondations, les
glissements de terrain, les avalanches, l’altération pédologique du sol, l’érosion hydrique, etc.

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D’après Hasnaoui, 1995 : Impact de l’anthropisation sur l’équilibre de l’écosystème.

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4-1-2-La désertification
Une période de sécheresse est définie par un déficit de précipitations exprimé en % par
rapport à la moyenne du lieu considéré.

Il est admis qu’une baisse de 25 à 30 % des précipitations entraîne une diminution des
rendements agricoles dans les pays tempérés et se traduit par une récolte catastrophique dans
les zones tropicales à saison sèche prolongée. Ce déficit a des conséquences d’autant plus
désastreuses qu’il coïncide avec des périodes très importantes pour la végétation (levée,
maturation, etc.).

Le terme d’aridification désigne la tendance climatique qui se manifeste par une


diminution de la fréquence et / ou de l’intensité des précipitations dans le moyen et le long
termes.

La désertification est la conséquence écologique des phénomènes de sécheresse et


d’aridification. Elle se traduit par une augmentation des superficies des déserts au détriment
d’écosystèmes steppiques utilisés par le pastoralisme et même aux dépens de zones de
cultures.

Le stade ultime de cette régression est l’invasion de ces superficies par des dunes de sable.

La désertification a deux types de causes : des causes naturelles et des causes anthropiques.

– Les causes naturelles


Il s’agit essentiellement des facteurs climatiques naturels. En effet, au fil du temps, le
climat a connu des fluctuations qui peuvent être importantes pour une région donnée. Le
Sahara, par exemple a connu, au cours des quelques dernières dizaines de milliers d’années,
des changements climatiques considérables qui ont fait que la superficie totale peut augmenter
ou diminuer selon les périodes.
– Les causes anthropiques

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Photo 4-8- Exemple de désertification venant du littoral du Nord de la Tunisie suite à la
défriche de la végétation naturelle (pour des raisons économiques) assurant la fixation de la
dune.

L’action de l’Homme joue un rôle de premier plan dans la désertification. Dans les
zones fragiles (limite entre désert et steppe), il y avait un équilibre écologique de l’écosystème
qui permettait la vie de l’Homme et de la faune domestique et sauvage sans qu’il y ait
apparition de famine. La pression humaine sur le couvert végétal des zones menacées
constitue un facteur essentiel de désertification.
La croissance démographique entraîne une augmentation numérique des troupeaux qui
aura, pour conséquence, un surpâturage qui exercera une action catastrophique sur la
végétation herbacée et ligneuse. En outre, la demande de bois de chauffage et de cuisson
s’élève proportionnellement à l’effectif de la population, ce qui constitue un autre facteur de
déforestation.
La mise en culture des terres semi-arides constitue un autre facteur de désertification
aussi important que le surpâturage voire supérieur à celui – ci. L’augmentation des
superficies cultivées est en rapport direct avec la croissance démographique.

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 L’extension des déserts est tout autant provoquée par l’Homme que par les déficits
pluviométriques transitoires.

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4-2- Perspectives de la Biodiversité végétale des écosystèmes méditerranéens :

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