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Ecole des Ponts ParisTech 31 mai 2018

Département GCC

Cours de Calcul à la Rupture : contrôle des connaissances


Durée : 3h00

Tous documents et notes de cours autorisés


Le sujet comporte un exercice et deux problèmes indépendants

Exercice : poids limite d’un véhicule circulant sur un pont (1,5 points)

Q
L x
O A B

L

Une poutre-console de longueur L, encastrée à son extrémité O et simplement appuyée à son


autre extrémité B, est soumise à l’action d’une charge verticale concentrée d’intensité Q
(comptée positivement vers le bas) appliquée au point A d’abscisse x   L, 0    1 (figure).
La résistance de cette structure est caractérisée en tout point par le moment limite m en flexions
positive et négative.
1. Quelles sont les sections potentiellement critiques de cette structure ? Expliquer pourquoi
il n’y a qu’un seul mécanisme de ruine possible mettant en jeu des rotules en ces sections, défini par la
distribution de flèche virtuelle suivante :
ˆ / ( L)
qx si 0  x   L
vˆ( x)   avec qˆ  vˆ( x   L) (1)
qˆ (1  x / L) / (1   ) si  L  x  L
et calculer les discontinuités de taux de rotation virtuelle aux rotules en fonction de qˆ, et L .

2. Calculer la puissance résistante maximale associée à ce mécanisme, ainsi que la puissance


virtuelle des efforts extérieurs, et en déduire la valeur du chargement de ruine Q+.
3. Le chargement Q représentant le poids d’un véhicule se déplaçant sur la structure qui
modélise un pont, calculer la valeur maximale que ne doit pas dépasser ce poids pour que le
véhicule puisse traverser ce pont sans que celui-ci ne s’effondre.
 2  
Indication : min 
0 1  (1   )
  3 2 2
 
1
Corrigé

1. Les sections potentiellement critiques étant au nombre de n=2 (sections O et A) et, le degré
d’hyperstaticité de la structure étant égal à k=1, le nombre de mécanismes indépendants est égal
à r  n  k  1 . Il s’agit du mécanisme de poutre représenté sur la figure et défini par (1), qui
met en jeu les deux rotules O et A.
Les discontinuités de taux de rotation en ces points valent alors :

dvˆ dvˆ qˆ
ˆO  ( x  0 )  ( x  0 )   0
dx dx L
dvˆ dvˆ qˆ  qˆ  qˆ
ˆA  ( x   L )  ( x   L )    0
dx dx (1   ) L   L  (1   ) L

2. La puissance résistante maximale développée dans le mécanisme (1) s’écrit :

 
Prm  m | ˆO |  | ˆA | 
2 
m
 (1   ) L

d’où puisque la puissance virtuelle des efforts extérieurs est égale à Qqˆ , l’obtention du
majorant suivant :
2  m
Q 
 (1   ) L
qui est en fait la valeur exacte de la charge de ruine.

3. La valeur minimale de cette charge de ruine étant obtenue lorsque   2  2  0,586 :


m
min Q   Q  (  2  2)  (3  2 2)
 L
le véhicule peut traverser le pont tant que son poids W reste inférieur à cette valeur :
m m
W  (3  2 2)  5,83 .
L L

2
Problème 1 : stabilité d’une fouille butonée (3 points)

butons
H
(C ,  )
H /2

Une tranchée de profondeur H excavée dans un sol purement cohérent (critère de Tresca de
cohésion égale à C) et pesant (poids volumique  ) est stabilisée par une rangée horizontale de
butons placée à mi profondeur comme indiqué sur la figure ci-dessus. L’espacement régulier
des butons étant désigné par e, l’action de chacun d’entre eux est modélisé par un effort de
compression donné et fixé égal à N0. On se propose d’analyser la stabilité d’une telle tranchée
à l’aide de l’approche cinématique du calcul à la rupture en utilisant les trois mécanismes par
bloc en translation représentés ci-dessous :

O B O B' O B' B
U
U  U
 45
A'
N0 / e N0 / e
A'
N0 / e 
45 45
A A

a) (b) (c)

1. Calculer pour chaque mécanisme la puissance virtuelle des efforts extérieurs (par unité de
longueur transversale) : poids volumique du sol et action de la rangée de butons. On observera
que cette dernière n’intervient pas dans les mécanismes (b) et (c), les blocs en translation
passant respectivement au-dessus et en dessous des butons.

2. Identifier pour chacun des mécanismes les lignes de discontinuité de vitesse tangentielle
entre le bloc en translation et le reste du massif de sol, puis calculer la puissance résistante
maximale correspondante en fonction de C, H et U>0.

3
3. En déduire trois majorations du facteur de stabilité adimensionnel de l’ouvrage ( H / C )
soit constantes, soit fonctions du paramètre n0  N0 / (eH ) que l’on interprétera. Commenter
les résultats.

4. Calculer le majorant obtenu à l’aide du O C


mécanisme à deux blocs en translation (dont on 
U
tracera l’hodographe des vitesses) représenté sur
la figure ci-contre, où l’effort exercé par la
N0 / e D B
rangée de buton est appliqué juste au-dessus du 
point D. Conclure en le comparant aux majorants 45
calculés précédemment. A

5. Quel est le risque encouru si l’effort de


compression N0 exercé par chaque buton est trop
élevé ?

Corrigé

1. La puissance virtuelle des efforts extérieurs s’écrit comme suit pour chacun des
mécanismes :
-Mécanisme (a)
poids du
bloc OAB action des butons
 2 2 N0 
Pe (Uˆ )  1/ 2 H 2 U cos 45( N 0 / e)U cos 45   H2  U
 4 2 e 
-Mécanisme (b)
poids du
bloc OA'B'
2
Pe (Uˆ )  1/ 2 ( H / 2) 2 U cos 45   H 2U
16
-Mécanisme (c)
poids du
bloc A'ABB'
3 2
Pe (Uˆ )  1/ 2 ( H 2  H 2 / 4)U cos 45   H 2U
16
2. Les segments de discontinuité de vitesse sont : AB dans le mécanisme (a), A’B’ dans le
mécanisme (b), ainsi que AB et A’B’ dans le mécanisme (c). D’où les expressions
correspondantes de la puissance résistante maximale :

(a) : Prm (Uˆ )  AB  CU  CH 2U

(b) : Prm (Uˆ )  A ' B ' CU  C ( H / 2) 2U

(c) : Prm (Uˆ )  ( AB  A ' B ')  CU  C (3H / 2) 2U

4
3. Les majorations auxquels conduisent ces trois mécanismes sont les suivants :

HH   2 2 N0 
   U  0,  H2  U  CH 2U
C  C   4 2 e 
-Mécanisme (a) :

H   n0 
d'où    4 1  
 C   2C 
où n0  N0 / eH peut s’interpréter comme la pression moyenne qu’exercent les butons sur le
parement vertical de la tranchée, traduisant l’effet stabilisateur de ces derniers.

H H  2
   U  0,  H 2U  C ( H / 2) 2U
C  C  16
-Mécanisme (b) : 
H 
d'où   8
 C 

HH  3 2
   U  0,  H 2U  C (3H / 2) 2U
C  C  16
-Mécanisme (c) : 
H 
d'où   8
 C 
Il apparaît ainsi que les mécanismes (b) et (c) qui ne font pas directement intervenir l’action
des butons, conduisent au même majorant du facteur de stabilité extrême de l’ouvrage. Le
majorant optimal s’écrit alors :

H    n0  
   min 4 1   ;8
 C    2C  
4. L’hodographe des vitesses représenté sur la figure ci-dessous permet de calculer les
vitesses des blocs et les discontinuités de vitesse le long des segments AB, BC et BD en fonction
de U.
O C

1
U 2 U
D B
2 U
45
A

On peut alors calculer la puissance virtuelle des efforts extérieurs et la puissance résistante
maximale :

poids du poids du
bloc OCDB bloc ABD
3
Pe (Uˆ )   ( H / 2) 2 U  1/ 2 ( H / 2) 2 U cos 45   H 2U
8

5
Prm (Uˆ )  (CB  BD)  CU  AB  CU 2  2CUH

d’où :

H H  3
   U  0,  H U  2CUH
2

C  C  8

  H  16
     5,33
 C  3
ce qui améliore la majoration du facteur de stabilité extrême de l’ouvrage puisque :

H    n0  
   min 4 1   ;5,33
 C    2C  
Sachant que la valeur exacte du facteur de stabilité extrême de l’ouvrage non butoné est
proche de 3,83 (obtenue à l’aide de mécanismes avec « cercles de glissement »), l’augmentation
relative de stabilité que l’on peut attendre d’une seule rangée de butons placée à mi profondeur
est au maximum égale à :
(5,33  3,83) / 3,83  39%

Il est vraisemblable que l’efficacité du procédé de butonage doit pouvoir être sensiblement
améliorée en répartissant le même effort N0 sur plusieurs rangées de butons.
5. Une valeur trop élevée de l’effort N0 risque en effet de provoquer une « rupture en butée »
de l’ouvrage comme l’illustre par exemple le mécanisme par bloc représenté sur la figure ci-
dessous, analogue au mécanisme (b), mais dans lequel le sens de la vitesse est inversé tandis
que l’effort exercé par les butons est pris en compte.
O B'
U

45 
N0 / e
A'

L’utilisation de l’approche cinématique par l’extérieur donne alors immédiatement :


poids du
bloc OA ' B ' action des butons
 2H 2 2 N0 
Pe (Uˆ )  1/ 2 ( H / 2) U cos 45  ( N 0 / e)U cos 45   
2
 U
 16 2 e 
Prm (Uˆ )  CHU / 2

N0 H
d’où n0  C
eH 8

6
Problème 2: résistance à la torsion d’un cylindre composite (3,5 points)

renfort (kr )

H matrice (km )

b
a

Un cylindre circulaire de hauteur H et de rayon b est constitué d’une matrice homogène


renforcée par une fibre de rayon a  b placée en son centre comme indiqué sur la figure.
Chacun des matériaux constituant ce cylindre composite obéit à un critère de résistance de von
Mises :
1/2 k si 0  r  a
1/ 2 tr( s 2 )    r 0, avec kr  km , s    1/ 3(tr )1
 
 km si a  r  b
Les forces de volume étant négligées, le cylindre est soumis à un chargement défini par les
conditions aux limites suivantes :
 bord extérieur du cylindre (r=b) libre d’efforts ;
 section inférieure (z=0) encastrée : U  0 ;
 section supérieure (z=H) soumise à un mouvement de rotation de vitesse  autour
de l’axe Oz: U  re .
1. Montrer que la puissance des efforts extérieurs dans un champ de vitesse virtuel
quelconque cinématiquement admissible avec  peut s’écrire :
2 b

Pe (Uˆ )   avec =     z r 2drd


0 0

où  désigne le couple de torsion qui représente le paramètre de chargement du cylindre, dont


on se propose d’évaluer la valeur extrême 

2. Approche statique par l'intérieur. On considère le champ de contrainte défini en


coordonnées cylindriques comme suit :

7
  kr si 0  r  a
   (e  e z  e z  e ) avec 
  km si a  r  b
2.1. Montrer que ce champ de contrainte est statiquement admissible et calculer la valeur du
couple de torsion qu’il équilibre en fonction de a, b, kmet kr .

2.2. Vérifier que ce champ respecte le critère de résistance en tout point du cylindre
composite et en déduire un minorant de 

3. Approche cinématique par l'extérieur. Cette approche est mise en œuvre à l’aide du
champ de vitesse suivant :
z
Uˆ   r e
H
3.1. Vérifier que ce champ est bien cinématiquement admissible et calculer le champ de taux
de déformation d associé dont on montrera la pertinence.
3.2. Calculer la puissance résistante maximale associée à ce champ et en déduire un majorant
de 
3.3. Conclure quant à la valeur exacte de que l'on exprimera en fonction de la résistance
en torsion du cylindre non-renforcé, notée  0 , de la fraction volumique du renforcement
  (a / b)2 et du coefficient de renforcement R  kr / km  1.
z
4. On suppose que, le rayon b et la fraction volumique
 du renforcement étant maintenus constants, la matrice matrice
est placée au centre sous la forme d’un cylindre circulaire renfort
a'
de rayon a ' entouré par le matériau de renforcement (voir b
figure ci-contre). Calculer le rayon a ' en fonction de b et
 . En déduire la nouvelle valeur de la résistance à la torsion
de ce cylindre composite que l’on comparera à celle du
précédent. Conclure.
Indication : 1   3/2  (1   )3/2  0 pour 0    1

Corrigé
y
1. L’expression de la puissance des efforts extérieurs dans tout champ de vitesse
cinématiquement admissible avec  s’écrit :
0 x
Pe (Uˆ )   T .U dS    F .U d
 
0 0 re
 
S ( z 0)
T .U dS  
S ( r b )
T .U dS  
S ( zH )
T . U dS  
S ( z H )
rT (n  e z )dS

8
soit : Pe (Uˆ )   avec = 
S ( z H )
r  z dS

2. Approche statique par l'intérieur

2.1. Le champ de contrainte :

  kr si 0  r  a
   (e  e z  e z  e ) avec 
  km si a  r  b
vérifie bien l’équation d’équilibre en l’absence de forces de volume (div  0) dans la matrice
et dans le renfort. Il est discontinu à l’interface renfort-matrice (r=a) de normale unitaire n  er
, mais vérifie bien l’équation de saut :
 .er  (km  kr )(e  e z  e z  e ).er  0
Il respecte par ailleurs la condition de bord libre d’efforts sur le pourtour extérieur du
cylindre :
 (r  b).er  km (e  e z  e z  e ).er  0
et équilibre enfin la valeur suivante du couple de torsion :
2 b
a 2 b
 2
=     z r drd  2   kr r dr   kmr 2dr  
2
kmb3  (kr  km )a 3 
0 0 0 a  3

2.2. Ce champ respecte bien par ailleurs les critères de résistance respectifs de la matrice et
du renfort. En effet :
1/2 k si 0  r  a
tr  0  s   et donc 1/ 2 tr( s )   r
2

 km si a  r  b
d’où f ( )  0 en tout point du cylindre composite. Il en résulte que le couple de torsion
équilibré par ce champ de contrainte constitue un minorant de 
2
   kmb3  (kr  km )a3 
3

3. Approche cinématique par l’extérieur


3.1. Le champ de vitesse considéré respecte bien les conditions aux limites en vitesse
imposées aux deux extrémités du cylindre :
Uˆ ( z  0)  0 et Uˆ ( z  H )  re

Le champ de taux de déformation qui lui est associé a pour expression :


r
d (e  e z  e z  e )
2H
de sorte que le champ de vitesse est bien pertinent puisque tr d  0 , la fonction d’appui prenant
alors pour valeur :

9
r
  m, r :   (dˆ )  k 2dˆ : dˆ  k
H
3.2. La puissance résistante maximale correspondante vaut :
 ar b
 r  2
Prm (Uˆ )    (dˆ )d=2 H  kr  dr  km  dr    kr a3  km (b3  a3 ) 
  0 H a
H  3

d’où par application de l’approche cinématique du calcul à la rupture :


2  3
    ,     kr a  km (b3  a3 ) 
3
soit en prenant   0 :
2  3
   kr a  km (b3  a3 ) 
3
Les bornes statique et cinématique étant égales, on obtient finalement la valeur exacte de la
résistance en torsion du cylindre composite qui peut se mettre sous la forme :
  0 1  ( R  1) 3/2 

où 0  2 kmb3 / 3 désigne la résistance en torsion du cylindre non-renforcé,   (a / b)2 la


fraction volumique du renforcement et R  kr / km  1

4. Dans la configuration où, à rayon b et fraction volumique  fixés, la matrice est placée au
centre du cylindre composite, elle occupe un volume cylindrique circulaire de rayon a tel que :
b2  a '2
  a '  b 1 
b2
La résistance en torsion du cylindre composite correspondant vaut alors :
2  2 
 
3  kma '3  kr (b3  a '3 )  
3    
(km  kr )a '3  krb3   0 1  ( R  1) 1  (1   )3/2 

Faisant usage de l’inégalité 1   3/2  (1   )3/2  0, valable pour 0    1 , il en résulte donc
que, toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire notamment à R et  fixés, le
renforcement est plus efficace lorsqu’il est placé sur le pourtour du cylindre autour de la
matrice, que lorsqu’il est situé au centre du cylindre sous forme d’une fibre circulaire. 

10
Rappels

a) Conditions de pertinence et fonctions  pour les critères de Tresca (discontinuité) et de von


Mises (taux de déformation).

Critère Fonctions  (.)

 I   II   III : C | V | si V .n=0
Tresca :  (n;V )  
 I   III  2C  0  sinon

1/2 k 2d : d si tr d =0
von Mises : 1/ 2 tr( s )   k  0
2
 (d )  
 sinon

b) Coordonnées cylindriques.

 Taux de déformation :

U r 1 U  U r U z 1 U U 1 U r 
d rr  d   d zz  d r       
r r  r z 2  r r r  
1 U 1 U z  1 U U z 
dz      d rz   r  
2  z r   2  z r 

 Equations d’équilibre (sans forces de volume) :

 rr 1  r  rz  rr   
   0
r r  z r
 r 1    z 
   2 r  0
r r  z r
 zr 1  z  zz  rz
   0
r r  z r

* *
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