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Ecole des Ponts ParisTech 1er juin 2017

Département GCC

Cours de Calcul à la Rupture : contrôle des connaissances


Durée : 3h00

Tous documents et notes de cours autorisés


Le sujet comporte trois problèmes indépendants

Problème n°1 (2 pts/8)

Q Q

l l
O A O A
45 45
ˆ ˆ
 

B
B

(a) (b)

Une poutre console horizontale OA de longueur l, encastrée en O, est reliée à


une seconde poutre AB inclinée à 45°, par une articulation sans frottement sur
laquelle est appliqué un effort vertical d’intensité Q. L’extrémité B de cette seconde
poutre est un encastrement mobile qui peut se déplacer soit verticalement
(configuration (a)) soit horizontalement (configuration (b)). La résistance de ces
poutres est caractérisée par le moment limite m en flexion positive ou négative.

1. Déterminer pour chacune des configurations : le degré d’hyperstaticité de la


structure, les sections potentiellement critiques et en déduire le nombre de
mécanismes indépendants mettant en jeu des rotules.

1
ˆ ˆ
2. On désigne pour chacun de ces mécanismes par  (  0) la vitesse virtuelle
de rotation de la poutre OA autour de son encastrement O. Calculer la vitesse de
rotation correspondante de la poutre AB, puis la valeur des discontinuités aux
sections potentiellement critiques (on choisira d’orienter positivement la structure
dans le sens OAB). Calculer dans chaque cas la puissance résistance maximale
correspondante.
3. En déduire, par application de l’approche cinématique, la charge de ruine de
la structure pour chaque configuration. Commentez les résultats et donner la
distribution des moments fléchissants associée à la charge de ruine pour chacune
des structures.

CORRIGE

1. Les deux structures sont hyperstatiques de degré un. En effet, comme le


montre la figure ci-dessous, on peut prendre comme inconnue hyperstatique la
réaction d’appui horizontale H dans la configuration (a), verticale V dans la
configuration (b), le moment d’encastrement étant calculé de façon à assurer la
nullité du moment fléchissant au point A.

Q Q

l l
45 45
O A O A
 
V

 Hl H B
B
Vl

Les sections potentiellement critiques étant dans les deux cas au nombre de deux
(O et B), il y a donc un seul mécanisme indépendant pour chaque configuration,
mettant en jeu des discontinuités de vitesse de rotation aux points O, A et B.

2. Dans la configuration (a), le mécanisme de ruine de la structure correspond à


ˆ ˆ
un mouvement de rotation virtuelle de vitesse  (  0) de la poutre OA autour
de son encastrement O, tandis que la poutre AB subit un mouvement de translation
ˆ
de vitesse l , comptée positivement vers le bas, de sorte qu’il n’y a qu’une seule
discontinuité de vitesse de rotation en O, qui vaut :

2
ˆ ˆ ˆ
O    0  
et la puissance résistante maximale s’écrit alors :
ˆ ˆ ˆ
Prm( a ) (O )  m | O | m
Dans la configuration (b), l’ensemble de la structure OAB est animée d’un
ˆ ˆ
mouvement de rotation virtuelle de vitesse  (  0) autour du point O,
engendrant ainsi deux discontinuités de rotation aux sections O et A :
ˆ ˆ ˆ ˆ ˆ ˆ
O    0   et  B  0  ( )  
d’où l’expression correspondante de la puissance résistante maximale :
ˆ ˆ ˆ ˆ
Prm(b ) (O )  m | O | m |  B | 2m

3. La puissance des efforts extérieurs étant dans les deux cas égale à :
ˆ
Pe( a )  Pe( b )  Ql
l’application de l’approche cinématique par l’extérieur donne immédiatement :
m 2m
Q ( a )  et Q  ( b ) 
l l
Les champs de moments fléchissants associés à ces charges de ruine sont
représentés sur la figure ci-dessous pour les deux configurations. On observe que
dans sa configuration (a) la résistance de la structure est la même que celle de la
poutre console OA en l’absence de la barre-support AB qui ne joue ainsi aucun rôle
de renforcement. La distribution des moments fléchissants dans la barre AB est
linéaire, le moment maximum en B pouvant être quelconque à la condition de
respecter le critère de résistance. Il est par contre égal à +m dans la configuration
(b).

Q(a )  m / l Q(b )  2m / l

O A O A

M O  m M O  m

B | M B | m M B  m

* *
*

3
Problème n°2 : résistance d’un anneau circulaire soumis à une traction
isotrope (3,5 pts/8)

b O a
e

qe r

Un solide ayant la forme d’un anneau cylindrique circulaire de rayons intérieur a et extérieur
b, et d’épaisseur e (figure), est constitué d’un matériau homogène non pesant obéissant à un
critère de résistance de Tresca de résistance en traction simple égale à  0  2C . Le bord
intérieur de l’anneau, ainsi que ses faces inférieure (z=e/2) et supérieure (z=e/2) sont libres
d’efforts :
r  a, z  e / 2 : T  0; a  r  b, z  e / 2 : T  0
d d

tandis que le bord extérieur est soumis à une traction uniforme normale d’intensité q :
r  b, z  e / 2 : T  qer
d

dont on se propose d’évaluer la valeur extrême q  .

1. Approche statique par l’intérieur


1.1. Ecrire toutes les conditions pour qu’un champ de contrainte quelconque  soit
statiquement admissible avec la valeur q du chargement.
1.2. On considère les champs de contrainte dont les composantes en coordonnées
cylindriques sont :
B
 rr  A  ,    A autres  ij  0
r
où A et B sont des constantes. Montrer que ce champ est statiquement admissible pour le
problème et en déduire en écrivant les conditions aux limites que :
q qa
A , B
1 a / b 1 a / b
1.3. Vérifier que  zz   rr    en tout point de l’anneau et en déduire par la mise en œuvre
de l’approche statique par l’intérieur un minorant de q+ en fonction de  0 , a et b .

2. Approche(s) cinématique(s) par l’extérieur


2.1. On considère le champ de vitesse virtuel défini en coordonnées cylindriques par :

4
Uˆ r   r , Uˆ  0, Uˆ z  2 z
où  est une constante positive. Calculer le champ de taux de déformation associé et en déduire
que le champ de vitesse est bien pertinent. Montrer alors que  (d )  2 0 , calculer la
puissance résistante maximale, puis la puissance des efforts extérieurs, et en déduire un premier
majorant de q+ en fonction de  0 , a et b .
2.2. On considère un second champ de vitesse défini par :
z
Uˆ r  U 0 , Uˆ  0, Uˆ z  U 0
r
où U0 est une constante positive. Calculer le champ de taux de déformation associé et en déduire
que le champ de vitesse est bien pertinent. Montrer que :

 (d ) 
 0U 0
2r
1  1  ( z / r )2 
Que devient cette dernière expression lorsque l’anneau devient très mince, c’est-à-dire
lorsque l’on néglige les termes d’ordre supérieur ou égal à 2 en e / a 1 ? Calculer dans ce cas
la puissance résistante maximale, puis la puissance des efforts extérieurs et déterminer un
second majorant de q+ que l’on comparera au minorant trouvé en 1.3.

CORRIGE

1. Approche statique par l’intérieur

1.1. Pour être statiquement admissible avec le chargement q un champ de contrainte  doit :

 vérifier l’équation d’équilibre en l’absence de forces de volume ( div  0 ) ainsi que


l’équation aux discontinuités ([ ].n  0) ;
 satisfaire les conditions aux limites en contrainte :
r  a, z  e / 2 :  .(er )  0; r  b, z  e / 2 :  .e r  qe r
a  r  b, z  e / 2 :  .(e z )  0

1.2. Le champ de contrainte proposé vérifie bien l’équation d’équilibre en tout point :
d rr  rr    B B
  2  2 0
dr r r r
ainsi que la condition aux limites de surface libre de contrainte sur les faces z  e / 2 . Les
conditions aux limites sur les parois intérieure et extérieure de l’anneau donnent :
B B
 rr (r  a)  A   0,  rr (r  b)  A   q
a b
permettant ainsi de déterminer les constantes A et B :

5
q qa
A , B
1 a / b 1 a / b
1.3. On vérifie bien que :
1 a / r q
 zz  0   rr (a)   rr (r )  q   rr (b)  q    
1 a / b 1 a / b
de sorte qu’en tout point de l’anneau,   est la contrainte principale majeure et  zz la
contrainte principale mineure. Le champ proposé vérifie donc le critère de résistance en tout
point de l’anneau si et seulement si :
q
    zz   0
1 a / b
d’où l’obtention du minorant suivant de q+ :
 a
q    0 1  
 b

2. Approche(s) cinématique(s) par l’extérieur


2.1. Le champ de taux de déformation associé au champ de vitesse proposé a pour
composantes en tout point :
 0 0 
d 0  0 
0 0 2 

Le champ de vitesse est donc bien pertinent, puisque trd=0, et le calcul de la fonction 
donne alors :
0  
 (d )   | d k |   2 0 |  | 2 0 puisque  >0
2 k 
La puissance résistante maximale vaut alors :
Prm (Uˆ )    (d )d  2 0 |  | 2 e(b2  a 2 ) 0

tandis que la puissance virtuelle des efforts extérieurs s’écrit :


Pe (Uˆ )   qUˆ dS  2 eb q
2
r
r b

L’approche cinématique par l’extérieur donne alors :


q  q     0, 2 eb2q  2 e(b2  a 2 ) 0
soit :
q   (1  a 2 / b2 ) 0

2.2. Le taux de déformation associé au second champ de vitesse proposé s’écrit en tout point :

U0  0 0 z / 2r 
d  0 1 0 
r  z / 2r 0 1 

6
de sorte que le champ de vitesse est bien pertinent (trd=0). Les valeurs principales de d sont les
solutions de l’équation :
2 2
U  U z   U0 
det  d  d1  d  0  d    0 2   d  0
 r   2r   r 
soit après calculs :

U U  1  1  ( z / r ) 2 
d 0, 0  
r r  2 
et donc :

 (d ) 
0 
2 k
  0U 0
 | dk |  
 2r
1  1  ( z / r )2  
Dans l’hypothèse où l’anneau est très mince, c’est-à-dire lorsque | z / r | e / a 1 , cette
dernière fonction se simplifie en :
 0U 0
lim  (d ) 
e / a 0
r
La puissance résistante maximale vaut alors :
b
 0U 0
Prm (Uˆ )    (d )d  2 e  rdr  2 e 0U 0 (b  a)
 a r
tandis que la puissance des efforts extérieurs a pour expression:
Pe (Uˆ )   qUˆ dS  2 ebqU
r b
r 0

d’où la majoration :
q   (1  a / b) 0
Soit en comparant avec le minorant trouvé en 1.3. :
q   (1  a / b) 0

* *
*

Problème n°3 : stabilité d’un barrage (2,5 pts/8)

Un barrage de retenue hydraulique a la forme d’un solide cylindrique de longueur pouvant


être considérée comme infinie et dont la section transversale est un triangle isocèle rectangle
OAB de hauteur H. Il est soumis sur son parement amont OA à une pression hydrostatique
exercée par la retenue d’eau égale à T (n  e y )   w xe y , où w désigne le poids volumique de
d

l’eau, le parement aval OB étant libre de contrainte, tandis que la base AB est encastrée (figure).

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Le matériau constitutif du barrage, supposé non pesant, obéit à un critère de résistance de Tresca
de cohésion égale à C.

O y O

45 45 U

 wx H  wx
C

B B
A A

1. Approche statique par l’intérieur

1.1. Montrer que toutes les conditions sont satisfaites pour que le champ de contrainte défini
en tout point (x, y) du barrage par :
 x  2y y 0 
  w  y x 0 
 0 0  ( x, y) 

soit statiquement admissible pour le problème.
1.2. Montrer que les contraintes principales dans le plan (x,y) relatives aux états de
contrainte aux différents sommets du triangle OAB sont :
 w H 0
O 0; A ; B
0  w H 2 w H

A quelles conditions portant sur la valeur de la fonction  en ces points, ces différentes
contraintes principales sont-elles extrêmes ? A quelle condition portant sur le facteur sans
dimension  w H / C le critère de résistance de Tresca est-il vérifié aux trois sommets de
triangle ?
1.3. Expliquer pourquoi le critère de résistance est alors vérifié en tout point du barrage et
en déduire un minorant de la hauteur limite H+ du barrage au-delà de laquelle sa stabilité au
sens du calcul à la rupture n’est pas assurée.

2. Approche cinématique
On considère le mécanisme de bloc en translation représenté sur la figure de droite ci-dessus,
caractérisé par la vitesse U et l’angle  supposé varier entre 0 et 45°. Calculer la puissance des
efforts extérieurs dans ce mécanisme, puis la puissance résistante maximale et en déduire un
majorant de H+ que l’on optimisera en fonction de l’angle Comparer ce majorant optimal au
minorant trouvé précédemment.

8
CORRIGE

1. Approche statique par l’intérieur

1.1. Le champ de contrainte défini par :


 x  2y y 0 
 ( x, y)   w   y x 0 
 0 0  ( x, y) 

vérifie :
 l’équation d’équilibre sans force de volume :
 xx  xy  yx  yy  zz
   w   w  0;   0; 0
x y x y z
 les conditions aux limites en contrainte :

x 0 0  0   0 
sur OA :  ( x,0).(n  e y )   w  0  x 0  1    w x 
 0 0  ( x,0)  0   0 
    

 x x 0   1/ 2   0 
sur OB :  ( x, x).(n  e x / 2  e y / 2)   w   x  x 0   1/ 2    0  .
 0
 0  ( x, x)   0   0 
 
Il est donc bien statiquement admissible.
1.2. Les états de contrainte aux sommets du triangle sont:

0 0 0  H 0 0 
 (O)   w  0 0 0  ;  ( A)   w  0  H 0 
 0 0  (0,0)  0 0  ( H ,0) 
  
 H H 0 
 ( B)   w   H  H 0 
 0  
 0 ( H , H ) 
Les contraintes principales sont alors bien évidemment
0  w H
O0 et A  w H
 w (0,0)  w ( H ,0)
pour les deux premiers sommets, associées aux directions principales horizontales et verticale,
tandis que celles au point B, sont solutions de l’équation :
det  ( B)   1  0

soit :

9
0
B 2 w H
 w ( H , H )
Les contraintes principales dans le plan (x,y) sont alors extrêmes en ces points si la contrainte
zz est prise comme contrainte intermédiaire, soit :
 (0,0)  0;  H   ( H ,0)   H ;  2H   ( H , H )  0
et le critère de résistance est alors vérifié en ces trois points si et seulement si :
2 w H  2C   w H / C  1

1.3. La linéarité du champ de contrainte en fonction des coordonnées (x,y) qui implique que
la contrainte en un point quelconque du barrage est une combinaison linéaire convexe des
contraintes aux trois sommets du barrage, ainsi que la propriété de convexité du critère de
Tresca, montrent qu’il suffit de vérifier ce critère aux trois sommets pour qu’il le soit en tout
point intérieur. Il en résulte que le champ de contrainte proposé (où wx,y est choisi comme
contrainte principale intermédiaire) vérifie le critère de Tresca en tout point si et seulement si
 w H / C  1 . L’approche statique par l’intérieur montre alors que la hauteur limite du barrage
est minorée comme suit :

H  C /w

2. Approche cinématique
La puissance des efforts extérieurs (la pression du réservoir d’eau s’exerçant sur le parement
amont du barrage) dans le mécanisme considéré s’écrit :
H
 wH 2
Pe (Uˆ )    w xU cos( / 4   )dx  U cos( / 4   )
0 2
tandis que la puissance résistante maximale associée à la discontinuité de vitesse tangentielle
le long de AC vaut :
H/ 2
Prm (Uˆ )  CU  AC  CU , U 0
cos
D’où l’obtention de la majoration suivante :

 wH  2
  f ( )
C cos cos( / 4   )

dont le minimum, obtenu pour    / 8 , vaut alors :

 wH  2 2 2
   1,66
C cos ( / 8)
2
1 2

On obtient donc finalement l’encadrement suivant :

1,65C /  w  H   C /  w

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