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Référence 

:
1- La fiction du contrat social : Uchronie libérale, utopie anarchiste, 2009. Francis
Dupuis-Déri.
2- Les Études philosophiques : La critique de la représentation politique chez Rousseau,
2007. Philippe Crignon.

Pour Rousseau, l’état de nature n’est pas un état de guerre de tous contre tous, mais état
d’abondance, d’indépendance et d’innocence. A l’état de nature, les hommes sont libres,
égaux et bons. Rousseau se distingue par sa conception de l’homme naturel de Hobbes qui
considère l’homme méchant et plein de vices.

L’état de nature se caractérise donc par la liberté, commune à tous les hommes ; même si la
nature limite la liberté, étant la même pour tous, elle est considérée comme totale. Cette
liberté est inaliénable, elle ne peut être l’objet de renonciation, même si l’état civil se
caractérise par la privation d’une part de liberté. Il n’existe pas de domination fondée sur la
nature, même s’il existe nécessairement des lois naturelles. Il n’existe donc à l’état de nature
aucun désir de domination, de possession.
Les sociétés politiques proposées par les auteurs de l’époque ne sont selon Rousseau pas
légitimes car sont fondées sur un pacte d’aliénation de la liberté et de conservation des
inégalités et injustice. Il est donc selon lui nécessaire d’élaborer un nouveau contrat social
qui garantirait l’égalité et la liberté, sans toutefois créer une société contraire à la nature.

Rousseau ne voit pas dans la société un simple regroupement d’individus seulement attirés
par la satisfaction plus facile de leurs seuls intérêts égoïstes ; la société est au contraire une
communauté de citoyens qui tous ensembles œuvrent pour le bien commun. Le pacte social
n’est pas un pacte d’aliénation au profit d’une entité politique supérieure, mais un véritable
contrat entre les hommes eux-mêmes qui ensemble décident de se soumettre à leur propre
volonté générale. Les hommes contractent finalement avec eux-mêmes, chacun étant part à
la volonté générale. Il s’agit donc d’un engagement de tous à l’égard de tous.
Rousseau fait l’hypothèse suivante : les hommes sont dans une situation de conflit et, pour
survivre, sont forcés de s’associer.
Pour vivre en société, il faut trouver une forme d’association où chacun est protégé par la
société mais il faut également que l’individu se sente aussi libre qu’avant son entrée dans la
société.
Le contrat social est un double contrat : chacun s’engage à faire partie de la société
(aliénation volontaire ; engagement envers soi-même) ; chacun s’engage envers le tout
formé par l’ensemble des associés (volonté générale) et chacun se place sous l’autorité de
cette même volonté générale.
Pour Rousseau, le contrat social est à la base de la démocratie. Il n'y a plus d'intérêt
particulier. Si quelqu'un veut prendre le dessus, il fait ressortir un intérêt particulier, c'en est
alors fini du pacte.
Ce pacte est à l'origine de la naissance du corps politique, avec le peuple qui légifère.
Comme l'intérêt général est pris en compte, c'est donc l'intérêt public qui gouverne.
Si la conception rousseauiste est intéressante, elle a toujours semblé être inapplicable, en
raison de la grandeur des Etats et donc de leur incapacité de mettre en place une démocratie
directe.
Le Peuple est l’unité des individus associés par le pacte social. La volonté générale est la
volonté du peuple. Mais la question qui se pose ici est : Peut-on aussi facilement dissocier la
volonté générale de son caractère irreprésentable sans la dénaturer totalement ?

Quelques auteurs, particulièrement sensibles au modèle d'autarcie et d'unité nationales de


Jean-Jacques Rousseau, ont établi une relation entre ses idées et le totalitarisme
contemporain. Selon Jan Marejko par exemple, le totalitarisme est le « résultat positif » de la
philosophie ou de la religion de Jean-Jacques Rousseau, ce qui ne signifie pas que l'on trouve
dans les écrits de Rousseau une intention délibérée d'élaborer un système totalitaire.
L'historien israélien Jacob L. Talmon voit également dans la théorie de la volonté générale de
Rousseau l'origine de ce qu'il appelle la « démocratie totalitaire ».
Et quand on parle du totalitarisme, on parle d’un monopole idéologique, c'est-à-dire la
conception d'une vérité qui ne supporte aucun doute, ne tolère aucune critique, est imposée
à tous et se trouve orientée par la lutte contre les ennemis du régime, et d'autre part un
parti unique qui contrôle la totalité de l'appareil étatique, c'est-à-dire dispose de l'ensemble
des moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande,
crée des structures d'embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d'une
direction centrale de l'économie. 
Pour quelques théoriciens libéraux comme Lysander Spooner, le contrat social serait aussi
une uchronie, c’est-à-dire une présentation de l’histoire non pas telle qu’elle fut, mais telle
qu’elle aurait pu être, telle qu’elle aurait dû être. C’est une histoire réécrite de façon à y
intégrer des événements qui ne sont jamais réellement survenus, mais que l’on doit
s’imaginer ayant eu lieu, ce qui nous permet de penser notre présent et notre futur en
fonction de cette histoire imaginée. L’Uchronie, c’est donc l’idée d’une histoire inventée,
« l’histoire d’une autre histoire ».
Il y a bien là une société fondée par un pacte entre les membres. Mais est-ce suffisant pour
que leurs descendants se sentent liés par ce contrat ?

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