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EFFETS QUADRUPOLAIRES
DANS LA RÉSONANCE MAGNÉTIQUE NUCLÉAIRE DES ALLIAGES DILUÉS
Orsay.
Résumé. Les fortes variations d’intensité de la résonance magnétique nucléaire dans les
2014
alliages dilués sont dues à la variation de densité électronique 039403C1 créée à grande distance par les
impuretés dissoutes. Aux noyaux distants de r d’une impureté, 039403C1 a la forme :
Cte cos (2kF r + ~) /r3
et donne lieu à un gradient de champ ayant la même variation avec la distance et une constante
dépendant fortement du caractère s, p ou d des fonctions d’onde au niveau de Fermi du métal
pur. Les différents cas (alliages d’Al, Cu) étudiés expérimentalement sont discutés sur la base de
cette théorie. Des conclusions analogues ont été obtenues simultanément par Kohn et Vosko [18].
Abstract. The strong intensity changes in the nuclear magnetic resonance of dilute alloys
2014
are the consequence of the electronic density oscillations 039403C1 which are created at large distances
by the dissolved impurities.
For a nucleus at a distance rfrom an impurity, 039403C1 is proportional to the function cos (2kF r + ~) /r3
and gives field gradients of the same asymptotic form, multiplied by a constant depending strongly
on the s, p or d character of the Bloch wave functions at the Fermi level of the pure metal. The
experimental results for Cu or Al base alloys are discussed. Analogous conclusions have been
simultaneously obtained by Kohn and Vosko [18].
I. Introduction. 2013
Les résultats
expérimentaux ci sont évalués au paragraphe 6.. Enfin le para-
de Bloembergen et Rowland
[1] et de Rowland [2] graphe 7 rassemble les résultats obtenus et les com-
sur les alliages à base de cuivre et d’aluminium pare aux résultats expérimentaux.
indiquent de très forts abaissements de l’intensité
des raies de résonance magnétique nucléaire du II. Les résultats expérimentaux. Dans les
2013
cuivre ou de l’aluminium pour de très faibles con- alliages de cuivre et d’aluminium [1, 2], les raies de
centrations d’impuretés. Ces résultats impliquent résonance nucléaire ne sont pratiquement pas dé-
l’existence de forts gradients de champ électrique placées et gardent la même largeur que dans les
au voisinage des impuretés suffisants pour rendre métaux purs ; mais leur intensité décroît très rapi-
inobservables les résonances des voisins (jusqu’aux dement pour de très petites concentrations
7es voisins dans certains cas). ( 0,1 %) d’impuretés. Ceci s’explique dans un
L’origine de ces gradients de champ a été assez modèle du « tout ou rien » imaginé par Bloembergen
mal comprise jusqu’à présent. L’objet de cet article et Rowland [1, 2, 3]. L’impureté crée des gradients
est de montrer qu’ils ne peuvent être créés par des de champ q : pour tous les noyaux soumis à un
effets purement élastiques [3], mais qu’ils sont la gradient de champ,supérieur à une valeur qo déter-
conséquen,ce des oscillations de charge électronique minée de sorte que le déplacement du 1er ordre
créées par les impuretéscers oscillations étudiées dans la fréquence de résonance des raies statellites
par Friedel [4] ont permis d’expliquer les variations (3 j2 --- -> 1 j2 ;
-
3 j2 - - - 1 j2 pour un spin
du déplacement de Knight dans les alliages [5] et nucléaire I ==
3/2) soit de l’ordre de la largeur de
les propriétés magnétiques des alliages à impuretés raie, les raies satellites ont des fréquences de réso-
de transition [6]. Elles donnent des gradients de nance trop différentes et les atomes ne participent
champ à grande distance de la forme plus à l’intensité totale. Si q qo, au contraire, il
n’y a aucun effet. L’intensité I de la résonance
où A et cp sont des constantes. A dépend fortement correspondant aux raies satellites doit alors suivre,
aux petites concentrations c, une loi de la forme :
de la nature des fonctions d’onde au niveau de
Fermi.
Dans le paragraphe 2, les principales conclusions
expérimentales sont sommairement rappelées. Le n étant le nombre d’atomes entourant une’ impu-
paragraphe 3 traite des effets élastiques, le para- reté et soumis à un gradient de champ supérieur
graphe 4, de la diffusion des électrons de Bloch par à qo. Cette loi est bien vérifiée et donne des valeurs
une impureté, dans une méthode de Wigner-Seitz de n de 98 et 130 pour les alliages AI Zn et AI Mg
étendue. On en déduit les variations de densité pour une valeur de qo égale à 6.1021 cnr3.
électronique et les gradients de champ ( § 5). Creux- Dans le cas des alliages Cu Zn, c’est un -effet du
second ordre qui est observé. Le modèle de Bloem- IV. structure électronique d’une impureté dans
bergen et Rowland doit être meilleur dans ce cas, l’approximation de Wigner-Seitz. La variation
-
car les gradients décroissent vite sur les premiers de densité électronique créée en un point autour
voisins et les déplacements de fréquence dépendent d’une impureté et le gradient de champ que l’on en
des carrés des gradients de champ. Il donne n = 18 déduit dépendent fortement de la position du point
pour qo 1,5.1023 cm-3. Les valeurs de qo sont
=
dans la cellule de Wigner-Seitz auquel il appartient.
calculées en prenant de même que Rowland [3] la Il faut donc, ainsi que cela sera vérifié dans les
valeur critique du déplacement de fréquence égale conclusions, traiter la perturbation due à l’impu-
à 5 kilocycles. reté avec précaution, c’est-à-dire en dehors de
l’approximation des électrons libres (1).
III. Rôle des déformations élastiques. Bloem-
-
La méthode présentée ici est une extension de la
méthode de Wigner-Seitz [10]. Un traitement ana-
bergen [3] a étudié l’effet des déformations élas-
tiques : celles-ci produisent un gradient de champ logue a déjà été utilisé par Roth [11]. -Une démons-
à la distance r
tration simple en est présentée ici. Elle est basée
essentiellement sur le fait que les surfaces d’énergie
constante sont sphériques. ,
Soit
est le changement relatif du rayon d’équilibre a de
l’impureté par rapport au rayon rA de la matrice. la fonction de Bloch de vecteur d’onde k, où u(r, k)
À est un facteur numérique lié à la matrice qui est périodique. L’équation donnant u(r, k) est :
tient compte de la distorsion des couches atomiques
internes dans le réseau perturbé. Pour expliquer les
résultats expérimentaux, il est nécessaire de
prendre des valeurs des égales à 30 et 60 pour
l’aluminium et le cuivre. Mais, en traitant comme En développant y(r, k) et E(k) en série de k, on
une déformation élastique la présence d’une impu- cherche de manière générale les solutions de l’équa-
reté B dans la matrice A, on trouve pour le rayon tion de Schrôdinger d’énergie E sous la forme :
d’équilibre a [7] :
où 17 n’opère qu’à droite. On obtient ainsi :
où XA et xB sont les compressibilités de A et B
et x 1 + v/2(1 - 2v), v étant le module de
= Dans l’approximation de Wigner-Seitz, E ne
Poisson de la matrice A. La différence rB -
_
vement : 1,56 A et 1,70 A. Les effets sont très vérifient l’équation (2).
différents alors que les nombres n tirés des mesures Si k est tel que E(k2) == E, les solutions de
de N. M. R. sont du même ordre : 98 et 130. Claire-
ment, les gradients de champ créés dans le cristal
par la distorsion élastique due aux atomes B ne sont solutions de (2).
permettent pas de comprendre ces résultats. En particulier, elles peuvent prendre la forme :
De récentes expériences d’Averbuch et al. [9] ont
confirmé ce point de vue : en effectuant la réso-
nance magnétique nucléaire sur du cuivre écroui où Yr est l’harmonique sphérique usuelle et h(kr)
et en mesurant aux rayons X les distorsions du la fonction de Bessel sphérique régulière à l’origine.
cristal, on peut obtenir une mesure expérimentale En prenant l’origine au centre d’une cellule ato-
du facteur X ; on trouve pour le cuivre, comme mique8’, les solutions (4) ont la symétrie sphé-
ordre de grandeur, X ci 1, au lieu due = 60 pro- rique (lm) à l’intérieur de la sphère centrale : en
posé par Bloembergen. effet, dans l’expression de û(r, i p ), p n’inter-
--
trale, créant un potentiel perturbateur VP(r), Le terme principal pour grand r de cpr est :
l’équation (2) est transformée en :
En définissant l’opérateur
.
On peut analyser les solutions d’énergie donnée Il vient alors pour
en fonctions de symétrie (lm) à l’intérieur de la
sphère : -
tron, on peut se demander quelle est leur validité sphère : on peut alors confondre dp(R) avec sa
et si l’interaction coulombienne entre électrons ne forme asymptotique A,p(R) :
modifie pas profondément ces résultats. On peut
montrer qu’il n’en est rien et qu’à grande distance,
on trouve des résultats analogues en tenant compte
de l’interaction. La contribution importante vient des charges à
Une autre question est de savoir l’erreur com- proximité du noyau Ri et on limite l’intégrale
mise en confondant la valeur asymptotique pour donnant G(Ri) à la sphère de Wigner-Seitz entou-
grand r avec la valeur exacte. En fait, on peut rant Ri (1). A l’ordre 1/Ri, on peut négliger la varia-
vérifier que, même pour la distance r correspondant tion de R dans le terme en 1/Rf de App(r) et
aux premiers voisins, la formule (9) est assez bonne, confondre KF avec Kf kir Ri/Ri. On obtient
=
FIG. 1.
L’ensemble de cette charge et de la charge Z à (1) Ceci n’est vrai que pour des densités électroniques
assez fortement concentrées sur les noyaux (ce qui est le
écranter donnent un gradient de champ nul à
cas pour les métaux considérés plus loin). L’appendice B
grande distance (à l’ordre 1/ Rf). Il suffit alors traite le même problème
avec des électrons libres : les
d’évaluer l’irflnence de Ap(R) à l’extérieur de la gradients sont alorsbeaucoup plus faibles.
693
il
car, dans l’approximation de Wigner-Seitz, n’y
a
X’lm(ri) ==
Y’ml(03A9) jl(k, Ri) u(Ri, k2)
Appendice C : Calcul de uA1. - Dans l’approxi-
Qlm (ri) =
Yî0) [cos 8& h(k, Ri) -sin 81 nz(k, Ri)] u(Ri,k2) mation des bandes sphériques, on prend comme
fonctions d’onde approchées les fonctions :
et le changement relatif de densité au point r, et
au niveau da Fermi est :
où ’Y 18’ 03C82s, 03C82pB sont les fonctions d’onde atomiques
de l’ion Al+++ calculées par Hartree [17]. Les
coefficients a,., a2s et a2p sont déterminés de façon
que Fk(r) soit orthogonale aux fonctions atomiques
internes. oc est un coefficient normalisant la fonc-
tion Tk(r) à l’unité dans l’unité de volume.
C’est exactement la même formule que dans le Dans le système d’unités atomiques, les valeurs
cas d’électrons libres [5]. des coefficients pour k =
kF sont :
et
soumis à un potentiel périodique, la répartition de
charge électronique àpf(r) autour de l’impureté à
la symétrie sphérique. LP potentiel en .R est alors : En analysant [03C8k(r)]2 en harmoniques sphé-
riques, et en reportant dans (13), on en tire :
03BCA1 ~ 5.
RÉFÉRENCES
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Mag., 1959, 4, 180. BLANDIN (A.) et DANIEL (E.), [15] HEINE (V.), Proc. Phys. Soc., 1957, 240 A, 340.
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160. [18] KOHN (W.) et VOSKO (S. H.), à paraître.
[7] FRIEDEL (J.), Les Dislocations, Gauthier-Villars, Paris,
1956.
DESTOUCHES (J. L.) et AESCHLIMANN (F.), Les systèmes de formulées. Ensuite, la question d’objectivité des notions de
corpuscules en théorie fonctionnelle (1 vol.17,5 x 24 cm, discernabilité et d’indiscernabilité est posée ;,: comme la
126 pages. Actualités Scientifiques, Hermann, Paris,1959). substituabilité des corpuscules dépend des résultats de
Ce troisième ouvrage constitue avec les deux premiers mesure, une réponse négative semble plus juste. Si la
(La quantification en théorie fonctionnelle, Gauthier-Villars, Mécanique ponctuelle admet le principe de discernabilité
etfonctionnelle
la Mécaniqueadopte
ondulatoireattitude
l’in discern
plus abilit : laThéorie
souple é,
Paris, 1956. Corpuscules et champs en théorie fonc- une :mladiscer-
tionnelle, Gauthler-Villars, Paris, 1958.) Les fondements nabilite ni 1 indiscernabilite ne sont Cette ques-
d’une nouvelle tliéorie microphysique intitulée Théorie fone- adéquates.
se trouve alors liée aux conditions de limitation : on
tionnelle, proposée par M. J. L. Destouches. Dans les deux tion
distingue le cas non relativiste du cas relativiste où la loi
premiers livres, seul est envisagé le cas d’un corpuscule des signaux intervient. On arrive ainsi à la conclusion que
unique, mais comme ce qui a un intérêt physique fait la des signaux et la théorie de l’atomisme ne se
intervenir un grand nombre de corpuscules, l’étude des théorie
contredisent pas et qu’il existe une théorie consistante qui
systèmes de corpuscules paraît nécessaire. Enfin le principe de Pauli est mentionné som-
On découvre dans ces livres le souci d’une recherche de
les englobe.
mairement.
cohérence interne et les efforts de construction d’une base
Au chapitre suivant, les auteurs établissent les équations
solide de la Théorie, qui est présentée sous une forme
rarementde trouvée dans lesautres livresde Physique : fondamentales duleurs
propres et système. Leondulatoire
rôles ont caractère objectif
été soulignés. des fonc-de
Profondément
l’esprit de synthèse et de
l’esprit règne partout dans ces tions
de rigueur règne différente de
ces
de la ondulatoire
Mécanique des systèmes
ouvrages,
q
qui appliquent la Logique à la Physique Théo- différente
Schrödinger, la Théorie fonctionnelle n’exige pas la consi-
Dans le premier
conduisent à représenter corpuscule dération
chapitre de celui-ci, les auteurs répètent
deéquations
l’espace fictif
pour de configuration ; on dispose de
les raisonsqui les un
plusieurs
un.système, analogue
décrire le système,
principe fondamental de la Mécanique clas-
qui est ce