Vous êtes sur la page 1sur 3

Procédé de la peinture à l'eau

Le Mont-Saint-Michel, par Richard P. Bonington (Angleterre, 1802-1828)

Histoire d'eau
 

Les couleurs employées pour l'aquarelle sont constituées de fins pigments


broyés et agglutinés par des gommes ou liants qui donnent à la couche de
l'adhérence sur le support, sans laquelle la peinture tomberait en
poussières. Liant, pigments et eau doivent assurer à l'aquarelle son
  caractère de légèreté dont chaque artiste a le secret de par son style
personnel.
  Le principe de la technique consite à allier transparence et couleurs en
utilisant souvent le blanc du papier-support. L'ensemble doit restituer une
  composition aérée, laquelle révèle le degré d'imagination et de poésie du
peintre plus encore que les autres procédés de peinture; les mélanges de
  couleurs ne sont pas conseillés pour sauvegarder la clarté d'un ton qui doit
reproduire l'effet du sujet, aussi y a-t-il de nombreuses et délicates
  nuances
à la disposition du peintre.
  Le support est en général du papier dit " chiffon " peu absorbant, épais et
bien sec, à texture granuleuse pour mieux fixer les teintes et leur donner
  un
jeu subtile de lumière.
Les pinceaux sont faits de martre pour la finesse, petit-gris(poil d'écureuil)

1
  pour les touches plus amples et synthétique pour leur souplesse ; la soie
de porc, le poil d'oreille de boeuf sont utilisés pour des effets spéciaux
  comme
le frottis par exemple, enfin les compromis faits de martre-synthétique ou
  petit gris -synthétique; pour les fonds et les lavis, on utilise un " mouilleur
" pinceau monté sur plume de cygne et dont les poils sont en petit gris ou
  chèvre. A part le synthétique, les pinceaux de qualité doivent être d'une
bonne trempe pour conserver le plus longtemps possible la quantité de
couleur absorbée.
Les couleurs sont stockées en tubes ou en godets et l'aquarelliste peut se
constituer une palette (nuancier) reproduisant l'effet de chaque couleur ;
les coffrets ou boîtes peuvent contenir de dix à cinquante couleurs ; les
paysagistes qui veulent saisir la lumière du moment ne s'embarrassent pas
d'un matèriel encombrant : en général ils utilisent une boîte-palette d'une
vingtaine de godets, un crayon -aquarelle, une épongette, un bloc de
papier- aquarelle à spirales dont la reliure cartonnée fait office de
chevalet, une gourde d'eau et, en guise de récipient, un pot de yahourt fera
l'affaire, sans oublier le pliant et le chapeau...
Reste à se mettre à l'ouvrage, donc à prendre des risques, la touche devant
être unique sans possibilité de retour en arrière, il faut donc
immédiatement avoir l'oeil et ensuite le geste précis ; le problème est de
savoir poser la couleur au bon moment, afin d'éviter les auréoles et de
favoriser l'expansion sur le papier.Tout l'art de l'aquarelliste, comme du
poète, est d'interpréter le monde tel qu'il le conçoit dans son imagination
ou tel qu'il voudrait qu'il soit ; il doit s'émerveiller sur le motif travaillé s'il
ne veut pas rater son coup.
C'est en remettant plus de vingt fois sur le métier son ouvrage, en visitant
les expositions, en allant voir comment font les autres, que l'artiste devient
performant.

Au tout début, l'aquarelle servait à coloriser les esquisses, croquis et


dessins, cela dès la Renaissance ( études d'animaux de Pisanello, portraits
d'Holbein, paysages de Dürer ) ; cet art du dessin, ainsi " réhaussé " dure
jusqu'au XVIII eme s. qui voit l'entrée en scène des anglais avec les
Cozens, puis au XIX eme s. Turner, Constable, Bonington, qui font de
l'aquarelle un art à part entière. Ils utilisent la technique du " mouillé ", du
papier lavé, avant de peindre le sujet même. Plus tard, Delacroix,
Géricault, Boudin, Corot, Cézanne, et les américains, Winslow Homer,
Charles Demuth, utilisent cette subtile manière de peindre et après eux les
néo-impressionnistes, Signac, Crosss, en tirent le meilleur parti, ainsi que
Gustave Moreau qui réalisa plus d'une centaine d'oeuvres. Au XX eme
s.on commence à utiliser une grande varièté d'effets, grâce au papier
buvard, aux pinceaux de toutes sortes , fins, ronds, plats, aux techniques
dites " gouachées " pour rehausser le détail ; citons Dufy, Kandinsky,
Wols, Michaux, Laurencin, Matisse et bien d'autres sans compter le grand

2
nombre d'amateurs capables de créer de fort belles choses.

La peinture et la poésie ont toujours fait bon ménage : en témoignent les


réunions organisées par Mallarmé chez lui en 1884, ainsi que le raconte
Georges Casella : " Mêlés aux vieux amis fidèles, aux Edouard Manet,
Théodore de Bainville,Degas, Monet, Whistler, Odilon Redon,Renoir,
Rodin, les nouveaux venus (jeunes écrivains) écoutaient la parole
abondante et souple de l'incomparable causeur :". Matisse illustra
Hérodiade, Manet L'après-midi d'un faune, Odilon Redon sévit un peu
partout ; les surréalistes ne furent pas démunis non plus, avec Max Ernst,
André Masson,Yves Tanguy, Picasso, Cocteau..etc..

L'aquarelliste s'applique à reproduire la fraîcheur première de la réalité,


telle qu'un premier regard la saisit, avant même que le spectateur sache ce
qu'il voit; le charme d'une aquarelle" réside dans une sorte de
métamorphose des choses représentées, analogue à celle qu'en poésie on
nomme métaphore ".
( Proust).

Aquarelle de montagne : Remarquez tous les blancs des glaciers, ils sont
matérialisés uniquement par le blanc du support-papier ; les touches bleu-
violine, à elles seules, reconstituent le relief des parois ombrées ; au
premier plan les rochers ne sont pas gris, ils sont la lumière vue par
l'artiste: rouge, orangée, ocre, vert- véronèse ; l'ensemble est construit en
taches amples qui, plan par plan, donnent de la profondeur à l'immensité
des alpages

Vous aimerez peut-être aussi