Vous êtes sur la page 1sur 13

PRÊTRES AFRICAINS ET TRADITIONS ANCESTRALES

René Luneau

Karthala | « Histoire et missions chrétiennes »

2007/3 n°3 | pages 43 à 54


ISSN 1957-5246
ISBN 9782845869011
DOI 10.3917/hmc.003.0043
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-
religieuses1-2007-3-page-43.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Karthala.


© Karthala. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


N° 3 SEPTEMBRE 2007

dossier

Prêtres africains
et traditions ancestrales
RENÉ LUNEAU

n 2006, a été célébré le cinquantième anniversaire d’un ouvrage

E qui aura marqué durablement l’histoire de l’Église en Afrique: Des


prêtres noirs s’interrogent. Dès les premières pages du livre, Vincent
Mulago écrit:

«Qui n’a jamais rencontré de ces cas vraiment décevants: un tel qui a été vingt,
trente ans durant, un excellent chrétien, voilà que soudain il retourne aux pratiques de
ses ancêtres. Hypocrisie? Peut-être! Telle brave chrétienne ne peut se passer de certains
rites qu’elle sait néanmoins défendus sub gravi. Menaces et raisonnements peuvent lui
arracher des promesses mais à la prochaine venue d’un bébé au monde, par exemple, elle
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


retournera à ses “superstitions” 1»

Apparemment, les pratiques héritées des ancêtres continuent pour


beaucoup d’être une référence obligée, même s’il est vrai qu’aujourd’hui
on s’interdira le plus souvent de parler de «superstitions» et qu’à moins
d’être un canoniste chevronné, on ne sait plus très bien ce qu’est une inter-
diction sub gravi.
Toutefois, le cercle de cette «délinquance», si délinquance il y a,
semble s’être élargi avec les années et concerner parfois non seulement le
tout venant du peuple chrétien – ce que l’on pardonnerait – mais aussi

1. V. MULAGO, «Nécessité de l’adaptation missionnaire chez les Bantu du Congo», in Des prêtres
noirs s’interrogent, Paris, Cerf et Présence Africaine, 1956, p. 21-22; réédition: Léonard SANTEDI KINKUPU,
Gérard BISSAINTHE et Meinrad HEBGA (présenté par), Des prêtres noirs s’interrogent. Cinquante ans
après…, Paris, Karthala et Présence Africaine, 2006 (XXII + 301 p.), p. 21-22.

43
RENÉ LUNEAU

ceux qui ont pour tâche et vocation de diriger ce peuple sur le chemin de
la foi. Et j’aimerais évoquer les difficultés que connaissent, semble-t-il,
certains prêtres africains face aux traditions ancestrales, sans vouloir
cependant faire de généralisation.

L e re s p e c t d e l a t ra d i t i o n

Ainsi, il m’est arrivé, en mai 2003, de prendre part à une soutenance


d’une thèse dite de psychopathologie clinique présentée par un prêtre
bamileke du diocèse de Nkongsamba (Cameroun), thèse dirigée par le
Professeur Tobie Nathan de l’Université Paris VIII 2.
Cette thèse était singulière à plus d’un titre. Il est rare en effet de voir
un doctorand s’impliquer à ce point dans sa recherche, comme si son
équilibre profond en dépendait. Il est vrai qu’il s’agissait pour lui d’une
question tout à fait essentielle qui, dans un premier temps, semblait
insoluble. D’origine bamileke, il n’entendait rien renier de la tradition
dans laquelle il avait grandi et il savait l’importance qu’elle attache à la
vénération des crânes des ancêtres. Il n’y trouvait rien à redire.
Or lui-même se trouvait en charge d’une démarche rituelle à laquelle
il ne pouvait se soustraire en raison de son rang de fils aîné. Par ailleurs,
il se devait d’être fidèle à une autre tradition, chrétienne celle-là, qui était
de respecter la formation qu’il avait reçue d’elle et cela d’autant plus qu’elle
avait fait de lui l’un de ses ministres ordonnés: il était prêtre et entendait
bien le demeurer. Comment concilier ce qui dans un premier temps appa-
raissait inconciliable? Devait-il obéir ou non à l’injonction d’un rêve où
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


il lui était demandé d’offrir, à son retour au pays, une poule à l’un des
génies de sa terre natale? Finalement, non sans avoir prévenu son évêque,
qui semblait avoir bien compris le sens de sa démarche, il s’était résolu
lors d’un voyage au Cameroun, à sacrifier la poule que ses ancêtres récla-
maient. J’ai quelques raisons de croire qu’il ne doit pas être le seul à s’être
trouvé en pareille situation. Je crois me souvenir qu’au Nord-Cameroun,
tel prêtre appelé à se joindre à un sacrifice aux ancêtres avait jugé plus sage
de se contenter d’offrir la chèvre du sacrifice, sans pour autant participer
à la célébration elle-même.
Il n’est peut-être pas sans importance de noter que, ici, lors du Synode
Africain de 1994, les évêques avaient, dans leur proposition n° 36, émis le
vœu que soit créée en Afrique une fête liturgique en l’honneur des ancêtres 3,

2. P. PÉLAPOUET, Dieu chez les Bamileke. Interfaces entre la pensée de l’Église et la pensée tradition-
nelle bamileke, thèse de doctorat en psychopathologie clinique, 2 vol., Université Paris VIII, mai 2003.
3. M. CHEZA (éd.) Le Synode africain. Histoire et textes, Paris, Karthala, 1996 (proposition 36,
p. 256-257).

44
Prêtres africainset traditions ancestrales

ces mêmes ancêtres dont la mémoire, depuis près de trente ans, est régu-
lièrement invoquée au début de la liturgie dite autrefois «zaïroise» et dont
Rome en 1988 a reconnu la légitimité. On sait qu’Ecclesia in Africa
(septembre 1995) n’a pas donné suite à la proposition formulée par les
membres de l’Assemblée synodale.

U n e t ra d i t i o n q u i f a i t p e u r 4

On m’a rapporté, il y a de cela une vingtaine d’années, le cas d’un


jeune prêtre congolais qui, un soir, au retour de la chasse, heurte avec
sa voiture et tue accidentellement un vieil homme qui rentrait chez lui 5.
Or cet homme est bien connu dans la région. C’est un ndombe, un sorcier
d’exception. On ne devient ndombe «qu’après avoir tué un très grand
nombre d’hommes» et s’être soumis à un rite spécial qui l’accrédite aux
yeux de tous. Son rôle dans la société est double à ce qu’on dit: «…il
protège les hommes et le village contre tout danger de terre, des eaux, de
l’air dont il devient désormais le maître et il guérit plus qu’il ne tue…»
Le jeune prêtre ne découvre qu’après coup l’identité de sa victime.
Quelques semaines après l’accident, il tombe malade. On diagnostique
une hépatite et on le soigne efficacement. Apparaît alors une grosseur
à la hauteur de la cage thoracique et on juge plus sage de l’expédier à
l’hôpital pour radiographie et traitement. Mais son état s’aggrave sen-
siblement. On décide d’intervenir et l’on découvre un cancer du foie très
avancé, inopérable en l’état:
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


«Le prêtre n’a plus que quelques jours à vivre et il ne reste qu’à prier. On a pris soin
de le préparer à la mort avant l’opération en lui faisant recevoir le sacrement du pardon
et celui de l’onction des malades. Mais le jour où il est ramené dans sa paroisse pour
y finir ses derniers jours, les réactions des gens ne se font pas attendre: le Blanc [le
médecin] ne peut guérir cette maladie, elle est d’un autre ordre: on doit faire venir un
wetshi, un devin-guérisseur pour sortir ce qui est dans le ventre, qui le fait gonfler et qui
ne veut pas sortir. Aussitôt la décision est prise par les parents et membres de la famille
du prêtre. Il faut agir vite».

Car il ne fait de doute pour personne que


«l’esprit d’une personne tuée poursuit toujours l’auteur [de l’accident] et ne le quitte jamais,
aussi longtemps que celui-ci n’est pas encore passé par un rite spécial de libération qui

4. Les pages qui suivent empruntent largement à R. LUNEAU, Comprendre l’Afrique, Évangélisation,
modernité, mangeurs d’âmes, Paris, Karthala, 2002, p. 48 et ss.
5. J’emprunte la narration de cette curieuse histoire à l’abbé Betshindo Lwanga, lui même
congolais (du diocèse de Kolé), qui en fit l’objet d’une communication lors d’un séminaire à l’Institut
Catholique de Paris, en mars 1979. Les textes cités entre guillemets sont de lui.

45
RENÉ LUNEAU

consiste principalement à sortir cet esprit de la personne possédée et de le faire passer


dans un arbre où il sera tenu en prison».

À plus forte raison si la victime est un ndombe. Comment échapper


à sa vengeance? On pourrait pratiquer, à l’aide d’un bâton pointu, un
trou dans la tombe du défunt afin que s’en échappent les pouvoirs malé-
fiques. Mais le frère du prêtre malade s’y refuse. On peut aussi recourir à
un guérisseur spécialisé, le meilleur de la région. Pressenti, ce dernier
accepte, non sans avoir demandé poulets et argent. Étape après étape, et
«après avoir fait passer l’esprit qui tourmente le malade dans un arbre en
forêt», il parviendra à force de décoctions d’écorces, de plantes médici-
nales à améliorer légèrement l’état du malade. Les œdèmes se résorbent.
Mais survient alors un hoquet irrépressible «provoqué par le même
sorcier lésé qui ne lâche pas prise». Et notre narrateur de conclure:

«Malheureusement, au bout de trois jours, le malade se sent complètement épuisé.


Et c’est en présence, entre les mains du médecin européen, en l’occurrence une religieuse,
et du thérapeute africain, qu’il rend son âme à Dieu. Il s’éteint après avoir dit trois fois:
“Qu’est-ce qui nous est arrivé”? Voilà notre jeune prêtre, envoûté ou pas envoûté, qui
nous laisse devant un grand point d’interrogation.»

Que dire d’autre en effet? De quoi ce jeune prêtre est-il mort? D’un
cancer du foie, au dire des médecins! Sans doute. Mais comment
mesurer l’impact dans son psychisme du drame qu’il a involontairement
provoqué et plus encore de la peur qu’il aura plus ou moins consciem-
ment éprouvée en apprenant que sa victime était ndombe et que jamais
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


plus, s’il faut en croire la croyance populaire, elle ne le laisserait vivre en
paix?
Histoire singulière d’un homme chrétien depuis son jeune âge, qui a
grandi, adolescent, dans un milieu clérical qui le tenait jalousement à
l’écart du monde traditionnel et de ses peurs et qui en découvre brutale-
ment la réalité: prêtre ou pas, il n’échappera pas à la vengeance du ndombe.
Et il est bien vrai qu’on peut mourir de peur.

Mauvais génies et «maris de nuit»

Notre ami infortuné s’est apparemment laissé surprendre ou a décou-


vert trop tard un monde qu’il ne connaissait pas. Mais on peut avoir
vis-à-vis de ces forces occultes une tout autre attitude et j’ai un jour trouvé
sous la plume d’un prêtre-guérisseur et exorciste ivoirien, reconnu comme
tel par une large partie de sa communauté, des confidences singulières qui
semblent confirmer le bien-fondé des croyances populaires. Ainsi, dans

46
Prêtres africainset traditions ancestrales

un ouvrage publié à Abidjan intitulé Mon combat contre le diable, l’abbé


Norbert Abekan raconte:

«Des personnes rencontrées nous ont confié qu’elles ont été perturbées par des
génies qui venaient les posséder physiquement la nuit. Un de nos fidèles m’a confessé qu’il
avait divorcé de sa femme parce qu’il avait connu plusieurs infortunes avec un esprit
qui convoitait son épouse. Il m’a souvent montré des signes palpables des bastonnades
fréquentes de son rival. Plus d’une fois, le génie lui a intimé l’ordre, à l’en croire, de se
séparer de son épouse et lui a dit que, s’il désobéissait, il lui réglerait son compte. Le
diable n’a pas manqué à sa parole, car, le lendemain, notre homme portait des marques
sur le corps. Il avait été copieusement flagellé par son rival. Ce qui témoigne que ses
propos étaient loin d’être une affabulation. On en a conclu que l’épouse avait un mari
de nuit dans sa vie. On ne peut chasser l’homme ou la femme de nuit d’un lit conjugal
que par la prière et le jeûne, grâce à la bienveillance de Dieu 6.»

Que dire devant un témoignage comme celui-là? Sans doute la


croyance aux génies relève-t-elle d’un imaginaire social tout à fait respec-
table. Mais le génie persécuteur est-il vraiment le «diable» 7 au sens que
l’on donne d’ordinaire à ce terme dans la tradition chrétienne et suffit-il
d’évoquer la prière et le jeûne (Mc 9, 29) pour accepter sans plus d’expli-
cation ces possessions sexuelles et ces bastonnades administrées par des
maris de nuit, même si, bien sûr, on n’attend pas d’un exorciste qu’il fasse
part à celui qui s’adresse à lui, des connaissances qu’il a lui-même acquises
lors de ses années de formation, en matière de psychologie expérimentale
par exemple? Accepter tout cela comme faits avérés et allant de soi, n’est-ce
pas aller un peu vite en besogne? Et quelles sont les vraies raisons qui ont
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


amené le mari à se séparer de son épouse?

R e n c o n t re d e l ’ a b b é C h a r l e s

Faut-il vraiment croire sur parole le jésuite camerounais Meinrad


Hebga lorsqu’il écrit à propos des Africains qui se disent évolués et détri-
balisés:

«Vous les surprenez chez les guérisseurs, chez les marabouts ou les devins pour
retrouver la santé, la chance ou damer le pion à un adversaire qui peut être un collègue

6. N. ABEKAN, Mon combat contre le diable, Abidjan, Éd. CEDA, 1996, p. 72. Je souligne.
7. Au dire de nombre d’observateurs et sous l’influence très marquée de mouvements charisma-
tiques à forte dominante pentecôtiste, il semble que le «diable» fasse un véritable retour en force dans
une certaine Afrique chrétienne d’aujourd’hui (A. CORTEN et A. MARY (éds), Imaginaires politiques et
pentecôtismes. Afrique/Amérique Latine, Paris, Karthala, 2001, p. 21-22.

47
RENÉ LUNEAU

de l’Université ou de la haute administration. Il en est de même pour les pasteurs et les


prêtres, les religieux et les religieuses, dont un grand nombre, sinon tous, croient à la
sorcellerie et à la magie plus qu’ils ne l’avouent, quand ils n’y recourent pas eux-mêmes 8.»

Défaillances passagères en un moment de désarroi ou recours à des


pratiques héritées de la tradition et qu’on n’a pas oubliées, quand bien
même on aurait fait de savantes études? Il y a quinze ans, j’ai rencontré
dans un pays d’Afrique centrale un vieux prêtre dont on m’avait vanté le
grand savoir en matière de croyances et de traditions et je l’ai longuement
écouté. Exorciste occasionnel dans son diocèse, il tentait de son mieux de
répondre aux questions pastorales que nombre de ses visiteurs lui posaient.
Et je pense utile de restituer ici quelques-uns de ses propos dûment enre-
gistrés avec son plein accord, tant ils expriment avec bonheur, et bien
mieux que je ne saurais le dire, la diversité des savoirs auxquels spontané-
ment l’abbé Charles se référait alors:

«On sait que toutes les plantes ont une force, une puissance. Certaines ont une
vertu médicinale, d’autres peuvent tuer, mais toutes ont une force. Tout dépend finale-
ment de celui qui les connaît et qui va les utiliser. Dans quel sens? À la force de la plante
va s’ajouter celle de la parole. L’homme qui connaît la force de la plante y joint celle de
la parole et l’efficacité de l’action résulte de la conjonction des deux. Ainsi, pour pré-
venir un vol d’oranges sur l’oranger qui lui appartient, un homme placera à proximité
une plante portant des épines et il lui demandera de planter ses épines dans le corps du
voleur. La volonté de l’homme est bien sûr essentielle. Il se passe exactement la même
chose lorsque, prêtres, nous célébrons l’eucharistie. Nous prenons du pain, nous
prenons du vin, et sur ce pain et ce vin, nous prononçons des paroles qui viennent de
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


Dieu même et nous croyons qu’elles sont efficaces. C’est la même chose pour la plante.
La parole en fait un signe, capable de guérir ou de faire peur au voleur.»

En tant que prêtre, l’abbé Charles n’utilise ni plantes ni remèdes


pour la guérison des malades qu’on lui envoie. Il se contente de prières.
Il a participé à Rome, dans les années 1980, à une retraite sacerdotale
qui a rassemblé un millier de prêtres, retraite à forte dominante charis-
matique et où circulaient des brochures centrées sur «la délivrance, face
à la puissance des ténèbres»; il a étudié pendant un an dans une faculté
de théologie en France, en prêtant une vive attention à la manière dont

8. M. HEBGA, Émancipation d’Églises sous tutelle, Paris, Présence Africaine, 1976, p. 55. «Même
des abbés égorgent des poulets en cachette», confiait jadis à Raymond Deniel, et non sans étonnement,
un ouvrier de Ouagadougou en cours de catéchuménat. Voir R. DENIEL, « Croyances religieuses et vie
quotidienne. Islam et christianisme à Ouagadougou », dans Recherches Voltaïques, n° 14, 1970, p. 128.

48
Prêtres africainset traditions ancestrales

Jésus guérissait les gens de son époque, et en la comparant à la thérapie


en usage chez lui:

«Chez nous, déclare l’abbé Charles, les maladies peuvent avoir des causes très
différentes. Il y en a qui sont purement physiques (la cécité, la surdité etc.). D’autres
attrapent des maladies parce qu’ils ont acquis des fétiches et qu’ils n’ont pas bien
observé les prescriptions du féticheur. D’autres sont capables d’utiliser un animal
(fut-ce un crocodile!) pour faire du mal aux autres. L’exorcisme ne concerne que des
maladies qui semblent chez nous incurables soit par l’hôpital, soit par le guérisseur
traditionnel.»

On le voit, les études universitaires n’ont en rien entamé sa conviction


que certaines maladies viennent de l’efficacité de certains fétiches mani-
pulés imprudemment ou d’animaux que des gens malfaisants utilisent à
dessein.
À ma question: «Le prêtre est-il vu par les gens comme un devin-
guérisseur, comme un nganga?», l’abbé Charles dit que l’on croit à la
puissance de la prière du prêtre. Il a reçu des pouvoirs, même si l’on
s’interroge sur leur véritable nature. Et l’abbé Charles d’ajouter:

«Malgré la foi, l’homme demeure seul et, dans la vie, il a besoin d’être entouré de
protections. Certains s’adressent à Dieu, d’autres au diable. L’enfant a besoin de ses
parents pour être fort. Nous avons la foi et nous demandons toujours l’aide de Dieu.
Nous prions tout le temps. Le besoin est toujours là. Si je prends avec moi un médica-
ment contre la morsure de serpent, ce n’est pas que j’ai été mordu, c’est que je peux l’être.
Mieux vaut prévenir que guérir. La prière prévient le malheur. […] Il faut savoir qu’il y
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


a entre Dieu et nous, des forces de ténèbres et on n’y voit pas clair. […] Qui peut
douter de l’existence des esprits? Personne. Si le Christ a chassé des démons, qui
peut douter? Si nous croyons la Bible, nous pouvons croire que chez nous aussi il y a
encore beaucoup d’histoires analogues. Et il arrive que l’on ait peur.
Y a-t-il des revenants? Ici on raconte des histoires de ce genre et beaucoup de gens
sont venus chez moi persuadés d’avoir vu le visage, la silhouette de gens morts depuis
un certain temps déjà, pour me demander une bénédiction. Ils peuvent s’évanouir
de saisissement. Je prie avec eux pour les calmer. Dans ces domaines, il ne faut pas trop
affirmer, il ne faut pas nier, il faut aller lentement et continuer à chercher. Quand
les missionnaires sont venus, ils ont tout rejeté: c’était pour eux du paganisme! Nous
faisons aujourd’hui marche arrière pour mieux comprendre la réalité en son fond.
[…] Mais je continue mon travail, mais çà n’est pas facile. Il faut bien connaître les
coutumes. Et je ne suis pas arrivé à tout comprendre.»

«Je ne suis pas arrivé à tout comprendre.» Que dire alors de moi qui
l’écoutais en silence et me gardais bien d’intervenir pour ne pas rompre
le fil de son discours?

49
RENÉ LUNEAU

Étonnante conjonction de deux mondes profondément étrangers l’un


à l’autre et dont on ne voit pas bien dans un premier temps comment les
concilier? Or dans la vie quotidienne, le premier est omniprésent. Il parle
de mauvais esprits et de sorciers, de crocodiles exécuteurs de basses œuvres,
de grands-pères défunts envoûtant leurs petites-filles et ne les libérant
qu’à contrecœur. L’autre monde est baptisé, il fréquente l’église, et porte
chapelets et médailles en guise de protection puisque le danger est partout.
Mais fait-il le poids et permet-il de vivre hors du cercle de la peur? Sans
doute l’abbé Charles est-il un homme d’un certain âge et de surcroît, issu
d’un milieu forestier. Ses convictions ne sont pas partagées par tous ses
confrères mais force est de reconnaître que nombre de prêtres en Afrique
semblent mal à l’aise face à certaines croyances populaires qui, à l’évidence,
n’ont que de lointains rapports avec la catéchèse ordinaire. Cette situa-
tion difficile tient-elle à l’image même que les fidèles eux-mêmes se font
habituellement de leurs prêtres ou au poids d’une tradition à laquelle on
ne peut pas échapper? «Dans un univers aussi religieux que le nôtre,
constatait naguère Louis Ngomo Okitembo, peuplé d’ancêtres et d’esprits,
où les hommes dans leurs multiples tourments cherchent des solutions
concrètes, l’image du prêtre-guérisseur, exorciste […] rencontre une attente
impatiente de la population 9.»

L e s p è l e r i n s d e Ka b w e

Difficile donc d’y voir clair d’autant que les thérapies mises en œuvre
peuvent parfois déconcerter l’observateur non prévenu. Notre ami François
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


Kabasele rapporte 10 quant à lui, qu’à Kabwe, dans le Kasaï occidental,
célèbre autrefois pour son grand séminaire, le curé du lieu, l’abbé T. fut,
vers la fin des années 1980, à l’origine d’un étonnant mouvement de
fidèles venant à lui en grand nombre pour être guéris de leurs maladies.
Très jeune, l’abbé T. avait pris conscience de ses dons mais le responsable
de son séminaire lui avait interdit toute pratique de guérison sous peine
de renvoi.
Au cours d’un long séjour au Canada pour raison d’études, la ren-
contre d’un prêtre, lui-même radiesthésiste, le confirma dans sa vocation
de guérisseur. Mieux, «une voix intérieure, des visions même s’y ajoutèrent
pour l’appeler à exercer ses dons en vue du Royaume des cieux et pour
rendre fécond son sacerdoce». Il rentre donc au pays et connaît sur le

9. L.NGOMO OKITEMBO, L’image du prêtre africain. Le cas du Zaïre, maîtrise de théologie, Strasbourg,
octobre 1989, p. 23-24.
10. F.KABASELE LUMBALA, Célébrer Jésus-Christ en Afrique, Kinshasa, 1990, p. 224-230. Document
polycopié auquel j’emprunte les citations.

50
Prêtres africainset traditions ancestrales

champ un succès considérable. Malades et mal-portants se mettent en


route vers Kabwe. Mais plus que le fait lui-même, devenu banal en maints
pays d’Afrique, c’est la célébration liturgique qui, ici, doit retenir l’attention.
François Kabasele écrit:

«Dès que la foule prend place à l’église, il [l’abbé] met son aube ainsi qu’une étole
violette (couleur traditionnelle de pénitence); après avoir rejoint l’assemblée, il dit une
oraison d’entrée et introduit rapidement la lecture des Écritures qui s’ensuit. Une courte
homélie situe et oriente l’action qui va se dérouler: “[…] l’action de Dieu n’annule pas
la volonté de l’homme; celui-ci doit se convertir et demeurer dans les chemins de Dieu;
le sorcier doit mettre fin à ses sorties nocturnes et quitter son cercle infernal; celui qui
avait placé son refuge et ses forces dans des sortilèges humains et terrestres doit les
quitter et, désormais, mettre tout son appui dans le Seigneur.”
Un chant de pénitence est alors entonné avant que les fidèles ne défilent vers l’avant
où le prêtre les attend. On leur fait prendre certaines dispositions: personne ne garde
sur lui d’objets métalliques (chaînes, bracelets etc.); tout ce qui nuirait au contact direct
avec la terre est enlevé (chaussures, tapis, plastiques…); le prêtre prend lui-même les
mêmes dispositions. Son aube est retroussée jusqu’aux hanches: il tient une croix en
main ainsi qu’une bougie allumée, la croix à gauche, la bougie à droite.
Trois acolytes se tiennent debout, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, le dernier
derrière lui; ses jambes sont écartées; le fidèle sollicitant la guérison s’avance, bras
écartés en croix, vers le prêtre qui lui demande de sortir la langue. Le prêtre montre
ensuite la croix, tend sur lui la main qui tient la bougie et prie un instant. Il fait ensuite
passer rapidement la bougie le long du corps du fidèle et le pousse de sa main gauche
qui tient la croix, sous ses jambes. Aidé par deux acolytes, le fidèle s’agenouille, marche
à quatre pattes et passe sous les jambes écartées du prêtre; derrière celui-ci, le troisième
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


acolyte relève le fidèle et lui impose une onction sur le visage avec l’huile des malades.
De ce rite, des malades sont sortis guéris, certains sur le moment, d’autres posté-
rieurement, dans un processus lent. De nombreuses béquilles qui pendent aux murs du
chœur de l’église de Kabwe constituent quelques vestiges de ces «libérations». Quant
aux guérisons morales et spirituelles, elles ont été plus nombreuses encore. Je m’étais
moi-même rendu sur les lieux (Kabwe et Kananga); j’ai fait venir l’abbé T. à Cijiba
[François Kabasele en était alors le curé]. Les témoignages sont véridiques et éloquents 11.»

Qu’un certain nombre de prêtres voisins de Kabwe soient demeurés


très réservés face à ce type de liturgie, cela ne surprendra personne, et pas
seulement parce que leurs propres églises se sont trouvées momentanément
désertées. Ils craignent, et non sans raison, que ce rituel de guérison n’aide
guère les fidèles à saisir la portée religieuse de leur démarche. Qu’il faille
de son pied nu retrouver le contact immédiat avec la terre, et se résoudre

11. F. KABASELE LUMBALA, Célébrer, op. cit. p. 226-227. Je souligne.

51
RENÉ LUNEAU

à passer entre les jambes du célébrant en une sorte de nouvel accouche-


ment, comme c’est le cas dans certaines initiations traditionnelles, cela ne
va pas de soi et demande de la part du célébrant un sens particulièrement
averti de la catéchèse. Mais peut-on «inculturer» le sacrement des malades
dans la tradition congolaise sans d’inévitables tâtonnements?
Quant aux évêques du Zaïre d’alors, ils étaient pour le moins réticents,
redoutant de voir les chrétiens «s’enfermer dans des visions de l’homme
et du monde qui ne concordent pas avec l’Évangile 12».

L a m é m o i re d é v o y é e

Il y a trente ans déjà, l’ancien archevêque de Yaoundé, Mgr Jean Zoa,


décédé en mars 1998, écrivait:

«Dieu sait combien nos masses rurales, même scolarisées, vivent avec une mentalité
pré-scientifique et fétichiste, tuant toute possibilité d’une montée collective et rapide.
Voilà un mal qui mériterait le nom de fléau pour toute l’Afrique Noire 13.»

Ce mal concerne-t-il aussi des clercs? Il semble bien et pour ne parler


ici que du Cameroun, que nombre de clercs semblent mélanger allègre-
ment pouvoirs ministériels reçus lors de leur ordination presbytérale et
activités thérapeutiques, largement inspirées par le milieu culturel dont
ils sont issus:

«De vrais prêtres se livrent à un certain nombre de pratiques, dont Mgr Jérôme
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


Owono Mimboe, évêque d’Obala (Cameroun) a dressé la liste dans une circulaire de
novembre 1990:
• ils se font payer par leurs malades pour l’action qu’ils mènent auprès d’eux en
tant que pasteurs mandatés par l’évêque en exigeant cabris, poulets, argent. Certains
prétendent ne demander que 50 000 ou 100 000 CFA, moins – disent-ils pour se
justifier – que les guérisseurs et les médecins;
• on se rend dans n’importe quelle localité, souvent la nuit, à l’insu de l’autorité
ecclésiastique territorialement compétente, ou contre sa volonté, pour célébrer des
messes de guérison ou d’exorcisme;
• on procède à des séances de divination, à des ordalies, à des enlèvements de
fétiches, parfois avec effraction et violation de domicile; on soumet les adultes à la
bastonnade publique, parfois après les avoir dépouillés de leurs vêtements; on désigne
à la vindicte publique des individus ou des familles supposés responsables de maladies;
on terrorise les populations par des menaces de mort, de punition etc.;
12. Lettre pastorale des Évêques du Kasaï (1985).
13. Monseigneur Jean Zoa. Son héritage et son enseignement. Yaoundé, Centre d’études Redemptor
hominis, 1999, p. 64. Le texte cité est de 1971

52
Prêtres africainset traditions ancestrales

• des prêtres célèbrent des messes insolites et sacrilèges, avec du sang de chèvre ou
de mouton mélangé au vin dans le calice et donné à boire aux fidèles;
• d’autres procèdent à des rites purement païens: enterrement de chats et de chiens
dans les cours, de bouteilles, d’herbes, d’œufs de poule derrière les cases et ailleurs 14…»

Tout au long de son épiscopat, au dire de ses biographes 15, l’arche-


vêque de Yaoundé Jean Zoa a dénoncé et stigmatisé «les divagations de
certains prêtres avec leurs acolytes qui veulent voir et chasser le diable en
personne partout. En refusant la rationalité qui doit caractériser tout
comportement humain et que suppose la vraie foi, ces “messies” repré-
sentent un vrai danger et une vraie menace pour la paix et la tranquillité
sociales de nos villages 16». Et l’archevêque de s’en prendre avec vigueur
«aux syncrétismes rétrogrades et abêtissants promus et entretenus par
certains clercs catholiques qui, avec la complicité de fidèles et la bien-
veillance de certaines autorités administratives et policières, sèment haines
mortelles et divisions destructrices dans les villages, surtout dans les
Provinces chrétiennes du Centre et du Sud 17». Mises en demeure à l’évi-
dence graves et dont on a toute raison de croire qu’elles sont solidement
fondées. Et pour longtemps encore.

Quelle conclusion?

Que dire au terme de cet exposé? L’écheveau semble ici ou là sin-


gulièrement embrouillé. Pourquoi se heurte-t-on si souvent aux racines
vivantes d’un vieil arbre dont on annonçait prématurément la mort?
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)


Quelle place faire à l’Évangile? Peut-être trouverions-nous quelques

14. Monseigneur Jean Zoa, op.cit., La même ordonnance épiscopale (circulaire n° 19 du 19 novem-
bre 1990) est citée abondamment dans la thèse de doctorat en théologie de l’abbé P. NOAH, La
pédagogie de l’évangélisation en Afrique, Strasbourg, juin 1994, p. 245.
15. Monseigneur Jean Zoa, op.cit. .Il s’agit des actes d’un colloque tenu à Yaoundé en décembre 1998
et consacré à Mgr Zoa, disparu au printemps de cette même année.
16. Homélie de Noël 1987 (in Monseigneur Jean Zoa, op. cit. p. 68).
17. Homélie de la Toussaint 1990 (in Monseigneur Jean Zoa, op. cit. p. 69). L’abbé Gaspard Many
est-il dans le collimateur de l’archevêque ? Il semble bien. Originaire du diocèse de Sangmelima, ce
prêtre, exégète formé à Tübingen en Allemagne, a été directeur d’études au Grand séminaire de Yaoundé
pendant une dizaine d’années. Mais, pour un certain nombre d’écrits où, s’appuyant sur l’autorité des
ancêtres qui lui parlent, il appelle à un retour pur et simple à la tradition des anciens, il est sanctionné
par son évêque: «Les gens ont peur de l’abbé Gaspard Many parce qu’ils le prennent pour un super-
sorcier […] Un autre prêtre du nom d’Awoumou est son disciple mais lui, il dit encore la messe […].
Il est aussi question d’escroquerie : pour une imposition des mains, on doit donner de l’argent.»
Le cas de ces deux prêtres est évoqué lors de la conférence épiscopale provinciale de Doumè en
novembre 1987. (P. NOAH, La pédagogie…, op. cit. p. 246 et note 102.)

53
RENÉ LUNEAU

lumières dans un texte du théologien burkinabé Sidbé Sempore, écrit


il y a plus de vingt ans:

«Il n’est pas sûr que, pour s’incarner dans un peuple, l’Évangile exige le suicide des
religions ou leur anéantissement. Peut-être faut-il inverser les perspectives et souhaiter
l’émergence d’Églises nées de l’hospitalité accordée à l’Évangile par des religions
matrices. Il ne s’agit plus de considérer les religions ancestrales comme “anonymement
chrétiennes” et chrétiennement exploitables. Il s’agit d‘admettre la possibilité d’une
conversion chrétienne des religions, le Christ entrant dans la mentalité et les gestes
religieux des peuples pour y apposer son sceau libérateur. L’audace d’une telle pers-
pective et les difficultés qu’elle peut receler ne doivent point écarter d’un débat théo-
logique où la théorie condescendante de l’incarnation et de l’inculturation sert de panacée
à la christianisation galopante de l’Afrique. Le baptême des nations, tout comme celui
des cultures (Gaudium et spes, Evangelii nuntiandi) passe par le baptême des religions 18.»

Ce texte étonnant a-t-il jamais fait l’objet d’une réflexion approfondie


venant d’évêques ou de théologiens africains? Et pourtant comment ne
pas entendre la question qui est posée?

René LUNEAU
CNRS / Institut catholique de Paris
© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

© Karthala | Téléchargé le 06/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 129.0.84.225)

Masque de la société kidumu chez les Teke-Tsaye


installés entre le fleuve Congo et le Gabon. Fonds spiritain.

18. S. SEMPORE, «Le défi des églises afro-chrétiennes», Lumière et Vie, 159, (septembre-
octobre 1982), p. 53.

54

Vous aimerez peut-être aussi