Sud-Ouest européen

Le système bassin-versant urbain et le problème de ses limites

Annie Respaud-Médous

Citer ce document / Cite this document :

Respaud-Médous Annie. Le système bassin-versant urbain et le problème de ses limites. In: Sud-Ouest européen, tome 4,
1999. Bordeaux / Toulouse : approches métropolitaines (2) pp. 77-84;

https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_1999_num_4_1_2708

Fichier pdf généré le 06/04/2018

Resumen
El sistema de cuenca vertiente urbana y la cuestión de sus limites. La extensión de la periferia urbana
se ha hecho cada vez más rápida. La impermeabilizado» creciente de las superficies y la consiguiente
extensión hacia arriba de las redes de aguas pluviales fueron aumentando considerablemente los
volúmenes de agua que evacuar. El tránsito de las fuertes precipitaciones a través del espacio urbano
plantea graves problemas cualitativo, cuantitativo, económico y humano. Su resolución supone que se
tome más en cuenta el medio « natural » y sus imperativos. Así conviene reexaminar el concepto de
cuenca vertiente urbana en su complejidad. La primera etapa de esta aproximación sistémica ha
consistido, pues, en encontrar un método para determinar sus límites.

Résumé
L'extension de la périphérie urbaine est aujourd'hui très rapide. L'imperméabilisation croissante des
surfaces et l'extension en amont des réseaux pluviaux qui en résulte ont entraîné une augmentation
considérable des volumes d'eau à évacuer : le transit des précipitations intenses à travers l'espace
urbain pose un problème qualitatif, quantitatif, économique et humain important. La résolution de ce
problème passe par une meilleure prise en compte du milieu « naturel » et de ses impératifs. Ainsi, la
notion de bassin-versant en ville doit-elle être revisitée. Le bassin-versant urbain peut être envisagé
comme un système complexe. La première étape, dans cette approche systémique du bassin- versant,
a consisté à trouver une méthode pour le délimiter.

Abstract
The urban watershed system and the problem of its limits. Today the spread of urban outskirts is very
rapid. The growing impermability of areas and the resulting upstream extension of rain water drainage
systems have produced a considerable increase in the volumes of water to be dealt with : the
evacuation of heavy rainfall across urban areas constitutes an important qualitative, quantitative,
economic and human problem. The solution to this problem will be found in a greater attention to the «
natural » environment and its imperatives. Thus, the notion of watershed in a town environment must
be reexamined. The urban watershed may be considered as a complex System. The first stage in this
systemic approach to the watershed was to find a method to establish its limits.
 SUD-OUEST EUROPÉEN
N°4, p. 77-84, Toulouse,"! 999

LE SYSTEME BASSIN-VERSANT URBAIN

ET LE PROBLÈME DE SES LIMITES

Anne-Marie RESPAUD MÉDOUS*

RESUME - L'extension de la périphérie
urbaine est aujourd'hui très rapide.
L'imperméabilisation croissante des
surfaces et l'extension en amont des
réseaux pluviaux qui en résulte ont
entraîné une augmentation considérable
des volumes d'eau à évacuer : le transit
des précipitations intenses à travers
l'espace urbain pose un problème qualitatif,
quantitatif, économique et humain
important. La résolution de ce problème passe
par une meilleure prise en compte du
milieu « naturel » et de ses impératifs.
Ainsi, la notion de bassin-versant en ville
doit-elle être revisitée. Le bassin-versant
urbain peut être envisagé comme un
système complexe. La première étape,
dans cette approche systémique du bassin-
versant, a consisté à trouver une méthode
pour le délimiter.
BASSIN VERSANT URBAIN -
SYSTÈME - DÉLIMITATION -
LIMITES - TOULOUSE
ABSTRACT- THE URBAN WATERSHED
SYSTEM AND THE PROBLEM OF ITS
LIMITS. Today the spread of urban outskirts
is very rapid. The growing impermability
of areas and the resulting upstream
extension of rain water drainage systems have
produced a considerable increase in the
volumes of water to be dealt with : the
evacuation of heavy rainfall across urban
areas constitutes an important qualitative,
quantitative, economic and human
problem. The solution to this problem will
be found in a greater attention to the
« natural » environment and its
imperatives. Thus, the notion of watershed in a
town environment must be reexamined.
The urban watershed may be considered
as a complex System. The first stage in
this systemic approach to the watershed
was to find a method to establish its limits.
URBAN WATERSHED - SYSTEM -
ESTABLISHMENT OF LIMITS -
LIMITS - TOULOUSE
RESUMEN - EL SISTEMA DE CUENCA
VERTIENTE URBANA Y LA CUESTIÓN
DE SUS LIMITES. La extensión de la
periferia urbana se ha hecho cada vez más
rápida. La impermeabilizado» creciente
de las superficies y la consiguiente
extensión hacia arriba de las redes de aguas
pluviales fueron aumentando
considerablemente los volúmenes de agua que
evacuar. El tránsito de las fuertes
precipitaciones a través del espacio urbano
plantea graves problemas cualitativo,
cuantitativo, económico y humano. Su
resolución supone que se tome más en
cuenta el medio « natural » y sus
imperativos. Así conviene reexaminar el concepto
de cuenca vertiente urbana en su
complejidad. La primera etapa de esta aproximación
sistémica ha consistido, pues, en encontrar
un método para determinar sus límites.
CUENCA VERTIENTE URBANA -
SISTEMA - DELIMITACIÓN -
LÍMITES - TOULOUSE

Liée au développement de l'automobile et de l'habitat - en ville, du fait de l'extension des surfaces

individuel, l'extension de la périphérie urbaine est aujourd'hui
très rapide. L'imperméabilisation croissante des surfaces
et l'extension en amont des réseaux pluviaux qui en
résultent entraînent une augmentation considérable des
volumes d'eau à évacuer : le transit des précipitations
intenses à travers l'espace urbain pose un problème
important dont les aspects sont multiples.
Le problème se pose de façon quantitative. Les
inondations dues à des précipitations orageuses sont de plus en
plus fréquentes :
* Doctorante, Université de Toulouse-Le Mirail, Département de
Géographie et Aménagement.
imperméabilisées à l'amont des réseaux d'égouts pluviaux vite trop
petits ;
- en aval des grandes villes, car cette même
imperméabilisation provoque un accroissement du débit des rivières.
De plus, l'eau des précipitations, évacuée par les égouts
pluviaux, ne recharge plus les aquifères souterrains.
Le problème se pose de façon qualitative. Les eaux de
ruissellement urbain sont très polluées, après lavage des
chaussées imperméables ; or, elles se déversent sans
traitement préalable dans le réseau hydrographique à l'aval
des égouts. Apprécier quantitativement le phénomène
Sud-Ouest Européen, n°4, 1999 77
 A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain
permettrait de mieux apprécier l'importance des flux ainsi
déversés.
Le problème se pose de façon économique : le coût du
système actuel « d'évacuation » des eaux pluviales est très
élevé, tant pour assurer la maintenance de l'existant que
pour équiper les zones en cours d'urbanisation. Il faut de
plus prendre en compte le coût très lourd, tant dans son
aspect économique qu'humain, d'événements tels que
Nîmes ou Vaison-la-Romaine en ont connus...
Ces problèmes révèlent que, menée à la hâte dans une
période de forte croissance, l'évacuation des eaux
pluviales est conçue sans que soient suffisamment pris en
compte le milieu « naturel » et ses impératifs. Or la ville
est à l'interface de deux logiques : celle du milieu
« naturel » et celle de la société au travail.
Ainsi, si l'évacuation et le traitement des eaux usées
domestiques et industrielles relèvent d'une logique
humaine, sociale, contrôlable, par contre, la logique
naturelle prévaut dans le système d'évacuation des eaux
pluviales, tant par le dessin du réseau de collecte lorsqu'il
est de type séparatif (à quelques maillages près), que par
le régime des débits qu'imposent les précipitations.
L'harmonie des nécessaires rapports entre ces deux
logiques impose désormais de prendre en compte les faits
naturels, trop longtemps occultés, des savoir-faire des
ingénieurs et des aménageurs.
En effet, pour tenter de résoudre ce problème, la tendance
a été jusqu'ici à la modélisation presque systématique et
hydraulicienne des phénomènes hydrologiques urbains.
Quel que soit leur degré de complexité ou de précision, ces
modèles ne prennent pas en compte la totalité des
phénomènes intervenant dans le fonctionnement du bassin-
versant urbain. De plus, il conviendrait de les corriger,
avant mise en application, par les valeurs observées
localement des différents paramètres mis en cause.
Ce savoir-faire, développé dans un contexte d'urbanisation
rapide, a fait ses preuves mais il montre aussi de plus en
plus fréquemment ses limites: il faut aujourd'hui envisager
les problèmes tout autrement. Mais avant même
d'envisager cette approche nouvelle, qu'entend-on par « bassin-
versant urbain »?
I - Le bassin- versant urbain : de quoi
s'agit-il ?
De façon très générale, on entend par bassin-versant un
espace dont les eaux sont drainées vers un même exutoire.
Chaque bassin est séparé de ceux qui l'environnent par la
ligne de partage des eaux qui n'est autre que la ligne de
crête en terrain imperméable. Dans cette définition, la
topographie joue le rôle essentiel : le bassin- versant ainsi
délimité s'appelle bassin-versant topographique. En ville,
78 © Sud-Ouest Européen, n°4, 1999
tant la surface du bassin que le système de drainage sont
plus ou moins aménagés : la notion de bassin-versant
devient plus complexe.
La définition la plus répandue du bassin- versant urbain est
celle d'un ingénieur hydrologue : « le bassin-versant dans
une section droite d'un collecteur dit principal, est défini
comme la totalité de la surface topographique drainée par
ce collecteur et ses collecteurs affluents à l'amont de la
dite section; tous les écoulements prenant naissance à
l'intérieur de cette surface doivent traverser la section
droite considérée pour poursuivre leur trajet vers l'aval »
(Remenieras, 1986). Cette définition est satisfaisante à
ceci près: elle suppose que la totalité des écoulements sont
drainés au moins par le collecteur principal en place: ce
n'est pas toujours le cas, notamment lorsque l'intensité
pluviale est telle que la capacité des collecteurs est dépassée.
En milieu urbain, le bassin comprend des surfaces
imperméabilisées ou pas, dont les eaux de ruissellement
peuvent être drainées de façon plus ou moins immédiate
vers un réseau de canalisations. Afin de comprendre son
fonctionnement, une méthode d'approche nouvelle du
bassin-versant urbain devait être trouvée.
II - Une approche nouvelle du problème
En ville, plus que partout ailleurs, le bassin-versant
présente différentes composantes physiques, naturelles,
urbanistiques et socio-économiques, qui s'organisent,
s'interconnectent, par des liaisons fonctionnelles plus ou
moins faciles à appréhender : il s'agit bien là d'un système
tel que le définit la Théorie des Systèmes. L'approche du
bassin-versant en tant que système complexe permet de
prendre en compte la totalité des phénomènes, qu'ils soient
naturels ou anthropiques, structurels ou dynamiques et
d'en étudier l'organisation, la dynamique. Le système
bassin-versant urbain peut être représenté par la figure 1 .
Le bassin-versant urbain: un système complexe (fig. 1)
II apparaît clairement que la logique socio-économique est prépondérante
en surface c'est de l'aménagement des surfaces que dépend cette
prépondérance (imperméabilisation des surfaces mais aussi ouvrages divers tels
:
que le réseau pluvial superficiel, les caniveaux, les bassins de rétention etc).
La logique naturelle est prépondérante à l'amont du système la
composante essentielle dans le fonctionnement de ce système demeure la
:
composante naturelle, aléatoire, qu'est la pluie. C'est d'elle que dépendent
la dynamique du système, la saturation des sols, la saturation des divers
ouvrages construits et donc la nature des écoulements engendrés
(contraints ou incontrôlés).
Au niveau du système lui-même, la pente est une composante très
importante qui, comme l'intensité pluviale, peut gommer les différences
engendrées par les états des surfaces et accentuer notablement les effets de
l'intensité/durée/ extension de la pluie.
En aval du système, toutes les sorties se font dans le réseau
hydrographique aval.
 ENTRÉES
Phénomène naturel LE SYSTEME BASSIN-VERSANT URBAIN
Rejets
anthropiques
- bassins
dépressions
de stockage
Surfaces imperméables :
Toits, rues, trottoirs, caniveaux, Ecoulement différé
aires de stationnement
Réseau
Ecoulement immédiat contraint
Surfaces perméables : ►Interception par la vegetation
Espaces verts, jardins, terre
nue, terre engraviilonnée, etc.
Rétention par le sol
X
Infiltration
X
Nappes souterraines
X
Débits Nappes alluviales
anthropiques Gains souterrains
Dynamique socio-économique : le cheminement de l'eau est contraint par les aménagements
Dynamique naturelle : le cheminement de l'eau n'est pas contraint par les aménagements
 A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain
Le système « bassin- versant urbain » comprend un certain
nombre de composantes.
Composantes structurelles telles que :
- la topographie naturelle ; celle-ci ayant été aménagée,
plus ou moins imperméabilisée, la géomorphologie ne
s'exprime plus que par la pente ;
- les réseaux hydraulique et hydrographique qui
communiquent entre eux normalement dans le sens amont-aval,
quand ils fonctionnent comme prévu, mais parfois d'aval
en amont en cas de dysfonctionnement.
Composantes dynamiques telles que :
- la composante dynamique naturelle, la pluie ;
- la composante dynamique socio-économique qui
s'exprime par la volonté des aménageurs et des élus, la
pratique individuelle et collective, qui pèsent sur les
aménagements en place.
Il s'est agi dans un premier temps de trouver une méthode
d'approche adaptée à l'étude de chacune d'elles (Respaud-
Médous, 1993). Restait à valider l'ensemble de cette
nouvelle méthode par une étude fine, la plus exhaustive
possible, d'un bassin-versant urbain expérimental.
III - Le choix d'un bassin- versant
expérimental
Le bassin-versant expérimental a été choisi en accord avec
les Services Techniques de la Ville de Toulouse. Le fait
que Toulouse soit dotée d'un réseau séparatif a été
déterminant dans ce choix. De plus, si l'on en croit les derniers
rapports de la Compagnie Générale des Eaux, gestionnaire
du réseau, ce réseau séparatif est de bonne qualité. En
système séparatif le réseau de collecte des eaux de pluie
est distinct du réseau de collecte des eaux usées
domestiques : il s'agissait là d'une condition élémentaire à satisfaire.
Les critères du choix ont ensuite été les suivants :
- un bassin de petite taille, représentant cependant une
unité hydrologique, en secteur pentu, le plus en amont
possible du relief et du réseau afin de s'affranchir de toute
influence des bassins-versants voisins ;
- un bassin drainé par un réseau simple de collecteurs non
maillés car ces maillages rendent l'interprétation des
hydrogrammes pratiquement impossible ;
- un bassin suffisamment diversifié pour que l'occupation
des surfaces soit représentative des différents types de
surfaces urbaines : pavillonnaire, collectif, voirie, usine et
que des sous-bassins homogènes puissent être différenciés
et équipés hydrauliquement.
80 © Sud-Ouest Européen, n°4, 1999
Il s'est ensuite agi de valider la méthode d'approche
évoquée plus haut sur ce bassin-versant témoin. L'étude
des limites a très vite posé un problème important.
IV - Les limites du bassin-versant
urbain
1. Pourquoi les limites du bassin-versant
urbain sont-elles compliquées ?
En ville, le bassin-versant réel est, un peu comme en
système karstique, différent du bassin topographique :
l'écoulement souterrain rend difficile la délimitation de
l'un et de l'autre et ce d'autant que les réseaux sont maillés
(c'est-à-dire connectés artificiellement entre eux), mettant
ainsi en relation des surfaces que l'éloignement et la pente
feraient appartenir à des bassins différents. C'est pourquoi
l'une des caractéristiques du bassin expérimental
recherché était de comporter un réseau simple non maillé.
Par ailleurs, les limites du bassin-versant urbain varient
parfois en fonction de la pluie. En effet, lorsque l'intensité/
durée de la pluie est telle que le système hydraulique est
suffisant pour évacuer la lame d'eau, les limites du bassin-
versant sont celles du bassin-versant hydraulique.
Mais si l'intensité/durée de la pluie est telle que la lame
d'eau à évacuer dépasse les capacités de stockage/rétention
des différents réservoirs, naturels ou construits par
l'Homme, et les capacités d'évacuation du système
hydraulique, toutes les surfaces, qu'elles soient imperméables ou
perméables mais saturées, deviennent actives dans le
ruissellement, et il y a successivement mise en charge des
collecteurs, puis des rues, systèmes hydrauliques de
collecte en surface. Dès lors que la lame d'eau ruisselante
dépasse la hauteur des trottoirs, la capacité d'évacuation
du système « hydraulique-rue » est dépassée et les limites
du bassin deviennent les limites du bassin-versant
topographique construit.
À partir de quelle intensité/durée de la pluie observe-t-on
le phénomène ?
Sur la courte période d'étude, aucun événement pluvieux
n'a eu l'intensité/durée suffisante pour que l'on puisse
répondre. Seule une simulation mathématique pourrait
apporter un élément de réponse.
C'est pourquoi l'étude des limites telle qu'elle suit n'a
envisagé que le cas observé : le système hydraulique est
suffisant pour évacuer le débit généré par la pluie.
Il était donc impératif, avant de tracer les limites du bassin
-versant, de connaître :
 A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain
- l'ensemble du système hydraulique d'évacuation des
eaux pluviales comprenant non seulement le réseau
collecteur, mais aussi tous les ouvrages de collecte en relation
avec ce réseau et l'efficacité de leur collecte, observée par
temps de pluie ;
- l'occupation du sol avec la nature exacte des surfaces et
leur extension.
2 . En effet, le système superficiel de collecte
de l'eau a une influence majeure sur les
limites du bassin- versant urbain
Ce système comprend les différentes surfaces et lès
systèmes de collecte reliant ces surfaces au réseau
collecteur. De façon générale, et l'observation sur le terrain a
permis de le confirmer (quel que soit l'âge de la
construction), la relation entre les surfaces et le système de collecte
élémentaire qu'est la rue est à peu près conforme à ce qui
est requis par le Règlement d'assainissement de la Ville de
Toulouse : « Seul l'excès de ruissellement doit être
canalisé après qu'aient été mises en œuvre toutes les solutions
susceptibles de favoriser le stockage et l'infiltration des
eaux afin d'alimenter la nappe phréatique d'une part, et
d'éviter la saturation des réseaux d'autre part ».
De façon concrète, deux types de surfaces
imperméabilisées s'observent (fig. 2) :
- celles qui sont presque toujours reliées à un système de
collecte. Il s'agit des toitures des pavillons qui, excepté
pour quelques rares maisons construites en fond de
parcelle dont les eaux de toiture sont évacuées dans un
puisard, sont reliées par une gouttière au caniveau dans la
rue. Les surfaces imperméabilisées plus importantes
(goudronnées, cimentées), telles que les parcs de
stationnement qui accompagnent les collectifs et les zones
d'activité, les toitures des collectifs et des hangars sont
généralement en relation directe avec le réseau.
Cependant, lorsque la rue n'est pas desservie par le réseau,
les eaux de toiture des immeubles récents sont collectées
dans des réservoirs de types divers tels que la « bâche à eau » ;
- celles qui ne sont presque jamais reliées à un système de
collecte. Il s'agit des petites surfaces imperméabilisées qui
accompagnent les pavillons, telles que trottoirs, allées, etc.
Il faut noter que pour certaines constructions relativement
anciennes présentant des surfaces de toitures pourtant
importantes, l'évacuation des eaux du toit se fait
directement dans la cour, celle-ci n'étant aucunement équipée
d'un système de collecte.
À l'aval de la parcelle, qui est le niveau d'organisation de
l'espace le plus élémentaire en ville, la rue par ses
caniveaux est donc le premier élément du système public de
collecte des eaux de pluie. Ce système comprend les
caniveaux qui longent les trottoirs et la forme plus ou moins
concave de la surface de revêtement de la rue, forme
destinée à faciliter cette collecte des eaux qui ruissellent
sur la chaussée. Les rues non équipées de réseau pluvial
sont en général à l'amont, dans des secteurs pentus : la
pente des caniveaux suffit à conduire l'écoulement vers les
bouches d'égout.
Plus en aval, dès lors que la surface collectée en amont
devient importante, les rues sont équipées d'un réseau de
collecte qui comprend :
- des bouches d'égout destinées à avaler les eaux amont
canalisées par le caniveau ;
- un collecteur enterré de plus ou moins grande dimension
destiné à collecter les eaux avalées par les bouches
d'égout.
Dès lors que l'eau atteint le caniveau d'une rue équipée elle
est capturée par le réseau : son parcours est complètement
contraint tant qu'il n'y a pas mise en charge.
Ainsi, les limites du bassin-versant dépendent étroitement
de la relation entre les surfaces et les systèmes de collecte
lorsqu'il y en a.
Sur la figure 2, extrait de la carte du bassin- versant
expérimental, ont été portés d'une part la relation entre les
surfaces imperméabilisées et le réseau hydraulique- rue,
d'autre part le sens d'écoulement de l'eau observé sur le
terrain par temps de pluie. Restait à représenter de façon
cartographique les limites du bassin-versant urbain choisi.
Sud-Ouest Européen, n°4, 1999 81
 A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain

Surface imperméable en toiture

Surface imperméable en trottoirs,

allées, piscines, etc..
L'eau de ruissellement de la toiture
est canalisée par une gouttière
jusqu'au caniveau dans la rue
La pente de la rue induit un
écoulement dans ce sens
Surface perméable (jardins, terre nue,
allée engravillonnée, etc..)
Courbe de niveau

Fig. 2 - Extrait de la carte du bassin-versant expérimental

Toute la surface imperméabilisée des parcelles PI et P3 n'est pas captée par le caniveau de la rue Capefigue.
Comme pour la plupart des maisons qui longent cette rue, toute la surface imperméabilisée de la parcelle P2, uniquement constituée de la surface de
toiture, est collectée par une gouttière et rejetée dans le caniveau de la rue Capefigue il s'agit là du schéma classique sur l'ensemble du bassin.
Bien que les surfaces imperméabilisées des parcelles P4 et P5 soient mitoyennes, l'eau de la parcelle P4 est captée en direction du chemin Maurice et
:

celle de la parcelle P5 en direction de la rue Capefigue: de ce fait, les deux parcelles appartiennent à des bassins-versants différents, les eaux de
ruissellement de ces deux rues étant collectées en aval par collecteurs différents et non maillés en leur aval.
En ce qui concerne les surfaces perméables, la pente oriente, après saturation du sol, le ruissellement: ces surfaces peuvent alors participer au
ruissellement que le système hydraulique doit évacuer.

3. La représentation cartographique des limites du Fig. 3 - Le bass in -versant urbain

bassin- versant urbain (fig. 3) des limites complexes
Le fond de carte choisi, fourni par les Services Techniques de la
Mairie de Toulouse, comporte les parcelles cadastrales mises à jour, Légende de la carte de la page 83
le bâti en grisé, la voirie et les limites des trottoirs. Ont été ajoutés Limite naturelle
en traits pleins un collecteur et les isohypses métriques. de partage des eaux
En secteur pentu, les lignes de crêtes naturelles sont évidentes.
Tracer ces lignes de crêtes naturelles à l'aide des courbes hypsomé- Limite naturelle possible
de partage des eaux
triques est un exercice facile auquel le géographe est rompu. Mais en
milieu urbain, cette ligne n'est jamais, ou presque, vierge Limite artificielle
d'aménagements.
Aussi, la ligne de crête naturelle, une fois tracée, est-elle corrigée
Limite artificielle possible
chaque fois qu'elle rencontre une surface imperméable susceptible
d'orienter artificiellement l'écoulement: chaussée, caniveau, toiture, etc. À l'aval de cette limite, le ruissellement
est orienté artificiellement
La carte fait apparaître cinq sortes de limites :
- la limite dite « ligne de crête naturelle » délimite le bassin versant Surface imperméable collectée vers
le réseau du bassin-versant
urbain quelle que soit l'intensité/durée de la pluie. Cette limite tracée
à l'aide de courbes hypsométriques est très discontinue car Surface imperméable collectée vers
interrompue par de nombreuses surfaces construites ; le réseau du bassin-versant voisin
- la limite dite « ligne de crête naturelle possible » se différencie de
Collecteur
la précédente par le fait qu'elle ne délimite le bassin-versant urbain
que lorsque l'intensité/durée de la pluie est telle que la capacité
d'évacuation du système hydraulique est dépassée. Ce bassin- Source : Services Techniques de la Mairie de Toulouse

82 © Sud-Ouest Européen, n°4, 1999

A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain

Sud-Ouest Européen, n°4, 1999 83

 A.M. Respaud-Médous, Le système bassin-versant urbain

versant, s'il n'avait pas été construit, serait complètement
délimité par la continuité de la ligne de crête, mais les
constructions ont perturbé les conditions de partage des
eaux pluviales ;
- la limite dite « artificielle » est par excellence celle du
bassin-versant hydraulique. Elle épouse toujours la forme
d'un ouvrage, en général trottoir ou caniveau. De part et
d'autre de cette limite, les surfaces imperméables, selon
leur relation avec le réseau hydraulique, peuvent être à
ajouter au bassin-versant ou à exclure ;
- la limite artificielle peut ne pas être absolue : c'est la
limite dite « artificielle possible ». Ce peut être le cas au
niveau d'un carrefour : l'eau peut s'écouler le long du
caniveau ou suivre la pente de la chaussée. Le phénomène
s'observe en amont, en secteur pentu ;
- le cinquième type de limite concerne, en secteur pentu,
les surfaces dont le ruissellement est orienté en leur aval
par un ouvrage, très généralement le caniveau qui collecte
et oriente ces eaux dans le sens de la pente de la rue.
Le bassin-versant expérimental choisi l'a été, entre autre,
pour la simplicité de son réseau. Or l'étude de ce bassin
« simple » a révélé la complexité de ses limites. Il reste à
compléter cette méthode de délimitation des bassins-
versants urbains lorsque des maillages plus ou moins
nombreux compliquent encore davantage ces limites.
Une meilleure connaissance des limites du bassin-versant
urbain est de première importance :
- la surface active dans le ruissellement ainsi déterminée
est mesurée et permet le calcul du système hydraulique
d'évacuation/rétention le mieux adapté dans les zones à
urbaniser ; elle permet aussi d'améliorer les réseaux
existants par une prise en compte plus juste des surfaces
réellement concernées ;
- la plupart des études antérieures se sont attachées à
étudier la qualité des rejets pluviaux : aucune étude
qualitative sérieuse de ces rejets ne pourra faire l'économie
d'une étude quantitative, tout aussi sérieuse, des lames
d'eau écoulées.
De fait, dans le cadre de la mise en application de la
Directive européenne du 21 mai 1991 et de son émanation
française (la Loi sur l'eau du 3 janvier 1992), obligation est
faite aujourd'hui aux communes de « délimiter le
périmètre des sous-bassins correspondant à une unité
hydrographique » (périmètre du sage) afin de prendre en compte
l'ensemble des phénomènes ayant trait à l'eau à l'intérieur
de ce périmètre: cette méthode devrait pouvoir les y aider.
Le bassin- versant étant ainsi délimité, l'étude des différentes
composantes qui agissent sur cet espace peut commencer.

Références bibliographiques
Groupe de travail du STU, Mémento sur l'évacuation des eaux urbanisé », Bulletin d'hydrologie, n°4, mai 1989.
pluviales, Paris, La Documentation Française, 1989, 349 p. Lambert R., Climat et cycle de l'eau, Toulouse, pum, 1995,
Dacharry M., « Spécificité de l'hydrologie urbaine », Bulletin 439 p.
de l'Association de Géographes Français, n° 500-501, Remenieras G., L'hydrologie de l'ingénieur, Gap, Eyrolles,
février-mars 1984. 1986,456 p.
Desbordes M., Réflexions sur les méthodes de calcul des Respaud MÉdous AM., Recherche d'une méthode d'approche
réseaux urbains d'assainissement pluvial, thèse géographique du bassin-versant urbain à partir de l'étude
d'Ingénieur Docteur, Montpellier, 1974, 224 p. d'un cas, le bassin-versant Jolimont la Roseraie à
Desbordes M., « Principales causes d'aggravation des Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, mémoire de
dommages d'inondations par ruissellement superficiel en milieu DEA, 1993, 61 p.

84 © Sud-Ouest Européen, n°4, 1999