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L’Encéphale (2013) 39, 315—319

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP

MÉMOIRE ORIGINAL

Maladie de Niemann-Pick de type C chez l’adulte et


troubles psychiatriques : revue de littérature
Adult onset Niemann-Pick type C disease and psychosis: Literature review

A. Maubert ∗, C. Hanon , J.-P. Metton

EPS Erasme, 143, avenue Armand-Guillebaud, BP 50085, 92161 Antony cedex, France

Reçu le 25 avril 2012 ; accepté le 4 avril 2013


Disponible sur Internet le 5 août 2013

MOTS CLÉS Résumé La maladie de Niemann-Pick de type C (NPC) est une maladie neuro-viscérale rare,
Maladie de de transmission autosomique récessive, ayant une présentation clinique extrêmement hétéro-
Niemann-Pick de type gène. La forme adulte de la maladie est habituellement d’expression neurologique. On peut
C; alors retrouver un syndrome cérébelleux (ataxie, troubles de la marche, dysarthrie), des mouve-
Troubles ments anormaux, une cataplexie, des crises d’épilepsie, une dysphagie, une paralysie verticale
psychiatriques du regard, ainsi qu’une détérioration cognitive évoluant vers une démence. Des symptômes psy-
chiatriques non spécifiques (manifestations psychotiques de type schizophrénique, syndromes
dépressifs, troubles bipolaires, troubles obsessionnels compulsifs, troubles du comportement)
y sont souvent associés. Cependant, la maladie de NPC peut également se manifester sous la
forme de troubles psychiatriques isolés. Ce tableau psychiatrique est le plus souvent atypique,
s’associant à des hallucinations visuelles, une confusion mentale, une fluctuation des symp-
tômes, une réponse inhabituelle ou paradoxale au traitement, une catatonie, une altération
cognitive progressive, ou encore à des crises d’épilepsies. La découverte récente d’un traite-
ment, le miglustat, permettant d’en améliorer l’évolution, doit amener les psychiatres à la
rechercher devant tout tableau psychotique atypique. Cette revue complète de la littérature
internationale vise à porter la maladie de NPC à leur connaissance.
© L’Encéphale, Paris, 2013.

Summary
KEYWORDS Introduction. — Niemann-Pick type C disease (NPC) is a rare hereditary disease, which psychia-
Niemann-Pick type C trists do not face often in France. Indeed, only a couple of articles specifically describing
disease; the psychiatric-disorders in the adult form have been published. And for the most part, they
Psychiatric-disorders were not written by psychiatrists. This comprehensive international literature review aims at
providing knowledge on this disease to French psychiatrists.
Methods. — To achieve this literature review, we used the ‘‘PubMed’’ search engine, looking for
the following keywords: Niemann-Pick type C AND (schizophrenia OR psychosis).

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : alice.maubert@gmail.com (A. Maubert).

0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2013.


http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2013.04.013
316 A. Maubert et al.

Results. — Niemann-Pick type C disease (NPC) is a rare, neurovisceral, autosomal recessive


disease, with an extremely heterogeneous clinical presentation. It is characterized by a wide
range of symptoms that are not specific, such as neurological, systemic or psychiatric symp-
toms. The adult form of the disease concerns a small proportion (5 %) of the people affected
and is usually expressed as a neurological form. A variety of progressive and disabling symp-
toms are encountered, mainly cerebellar signs (cerebellar ataxia, impaired gait, dysarthria),
but also movement disorders, cataplexy, seizures and dysphagia. Patients face constant cog-
nitive deterioration, which can result in severe dementia. Abnormal saccadic eye movement
is often the first manifestation of the disease. Supranuclear gaze palsy is considered to be a
specific sign and should be systematically searched for. In terms of systemic signs, the usual
infantile hepatosplenomegaly is very fickle in the adult form; if present, it is usually asympto-
matic. Non-specific psychiatric symptoms are often associated with NPC disease. For one third
of cases, it can also express as an isolated psychiatric-disorder form, such as schizophrenia-like
psychosis (paranoid delusions, auditory hallucinations, interpretative thoughts, and disorgani-
zation), depression, bipolar disorder, obsessive-compulsive behaviour and behavioural problems
(sleep disorders, hyperactivity, agitation, aggressiveness or self-mutilations). This psychiatric
overview is mostly atypical and is accompanied by visual hallucinations, confusion, symptom
fluctuations, treatment resistance or aggravation with neuroleptic drugs, catatonia, progressive
cognitive decline, but also seizures. The late appearance of neurological manifestations is often
wrongfully attributed to the effects of antipsychotic medication, which generates tardy diagno-
sis. Most of NPC affected patients die prematurely. NPC diagnosis is based on a filipin test on a
fibroblast culture from a skin biopsy and also on a sequencing of the NPC1 and NPC2 genes. Rou-
tine laboratory biochemistry profiles are generally normal. The early diagnosis is fundamental
to deploy the best follow-up care. The patient should therefore be in contact with a reference
centre. Until recently, NPC treatment consisted in supportive therapies and symptomatic drugs,
useful, however, with variable efficacy. The recent discovery of a medicine called Miglustat (N-
butyldeoxynojirimycin; NB-DJN; Zavesca® , Actelion Pharmaceuticals Ltd.) which improves the
disease evolution, should encourage psychiatrists to look for it in every atypical psychosis.
© L’Encéphale, Paris, 2013.

Introduction caractérisée par un éventail de symptômes peu spécifiques


pouvant être de nature neurologique, systémique ou psy-
La maladie de Niemann-Pick de type C (NPC) est une maladie chiatrique. Les âges de début et les vitesses d’évolution sont
neuro-viscérale rare, pan-ethnique, de transmission auto- variables [1,6].
somique récessive. Sa prévalence publiée est variable ; son Les différentes formes de la maladie peuvent être
incidence dans la population générale est estimée en France classées en fonction de l’âge d’apparition des signes neuro-
à 1 pour 120 000 à 150 000 naissances [1,2]. logiques, principal facteur influençant la symptomatologie,
Les premiers symptômes peuvent apparaître à tous les de la vitesse d’évolution et de l’espérance de vie. En
âges de la vie avec une présentation clinique extrêmement effet, la plupart des patients atteints de la maladie de NPC
hétérogène [1]. meurent prématurément avant l’âge adulte. Les catégo-
La forme adulte de la maladie représente une minorité ries habituellement reconnues sont : la forme pré-périnatale
des cas recensés. D’expression habituellement neurolo- (< 3 mois) ; la forme infantile précoce (trois mois à deux
gique, elle peut également se manifester sous la forme de ans) ; la forme infantile tardive (deux à six ans) ; la forme
troubles psychiatriques isolés [2—6]. juvénile (six à 15 ans) ; la forme de l’adolescent et de
La découverte d’un cas de maladie de NPC dans notre l’adulte (> 15 ans). En réalité, il existe un continuum cli-
service hospitalier de psychiatrie, initialement diagnostiqué nique entre ces différentes formes avec un chevauchement
comme une schizophrénie atypique avec symptômes neuro- important des symptômes [1].
logiques, nous a amené à réaliser une revue complète de la La maladie de NPC est caractérisée par une grande
littérature internationale sur ce sujet. variété de symptômes neurologiques progressifs et han-
Pour cela, nous avons utilisé le moteur de recherche dicapants, notamment un syndrome cérébelleux (troubles
PubMed avec les mots clés Niemann-Pick type C AND (schi- de la coordination manuelle, troubles de la marche, dys-
zophrenia OR psychosis). arthrie), des mouvements anormaux, des troubles de la
déglutition, des crises épileptiques et une cataplexie. Ces
troubles, fréquents dans les formes tardives, ont un retentis-
Clinique et physiopathologie sement important sur le parcours éducatif et professionnel
des patients [1,2,6—9].
La maladie de NPC est une maladie neuro-viscérale de La détérioration cognitive est constante, à type de
présentation clinique extrêmement hétérogène. Elle est troubles de la motricité fine et grossière avec raideur
La maladie de Niemann-Pick de type C chez l’adulte 317

articulatoire, troubles du raisonnement logique et des pro-


Tableau 1 Caractéristiques les plus communes dans la
cessus d’abstraction associés à des troubles attentionnels,
forme de l’adulte de la maladie de Niemann-Pick de type
une diminution de la mémoire de travail et des capacités
C.
de concentration, une baisse du stock lexical sur le plan
du langage et l’utilisation d’expressions stéréotypées et, au Ataxie cérébelleuse 76 %
fur et à mesure de l’évolution de la maladie, une perte Ophtalmoplégie supra-nucléaire verticale 75 %
d’autonomie. Elle peut conduire précocement à un syn- Dysarthrie 63 %
drome démentiel profond associant une apathie majeure et Troubles cognitifs 61 %
un mutisme [1,7,10,11]. Mouvements anormaux (dystonie, parkinson, chorée) 58 %
Au niveau ophtalmologique, les anomalies des saccades Splénomégalie 54 %
oculaires représentent souvent le premier signe de la mala- Troubles psychiatriques 45 %
die. L’ophtalmoplégie supra-nucléaire verticale (paralysie Dysphagie 37 %
de la verticalité des mouvements du globe oculaire) est
Vannier, 2010 [15].
considérée comme un signe caractéristique de la maladie
et doit être recherchée systématiquement [1,6,11,12].
Sur le plan systémique, la maladie de NPC est une sans qu’il existe un déficit enzymatique à proprement parler.
cause importante de splénomégalie isolée ou d’hépato- Les patients porteurs de mutations de NPC1 ou de NPC2 ont
splénomégalie chez l’enfant. Dans les formes tardives, le même phénotype clinique et nécessitent la même prise
l’hépato-splénomégalie est très inconstante ; si elle est pré- en charge. Des cas biochimiquement prouvés sans mutation
sente, elle est habituellement asymptomatique et parfois, identifiée peuvent aussi exister [1,2].
seule l’échographie abdominale permet de la mettre en Au niveau cellulaire, ces mutations entraînent des
évidence. Des infiltrats pulmonaires par des cellules de sur- anomalies caractéristiques du transport intracellulaire du
charge sont parfois observés dans les formes à début précoce cholestérol, des glycosphingolipides et de la sphingosine
[1,6]. conduisant à leur accumulation dans les lysosomes et les
La forme adulte de la maladie de NPC est rare et endosomes tardifs de nombreux tissus. Le cholestérol non
représente 5 % de la totalité des cas recensés ; elle estérifié (ou libre), la sphingomyéline, le monoacylglycé-
demeure de diagnostic difficile. De début insidieux et de rophosphate, les glycosphingolipides, le lactocéramide et
progression sournoise, elle est alors souvent associée à surtout les gangliosides de type GM2 et GM3 s’accumulent,
des troubles psychiatriques. Dans un tiers des cas, ces quant à eux, dans le cerveau [1,2,29,30].
troubles sont initialement isolés, sans anomalie retrouvée Le diagnostic de la maladie repose sur les mêmes exa-
à l’examen neurologique et peuvent être interprétés à tort mens quel que soit la forme clinique [1].
comme des manifestations psychotiques de type schizophré- Les examens biologiques standards, les lipides plasma-
nique (délire paranoïde, hallucinations auditives, pensées tiques et la bilirubine non conjuguée sont habituellement
interprétatives, discordance). Quand il existe, ce tableau normaux ; cependant, une thrombopénie modérée peut
schizophrénique est le plus souvent atypique, s’associant s’observer chez les patients ayant une splénomégalie [1].
à des hallucinations visuelles, une confusion mentale, une Le dosage de la chitotriosidase plasmatique (enzyme dont
fluctuation des symptômes, une réponse inhabituelle ou la production est classiquement très augmentée chez les
paradoxale au traitement, une catatonie, une altération patients atteints de maladie de Gaucher) n’est ni sensible
cognitive progressive, ou encore à des crises d’épilepsies. ni spécifique de la maladie de NPC mais son élévation peut
Le diagnostic est alors souvent retardé, parfois de plusieurs constituer un élément d’orientation du diagnostic [1].
années, et n’est posé que lorsque les signes neurologiques Le test diagnostique-clé de la maladie de NPC est le test
sont francs. En effet, ceux-ci peuvent être initialement à la filipine sur culture de fibroblastes cutanés après biop-
assimilés, de manière erronée, aux effets indésirables des sie de peau. Dans un milieu enrichi en LDL, l’accumulation
psychotropes. Les autres troubles psychiatriques ayant été lysosomale de cholestérol libre, secondaire au trouble du
décrits sont des hallucinations visuelles transitoires iso- transport du cholestérol intracellulaire, est mise en évi-
lées, des syndromes dépressifs, des troubles bipolaires, dence par microscopie de fluorescence après coloration à
des troubles obsessionnels compulsifs, des troubles du la filipine [1,2,6].
comportement (troubles du sommeil, hyperactivité, agita- La vitesse d’estérification du cholestérol après charge en
tion, agressivité, automutilations) [1,2,6,7,11—25]. LDL peut être utile en complément [1].
Dans la forme juvénile, les patients présentent plutôt L’analyse moléculaire des gènes NPC1 (chromosome
des difficultés scolaires ou des troubles du comportement 18 q11-q12) et NPC2 (chromosome 14 q24.3) est essentielle
[1,26]. pour confirmer le diagnostic chez les patients ayant un phé-
Au total, l’association de troubles psychiatriques, notype biochimique « variant ». Cette analyse est également
d’un syndrome cérébelleux, d’une ophtalmoplégie proposée en cas de nécessité d’un diagnostic prénatal [1].
supra-nucléaire de la verticalité et d’une spléno- L’imagerie par résonnance magnétique (IRM), souvent
mégalie est très évocatrice d’une maladie de NPC normale, peut montrer, à un stade avancé de la maladie,
(Tableau 1)[1,2,6,15,27,28]. une atrophie cérébrale et de la partie antérosupérieure du
Contrairement aux maladies de Niemann-Pick de type A vermis cérébelleux ainsi que des anomalies de la substance
ou B, n’ayant en commun que le nom et qui sont dues à blanche péri-ventriculaire « en verre dépoli » [1,7].
un déficit en sphingomyélinase acide, la maladie de NPC La spectroscopie proton par résonance magnétique
est causée par des mutations dans l’un ou l’autre des deux (spectro-IRM/H-MRSI), technique d’imagerie fonctionnelle
gènes NPC1 (95 % des cas) ou NPC2 (4 % des cas environ), permettant de quantifier une souffrance cellulaire par
318 A. Maubert et al.

d’inhalation qui est la conséquence la plus grave de la


Tableau 2 Algorithme diagnostique et thérapeutique de la
dysphagie. On peut palier aux troubles gastro-intestinaux
maladie de Niemann-Pick de type C.
par des antidiarrhéiques, un régime adapté ou encore par
Devant l’association de troubles un programme de rééducation intestinale. L’antibiothérapie
Psychotiques atypiques : hallucinations visuelles, prophylactique peut prévenir les infections pulmonaires ;
confusion mentale, symptômes fluctuants, réponse les bronchodilatateurs et la kinésithérapie respiratoire sont
inhabituelle ou paradoxale au traitement, catatonie, utilisés dans les rares cas d’atteinte pulmonaire primitive
altération cognitive progressive [1,6].
Cognitifs évoquant une pathologie démentielle Les essais thérapeutiques utilisant des hypocholestéro-
Neurologiques : ataxie, mouvements anormaux, lémiants, bien qu’entraînant une réduction significative du
dysarthrie, dysphagie, paralysie verticale du regard, taux de cholestérol plasmatique et hépatique, n’ont pas
cataplexie montré de bénéfice sur l’évolution des troubles neurolo-
Systémiques : splénomégalie, antécédent d’ictère giques [1,2].
prolongé à la naissance Avec l’autorisation de mise sur le marché en Europe
en 2006 du miglustat (N-butyldeoxynojirimycin ; NB-DJN ;
Penser à la maladie de NPC
Zavesca® , Actelion Pharmaceuticals Ltd., médicament ini-
Réaliser dans un centre spécialisé tialement utilisé dans le traitement de certaines formes
Un test à la filipine sur culture de fibroblastes cutanés de la maladie de Gaucher) et le développement en cours
L’analyse moléculaire des gènes NPC1 et NPC2 d’autres traitements spécifiques, il est possible d’envisager
comme but thérapeutique une stabilisation de la maladie
Contacter un centre de référence et de compétence pour
neurologique [130,6,22,31,32].
la prise en charge thérapeutique
Le miglustat est un petit imino-sucre capable de traverser
Sedel, 2010 [8]. la barrière hémato-encéphalique, de diminuer la concentra-
tion des glycosphingolipides dans le cerveau, de diminuer les
l’analyse de certains métabolites, semble prometteuse pour anomalies neuropathologiques, de retarder l’apparition des
le suivi de l’évolution de la maladie [1,7]. symptômes neurologiques et de prolonger la survie. Il rédui-
L’examen neuropathologique n’est pas adapté comme rait également la fréquence des symptômes psychiatriques
test diagnostique ; s’il était réalisé, il retrouverait une observés chez les patients atteints de la maladie de NPC
dégénerescence neuronale ainsi qu’une démyélinisation [1,17].
similaires à ce que l’on voit dans la maladie d’Alzheimer La dose recommandée de miglustat chez les adolescents
[1,17,18]. et les adultes est de 200 mg trois fois par jour ; chez les
Le profil d’anomalies biochimiques ne peut être utilisé enfants entre quatre et 12 ans, la posologie doit être adap-
comme critère prédictif de sévérité [1,2]. tée à la surface corporelle [1].
La précocité du diagnostic est primordiale afin de per- Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés
mettre la meilleure prise en charge thérapeutique du sont gastro-intestinaux (diarrhée, flatulences) entraînant un
patient ainsi que la mise en place d’un conseil génétique amaigrissement, ainsi que des tremblements. Ces effets
adéquat. Celui-ci sera alors dirigé vers un centre de réfé- tendent à diminuer avec le temps et ont pu être minimi-
rence et de compétence [1,22] (Tableau 2). sés par des mesures spécifiques (régime sans féculents). Une
diminution modérée des plaquettes peut être observée [1].
Ce traitement doit être débuté immédiatement chez
Traitement les patients présentant une atteinte neurologique quelle
qu’elle soit. En général, il doit être poursuivi tant que
Jusqu’à récemment, il n’existait pas de traitement spéci- des effets bénéfiques sont observés et tant que le rapport
fique capable de modifier le cours évolutif de la maladie de bénéfices/effets secondaires est acceptable. La décision de
NPC [1]. poursuivre ou d’arrêter le traitement doit être prise au cas
Pour tenter d’améliorer les nombreuses atteintes cli- par cas [1].
niques liées à la maladie et la qualité de vie des patients, le En pratique, la plupart des patients atteints de la maladie
traitement consistait en des mesures d’accompagnement et de NPC reçoivent des traitements multiples et des supplé-
des médicaments symptomatiques, utiles mais d’efficacité ments alimentaires [1].
variable [1].
Sur le plan neurologique, ces traitement peuvent asso-
cier des antidépresseurs tricycliques ou des stimulants du Conclusion
système nerveux central pour la cataplexie, des antiépi-
leptiques pour l’épilepsie, des anticholinergiques ou des La maladie de Niemann-Pick de type C (NPC) est une maladie
injections de toxine botulique pour la dystonie et les trem- neuro-viscérale rare, de transmission autosomique réces-
blements, de la mélatonine pour les troubles du sommeil. sive, pouvant se manifester chez l’adulte sous la forme
L’hypersalivation peut être traitée par des petites doses de troubles neurologiques et/ou psychiatriques. La décou-
d’atropine orale ou par des injections de toxine botulique verte récente d’un traitement permettant d’en améliorer
dans les parotides ou les glandes sous-maxillaires. En cas l’évolution doit amener les psychiatres à la rechercher
de dysphagie sévère, la pose d’une sonde de gastrostomie devant tout tableau psychotique atypique.
peut être discutée afin de prévenir le risque de dénutri- Peu d’articles ont été écrits qui décrivent spécifiquement
tion, de déshydratation et surtout celui de pneumopathie les troubles psychiatriques présents dans la forme adulte de
La maladie de Niemann-Pick de type C chez l’adulte 319

la maladie de NPC et la plupart de ceux-ci ne sont pas rédigés [12] Abel LA, Walterfang M, Fietz M, et al. Saccades in adult
par des psychiatres. Niemann-Pick disease type C reflect frontal, brainstem, and
L’intrication de troubles psychiatriques et organiques biochemical deficits. Neurology 2009;72(12):1083—6.
pose en général la question du diagnostic, qui est retardé ou [13] Walterfang M, Fietz M, Fahey M, et al. The neuropsychiatry of
Niemann-Pick type C disease in adulthood. J Neuropsychiatry
porté à tort, du fait de l’absence de spécificité des troubles
Clin Neurosci 2006;18(2):158—70.
ou de certaines atypicités. Par ailleurs, l’étiquette psychia-
[14] Sévin M, Lesca G, Baumann N, et al. The adultform of Niemann-
trique initiale que peut avoir un patient constitue souvent un Pick disease type C. Brain 2007;130(Pt 1):120—33.
frein majeur dans la démarche diagnostique. Le diagnostic [15] Vanier MT. Niemann-Pick disease type C. Orphanet J Rare Dis
étiologique conditionne le pronostic et fixe le cadre théra- 2010;5:16.
peutique ; il est donc important de conserver en psychiatrie [16] Sedel F, Baumann N, Turpin JC, et al. Psychiatric manifesta-
une démarche clinique passant par une approche globale du tions revealing inborn errors of metabolism in adolescents and
patient et par un examen physique scrupuleux. Ainsi, lorsque adults. J Inherit Metab Dis 2007;30(5):631—41.
le psychiatre relève des singularités ou des atypicités dans [17] Webber D, KLünemann HH. Psychiatric manifestations
un tableau clinique, il se doit d’adresser son patient à la of Niemann-Pick disease. J Inherit Metab Dis 2011;4(1):
25—31.
spécialité médicale concernée.
[18] Turpin JC, Lefèvre M, Colsch B, et al. Les formes psychiatriques
Concernant la maladie de NPC, des investigations supplé-
de la maladie de Niemann-Pick de type C. Ann Med Psychol
mentaires seraient nécessaires pour décrire plus finement la (Paris) 2004;162:60—3.
clinique psychiatrique. [19] Walterfang M, Kornberg A, Adams S, et al. Post-ictal psychosis
in adolescent Niemann-Pick disease type C. J Inherit Metab Dis
Déclaration d’intérêts 2010 [Epub ahead of print].
[20] Imrie J, Vijayaraghaven S, Whitehouse C, et al. Niemann-
Pick disease type C in adults. J Inherit Metab Dis
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en 2002;25(6):491—500.
relation avec cet article. [21] Walterfang M, Fietz M, Abel L, et al. Gender dimorphism in
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