Vous êtes sur la page 1sur 10

Comment adresser l’urgence immédiate

5
SOMMAIRE

Introduction
Nos principales recommandations
Pour les services financiers (banques, assurances et autres
établissements financiers)
Pour les charges fiscales & sociales
Pour la protection des travailleurs et des citoyens
Pour une numérisation immédiate de l’économie
Conclusion
Annexe : exemple de plans covid-19, ailleurs dans le monde

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


https://care.dz/publication/plaidoyer-pour-la-sauvegarde-de-lentreprise-algerienne

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


INTRODUCTION
Nos entreprises, grandes et petites, publiques et privées, connaissaient
déjà des contraintes sévères liées à la crise économique que subit notre
pays depuis la chute des prix du pétrole en 2014. La catastrophe
sanitaire qui sévit aujourd’hui aggrave encore plus, une situation déjà très
fragile, du fait de l’assèchement des marchés, de la perturbation
alarmante des réseaux de transport et de distribution, et de
l’immobilisation des travailleurs.
La priorité va bien évidemment à la lutte contre la maladie et l’urgence
est à la prise en charge de la santé publique de nos citoyens et notre
mobilisation solidaire envers nos personnels soignants.
Mais notre économie fait également face à une spirale infernale qu’il est
urgent, sinon vital, de rompre, car :

➔ les perturbations de l'offre et le nombre élevé de morts, génèrent


une incertitude accrue et une grande angoisse pour les ménages
et les entreprises;

➔ l'incertitude du lendemain et la panique, ainsi que les mesures de


confinement et de fermeture des commerces non essentiels,
entraînent une baisse de la consommation et des investissements;

➔ L’obligation faite aux entreprises de fermer, occasionnera un arrêt


brutal des recettes et surtout une perte d’exploitation, impossible
à récupérer par un simple report des échéances de
remboursements ou des cotisations sociales;

➔ la forte baisse de la demande assèche les flux de trésorerie des


entreprises, entraînant inéluctablement la faillite de celles-ci;

➔ les licenciements opérés par les entreprises génèrent une forte


hausse du chômage;

➔ Les revenus du travail baissent de manière significative alors que


les dettes impayées vont augmenter, ce qui affaiblit la demande et
accroît encore plus l'incertitude
Face à ce constat, il est urgent de prendre conscience qu’une écrasante
majorité de nos entreprises et plus particulièrement les PME, vivier
principal de l’emploi et axe porteur de la vie sociale dans notre pays,
voient aujourd’hui leurs situations économique et financière gravement
fragilisées et sont dans l’incapacité de faire face à leurs obligations
d’employeurs, tout autant qu'à leurs créances bancaires et autres
charges fiscales et sociales.
Face à cette situation, CARE et le CJD (Centre des Jeunes Dirigeants
Algériens) associés à une dizaine d’autres associations professionnelles
et organisations patronales avaient, il y a deux mois déjà, sollicité
l’intervention de nos autorités en charge de l’économie, afin qu’elles
apportent leur soutien aux entreprises. Nous actualisons aujourd’hui ce
plaidoyer, pour attirer davantage l’attention de nos responsables, sur

5
l’urgence des mesures de soutien et de sauvegarde qu’elles doivent
apporter à nos entreprises, sous peine d’une dégradation avancée d’une
grande part de notre tissu économique.
Notre souci principal est de nous assurer que ce tissu économique puisse
traverser sans trop de dégâts, la phase critique actuelle. Il est également
essentiel qu’il puisse être en mesure, une fois la crise sanitaire
surmontée, de redémarrer au plus vite et d’être en phase avec les
réformes structurelles inévitables dont notre économie aura plus que
jamais besoin et que nos autorités, se sont déjà engagées à mener à
bien.
Nos objectifs pour éviter l’effondrement économique du pays sont clairs
et sans détour:
● S’assurer que les ménages ne se retrouvent pas sans ressources.
● S’assurer que les travailleurs reçoivent un revenu qu’ils soient en
quarantaine ou temporairement mis au chômage.
● Veiller à ce que les entreprises disposent de suffisamment de
liquidités (pour payer leurs employés et leurs fournisseurs),
notamment les petites et jeunes entreprises pour leur éviter la
faillite.
● Soutenir le système financier afin d’éviter que la crise sanitaire ne
devienne une crise financière.
Récemment, l’OCDE1 a publié une série de recommandations qui
s’appliquent à toutes les composantes de la vie publique et qui ont guidé
l’action de nombreux gouvernements de par le monde. Nous considérons
qu’aux même maux il convient d’appliquer les mêmes remèdes. Nous
avons ainsi emprunté à l’OCDE l’essentiel de ses recommandations,
relatives à l’entreprise et le monde du travail et nous les avons adaptées
aux besoins de notre pays et de nos sociétés.

1
OCDE https://www.oecd.org/coronavirus/fr/ ).

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


NOS PRINCIPALES RECOMMANDATIONS
1. POUR LES SERVICES FINANCIERS (BANQUES, ASSURANCES
ET AUTRES ÉTABLISSEMENTS FINANCIERS)
 Réduire de manière significative le taux d'intérêts directeur de la
Banque d’Algérie de 3,5% à 2% de manière à réduire le coût
effectifs des crédits en cours et ceux contractés depuis le 1er
janvier 2020.
 Instruire via la Banque d’Algérie, les banques commerciales à
l’effet d'introduire des programmes de soutien d’urgence à toutes
les entreprises qui le demandent.
 Reporter les échéances bancaires ainsi que celles des sociétés de
leasing, d’au moins six (6) mois, sans pénalités, et supprimer les
intérêts de la période.
 Mettre à disposition des entreprises un accompagnement en
liquidités jusqu'à 3 mois de chiffre d’affaires, pour le financement
de l’exploitation afin de permettre une reprise rapide de leurs
activités.
 Mettre en place un mécanisme de crédits garantis par l'État à
l’instar de ce qui s’est fait un peu partout dans le monde.
 Reconduire automatiquement les polices d’assurance pour les
entreprises assorties d’un soutien direct de l’État à ces dernières
à hauteur de 80% de la prime.
 Suspendre pour 6 mois au moins toute saisie d’actifs des
entreprises par les Banques et autres créanciers, pour cause de
défauts de paiements

2. POUR LES CHARGES FISCALES & SOCIALES

 Supprimer pour un minimum de 6 mois, les cotisations de sécurité


sociale des employeurs et des indépendants ainsi que les autres
charges sociales.
 Suspendre pour deux semestres les actions judiciaires des
services fiscaux et parafiscaux (CNAS-CASNOS) envers les
entreprises.
 Exonérer sur deux années au moins, sans pénalités et
automatiquement la dette sociale des entreprises en difficulté.
 Accélérer le remboursement des excédents de TVA en amont,
 Simplifier les procédures de demande de remboursement de TVA
résultant de créances irrécouvrables, et précomptes de TVA
exonérés.
 Ajuster les acomptes d’impôts sur la base d’une révision de
l’obligation fiscale attendue du contribuable, .
 Reporter à 2021 tous les contrôles fiscaux programmés.
 Profiter de cette pause au niveau des services fiscaux pour
accélérer la numérisation de l’administration fiscale.
 Encourager les entreprises du secteur informel à se formaliser si
elles souhaitent faire appel aux dispositifs de soutien mis en place
par l’État. Envisager un processus d’amnistie fiscale pour cette
catégorie d’entreprises.

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


 Accélérer le paiement par l’État de toutes les factures dues aux
entreprises.
 Obliger les grandes entreprises à régler toutes les factures dues
aux PME/PMI et TPE. Au-delà d’une échéance de 60 jours.
 Rembourser les employeurs s'ils accordent des congés de
maladie payés aux travailleurs mis en quarantaine.

3. POUR LA PROTECTION DES TRAVAILLEURS ET DES


CITOYENS
 Étendre la couverture par l'État au travers de la CNAC de la
période de “congé obligatoire” ou de “Chômage technique”.
 Éviter les mises au chômage technique par une contribution
directe aux entreprises pour prendre en charge par l'État 80% de
la rémunération du salarié mis en congé-payé anticipé.
 Étendre la couverture des congés de maladie payés aux
travailleurs indépendants.
 Adapter la réglementation pour garantir aux travailleurs mis en
quarantaine un congé de maladie payé.
 Prolonger automatiquement la durée des congés de maladie
expirant durant la période de quarantaine.
 Accorder à la frange de la population la plus fragile un “Revenu de
solidarité”, y compris aux chômeurs et aux travailleurs du secteur
informel. (voir contribution de CARE “REVENU COVID-2020 EN
SOLIDARITÉ AVEC LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR PRIVÉ”
du 7 Avril 2020)
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSc9c7KXm0bRyz93Oi8J
4RumOYKwa6QRIPKH0cXQICOImrqS4w/viewform?usp=sf_link

4. POUR UNE NUMÉRISATION IMMÉDIATE DE L’ÉCONOMIE

 Activer le M-Paiement
 Encourager le télétravail au sein de l'administration ainsi que dans
le secteur public et privé.
 Favoriser le e-Learning et rendre admissible les formations à
distance.
 Permettre le e-fonctionnement des organes de gestion des
entreprises tels que les assemblées générales, les conseils
d'administration, etc.
 Permettre l’augmentation de la limite de crédits temps pour les
usagers de la téléphonie mobile.

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


CONCLUSION
L’État devra intégrer le fait que tout ce qu’il consentira aux entreprises
est un investissement pour éviter l'effondrement du système
économique.
Au sein de CARE nous sommes profondément convaincus que sans une
'intervention gouvernementale massive et rapide, les coûts économiques
et sociaux seront énormes et insupportables tant pour l’entreprise que
pour le pays.

5
ANNEXE : EXEMPLE DE PLANS COVID-
19, AILLEURS DANS LE MONDE
Roumanie
Une augmentation du plafond de garantie pour les fonds de roulement et
les prêts à l'investissement contractés par les PME, qui est passé de 1
Mds d'EUR à 2 Mds EUR. En outre, ces prêts seront entièrement bonifiés
(sans intérêts pour les emprunteurs)
 Une garantie du gouvernement à hauteur de 90 % des prêts inférieurs
ou équivalents à 0,2 M EUR et à hauteur de 80 % des prêts supérieurs
à 0,2 M EUR. Le plafond pourrait atteindre 3Mds d'EUR en cas de
besoin et garantira l'accès des PME au financement, tout en
protégeant les banques contre le risque de défaut.

Malaisie
Les PME, y compris les microentreprises, recevront des prêts
supplémentaires de 1 Mds EUR
 Les PME pourront également demander des crédits à un taux d'intérêt
réduit de 3,5%, contre 3,7 % précédemment
 0,2 Mds EUR supplémentaires sera injecté dans un fonds spécial pour
aider à financer les entreprises, portant son montant total à 0,3 Mds
EUR, tandis que 147M EUR de microcrédit seront mis à disposition
 Le gouvernement garantira également à 80% les prêts des PME
jusqu'à 0,2 Mds EUR

Albanie
500 M EUR pour le soutien des petites entreprises obligées de cesser
leurs activités en raison de la pandémie, en leur versant le double du
montant des salaires déclarés, le double des allocations de chômage et
des plans d'aide sociale
Le report du paiement des acomptes de l'impôt sur les bénéfices pour
les petites entreprises 840 M EUR (0,6% du PIB) de fonds de garantie
souveraine accessible aux entreprises afin qu'elles puissent accéder
à des découverts dans le système bancaire pour payer les salaires de
leurs employés
La banque centrale a également annoncé une modification
temporaire des exigences en matière de provisionnement en vigueur
du 12 mars au 31 mai, permettant aux entreprises de demander aux
banques de différer les échéances de leurs prêts sans pénalités

Maroc
Les autorités ont annoncé la création d'un fonds spécial dédié à la
gestion de la pandémie d'environ 0,8 Mds EUR. Ce fonds permettra de
financer de nombreuses mesures :
Toutes les entreprises peuvent reporter le paiement des cotisations
sociales jusqu'au 30 juin.
Les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 1,8 M
EUR peuvent différer le paiement des impôts.
La banque centrale a également annoncé que les paiements des
prêts sont suspendus pour les petites et moyennes entreprises et les
travailleurs indépendants jusqu'au 30 juin et une nouvelle ligne de
crédit bancaire est créée pour financer les dépenses opérationnelles
des entreprises, qui est garantie par le Fonds Central de Garantie.

Irlande
 Le programme COVID-19 de subvention salariale remboursant aux
employeurs jusqu'à 70 % du salaire d'un employé - jusqu'à un niveau
de 410€.
 Le programme COVID-19 d'indemnité de maladie de 350€ par
semaine pour les personnes en quarantaine certifiées médicalement
(pendant un maximum de deux semaines).
 Une indemnité de charnage forfaitaire de 350€ par semaine, versée
à tous les salariés et indépendants ayant perdu leur emploi en raison
d'un ralentissement de l'activité économique causé par la pandémie
COVID-19

République Tchèque
 Le versement par le gouvernement de de la base de cotisation
moyenne aux employés touchés par la quarantaine.
 Dans le même temps, le gouvernement soutiendra les employeurs qui
continuent, malgré la fermeture de leur entreprise, à verser 100% du
salaire aux employés touchés en couvrant 80% des coûts salariaux.
 En cas d'interruption de la chaîne d'approvisionnement qui est
cruciale pour un employeur et que celui-ci continue à verser à ses
employés une compensation d'au moins 80 % de la rémunération
standard, l'État contribuera à hauteur de 50% de la compensation.
 Si l'employeur est touché par une baisse significative de la demande
de ses services et qu'il verse au moins de la rémunération standard,
l'État contribuera à hauteur de 50 % de l'indemnisation.
 De plus. L'État soutiendra les travailleurs indépendants qui s'occupent
d'un enfant de 6 à 13 ans et qui ne peuvent pas aller travailler en
raison du coronavirus à hauteur de 1 EUR par jour.
 Tous les travailleurs indépendants, qui n'ont que des revenus
provenant de leur entreprise, bénéficieront d'un report de six mois des
paiements d'assurance maladie et d'assurance sociale. Ce report
couvre le montant de la prime d'assurance minimale, soit 182 EUR

Inde
 Distribution gratuite de 5kg de blé ou de riz par personne chaque
mois, avec 1 kg de légumineuses pour chaque ménage à faible
revenu (environ 800M de personnes) au cours des trois prochains
mois
 Distribution gratuite de bouteilles de gaz de cuisson à 83 M de
ménages pauvres
 Transfert unique de 12 EUR à 30 M de personnes âgées
 Transfert mensuel de 6 EUR à environ 200 M de femmes pauvres au
cours des trois prochains mois

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne


Pakistan
 Le versement d'une allocation aux travailleurs journaliers
 (1,1 Mds EUR)
 Des transferts en espèces aux familles à faible revenu
 (0,8 Mds EUR)
 Un approvisionnement accéléré en blé dans les semaines à venir (1,5
Mds EUR) un soutien à la santé et à l'alimentation (820 M EUR)

Émirats Arabes-Unis
La Banque centrale des Émirats Arabe-Unis (CBIJAE) a dévoilé une
enveloppe de 25Mds EUR (soit 6,796 du PIB) comprenant :
 Des prêts garantis à taux zéro aux banques (12,3 Mds EUR) et
autorisation d'utiliser les réserves de capital excédentaire des
banques (12,3Mds EUR).
 Une réduction de 1 5 % à 25% des provisions pour les prêts aux PME
; une augmentation de 5 points de pourcentage du ratio prêt/valeur
pour les acheteurs d'une première maison
 L'exonération de tous les frais de service de paiement facturés par la
CBUAE pendant six mois
 Le relèvement de la limite de l'exposition des banques au secteur
immobilier de 30% des actifs pondérés en fonction des risques, sous
réserve d'un provisionnement adéquat

Complément au Plaidoyer pour la Sauvegarde de l'Entreprise Algérienne

Vous aimerez peut-être aussi