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Les mythes présentent des analogies, dans leur structure,

dans leur sens général, dans beaucoup de sociétés. Claude


Lévi-Strauss en conclut qu’il existe des structures fondamentales
et universelles de l’esprit humain. Il parle d’un « inconscient
structural », qui a pesé, à toutes les époques, sur l’esprit de
l’homme.
Les pratiques liées à la perpétuation des mythes sont,
aujourd’hui encore, dans nombre de sociétés archaïques, inti-
mement liées à la mémoire, laquelle est une composante évi-
dente du temps vécu. Le mythe est une réalité vivante, il est
perpétuellement et à jamais actuel. On l’évoque d’ailleurs sou-
vent au présent et cela aide à lui donner un sens. La réalité pri-
mordiale du mythe sous-tend et créée en même temps la réalité
présente. « Les mythes ne se laissent pas comprendre, dit
Georges Dumézil, si on les coupe du monde de ceux qui les
racontent. » Et Claude Lévi-Strauss, cité par l’historien Jacques
Le Goff : « L’histoire mythique offre le paradoxe d’être simul-
tanément disjointe et conjointe par rapport au présent… Grâce
au rituel, le passé “disjoint” du mythe s’articule, d’une part
avec la périodicité biologique et saisonnière, d’autre part
avec le passé “conjoint” qui unit, tout au long des
générations, les morts et les vivants. »

Dès ses débuts, Ovide avait vu la poésie comme un contrechamp orphique à la fragilité de la
vie et la métamorphose comme une transgression à la mort.
C'est la même quête de sens qu'il retrouvera à la fin de son existence quand, exilé sur les
bords de la Mer Noire, il se trouva précipité dans une expérience existentielle à laquelle rien
ne l'avait préparé.
Aux alentours des XII° et XIII° siècles l' aetas ovidiana témoigna de la popularité du poète.
Ses Héroïdes, lettres de femmes qui racontaient l'amour absent, inspirèrent de nombreuses
réécritures directes ou des allusions à l'art d'aimer ovidien. Le raffinement et les
déchirements de l'amour courtois (la fin'amor) trouvèrent leur expression tendue et
complexe dans les chansons des troubadours, nourris de la poésie érotique et élégiaque
d'Ovide. Les poèmes ovidiens étaient plus sensuels qu'érotiques. Ils pensaient et chantaient
l’amour et le désir. Le désir tend à l'assouvissement, mais il le redoute, puisque
l'assouvissement est sa mort. C'est pourquoi la fin'amor était un sentiment contradictoire,
fait de joie et d'angoisse. La beauté et la fragilité de cet amour fin, affiné, épuré, exigeait une
discipline du désir dans la fidélité et l'obéissance à la femme aimée, éperdue, elle aussi, d'un
amour brûlant et timide.
« J'ai voulu supporter cette perte; j'ai
voulu, je l'avoue, vaincre ma douleur.
L'Amour a triomphé. Je vous en
conjure par ces lieux pleins d'effroi,
par ce chaos immense, par le vaste
silence de ces régions de la Nuit,
rendez-moi mon Eurydice. » Mythe
d’Orphée

La métamorphose : le mythe par excellence

Légende dorée, légende des siècles, bible ou génie du paganisme, réservoir d’images, matrice des majeures
inspirations artistiques, voici une œuvre qui, en douze mille vers, conte deux mille cent trente et une histoires
de métamorphoses ; elles remontent, pour beaucoup, à l'origine du monde. Ovide, dans ces poèmes épiques et
didactiques, nous a donné, des origines à Jules César, un des grands textes sur la genèse de l'humanité. La
variété des styles, de l'horreur et du fantastique à l'élégie amoureuse, enchante le lecteur autant que Les Mille
et Une Nuits. La grandeur de la Rome impériale, de l'Empire d'Occident s'y reflète. Les Métamorphoses sont
l'une des sources principales de la littérature et des arts occidentaux. Comme les fontaines de Rome d'où l'eau
ne cesse de jaillir, Les Métamorphoses sont à la fois un monument, et une source de la culture européenne.
Métaphore esthétique ou quête initiatique ou, encore, désir de transcendance, la
métamorphose peut concerner l’apparence et l’essence.

"La métamorphose ne se réduit ni à un changement d'espèce, ni à un changement de règne.


Elle est une hypothèse sur le temps d'avant la naissance et sur le temps d'après la mort"( Le
Mythe de la métamorphose, Pierre Brunel)

« J’entreprends de chanter les métamorphoses qui ont revêtu les corps de formes nouvelles.
Dieux, qui les avez transformés, favorisez mon dessein et conduisez mes chants d’âge en âge,
depuis l’origine du monde jusqu’à nos jours. »

La signification symbolique des figures hybrides, emblèmes de mélanges génériques ou


vecteurs de réflexion philosophique, dépasse largement les limites de la poésie antique -
encore influencée par les temps très anciens où l’on croyait au passage de l’humain à travers
différentes formes de la nature. Les créatures indécises, ni tout à fait humaines, ni tout à fait
végétales, minérales ou animales fécondent l’imaginaire de chacun d’entre nous. Surtout -
mais pas seulement- les artistes, et les enfants si friands de contes merveilleux (ex. : Alice au
pays des merveilles de L.Carroll).

« C’est le mythe le plus profond », poursuit Xavier Darcos. Il renvoie à la reviviscence, à la


capacité de changer d'état, de réaliser physiquement, spirituellement ce qu'on est
mentalement, et d'aller jusqu'au bout de son accomplissement".

« C’est le mythe des origines, nous dit Pierre Brunel. D’Apulée à Lautréamont et Kafka, en
passant par Lewis Carroll, ce mythe est toujours là. La réception du texte d’Ovide s’éclaire à
la lumière des images qu’il n’a cessé de susciter, en littérature et dans les arts en général :
les Métamorphoses sont dans tous les musées du monde.
L’Éducation nationale, elle aussi, a bien compris qu’Ovide constitue un pan majeur de la
culture occidentale puisqu’il est au programme en classe de sixième, en terminale, et très
souvent dans les concours universitaires.

« VIVAM »

Dernier mot des Métamorphoses « Vivam »: je vivrai.

"Et maintenant, j'ai achevé un ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni la
flamme, ni le fer, ni le temps vorace. Que le jour fatal qui n'a de droits que sur mon corps
mette, quand il voudra, un terme au cours incertain de ma vie : la plus noble partie de moi-
même s'élancera, immortelle, au-dessus de la haute région des astres et mon nom sera
impérissable. Aussi loin que la puissance romaine s'étend sur la terre domptée, les peuples
me liront et, désormais fameux, pendant toute la durée des siècles, s'il y a quelque vérité
dans les pressentiments des poètes, je vivrai."

LISTE non-exhaustive
La création du monde Le déluge La voie lactée
Apollon et le serpent
La vache Io
Pan Tirésias Narcisse
Pyrame et Thisbé
Thésée et Minos
Médée Orphée
Guerre de Troie
Fondation de Rome
Pythagore César

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