Vous êtes sur la page 1sur 10

Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?

lang=en

OpenEdition Books Presses universitaires du Septentrion Philosophie Le dialogue : introduction à un g... Chapitre 7. Dialogue et libertinage
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition

Presses
universitaires
du Septentrion
Le dialogue : introduction à un genre philosophique | Frédéric Cossutta

Chapitre 7. Dialogue et
libertinage
Hélène Ostrowiecki-Bah
p. 167-181

Full text

Introduction
1 La notion même de libertinage érudit – pour reprendre une expression classique
depuis René Pintard1 pose une relation entre d’une part une démarche intellectuelle,
liée à l’idée d’affranchissement de la raison (c’est le sens premier de « libertinus »,
esclave affranchi), et d’autre part son expression formelle, caractérisée par son rapport
à une culture livresque. Si l’on peut considérer comme une règle générale que tout
ouvrage de l’esprit se construit toujours (plus ou moins ouvertement) à partir d’un
matériau préexistant, et que par conséquent la forme nouvelle qu’il donne à ce
matériau est un élément essentiel de sa signification, il me semble particulièrement
important d’en tenir compte pour l’étude de ces auteurs qui revendiquent
explicitement leur absence d’originalité en référant constamment leurs affirmations à
des sources antérieures autorisées.
2 Dans ce cadre, on peut légitimement voir dans la mise en place de tel ou tel dispositif
☝🍪
formel un aspect fondamental de leur recherche, dans la mesure où cette recherche vise
This site uses cookies
à travers elleand
une expression adéquate. L’examen des formes dialogiques souvent
gives you control over what
adoptées
you par les libertins érudits peut contribuer utilement à cerner la nature et les
want to activate
enjeux du libertinage érudit. Par le biais de cet examen formel, il est en effet possible
✓de croiser
OK, acceptlesall dimensions théorique (comment exercer la raison en vue de la vérité ?) et
politique (quelle inscription sociale est possible pour cette quête ?) du discours libertin,
✗ Deny all cookies
tout en restant attentif à son caractère construit et à son épaisseur textuelle.
3 Mon propos, qui entend insister sur l’importance des formes dialogiques pour la
Personalize
définition
Privacy policy du libertinage, vise à montrer comment l’utilisation de dispositifs
dialogiques contribue fortement à l’instauration, dans et par les textes, de conditions

1 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

propices à un exercice de la rationalité que les auteurs en question veulent plus libre.
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
Ainsi, nous n’avons pas affaire à une simple transcription de situations d’échanges
existantes. Bien au contraire :

1. la mise en place de dialogues permet de neutraliser les pressions idéologiques qui


pèsent en temps normal sur toute discussion inscrite dans l’espace social.
2. De ce fait, la fiction (au sens de construction, façonnage) dialogique recompose et
accomplit des conditions d’échange confidentiel optimales.
3. En tant que telle, l’inscription de la pensée dans un cadre dialogique relève d’un
choix littéraire et philosophique positif, d’une nécessité interne à la réflexion qui
non seulement ne se contente pas d’enregistrer un contexte historique, mais est
également l’expression d’une réflexion théorique.

4 Afin de tester cette hypothèse, je m’appuierai sur un corpus de trois auteurs, qui me
semblent représentatifs, chacun selon des modalités différentes, de l’importance du
dialogue dans le déploiement d’une pensée libertine. Tout d’abord le De admirandis
naturae arcanis de Vanini, œuvre rédigée en latin, dialoguée, et publiée en 16162. Un
peu plus tard (à partir de 1630) et en français, les dialogues de La Mothe Le Vayer
offrent un échantillonnage riche et varié des possibilités de ce genre philosophique,
qu’ils contribuent grandement à remettre à l’honneur   ; je ferai essentiellement
référence aux Dialogues faits à l’imitation des Anciens, et plus particulièrement au
Dialogue sur le sujet de la divinité3.
5 A ce corpus explicitement dialogué, j’adjoins le Theophrastus redivivus (rédigé en
latin, en 1659 si l’on en croit les indications fournies par le texte – les seules dont nous
disposions –, et non publié à l’époque), bien que le texte se présente sous la forme
monologique d’un traité. En effet, sa structure pragmatique est assimilable à celle des
autres dialogues   : dans l’introduction, l’auteur nous indique qu’il conçoit le texte
comme un instrument de travail pour les théologiens   ; indication qui reprend un
élément du frontispice, où l’ouvrage est désigné comme « ouvrage construit à partir des
opinions des philosophes, et soumis aux très savants théologiens pour qu’ils le
ruinent »4. L’ensemble des six traités qui composent l’ouvrage est donc inséré dans un
échange dialogique externe au sein duquel il représente la position athée à laquelle les
théologiens se devront de répondre.
6 Situation de la pensée dans un dialogue interne ou externe, publication ou maintien
dans la clandestinité, rédaction en latin5 ou en français   : ces trois échantillons du
libertinage érudit proposent des combinaisons diverses6 de caractéristiques dont
chacune assigne au lecteur une certaine place vis-à-vis du texte. Ces différentes
manières de circonscrire dans la réalité l’espace de l’échange possible entre l’auteur et
le lecteur devront être situées par rapport aux modèles de dialogue proposés dans les
textes, afin de cerner la relation entre ces deux niveaux.

Le dialogue comme reflet des conditions socio-historiques de


réception
7 En tant qu’exercice de la rationalité qui se veut libéré des préjugés et pressions en tout
genre, en tant que regard déniaisé sur l’ensemble des croyances communes, l’attitude
☝ 🍪 est intrinsèquement choquante, même si elle ne cherche pas forcément la
libertine
provocation.
This site uses cookies Ainsi
and que l’indique le père Garasse par le titre d’un ouvrage qu’il consacre
gives you control over what
à want
you la lutte contre le libertinage, la « doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou
to activate
prétendus tels » contient « plusieurs maximes pernicieuses à la Religion, à l’État, et
7
✓aux
OK,bonnes
accept allmœurs. » La curiosité incriminée par le jésuite qui y voit, conformément à
l’un des sens de ce terme à l’époque, un zèle indiscret qui pousse l’esprit aiguillonné
✗ Deny all cookies
par l’orgueil à s’enquérir d’un savoir inutile à la vie du bon chrétien, est bien
effectivement
Personalize à l’origine des investigations libertines ; mais c’est plutôt dans le second
sens du terme (également attesté au 17e   siècle), qui renvoie à une caractérisation
Privacy policy
moralement neutre, voire plutôt positive, du désir de savoir. Néanmoins, considérée

2 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

comme «   pernicieuse   » pour l’ordre politique et moral régnant, cette curiosité ne


OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
pouvait pas se donner libre cours dans la France du 17e   siècle   ; de fait, ses
manifestations ne manquaient pas de donner lieu à des réactions aussi peu subtiles que
celles du virulent père Garasse – quand elles n’allaient pas jusqu’à mettre
physiquement leurs auteurs en danger.
8 Cette situation politique a induit un certain type de fonctionnement intellectuel, en
même temps que des conditions matérielles particulières d’échange. Il n’est pas
douteux que les pressions idéologiques et les contraintes sociales aient une large part
dans la mise en place des cercles et des circuits, bien étudiés par René Pintard8, dans
lesquels la réflexion propre au libertinage érudit s’est développée. Ainsi l’élitisme,
aspect fondamental de la position libertine, peut être compris comme le reflet de
conditions socio-historiques qui imposaient à ces auteurs une forme de clandestinité.
Aussi n’est-il pas étonnant de constater dans un premier temps que, dans les textes qui
nous occupent, les auteurs donnent une représentation des conditions dans lesquelles
leur pensée pouvait être diffusée. Conditions marquées par la confidentialité de cette
diffusion, rendue nécessaires, pour eux, par l’opposition qu’ils suscitent aussi bien de la
part du vulgaire ignorant que de la part du pouvoir politique et des milieux
scientifiques qui en sont les relais.
9 Dès les premières lignes de l’échange entre Jules César Vanini et Alexandre, les deux
protagonistes du De Admirandis naturae arcanis, se trouve évoqué le contexte
polémique dans lequel s’inscrit la parole de Jules César9, qui présente les attaques dont
il est l’objet comme un motif pour refuser à Alexandre les explications qu’il demande.
Quand Jules César explique « mes dires seront d’autant plus propices à la calomnie
qu’ils seront éloignés du vulgaire », son interlocuteur prend acte de la remarque même
si c’est pour en minimiser la portée   : «   Les hommes de cultures comprennent
désormais que les critiques de tes détracteurs ont bien moins de valeur que tes vertus.
Que cherches-tu ? Que désires-tu de plus ? Tu t’es acquis auprès des sages trop d’éloges
pour que le dénigrement
10 des Aristarque et la malveillante jalousie de censeurs à demi incultes constituent le
moindre danger pour ta réputation (...). Tu subis le dénigrement – sort fréquent pour
les plus sages. Tu te vois refuser ce qu’ont obtenu nombre d’hommes sans aucune
valeur (à savoir beaucoup d’argent) mais qui constitue un désastre pour les esprits
philosophes » (p. 3). Sans qu’aucun contenu précis ait encore été dévoilé (puisque ces
premières lignes entrent très évidemment dans une stratégie de captatio
benevolentiae), la mise en œuvre de la sagesse et de la véritable philosophie est
présentée dans son opposition avec les valeurs de la foule et des médiocres. Jules César
est donc ici le représentant direct de Vanini et de la position marginale qu’il devait
occuper dans la société de son temps.
11 Cette description du contexte énonciatif au tout début du dialogue rejoint celle que fait,
dans sa Lettre d’introduction à leur première livraison, l’auteur des Dialogues faits à
l’imitation des Anciens10. Il les y juge « plus propres à demeurer dans l’obscurité d’un
cabinet amy, qu’à soufrir l’éclat et le plein jour d’une publique lumière » p. 12), et
entend éviter qu’ils ne soient donnés en pâture à « une sotte multitude » et à « un
siècle ignorant et pervers » (Ibid.). De la même façon, l’auteur peut être considéré
comme l’incarnation, dans le texte, de La Mothe Le Vayer, livrant par conséquent des
☝🍪
informations qui recoupent la situation historique réelle. C’est dans ce sens que vont
lesuses
This site lectures
cookiesdes
and Dialogues qui y voient la représentation d’échanges amicaux ayant
gives you control over what
effectivement
you want to activate eu lieu, ou qui tendent à en identifier les personnages au vu des
fréquentations de La Mothe Le Vayer.
✓ OK, accept all
Questions posées par le rapport entre auteurs et
✗ Deny all cookies
personnages
Personalize
12 La convergence des deux textes repose sur une similarité de position entre les deux
locuteurs en cause. Pourtant l’un est personnage parlant à l’intérieur du dialogue, alors
Privacy policy

que l’autre est auteur parlant dans un discours préliminaire. L’examen de la complexité

3 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

de leur statut conduira à deux résultats intimement liés   : d’une part il permet de
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
confirmer la parenté de leur position dans la structure du texte ; d’autre part il souligne
le caractère problématique d’une identification trop directe entre les instances
présentes dans les textes et les personnes réelles, et invite à une approche différente
des dialogues étudiés.
13 Le personnage Jules César dans le De admirandis porte le même nom que l’auteur du
texte, ce qui semble tout naturellement induire une assimilation du personnage et de
l’auteur : le personnage n’est autre que l’auteur, puisque tous deux portent le même
nom. Mais ce premier mouvement se trouve compensé par un autre. En effet, le De
admirandis est construit sous la forme d’une succession de dialogues, présentés
comme autant de chapitres (identifiés par le thème qu’ils traitent) regroupés eux-
mêmes en livres (au nombre de quatre, et seulement numérotés). Ainsi mis en forme,
les propos se trouvent presque pris dans une structure de traité, ce qui contredit une
éventuelle volonté de transcription purement mimétique d’échanges réels.
14 Mais il y a plus : en tête de chacun des livres figurent des indications les attribuant à la
personne de Jules César Vanini, dont le nom est assorti de qualificatifs très élogieux.
On lit ainsi sur la première page du premier livre : « livre 1, par le très pénétrant
docteur Jules César Vanini » (p. 1) ; sur celle du second : « livre 2, sur l’eau et la terre,
par le très sagace philosophe Jules César Vanini » (p. 67) ; sur celle du quatrième :
« livre 4, d’une très grande précision, par Jules César Vanini, prince des philosophes de
notre siècle » (p. 266). Le caractère dithyrambique de ces propos rend difficile leur
assignation à une instance précise. S’agit-il du Jules César personnage   ? mais le
discours est typographiquement et grammaticalement bien distinct de l’échange entre
les interlocuteurs. S’agit-il du Vanini auteur ? La place de la phrase dans la structure du
texte autorise cette lecture, mais sa tonalité d’autocélébration la rend problématique.
L’hypothèse d’un autre Jules César Vanini, éditeur du texte, rendrait compte de ce ton
superlatif en le resituant dans une stratégie commerciale.
15 La complexité structurelle du texte nous encourage à prendre au sérieux toute son
épaisseur : si l’identité de nom incite dans un premier temps à poser que le personnage
n’est autre que l’auteur, les emplois étranges de ce nom dans l’ouvrage donnent à
penser que peut-être, paradoxalement, l’auteur n’est autre qu’un personnage, dans le
sens où il a un rôle à jouer dans la mise en scène interne du texte. En tout état de cause,
ce qu’il importe ici de constater, c’est la complexité interne de cette instance nommée
Jules César Vanini, complexité sur laquelle le texte lui-même invite à réfléchir. À plus
forte raison devra-t-on par conséquent être circonspect dans la détermination de son
statut, et sans doute renoncer à une trop rapide identification avec la personne de
Vanini (identification qui serait le pivot d’une lecture du dialogue comme reflet d’une
situation réelle).
16 Cette circonspection est également de mise lorsque nous nous tournons vers les
Dialogues faits à l’imitation des Anciens, qui présentent une situation analogue, mais
inversée. Dans ce cas, la présentation des dialogues n’est le résultat d’aucune mise en
ordre explicite ; en l’absence de lien logique entre eux, ou d’organisation particulière,
ils se prêtent plus que les échanges entre Alexandre et Jules César à une lecture
« réaliste ». En revanche, c’est le nom de l’auteur qui entraîne tout le dispositif textuel
dans le domaine de la fiction. L’auteur s’annonce explicitement comme personnage,
☝ 🍪 le texte fut publié sous le pseudonyme d’Orasius Tubero, nom qui est aussi
puisque
celui
This site usesd’un personnage
cookies and qui intervient dans les dialogues   ; aussi la lettre de l’auteur
gives you control over what
youprécédemment
want to activate citée est-elle attribuable à un Orasius auteur, qui redouble l’Orasius
personnage. C’est ici un nom fictif qui recouvre la multiplicité des instances de parole,
✓alors que chez
OK, accept all Vanini, c’est un nom réel qui assume cette fonction d’unification.
17 A la faveur d’un dispositif certes différent, il apparaît que dans les deux cas, on a affaire
✗ Deny all cookies
à un jeu pleinement assumé sur les marges du texte et à une articulation subtile entre
les domaines respectifs de la réalité historique et de la fiction philosophico-littéraire.
Personalize
L’utilisation
Privacy policy ambiguë des noms et de leurs référents réels ou fictifs cultive entre le
contexte historique et le monde du texte un décalage qui autorise pleinement une

4 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

approche interne. Elle donne une validité théorique forte à la structure formelle des
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
textes, qui doit être comprise comme une réappropriation significative des conditions
historiques d’énonciation, et pas seulement comme un simple reflet.

La thématisation de l’opposition philosophe/peuple


18 La thématisation de ces choix formels à l’intérieur des dialogues étudiés confirme cette
démarche. En ce qui concerne le De admirandis, la confrontation entre la parole
philosophique libre et les pressions idéologiques de l’opinion commune – présentée
nous l’avons vu dès le début du dialogue –, est relayée plus loin, alors que Jules César
donne son avis sur le statut de la religion païenne. Après avoir rapporté certaines
pratiques, il déclare   : «   Or ceux-là, je veux dire les philosophes, s’apercevaient
assurément que tout cela était des histoires ; ils étaient cependant contraints au silence
par la crainte de la puissance publique » (p. 276-277). La même opposition est reprise,
associée cette fois à l’affirmation d’un contenu doctrinal précis, et reportée dans le
passé.
19 Un effet d’écho identique, voire beaucoup plus net, est repérable chez La Mothe Le
Vayer. Ainsi Orasius, dans le Dialogue sur le subjet de la divinité, évoque Stilpon, qui
répond à une question sur l’efficacité de nos prières que « ce n’estoit pas une demande
à faire en pleine ruë, mais bien de seul et seul, et dans un cabinet » ; attitude « dont use
aussi fort à propos le grand Pontife Cotta envers Vellejus, qui supposoit qu’il estoit fort
difficile de nier l’estre des Dieux, credo, respondit-il, si in concione quaeratur, sed in
ejusmodi, et concessu facillimum »11 (p.3   21-322). Dans ce passage comme dans le
premier cité, l’aspiration à la confidentialité est désignée par le même terme de
« cabinet ».
20 Ces reprises montrent que la situation dans laquelle se trouvent les
auteurs/personnages, et dans laquelle ils se mettent explicitement en scène, relève tout
autant d’un topos concernant la place du philosophe dans la société que de l’évocation
d’un contexte socio-historique particulier. Il ne s’agit pas de nier que le premier puisse
être motivé par le second. De fait, l’assimilation rétroactive du contexte évoqué à
l’intérieur du texte (par le biais d’un tiers) au contexte évoqué par l’auteur/personnage
comme le sien, parce qu’elle est suggérée par le texte lui-même, sert de cadre général à
son interprétation. Je ne chercherai pas ici à trancher sur le parti qu’il convient de tirer
de ces rapprochements ; il s’agit avant tout de souligner la nécessité de ne pas négliger
la dimension théorique de la question (qui renvoie à une étude structurelle des textes)
au profit exclusif de son aspect politique (qui renvoie à une investigation de type
historique extérieure aux textes).
21 Ces mises en parallèle permettent dans les deux cas le rapprochement entre une
situation dialogique et le développement proprement philosophique de la pensée,
développement que les conditions d’échange imposées par la société rendent difficile.
Dans ce sens, la mise en scène dialogique équivaut à la construction d’un contexte
idéal, comme en témoigne l’exemple du Theophrastus redivivus. On a vu que les six
traités se trouvent intégrés dans un échange dialogique, insérés si l’on veut entre une
parole en amont (les discours apologétiques inefficaces des théologiens contre les
impies) et une parole en aval (les mêmes discours, rendus efficaces grâce à
l’information fournie par l’auteur). Celui-ci le précise dans son introduction : « C’est
☝🍪
pourquoi, comme je l’ai dit, j’ai accumulé ce tas de maux et de venins en tous genres
This site uses cookies and
afincontrol
gives you qu’on prépare
over what les remèdes et les antidotes adaptés et appropriés à chaque mal, et
youquewantnos
to activate
très savants théologiens fabriquent et confectionnent comme un arsenal
d’arguments, par lesquels les Chrétiens puissent disposer, pour repousser la charge
✓très
OK, puissante
accept all de leurs adversaires, d’une force également très puissante, et combattre

courageusement
✗ Deny all cookies les philosophes à armes égales, comme on dit » (p. 7). Le dispositif du
texte reconstitue ainsi un échange entre les deux parties, et le Theophrastus ne se
Personalize
présente pas comme une fiction. Tout au contraire, il se donne le rôle d’intervenant
direct
Privacy dans
policy un conflit historique réel, celui qui met aux prises les apologètes et les
ennemis de la foi.

5 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

22 Pourtant, par un mouvement identique à celui des textes étudiés plus haut, cette mise
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
en scène dialogique trouve un écho dans l’argumentation proposée par les traités qui
suivent cette introduction, et ce dès les premières lignes du premier traité : « Il est
difficile de nier l’existence des dieux, si la question est posée en public, alors que c’est
très facile dans une conversation qui réunit des familiers, dit Cicéron (De la nature des
dieux, livre 1)   ; et le philosophe Stilpon (Diogène Laërce, Vie de Stilpon), comme
Crates lui avait demandé si les dieux...   » (p.   27). On retrouve ici les références
philosophiques utilisées par La Mothe Le Vayer dans un passage déjà cité du Dialogue
sur le subjet de la divinité. Comme précédemment, c’est sur la dimension théorique du
dialogue que ce système de renvoi met l’accent.
23 De plus – et c’est là une spécificité du Theophrastus – le dialogue qu’il propose s’inscrit
dans une faille de la réalité. L’auteur déclare en effet, afin de justifier sa démarche :
« Je n’ignore pas que beaucoup d’hommes très savants ont déjà tenté cette entreprise ;
mais certains ont me semble-t-il plus poursuivi les philosophes de leurs malédictions
qu’ils ne les ont surpassés par des raisonnements ; d’autres invoquent seulement des
raisons tirées de l’autorité de la foi, et non des arguments naturels, comme font les
philosophes (...). Au contraire, il faut se contenter de chercher des arguments déduits
de la raison naturelle, et garder la mesure sans recourir aux malédictions » (p. 7). Il est
intéressant de noter que par deux fois, c’est le souci de faire taire les injures pour faire
place à la raison qui est invoqué comme motivation du projet. Là où l’échange est dans
la réalité rendu impossible par l’invective, le Theophrastus s’offre comme d’un espace
en marge de la société   : l’anonymat conservé par l’auteur, s’il peut constituer une
stratégie de défense contre d’éventuelles poursuites, peut aussi être vu, de manière
positive, comme le refus de donner à l’instance de parole une inscription sociale. Le
caractère abstrait des protagonistes est ainsi une garantie pour la bonne tenue de
l’échange, presque une condition de possibilité étant donné les passions que
déchaînent de tels sujets.
24 Le Theophrastus et son auteur anonyme présentent ainsi une illustration de ce jeu sur
les marges du texte évoqué plus haut. Illustration encore plus nette du fait que la
situation dialogique mise en place par les textes, loin d’être le simple reflet d’une
situation socio-historique, en fournit un modèle doté de caractéristiques intrinsèques.

D’une stratégie politique de dissimulation à une stratégie


théorique de diffusion
25 Un glissement significatif dans la caractérisation de l’opposition entre peuple et
philosophe confirme l’importance théorique de cet usage libertin du dialogue, au-delà
d’une dimension descriptive qui l’ancre dans la sphère politique.
26 Associé au libre exercice de la rationalité dans un espace restreint, l’usage du dialogue
en vient naturellement à être mis au nombre de ces pratiques de dissimulation de la
pensée qu’on attribue aux libertins au titre du nécessaire masquage de ce qui serait leur
impiété. Pourtant, il serait réducteur de voir dans cet élitisme, dont l’usage du dialogue
est un signe, une manifestation purement défensive ; cela reviendrait encore une fois à
surestimer des motivations externes dans le choix par ces auteurs des formes d’écriture
dialogiques. Si la construction de ces textes témoigne d’un souci de mise à l’abri
(mouvement
☝🍪 de protection imposé de l’extérieur par l’existence réelle d’un vulgaire
inapte à la raison)12, elle exprime aussi l’élaboration d’une position ayant une légitimité
This site uses cookies and
proprement
gives you control overrationnelle.
what
you want to activate
27 En effet, la présentation de la situation dialogique dans les textes étudiés montre un
lien significatif entre des déterminations politiques et théoriques : la situation sociale
✓ OK, accept all
évoquée est insérée dans un schéma de pensée où elle est représentative d’un
fonctionnement
✗ Deny all cookies de la raison. Ainsi, au début du De admirandis, Jules César évoque ses
rapports conflictuels avec le peuple : « Tu n’ignores pas que dans la discussion, j’ai
Personalize
horreur des opinions populaires ; c’est pourquoi les propos qui seront tenus par moi
seront d’autant plus proches de la calomnie qu’ils seront plus éloignés du peuple »
Privacy policy

(p. 3). L’opposition avec le vulgaire se formule d’emblée en termes d’opinions ; ce qui

6 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

est en jeu, c’est moins une catégorie sociale recouvrant une réalité historique
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
clairement assignable qu’une catégorie théorique définie par une certaine pratique de
la raison. Autrement dit, le rejet du peuple n’est pas un refus, déterminé socialement
de diffuser la pensée ; de fait, rappelons qu’Alexandre poursuit, dans la même page, en
évoquant la gloire que Jules César s’est acquise par l’excellence de son esprit : « Tu t’es
acquis auprès des sages trop d’éloges pour que... » La mention de la renommée du
personnage contribue à montrer que ce refus du populaire n’est ni incompatible avec
une certaine notoriété, ni contradictoire avec le désir de l’obtenir, mais qu’il est
essentiellement refus de se plier à une contrainte extérieure.
28 Cette remarque est également valable pour notre texte de La Mothe Le Vayer. Au début
du Dialogue sur le subjet de la divinité, Orasius déclare son « antipathie contre tout ce
qui est populaire   » et il précise entre parenthèses   : «   Vous savez combien nous
étendons loin la signification de ce mot   », avant de s’expliquer   : «   Ma façon de
philosopher est trop indépendante (...) ; pour ce qu’il n’y a rien de plus opposé à notre
heureuse suspension d’esprit que la tyrannique opiniâtreté des opinions communes,
j’ai toujours pensé que c’était contre ce torrent de la multitude que nous devions
employer nos principales forces. » Il me semble ici intéressant de noter que le propos
est d’abord dirigé contre des opinions, et que la contrainte de la multitude est d’abord
ressentie dans le domaine spéculatif. Les opinions communes sont les représentants
dans le domaine théorique d’un comportement qui existe aussi sur le terrain social. Et
le propos tenu par Orasius marque bien un décalage entre la catégorisation sociale et la
typologie intellectuelle : ces opinions sont gênantes moins parce qu’elles sont celles du
peuple, que parce qu’elles sont soutenues par des auteurs qui adoptent sur le plan du
savoir une attitude vulgaire.
29 Il ne s’agit donc pas pour ces auteurs de se figer dans un refus aristocratique de la
diffusion de leur pensée (refus qui répondrait seulement à un souci de se protéger de la
foule, et manifesterait seulement une restriction de leur auditoire imposée de
l’extérieur). En se réappropriant cette situation par une transposition dans la théorie, il
s’agit plutôt de doter une pensée inadaptée à une diffusion sociale simple d’une
diffusion adéquate à son objet théorique.

Le dialogue amical, cadre propice neutralisant les résistances


30 La mise en place de dispositifs dialogiques me semble répondre à ce souci   : ils
permettent l’instauration d’un contexte fictif propice, à la fois parce qu’il intègre la
présence d’autrui, et que cette présence n’entrave pas le développement de la pensée.
Dans les dialogues étudiés de Vanini et La Mothe le Vayer, ce contexte est décrit
d’emblée comme amical. Ainsi le début du De admirandis est-il marqué par l’estime et
l’affection que les deux interlocuteurs éprouvent l’un pour l’autre   ; alors que Jules
César reçoit Alexandre par le vocatif « mon très cher Alexandre » (p. 1), ce dernier
évoque quelques lignes plus bas l’amitié qui les lie : il exhorte en ces termes Jules César
qui hésite à se lancer dans une discussion qui lui paraît difficile : « Il faut faire preuve
d’audace, au nom de l’amitié et de la philosophie » (p. 3).
31 De façon similaire, au début du Dialogue sur le subjet de la divinité, c’est l’amitié
d’Orontes pour Orasius qui le conduit à l’interroger : « Votre franchise, Orasius, à me
découvrir les mouvements de votre intérieur, m’obligent à vous confier avec même
☝🍪
candeur ce qui me tient en peine pour vous depuis le temps que vous vous êtes
This site uses cookies and
dispensé
gives you de what
control over professer assez ouvertement cette humeur capricieuse, que je puis bien
you want nommer,
ainsi to activate puisqu’elle vous fait prendre comme aux chèvres les lieux écartés et

solitaires, en vous éloignant du troupeau » (p. 304) ; et il poursuit : « Car s’il est vrai
✓qu’il
OK, accept
n’y aitallrien du tout de certain... il s’ensuivra que notre sainte théologie... sera
fantastique
✗ Deny et illusoire, ce qui est une impiété, dont je vous tiens aussi éloigné, que
all cookies
j’appréhende que vous n’en puissiez pas éviter le soupçon ».
Personalize
32 Cette première réplique d’Orasius, qui campe le personnage, indique bien comment la
curiosité théorique est portée par une préoccupation d’ordre affectif : son interrogation
Privacy policy
est motivée par le souci de voir Orasius en butte à d’injustes critiques, auxquelles par

7 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

amitié il voudrait le voir se soustraire. La situation énonciative est construite sur une
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
tonalité dont tout l’échange se ressentira. En effet, par son caractère soutenu et
bienveillant, l’attention d’Orontes permet à Orasius de développer sa pensée face à un
interlocuteur, à un « autrui » susceptible de réagir, mais en rencontrant chez lui une
résistance minimale13.
33 Par l’intermédiaire de ce motif épicurien de l’amitié (relation privilégiée qui s’oppose à
la promiscuité avec la foule et permet d’échapper à ses pressions), le dialogue tel que
nous le rencontrons dans ces textes offre l’illustration d’une tentative pour proposer un
bon usage de l’affectivité en philosophie. Le discours est doublement inscrit dans un
cadre affectif : il est protégé par son destinataire qui, bienveillant, ne cherchera pas à
l’entraver ; bien plus, il est protégé par lui parce qu’il est réclamé par lui. Dans ce sens,
le schéma relationnel qui sert de support au De admirandis comme au Dialogue sur le
subjet de la divinité offre une manifestation particulièrement complète de la manière
dont le dialogue amical est une condition théorique pour l’exercice de la rationalité.
34 Le Theophrastus présente si l’on veut une forme faible de ce schéma : l’intervention
que constituent les 6 traités, située dans un dialogue, est aussi située dans le cadre
d’une attente. Attente qui n’est pas caractérisée de manière affective, mais insiste – on
a eu l’occasion de le souligner – sur l’inscription de la pensée dans un échange pacifié.
Le public de «   très savants théologiens   » que se donne l’auteur est un auditoire
reconstruit d’hommes d’Église capables d’entre la voix de l’impiété sans s’effaroucher
ni céder d’emblée à la tentation de l’anathème.
35 Dans cette perspective, la construction du dialogue procède à une réduction de
l’altérité, grâce à la construction d’un interlocuteur qui n’ait pas une consistance trop
gênante face à l’énonciateur principal. Plutôt que d’être une ouverture aux aléas de
l’exposition à autrui, les dispositifs dialogiques auxquels nous avons affaire ont pour
principale fonction de contrôler l’autre dont une pensée a besoin pour se construire et
s’épanouir. La construction du personnage de l’allocutaire vise à trouver l’écart juste,
c’est-à-dire celui qui installe en face de l’énonciateur principal un public suffisamment
consistant, et en même temps suffisamment bienveillant pour accepter de cautionner
la mise à jour d’une pensée qui se cherche librement.
36 Par cette stratégie de contrôle de l’altérité et de limitation du risque qu’elle comporte,
le dialogue rejoint le rôle de filtrage assumé par l’érudition : le lecteur, déjà contraint à
une certaine attitude par l’identification suggérée avec l’un des personnages, l’est aussi
par le type de discours adopté, qui requiert de sa part une culture approfondie (c’est
ainsi que La Mothe le Vayer a pu se voir reprocher de multiplier les citations en grec).
Le jeu avec les citations participe de la construction d’un auditoire restreint – et
l’utilisation du latin va dans le même sens. Par-là, la situation des personnages des
dialogues est une transposition de celle qu’adoptent leurs auteurs   : il s’agit de
s’exprimer publiquement et de mettre la pensée à l’épreuve par l’échange avec autrui,
et en même temps de limiter les risques que comporte une telle ouverture.
Transposition reconstruite toutefois, et qui a une légitimité intrinsèque, dans la mesure
où dans ces choix formels (celui du dialogue, de la parole érudite, ou du latin), la
détermination politique n’est pas seule en jeu, et qu’ils sont aussi et peut-être surtout
motivés par des exigences théoriques.

☝🍪
Conclusion : dialogue et exercice libertin de la rationalité
This site uses cookies and e
Ainsi
37gives you le dialogue
control over what des libertins de la première moitié du 17  siècle ne se pose pas comme
you
lewant
moyento activate
d’une divulgation pédagogique du savoir (le caractère fictionnel du dialogue
n’a pas pour but de faciliter pour autrui l’accès à une matière difficile). Il semble
✓également
OK, accept allque dans bien des cas, il ne se pose pas non plus comme le refus d’une telle
divulgation
✗ Deny all cookies(à ce titre, la démarche de l’écriture, puis de la publication, fût-elle
restreinte, contredit ce mouvement plus souvent qu’on ne l’a dit). Loin d’être le
Personalize
décalque mécanique d’une situation socio-historique, le choix de cette forme en
marque une réappropriation théorique. Choix positif, il exprime une mise en œuvre de
Privacy policy
la rationalité propre au libertinage érudit, fondée sur la conscience de la relativité des

8 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

points de vue comme sur celle de la raison qui les expose ; une raison modeste, dont le
OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
travail critique s’appuie sur la tradition, et dont les manifestations sont insérées dans
un circuit passionnel (certes épuré).
38 En d’autres termes, la fiction du dialogue, dans ce qu’elle a d’artificiel, est au service
d’une expression authentique de la raison que les libertins cherchent à saisir.
L’utilisation du dialogisme est liée à une certaine pratique de la rationalité comme
essai. Parce que cette dimension de mise à l’épreuve s’accommoderait mal d’une
affirmation triomphante, les formes dialogiques peuvent être considérées comme un
aspect constitutif du libertinage érudit.

Notes
1. Le libertinage érudit dam la première moitié du XVIIe siècle, Paris, 1943, nouvelle édition, Genève –
Paris, Slatkine, 1983.
2. Je citerai le texte dans l’édition de Luigi Corvaglia, Le opere di Giulio Cesare Vanini e le loro fonti,
Vol. II, De admirandis naturae arcanis, 1934. Ristampa fotomecanica, Galatina, Congedo Editore, 1990.
3. J’utiliserai l’édition proposée par André Pessel pour le Corpus des œuvres de philosophie en langue
française, Paris, Fayard, 1988.
4. Theophrastus redivivus, Edizione prima et critica a cura di Guido Canziani e Gianni Paganini, La
Nuova Italia, Firenze, 1981, reproduction du frontispice.
5. Dans ce cas, je traduis.
6. Combinaisons diverses qui devraient permettre une extension du corpus à d’autres textes dialogués
ou incluant une forte composante dialogique. A cet égard, le corpus utilisé ici a une valeur de test.
7. La doctrine curieuse..., Paris, Sébastien Chappelet, 1623.
8. Op. cit.
9. J’utiliserai dorénavant ce prénom pour désigner le personnage, en le distinguant de Vanini, l’auteur.
10. La convergence que je souligne ici ne doit certes pas masquer la différence entre les statuts sociaux
des deux auteurs – facilement révélée par leurs biographies, et sur laquelle un développement plus
étendu de cette question devrait revenir plus en détail.
11. « Certes, répondit-il, c’est fort difficile si la demande est faite dans un discours public, mais c’est très
facile dans une conversation et devant une assemblée comme celle-ci. »
12. Encore que dans bien des cas, les stratégies discursives soient à la fois retorses et peu probantes sur
le plan de la dissimulation, dans la mesure où il s’agit toujours en même temps de montrer ce que l’on
cache (voire de montrer qu’on le cache), et ce en face d’un public averti peu susceptible d’être leurré par
des manœuvres devenues aussi courantes.
13. La rencontre entre Ephestion et Eudoxus dans le Dialogue sur la philosophie sceptique repose sur le
même genre de situation : les conditions d’énonciation permettent une expression suffisamment adoucie
de l’opposition entre scepticisme et aristotélisme pour que soit possible le développement d’Ephestion
sur la Sceptique.

Author

Hélène Ostrowiecki-Bah

Université de Marne-la-Vallée

☝ 🍪 universitaires du Septentrion, 2005


© Presses

Terms
This site usesofcookies
use: http://www.openedition.org/6540
and
gives you control over what
you want
This to activate
digital publication is the result of automatic optical character recognition.

✓Electronic
OK, acceptreference
all of the chapter
OSTROWIECKI-BAH,
✗ Deny all cookies Hélène. Chapitre 7. Dialogue et libertinage In: Le dialogue : introduction à un
genre philosophique [online]. Villeneuve d'Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2005 (generated
05 octobre 2021). Available on the Internet: <http://books.openedition.org/septentrion/74209>. ISBN:
Personalize
9782757426838. DOI: https://doi.org/10.4000/books.septentrion.74209.
Privacy policy

9 of 10 10/5/21, 12:36
Le dialogue : introduction à un genre philosophique - Chapitre 7. Dialogue et libertinage - Presses uni... https://books.openedition.org/septentrion/74209?lang=en

Electronic reference of the book


OPENEDITION SEARCH All OpenEdition
COSSUTTA, Frédéric (ed.). Le dialogue : introduction à un genre philosophique. New edition [online].
Villeneuve d'Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2005 (generated 05 octobre 2021). Available
on the Internet: <http://books.openedition.org/septentrion/74119>. ISBN: 9782757426838. DOI:
https://doi.org/10.4000/books.septentrion.74119.
Zotero compliant

Le dialogue : introduction à un genre philosophique


This book is cited by
Vallespir, Mathilde. (2019) L’Analyse du Discours philosophique, entre Analyse du Discours,
herméneutique et déconstruction   : cartographie d’un espace plastique et dynamique.
Argumentation et analyse du discours. DOI: 10.4000/aad.3163

☝🍪
This site uses cookies and
gives you control over what
you want to activate

✓ OK, accept all

✗ Deny all cookies

Personalize

Privacy policy

10 of 10 10/5/21, 12:36

Vous aimerez peut-être aussi