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Annales Médico Psychologiques 164 (2006) 643–649

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Mémoire

La fragilité de la Chair dans la clinique


et la psychopathologie de la schizophrénie.
Approches de la relation chez Bin Kimura et Erwin Straus
The weakness of flesh in clinical practice and the pathology of schizophrenia.
Approaches to the relationship according to Erwin Straus and Bin Kimura
D. Silva a,*, J. Bouisson b, M. de Boucaud a
a
Université Victor-Segalen, Bordeaux-II, 3 ter, place de la Victoire, 33076 Bordeaux cedex, France
b
Laboratoire de psychologie clinique et psychopathologie, JE 2248, université Victor-Segalen,
Bordeaux-II, 3 ter, place de la Victoire, 33076 Bordeaux cedex, France

Reçu le 4 octobre 2005 ; accepté le 27 octobre 2005


Disponible sur internet le 02 mai 2006

Résumé
Nous tentons d’étudier en quoi, pour la schizophrénie, nous pouvons parler de pathologie de la Chair en rapport avec l’incapacité de certains
malades à Sentir. Le Sentir est un acte pré-intentionnel qui ne se résume pas à la pure passivité de la réceptivité. Il est aussi un acte noétique qui
introduit distance et différenciation entre le Soi et l’Autre. Cet acte au fondement du rapport au monde et des relations aux autres est fragilisé
chez les patients souffrant de schizophrénie. En référence à Merleau-Ponty, la Chair renvoie à la capacité ou à l’incapacité qu’a le patient de
s’inscrire comme être-en-relation avec le Soi, avec autrui et avec le monde. Comme espace externe, elle renvoie au monde, et comme espace
interne, elle renvoie au vivant. On parle de « corps propre », de « corps vivant » ou, avec Husserl, de Leib. Chair et Leib appartiennent à ce qui
est senti avant d’être pensé, au monde de la vie. Cette double appartenance au vivant et au monde nous permet de rapprocher ces deux notions de
la notion d’Aida que l’on trouve chez Kimura. Aida est un espace virtuel de relation tant sur le versant de la constitution d’un Soi que sur celui de
la constitution du monde. Pour Kimura, la schizophrénie est une « pathologie d’Aida », provenant d’une relation défaillante entre le Soi et le fond
de la vie et transformant par conséquent les relations que le patient peut avoir avec les autres ainsi que son rapport au monde. C’est le rapport
principiel au fond de la vie qui, d’après Kimura, permet la constitution de l’ipséité. Or dans la schizophrénie, ce premier rapport ne permet pas
une constitution satisfaisante du Soi, induisant une temporalité et une spatialité perturbées. D’abord, les intentionnalités de la conscience subis-
sent des flexions, ensuite les modes de spatialisation se confondent. La confusion de deux espaces serait à l’origine, pour Straus, d’une part, du
repli autistique sur le monde personnel ou idios cosmos des patients et, d’autre part, du rationalisme morbide, ces deux phénomènes conduisant à
la perte du Sentir comme mode d’entrée en relation avec le monde commun ou koinos cosmos et, par conséquent, à une difficulté à s’inscrire
dans la Chair du monde. Ces phénomènes, certes visibles à l’entretien clinique, sont significativement repérables au test de Rorschach. Sur le
plan clinique, cette approche ouvre sur la mise en place d’un Aida thérapeutique permettant au patient de redéfinir l’espace et le temps qui lui
permettraient de s’inscrire dans le champ du Sentir et donc dans un espace commun de relation que le thérapeute apporte en même temps que le
patient. C’est pourquoi nous pourrons observer les modes de constitution propres à l’être-schizophrène et ce que leur compréhension peut appor-
ter à la clinique.
© 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract
We are trying to study in what way schizophrenia would be a pathology of the Flesh connected with the inability of some patients to Feel.
Feeling is a pre-intentional act which cannot be restricted to the simple passivity of receptivity. It is also a noetic act which introduces distance

* Auteurcorrespondant. 114, rue Fondaudege, 33000 Bordeaux, France.


Adresse e-mail : daniele.silva@free.fr (D. Silva).

0003-4487/$ - see front matter © 2006 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.amp.2005.10.018
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and differentiation between the Self and the Other. This act at the fundament of one’s link with the world and the relationships to the others is
weakened among the patients suffering from schizophrenia. In reference to Merleau-Ponty, the Flesh refers to the capacity or the incapacity the
patient has in keeping with being-in-relation with the Self, the others and the world. As an external space, it refers to the world and as an internal
one it refers to the living. One speaks about ‘own body’ or ‘living body’ or Leib, according to Husserl. Flesh and Leib, belong to what is felt
before what is thought, to the world of life. This dual link to the living and to the world allows us to compare these two notions to the notion of
Aida that we find in Kimura’s work. Aida is a virtual space of relationship on the level of the constitution of a Self as well as on the level of the
constitution of the world. According to Kimura, schizophrenia is a ‘pathology of Aida’, coming from a failing relation between the Self and the
core of life and altering consequently the relationship the patient can have to the others and to the world. It is this essential link at the core of life
which, according to Kimura, enables the constitution of the ipseity. But in schizophrenia, this first link does not allow a satisfactory constitution
of the Self inducing a disturbed temporality and spatiality. First, the intentionality of consciousness suffers from some distortions; then the modes
of spatialization are blending. This confusion between two spaces would be, according to Straus, on the one hand, the beginning of the autistic
turning in on the patient’s own world or idios cosmos and on the other hand, the beginning of morbid rationalism. These two phenomena lead to
losing the Feeling as the mode of relation to the common world or koinos cosmos and consequently a difficulty of being in the Flesh of the
world. These phenomena certainly visible with a clinical approach are significantly identifiable with the Rorschach test. On the clinical level, this
approach opens onto the setting up of the therapeutic Aida making it possible for the patient to redefine the space and the time which would
enable him to be in the field of Feeling and thus in a common space of relation that the therapist brings at the same time as the patient. This is
why we will be able to see the specific modes of constitution characterizing the schizophrenic-being and what a proper understanding can bring
to the clinical study of schizophrenia.
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Mots clés : Aida ; Chair ; Schizophrénie ; Sentir

Keywords: Aida; Flesh; Schizophrenia; Felling

1. Introduction saisie objectivante de la corporéité déterminée par les lois de la


nature. Lorsque nous pratiquons l’épochè phénoménologique,
L’introduction du concept de Chair dans la psychopatholo- le résidu phénoménologique est ce qui demeure éprouvable,
gie de la schizophrénie peut nous aider à comprendre cette der- c’est-à-dire le Leib comme corps-vivant, vécu ou senti dans
nière comme une manifestation de la fragilité de la relation. l’évidence immédiate du monde-de-la-vie commun, toujours
Nous nous situons ici dans le champ préintentionnel du Sentir donné d’avance et au fondement de la conception naturaliste
au sens de Straus [28] qui précède ontologiquement la sensa- de la nature et du Körper, [13]. Selon Binswanger [1,2], le
tion comme résultat empiriquement donné et localisé dans le Körper renvoie à la fonction vitale de l’organisme, et le Leib
corps et la perception comme acte intentionnel orienté vers le à l’histoire intérieure de la vie situant le Dasein dans un monde
monde objectif. Il s’agit, non seulement de pratiquer l’épochè déjà donné, composé d’objets et d’autres hommes [11].
phénoménologique husserlienne [12,14] qui met entre paren-
thèses le jugement sur le monde physique et sur le corps ob- 2.1.2. Du Leib à la Chair
jectif (Körper), mais aussi de se poser en deçà de la conscience La notion de Chair rattachée au Leib, introduite par Husserl
intentionnelle du patient, comme le propose Merleau-Ponty [13], renvoie aux éprouvés du monde de la profondeur, au fon-
[18]. Le passage du gnosique au pathique permettra de recon- dement du monde objectif comme monde de surface. Avec
naître la fragilité des premières relations que l’être-schizo- l’apport de Straus [28], Merleau-Ponty [19] considère la Chair
phrène entretient avec lui-même, le monde et l’autre comme comme milieu sensible général, prépersonnel, universel, pré-
étant à l’origine de la problématique relationnelle et perceptive objectif, permettant au corps de dépasser l’antinomie sujet/ob-
des malades. Cette approche nous permettra d’aborder l’œuvre jet, dedans/dehors. Le corps-propre, véhicule de l’être-au-
originale du psychiatre japonais Kimura à travers la lecture de monde, médiateur du monde, principe dynamique et matériel
l’Entre [15], pour lequel la schizophrénie est une pathologie de (hylétique) de mise en relation se nomme le Sentir (Straus)
l’Entre (Aida) comme espace virtuel de relation offert à l’exer- [28], le rapport au fond de la vie (von Wiezäcker) [31], la
cice de la subjectivité, ce que nous tenterons d’observer à tra- Chair (Merleau-Ponty) [19], Aida koto (Kimura) [15].
vers quelques indices au test de Rorschach. En considérant l’existence d’une défaillance de la Chair
dans l’être-schizophrène, on peut penser son fondement dans
2. Approche psychopathologique du vécu corporel les flexions intentionnelles de la conscience. Pour comprendre
des patients souffrant de schizophrénie cela, Kimura utilise le terme d’Aida.

2.1. Le corps, principe matériel de relation 2.2. La schizophrénie comme pathologie d’Aida [15]

2.1.1. Du Körper au Leib et du Leib au Körper 2.2.1. Une définition d’Aida


Cette double acception du corps élaborée par Husserl [13] Aida ou l’Entre renvoie, selon Kimura, au principe méta-
est reprise par Binswanger [1]. Le Körper est le résultat d’une noètique à la source de nos actes intentionnels. Il s’agit du
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principe de l’acte de rencontre de l’individu ou du groupe avec et indifférenciables, car ils se confondent. Le soi subjectal, fac-
le monde. Ce qui en fait une noèse de noèse est le rapport qui ticiel (Jiko mizukara), est fragilisé dans son rapport quotidien
le relie en permanence au fond de la vie. Ce qui paraît être de au monde et aux autres, pouvant aboutir à un vécu délirant et
source purement intentionnelle se rattache à un fond d’ordre hallucinatoire.
hylétique. Kimura décrit la sensibilité métanoétique comme Le concept d’Aida ne va pas sans rappeler le concept de
sensation du mouvement en acte, présent et percevant directe- Chair, commun au vivant et principe de relation à la fois atta-
ment le rapport au fond de la vie. La source de tout acte noé- ché au monde hylétique et source des intentionnalités. Dans
tique du Sentir et du se Mouvoir se situe dans ce fond vital l’être-schizophrène, le Sentir, à la fois matériel et intentionnel,
permanent commun à tous, d’ordre hylétique, appartenant à la comme capacité d’entrer en contact de façon non thématique et
nature. Nous sommes proches de la Chair qui relie au vivant spontanée, est altéré.
sur le mode hylétique et qui met en place la première différen-
ciation sur le mode noétique. 2.3. Spatialité et temporalité du Sentir dans la schizophrénie
[28]
2.2.2. La fragilité d’Aida koto à l’origine des troubles d’Aida
mono 2.3.1. Le phénomène de la distance dans l’espace du paysage
Aida koto et Aida mono sont des modalités d’Aida comme et le phénomène de la position dans l’espace géographique
principe métanoétique [15]. Si Aida koto est sur le versant noé- L’espace du paysage (Straus, 1935) [28] ne va pas sans
tique, Aida mono est sur le versant noématique. La fragilité du rappeler l’espace thymique (Binswanger, 1931) [4] et l’espace
premier entraîne des perturbations du second et donc du rap- vécu (Minkowski, 1933), [24]. Chez Binswanger, l’espace thy-
port à soi, au monde et aux autres. Le premier est en liaison mique renvoie à la disposition thymique de la Stimmung qui
avec le fond de la vie et le second se situe dans la proximité du colore l’être-au-monde et l’être-avec du Dasein [11]. Cet
monde. Aida se situe donc entre le fond de la vie et le monde. espace dans lequel se meut le Leib est doté d’une note exta-
Il a la dimension de la Chair qui met en relation l’organisme et tique en tant que possibilisation spatiale orientant la conduite.
le monde mais qui n’est pourtant ni l’un ni l’autre, ni en dedans Dans la schizophrénie de Suzanne Urban, cet espace est celui
ni en dehors. La fragilité d’Aida koto se manifeste par un du rétrécissement de la scène du monde, la mettant en contact
trouble de cette distance entre le fond de la vie et le soi (jiko). avec des puissances terrifiantes [3]. L’espace du paysage doté
Elle renvoie à une altération de la différenciation soi/Autre de caractéristiques similaires est défini par Straus [28] par la
dans le rapport du soi au fond de la vie d’Aida koto et introduit forme du Sentir et du se Mouvoir comme capacités à s’inscrire
par conséquent un trouble de la distanciation soi/autrui dans le dans la distance, dans l’horizon d’un espace non limité. Le
rapport du soi au monde d’Aida mono. Le jiko de l’être-schizo- Sentir et le se Mouvoir indiquent aussi des êtres en devenir
phrène ne se pose plus en s’opposant à l’Autre et perd son où le là suppose l’abandon de l’ici et où le devenir suppose
fondement. La perte de l’ipséité peut provoquer chez lui le la perte des maintenants.
sentiment d’être mû, influencé, ou un vécu d’usurpation. La L’espace géographique (Straus) [28] rappelle l’espace
perte du lien intrasubjectif (soi/Autre) induit la perte du lien orienté (Binswanger) [4] et l’espace géométrique (Minkowski)
intersubjectif (soi/autrui). [24]. L’espace orienté renvoie au monde physique dans lequel
le Körper est constitué en tant que configuration spatiale.
2.2.3. La perte de la naturalité du soi (jinen) L’espace géographique est l’espace perceptif de la conscience
Nous observons que la fragilité d’Aida koto renvoie à la vigile en opposition au Sentir. Il ne contient pas d’horizon car
perte de la naturalité du soi. La défaillance de la constitution il est limité par un système de coordonnées à l’intérieur duquel
du jiko aboutit à la perte du contact immédiat avec le fond de la la position est déterminée dans l’ici de la représentation.
vie et à un fonctionnement défaillant du principe métanoétique Ces espaces sont tous deux présents dans le rapport que l’on
comme possibilité de l’activité trans-individuelle. La perte du entretient avec le monde. Selon ce rapport, nous privilégions
jinen est une rupture de l’activité vitale spontanée de l’être hu- un mode sur l’autre sans pourtant n’en éliminer aucun. Qu’en
main en tant que vivant. La défaillance traverse donc toutes les est-il chez l’être-schizophrène ?
couches de la subjectivité par l’intermédiaire du ma en tant
qu’intentionnalité protensive créatrice qui traverse à la fois 2.3.2. La confusion des espaces, source de la perte du monde
l’Aida intrasubjectif à partir d’Aida koto et l’Aida intersubjectif commun (koinos kosmos)
à partir de d’Aida mono comme lieu de cohérence et de ren- Selon Straus [28], la schizophrénie serait le produit d’une
contre entre les humains. Cette perte de la cohérence naturelle pénétration de l’espace du paysage, source du temps et du
du vécu [1] ou de l’évidence naturelle [5] est une perte du jinen mouvement, par l’espace géographique, source de la fixation
comme origine spontanée et non objectivable du mouvement. dans le présent. Or l’espace géographique est aussi l’espace
Le déploiement de l’être est alors perturbé dans le rapport aux commun grâce auquel nous communiquons et nous nous com-
autres et au monde supprimant toute spontanéité et pouvant prenons sur la base de l’universalité du sens dans le koinos
produire un vécu de dépersonnalisation et de déréalisation. Le kosmos. Le monde commun laisse place à l’idios kosmos,
soi noétique non constitué induit l’existence d’un soi-même c’est-à-dire au repli dans le monde privé. Ce phénomène serait
(Jinen onozukara) à l’origine d’actes noétiques indifférenciés à la source du repli autistique, de la détérioration du langage et
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des incohérences de la pensée. Mais en retour, le paysage est subjectif. La musique circule alors librement entre les musi-
détérioré par sa géométrisation, induisant géométrisme morbide ciens dans un lieu qui n’appartient à aucun d’eux en propre.
observable au test de Rorschach [22], perte de la distance et du Kimura nomme cet espace un espace virtuel [ibid. p. 41], de
sentiment d’harmonie avec la vie et donc fixation atmosphé- rencontre des intentionnalités protensives (ma). Dans la schizo-
rique dans les thèmes délirants [1] ou dans un vécu hallucina- phrénie, le dernier cas demeure impossible car le rapport au
toire. La détérioration de l’espace du paysage par l’espace géo- fond de la vie est fragilisé. Le premier cas semble proche des
graphique induit une perte du Sentir, du se Mouvoir et de la relations interpersonnelles que le patient entretient, dans lequel
temporalisation. Ce double phénomène de perte du monde l’accrochage au noème est fort et où la création d’un espace
commun et de géométrisation du monde personnel est le corré- virtuel de communication est difficile. Il se peut, dans la rela-
lat d’une incapacité à s’inscrire dans la Chair du monde. tion thérapeutique, que le deuxième cas puisse se rapprocher
d’une certaine forme de communication entre le patient et le
2.3.3. La fragilité du Sentir intérieur (pathein) entraîne thérapeute. À partir d’Aida intersubjectif avec le patient, le thé-
des difficultés à la communication sympathique rapeute a à accomplir la traversée qui le constitue lui-même en
Nous avons vu la conséquence de la fragilité d’Aida koto articulant les modalités pathologiques de la constitution du soi
du patient aux siennes propres dans le jikaku (espace d’auto-
[15] ou du Sentir [28] sur l’Aida mono ou sur la « géographi-
aperception) [16]. L’attitude du thérapeute pourrait se résumer
sation » du paysage. L’être-schizophrène est dans l’impossibi-
ainsi dans l’Aida thérapeutique : travailler sur un mouvement
lité de saisir les objets concrets puisqu’il est dans un paradigme
de retour d’Aida mono vers Aida koto en se rapprochant du
hyperrationnel et/ou dans un vécu hallucinatoire et délirant.
rapport qu’il entretient avec le fond de la vie commun à tout
Selon Minkowski, à une atrophie de l’instinct moulé sur la
homme par le jikaku ou auto-aperception et communiquer sur
vie (renvoyant au vécu hallucinatoire et délirant) correspond
le plan d’Aida koto en tentant de restituer un espace virtuel de
une hypertrophie compensatrice du monde objectif (renvoyant
communication permettant au patient de trouver un sentiment
au géométrisme et au rationalisme morbides). La perte du sen-
d’harmonie, de synchronisme vécu.
timent d’harmonie est la conséquence de la perte du contact
vital avec l’ambiance [24]. La perte du Sentir et du se Mouvoir
est le corrélat de la suppression de la fibre sensible permettant 2.4. Mise en place de l’hypothèse théorique
de vibrer harmonieusement avec le monde. Le patient se situe
alors dans un monde indifférencié et impersonnel. La schizophrénie serait une pathologie de la Chair où la
La perte du pathein, comme capacité à se situer dans un fragilité du lien intersubjectif serait une conséquence de la
horizon spatial et temporel en devenir, est liée à une incapacité relation première et fondamentale que le soi entretient avec le
à se situer dans la communication sympathique. La communi- fond de la vie (Kimura). Les rapports avec autrui seraient le
cation, dans la clinique, se fait par le contact intersubjectif dans résultat de la relation à l’Autre au fondement de l’ipséité. La
le monde d’Aida mono, mais elle n’est authentique que dans un fragilité de l’activité noétique entraînerait une défaillance du
lieu commun non localisable dans le réel. À travers la média- Sentir et du se Mouvoir observable à travers la confusion des
tion du monde des étants, deux Aida koto se trouvent dans ce espaces (Straus), la géométrisation et la perte du synchronisme
vécu (Minkowski). Le dysfonctionnement de la communica-
lieu dynamique non thématisable. Pour illustrer ce processus de
tion sympathique fait surgir un questionnement sur les possibi-
communication, Kimura prend l’exemple d’un orchestre qui
lités que le thérapeute peut mettre en œuvre pour entrer en
interprète une partition musicale [15]. Il y voit trois cas de
relation avec ces patients.
figure d’une communication et d’un sentiment d’harmonie plus
ou moins accomplis. Dans le premier cas, les musiciens ne
maîtrisent pas leur partition, ils se focalisent donc sur la préci- 3. La méthodologie adoptée
sion métronomique noématique de leur morceau respectif. Ici,
chaque musicien est enfermé à l’intérieur de sa propre cons- 3.1. Le recueil des données et les outils utilisés
cience (Aida intrasubjectif). Dans le deuxième cas, les musi-
ciens ne maîtrisent pas naturellement la partition mais l’un Nous avons travaillé avec sept patients âgés de 19 à 50 ans,
d’eux maîtrise son jeu à tel point que, ne s’attachant plus à la souffrant de schizophrénie paranoïde (critères DSM-IV) [20],
précision noétique, il fait une interprétation noétique qui vient admis à l’accueil d’un service de psychiatrie adulte. Notre
absorber le niveau de jeu noématique de tous les autres musi- approche est qualitative et nos variables sont nominales.
ciens et qui vient communiquer l’élan vital à tout l’ensemble
musical. Ce virtuose n’a même plus à s’approprier sa partition 3.1.1. L’entretien non directif
musicale, son jeu et le jeu commun sont dominés et orientés Il permet de déterminer deux groupes de patients selon le
par la musique noétique du guide. Dans le dernier cas, chaque type d’espace dominant leur rapport au monde. Cinq patients
musicien est en harmonie avec les autres. Aucun n’est donc composent le groupe principal A dans lequel l’espace du pay-
soumis à une quelconque contrainte technique noématique et sage engloutit l’espace géographique. L’entretien laisse place
intrasubjective. Le musicien a alors l’impression de créer la à un foisonnement imaginatif et interprétatif, une mobilité et un
musique par sa propre spontanéité noétique et d’être absorbé langage diversifié, des tentatives pour nous instruire sur le sys-
en même temps par et dans le jeu des autres dans l’Aida inter- tème du monde et une capacité à exprimer les éprouvés. Deux
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patients composent le groupe auxiliaire B dans lequel l’espace 3.2.2. Déterminations des espaces par les indices
géographique rigidifie l’espace du paysage. L’entretien montre au Rorschach
une certaine inertie, des persévérations, de la froideur, un dis- Les patients du groupe A, qui présentent une symptomato-
cours hermétique peu varié, peu imagé et une incapacité à logie positive à l’entretien, montreront au Rorschach un Erleb-
exprimer les ressentis. nistypus extratensif. Les patients du groupe B, qui présentent
une symptomatologie négative égale ou dominante à l’entre-
3.1.2. Grille regroupant les symptômes positifs et négatifs tien, montreront au Rorschach un rationalisme morbide témoi-
de la schizophrénie gnant du recul du Sentir.
Composée de l’Échelle nominale de discordance de Danet
et Marie-Cardine [6], de la sémiologie de Ey [9] et Frith [10], 3.2.3. Le contact avec le fond de la vie
elle permet de définir la symptomatologie dominante des pa- Les patients du groupe A, avec un style Erlebnistypus au
tients. Rorschach extratensif, auront un meilleur contact avec le
monde extérieur au test, signe d’un rapport préservé au fond
3.1.3. Les indices au test de Rorschach de la vie. Les patients du groupe B, avec un rationalisme mor-
bide, présenteront au test un contact fragile avec le monde
Des indices au test de Rorschach en cotation Exner, inter-
extérieur, signe d’un rapport fragile au fond de la vie.
prétation Exner [7,8] et phénoménostructurale [24,25,27] per-
mettent de déterminer la capacité des patients à maintenir le
contact avec le fond de la vie. L’Erlebnistypus ou EB [7,8] 3.3. Vérification des hypothèses
provient de la notion d’Erlebnis que Husserl [12] définit
comme unité intentionnelle du flux des vécus de conscience. 3.3.1. Première hypothèse, spatialité et symptomatologie
Chez Minkowski [24], le vécu est identifié au Sentir comme Les patients du groupe A chez lesquels l’espace du paysage
éprouvé préintentionnel : « En perdant le contact avec la réa- engloutit l’espace géographique communiquent leur vécu et
lité, l’individu se perd nécessairement avec lui-même et inver- ont recours au concret pour ne pas perdre pied avec le réel
sement. […] On ne sent plus, mais on ne se sent pas non plus » commun. Leur discours est vivant et diversifié. Dans ce
[24]. Rorschach parle de Type de Résonance Intime ou TRI groupe, la moyenne des signes positifs est significativement
indiquant les capacités que l’individu peut actualiser [27]. Il supérieure à la moyenne des signes négatifs. Les patients qui
s’agit de montrer les ressources que l’individu peut préféren- appartiennent au groupe B, dans lequel l’espace géographique
tiellement mobiliser permettant ainsi de dégager un style informe l’espace du paysage, manifestent une pauvreté du dis-
d’être-au-monde. L’Erlebnistypus extratensif qualifie des per- cours et un langage hermétique qui empêchent la communica-
sonnes intuitives et réactives s’adaptant de façon variée aux tion. Ce monde géométrique est celui de la centration dans l’ici
événements. Chez Rorschach [27], le TRI extratensif renvoie et de l’incapacité à se situer dans le là. Dans ce groupe, la
à une tendance à l’imitation, témoignant d’une forte suggesti- moyenne des signes positifs est significativement inférieure à
bilité et réceptivité face aux stimuli extérieurs, induisant une la moyenne des signes négatifs. Par conséquent, plus les idées
labilité affective. L’Erlebnistypus introversif qualifie des per- délirantes sont diversifiées, enrichies par l’extérieur et expri-
sonnes qui réfléchissent avant la prise de décision et maintien- mées de manière diversifiée, plus la symptomatologie négative
nent leurs émotions à distance. Selon Rorschach [27], le TRI recule et le contact avec autrui s’améliore. Lorsque les idées
introversif renvoie à des personnalités dotées d’une intelligence délirantes sont rendues inaccessibles par un discours hermé-
plus différenciée, créatives, mais aussi à une vie orientée vers tique et identique à lui-même, le patient s’enferme et le contact
l’intérieur, une affectivité moins mobile et une moindre capa- avec autrui devient difficile.
cité d’adaptation.
L’indice d’isolement [7,8] indique la capacité à entrer en 3.3.2. Deuxième hypothèse, le type d’espace dominant grâce
relation avec le monde ou les autres. Un indice élevé renvoie aux indices du test de Rorschach
au repli sur soi. Nous remarquons que tandis que les patients du groupe A
Les ressources personnelles ou EA (experience actual) [7,8] ont majoritairement un Erlebnistypus extratensif corrélé à un
soulignent la quantité des ressources que le patient peut actua- indice d’isolement faible [7,8], les patients du groupe B ont
liser. un Erlebnistypus introversif corrélé à un indice d’isolement
plus fort. Les patients du groupe A témoignent, au test de Ror-
schach, d’un être-dans-le-monde dominé par l’espace du pay-
3.2. Formulation des trois hypothèses opérationnelles sage en rapport avec un faible indice d’isolement. Nous pou-
vons rapprocher ces caractéristiques au Rorschach du type
3.2.1. Spatialité et symptomatologie de la schizophrénie sensoriel décrit par Minkowska [24] qui se positionne préfé-
À l’entretien, les patients du groupe A dont l’espace du pay- rentiellement dans l’espace du paysage. L’Erlebnistypus intro-
sage envahit l’espace géographique présenteront une sympto- versif [7,8] se rapproche des caractéristiques énoncées par Ror-
matologie positive dominante. Les patients du groupe B dont schach [27], Minkowski [24], concernant le rationalisme
l’espace géographique imprime l’espace du paysage présente- morbide et Minkowska [24] avec le type rationnel. Le rationa-
ront une symptomatologie négative égale ou dominante. lisme morbide se rapproche donc de caractéristiques telles que
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le recours à la pensée, le repli sur soi, la difficulté à exprimer au type sensoriel [21]. Le type intellectuel/spéculatif [23] ren-
des émotions et à les communiquer qui sont consécutives à la voie à l’espace plan, au corps comme Körper, à la pensée, à
perte du contact vital avec la réalité. Bref, lorsque le Sentir est l’exercice du rationnel, à l’importance des preuves et de la cau-
absent, la Chair est fragilisée. Pour Minkowska [ibid.], le type salité, à l’immobilité, à la représentation et à l’absolu. Le type
rationnel du schizophrène se caractérise au test de Rorschach intuitif/pratique [23] renvoie au temps vécu, à la sensation
par l’abstraction, la géométrie morbide, l’anatomie ostéolo- interne de la vie comme Leib, à l’affectivité, à l’irrationnel, à
gique, la dissection, la rationalisation, la réalité dénaturée, la force des impressions, à la contingence, au mouvement et au
naturalisée, la symétrie où la position du sujet est axiale et changement, à la réalisation et au contact relatif à la vie.
absolue. On peut rapprocher cela d’un phénomène de désincar- Nous notons dans le groupe B l’importance du phénomène
nation propre à la perte de la Chair. Ces caractéristiques sont à du Mème. D’après Levinas [17], sur le plan spatial, dans l’ici,
rapprocher du positionnement des patients du groupe B dans le Mème correspond à une forme monadique fermée et pleine
l’espace géographique. afin que rien ne puisse ni entrer ni sortir d’elle (le il y a). Sur le
plan temporel, le Mème correspond à la stase temporelle dans
3.3.3. Troisième hypothèse, le contact avec le fond de la vie laquelle le patient ne peut plus faire face à ses possibles. On
En ce qui concerne la dernière hypothèse, l’indice d’isole- pourrait dire qu’il vit sur le mode temporel de l’éternité. Le
ment comme nous l’avons remarqué est plus important dans le Mème s’oppose à l’Autre comme à l’étrangeté pouvant survenir
groupe A que dans le groupe B. Ce score est corrélé à un score en soi et en face de soi [ibid.]. Or dans ces cas, la fragilité du
de ressources personnelles plus élevé dans le groupe A que soi est telle qu’elle est menacée par ce qui n’est pas elle. Il
dans le groupe B. Le score élevé des ressources personnelles s’agit de ce que Minkowski [24] appelle « les formes doulou-
dans le groupe A témoigne de la présence potentielle de l’as- reuses de la schizophrénie », dans lesquelles les patients savent
pect noétique du rapport au fond de la vie chez Kimura [15], mais ne sentent pas. Il relie ce phénomène à une déficience du
correspondant à la notion de dynamisme vital et d’harmonie facteur de pénétration et du synchronisme vécu, compromettant
avec le monde chez Minkowski [24]. Exner [7,8] l’interprète le contact naturel, direct et spontané avec la vie ambiante. Dès
comme la capacité de mettre en jeu des ressources suffisantes lors, on peut penser à un rapprochement entre le rationalisme
et flexibles face aux expériences internes et externes associées morbide, la perte du Sentir et la perte de la quotidienneté. Cette
à l’existence d’un répertoire varié de styles adaptatifs face aux dernière est évidente et ne réclame aucune réflexion, elle est
émotions. Le groupe B présente un score faible de ressources donc moins connue que sentie et vécue. Tatossian réalise le
personnelles que l’on peut associer à une défaillance noétique rapprochement : « Il y a des schizophrènes qui vivent sans
quotidienneté, d’une part c’est le rationalisme morbide qui
ne permettant pas aux patients de se tourner vers le monde de
consiste à vivre en l’absence du raisonnable… » [30]. Tout
façon harmonieuse. Exner [ibid.] interprète ce score par les
ce qui est de l’ordre de l’éprouvé, de l’émotion, des conduites,
difficultés qu’ont les patients à supporter ce qui sollicite en
du bon sens de la norme d’action et de pensée, ne va plus de
eux le facteur émotionnel, bref, à ce qui menace leur intégrité.
soi. De ce fait, le rapport à autrui est perturbé. Ces patients
Ces patients sont repliés sur eux-mêmes et évitent le contact
réalisent malgré eux ce que Husserl appelle l’épochè [12,14],
avec les autres pouvant être vécu comme intrusif. Par consé-
qui consiste à mettre entre parenthèses notre croyance en la
quent, la capacité à établir des relations avec les autres est liée
réalité du quotidien et en l’évidence des rapports de cause à
à l’aptitude à faire face aux sollicitations émotionnelles.
effet. Il existe, selon Tatossian [29,30], une analogie entre le
Lorsque l’Erlebnistypus tend vers l’extratensif, il semble que
solipsisme cartésien de l’épochè phénoménologique et l’au-
les patients du groupe A soient disposés à entrer en relation
tisme des patients détachés de l’évidence du monde physique.
témoignant de la capacité à s’inscrire dans la Chair du monde.
Lorsque l’Erlebnistypus tend vers l’introversif, il semble que
4.2. Vers un rétablissement de l’efficacité noétique des patients
les patients du groupe B ne soient pas aptes à faire face aux
situations émotionnelles, induisant une fuite de l’altérité interne
La schizophrénie comme pathologie d’Aida [15], perte du
(réception et expression des affects) ou externe (contact avec
contact avec la réalité [24] et perte du Sentir et du se Mouvoir
les autres). Le rapport au fond de la vie ou avec le dynamisme
[28], serait une pathologie de la relation à l’Autre introduisant
vital est défaillant et trouble, dès lors, la capacité à entrer en
des perturbations dans la constitution du monde. Il se produi-
relation avec autrui. Dans ce cas, la fragilité de la Chair empê-
rait une suspension du temps sans possibilité de créer l’harmo-
che les patients de faire face aux sollicitations, donc à l’altérité.
nie dans la fluidité temporelle et une confusion des espaces
dans l’envahissement de l’espace géographique par l’espace
4. Vers de nouveaux points de discussion du paysage induisant un enfermement dans l’idios kosmos
(signes positifs de la maladie nombreux) ou dans la suppres-
4.1. Vers une redéfinition du rationalisme morbide comme sion de l’espace du paysage par l’espace géographique indui-
conséquence de l’épochè schizophrénique sant l’épochè schizophrénique (signes négatifs de la maladie
nombreux). Dans le cas où l’espace du paysage dominerait, il
Le rationalisme morbide de Minkowski [24,26] proche du s’agirait d’amener le patient à s’installer dans l’espace géogra-
type intellectuel/spéculatif [23] renvoie au type rationnel de phique commun à tous et à donner un sens univoque aux cho-
Minkowska [21] et s’oppose au type intuitif/pratique [23] et ses (scansion temporelle de l’entretien, la possibilité de donner
D. Silva et al. / Annales Médico Psychologiques 164 (2006) 643–649 649

au patient l’occasion de décrire son quotidien, ses projets). [5] Blankenburg W. La perte de l’évidence naturelle. Paris: PUF « Psychia-
Dans le cas où l’espace géographique dominerait, il serait pos- trie ouverte »; 1991.
[6] Danet F, Marie-Cardine M. Construction d’une échelle nominale de dis-
sible d’amener le patient à exprimer ses éprouvés, ses émotions
cordance. Revue française de Psychiatrie et de Psychologie Médicale
et de l’inscrire dans le quotidien commun en lui montrant 2003;68:57–63.
l’exemple comportemental, dans la fluidité des mouvements [7] Exner Jr. JE. Manuel de Cotation du Rorschach pour le système intégré.
par exemple. Ce travail serait possible grâce à l’Aida thérapeu- Paris: Frison-Roche « psychologie vivante »; 2001.
tique [16] entre le patient et le thérapeute afin d’insuffler dis- [8] Exner Jr. JE. Manuel d’interprétation du Rorschach. Paris: Frison-Roche
tance noétique et spontanéité naturelle pour permettre le rap- « psychologie vivante »; 2003.
[9] Ey H, Bernard P, Brisset C. Manuel de psychiatrie. Paris: Masson; 1996.
port à l’autre. Il s’agit de partir d’Aida mono vers Aida koto
[10] Frith CD. Neuropsychologie cognitive de la schizophrénie. Paris: PUF
pour les patients se situant dans l’espace géométrique afin de « Psychiatrie ouverte »; 1996.
retrouver le rapport primaire au fond de la vie et de partir [11] Heidegger M. Être et temps. Paris: Gallimard « NRF »; 1986.
d’Aida koto vers Aida mono pour les patients se situant dans [12] Husserl E. Méditations cartésiennes. Paris: Librairie philosophique J.
l’espace du paysage afin qu’ils s’inscrivent dans le monde Vrin; 1986.
commun. Dans les deux cas, il s’agit de rétablir le patient dans [13] Husserl E. La crise des sciences européennes et la phénoménologie trans-
la Chair du monde, de lui donner la possibilité d’être-en-rela- cendantale. Paris: Gallimard « tel »; 1989.
[14] Husserl E. Idées directrices pour une phénoménologie. Paris: Gallimard
tion.
« tel »; 1991.
[15] Kimura B. L’entre. Grenoble: Jérôme Million « Krisis »; 2000.
5. Conclusion [16] Kimura B. Écrits de psychopathologie phénoménologique. Paris: PUF
« Psychiatrie ouverte »; 1992.
Nous avons voulu montrer en quoi la problématique rela- [17] Levinas E. Totalité et infini, essai sur l’extériorité. Paris: Livre de poche
tionnelle de l’être-schizophrène peut être en rapport avec un « Biblio essais »; 1992.
[18] Merleau-Ponty M. Phénoménologie de la perception. Paris: Gallimard
trouble ontologiquement premier du rapport à l’Autre, comme
« tel »; 1992.
première distance noétique enracinée dans une relation entre ce [19] Merleau-Ponty M. Le visible et l’invisible. Paris: Gallimard « tel »; 1991.
qui appartient à la nature de la vie au sens d’appartenance uni- [20] Mini DSM-IV. Critères diagnostiques. Paris: Masson; 1997.
verselle et indifférenciée d’ordre hylétique et entre ce qui ap- [21] Minkowska F. Le Rorschach. À la recherche du monde des formes.
partient au soi individuel et différentié. Nous appelons donc Paris: L’Harmattan « Trouvailles et retrouvailles »; 2003.
Chair, le Sentir comme première distance fondatrice de la [22] Minkowski E. La schizophrénie. Paris: Petite bibliothèque Payot; 1997.
conscience. Il semble que le rationalisme morbide soit un [23] Minkowski E. Le temps vécu. Paris: PUF « Quadrige »; 1995.
[24] Minkowski E. Traité de psychopathologie. Le Plessis-Robinson: Institut
indice fondamental de la perte du premier rapport à la vie. Il
Synthélabo pour le progrès de la connaissance « Les empêcheurs de pen-
serait corrélé à d’autres indices perceptibles dans la sémiologie ser en rond »; 1999.
de la schizophrénie et dans le test de Rorschach. [25] Mucchielli R. La dynamique du Rorschach. Paris: PUF; 1968.
[26] Pommepuy N. Le rationalisme morbide : une étude clinique. Evol Psy-
Références chiatr (Paris) 2003;68:140–8.
[27] Rorschach H. Psychodiagnostic. Paris: PUF « Psychologie d’aujour-
[1] Binswanger L. Introduction à l’analyse existentielle. Paris: Les éditions d’hui »; 2000.
de minuit « Arguments »; 1989. [28] Straus E. Du sens des sens. Contribution à l’étude des fondements de la
[2] Binswanger L. Analyse existentielle et psychanalyse freudienne, dis- psychologie. Grenoble: Jérôme Millon « Krisis »; 2000.
cours, parcours, Freud. Paris: Gallimard « Tel »; 1996. [29] Tatossian A. Psychiatrie phénoménologique. Paris: Acanthe; 1997.
[3] Binswanger L. Le cas Suzanne Urban. Paris: Gérard Monfort; 2002. [30] Tatossian A. Sur la quotidienneté. Conférence donnée à Marseille; 1996.
[4] Binswanger L. Le problème de l’espace en psychopathologie. Toulouse: [31] Von Wiezsäcker V. Le Cycle de la structure. Paris: Desclée de Brouwer;
PUM « Philosophica »; 1998. 1958.

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